H 9 – Les conséquences de la Seconde Guerre mondiale. La fin de la Seconde Guerre mondiale permet la découverte de la gravité de ce conflit, en partie expliquée par l’idéologie raciale nazie. Devant ce constat, émerge parmi les vainqueurs l’idée d’un nouveau monde débarrassé du nazisme et rejetant la guerre. Comment, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les vainqueurs cherchent-ils créer un nouveau monde ? Le nazisme disparaît dans le cadre d’une dénazification menée à partir de 1945 et qui est symbolisée par les procès de Nuremberg. De façon plus globale, les vainqueurs cherchent à remplacer la SDN par une autre organisation internationale destinée à maintenir la paix dans le monde. I. L’Allemagne, du nazisme à la dénazification (1945-1949). Entre 1945 et 1949, les Alliés décident de faire disparaître les traces du nazisme. Mais de quelles façons et avec quelle efficacité ? A. Un objectif commun des Alliés. La dénazification est prévue avant même la fin du conflit. Lors de la conférence de Yalta (février 1945), Soviétiques, Britanniques et Américains décident de partager le pays en quatre zones d’occupation qui doivent être gérées de façon commune par un Conseil de contrôle avec pour objectif la restauration d’un Etat démocratique. Lors de la conférence de Potsdam (17 juillet – 2 août 1945), tenue dans la banlieue de Berlin, les vainqueurs précisent les objectifs de l’occupation qui repose sur les « 3 D » ou 4 D » : dénazifier, démilitariser, décartelliser et démocratiser. Dénazifier signifie éradiquer l’influence du nazisme sur les structures sociales, politiques, économiques de l’Allemagne. Démilitariser implique l’éradication de la tradition militaire allemande par la démobilisation des troupes, la confiscation du matériel militaire et la fermeture des usines d’armement. Décartelliser conduit à sanctionner les industriels allemands pronazis en dissolvant les cartels (les ententes entre les entreprises intervenant sur un même marché). Ces trois éléments doivent permettre de reconstruire une Allemagne démocratique et qui ne représentera plus une menace pour la paix européenne et mondiale. La situation de l’Allemagne en 1945 est catastrophique. On compte 3,5 millions de soldats et 3 millions de civils tués, 12 millions de réfugiés et plus de 14 millions de sans-logis. La victoire alliée est vécue par les Allemands comme une défaite et une occupation. Le choc de la découverte des camps de concentration et d’extermination et la situation épouvantable de l’Allemagne rend la réussite de cette politique de dénazification cruciale pour éviter de nouvelles tensions. Il est prévu de dissoudre les organisations nazies, d’abolir les bases de la dictature et les lois raciales, de réorganiser la justice et l’enseignement ainsi que de juger les dignitaires du régime. Les principaux dirigeants des grandes entreprises, comme I.G. Farben ou Krupp, doivent aussi comparaître. En parallèle à la dénazification, les Alliés doivent rééduquer les Allemands et démocratiser le pays. Les libertés publiques sont rapidement rétablies, dont la liberté d’expression. Les médias sont confiés à des Allemands non compromis. L’enseignement est dénazifié, les programmes scolaires sont réécrits, les universités sont réouvertes. La population accède de nouveau aux cultures étrangères (livres, films…). Les arts, longtemps brimés par le régime nazi, connaissent un nouvel épanouissement. Les premières élections municipales, puis régionales ont lieu des 1945 (les Alliés recréent les Länder en 1945). Les Allemands reconstituent des partis politiques et des syndicats qui doivent respecter les valeurs démocratiques et libérales : création du CDU de Konrad Adenauer. En 1947 des constitutions approuvées par référendum permettent la mise en place d’un gouvernement dans chaque Land. Une fois la victoire obtenue, les membres de la « Grande alliance » décide de procéder à la dénazification de l’Allemagne afin d’éliminer toute menace potentielle. L’Allemagne étant divisée en quatre zones d’occupation, la mise en œuvre de la dénazification sera propre à chaque zone. B. Une application différente selon les régions. Le point culminant de la politique commune de dénazification est le procès de Nuremberg (1945-1946). La dénazification ne s’arrête pas aux principaux dirigeants, mais concerne l’ensemble de la population, appelée à se pencher sur son passé. 