Revue de presse « Défense » (contact : [email protected]) Votre avis nous intéresse : si vous voulez réagir à un article de la Revue de presse, vous pouvez soit contacter directement le responsable de thème de Défense soit réagir en adressant un courriel à l’adresse indiquée ci-dessus. L’équipe de la Revue de presse Défense vous remercie de votre confiance et de votre intérêt pour son travail, toutes vos suggestions sont les bienvenues. Cette revue de presse paraît désormais sur le site de l’UNION-IHEDN, à l’adresse : http://www.union-ihedn.org/ le 28 septembre 1958, le peuple français approuve la constitution de la Vème République. (Ici, les armoiries de la République française) . Date : 28 septembre 2015 Sommaire des articles proposés 1) Enjeux de la Défense, Doctrine, Concepts, Missions : "la lutte informatique offensive n'est pas un tabou" (Jean-Yves Le Drian) Renseignement : partie de ping-pong entre DGSE et DRM 2) Relations internationales - Europe de la défense - OTAN : Le Brésil et le monde Pourquoi les indépendantistes catalans vont utiliser leur majorité parlementaire Angela Merkel relance le débat à l'occasion des 70 ans de l'ONU - Conseil de sécurité : quelle place pour l'Afrique? 3) Armements - Industries - Économie : Quand Galiléo se rappelle à notre bon souvenir Enfin désendetté, Latécoère imagine des acquisitions Traité transatlantique : Mathias Fekl met en garde les Etats-Unis Sous-marins : DCNS se lance dans la compétition du siècle en Australie 4) Les forces armées - Air - Marine - Terre - Gendarmerie : Pourquoi la France va acheter des avions de transport tactique américains L'armée de terre présente ses capacités à l'IHEDN (2) Chammal : opérations "non stop" pour la marine Prise d'armes du général André Lanata, nouveau CEMAA 5) Zones de conflits : Offensive de talibans contre Kunduz, verrou stratégique du nord de L'Afghanistan Centrafrique : pillages et tirs nocturnes malgré le couvre-feu à Bangui Syrie : pourquoi les frappes aériennes font le jeu de l'Etat islamique En Libye, la guerre oubliée des Touaregs et des Toubous 6) Renseignements et menaces : l'armée japonaise d'autodéfense peut intervenir en dehors du Japon Syrie : "Hollande essaie d'éviter à la France d'être exclue de la table des négociations" La torpille allemande SeaHake en mode défense côtière Après le drame du pèlerinage à La Mecque : Tension entre Riyad et Téhéran 7) Sécurité intérieure : Maeva, ex-marieuse de l'Etat islamique, face à la justice française 8) Énergie environnement climat : COP 21 : le Brésil promet d'éradiquer la déforestation illégale en Amazonie Pétrole. Shell ne forera plus au large de l'Alaska EDF veut doubler sa production d'énergies renouvelables en Europe d'ici à 2030 9) Géopolitique de la culture : Pactiser avec Assad, la solution la plus efficace Droits de l'homme : la voie saoudienne Taxer la bande passante pour imposer les GAFA : impossible, selon l'Arcep l'administration US cogite pour contourner le chiffrement des smartphones Oculus Rift - Attention à l'emballement médiatique autour de la réalité virtuelle Déréférencement élargi : pas de recours en grâce pour Google le plan de la Russie pour casser l'anonymat de Tor chavire Géopolitique de l’information : 10) 11) Jour après Jour : le 28 septembre 12) Revue de presse internationale en langue étrangère : Second-guessing Vladimir Putin's Intentions in Syria Europe's MBDA to market U.S.-made rocket conversion system Putin's power plays Poland, Norway Could Team on Sub Program Russia, Brazil Sign Contract for Glonass Ground Measuring Station 13) Liste d’articles non retenus mais pouvant être consultés sur demande. ***** Votre avis nous intéresse : si vous voulez réagir à un article de la Revue de presse, vous pouvez contacter directement le responsable de la revue, en adressant un courriel à : [email protected], ou au webmaster du site « union-ihedn.org ». 1/ ENJEUX DE LA DEFENSE - DOCTRINE CONCEPTS – MISSIONS THEME 1 - 1 : "la lutte informatique offensive n'est pas un tabou" (Jean-Yves Le Drian) Source, journal ou site Internet : la Tribune Date 28 septembre 2015 Auteurs : Michel Cabirol Adressé par Jean-Claude Tourneur "La cyber-guerre, c'est la guerre de demain, elle commence dès aujourd'hui", a averti le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian Cette guerre, qui ne fait pas de bruit, peut faire de gros dégâts. Face à cette menace, Jean-Yves Le Drian renforce les moyens de sa cyberarmée afin de mieux anticiper et contrer les attaques. Les cyber-soldats disposent de capacités offensives en matière informatique. Ce n'est pas un propos anodin. Loin de là. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a été très clair jeudi lors du colloque international de cyberdéfense comme rarement les responsables politiques français l'avaient été jusqu'ici. Oui la France "dispose de capacités offensives" en matière de cyberdéfense, a confirmé Jean-Yves Le Drian. "Elles sont encore limitées, mais la voie est tracée pour leur développement", a-t-il indiqué lors du discours d'ouverture à ce colloque qui rassemblait vingt officiers généraux "cybercommandeurs", venus de l'étranger, dont certains du Maghreb et du Golfe. "Puisque nos ennemis sont aujourd'hui équipés de moyens informatiques, de communication, de surveillance, détection ou ciblage sophistiqués, il y a là pour nous une nécessité de collecter du renseignement, de cibler, parfois pour frapper", a justifié le ministre de la Défense. En tout cas, pour Jean-Yves Le Drian, "la lutte informatique offensive n'est pas un tabou". Et de préciser que la France peut frapper en expliquant que "l'arme informatique doit apporter un appui maîtrisé aux forces conventionnelles". "On peut le faire, voire on le fait si nécessaire", a-t-il également souligné dans un point presse. C'est dit. Mais le ministre n'a pas souhaité en révéler beaucoup plus. Des attaques? Quand? Comment? "Vous ne pensez pas qu'on va vous dire ce que nous faisons dans ce domaine", a-t-il répondu goguenard à la presse... Une "cyber armée", la quatrième armée Très vite à son arrivée au ministère de la Défense en 2012, Jean-Yves Le Drian a pris conscience de l'importance de ce nouveau champ de batailles. "La cyber-guerre, c'est la guerre de demain, elle commence dès aujourd'hui (...), avait-il expliqué en janvier 2015 lors d'une interview accordée à Europe 1. Il y aura une quatrième armée qui s'appellera l'armée cyber. Demain il y aura des soldats cyber". Et un officier général cyber, en l'occurrence le contre-amiral Arnaud Coustillière. Pour le ministre, "il ne fait plus de doute que la cyberdéfense revêt une dimension stratégique" face "à une menace cybernétique croissante". "Grâce aux moyens que nous avons mis en place, nous apprenons à contenir cette menace. Mais il nous faut rester lucides et mesurer qu'à côté d'une grande majorité d'attaques peu élaborées, quelques-unes sont nettement plus évoluées. Celle qui a ciblé la chaîne TV5 monde en avril dernier, en constitue une illustration saisissante", a-t-il rappelé. Sur la période de 2014- 2019, la loi de programmation militaire (LPM) actualisée a permis de renforcer les effectifs de cyberdéfense d'au moins 1.000 civils et militaires. Ainsi les effectifs de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) atteindront 500 agents en 2015. Cela se traduira également par une augmentation de la proportion de personnel de catégorie A et B afin de mettre en œuvre les renforts décidés, notamment dans le domaine de la cybersécurité. De plus, la LPM va renforcer les organisations et les capacités d'analyse et de surveillance du ministère. Dans l'entourage du ministre, on estime que la France fait partie des toutes meilleures nations au monde, derrière les trois grandes puissances (États-Unis, Chine et Russie). Création d'un pôle d'excellence cyber Dans le cadre de la montée en puissance de la cyber dans les armées, Jean-Yves Le Drian et le président du Conseil régional de Bretagne ont signé jeudi les statuts fondateurs de l'association Pôle d'excellence cyber. Ce pôle a pour mission de stimuler le développement de l'offre de formation, la recherche académique, l'offre de services, la base industrielle et technologique notamment au sein des PME-PMI innovantes, y compris à l'export. Le Livre blanc de 2013 sur la défense avait identifié des priorités, parmi lesquelles figurent la politique de cybersécurité et la capacité à lutter contre le terrorisme. Il recommande de mettre en œuvre une protection efficace contre l'ensemble des risques et des menaces (terrorisme,cyberattaques...) afin de préserver la continuité des grandes fonctions vitales de la Nation. Par ailleurs, en vue d'anticiper les attaques et d'adapter les systèmes de défense des armées, la direction du renseignement militaire (DRM) va créer un centre de recherche et d'analyse cyber. De plus, la DGSE développe ses propres moyens depuis plusieurs années. Enfin, une unité a été spécialement créée et équipée pour protéger les systèmes, notamment ceux qui sont déployés dans les opérations extérieures. Cette unité sera pleinement opérationnelle en 2018, a précisé Jean-Yves Le Drian. Les armées de plus en plus victimes de cyberattaques Cette prise de conscience du ministère, qui fait l'objet de nombreuses cyberattaques était nécessaire. Ainsi tous les quinze jours, des hackers attaquent le site du centre de presse du ministère (Dicod), la vitrine des armées. En 2014, le ministère de la Défense a recensé 780 incidents, qui ont été traités par le Centre d'analyse informatique défensive (CALID). A miseptembre, ce dernier n'a eu à traiter que 350 incidents ou anomalies. Une baisse qui s'explique par une automatisation des réponses aux incidents les moins importants, indique-ton au ministère de la Défense. Mais il y a plus grave. Les forces armées françaises en opérations extérieures sont la cible de cyberattaques. En 2011 en Afghanistan, a raconté le ministre, "une attaque cyber a temporairement perturbé les liens entre la métropole et nos drones (des drones tactiques Harfang, ndlr). Nos équipes ont très vite réagi et l'attaque a pu être défaite". Les pirates ont pris d'assaut un serveur logistique, selon l'entourage du ministre. "D'une manière générale, des incidents se produisent régulièrement dans l'environnement immédiat de nos systèmes d'armes, qui sont heureusement bâtis avec de fortes résiliences et redondances", a rappelé Jean-Yves Le Drian. Une organisation de cyberdéfense intégrée Face à cette menace croissante, la France a choisi de développer une organisation de cyberdéfense intégrée aux forces, disposant de capacités défensives et offensives pour préparer ou accompagner les opérations militaires. Dans cet esprit, l'organisation opérationnelle des armées va mettre en place une chaîne opérationnelle de cyberdéfense cohérente avec l'organisation et la structure opérationnelles des armées, et adaptée aux caractéristiques propres à ce nouveau champ de bataille. Car les terroristes utilisent des modes d'action sur internet de plus en plus perfectionnés et mènent notamment une véritable guerre de l'information. "Au Levant, mais aussi en Afrique ou au Maghreb, les groupes armés terroristes investissent également - Daech le fait en particulier -, de manière massive l'espace numérique, a constaté Jean-Yves Le Drian. Cette barbarie d'un nouveau genre vise une série d'objectifs : démoraliser et terroriser son ennemi pour l'empêcher de combattre, apparaître plus fort qu'on ne l'est en réalité, recruter à l'aide de campagnes de propagande mensongères mais sophistiquées, désorganiser en propageant de fausses rumeurs, amplifiées là-aussi par les réseaux sociaux, comme dans l'exemple de TV5 Monde". D'ailleurs, le ministre a précisé que la source à l'origine de la propagande de Daech a été identifiée en Syrie, à Raqqa plus précisément, avec des relais dans les pays occidentaux. Daech utilise les infrastructures et les opérateurs internet occidentaux. "Il s'agit d'une menace assez sophistiquée, qui fait appel, au moins en partie, à de vrais professionnels - ne nous y trompons pas", a averti Jean-Yves Le Drian. Pour mieux lutter contre les cyberattaques, le ministre préconise une coopération renforcée avec les pays alliés dans le cadre de l'OTAN et de l'Union européenne. "Nous souhaitons aujourd'hui aller plus loin en développant au sein de l'Union européenne les travaux d'intégration de la dimension cyber dans la planification et la conduite des missions et des opérations de l'UE", a-t-il d'ailleurs expliqué. THEME 1 - 2 : Renseignement : partie de ping-pong entre DGSE et DRM Source, journal ou site Internet : l'Opinion Date : 28 septembre 2015 Auteur : Adressé par Jean-Claude Tourneur Dans l’ombre, les deux services s’affrontent sur leur rôle respectif dans les opérations militaires Les services de renseignement sont « une petite oasis d’abondance ». L’un de leurs principaux responsables se réjouit du traitement de faveur dont la « politique publique de renseignement » jouit au sein des activités de l’Etat. La tendance, soulignée depuis plusieurs années, a été nettement confirmée à la suite des attentats de janvier. Une loi, élargissant leurs capacités