Collège Notre-Dame de Jamhour Juillet 2013
Classe de 5ème
Vous traiterez les cinq sujets suivants :
Sujet 1 :
L’hiver était rude et il faisait un froid de canard. Les paysans avaient creusé un trou dans la glace et
laissé à proximité un seau qui leur servait à puiser de l’eau. C’est que Renart conduisit Ysengrin, le loup
et le tenta en lui tenant ce discours :
« Approchez, approchez, mon bon oncle. Vous trouverez là, en grand nombre, les barbeaux, les
tanches, les harengs et les anguilles… Voici le seau qui sert à les prendre et pour bien faire, voici un
conseil : attachez-le à votre queue… »
Rédigez une suite à ce récit dans lequel Renart essayera de duper Ysengrin. Vous respecterez les
critères de la suite d’un récit, sans oublier d’insérer dans la DA un dialogue court et expressif.
Sujet 2 :
Ce matin, le château de Brocéliande est sens dessus dessous. L’épée du roi Arthur a disparu. Un
voleur se cache donc dans le château. Seul un chevalier preux pourra le démasquer et retrouver l’arme
invincible du souverain.
Imaginez ce récit de chevalerie, dans lequel vous utiliserez le vocabulaire de la chevalerie, insisterez
sur les qualités du chevalier, insérerez une scène de combat et respecterez les cinq étapes du schéma
narratif.
Sujet 3 :
Jadis vivait un vilain qui se faisait passer pour médecin. À force de mensonges et de supercheries,
tout le monde crut en ses fausses capacités. Un jour, la fille du Roi fut prise d’un grave malaise, et on fit
appel au faux médecin pour la guérir…
Imaginez une suite à ce début de fabliau en respectant les critères de la suite d’un récit.
Sujet 4 :
Après le naufrage de leur navire, Capitaine Flint et son équipage échouèrent sur une île sauvage au
large du Pacifique. Affamés et à bout de forces, ils s’enfoncèrent alors dans la forêt vierge dans l’espoir de
trouver de quoi se nourrir. Soudain, ils entendirent une musique étrange, Ils avancèrent de quelques pas et
distinguèrent, entre les fourrés, des sauvages vêtus de peaux de bêtes qui effectuaient une danse
frénétique autour d’un feu. Tout près, un homme blanc était attaché à un poteau…
Imaginez un récit d’aventures en respectant le schéma narratif et dans lequel vous placerez deux
pauses descriptives (la description d’un lieu et un portrait) en ménageant un moment de suspense dans un
passage du récit.
Sujet 5 :
Au cours d’une expédition au Pôle Nord, vous deviez traverser une plaine glacée pour arriver au
campement des ingénieurs. Votre attelage avançait péniblement dans cette plaine blanche, sous un vent
glacial. Soudain, vous aperçutes, au lointain, des taches sombres qui se déplaçaient dans cette immensité…
Imaginez le récit des événements, en respectant les cinq étapes du schéma narratif et en faisant
part de vos sentiments et émotions.
Collège Notre-Dame de Jamhour Classe de 5ème
Récit d’aventures
Le Lion
Patricia, la fille de Bull Bullit, administrateur1 du parc naturel du Kenya2, donne rendez-vous au
narrateur dans la brousse3 où, stupéfait, il la trouve en train de jouer avec un lion, King, qu’elle a adopté
depuis sa naissance. Un amour profond lie la bête à la fillette. Oriounga, un guerrier Masaï, a décidé
d’affronter King, afin de prouver sa bravoure aux yeux de sa tribu.
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King, le mufle
aplati contre l’herbe, contemplait Patricia et de temps à autre l’appelait d’un
grondement affectueux. Il était là, sous leur arbre, Patricia tout près de lui, le regard fixé sur l’horizon.
Sous les paupières pesantes et à peu près closes, les yeux de King n’étaient plus qu’un fil jaune. Il
ressemblait au sphinx . Le jeu commença enfin. Il avança un peu le mufle, lécha très légèrement la
joue de la petite fille. Elle lui donna un coup de poing sur les narines, agrippa sa crinière, la tira à
pleines mains, posa son visage enfiévcontre les narines du lion. Et King rit de nouveau et de
nouveau se laissa glisser sur le flanc. Les yeux heureux du lion étaient de nouveau des yeux d’or.
Patricia s’étendit contre lui. Mais elle ne quittait pas du regard la lointaine lisière de la brousse .