1/6 A l’Ouest, la dénazification est méthodique. Elle repose sur l’envoi d’un questionnaire de 131 questions à tous les Allemands majeurs destiné à juger du degré de soutien et de participation au régime nazi (13 millions au total). Les Allemands sont classés en cinq catégories devant les cours de justice alliées qui prononcent des peines allant de l’acquittement à la peine de mort (500 sur 5 000 jugements). Les vainqueurs effacent les traces du nazisme dans la vie quotidienne. Ainsi, de nombreux fonctionnaires sont destitués et/ou jugés. Cependant, la gestion des territoires occupés devient difficile par manque de personnel compétent. Dès 1946, la dénazification est confiée à des tribunaux spéciaux allemands dont l’action est largement sujette à caution (complaisance, faux-témoignages, lenteur des procédures, trafic de Persilscheine – certificat de bonne conduite…). A l’Est, les autorités soviétiques utilisent la dénazification pour imposer leur modèle. L’interprétation communiste qui fait du nazisme un produit du capitalisme amène à cibler la répression sur des hommes d’affaires et des fonctionnaires soupçonnés d’avoir servi la classe dirigeante et permet donc d’éliminer les adversaires politiques qui sont déportés (40 000) ou exécutés. Elle permet aussi d’exproprier des propriétaires terriens ou des industriels, et de poser les bases d’une société communiste. L’enseignement et la culture doivent se soumettre à l’idéologie communiste. Le SED créé en 1946 contrôle tous les autres partis politiques, il est lui même né de la fusion imposée par Moscou des socialistes (SPD) et des communistes (KPD) allemands. Tous les opposants à cette politique, ceux qui refusent la fusion avec le parti communiste, sont taxés de fascistes et rejoignent les camps des anciens nazis et des criminels de guerre. Dans les zones occidentales comme soviétique, la dénazification est menée mais de façon différente selon les objectifs réels des occupants. Cette application à géométrie variable conduit à s’interroger sur l’efficacité de la dénazification. C. Une dénazification inachevée ? La dénazification reste incomplète et difficilement chiffrable. Beaucoup de nazis ont fui à l’étranger. D’autres profitent de l’absence de preuves ou de l’encombrement des tribunaux par des millions de dossiers (dossiers perdus ou compromis pour aller plus vite.). Enfin, elle se heurte à l’exaspération croissante de la population allemande provoquant une réaction nationaliste : de nombreux Allemands critiquent l’ampleur du processus, une majorité refuse toute responsabilité en se réfugiant derrière le devoir d’obéissance ou l’ignorance. La dénazification ne touche, au final, qu’une minorité de la population et a surtout consisté en un processus de réhabilitation de masse. Du côté américain comme soviétique, des anciens nazis sont récupérés pour servir les vainqueurs (Von Braun, par exemple). Les débuts de la guerre froide ralentissent la dénazification. Dès 1948, le processus est suspendu dans les zones d’occupation occidentales qui fusionnent en mars pour favoriser la renaissance de la vie politique et la reconstruction économique. Il s’agit de trouver un nouvel allié dans la lutte contre le bloc soviétique. Un personnel politique non compromis dans le nazisme s’impose, à l’image de Konrad Adenauer, chancelier de la République fédérale allemande (RFA) qui naît en 1949. Des lois d’amnistie sont votées entre 1949 et 1954, permettant, par exemple, à 150 000 fonctionnaires d’être réintégrés. En effet, il est indispensable pour remettre en marche le pays de s’appuyer sur des personnes compétentes : à Bonn, sur 112 médecins, 108 sont nazis ; à Cologne, 18 des 21 spécialistes du service des eaux sont nazis ; en Bavière 