d’interception, a été votée en juin et leurs moyens financiers et humains sont renforcés, en particulier dans le cadre de l’actualisation à la hausse de la loi de programmation militaire. Cette situation n’empêche pas les « services » de se quereller autour des opérations militaires en cours, que ce soit au Sahel ou au Levant (Irak et Syrie). Ce n’est pas la guerre ouverte, mais plutôt une « partie de ping-pong » pour savoir qui fait quoi, comme le note un acteur du dossier. En jeu : le rôle de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) et de la DRM (Direction du renseignement militaire) sur les théâtres d’opération. Une querelle de famille, car les deux services dépendent tous les deux du ministère de la Défense, même si la DGSE jouit d’un rôle spécifique au sein de l’Etat, avec notamment un accès direct au président de la République. L’un le dit en anglais : « Find. Fix. Finish. » L’autre en français : « Trouver. Traquer. Terminer. » Ce sont deux hauts responsables des services qui évoquent leur rôle au Sahel dans la guerre contre les groupes terroristes. Ils parlent de l’élimination de leurs chefs, les High Value Target (HVT), les cibles de haute valeur, en anglais pour tout le monde. « Finish » ou « Terminer » veut dire tuer, et c’est le rôle des forces spéciales de l’opération Sabre. Là-dessus, tout le monde est à peu près d’accord. En revanche, qui trouve et traque les HVT ? Les militaires de la DRM ou les agents de la DGSE ? Dans le meilleur des mondes, le mieux placé pour le faire et ce, en collaboration avec les autres. Sur le terrain, c’est globalement ce qui se passe et cela fonctionne : les groupes terroristes qui ont perdu plusieurs de leurs hauts responsables depuis janvier 2013 ne démentiront pas. Dans les bureaux parisiens, l’affaire est plus compliquée, car chaque service à bien compris que la guerre contre le terrorisme allait redessiner pour longtemps le paysage du renseignement français et qu’il faut, dans ce cadre, s’y garantir une bonne place. Dans l’attente d’arbitrages politiques, chacun tire la couverture à soi. « Trouver » les chefs terroristes ? La DGSE explique jouer « un rôle tout à fait essentiel » en « fournissant l’essentiel du renseignement » sur les HVT. C’est, y dit-on, « son métier stratégique ». Mais, ensuite, le boulevard Mortier est prêt à « transférer la traque à la DRM », puisqu’il s’agit d’une « mission tactique » que l’on peut confier aux militaires. Évidemment, ceux-ci ne l’entendent pas de cette oreille et mettent en avant leurs propres moyens de renseignement leur permettant de « trouver » les chefs terroristes. Lors d’un récent colloque à la Société de Géographie, la DRM présentait ainsi ses moyens techniques d’analyse spatiale permettant de localiser un centre de commandement de Daech à Mossoul (Irak). L’exemple, assurait la DRM, était purement fictif. Par rapport aux militaires, la DGSE dispose d’un atout majeur : elle est le seul service autorisé à conduire des actions clandestines à l’étranger, qu’il s’agisse de renseignement ou d’action. « Nous seuls pouvons mener des actions de l’Etat non revendicables par l’Etat », indique un acteur de ce dossier. Sur ce plan, la DGSE a d’ailleurs décidé récemment de « relancer la recherche humaine » en son sein, avec une nouvelle organisation qui redonne du poids à l’espionnage traditionnel par rapport au renseignement technique (les écoutes). L’un des autres points de crispation entre les services est la notion de « théâtres ouverts » et de « théâtres fermés ». Les premiers sont les pays où la France mène des opérations militaires comme le Mali, le Niger ou l’Irak. Là, la DRM peut être « leader », assure une source proche du dossier, « mais tous les autres services sont mobilisés ». Ainsi, l’ensemble des services de renseignement, y compris ceux relevant des ministères de l’Intérieur et des Finances, sont désormais représentés au sein du Centre de préparation et de conduite des opérations (CPCO), à l’état-major des armées. Les « théâtres fermés » posent un problème plus aigu : officiellement, la France n’y mène pas d’actions… si ce n’est clandestines. Elles relèvent dans ce cas uniquement de la DGSE. Mais, explique un acteur, « les forces armées peuvent anticiper l’ouverture d’un théâtre », comme ce fut le cas au Sahel, en Centrafrique ou en Libye. Aujourd’hui, les regards de la communauté du renseignement se tournent vers la Syrie, un « théâtre » en cours d’ouverture depuis la décision du président de la République d’y effectuer des « vols de reconnaissance » ouvrant la voie à des frappes que François Hollande a jugées lundi « nécessaires ». « On ne peut pas désactiver des cellules terroristes en France si on ne va pas un peu plus en profondeur », c’est-à-dire en Syrie, explique un spécialiste de l’antiterrorisme. La Syrie le montre : les militaires peuvent recueillir du renseignement grâce aux vols de reconnaissance mais pas sur le terrain où les opérations sont nécessairement clandestines. Qui, au final, réalise la synthèse – la « fusion » disent les hommes du métier ? Qui, par conséquent, informe et conseille les responsables politiques ? Il existe depuis 2008 un coordonnateur national du renseignement (CNR) à l’Elysée – l’actuel est l’ambassadeur Didier Le Bret – mais son rôle n’est pas directement opérationnel. La fusion exige en effet des moyens sophistiqués comme les systèmes de Geoint (geospatial intelligence) de la DRM. La DGSE, service « intégré », est organisée en son sein même pour produire des synthèses à partir du renseignement qu’elle recueille par les écoutes (Direction technique) ou l’espionnage traditionnel, ainsi que les capteurs mis en œuvre par les armées (satellites ou avions). En cela, la DGSE se distingue de ses homologues étrangères, comme la CIA qui doit cohabiter avec la NSA, l’agence spécialisée dans les interceptions électroniques. Pour les responsables de la DGSE, cette particularité française est un atout considérable auquel ils sont très attachés. Dans les milieux parlementaires, certains imaginent de créer une agence, comme la NSA ou la GCHQ britannique, qui fournirait du renseignement électronique à toute la communauté du renseignement. Pour la DGSE, c’est un chiffon rouge. Comme le maintien en son sein d’une composante purement militaire – le Service Action –, certains considérant à tort qu’il ferait double emploi avec les forces spéciales. 2/ RELATIONS INTERNATIONALES - EUROPE DE LA DEFENSE - OTAN : THEME 2 - 1 : Le Brésil et le monde Source, journal ou site Internet : diploweb Date : 26 septembre 2015 Auteur : Hervé Théry* Adressé par Jean-François Mazaleyrat *CNRS-Creda. Professor visitante na Universidade de Sao Paulo (USP.) Co-directeur de la revue Confins (http://confins.revues.org/). Auteur de nombreux ouvrages de référence dont "Le Brésil, pays émergé", Paris, éd. A. Colin. H. Théry détaille ici avec subtilité la position ambiguë du Brésil, pays émergent, situé à la fois dans le peloton de tête des grandes économies mondiales mais encore pays sousdéveloppé par bien des aspects. Cet article de référence est illustré de 3 cartes. ALORS qu’il a longtemps été largement autocentré le Brésil s’ouvre plus en plus à un monde dans lequel il a acquis une tout autre dimension. Mais il n’a pas encore pris conscience de son nouveau rôle dans le monde et des responsabilités que celui-ci lui crée. Il donne l’impression de devenir une grande puissance à reculons, comme malgré lui. Même l’opinion la plus informée n’a pas conscience de l’importance que le pays prend de plus en plus dans le panorama mondial. Loin de considérer leur pays comme une puissance mondiale – ce qu’il est en voie de devenir – ou au moins comme une puissance émergente – ce qu’il est déjà largement –, la majeure partie des Brésiliens ont encore souvent le « complexo do viralata » [1]. Cette expression a été inventée par l’écrivain et dramaturge brésilien Nelson Rodrigues, qui se référait initialement au traumatisme subi par les Brésilien, lorsque l’équipe du Brésil a été battue par l’équipe uruguayenne lors de la finale de la Coupe du monde de football de 1950, au Maracanã, alors le plus grand stade mondial, construit spécialement pour l’occasion [2]. Pour lui, le phénomène n’est pas limité au seul domaine du football, « par complexe du corniaud, je désigne la position d’infériorité par rapport au reste du monde dans laquelle les Brésiliens se mettent volontairement [...] Le Brésil est un Narcisse à rebours, qui crache sur sa propre image ». Un autre indice de cette soumission psychologique plus ou moins consciente est l’usage fréquent, pour témoigner de son admiration, de l’expression « é coisa de Primeiro Mundo » (« c’est digne du Premier Monde »). Quand je l’entends utiliser je fais remarquer à mes interlocuteurs brésiliens qu’en l’employant ils se situent euxmêmes dans le Tiers Monde, alors que les habitants des pays plus développés ne l’utilisent jamais pour parler d’eux-mêmes. On ne peut donc pas mesurer la place du pays dans le monde en demandant aux Brésiliens – ou du moins à la plupart d’entre eux – ce qu’ils en pensent. Car le Brésil est un pays très autocentré, l’immense majorité des Brésiliens s’intéresse peu au reste du monde, à ce qui se passe là fora (au dehors). On peut le comprendre si l’on pense que – sauf rares exceptions – ils n’ont jamais voyagé à l´étranger, et rarement rencontré des étrangers : les habitants des deux principaux foyers de peuplement du pays vivent soit à près de 2 000 km de la frontière la plus proche (pour les grandes villes du Sudeste comme São Paulo et Rio de Janeiro), soit à plus de 4 000 km (pour celles du Nordeste, comme Recife ou Fortaleza). La presse ne les aide guère : elle parle peu du reste du monde et ne compare que très rarement le Brésil à d’autres pays, sauf pour dire qu’il est le plus grand ou le meilleur, ou parfois le plus mauvais au monde. On peut croire à une plus grande ouverture quand on constate que les mêmes médias donnent régulièrement les résultats des championnats de football des principaux pays européens, mais on se rend vite compte que sont seulement citées les équipes comportant des joueurs ou des entraîneurs brésiliens... Cela ne signifie pas que le Brésil ne soit pas concerné par la mondialisation, il l’est au contraire profondément, à vrai dire il l’est depuis l’arrivée des caravelles portugaises, en 1500. Aujourd’hui il l’est par son commerce extérieur, ses flux aériens [3]. Sa diplomatie est active, quelques-unes de ses entreprises ont acquis une stature mondiale et il a su jouer du soft power que lui donnent sa place de premier pays lusophone au monde, la réussite de ses universités et bien sûr ses « exportations » de joueurs de football. C’est grâce à tout cela qu’il prend aujourd’hui un poids croissant dans ses relations avec ses voisins sud-américains, notamment en Amazonie, mais il a un peu de mal à trouver sa place entre Occident, Brics et Afrique [4]. 1. Les voix du Brésil Les médias emploient des formules du type « le Japon pense que », « Washington proteste », « Le Quai d’Orsay s’étonne », la métonymie du nom d’un pays, de sa capitale ou de son ministère des Affaires étrangères étant fréquemment utilisée pour les habitants du pays tout entier. Mais de qui parle-t-on lorsqu’on évoque, en matière de géopolitique externe, l’opinion de Brésiliens ? Qui parle pour « le Brésil », « Brasília » (la capitale) ou « l’Itamaraty » (le ministère des Relations extérieures) ? Avant tout et malgré tout l’État, qui reste au Brésil une réalité indiscutable, et notamment ses diplomates, ses militaires. Ils sont toutefois de plus en plus relayés – et parfois contredits – par de nouveaux acteurs récemment apparus, au Brésil comme ailleurs, sur la scène internationale, notamment ses entrepreneurs mais aussi d’autres porte-paroles plus inattendus. Dans la machine de l’État, certains secteurs parlent plus et se font davantage entendre, par fonction mais aussi par conviction, lorsqu’il est question de géopolitique, alors que d’autres s’en désintéressent ou n’ont d’action géopolitique qu’implicite ou inconsciente. Diplomates et militaires sont évidemment les gardiens du temple, chargés de veiller sur la souveraineté nationale et l’intégrité du territoire. Ils le font avec une attention sourcilleuse, frôlant parfois l’obsession, comme dans le cas de l’Amazonie, où les deux corporations sont toujours prêtes à monter au créneau quand est évoquée la menace d’une internationalisation de l’Amazonie. Il suffit qu’un étranger mal avisé, comme Pascal Lamy, alors candidat à la présidence de l’OMC, qui déclara en février 2005 que la forêt amazonienne devrait être considérée comme un bien commun de l’humanité, pour qu’aussitôt quelques généraux (appuyés en sous-main par des diplomates bien placés) y voient la preuve d’un complot pour l’internationalisation de la région, laissant présager l’envoi imminent des marines. Les démentis répétés des auteurs de ce genre de déclaration n’y font rien, cette fièvre obsidionale est la marque d’un manque de confiance en soi, alimentée par l’impression diffuse que le Brésil ne traite pas cette région comme elle le mérite, que défricher