UE6 Poubeau
La fièvre
I. Rappels sur la sémiologie générale
C’est la partie de la médecine qui traite des signes cliniques et symptômes des maladies, avec à la fois :
- Des signes fonctionnels (signes dont se plaignent les patients)
- Des signes généraux (retentissement de la maladie sur l’état général : Poids, tension, asthénie…)
- Des signes physiques (obtenus par l’examen clinique : Inspection, interrogatoire, palpation…)
La fièvre est un signe fonctionnel associé à un signe physique car on mesure la température.
II. Généralités
1. Définition
La fièvre (ou pyrexie) est une augmentation de la température corporelle au-dessus du niveau normal de
37.5°C (mais il y aura des différences selon certains critères). C’est un symptôme très général et il faut
s’intéresser à la sémiologie de l’ensemble des organes pour en trouver la cause.
C’est un symptôme fréquent (en terme de maladie infectieuse mais pas uniquement ; que ce soit à l’hôpital
ou en cabinet de ville, la température des patients doit être prise) dont la gravité est en relation avec les
diverses étiologies.
La fièvre est le maître symptôme de la pathologie infectieuse. Cependant certaines infections ne donnent
pas de fièvre, notamment les infections toxiniques (= provoquées par des toxines, exemple : tétanos (cas
rare)) ou localisées et chroniques (exemple : ostéite) ou encore à la phase initiale (= au début des
symptômes) d’un choc septique (choc infectieux).
La fièvre peut être un symptôme de pathologies non-infectieuses (exemple : cancer au stade de
néoplasie/atteinte inflammatoire des vaisseaux ou vascularite/maladie thromboembolique).
L’étiologie diffère selon le type de fièvre :
- Aigue durée < 3 semaines
- Prolongée durée > 3 semaines et pas de diagnostic précis
Dans le cas des fièvres de moins de 5 jours (fièvre aigue), on trouve souvent une étiologie infectieuse pour la
plupart avec un diagnostic assez rapide.
La fièvre est une hyperthermie pathologique (= anormale) due au dérèglement du centre
hypothalamique régulateur de la température, sous l’action (dans le cas des pathologies infectieuses) de
pyrogènes (= substances qui augmentent la température), et principalement des prostaglandines. Dans le cas
d’une atteinte cérébrale au niveau de l’hypothalamus (situé à la partie centrale du cerveau), on peut avoir une
dys-régulation thermique.
On parle d’élévation de la température centrale (au niveau de l’hypothalamus) pour des valeurs supérieures
aux variations normales quotidiennes d’un individu, sachant que la température normale est comprise entre
36°5 (le matin) et 37°5C (le soir).
Pour une température entre 37°5 et 38°2, on parle de fébricule (souvent le soir, de façon relativement
chronique, pendant plusieurs jours).
De plus, il faut savoir qu’une élévation de 1°C de la température corporelle correspond à une accélération du
pouls de 15 pulsations/min même s’il existe parfois des dissociations entre fréquence cardiaque et
température.
2. Variation de température
Certaines variations de température sont physiologiques (non pathologiques) :
Le nycthémère : La température est plus basse en fin de nuit (le matin = 36°5C) et plus haute en fin de
journée, le soir (= 37°5C). La température du soir (vespérale) est donc supérieure de 0,5 à 1°C à la
température matinale.
L’état endocrinien (cycle menstruel) : Chez les femmes en période d’activité génitale, on mesure une
augmentation modérée autour de 0,5°C en 2ème partie du cycle, après l’ovulation, ainsi qu’au cours des 3
premiers mois de grossesse. Ainsi, nos grands-mères se servaient de ce phénomène en tant que moyen de
contraception (tracé de courbes thermiques, avec arrêt des rapports lors d’un pic thermique considéré comme
l’élévation correspondant à l’ovulation).
L’activité musculaire : L’effort physique augmente la température, on parle d’hyperthermie d’effort. Cette
hyperthermie ne constitue un syndrome d’agression que lorsqu’elle engendre des crampes de chaleur par
déshydratation sévère et perte hydro-électrolytique. Elle est le plus souvent rencontrée chez les jeunes
athlètes non acclimatés ou chez les travailleurs exposés au soleil dans les climats chauds. Ainsi, plusieurs
heures après l’arrêt de l’exercice peuvent apparaître nausées, vomissements et fatigue.
La température se prend donc après une période de 20-30min de repos. l’hôpital, prise de
température le matin de très bonne heure)
L’alimentation augmente la température corporelle (+ 0,5°C 3 à 4 heures après le repas).
Prendre la température à jeun ou 3-4 heures après le repas
Le stress, la colère et l’émotion en général augmentent la température de 0,5°C.
Chez les consommateurs de tabac et de chewing-gum, la température orale est majorée
La consommation d’alcool baisse la température risque d’hypothermie grave.