94% des juges et des procureurs et 77% des employés du ministère des finances sont d’anciens nazis …Cependant, se considérant seule héritière de l’Allemagne d’avant-guerre, la RFA mène une politique d’indemnisation des victimes du nazisme conduisant à une certaine réflexion sur les responsabilités de chacun. A l’Est, en 1948, Staline déclare que l’Allemagne de l’est est totalement libérée du fascisme, la dénazification est officiellement terminée. Le reste de la population est absous de toute responsabilité à condition de se soumettre à l’ordre nouveau. En 1949, la RDA, République démocratique allemande, rejette sur la RFA l’héritage nazi. Elle dénonce l’inachèvement de la dénazification ouest-allemande et met en avant son ancrage dans le camp antifasciste derrière l’URSS contre les alliés des Etats-Unis. La RDA ne peut plus présenter de traces du nazisme puisque celui-ci est contraire à l’idéologie communiste. Ainsi, dès février 1948, les anciens nazis sont réintégrés dans l’administration. 10% des parlementaires communistes est-allemands sont d’anciens nazis, beaucoup de cadres de la Stasi sont d’anciens nazis également Cette attitude prive la population de RDA de toute réflexion sur sa culpabilité. Après la défaite de l’Allemagne nazie, les quatre vainqueurs dénazifient le pays selon des modalités variables selon les zones d’occupation et avec une efficacité discutable. Si la dénazification de l’ensemble de la population allemande n’a pas donné lieu à un consensus de la part des vainqueurs, il en est autrement pour le jugement des principaux criminels de guerre nazie. 2/6 II. Le procès de Nuremberg et la naissance d’une justice internationale. Pour juger les principaux dignitaires nazis, les alliés ont organisé un tribunal d’exception reposant sur de nouvelles bases juridiques et qui pourrait donner naissance à une justice internationale. A. La mise en place d’un tribunal exceptionnel. Dès 1942, Churchill s’interroge sur la façon de sanctionner les criminels nazis : faut-il organiser un procès ou procéder à des exécutions sans procès. La décision de juger les criminels de guerre est prise par les Soviétiques, les Britanniques et les Américains lors de la conférence de Moscou, en octobre 1943. Le 8 août 1945, lors des accords de Londres, ils décident, avec des représentants français, d’instaurer le premier Tribunal militaire international de l’histoire. Le lieu du procès est symbolique. Il se tient à Nuremberg, ville où se déroulaient les congrès du NSDAP, du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946 : 24 dignitaires du Reich sont appelés à comparaître, y compris Martin Bormann, successeur désigné de Hitler dont on a perdu la trace et qui est jugé par contumace. Sont aussi jugées sept organisations du régime nazi (SS, SA, NSDAP, Gestapo, gouvernement du Reich, Etat-major général, Haut commandement des forces armées allemandes). Le procès a aussi un but pédagogique. Pour la première fois dans l’histoire, il est décidé que la procédure sera filmée pour que les crimes ne tombent pas dans l’oubli ; 80 journalistes sont présents sur les lieux. Au cours du procès, de nombreuses preuves sont présentées afin de démontrer la réalité des faits. Ainsi, des films tournés sur les lieux du système concentrationnaire sont diffusés, révélant au monde, les images des camps et du génocide. Pour la première fois dans l’histoire se met en place un tribunal international. Cette nouveauté constitue aussi une révolution sur le plan juridique. B. Une révolution juridique. Quatre chefs d’accusation sont retenus contre les inculpés : avoir participé à un plan concerté pour la guerre, être coupables de crimes contre la paix, de crimes de guerre, mais surtout de crimes contre l’humanité. Ce dernier est une nouveauté juridique et est déclaré imprescriptible. Il permet de prendre en compte l’extermination des Juifs, les exactions pendant la guerre et les persécutions raciales d’avant 1939. Le procès fait prévaloir la règle de la responsabilité personnelle. Les juges, tous magistrats professionnels, refusent