et brûler une forêt riche en biodiversité pour planter du soja ou élever des bovins pour le marché international n’est sans doute pas la meilleure façon de défendre la souveraineté nationale. Diplomaties Le corps diplomatique brésilien est d’une compétence reconnue de tous, au Brésil – où les diplomates sont parfois appelés en renfort dans des ministères moins bien gérés – et dans les cercles diplomatiques internationaux. Les diplomates sont formés par l’Institut Rio Branco, dont l’accès se fait par un concours très sélectif ; c’est la seule institution brésilienne qui ressemble à une « grande école » française. Le nom de l’Institut rend hommage à José Maria da Silva Paranhos Júnior, baron de Rio Branco, qui mena le Brésil au succès dans tous ses arbitrages frontaliers à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, notamment celui qui fut rendu au détriment de la France en 1900, et qui fit gagner 260 000 km2 au Brésil. Le nom du ministère des Affaires Étrangères, Itamaraty, est celui du palais où il siégeait à Rio de Janeiro, du temps ou c’était la capitale du pays, il en occupe aujourd’hui un autre, l’un des plus beaux de Brasília, et dispose de tout un réseau d’ambassades et consulats dans le monde, dont beaucoup ont été créés sous les deux mandats de Lula, notamment en Afrique (carte 1). Tous ces postes n’ont pas la même importance diplomatique, ni le même prestige, si bien que pour gérer les carrières de ses diplomates, le ministère les a classés en quatre catégories, auxquelles les diplomates peuvent postuler selon des règles précises. Les postes « A » sont les plus prestigieux : situés soit aux États-Unis, soit en Europe, c’est ce que les intéressés appellent entre eux le « circuit Elizabeth Arden », du nom d’une très chic marque de cosmétiques. Les postes « B » sont le deuxième choix : Canada, Europe périphérique, Australie, grands pays asiatiques et latino-américains, Afrique du Sud. Les postes « C » et « D », enfin, sont situés dans des pays qui intéressent peu de candidats : Afrique, MoyenOrient, reste de l’Asie et de l’Amérique latine. Entreprises De nouveaux acteurs brésiliens sont de plus en plus actifs et influents sur la scène internationale, ils sont sortis de leur passivité et semblent avoir jeté aux orties les complexes d’infériorité de pays sous-développé. Bon nombre d’entrepreneurs, issus de l’agrobusiness, des mines ou du secteur manufacturier, se sont en effet lancés à l’assaut des marchés étrangers. L’influence brésilienne à l’extérieur est donc aussi portée par de véritables multinationales brésiliennes, comme l’Embraer, la Vale ou la Petrobras, mais aussi par de grosses PME qui ont su valoriser les atouts du pays et conquérir des positions dominantes dans des « niches » de marchés spécifiques. L’Embraer (Empresa Brasileira de Aeronáutica) dispute avec son rival canadien Bombardier la position de troisième producteur d’avions civils au monde, derrière Airbus et Boeing, elle est leader mondial sur le marché des jets régionaux de passagers, entre 70 à 122 sièges. Créée le 19 août 1969 comme société de capital mixte sous contrôle de l’État, elle est née d’une initiative stratégique de l’État brésilien pour doter le pays d’une industrie aéronautique, dans le contexte des politiques de substitution aux importations. Au départ, l’Embraer produisait principalement le Bandeirante, un robuste avion à hélices capable de se poser sur les pistes de terre de l’intérieur du pays, mais elle commença rapidement à acquérir des technologies plus sophistiquées par la fabrication de l’avion d’entraînement avancé et d’attaque au sol Xavante EMB 326, sous licence de la firme italienne Aermacchi. Le lancement de la nouvelle famille d’avions commerciaux d’Embraer 170/190, en 2004, a été la confirmation définitive de se présence sur le marché des avions d’affaires et de transport régional. Basée à São José dos Campos, dans l’État de São Paulo, elle dispose de plusieurs unités au Brésil et à l’étranger, y compris deux joint-ventures, l’une en Chine, à Harbin, et au Portugal où elle a pris le contrôle de l’OGMA. L’Embraer est également présente en France : son siège européen est situé à Villepinte et ses installations techniques au Bourget. Celles-ci sont notamment responsables de l’entretien de la flotte de plus de 50 avions à turbopropulseurs bimoteurs EMB 121 Xingu achetés par la Marine nationale et l’Armée de l’Air française. Avec la croissance de la flotte d’avions d’affaires d’Embraer dans la région, l’unité du Bourget a commencé en 2008 l’exploitation d’un nouveau centre de service consacré exclusivement aux jets d’affaires, et a étendu ses activités à la Russie, au Royaume-Uni et à l’Europe orientale. La Vale (anciennement connue comme CVRD, Companhia do Vale do rio Doce) est l’une des plus grandes sociétés minières du monde. D’après son site Internet, en 70 ans, elle a produit 5 milliards de tonnes de fer, soit une quantité suffisante pour construire 3 700 tours Eiffel ! Créée en 1942 par le gouvernement de Getúlio Vargas pour exploiter les mines de fer de la région d’Itabira, dans le Minas Gerais, elle est aujourd’hui une entreprise privée, cotée en bourse à Rio de Janeiro, avec des actions négociées sur les places de São Paulo, Paris, Madrid, Hong Kong et New York. C’est le plus grand producteur de minerai de fer au monde, le deuxième de nickel et elle produit également du manganèse, du cuivre, du charbon, du cobalt, des ferro-alliages et des engrais azotés et phosphatés. Présente dans treize États du Brésil et sur les cinq continents, elle possède plus de 10 000 kilomètres de voies ferrées et 9 terminaux portuaires. Au Brésil, les minerais sont exploités par des systèmes entièrement intégrés, qui associent mine, chemin de fer, usine de bouletage et terminaux maritimes. Le 24 octobre 2006, la Vale a annoncé sa fusion avec Inco, le plus grand producteur de nickel au monde. À la suite à cette fusion, le nouveau conglomérat CVRD-Inco est devenu la 31e plus grande société dans le monde, atteignant une valeur de marché de 298 milliards de Reais, devant IBM. La Petróleo Brasileiro SA, généralement appelée Petrobras, est une société anonyme dont l’actionnaire majoritaire est l’État brésilien. Basée à Rio de Janeiro, elle opère actuellement dans 28 pays dans le secteur de l’énergie, principalement dans les domaines de l’exploration, production, raffinage, marketing et transport de pétrole et de ses dérivés. Elle a été créée le 3 octobre 1953 et ses opérations d’exploration et de production du pétrole ont été menées par la Petrobras en situation de monopole de 1954 à 1997. Elle a alors commencé à rivaliser avec d’autres entreprises nationales et étrangères lorsque le président Fernando Henrique Cardoso a permis à l’Union de passer contrat avec des sociétés privées pour les exercer. Le 21 avril 2006, le président Lula a lancé la production de la plateforme pétrolière P-50, dans le bassin de Campos qui a permis au Brésil de parvenir à l’autosuffisance en pétrole et la découverte d’énormes gisements profonds [5]. Ce qui donne au Brésil la perspective de devenir le 6e producteur mondial. L’image de la société a malheureusement ensuite été ternie par une série de scandales liés aux détournements de fonds menés (semble-t-il, les enquêtes sont en cours) par quelques-uns de ses directeurs nommés par le Parti des Travailleurs et ses alliés, qui ont bien compris que c’était là une des plus belles proies du pays : le montant total de ces « prélèvements » est estimé à 21 milliards de Reais (7 milliards d’euros). D’autres secteurs ont rejoint ces très grosses firmes. Les exportateurs de café et de sucre sont eux aussi depuis longtemps des leaders mondiaux, c’est devenu aussi plus récemment le cas de ceux de graines, huile et tourteaux de soja et des producteurs de jus d’orange concentré (qui contrôlent 85 % du marché mondial). D’autres entrepreneurs les rejoignent, comme la JBS, la plus grande compagnie de traitement de protéines animales au monde, qui opère dans les secteurs de la viande, du cuir, du biodiesel, du collagène et des emballages. Elle est présente sur tous les continents, au total, elle compte 140 unités de production dans le monde entier et plus de 120 000 employés. La compagnie a été créée en 1953, quand José Batista Sobrinho (dont la société porte les initiales) a ouvert un abattoir à Anápolis (Goiás). En 2007 elle s’est imposée comme la première société au monde dans le secteur du bœuf avec l’acquisition de Swift & Company aux États-Unis et en Australie. Avec cette nouvelle acquisition, elle est entrée sur le marché du porc, devenant à la fin de l’année le troisième producteur et transformateur de ce type de viande aux États-Unis. 2. Soft Power Le Brésil est un bon exemple de ce qu’on appelle le soft power, l’influence exercée par des moyens autres que le hard power économique et militaire. Il s’affirme par sa culture, qui va de la musique (notamment la bossa nova), au sport (futebol en tête) en passant par le succès mondial de ses telenovelas (quoiqu’on pense de la qualité intrinsèque de ces interminables mélodrames télévisés). Ces produits et images culturelles sont véhiculés par les services officiels de promotion de l’image du Brésil, mais aussi et même plus par des entreprises comme la Globo, le principal groupe médiatique du pays, ainsi que par les Brésiliens euxmêmes (voyageurs, expatriés, boursiers, touristes, etc.), qui voyagent plus que naguère. Une autre manifestation de ce soft power – où l’action de l’État a été déterminante, en l’espèce les ministères des Affaires étrangères, de l’Éducation et de la Culture – a été la place prise par le Brésil dans la lusophonie, l’ensemble des pays de langue portugaise, qui a plus de locuteurs dans le monde que le français, même si c’est dans un nombre moindre de pays. Le cadre dans lequel s’est inscrit l’action du Brésil est la CPLP (Comunidade dos Países de Língua Portuguesa), qui comprend l’Angola, le Brésil, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, le Mozambique, le Portugal et São Tomé-et-Príncipe. Elle a été créée en juillet 1996, lors de la 1re Conférence des chefs d’État et de gouvernement des pays de langue portugaise, à Lisbonne, et rejointe ultérieurement par le Timor oriental après son indépendance, en 2002. Un autre aspects de ce soft power brésilien est le rayonnement de ses universités, pour lequel on dispose d’un instrument de mesure, car malgré les polémiques qui ont entouré l’utilisation du classement dit « de Shanghai » [6], celui-ci a fini par s’imposer, au moins pour la recherche. Après avoir examiné les résultats des classifications qui se veulent ses concurrentes [7], on ne peut qu’être frappé par leur convergence, par le fait que les images que l’on peut construire en reportant – sans a priori – leurs résultats sur des cartes sont relativement semblables, à quelques détails près, à celle de ce classement souvent contesté. L’analyse montre qu’une nouvelle génération de régions et de pays « émergents » – dont le Brésil – se fraie un chemin jusqu’au groupe de tête, ce qui annonce peut-être de futurs rééquilibrages. On ne peut que le souhaiter car, dans ce domaine comme dans bien d’autres, les efforts tendant vers la variété, le pluralisme et le polycentrisme sont bienvenus. Enfin, et malgré la déception de la Coupe du Monde 2014 (beaucoup de Brésiliens imaginaient pouvoir gagner facilement, à domicile, un 6e titre mondial), dans un domaine au moins la supériorité du Brésil n’est pas contestée, le futebol , comme en témoignent ses exportations de joueurs dans le monde entier. Près d’un millier d’entre eux ont rejoint des clubs de 80 pays du monde entier. Celui qui en a accueilli le plus est le Portugal, pour des raisons linguistiques évidentes, mais on en a vu aussi partir au Japon, en Corée ou vers des pays plus exotiques pour des Brésiliens (d’autant que la plupart des joueurs sont d’origine populaire et bien peu préparés à la vie à l’étranger) : en Indonésie, au Vietnam, en Chine, en Azerbaïdjan, en Finlande, etc. On notera que leur nombre a diminué dans les pays voisins, en Corée du Sud et au Japon, mais qu’il a au contraire augmenté particulièrement vite en Afrique du Sud, dans les pays du Golfe et surtout en Europe orientale, pays dont le rôle international s’est affirmé dans ces années : même dans ce domaine ludique (mais qui est aussi et de plus en plus un business) il est clair que la position du Brésil dans la mondialisation se renforce. 