Attention : La température ne carie pas avec l’âge.
3. Mesures de la température
A. Recommandations
L’idéal (mais infaisable) serait de mesurer la température centrale (au niveau de l’hypothalamus).
On la mesure donc en périphérie, selon 2 critères :
- Site très vascularisé et bien isolé de la température ambiante (pour la précision)
- Absence de risque pour le patient
La prise peut se faire par voie axillaire, buccale, auriculaire ou rectale. On peut même prendre la température
lorsqu’on met un cathéter dans une veine ou artère, mais c’est une méthode un peu invasive.
L’âge et la pathologie influencent le choix du site :
Chez le nourrisson : prise rectale +++
Chez l’adulte : prise auriculaire +++
La mesure de la température se fait :
Au repos : le matin avant toute activité ou après 30min de repos ou le soir après 30min de repos au lit
(juste après l’effort, variation de quelques dixièmes de la température).
A distance des repas et de tout effort.
Dans une pièce relativement fraîche où le sujet est dévêtu.
On parle de fièvre pour une T° > 37°5 le matin et > 37°8 le soir
On peut prendre la température à différents moments de la journée et aliser des courbes thermiques pour
appréhender certaines maladies infectieuses. Avant les courbes thermiques étaient affichées devant le lit des
patients, ce qui est aujourd’hui interdit (on les trouve dans des cahiers, dossiers).
B. Les différentes voies
4 manières de mesurer la température, avec avantages et inconvénients :
La voie rectale : a été longtemps considérée comme le site de référence (et cela reste vrai chez les petits).
Elle correspond à la température corporelle la plus élevée, et reflète donc de façon infidèle la température
centrale. De plus, outre le fait qu’elle soit aléatoire et peu reproductible, elle présente un risque d’ulcération
(suivant la façon dont on le met) et est donc contre-indiquée chez les patients thrombopéniques (déficit
plaquettaire) ou ayant des troubles de la coagulation. Cette voie a notamment été sujette à des intoxications
au mercure lorsque le thermomètre se cassait.
La voie orale : est plus facile d’accès (thermomètre sous la langue) mais reste peu utilisée. Les valeurs
observées sont plus basse de 0,4°C par rapport à la température rectale. La température à ce niveau doit être
prise au pied du frein de la langue (très vascularisé), au contact de l’artère linguale et la bouche fermée pour
éviter les interférences. Les résultats obtenus peuvent être influencés par la mastication, les boissons chaudes
et les fumées de cigarettes.
Dans le creux axillaire (qui a eu son heure de gloire) : les valeurs obtenues sont plus basse de 0,5°C (donc
il faut ajouter 0,5 au résultat). Les températures sont fiables si elles sont prises de manière prolongée pendant
10min mais restent peu précises car elles sont influencées par la conformation du creux axillaire, du
positionnement du thermomètre et de la durée de la mesure. Ainsi, la forme du creux axillaire chez le sujet
maigre peut fausser les résultats.
La température tympanique (voie la plus utilisée de nos jours) : est prise au moyen d’un capteur sur lequel
est placé un petit filtre en plastic usage unique pour limiter les risques d’infections nosocomiales) placé
directement au contact du tympan (droit de préférence pour les droitiers). Le thermomètre mesure ici la
chaleur infrarouge émise par le tympan et le tissu environnant. C’est la température riphérique la plus
fiable et la plus reproductible même si les mesures peuvent être faussées lorsque le conduit auditif externe
est obstruée par du rumen. On note que les valeurs observées sont plus basses de 0,4°C par rapport à la
température buccale et de 0,8°C par rapport à la température rectale.
On appuie sur un bouton, ça fait un petit clic, et on a assez
rapidement le chiffre qui s’affiche sur le thermomètre. Il n’y a
pas vraiment de complications.
Il faut bien le faire et tirer sur le lobe de l’oreille (d’après le
schéma, il s’agit plutôt de l’hélix) pour viser le tympan.
C. Les thermomètres
Thermomètre à mercure en verre (ne sont plus utilisés) :
Avantages : /Peu coûteux/peu encombrant/facile à utiliser/la T° doit être prise pendant 3 minutes/
Inconvénients : /Oubli de faire descendre le niveau d’Hg en secouant/risque d’infections nosocomiales/
/ulcération thermométrique du rectum/péritonites mercurielles/cassable (Hg dangereux)/
Thermomètre électronique (le plus utilisé):
Avantages : /Lecture automatique/Résultat en moins d’1 minute par mesure continue jusqu’à équilibre/
/Aucun risque de pollution Hg/Limite le risque d’infections nosocomiales grâce aux embouts
jetables/
Inconvénients : /Prix élevé/Risque d’infections nosocomiales et iatrogènes pas totalement éliminé
/Risque d’ulcération thermométrique du rectum toujours présent
Thermomètre à infrarouge (peu utilisé)
Thermomètre à cristaux liquides (celui qu’on a tous à la maison, vendu en commerce).