d’admettre tout système de défense fondé sur l’obéissance aux ordres reçus. Par ailleurs, élément nouveau, le procès établit une législation rétroactive (pour avoir prémédité le génocide) mais le principe de la réciprocité n’est pas posé : les crimes de guerre des Alliés ne sont pas jugés. Dès 1945, on parle d’une « justice des vainqueurs ». On peut aussi signaler que le génocide juif n’est pas vraiment distingué de la déportation. Parmi les 22 accusés, 12 sont condamnés à mort, 3 à la prison à perpétuité et 4 à des peines de 10 à 20 ans de prison. Le 16 octobre 1946, les exécutions ont lieu par pendaison, sauf celle de Göring qui s’est suicidé la veille. Les cendres des corps sont répandues à Dachau. Par la suite, d’autres procès sont organisés dans les zones d’occupation dont les « 12 successeurs » organisés par les Américains à Nuremberg (5 000 condamnations, dont 800 à mort et 486 sont effectivement exécutées) contre les médecins nazis, les membres des Einsatzgruppen, IG-farben pour avoir fourni de Zyklon b, des ministères, du haut commandement militaire… La dénazification est un sujet de propagande dans le cadre de la guerre froide. Puis, l’arrivée à l’âge adulte des baby boomers et le procès Eichmann amène à une nouvelle réflexion sur les responsabilités des Allemands. Ceci conduit à la création d’un office central (Zentrale Stelle) destiné à mener des investigations contre d’anciens nazis et à l’organisation de nouveaux procès dans les années 1960 et 1970. Grâce aux procès de Nuremberg, les vainqueurs ont pu montrer la gravité des crimes du nazisme mais aussi indiquer au monde que de tels crimes ne resteraient pas impunis. Le cas de Nuremberg donne-t-il naissance à une justice internationale ? C. Vers une justice internationale ? L’idée d’une justice internationale est ancienne. Pour faire respecter les accords internationaux et le droit des peuples, elle émerge au lendemain de la Première Guerre mondiale. La SDN comprend une Cour permanent de Justice internationale qui reste inefficace. La Seconde Guerre mondiale relance l’idée. 3/6 L’Organisation des Nations Unies se dote à sa naissance en 1945 d’une Cour international de justice. Après le procès de Nuremberg, a lieu celui de Tokyo (mai 1946 – novembre 1948) lors duquel les Alliés jugent les criminels de guerre japonais (28 accusés, 7 condamnations à mort). D’autres jugements ont aussi lieu hors d’Allemagne (Höss, premier commandant du camp d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne en 1947, Eichmann en 61 en Israël…). La guerre froide paralyse toute action juridique internationale et il faut attendre 1993 pour que, à l’initiative de l’ONU, se mette en place le Tribunal pénal international pour la Yougoslavie (TPIY) chargé de juger les crimes commis dans l’ex-Yougoslavie à partir de 1992. La justice internationale a du mal à se mettre en place. La Cour pénale internationale (CPI), créée en 1998 pour juger les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, est paralysée par la non-adhésion des Etats-Unis, de la Russie et la Chine qui dénoncent les atteintes possibles à leur souveraineté nationale. Face au caractère exceptionnel de la barbarie nazie, les vainqueurs ont organisé, pour la première fois, un tribunal international qui a jugé les principaux criminels nazis et posé les bases d’une justice internationale. Cependant, la mise en place concrète de cette justice reste limitée. Qu’en est-il de la mise en place d’une gouvernance mondiale destinée à maintenir la paix dans le monde. III. La création de l’ONU, une nouvelle tentative pour assurer la paix. Lors des deux Guerres mondiales, est élaboré le projet d’une organisation devant assurer la paix dans le monde. Pour la Première Guerre mondiale, il s’agit de la SDN ; pour la Seconde Guerre mondiale, il s’agit de l’ONU. A. Genèse et fondation de l’ONU. L’idée d’une organisation des Nations unies est née pendant la Seconde Guerre mondiale, avec pour objectif de corriger les faiblesses de la SDN. Tout d’abord, dans son discours sur l’Etat de l’Union devant le