3. Le Brésil et ses voisins Dans les conversations courantes, les Brésiliens ont tendance à parler des autres pays du continent latino-américain de la même manière que les Britanniques parlent de l’Europe : avec pour le moins une certaine distance. Et ils semblent surpris – un instant – quand on leur rappelle qu’ils sont censés faire partie de l’Amérique latine... Les journaux et bon nombre de discours officiels font de même, et les efforts récents d’intégration n’en sont que plus remarquables, on constate par exemple une floraison de cours d’espagnol dans les écoles (privées) de langue, qui ont relégué le français au rang de troisième langue étrangère. Du côté des relations avec le grand frère du nord, le projet de l’ALCA (un vaste espace de libreéchange de l’Alaska à la Terre de Feu) a été enterré. Les États-Unis n’ont guère insisté, ils ont d’autres soucis et jouent plutôt les politiques bilatérales avec chacun des pays, les négociations portant principalement sur le commerce et la levée des protections douanières, dans les deux sens. Une nouveauté des dix premières années de ce siècle était que le Brésil, terre traditionnelle d’immigration, commençait à connaître une émigration vers les États-Unis, d’où les immigrants – souvent clandestins – envoyaient de l’argent à la famille restée au pays, tout comme leurs voisins hispanophones. Plus de 3 millions de Brésiliens vivaient en 2012 hors du pays, dont 1 million aux États-Unis, quatre à cinq fois plus que les chiffres du recensement officiel. Néanmoins, au cours des dernières années, le flux semble s’être inversé, beaucoup de migrants ont été effrayés par les mesures prises contre les clandestins et la crise des subprimes de 2008 a fait perdre à bon nombre d’entre eux logement, économies, et confiance dans l’avenir d’un pays que ne fait plus autant rêver depuis que le Brésil a luimême grandement amélioré sa situation. Avec les voisins immédiats la méfiance existe aussi, en sens inverse. Un ministre péruvien en visite confiait à un journaliste qu’il admirait le Brésil mais se sentait avec lui comme une souris qui dort dans le même lit qu’un éléphant : même si les relations sont bonnes si la grosse bête bouge un tant soit peu les conséquences peuvent être fatales... De fait, depuis que le Brésil existe, ses pionniers ont porté leur volonté de conquête au-delà de ses frontières reconnues, et jusqu’au début du XXe siècle, ses diplomates ont toujours fait reconnaître juridiquement le fait acquis. Le mouvement se poursuit aujourd’hui, sans volonté d’expansion territoriale toutefois, mais avec d’autres moyens et sur une autre échelle, le poids économique que le pays a atteint depuis trente ans offrant de nouveaux moyens de pression. Désormais le Brésil vise plus haut, et tend à se positionner en chef de file du continent. Hermanos ou satellites ? L’influence brésilienne sur ses voisins et hermanos [8] s’accentue constamment. En Bolivie, le point d’appui brésilien est la riche région de Santa Cruz, dont le développement récent a été rapide, avec la découverte du pétrole, du gaz, l’essor de la production de sucre, de soja, de riz et de coton. Sans appuyer ouvertement les aspirations séparatistes de la province, les Brésiliens lui ont offert des débouchés et des moyens de transport qui évitent le franchissement des Andes (route, chemin de fer, zone franche à Santos), détachant de plus en plus cette zone stratégique de son cadre national. L’accession au pouvoir d’Evo Morales (en 2005), dont les appuis politiques sont essentiellement situés dans la partie andine du pays, a exacerbé les oppositions régionales et lié encore davantage les basses plaines du Brésil. Au Paraguay, la construction du « pont de l’Amitié », de la route Asunción-Paranaguá et l’offre de facilités fiscales et douanières ont le même sens, et tendent à reporter l’ensemble du commerce paraguayen du fleuve – et donc de l’Argentine – vers la route et le Brésil. L’influence brésilienne s’accroît donc nettement, tant sur le plan diplomatique que sur celui des relations économiques. Il y a à cela plusieurs raisons. D’une part, le Brésil a besoin de matières premières et de marchés : intéressé par le pétrole vénézuélien, équatorien et péruvien, le charbon colombien, le cuivre chilien, il les paie avec ses ventes de véhicules, d’électroménager, de produits agro-industriels que l’on trouve désormais sur tout le continent. D’autre part, cette expansion, dont l’économie donne les moyens, correspond aux doctrines géopolitiques professées par les militaires brésiliens, notamment le général Golbery do Couto et Silva, longtemps l’éminence grise du régime militaire. Ses écrits des années 1950 soulignaient déjà l’importance stratégique de la région de Santa Cruz et du bassin de la Plata, et dans sa pensée le « destin manifeste » du Brésil était de contrôler tout le continent en échange d’un appui inconditionnel à la politique extérieure des États-Unis et de l’ouverture de l’économie à leurs capitaux. De ce point de vue, le programme tracé se réalise, mais pour le compte du Brésil, dont la dépendance géopolitique vis-à-vis des États-Unis a beaucoup décliné avec la fin de la Guerre froide. L’intégration du continent a par ailleurs progressé. L’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay ont signé le 26 mars 1991, le Traité d’Asunción, afin de créer le Marché commun du Sud (Mercosur en espagnol, Mercosul en portugais). Celui-ci a permis un net accroissement des flux commerciaux entre ses partenaires, leurs échanges sont passés de 4,1 milliards de dollars en 1990 à 105 en 2011. Il avait suscité de grands espoirs : on avait pensé que la conjoncture politique qui a mis aux commandes, dans trois des quatre pays, des présidents aux orientations politiques proches, faciliterait de nouvelles avancées, mais il n’en a rien été. Avec l’Argentine, le partenaire principal, les fluctuations de change ont pénalisé tour à tour les agricultures et les industries des deux pays et créé des tensions fortes entre eux. Leurs relations politiques ressemblent à celle qui les unit – ou les oppose – dans un domaine sensible pour tous deux, le football : amitié et rivalité à la fois, compétition loyale mais où le nationalisme affleure vite. Quelques progrès ont été faits dans le sens d’un élargissement du Mercosul. La Bolivie (en 1996), le Chili (en 1996), le Pérou (en 2003), la Colombie et l’Équateur (en 2004) sont ainsi devenus États associés. Sans avoir ce statut le Guyana et le Suriname sont commencé, en 2012, à participer aux réunions du Mercosul. En 2012, également, le Mercosul a connu sa première expansion depuis sa création, avec l’entrée du Venezuela, lors du Sommet extraordinaire des chefs d’État de Brasília. Avec l’adhésion, selon le ministère brésilien des Affaires étrangères, le bloc a pris une nouvelle position stratégique, car il s’étend maintenant des Caraïbes à l’extrême sud du continent, ce qui lui donne une nouvelle centralité économique, territoriale et politique. Il a maintenant une population de 270 millions d’habitants (70 % de la population de l’Amérique du Sud), un PIB de 3 300 milliards de dollars (83,2 % du PIB sud-américain) et un territoire de 12 700 000 km² (72 % de la superficie de l’Amérique du Sud). L’Amazonie, au cœur de l’Amérique du Sud Calmer les inquiétudes des voisins étaient parmi les principales raisons de l’offensive diplomatique brésilienne en Amazonie, qui a abouti à la signature du « Pacte amazonien ». Assistant à la poussée brésilienne (ouverture de routes, colonisation agricole, mise en valeur minière), les pays hispanophones voisins avaient donné des signes de préoccupation, dont le plus net avait été le refus de prolonger au-delà de leur frontière les nouvelles routes brésiliennes. À partir de 1973, l’Itamaraty entreprit de les rassurer en les associant au projet d’une action commune. Il présenta au Pérou, au Venezuela, à la Bolivie, à l’Équateur et à la Colombie le projet d’un organisme multinational commun chargé d’une intégration frontalière fondée sur le développement économique et social des régions frontalières, jusque-là pratiquement désertes. Le changement de régime au Pérou, conduisant au pouvoir des militaires idéologiquement proches de leurs homologues brésiliens, facilita le rapprochement, et après diverses réticences, la première réunion du Pacte eut lieu en décembre 1977. On n’est pas allé beaucoup plus loin, notamment parce que le Pérou et la Bolivie ont longtemps rejeté l’idée d’« intégration physique » des régions frontalières contenue dans le texte, mais le but visé était atteint : bien que rien n’ait été réalisé pendant des décennies, l’initiative du Brésil avait été acceptée et un texte liait, autour de lui, pratiquement tous les pays du continent, isolant ainsi l’Argentine, le rival traditionnel. En 2003, comme le prévoyaient les textes fondateurs, le secrétariat du traité, jusque-là périodiquement transféré d’une capitale à l’autre, a été fixé définitivement fixé au Brésil, à Brasília (avec la condition expresse que son secrétaire exécutif ne soit pas un Brésilien), et une nouvelle structure a été créée, l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA). 4. Le Brésil entre Occident, Brics et Afrique Au-delà de ces voisinages commence la politique vraiment étrangère du Brésil, vis-à-vis des pays anciennement industrialisés, notamment de l’Europe, des autres pays émergents et du reste du monde, notamment l’Afrique, un continent avec lequel il des liens anciens et où il affiche de nouvelles ambitions. Dans quel groupe de pays se situe-t-il ? Il fait sûrement partie des pays occidentaux, du monde culturel issu de l’Europe. Mais c’est aussi « le B de BRIC » et a de nouvelles ambitions en Afrique. Au fond, qui sont les vrais partenaires et les vrais alliés du Brésil ? Un « Extrême-Occident » Le Brésil fait partie du monde occidental, à tout point de vue, par ses héritages culturels, sa langue, sa ou ses religions dominantes (catholique et protestantes), par le Droit qu’il applique, issu de l’héritage romain et du code Napoléon. Bien des entrepreneurs qui ont choisi de travailler avec la Chine, l’Inde et le Brésil confient que c’est avec ce dernier que l’on peut réellement travailler, malgré les difficultés de toute sorte qu’on peut y rencontrer (dont la bureaucratie tatillonne héritée des Portugais), parce que l’on se comprend entre gens issus du même monde culturel, et ne serait-ce que parce que la parole donnée, le contrat signé, y ont une valeur qu’ils n’ont pas dans les deux autres pays. Après trois siècles (1500-1822) de colonisation portugaise, plusieurs vagues successives d’immigration européenne ont contribué, au XIXe siècle, à peupler le pays, encore en provenance du Portugal, mais aussi d’Allemagne, d’Italie, de Pologne et d’Ukraine. L’influence idéologique du libéralisme britannique et du positivisme français ont largement contribué à former les élites brésiliennes, et l’héritage de la Révolution française a eu un rôle déterminant dans la chute de l’Empire et la proclamation de la République, en 1889. Au-delà des relations bilatérales avec ses Étatsmembres, celles que le Brésil a nouées avec l’Union européenne sont plus ambigües. Le Brésil a été le premier pays latino-américain à établir des relations diplomatiques mais il laisse – très diplomatiquement – filtrer des critiques feutrées envers l’Union, en raison des divergences de vues entre les deux parties. Les préoccupations brésiliennes concernent les politiques vis-à-vis des immigrés mises en œuvre par les gouvernements européens, soulignant que « racisme et démocratie sont incompatibles ». Les diplomates brésiliens ont en outre mentionné à plusieurs reprises le protectionnisme et les subventions agricoles des pays du Nord, en montrant l’effet dévastateur de ces attitudes conservatrices sur l’économie des pays en développement. Par ailleurs, les négociations entre l’Union européenne et le Mercosul concernant un accord d’association et la libéralisation des échanges sont toujours en suspens. Le « B » de BRICS et l’Afrique Le terme « BRICS » a été inventé par l’économiste en chef de Goldman Sachs, Jim O’Neill, dans une étude de 2001 intitulée – sous forme de jeu de mots – « Building Better Global Economic BRICS ». En 2006, le concept a donné naissance à un groupe politique et été incorporé à la politique étrangère intégrée du Brésil, de la Russie, de l’Inde et de la Chine [9]. En 2011, à l’occasion de son troisième Sommet, l’Afrique du Sud est entrée dans le groupe, qui a adopté alors l’acronyme BRICS. Le poids économique des BRICS est considérable : entre 2003 et 2007, la croissance des quatre pays a représenté 65 % de la croissance du PIB mondial. En parité de pouvoir d’achat, le PIB des BRICS dépasse aujourd’hui celui des ÉtatsUnis ou de l’Union européenne. Pour donner une idée du rythme de la croissance dans ces pays, en 2003, les BRIC représentaient 9% du PIB mondial, et en 2011 ce chiffre est passé à 19 %. En 2010, le PIB combiné des cinq pays (y compris l’Afrique du Sud) s’élevait à 11 000 milliards de dollars, ou 18 % de l’économie mondiale. Les partenaires du groupe sont aujourd’hui le point de mire du Brésil. Le souci principal est la Chine, car l’économie brésilienne souffre de la concurrence chinoise dans de nombreux secteurs, comme le textile, qui a déjà perdu plus de 250 000 emplois dans les dernières années. Les espoirs des premières années du gouvernement Lula, qui était revenu de son premier voyage en Chine ravi des perspectives de collaboration, ont été déçus, comme l’ont été avant lui ceux de tant de chefs d´État en visite dans l’Empire du Milieu. Les matières premières représentent plus des trois quarts des exportations brésiliennes vers la Chine, alors que du côté chinois plus de 95 % sont des produits manufacturés. C’est donc un bras de fer qui est engagé entre