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UNIVERSITE KONGO
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES
ET DE GESTION
COURS D’ANALYSE DES STRUCTURES ET
SYSTEMES ECONOMIQUES
A l’usage des étudiants de 2ème Licence
Professeur MUKOKO Samba
Cours de Modèles
Macroéconomiques
à l’usage des étudiants de 1ère et 2ème Licence en Sciences Economiques
et de Gestion
Prof. MUKOKO Samba
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OBJECTIFS DU COURS
1) Doter l’étudiant d’une capaci suffisante d’analyse
macroéconomique en combinant la théorie
macroéconomique, les cadres comptables des grands
secteurs macroéconomiques et les techniques de
construction et de résolution des modèles.
2) Initier l’étudiant aux cadres d’analyse macroéconomique
utilisés par les Institutions Financières Internationales.
PLAN DU COURS
CHAPITRE I GENERALITES SUR LA MODELISATION
MACROECONOMIQUE
CHAPITRE II LE MODELE KEYNESIEN DE LA DEMANDE GLOBALE
CHAPITRE III LES MODELES STANDARDS UTILISES PAR LES IFIs
CHAPITRE IV MODELISATION DE LA CROISSANCE ET PAUVRETE
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INTRODUCTION1
La macroéconomie a pris de l‟essor à la suite de la grande
dépression de 1929-1939 et la publication de la Théorie Générale
par John Maynard Keynes en 1936. Depuis lors, on peut
dénombrer trois moments-clés dans l‟évolution de la pensée
macroéconomique et des cadres d‟analyse :
- Période de l‟émergence dans les années 1930.
- Période de la domination de la macroéconomie
keynésienne : des années 1950 à 1970.
- Période de l‟offensive menée par Milton Friedman et
Robert Lucas contre la macroéconomie keynésienne et de
l‟émergence des modèles dynamiques et stochastiques.
Chacune de ces périodes représente un grand tournant dans
la pensée macroéconomique.
La révolution keynésienne
Dans son ouvrage, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt
et de la monnaie, paru en 1936, Keynes était à la recherche d‟une
solution au problème de chômage de masse qui caractérisait les
économies de l‟époque. Un tel phénomène ne pouvait pas être
expliqué par l‟approche marshallienne qui dominait la pensée
économique de l‟époque. Dans la tradition de l‟équilibre partiel,
chaque marché devait s‟apurer, ce qui n‟était pourtant pas le cas
ni pour le marché du travail, ni pour le marché de la monnaie.
Conformément à cette approche, il aurait fallu diminuer les
salaires pour remettre les gens au travail.
Pour Keynes, le problème résidait plutôt dans les échecs du
marché. Abandonnant l‟approche de l‟équilibre partiel, il entreprit
alors de montrer que la solution du chômage se trouvait hors du
marché du travail. Le chômage était, pour Keynes, la
conséquence d‟une insuffisance de la demande globale. En
1 Cette section est largement inspirée de De Vroey, Michel et Malgrange, Pierre (2006),
La théorie et la modélisation macroéconomiques, d’hier à aujourd’hui, Working Paper N°
2006-33, Paris-Jourdan Sciences Economiques.
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relançant la demande globale par la consommation publique, il
était possible de sortir l‟économie de la situation de sous-emploi.
Dans un monde angoissé, l‟ouvrage de Keynes reçut
immédiatement un accueil favorable. Le programme proposé par
Keynes était, du point de vue théorique, une véritable révolution.
Le message parfois incompréhensible de Keynes fut « décodé »
par trois jeunes éco économistes anglais, Harrod, Meade et Hicks
qui, au cours d‟une conférence à Oxford en septembre 1936,
proposèrent un modèle mathématique simple, composé d‟un petit
nombre d‟équations simultanées.
Le modèle proposé par Hicks (modèle IS-LL par la suite
renommé modèle IS-LM) devint la meilleure représentation de la
théorie keynésienne. Rappelons que les économistes étaient, au
cours de cette période, préoccupés par les phénomènes des
fluctuations et des cycles. Certains d‟ailleurs reprochèrent plus
tard à Keynes d‟avoir détourné l‟attention de la profession de ces
questions.
Le modèle IS-LM représentait sur un même graphique
l‟équilibre simultané sur les marchés des biens et services, de la
monnaie et du travail. La transcription de ce modèle en un
ensemble d‟équations simultanées finira par consacrer la
domination de la macroéconomie keynésienne, une période au
cours de laquelle les applications empiriques ont eu le dessus sur
les développements théoriques.
La domination de la macroéconomie keynésienne
L‟économiste néerlandais, Jan Tinbergen fut le premier à
construire un modèle économétrique reproduisant le
fonctionnement dune économie dans son ensemble2. Le modèle
de Tinbergen était, toutefois, lié aux cycles économiques.
Tinbergen recherchait la meilleure représentation empirique des
mouvements des fluctuations économiques et des crises
commerciales si fréquentes à l‟époque.
2 Tinbergen, J. (1939), Statistical Testing of Business Cycle Theories, Genève, Ligue des
Nations.
5
La vérification empirique de Tinbergen fut suivie de celle de
Lawrence Klein3 dont l‟œuvre ouvrit la voie à un champ florissant
de modèles macroéconométriques de plus en plus larges dont la
construction fut rendue possible par l‟amélioration des données
macroéconomiques (grâce au développement de plus en plus
rapide de la comptabilité nationale) et des moyens de calcul
(grâce au développement fulgurant de l‟informatique)4. Les
modèles construits à l‟époque étaient « keynésiens » car ils
reproduisaient presque tous des situations d‟insuffisance de la
demande qui pouvaient être résorbées par l‟augmentation des
dépenses publiques, faisant usage du multiplicateur de la
consommation publique, dans la tradition du modèle IS-LM.
La domination de la macroéconomie keynésienne devint
réelle dès le début des années 1950. Le modèle fut modifié par
Modigliani5 et popularisé par Hansen6. Chacune des composantes
de la demande globale (consommation, investissement, etc.)
devint le champ des améliorations successives. L‟introduction de
la courbe de Phillips, qui établissait l‟existence d‟une relation de
trade-off entre l‟inflation et le chômage, permit de combler
l‟hypothèse de rigidité des prix qui caractérisait le modèle initial.
Dès lors, la macroéconomie s‟installa comme une discipline
distincte de la microéconomie et qui, sans faire recours aux
fondements microéconomiques devant servir de base à la
modélisation des comportements des agents économiques, était
capable de fournir des propositions de politique économique au
décideur. Cette période est affublée par certains auteurs du nom
de « synthèse néo-classique ». La théorie microéconomique,
essentiellement classique ou plutôt néo-classique, coexiste avec la
théorie macroéconomique keynésienne. La synthèse définit aussi
un partage des compétences entre les deux branches des
sciences économiques : la microéconomie est jugée compétente
pour traiter de problèmes de long terme (les prix étant flexibles
dans le long terme) tandis que la théorie keynésienne est jugée
3 Klein, L. (1950) Economic Fluctuations in the United States, 1921-1941, New-York,
Wiley.
4 Dans la seconde moitié de 1960, certains modèles comptaient déjà 400 équations.
5 Modigliani, F. (1944), "Liquidity Preference and the Theory of Interest and Money",
Econometrica, vol. 12, pp. 44-88.
6 Hansen, A. (1953), A Guide to Keynes, New-York: MacGraw-Hill.
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