Congrès, le 6 janvier 1941, Roosevelt (1932-1945) explique que « dans les jours futurs (…) nous entrevoyons un monde fondé sur quatre libertés essentielles » : la liberté de parole, la liberté « pour chacun d’honorer Dieu comme il l’entend », être « libéré du besoin » en instaurant la liberté du commerce pour améliorer le niveau de vie de tous, être « libéré de la peur » en procédant à un désarmement. La Charte de l’Atlantique adoptée par Roosevelt et Churchill (14 août 1941) réaffirme les valeurs défendues par Wilson et Roosevelt, en particulier l’instauration d’un nouvel ordre international fondé sur la sécurité et la paix. Ensuite, la conférence de Téhéran (28 novembre au 1er décembre 1943) prévoit l’existence de « quatre agents de police » - URSS, Etats-Unis, Royaume-Uni et Chine – garantissant la paix dans le monde à travers une organisation des Nations Unies dotée d’une assemblée et d’un comité exécutif. La conférence de Dumbarton Oaks (août-octobre 1944) permet la rédaction d’un premier projet de Charte. Enfin, la conférence de Yalta (4-11 février 1945) fixe la composition du Conseil de Sécurité et de l’Assemblée. La fin de la guerre marquée par la découverte de la barbarie nazie et par l’angoisse atomique favorise l’apparition d’une telle organisation. Le 26 juin 1945, les représentants de 50 Etats signent, à San Francisco, la Charte des Nations unies qui fonde l’Organisation des Nations Unies. La Pologne, bien qu’absente à San Francisco, est considérée comme le 51e Etat fondateur car son gouvernement en exil avait précédemment signé la charte. La SDN comme l’ONU sont élaborées suite à des propositions américaines et uniquement par les vainqueurs des deux Guerres mondiales. Elles se mettent en place à la fin de la guerre et ne rassemble qu’une partie des Etats du monde. Si leur naissance est quasi similaire, leur fonctionnement diffère-t-il ? B. Organisation et principes de l’ONU. Le siège de l’ONU, établi à New York dès 1946, est à la fois un hommage rendu à l’action de Roosevelt et l’expression de la volonté internationaliste des Etats-Unis. La Charte des Nations Unies dote l’organisation de diverses institutions dont les principales sont l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et le Secrétariat général. l’Assemblée générale est composée des représentants de tous les membres sur le principe de l’égalité souveraine. C’est un organe de délibération où chacun dispose d’une voix pour émettre à la majorité des deux tiers des recommandations. Les recommandations doivent être respectées par tous les membres mais l’ONU ne peut contraindre un gouvernement ; 4/6 le Conseil de sécurité est formé, en 45, de 11 membres dont 5 permanents (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, URSS) ayant un droit de veto et 6 membres non-permanents, élus pour 2 ans par l’Assemblée. Il est compétent notamment pour les questions de la paix et de la sécurité et peut prendre des résolutions (sanctions, envoi de force de maintien de la paix, négociation) qui imposent des obligations aux Etats. A partir de 1966, il compte 15 membres dont 10 membres nonpermanents ; Le secrétariat général est l’organe administratif de l’Assemblée. Le secrétaire général, élu pour 5 ans, n’a d’autres armes que la persuasion, même si l’article 9 lui permet d’attirer l’attention du Conseil sur toute affaire qui mettrait en péril le maintien de la paix et de la sécurité collective. Il dirige l’administration des Nations Unies, basée à New York et qui emploie 5 000 personnes. A ces trois institutions principales, s’ajoutent Cour internationale de justice, basée à La Haye, ainsi que des agences spécialisées dont certaines hérités de la SDN comme l’OIT (Organisation Internationale du Travail) ou l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et d’autres nouvelles comme l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture), l’UNICEF (Fonds des Nations unies pour l’enfance), le HCR (Haut-Commissariat pour les Réfugiés), la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) ou