les deux pays, la Chine ne voulant par exemple acheter que du soja en grain, et pas de la viande, ni même des tourteaux de soja.D’autres déceptions sont venues de la politique africaine, à laquelle Lula tenait tout particulièrement, au point d’avoir fait dix voyages en Afrique, dans 25 des pays du continent, durant ces huit ans. C’était cohérent avec sa politique d’ouverture au Sud, et avec la volonté de reprendre l’héritage du Portugal en Angola, au Mozambique et en Guinée-Bissau. Les résultats de tous ces voyages ont pourtant été décevants et des voix discordantes ont fait remarquer qu’à trop vouloir se placer en Afrique – dont le PIB ne représente que 1 % de celui de la planète – le Brésil perdait des parts de marchés dans des pays qui comptent davantage pour lui, en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Il est vrai que son but n’était pas uniquement économique, le Brésil venant aussi chercher en Afrique une partie de lui-même, de son passé, de sa mémoire. Un véritable plan de rapprochement et de développement de la coopération avec des pays africains a été mis en œuvre sous les deux mandats présidentiels de Lula, avec la construction de 19 ambassades, ce qui fait que la moitié des ambassades brésiliennes sont aujourd’hui situées en Afrique. La politique étrangère a servi de point d’appui à une politique d’intégration des « afro-brésiliens » » dans la société et dans les représentations collectives nationales, l’enseignement de l’histoire et de la culture afro-brésilienne a été rendu obligatoire dans les écoles fédérales. Dilma Rousseff n’a pas manifesté le même enthousiasme pour l’Afrique, même si elle s’est rendu en Guinée équatoriale à l’occasion du 3e Sommet de l’ASA, tenu a Malabo en février 2013, où étaient présents les représentants de 54 États africains. Les liens commerciaux et les fonds de coopération demeurent mais Brasilia souhaite concentrer les fonds pour plus d’efficacité. Dans le même temps le Brésil perd en prestige sur le continent. La stratégie de Lula était d’implanter des entreprises phares du Brésil en Afrique dans le cadre d’une coopération économique aux bénéfices mutuels, mais malheureusement quelques entreprises brésiliennes ont eu des déboires suite à une mauvaise gestion de l’implantation de certaines d’entre elles. C’est le cas de la Vale, fleuron de l’économie brésilienne, qui a eu de sérieux problèmes au Mozambique : délogés pour l’installation d’une mine de charbon, des habitants se sont plaint la basse fertilité des sols sur lesquels ils ont été relogés. En Guinée, la Vale est accusée d’avoir participé à la répression d’une manifestation faisant six morts. Conclusion « Le Brésil n’est pas un pays pour débutants [10]. » : cette phrase souvent citée du musicien et « père » de la bossa-nova, Tom Jobim, affirme de façon ironique que le Brésil est plein de complexités, pas toujours apparentes à première vue, qui peuvent révéler des pièges pour les néophytes (ou des étrangers sans méfiance) et ne tolère pas les analyses simplistes. C’est notamment vrai pour les observateurs brésiliens, qui doivent prendre conscience que leur pays va devoir se donner les moyens d’assumer sa nouvelle place géopolitique dans le monde, mais cela l’est aussi pour le reste du monde, qui doit apprendre à mieux l’y situer, au-delà des clichés anciens et nouveaux. Le Brésil peut en effet jouer sur deux tableaux, voire trois, en mettant l’accent tantôt sur l’un, tantôt sur l’autre. D’un côté, il tente de maximiser ses avantages, notamment de grand producteur de produits agricoles et de biocarburants, de minimiser ses fragilités, principalement sa dépendance technologique et financière. De l’autre, certains secteurs de l’État et plus encore des ONG sollicitent l’aide – voire la charité – internationale pour des populations pauvres, Indiens ou habitants des favelas. Enfin, d’autres secteurs du même État, notamment ses diplomates, tentent d’animer des dynamiques de recomposition des équilibres mondiaux et d’améliorer la positions du Brésil par rapport aux autres pays, en tenant des discours différents aux pays plus développés d’un côté, aux pays pauvres de l’autre, en jouant de sa situation intermédiaire. Cette ambivalence est bien apparue dans les grandes réunions internationales où le Brésil se voit et agit comme un des chefs de file des revendications des pays du sud. Ce fut notamment le cas à la réunion de l’OMC à Cancún, en 2003, où il a largement contribué à bloquer la réunion en organisant la résistance des pays du Sud et à empêcher un accord qui semblait acquis. Il n’y a malheureusement guère eu de suites, ni lors du naufrage de la négociation de Doha, ni dans les autres forums internationaux, ni dans des initiatives sur la lutte contre la faim, un temps appuyée par Lula et Jacques Chirac. Les pays partenaires ont fait remarquer – avec l’exquise politesse des diplomates – que le Brésil devrait peut-être méditer sur l’échec de son programme Fome Zero (« Zéro faim », inclus sans gloire et sans bruit dans les programmes d’assistance existants) avant de donner des leçons au reste du monde... Dans le même temps, le Brésil revendique, comme puissance émergente, un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Il n’a pas obtenu grands succès de ce côté, ses démarches sont contrariées par les ambitions et les contre-manœuvres de son voisin argentin, ou encore du Mexique. Il est peu probable qu’elles aboutissent, le Brésil ne peut guère prétendre réussir là où l’Allemagne ou le Japon ont échoué. Les efforts faits pour placer des Brésiliens à la tête de grands organismes internationaux ont également fait long feu, en partie faute de recueillir l’accord de ses voisins, qui sont aussi ses concurrents. Les deux exceptions notables ont été l’élection de l’initiateur du programme Fome Zero déjà cité, José Graziano, à la tête de la FAO en juin 2011 et de Roberto Azevedo à l’OMC en mai 2013 (où il représentait le Brésil depuis 2008). Ces revers dans la diplomatie multilatérale, malgré l’effort consenti en envoyant des troupes pour maintenir l’ordre en Haïti (et ainsi payer son ticket d’accès au rang des pays qui comptent dans les relations internationales), illustrent bien la position ambiguë du Brésil, pays émergent, situé à la fois dans le peloton de tête des grandes économies mondiales et encore pays sous-développé par bien des aspects. Le Brésil a acquis un poids spécifique considérable, par sa population (202,8 millions d’habitants), par la puissance de son agro-industrie et de son appareil industriel sans équivalent dans l’hémisphère sud, par son rayonnement culturel et sportif. Mais il n’a pas encore trouvé sa place : ni dans la cour des grands, où il pèse peu, ni comme leader des petits, ou les plus pauvres le trouvent trop gros, et où les autres pays émergents jouent leur propre jeu, chacun pour soi. [1] Le « complexe du corniaud », le vira-lata est un chien de race indéfinie qui se nourrit souvent en renversant les poubelles, virando latas. [2] Cette humiliation est rappelée par une salle du Musée du football de São Paulo, voir "Un musée du futebol et de son contexte", http://braises.hypotheses.org/701 [3] Hervé Théry, « Le Brésil dans la mondialisation : commerce extérieur, flux aériens et exportation de joueurs de football », Diploweb.com, 2011, http://www.diploweb.com/Bresildans... [4] Les analyses qui suivent sont tirées de divers passage de mon ouvrage Le Brésil, pays émergé, collection Perspectives géopolitiques, Armand Colin, 2014, 304 p. [5] À plus de 200 kilomètres des côtes, sous 2 000 mètres et 5 000 mètres de sédiments et une épaisse couche de sel, d’où son nom de pre-sal. [6] Dont le nom officiel est ARWU (Academic Ranking of World Universities) Depuis 2003, l’Institute of Higher Education de la Shanghai Jiao Tong University classe annuellement les principales universités mondiales en fonction de leurs résultats de recherche, avec pour seule ambition de produire un classement « fondé sur des données internationalement comparables et que chacun pourrait vérifier ». [7] Hervé Théry, « Palmarès des Universités mondiales, “Shanghai” et les autres », M@ppemonde N° 96 (4-2009), [8] "Frères" en espagnols, c’est le mot que les Brésiliens utilisent pour désigner leurs voisins hispanophones, parfois non sans une certaine ironie. [9] . www.itamaraty.gov.br/temas/m... [10] . « O Brasil não é para principiantes. » THEME 2 - 2 : Pourquoi les indépendantistes catalans vont utiliser leur majorité parlementaire Source, journal ou site Internet : La Tribune Date : 28 septembre 2015 Auteur : Romaric Godin Adressé par Jean-Claude Tourneur et Elie Billaudaz sur un article du Monde : " Après la victoire des indépendantistes, la Catalogne se dirige-t-elle vers une sécession ?" Les Catalans ne sont pas majoritairement favorables à l'indépendance, leur parlement le sera cependant. Les deux listes favorables à l'indépendance catalanes auront la majorité absolue au parlement. Mais ils n'obtiennent que 47,8 % des voix. La crise est-elle terminée ? Le résultat des élections régionales catalanes va sans doute laisser ouverte plusieurs interprétations. Selon les résultats portant sur 96 % des suffrages dépouillés, la liste commune favorable à l'indépendance, Junts pel Sí, arrive en tête et obtient 39,6 % des voix et 62 sièges. Avec l'autre liste indépendantiste, celle du parti de gauche CUP qui obtient 10 sièges et 8,2 % des voix, les députés favorables à l'indépendance seraient donc 72 au prochain parlement. Autrement dit, la majorité absolue de 68 sièges serait dépassée, grâce à l'appui de la CUP qui a affirmé qu'elle ne freinerait pas le processus de sécession, même si elle refuse de participer au gouvernement. L'indépendance minoritaire en voix En revanche, les listes indépendantistes n'obtiendraient pas la majorité des voix, mais seulement 47,8 % des suffrages exprimés. Ce résultat était très important, car les indépendantistes avaient voulu que le scrutin soit « plébiscitaires », autrement dit qu'il ait la forme d'un référendum de substitution puisque les tentatives d'organiser un tel référendum se sont heurtées sur le refus juridique des institutions espagnoles. Sur ce terrain référendaire par substitution, les Catalans ont donc dit « non » à l'indépendance par 52,2 % des voix. Ciudadanos en tête dans le camp unioniste Dans le camp unioniste, le grand vainqueur est Ciudadanos (C's), le parti des Citoyens, qui a obtenu 17,9 % des suffrages, contre 7,5 % en 2012, et 25 sièges contre 9 en 2012. Cette forte poussée s'explique par la capacité de ce parti à avoir concentré le vote unioniste, notamment au détriment du Parti Populaire (PP) de Mariano Rajoy qui subit une véritable déroute, avec seulement 8,5 % des voix contre 13 % en 2012 et 11 sièges. La venue vendredi pour le dernier meeting de campagne de Nicolas Sarkozy n'aura guère permis de freiner la chute du PP. A gauche, les socialistes du PSC (12,8 % et 16 sièges) et l'alliance entre Podemos et la Gauche Unie réalisent de mauvais scores. Cette dernière alliance, notamment, fait moins bien que la seule Gauche Unie en 2012 (8,9 % contre 9,9 % en 2012). C'est donc une nette défaite qui s'explique par la forte poussée de la CUP indépendantiste qui gagne 5 points et 7 élus. Le processus de séparation sera-t-il lancé ? Que va-t-il se passer à présent ? Certes, Junts Pel Sí n'a sans doute pas obtenu le triomphe de l'indépendantisme qu'il souhaitait. Son score est assez décevant puisque ses deux principaux partis, ERC et CDC, avaient 68 députés en 2012. Mais les deux listes indépendantistes obtiennent plus de 2 millions de voix, plus que le "oui" à la consultation du 9 novembre sur l'indépendance. Et si l'absence de majorité de voix ne donne pas le droit à ses listes à lancer une déclaration unilatérale d'indépendance, l'existence d'une majorité parlementaire grâce à la poussée de la CUP autorise le lancement du programme des partis sécessionnistes : une feuille de route débouchant sur un référendum sur l'indépendance d'ici 18 mois. La tête de liste de Junts Pel Sí, Raul Romeva a ainsi indiqué dimanche soir à Barcelone que « nous disposons d'une légitimité pour faire ce que nous voulons faire. » Si l'indépendance n'a pas eu la majorité ce dimanche 27 septembre, le programme indépendantiste a nettement gagné. En réalité, le programme de Junts Pel Sí n'est pas celui de la rupture immédiate. C'est celui d'une rupture négociée et sanctionnée démocratiquement par un référendum. Ces élections plébiscitaires n'avaient pas vocation à déboucher immédiatement sur l'indépendance, mais bien à ouvrir la voie à un référendum reconnu par Madrid et l'Europe, comme en Ecosse voici un an. Il s'agissait d'obliger Madrid à sortir de sa position purement juridique qui lui permet un refus complet d'écouter cette volonté des Catalans de se prononcer sur leur avenir institutionnel. Pourquoi un référendum peut être nécessaire Mais ce référendum est-il encore nécessaire ? L'échec en voix des indépendantistes ce dimanche ne sanctionne-t-il pas la volonté de la Catalogne de demeurer au sein de l'Espagne ? Rien n'est moins sûr, car ces élections, fussent-elles plébiscitaires, ne sont pas