Quelques instants s’écoulèrent en silence. Et, enfin, émergea d’un fourré lointain un homme que
je ne reconnus pas tout de suite. Sa silhouette semblait sortir de la nuit des temps. Un grand bouclier
tenu à bout de bras la précédait et, couronnant la tête aux reflets d’argile et de cuivre, flottait, à la
hauteur du fer de lance, l’auréole royale des lions4. Armé, paré selon la coutume sans âge, Oriounga le
guerrier venait pour l’épreuve – qui d’un Masaï faisait un homme et pour gagner par elle Patricia.
Patricia et King furent debout dans le même instant. Le lion avait senti approcher l’insolite5, le
trouble, la menace. Maintenant, la petite fille et King, côte à côte, elle, le tenant par la crinière et lui,
les babines légèrement retroussées sur les crocs terribles, regardaient grandir le guerrier Masaï.
C’était la fin du jeu.
La petite fille l’avait soudain compris. Sa figure n’exprimait plus ni la gaieté, ni la curiosité, ni
l’amusement, ni la colère, ni la tristesse. Pour la première fois, je voyais sur les traits de Patricia la
surprise épouvantée devant le destin en marche, l’angoisse la plus nue et la plus enfantine devant
l’événement qu’on ne peut plus arrêter. Elle cria des paroles en masaï. Je compris qu’elle ordonnait,
qu’elle priait Oriounga de ne plus avancer. Mais Oriounga agita sa lance, leva son bouclier, fit ondoyer
la toison fauve qui ornait sa chevelure et avança plus vite. Oriounga était à quelques pas de nous.
Un grondement sourd mais qui glaçait le sang ébranla la nuque et les côtes de King. Sa queue
avait pris le mouvement du fléau6. Il sentait l’ennemi. Et l’ennemi avait cette fois une lance
étincelante et un morceau de cuir aux couleurs barbares, et, surtout, surtout cette crinière. Oriounga
s’était arrêté. Il ramena son bouclier contre lui et poussa un cri dont la stridence me parut aller
jusqu’au ciel.
- King, non ! King, ne bouge pas, murmura Patricia. King obéit encore.
Oriounga rejeta une épaule en arrière et leva le bras dans le geste éternel des lanceurs de
javelot. La longue tige de métal étincelant, à la pointe effilée, prit son vol. Alors, à la même seconde
le fer entra dans la chair de King et juste à l’instant le sang parut, Patricia hurla comme s’il
s’était agi de sa propre chair et de son propre sang. Et au lieu de retenir King de toutes ses forces, de
toute son âme comme elle l’avait fait jusque-là, elle le lâcha, le poussa, le jeta droit sur l’homme noir.
Le lion s’éleva avec une légèreté prodigieuse et sa masse hérissée, rugissante, retomba d’un seul coup
sur Oriounga. Les deux crinières, la morte et la vivante, n’en firent qu’une. Patricia criait au lion, sans
mesurer la portée de son cri :
-Tue, King, tue !
Déjà le bouclier, malgré la triple épaisseur du cuir, s’ouvrait sous les griffes tranchantes et déjà la
misérable et sombre quenille7 humaine dépouillée de sa carapace dérisoire8 se tordait, se débattait,
sous la gueule du trépas9.
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Je fermai les yeux, mais les rouvris aussitôt. Un grondement mécanique avait soudain couvert le
grondement animal. Un tourbillon de poussière s’éleva de la savane. De son sein, la Land Rover surgit,
lancée à la limite de sa puissance. Bull Bullit était au volant. Arrià la hauteur d’un fourré proche, il
freina de telle manière que la voiture hurla. À l’instant où King allait saisir le cou du guerrier entre ses
crocs, une balle, puis une autre l’atteignirent où il le fallait, droit au cœur. Il fut soulevé, rejeté par
le choc et rugit de surprise plus encore que de colère.
Et tout à coup ce fut le silence. Et tout à coup, à l’ombre des longues branches chargées
d’épines, il y eut, couronnées deux crinières, deux formes inertes : le corps d’un homme et le corps
d’un lion. À leur côté une petite fille se tenait sans mouvement. Patricia regardait King.
Le lion gisait sur le flanc, les yeux ouverts, la tête appuyée contre l’herbe. Il semblait attendre
que Patricia vînt s’allonger contre lui une fois de plus. Et Patricia, qui n’avait pas encore compris qu’il
existait une fin aux jeux les plus beaux, à l’être le plus précieux, Patricia se pencha sur King et tendit
alors une main vers les yeux d’or, vers celui qui, à l’ordinaire, semblait rire et cligner. L’expression du
regard n’avait plus de sens, plus de nom. Patricia appuya ses paumes contre ses tempes.