la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement). Par contre, l’ONU dispose d’une force armée d’intervention non permanente fournie par les Etats : les Casques bleus. Cette innovation doit permettre d’éviter les drames de l’entre-deux-guerres et tout nouveau conflit mondial. Les institutions de l’ONU sont mises en place pour défendre des principes devant apporter la stabilité au monde. La Charte des Nations Unies définit ces principes : maintenir la paix et la sécurité internationale ; permettre le développement entre les nations de relations amicales fondées sur le respect de l’égalité des peuples et de leur droit à disposer d’eux-mêmes ; assurer le respect de la non-ingérence dans les affaires intérieures de chaque nation ; favoriser le règlement pacifique des litiges entre pays ; assurer un développement économique équilibré ; assurer la défense des droits universels de l’homme, la Charte est, d’ailleurs, complétée par la Déclaration universelle des droits de l’homme (10 décembre 1948). Basées sur une structure assez similaire, la SDN et l’ONU sont composées d’un Assemblée générale, d’un Conseil restreint et d’un Secrétariat général auxquels s’ajoutent des agences spécialisées. Seule différence, l’ONU dispose d’une force armée lui permettant d’intervenir pour imposer ses décisions. Celles-ci sont prises au nom de principes très proches pour les deux institutions. Si les deux institutions sont si proches, ont-elles la même efficacité ? C. L’ONU, de l’espoir à l’impuissance. L’ONU mène de multiples actions dans le monde. En 1947, elle élabore et fait appliquer un plan de partage de la Palestine entre les communautés juive et arabe. En 1950, l’ONU intervient en Corée pour repousser l’offensive nord-coréenne. En 1956-1957, les Casques bleus mènent une opération de maintien de la paix, après la crise du canal de Suez. Si la fondation de l’ONU a suscité de grands espoirs, l’opinion publique mondiale a été rapidement déçue. L’ONU n’a pu empêcher le déclenchement de la guerre froide et a échoué à régler pacifiquement la question palestinienne. Les grandes puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale sont en position de force au Conseil de sécurité. L’idée d’origine était d’assurer la continuité de l’Alliance issue de la guerre, mais la méfiance, dès 1946, entre Etats-Unis et URSS paralyse le Conseil de sécurité grâce à leur droit de veto. Les deux Grands, en mettant en avant leurs intérêts idéologiques et stratégiques, paralysent le Conseil de sécurité et le transforment en tribune de propagande. Au 13 juillet 2006, le veto a été utilisé 258 fois avec, par ordre d’importance : 122 fois par l’Union soviétique/Russie, 81 fois par les Etats-Unis, 32 fois par le Royaume-Uni, 18 fois par la France et 5 fois par la Chine (dont 1 fois par Taiwan lorsqu’il avait un siège au Conseil de sécurité). Pour plus de la moitié, ces vétos se firent dans la première décennie après la création de l’ONU et dans la décennie 1976-1985 : 83 et 60 respectivement, soit 143 au total. Même lorsque les deux grands semblent en accord, comme à propos de la question palestinienne, l’ONU est incapable de faire appliquer ses décisions et de faire respecter ses principes à l’intérieur d’Etats souverains. Il 5/6 faut attendre les années 1980 pour que l’ONU réussisse à imposer, de façon relative cependant, le droit d’ingérence. Le nazisme disparaît sous l’action des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale qui sanctionnent les criminels les plus impliqués et chercher à faire disparaître, chez les Allemands, les traces du régime hitlérien. Pour cela, s’organise un embryon de justice internationale qui participe à un mouvement plus large d’établissement d’une gouvernance internationale par l’intermédiaire de l’ONU. Cet organisme paraît plus performant que la SDN. Cependant, le droit de veto dont disposent les cinq pays vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale peut cependant paralyser son fonctionnement à tout moment. Quelle sera l’efficacité des mesures prises après la guerre par les vainqueurs ? 6/6