l'équivalent d'un référendum « chimiquement pur. » Parmi les listes que l'on classe dans le camp du « non », les différences sont notables sur le futur institutionnel de la Catalogne. Ciudadanos, le PP et le PSOE souhaite le statu quo, mais la gauche unioniste et les Démocrates-chrétiens (qui ont obtenu 2,5 % des voix) favorisent une évolution institutionnelle de la Catalogne et sont favorables à un référendum. Le « non » n'est donc pas un « bloc » et s'il existe aussi des différences dans le camp du « oui », ces différences ne portent pas sur la création de l'Etat catalan, mais sur sa gestion. Autrement dit, le résultat du « référendum plébiscitaire » n'est pas si clair qu'il y paraît. Le « non » de ce 27 septembre n'est pas un accord pour le statu quo qui n'obtient que 40 % des voix. Deuxième élément : malgré une campagne axée vers l'indépendance, nul ne peut affirmer que tous ceux qui ont voté pour les partis unionistes ne voteraient pas, dans un référendum pour l'indépendance. La présence d'une liste commune regroupant le centre et le centre-gauche a pu détourner quelques indépendantistes de Junts Pel Sí qui n'approuvaient pas cette alliance. Dans ce cas, ils ont pu choisir de voter pour un parti unioniste, plus proche de leurs convictions politiques. Compte tenu de la faiblesse de l'écart entre le « oui » et le « non », le doute autoriserait une « vérification » via un véritable référendum. C'est pourquoi les Indépendantistes vont pouvoir justifier l'application de leur programme. La balle dans le camp de Madrid La balle est désormais dans le camp de Madrid. Mariano Rajoy peut « continuer comme avant » et s'appuyer sur la majorité unioniste des voix pour maintenir sa politique sourde aux demandes catalanes. Il peut continuer à s'appuyer sur le Tribunal Constitutionnel pour briser juridiquement le mouvement catalan. Mais, jusqu'ici, cette stratégie n'a contribué qu'à renforcer l'indépendantisme, qui était ultra-minoritaire jusqu'en 2010. En agissant ainsi, il refuserait de reconnaître le désaveu qu'il a personnellement reçu ce dimanche. Le score du PP est un désaveu contre sa politique catalane, au-delà des options unionistes ou indépendantistes. En ignorant le message des Catalans, Mariano Rajoy engagera aussi un bras de fer direct avec le gouvernement catalan. Or, l'élection de ce dimanche révèle un danger : la polarisation extrême de la vie catalane, incarnée notamment par la poussée de la CUP et de Ciudadanos, autrement dit de deux partis hostiles aux compromis sur la question de l'indépendance. Pour empêcher l'aggravation de la situation, Madrid doit donc s'ouvrir au dialogue. Les Catalans sont devenus indépendantistes après la décision du Tribunal Constitutionnel de rejeter le nouveau statut catalan, approuvé par les Catalans et les Cortès espagnols en 2006. Madrid doit pouvoir proposer un moyen de renforcer l'autonomie et la démocratie en Catalogne. C'est cependant peu probable qu'il en soit ainsi, Mariano Rajoy n'a pas fait preuve de souplesse et il sera tenté de jouer l'unionisme comme un argument pour sa campagne nationale avant les élections du 20 décembre en Espagne. Dès dimanche soir, il a salué "la défaite fracassante" des indépendantistes. Autrement dit, entre le gouvernement espagnol et catalan, le fossé va continuer à se creuser et la crise catalane ne fait donc sans doute que commencer. La responsabilité de l'Europe C'est donc à l'Europe de se pencher sur la question. Là encore, les institutions européennes et les Etats européens auraient tort de s'en tenir à ce résultat en voix pour fermer le dossier. Ce serait oublier un peu vite la responsabilité européenne dans cette crise catalane. Car l'austérité imposée à l'Espagne dès 2011 a joué un rôle certain dans cette poussée indépendantiste. La poussée de la CUP le rappelle : beaucoup de Catalans voient désormais dans l'indépendance un moyen de défendre leur Etat-providence menacé par la politique de Madrid imposée par la « culture de stabilité » de la zone euro. Cette « culture de la stabilité » montre une nouvelle fois qu'elle est une source d'instabilité. Et c'est bien là où l'Europe ne peut se contenter de traiter l'affaire de Catalogne comme une simple affaire intérieure. Si la crise s'accroît, alors l'UE ne devra pas hésiter à intervenir. Elle devra cesser de regarder ailleurs en espérant qu'il ne se passera rien. THEME 2 - 3 : Angela Merkel relance le débat à l'occasion des 70 ans de l'ONU - Conseil de sécurité : quelle place pour l'Afrique? Source, journal ou site Internet : Liberté Date : 28 septembre 2015 Auteur : Merzak Tigrine Adressé par Jean-François Mazaleyrat En hibernation depuis 2005, la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies est de nouveau d’actualité à l’initiative de la chancelière allemande, d’où l’opportunité pour l’Afrique de réactiver son projet. Selon Angela Merkel, il est grand temps que le Conseil de sécurité de l’ONU soit réformé de manière à refléter la répartition réelle des puissances dans le monde du XXIe siècle. “Il nous faut une nouvelle méthode pour résoudre les problèmes”, estime la cheffe du gouvernement allemand. À partir de ce constat, elle souligne que ce qui fait qu'une réforme du Conseil de sécurité est nécessaire, une réforme qui reflète davantage la réalité du pouvoir dans le monde que la situation en vigueur au Conseil actuellement. L’appel d’Angela Merkel est contenu dans un résumé des propos liminaires d'Angela Merkel lors d’une réunion avec ses homologues du Brésil, d’Inde et du Japon, résumé qui a été communiqué à la presse à New York par la délégation allemande. Dans ce document, la chancelière allemande ajoute : “Nous devons avancer avec beaucoup de sagesse, car nous devons trouver des alliés pour atteindre notre objectif d'une réforme”. C’est l’occasion idoine pour le continent africain de remettre sur le tapis ses propositions, qui datent de juillet 2005, et sont en opposition avec celles de l’Allemagne, le Japon, l’Inde et le Brésil, réactivées par Angela Merkel. Il y a lieu de rappeler que le représentant de l'Algérie à l’ONU, Abdallah Baali, qui intervenait au nom de l'Afrique à l’époque, a défendu l'idée d'un élargissement du Conseil de sécurité à 26 membres avec six sièges permanents – deux pour l'Afrique, deux pour l'Asie, un pour l'Amérique latine et les Caraïbes, un pour l'Europe occidentale – et cinq non permanents – un pour l'Afrique, un pour l'Asie, un pour l'Amérique latine et les Caraïbes et un pour l'Europe orientale. Ce projet africain défendait l’idée que les sièges auraient les mêmes prérogatives et privilèges que les membres permanents actuels, y compris le droit de veto. L'Afrique considère que tant que les membres permanents actuels disposeront du droit de veto, il serait injuste, déraisonnable et inacceptable que les nouveaux membres permanents en soient dépourvus. Reste que les pays africains influents étaient partagés sur les noms de leurs représentants. En effet, si l’Afrique du Sud était en pole position pour être un des États auxquels reviendraient les deux places au Conseil de sécurité de l’ONU, il était difficile de s’entendre sur le nom du second. Pour rappel, l’Égypte avait manœuvré du temps de Hosni Moubarak avec le concours de la France de Nicolas Sarkozy, pour être ce deuxième pays, alors que le Nigeria et l’Algérie postulaient également à ce siège. Le moment est apparemment arrivé pour relancer le projet et la bataille pour devenir membre du Conseil de sécurité des Nations unies. À ce jour, cet organe exécutif de l’ONU compte 15 membres, dont cinq sont permanents et ont un droit de veto: Grande-Bretagne, États-Unis, France, Chine et Russie. Les10 autres membres temporaires sont élus pour deux ans par l'Assemblée générale. Les projets proposent de passer d’un Conseil de 15 à 25 ou 26 membres, mais le désaccord porte sur le statut de membres permanents ou pas. 3/ ARMEMENTS - INDUSTRIES – ECONOMIE THEME 3 - 1 : Quand Galiléo se rappelle à notre bon souvenir Source, journal ou site Internet : aéromorning Date : 28 septembre 2015 Auteur : Gérard Jouany Adressé par Jean-Claude Tourneur le 10 septembre dernier, une fusée Soyouz, qui avait décollé du port spatial de Kourou en Guyane, a mis en orbite les satellites 9 et 10 de la constellation Galiléo. A ce propos, je vous conseille de regarder sur le site de l'ESA les formidables images du lancement ainsi que celles de toute la préparation en amont du lancement. Elles sont formidables ces images, beaucoup plus qu'un même tir réalisé depuis Baïkonour au Kazakhstan, elles sont tout simplement pleines de vie, c'est ce qui fait la différence entre une foret habitée et un désert vide! Le lancement a été parfait. La performance demandée au lanceur était d'environ 1601kg dont 1431kg représentait la masse des deux satellites Galiléo. Ainsi donc, un pas de plus a été franchi pour le programme Galiléo, dont je rappelle qu'il a pour objet de développer un nouveau système mondial de navigation par satellite. Ce qui fait qu'à ce jour, le tiers de la constellation Galiléo est maintenant déployé, soit 10 satellites. Mais ce qui veut dire aussi qu'il reste encore les deux tiers – c'est-à-dire 20 - des satellites à mettre en orbite. Alors il va falloir à nouveau patienter. Certes un calendrier de lancement est bien programmé. En décembre de cette année, un nouveau lancement est prévu toujours avec Soyouz. Ensuite, c'est Ariane 5 dans sa version ES qui prendra le relais avec une mission prévue au 2° semestre 2016. 4 satellites seront mis à poste en même temps, et ce n'est qu'en 2018 que la galaxie Galiléo sera au grand complet avec ses 30 satellites prêts à fonctionner. En fait, le système Galiléo de positionnement par satellite souffre toujours d'une tare originelle qui lui a fait perdre 5 ans. On se souvient de l'immense bagarre au tout début du projet dans les années 2007. Problème de leadership, problème de divergence de vue entre les états, notamment entre l'Italie et l'Allemagne, difficultés de choisir un consortium. C'est finalement le commissaire européen français, Jacques Barrot, qui remettait Galiléo sur la voie du succès en imposant un statut unique. Galiléo est en effet la 1ère infrastructure commune produite par l'Union européenne qui en est, en plus, le propriétaire. Évidemment, toujours dans ces cas-là, le budget a explosé : 3,4 milliards d'euros financés en partie par des crédits non consommés mais il faudra bientôt rajouter 1,5 milliards d'euros. Certes ce qui n'a pas changé dans la finalité du projet, c'est que l'Europe va disposer de son propre système de navigation par satellite placé sous contrôle civil alors que le GPS américain dépend toujours du Pentagone. Des militaires américains qui se réservent le droit de suspendre un service en cas de conflit. Au moins avec Galiléo, l'Europe ne sera plus à la merci de « l'ami » américain . D'autre part Galiléo affiche des ambitions de localisation bien plus précises que le GPS. Selon les promoteurs du programme, la précision pour localiser un mobile sera d'un mètre contre une vingtaine de mètres pour le système concurrent. Enfin, Galiléo assurera 5 services de couverture mondiale qui toucheront d'abord le grand public, puis les entreprises, la sauvegarde de la vie, les services publics réglementés et enfin la recherche et le sauvetage. Les 1ères actions commerciales du consortium seront lancées courant de l'année prochaine. Quelles seront les conditions exactes de l'économie mondiale à ce moment-là ? Personne n'en sait rien ! Autant le dire, les prévisions de recettes sont difficiles à évaluer. En attendant Arianespace continue à additionner les tirs réussis : le 11 septembre 2015, Arianespace pouvait totaliser 225 lancements d'Ariane, 38 lancements de Soyouz, 26 à Baïkonour et 12 au CSG, auxquels il faut ajouter 5 lancements de la petite fusée italienne Vega. Stéphane Israël, le PDG d'Arianespace, voudrait bientôt accueillir à Kourou un 4è lanceur qui reste pour l'instant à l'état de projet. Il s'agit d'un mini-lanceur spécialement dédié au lancement de micro-satellites dont les opérateurs ont besoin pour construire leur galaxie de micro-satellites. Voilà une excellente idée Monsieur Israël THEME 3 - 2 : Enfin désendetté, Latécoère imagine des acquisitions Source, journal ou site Internet : la Tribune Date : 28 septembre 2015 Auteur : Fabrice Gliszczynsky Adressé par Jean-Claude Tourneur Grâce à deux augmentations de capital réalisées les 21 août et le 7, l'équipementier toulousain a levé 280 millions d'euros. Une somme qui change tout. (Crédits : AFP) Libéré de la contrainte de sa dette grâce à deux augmentations de capital, l'équipementier aéronautique va se concentrer sur l'amélioration de la performance et le développement. Des acquisitions ne sont pas exclues. «Une nouvelle page s'ouvre pour Latécoère, c'est une phase stratégique qui vise à améliorer et développer l'entreprise, et nous en avons les moyens ». C'est en ces termes que Pierre Gadonneix, le président du conseil d'administration de Latécoère, a résumé ce vendredi lors de la présentation des résultats semestriels, la situation de l'équipementier aéronautique français après sa restructuration financière