- King, cria-t-elle d’une voix épouvantable, King, réveille-toi !
Une espèce de voile vitrifié10 commençait à recouvrir les yeux du lion. Patricia agrippa
furieusement, sauvagement la crinière de King pour le secouer, le forcer à gronder ou à rire. La te
du lion ne bougea pas. La gueule resta béante11, mais inerte12. Le regard était de verre. Patricia lâcha
la toison et leva le visage vers le ciel, le soleil. (Elle vit de grandes formes noires aux ailes déployées
et à la tête chauve tournoyer au-dessus de l’arbre de King). Étendu près d’elle, il s’éloignait chaque
instant davantage et (Patricia se demandait où il s’en allait), où il était déjà parti.
Joseph KESSEL, Le Lion
1 Personne qui assure l’organisation du parc.
2 Etat de l’Afrique Orientale.
3 Contrée sauvage des régions tropicales couverte d’arbrisseaux et d’arbustes.
4 Crinière d’un lion mort qui recouvre la tête du Masaï.
5 L’étrange.
6 Tige horizontale d’une balance aux extrémités de laquelle sont suspendus les plateaux. Dans le texte cela signifie que la queue
de King bougeait de droite à gauche comme le mouvement de la tige du fléau.
7 Chose misérable, corps sans défense.
8 Nom donné au bouclier qui sert à parer les coups mais qui est devenu ridicule et inutile car il n’a pas pu sauver le guerrier des
griffes du lion.
9 La mort.
10 Qui ressemble au verre, sans vie.
11 Grande ouverte.
12 Inanimée, immobile.
QUESTIONS
1. Quels sont les personnages principaux dont il est question dans cet extrait ? Quelle relation existe-t-il
entre eux ?
2. a) Relevez, entre les lignes 1 et 10, les termes qui renvoient au paysage.
b) Quelle impression se dégage de cet endroit ?
3. a) L. 1 à 8 : Relevez, dans ce passage, les expressions qui caractérisent les yeux du lion.
- Sur quoi mettent-elles l’accent ?
b) L. 51 à 60 : « Le lion gisait… de verre. »
- Relevez les mots et expressions qui désignent le regard de King dans ce passage.
- Que réalise Patricia à ce moment ? Comment réagit – elle ?
4. a) L. (9 à 13) et (24 à 34) : « Quelques instants… Patricia » / »Un grondement… l’homme noir. »
Relevez, dans un tableau à deux entrées, d’une part, l’aspect physique du guerrier et, d‘autre part, ses
actions. (L.9 à L.13) ASPECT PHYSIQUE (L.24 à L.34) ACTIONS
b) - Quels sentiments inspire à Patricia le personnage ?
- Relevez, dans les lignes 18 à 24, les deux groupes nominaux qui justifient votre réponse.
5. a) L. 24 à 38 : « Un grondement sourd… tue ! »
Quelles ont été les réactions du lion et de Patricia à la vue du guerrier ? Relevez pour chacun une
expression qui justifie votre réponse.
b) L. 32 – 33 : « Patricia hurla…propre sang. »
Nommez et interprétez la figure de rhétorique contenue dans la phrase ci-dessus.
6. « Je compris qu’elle ordonnait à Oriounga de ne plus avancer.» (L.21-22)
a) Donnez la nature et la fonction des propositions dans cette phrase.
b) Récrivez la phrase en remplaçant le verbe « comprendre » par le verbe « douter » au présent et faites
les transformations qui s’imposent.
c) Justifiez le mode et le temps du verbe ainsi obtenu dans la proposition subordonnée.
7. « À l’instant où King allait saisir le cou du guerrier entre ses crocs, une balle l’atteignit droit au cœur. »
(L.45-46)
a) Faites l’analyse des propositions dans cette phrase.
b) Récrivez la phrase en conjuguant le verbe « atteindre » au présent et en remplaçant « à l’instant où »
par « avant que » et faites les modifications nécessaires.
c) Justifiez le mode et le temps du verbe ainsi obtenu dans la proposition subordonnée.
