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dépréciative11, eux qui formulaient leur idéal sous le nom d’ « atticisme », en référence à
une éloquence au style à la fois moyen et efficace qui trouve ses racines dans l’Antiquité12.
Je retiendrai pour mon mémoire la définition historique, qui se trouve être celle qui prévaut
aujourd’hui dans le domaine scolaire ainsi que dans les derniers programmes du lycée13.
En plus de refléter une définition complexe, cette citation illustre également le
parcours qui est le mien lors de cette première année d’enseignement. Après avoir étudié le
classicisme pendant ma formation universitaire dans le cadre d’un master de recherche, je
vais, ayant la responsabilité de deux classes de Seconde, devoir l’enseigner à mon tour.
Pour avoir produit un mémoire sur la construction et la diffusion du classicisme dans la
littérature, j’ai été amenée à approfondir cette notion et à réaliser qu’elle était loin de se
limiter au champ théâtral, or les programmes actuels concernant l’enseignement du
français dans le secondaire prévoient, pour la classe de Seconde, d’aborder le classicisme
essentiellement par le biais du théâtre classique. Pendant deux ans, j’ai acquis une
perception plus fine et plus nuancée de la période, et j’ai désormais pris conscience que je
vais, en tant qu’enseignante, devoir faire des choix et risquer de perdre cette nuance. J’ai
alors voulu voir ce sur quoi je peux m’appuyer dans des manuels car bien que n’étant pas
obligatoires14, ils restent une « expression des programmes officiels 15 », en tout cas un
outil pour l’enseignant, susceptible de lui proposer un corpus de référence. J’ai alors été
surprise de constater, même dans des manuels très récents, une vision que je trouve assez
réductrice. Aux chapitres sur la comédie étaient attribuées les pages concernant l’essor du
théâtre, la vie des acteurs, aux chapitres sur la tragédie celles concernant le classicisme.
Implicitement, le classicisme et ses règles deviennent ainsi l’apanage de la tragédie
classique, comme si l’art de concentration si cher à la littérature du siècle de Louis XIV
avait contaminé son enseignement jusqu’aux manuels. J’ai eu le sentiment qu’il s’agissait
avant tout de transmettre un patrimoine littéraire, de faire étudier des extraits de tragédies
en tant que fragments exceptionnels de la littérature classique et non en tant qu’extraits de
11 Zuber Roger (1997), Les émerveillements de la raison, Classicismes littéraires du XVIIe siècle français, Paris, Klincksieck,
coll. « Théorie et Critique à l’âge classique », p. 139.
12 Piégay-Gros Nathalie, « Le classicisme », op. cit., p. 15.
13 Ministère de l’Education nationale, Programme de l'enseignement commun de français en classe de seconde générale et
technologique et en classe de première des séries générales et programme de l'enseignement de littérature en classe de première littéraire,
arrêté du 21 juillet 2007, bulletin officiel spécial n°9 du 30 septembre 2010, accessible en ligne par l’url suivante :
<http://www.education.gouv.fr/cid53318/mene1019760a.html>
14 Inspection Générale de l’Education Nationale, Les manuels scolaires : situation et perspectives, rapport n°2012-036,
mars 2012, accessible en ligne par l’url suivante : <http://www.education.gouv.fr/cid61373/les-manuels-
scolaires-situation-et-perspectives.html>, p. 23 pour un rapide historique sur l’indépendance quant au choix du
manuel scolaire dans le secondaire.
15 Inspection Générale de l’Education Nationale, Ibid., p.7.