cet été. Grâce à deux augmentations de capital réalisées les 21 août et le 7 septembre, Latécoère a levé 280 millions d'euros. Une somme qui change tout. Développement Englué dans un endettement structurel (la dette s'élevait à 310,8 millions d'euros le 30 juin dernier), Latécoère aurait affiché à l'issue du premier semestre une dette de seulement 31 millions d'euros si les levées de fonds avaient eu lieu au cours des six premiers mois de l'année, selon Olivier Regnard, le directeur général délégué de Latécoère. Du coup, libéré de ses contraintes financières, l'équipementier français dispose aujourd'hui de moyens pour se développer. Et voit grand. Jusqu'à s'imaginer comme un acteur majeur de la consolidation des équipementiers et lancer des opérations de croissance externe. «En raison de nos contraintes financières, Latécoère n'a pas pu saisir les opportunités de croissance qui se sont présentées dans un certain nombre de ses métiers. Ces contraintes s'étant relâchées, notre structure financière, aujourd'hui viable et pérenne, est de nature à permettre de reprendre des initiatives, à aller chercher du chiffre d'affaires soit par croissance organique, soit par croissance externe si des opportunités se présentent en matière de croissance externe, de combinaison ou d'échanges d'actifs avec certains acteurs de la filière », a déclaré Frédéric Michelland, directeur général de Latécoère. Réévaluation du portefeuille Ces opportunités de développement dans les différents métiers, les ressources qu'elles réclament, mais aussi « la réévaluation du portefeuille » du groupe sont autant de sujets de discussion entre la direction et les deux nouveaux actionnaires de référence, les fonds Appolo et Monarch. Frédéric Michelland a l'intention de focaliser le développement de Latécoère sur ses points forts. «Nous avons des compétences avec des positions de marché bien assises. Ce qui est important c'est de les développer et de construire à partir de là », a-t-il fait remarquer. «Nous avons des positions fortes dans le domaine des portes d'avions, et nous avons des compétences électriques avec Latelec. Sur des éléments de structure (les pièces de grandes structure), où notre position est moins forte, nous avons plus de difficulté à nous positionner», précise-t-il. 100 millions de cash Latécoère bénéficie par ailleurs de 100 millions d'euros apportés par la deuxième levée de fonds pour améliorer sa performance. « Une partie va servir à relancer le programme d'investissements », explique Frédéric Michelland. Notamment des investissements de productivité (des machines d'usinage plus rapides par exemple) qui, faute d'enveloppe suffisante (15 millions d'euros), ont été sacrifiés jusqu'ici au profit des investissements de maintenance et de capacité. Réinternalisation Par ailleurs cet apport de cash permettra, dans l'éventualité de nouveaux contrats, de financer les coûts de développement (les avionneurs demandent que les fournisseurs de rang 1 prennent à leur charge une partie des coûts). De fait, Latécoère a désormais la surface financière suffisante pour se positionner sur des appels d'offres. Enfin, cet apport en cash va permettre de financer la simplification de l'organisation du groupe. Pour améliorer sa compétitivité, Latécoère a décidé de réinternaliser certaines parties de la production en raison, notamment, des déboires rencontrés par certains fournisseurs (dans les portes notamment). Du coup, son usine tchèque devient le centre de compétences unique du groupe en matière de portes, à l'exception de celles du B787 construits au Mexique et en France. THEME 3 - 3 : Traité transatlantique : Mathias Fekl met en garde les Etats-Unis Source, journal ou site Internet : Le Figaro Date : 28 septembre 2015 Auteur : Patrick Bèle Adressé par Elie Billaudaz, Jean-François Mazaleyrat sur un article de Marianne : " TAFTA : la France dit enfin quelque chose, Jean-Pierre Dussaix sur un article du Monde : "TAFTA : la mise en garde de la France" Le secrétaire d'État français au Commerce extérieur explique dans un entretien dans les colonnes de Sud-Ouest à paraître ce lundi, que les États-Unis doivent faire preuve de plus de réciprocité dans les négociations sur le traité de libre-échange UE-États-Unis. Dans un entretien au quotidien Sud-Ouest à paraître ce lundi, le secrétaire d'État français au Commerce extérieur, Mathias Fekl, déplore que les négociations sur le Traité de commerce transatlantique (TTIP en anglais, TAFTA en français) se déroulent «dans un manque total de transparence et dans une grande opacité, ce qui pose un problème démocratique». «Trop d'asymétries» «Les parlementaires (européens) doivent avoir accès aux documents, et ce ailleurs que dans des salles sécurisées de l'ambassade américaine comme c'est le cas jusqu'à présent», estime Matthias Fekl qui regrette que «les parlementaires américains aient accès à un nombre de documents beaucoup plus important que les parlementaires européens». «Il y a trop d'asymétries, pas assez de réciprocité», dénonce le secrétaire d'État, pour qui «l'Europe a multiplié les offres, sur tous les sujets, et n'a reçu en contrepartie aucune offre sérieuse des Américains, ni pour l'accès à leurs marchés publics, ni pour l'accès aux marchés agricoles et agroalimentaires qui restent fermés». «Nous ne sentons pas côté américain une prise en compte de nos souhaits sur les services, ni sur le problème que pose l'arbitrage par des tribunaux privés, poursuit-il. La négociation doit absolument permettre à nos PME et à nos agriculteurs d'avoir accès au marché américain». Pour le secrétaire d'État, «si rien ne change, cela montrera qu'il n'y a pas la volonté d'aboutir à des négociations mutuellement bénéfiques… La France envisage toutes les options, y compris l'arrêt pur et simple des négociations». Le TTIP toucherait un marché de 850 millions de consommateurs, une zone représentant la moitié de la production mondiale. Les négociations ont démarré officiellement en juillet 2013. La Commission européenne négocie avec les États-Unis au nom des 28 pays membres. Les déclarations du secrétaire d'État français au Commerce extérieur s'inscrivent dans la droite ligne des critiques formulées par le Front de Gauche, les écologistes et le Front national depuis que se sont initiées ces négociations. L'un des principaux points contestés concerne le règlement des litiges entre une entreprise privée et un État signataire du traité. Pour ses détracteurs, l'accord prévoit de confier les litiges à des instances privées d'arbitrage et pourrait remettre en cause la souveraineté des États sur leur politique de régulation économique. Le modèle de règlement des litiges est le Cirdi, une instance d'arbitrage privée créée au départ pour protéger les entreprises privées des excès des États tout puissant face aux intérêts privés. Mais la situation a aujourd'hui bien changé et c'est souvent les États qui se trouvent en position de faiblesse vis-à-vis des entreprises privées. Le modèle de résolution des conflits type Cirdi est donc remis en cause par de nombreux juristes d'affaires internationaux. Une autre critique sévère contre les négociations en cours est leur manque absolu de transparence. Les informations sur les sujets débattus et l'avancée de ces débats sont plus que parcimonieuses, ce qui met en cause le contrôle démocratique d'une négociation qui aura une influence fondamentale sur l'évolution des échanges transatlantiques et donc des économies états-unienne et européenne. Les négociations portent largement sur l'harmonisation des normes de production tant dans l'industrie que dans l'agriculture. Les droits de douanes étant largement devenus insignifiants, c'est sur ces barrières non tarifaires que constituent les normes de production que portent les discussions. Ainsi les détracteurs du projet estiment que la signature d'un tel traité permettra l'importation de poulets lavés au chlore en Europe, pour ne citer qu'un exemple. Les défenseurs du projet de traité avance que l'intensification des échanges transatlantique permettront de doper la croissance (0,01 à 0,05 % par an) et aura donc des effets positifs sur la croissance. On dispose sur ce point de nombreux exemples: le traité de libre-échange nord-américain entre le Canada, les États-Unis et le Mexique qui a plus de 20 ans d'existence. Les statistiques ne semblent pas confirmer sur cette période les effets positifs sur l'emploi. THEME 3 - 4 : Sous-marins : DCNS se lance dans la compétition du siècle en Australie Source, journal ou site Internet : La Tribune Date : 28 septembre 2015 Auteur : Michel Cabirol Adressé par Jean-Claude Tourneur DCNS propose un nouveau sous-marin à base du Barracuda Le groupe naval a déposé en Australie une première offre dans le cadre de la compétition du siècle "Sea 1000". Le montant du contrat est évalué à plus de 30 milliards d'euros pour 12 sous-marins. En Australie, la compétition du siècle "Sea 1000" en vue d'équiper la marine australienne de 6 à 12 sousmarins océaniques de plus de 4.000 tonnes entre dans la dernière ligne droite. Tout comme son grand rival allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS) et le consortium japonais, composé de Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et Kawasaki Heavy Industries (KHI), DCNS a déposé vendredi une première offre auprès de Canberra dans le cadre d'un processus d'évaluation compétitif (Competitive Evaluation Process-CEP), lancé par la marine australienne. Le groupe naval s'appuie sur une équipe France jusqu'ici soudée pour cette campagne commerciale très importante (ministères de la Défense et des Affaires étrangères, direction générale de l'armement, industriels...) Car c'est une compétition structurante pour l'avenir de l'industrie navale mondiale. Pourquoi ? Parce que la marine australienne va consacrer un type de sous-marin de 4.000 tonnes de nouvelle génération qui pourrait prendre un avantage commercial crucial pour les 20 prochaines années, estiment certains observateurs. Cinq critères prioritaires Les trois concurrents doivent, selon nos informations, remettre fin octobre une seconde offre engageante, qui pourrait faire l'objet d'améliorations dans le cadre d'un dialogue compétitif avec le ministère de la Défense australien. La décision de Canberra est attendue à l'horizon de la fin du premier trimestre 2016. Ce qui est en revanche moins clair, c'est de savoir si l'Australie veut passer par la sélection de deux candidats ou d'une entrée directe en négociations exclusives avec l'un des trois concurrents. Le contrat est évalué à plus de 30 milliards d'euros (voire 35 milliards d'euros) pour 12 sous-marins, qui remplaceront la flotte de vieux Collins, dont le premier est entré en service en 1996 et fabriqués par le suédois Kockums, ainsi que leur soutien sur 30 ans. Le premier sous-marin doit entrer en service en 2027 dans la Royal Australian Navy. Que veulent exactement les Australiens? Pour gagner cette compétition, les trois rivaux devront répondre au mieux aux exigences très ciblées de la marine australienne, qui a défini, outre le prix, cinq critères prioritaires : performance des bâtiments, industrialisation, soutien et maintien en condition opérationnel (MCO) au-delà de 2040, capacité à intégrer un système de combat américain (Raytheon ou Lockheed Martin) dans la continuité des Collins et enfin, signature d'un accord de gouvernement à gouvernement. DCNS prêt à fabriquer en Australie DCNS propose le programme "Shortfin Barracuda Block 1A" à propulsion classique, dérivé du sous-marin d'attaque nucléaire français de dernière génération Barracuda dont la première livraison est prévue avant la fin de la décennie. En revanche, le groupe naval ne développera pas pour la Royal Australian Navy un nouveau système de propulsion anaérobie (AIP) plus performant, considérant que les missions de ces sous-marins sont plutôt océaniques. "L'AIP sert plutôt dans des mers peu profondes pour rester immobile et observer longtemps; Ce qui n'est pas le cas de la marine australienne qui va faire de très longues patrouilles", explique-ton à La Tribune. Il ne proposera pas non plus des batteries de nouvelle génération lithium-ion, soulignant que les Australiens n'ont pas exprimé ce besoin. DCNS s'est dit à de nombreuses reprises capable de produire aussi bien à Cherbourg qu'en Australie (Adélaïde?) tout ou partie des futurs sous-marins de la Royal Australian Navy. Le constructeur avait indiqué en juillet au Parlement australien que son offre prévoyait que plus de 70% de la fabrication se fasse en Australie. Le gouvernement australien s'est montré très intéressé par la réponse de DCNS à son CEP. Car de nombreuses voix s'élèvent en Australie pour s'inquiéter de l'avenir de la construction navale nationale, le gouvernement hésite entre faire construire ces sous-marins sur son sol ou à l'étranger. "Je vois qu'un des soumissionnaires a dit qu'il pouvait assurer une part importante de la construction en Australie, de l'ordre de 70 à 80%", a déclaré jeudi au Parlement le ministre australien de la Défense, Kevin Andrews. "Si une part plus importante des sous-marins est construite ici, cela veut dire que