8. Écrivez les verbes entre parenthèses au mode et au temps convenables :
La petite fille (comprendre) que c’était la fin du jeu. Elle réalisa que King ne (bouger) plus. Son père
s’avance vers elle mais avant qu’il (pouvoir) la serrer dans ses bras, elle s’écrie : « Ne me touche pas, je ne
peux plus te voir. »
9. a) Analysez grammaticalement les mots et groupes de mots soulignés et en gras dans le texte :
- L. 15 : « Par la crinière »
- L. 33 : « De toutes ses forces »
- L. 42 : « Aussitôt »
b) L. 60 à 62 : « Elle vit… parti. »
Analysez logiquement les propositions entre parenthèses et en gras dans le passage ci-dessus.
10. Comment comprenez-vous la dernière phrase du texte : « Étendu près d’elle, il s’éloignait chaque
instant davantage et Patricia se demandait où il s’en allait, où il était déjà parti. »
Collège Notre-Dame de Jamhour Classe de 5ème
Fabliau
Le Curé qui mangea des mûres !
« Un curé voulait se rendre au marché. Il fit préparer sa mule et se mit en chemin. L’automne
s’éternisait, il faisait beau, un délicieux parfum flottait dans la douceur de l’air et le curé sur sa bête
parcourait les pages de son bréviaire1 en levant de temps à autre son regard sur la paisible
campagne. Il s’approchait du village, quand il remarqua, surgissant du côté de la route, un étroit chemin,
avec par delà le fossé une haie chargée de mûres brillantes. « Sainte Vierge, s’exclama l’homme, jamais je n’ai vu de tels fruits ! » Aussitôt, il s’engage sur le chemin. Il juge de la profondeur du fossé, réfléchit un moment, mais il se
décide : il avance sa mule et atteint le buisson. Il cueille avec gourmandise les mûres fondantes. Elles
sont délicieuses, sucrées et aigres à la fois. Il se pique la main mais, tout à son péché, il remarque à
peine la brûlure des épines. Il ne veut pas laisser perdre pareil trésor. Cependant, les fruits les plus gros couvrent le sommet de la haie. Ils luisent à la lumière brillante du
soleil. Pour s’en saisir, le curé se dresse en équilibre sur la mule ; il se campe bien sur ses deux
jambes, et, comme un porc, s’engraissait, s’emplissait la panse en savourant les mûres offertes à la
dérobée. La mule est patiente, elle n’esquisse pas le moindre mouvement. Satisfait et comblé, le curé contemple sa compagne. Il admire son air tranquille et ne peut
s’empêcher de songer : « La brave bête que voici ! S’il arrivait qu’un farceur se mette à crier « Hue », je chuterai de tout mon
long dans le fossé ! » Le maladroit ! Il avait songé à voix haute et avait dit « Hue ». La mule s’écarte du buisson, le curé
perd l’équilibre et tombe à la renverse. Sa cheville s’est tordue et enfle, le fossé est glissant de terre
humide, il ne parvient pas à se redresser pris dans les plis de sa soutane2, il dérape3. Il souffre,
impossible de tenir sur ses jambes, il retombe. La mule l’observe, elle regagne la route. Elle a faim
elle aussi. Au petit trot, elle regagne le presbytère 4 sans plus attendre son infortuné maître. Quand ils la voient arriver, seule, les valets sont inquiets : « Notre curé a eu un malheur, disent-ils. Partons à sa recherche, sans doute est-il en bien mauvaise
posture ». Ils se mettent en route aussi vite qu’ils peuvent et arrivent près du chemin. Le chapelain5 entend
leurs pas précipités, il s’écrie : « Holà ! Je suis dans ici, dans le fossé. J’ai des épines partout, portez moi aide ! Enfin, les valets tirent le curé hors du fossé. L’un d’eux lui demande : - Mais que faisiez vous en pareil lieu, monsieur le curé ? Tenez vous bien....Par quelle infortune êtes
vous parvenu en cet endroit si misérable ? La route est loin d’ici.
Il leur répondit :- Ah ! Le péché, le péché. Je suis un homme faible, j’avais beau me consacrer à la
lecture de mon bréviaire, les mûres m’ont tenté. Je suis monté debout sur la selle ! Aidez moi à
rentrer je vous en prie. Je suis épuisé de douleur. Il ne faut jamais penser tout haut, Messeigneurs. »
1 Livre contenant des prières et que l’on considère comme un guide- Bible. 2 Vêtement long en forme de robe. 3 Glisse involontairement. 4 Habitation du curé dans une paroisse 5 Prêtre qui dessert une chapelle privée.
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