III. Rappels physiologiques
Température corporelle normale : 36,5°C ± 0.7°C, soit en moyenne 37°C = 98,6° F
Matin (fin de nuit) : 36,5°C = la + basse
Soir (température vespérale) 37,5°C = la + haute
1. Thermorégulation
L’homéothermie est maintenue aux environs de 37°C grâce à un équilibre entre thermogenèse et thermolyse.
La thermogenèse (T°) :
Suite à une stimulation sympathique (vasodilatation, etc.). Elle peut être également due à la production de
chaleur par combustion des aliments, qui est sous la dépendance des hormones thyroïdiennes et
hypophysaires ou par combustion due à l’augmentation de l’activité sportive (augmentation du catabolisme).
La thermolyse (T°) :
Par radiation (transport de la chaleur sous forme d’IR d’un objet + chaud à un objet + froid, sans contact)
Par conduction (transmission de la chaleur d’un corps à un autre par contact)
Par convection (transfert de la chaleur par un corps en mouvement = sudation pour nous)
Par évaporation (conversion d’un liquide en vapeur : sudation, respiration).
L’homme perd de la chaleur par respiration (surtout par perspiration cutanée = sudation ou encore
pulmonaire)
Le centre de la thermorégulation est l’hypothalamus. La thermorégulation est mise en jeu lors des variations
de la température ambiante :
Lorsque la température ambiante diminue (atmosphère très froide) :
La stimulation sympathique aboutit à une production de chaleur par des frissons (contraction involontaire
des muscles), la vasoconstriction cutanée périphérique (d’où les oreilles et doigts bleus en hiver) et
l’augmentation de la sécrétion des hormones hypophysaires et thyroïdiennes.
Quand la température ambiante augmente (atmosphère extrêmement chaude) :
L’augmentation de la déperdition de chaleur est rendue possible par la transpiration cutanée (la sueur -signe
clinique facile à rechercher-), vasodilatation cutanée et polypnée.
Rq : la « chair de poule » et la blancheur cutanée apparente indiquent une tentative de conservation de
chaleur (vasoconstriction, quand il fait froid) tandis que la rougeur cutanée (apparition de pseudo-éruption
érythémateuse) ou « flush » facilite la perte de chaleur (vasodilatation, quand il fait chaud).
2. Mécanismes d’échanges de chaleur
A. Rayonnement
C’est la perte (ou le gain) de chaleur sous forme d’ondes infrarouges (énergie thermique). En condition
normale, 50% de la déperdition de chaleur se fait par rayonnement. Le flux d’énergie radiante va du + chaud
vers le + froid, sans contact.
B. Conduction
Le transfert de chaleur se fait entre deux objets qui sont en contact direct l’un avec l’autre. L’énergie
thermique se déplace dans un milieu matériel, IL FAUT DONC UN CONTACT.
Exemple : Dans un bain chaud, une partie de la chaleur de l’eau est transférée par conduction à notre peau. A
l’inverse, pour faire baisser la fièvre, en particulier chez les enfants, on peut prendre un bain froid. Sur une
chaise, une partie de la chaleur de nos fesses est transférée au siège.
C. Convection
Il s’agit du refroidissement de la peau, dans une atmosphère froide, par le vent ou par l’eau. L’air chaud a
tendance à s’élever, donc l’air réchauffé qui entoure le corps est continuellement remplacé par des molécules
d’air plus froid.
D. Evaporation
L’eau s’évapore car ses molécules absorbent de la chaleur de l’environnement et possèdent assez d’énergie
pour s’échapper sous forme de gaz (vapeur d’eau, sueur) aux endroits où la peau est en contact avec l’air.
On parle de chaleur de vaporisation pour la chaleur absorbée par l’eau au cours de l’évaporation.
L’évaporation de l’eau des surfaces du corps retire une quantité importante de chaleur corporelle, car elle
absorbe beaucoup de chaleur avant de se vaporiser.
Il existe aussi une évaporation d’eau par les poumons, la muqueuse de la bouche et la peau ; ce sont des
pertes d’eau et de chaleur très faibles qui sont dites insensibles.
Durant un exercice ou la fièvre, la transpiration apporte des quantités d’eau supplémentaires à évaporer
(pertes sensibles). Ainsi à l’exercice, on peut produire 1 à 2 L de sueur par heure qui seront évaporées pour
éliminer la chaleur.
Attention : Si la transpiration est abondante, les pertes d’eau et de NaCl peuvent causer des spasmes
douloureux (=crampes de chaleur). Il est donc important de boire durant l’effort physique.
Chez l’Homme, l’évaporation se fait beaucoup plus par la sueur que par le système pulmonaire (différence
par rapport à certains animaux dont les chiens qui ont une polypnée quand il fait très chaud).
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