cela fera plus d'emplois en Australie", at-il fait valoir. Le directeur général de DCNS Australie Sean Costello a salué vendredi les propos du ministre en expliquant que son groupe serait en mesure de construire tous les sousmarins soit en Australie, soit en coopération avec un chantier en France. "Les deux options auraient les mêmes implications en matière d'emploi", a précisé Sean Costello, cité par le quotidien "The Australian". Pour les médias australiens, les propos de Kevin Andrews sont en rupture avec ce qu'était la ligne du gouvernement de l'ancien Premier ministre, Tony Abbott, réputé favorable à l'offre japonaise plus économique. En revanche, les sous-marins sont fabriqués au Japon. Or les plus importants chantiers navals australiens se trouvent en Australie méridionale, qui est aussi l'État où le taux de chômage est le plus élevé (7,9%) du pays. TKMS ne présente qu'un projet Le patron du constructeur allemand TKMS en Australie, John White, a déclaré au quotidien "The Australian" que son groupe était également en mesure de construire localement tous les sous-marins, en important certains éléments. Pour autant, TKMS n'a aucun sous-marin à proposer de la taille des 4.000 tonnes, le plus gros qu'il ait construit est le sous-marin nucléaire de 2.200 tonnes, le Dolphins II en service en Israël. Contrairement à DCNS, le constructeur allemand doit encore construire un tel bâtiment, qui sera doté d'un AIP et de batteries lithium-ion. Dans ce cadre, TKMS propose pour satisfaire au cahier des charges du programme "SEA 1000" le programme Type 216, basé sur les sous-marins 212/214. Avec l'AIP, il aura un rayon d'action de 4.815 km (2.600 nautiques). L'offre japonaise en retrait? A priori le départ de Tony Abbott, qui a perdu lundi son poste de Premier ministre au profit de son ancien ministre des Communications, Malcolm Turnbull, semble défavorable à l'offre du consortium japonais. D'autant qu'une délégation nipponne a refusé fin août de s'engager à construire les sous-marins de type Soryu, long de 84 mètres et déplaçant 4.200 tonnes en plongée, sur le sol australien. La délégation emmenée par le général en retraite Takahashi Saito a préféré mettre en avant le savoir-faire technologique de pointe du Japon et ses relations stratégiques étroites avec l'Australie lors des présentations publiques. Selon Reuters, deux sources qui ont assisté à des réunions privées entre responsables australiens et japonais ont déclaré que ces derniers n'avaient visiblement pas pris la mesure des enjeux politiques du dossier et qu'ils semblaient avoir pris du retard sur leurs rivaux. 4/ Les forces armées- Air - Marine - Terre – Gendarmerie THEME 4 - 1 : Pourquoi la France va acheter des avions de transport tactique américains Source, journal ou site Internet : La Tribune Date : 28 septembre 2015 Auteur : Michel Cabirol Adressé par Jean-François Mazaleyrat "Je tiens aux quatre C-130 et nous les obtiendrons", avait expliqué le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, le 21 mai à l'Assemblée nationale. (Crédits : BLOOMBERG NEWS) Selon nos informations, la direction générale de l'armement a envoyé au Pentagone une demande de cotation pour l'achat de quatre avions de transport tactique américains C-130. Cet été, elle a lancé en parallèle une demande d'information pour l'acquisition de 4 C-130 d'occasion. Attention dossier sensible. L'achat de quatre avions de transport tactique supplémentaires dans le cadre de la loi de programmation militaire actualisée, qui consacre une enveloppe de 1,5 milliard d'euros à l'achat de nouveaux matériels, est un sujet effectivement très, très sensible entre la délégation générale de l'armement (DGA), l'état-major des armées (EMA) et le cabinet du ministre de la Défense. Sans compter le lobbying d'Airbus Group qui a tout fait pour faire capoter l'opération, le groupe jugeant cette acquisition hostile à l'A400M, dont certaines missions sont pourtant en retard. Mais le dossier sera bien sur le bureau de Jean-Yves Le Drian d'ici à la fin de l'année. Comme prévu... La décision devrait être prise à la fin 2015 et la commande est attendue en 2016. Cette acquisition "permettra de renforcer nos capacités de transport aérien tactique, qui sont excessivement sollicitées. Nous étudions la mise à disposition de quatre nouveaux appareils C130 et avons provisionné des crédits à cette fin", avait expliqué Jean-Yves Le Drian le 4 juin à l'Assemblée nationale. Mais cela n'aura pas été sans mal. Car l'enveloppe budgétaire prévue dans le cadre de cet achat est serrée. Soit 330 millions d'euros, selon nos informations. Beaucoup trop serrée, selon la DGA, pour s'offrir quatre C130 neufs produits par Lockheed Martin avec les équipements demandés, la logistique et les formations nécessaires. Le prix unitaire d'un C130 s'élève à 90 millions de dollars environ, a précisé le délégué général pour l'armement (DGA) Laurent Collet-Billon, le 21 mai dernier à l'Assemblée nationale. Mais il a estimé que l'acquisition de quatre C-130J neufs s'élèverait à 800 millions d'euros environ. Un montant qui "correspondait aux prix communiqués à la faveur de contacts sur place, aux États-Unis". "Si le contrat est si onéreux, c'est non seulement parce que le C-130J est la dernière version produite par Lockheed Martin, mais aussi parce que ses moteurs, son avionique et son pilotage sont différents - le nombre de pilotes est réduit à deux -, d'où la nécessité d'acheter des services d'instruction des personnels, des simulateurs et de la logistique supplémentaire", a-t-il précisé. Une demande de cotation envoyée au Pentagone Pour autant, selon plusieurs sources concordantes, la DGA a envoyé en début de semaine dernière au Pentagone une demande de cotation, à travers le programme américain FMS (Foreign Military Sales), pour un éventuel achat de quatre avions de transport tactique C130 neufs. A la grande satisfaction de l'EMA qui pousse, tout comme l'armée de l'air, cet achat, notamment en raison du vieillissement accéléré des déjà très vieux Transall. "Je tiens aux quatre C-130 et nous les obtiendrons", avait expliqué le chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, le 21 mai à l'Assemblée nationale. Au sein de l'EMA, on assure que le C130 reste complémentaire à l'A400M. "Il n'est pas en concurrence avec l'avion d'Airbus Group. Nous en avons besoin pour optimiser nos ressources et nos budgets, ce qui ne serait pas le cas si nous n'avions que des A400M", explique-t-on à La Tribune. "L'A400M dispose de capacités tactiques, mais il ne constitue pas, à proprement parler, un avion tactique au sens où l'étaient le Transall ou même les C-130", a pour sa part précisé Laurent Collet-Billon. En août, la DGA avait également lancé en parallèle une demande d'information pour l'acquisition de 4 C130 d'occasion. Au ministre de la Défense donc de décider s'il veut dépasser le montant de 330 millions ou s'y conformer. Dans le premier cas, cela nécessiterait au ministère de revoir certaines acquisitions et/ou étaler des livraisons. Ce qui pourrait créer des tensions entre les différentes armées. Quels C130? Quels C130? Neufs ou d'occasion? Cela fait l'objet de débats intenses entre la DGA, l'EMA et le cabinet du ministre et a provoqué aussi quelques bisbilles. L'achat des C130 pourrait concerner des C130J américains neufs ou de C130H d'occasion. Le prix est un paramètre à prendre en compte. Mais pas que... La DGA penche pour des C130 d'occasion mais à l'EMA, on estime, que les avions qui sont sur le marché actuellement, sont beaucoup trop âgés. "Nous nous sommes donc rabattus sur un montant qui, compatible avec l'enveloppe de 1,5 milliard, n'en est pas pour autant irréaliste : il correspond à l'acquisition de quatre C-130H d'occasion. (...) Nous envisageons l'acquisition de C130H de bonne qualité, dotés, si possible, d'une avionique et de moteurs similaires à ceux de nos propres avions remis à niveau", a expliqué Laurent Collet-Billon. L'acquisition d'avions d'occasion trop âgés pourrait occasionner pour les armées de nouvelles charges en matière de maintien en condition opérationnelle (MCO), des services déjà proches de l'asphyxie. Par exemple, le taux de disponibilité des 14 C130 Hercules français, dont la flotte de deux escadrilles a un âge moyen de 27 ans, s'est effondré, passant de 40,8% en 2012 à seulement 28,8% en 2014. Ces C130 actuels ont tous été acquis d'occasion, a rappelé Laurent Collet-Billon. "Je dispose aujourd'hui de quatorze C-130, mais avec une faible disponibilité. Plusieurs sont dans un circuit de maintenance en raison d'une mise aux normes de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), obligatoire", a précisé l'ancien chef d'état-major de l'armée de l'air, le général Denis Mercier, le 26 mai dernier à l'Assemblée nationale. Enfin, il est prévu un armement pour deux C130 (missile air-sol Griffin de Raytheon), une priorité pour les forces spéciales. Pour le délégué général, "il ne s'agit pas tant de Gunship (avions lourdement armés, ndlr) au demeurant, que d'appareils équipés de missiles Griffin sous pylônes, tels que ceux utilisés par les forces spéciales américaines". Cette opération consiste à donner, à l'horizon 2018, une capacité d'intervention immédiate et autonome au C130 engagé en appui des forces spéciales pendant toute la durée de son action. Pourquoi un tel achat? En revanche, ce que personne ne conteste, c'est la nécessité de l'acquisition de quatre C130. Pour plusieurs raisons. Cet achat vise à compenser le vieillissement des C-160 Transall et à garantir les capacités tactiques nécessaires à la conduite des opérations en cours. Deux de ces appareils devraient être équipés de moyens de ravitaillement en vol pour les hélicoptères. Une mission que ne peut assurer pour le moment l'A400M. Elle répond aux besoins accrus de mobilité sur les théâtres en raison de la multiplication des opérations et des fortes élongations de la bande sahélo-saharienne notamment. "Cette fonction est en effet importante en Afrique, dans la mesure où la méthode actuelle de ravitaillement, au sol, sur des terrains sablonneux, est agressive pour les moteurs", a expliqué le délégué général. Le transport tactique est également confronté à l'activité importante des flottes d'aéronefs C130 et C160 déployée dans les opérations extérieures (OPEX). Ce qui use plus vite les appareils et désorganise la formation des jeunes pilotes. "L'avion étant très utilisé par les opérations spéciales, les jeunes équipages volent trop peu. D'où les quatre C130", a expliqué le général Mercier. Enfin l'armée de l'air a besoin des C130 en raison de l'étalement des livraisons de l'A400M et de la rénovation de 14 C-160 Transall, qui coûte plus chère que prévue. Enfin, la livraison des C130 rénovés est repoussée d'un an, en 2019. Un projet qui tenait à cœur le général Mercier, notamment la rénovation avionique des C130, qui ont encore du potentiel selon lui, afin d'améliorer les capacités tactiques des avions du COS. Pour l'ancien chef d'état-major, cette acquisition est donc absolument nécessaire afin que "notre capacité de transport ne soit pas trop obérée". THEME 4 - 2 : L'armée de terre présente ses capacités à l'IHEDN (2) Source, journal ou site Internet : defense.gouv.fr Date : 25 septembre 2015 Auteur : armée de terre Adressé par André Dulou Le 23 septembre, le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général d’armée Jean-Pierre Bosser, a invité les auditeurs de l’Institut des hautes études de la Défense nationale (IHEDN) et les stagiaires de l’Ecole de guerre (EG) à une présentation des capacités de l’armée de Terre au centre d’entraînement aux actions en zone urbaine (CENZUB) de Sissonne (Aisne). A travers une démonstration dynamique, le CEMAT a dévoilé son modèle « Au Contact », porteur d’une ambition nouvelle pour l’armée de Terre. Modernité, réactivité, réversibilité, adaptabilité… Autant de capacités qui participent à la sécurité des Français, tant en métropole qu’à l’étranger. 20 ans après la professionnalisation, l’armée de Terre peut aujourd’hui capitaliser sur une maturité qui lui permet d’adapter son organisation à un environnement nouveau. Dans cette deuxième vidéo, découvrez la suite de la nouvelle organisation de l’armée de Terre, au contact des populations et de l’adversaire tant sur le territoire national qu'en en opération extérieure. (on peut visionner la vidéo directement sur le site de l'armée de terre) THEME 4 - 3 : Chammal : opérations "non stop" pour la marine Source, journal ou site Internet : defense.gouv.fr Date : 28 septembre 2015 Auteur : marine nationale Adressé par André Dulou Engagée dès les premières heures de l'opération Chammal, la Marine a déployé l'ensemble de ses vecteurs dans le golfe arabo-persique pour placer au plus haut niveau la participation française dans la coalition Inherent Resolve. Le 19 septembre 2014, sur ordre du président de la République, la première opération militaire aérienne française était menée en Irak par une patrouille de Rafale de l'armée de l'Air. Cette mission avait été préparée en avance de phase, notamment par un avion de patrouille maritime Atlantique 2. Déployé dans le golfe arabopersique, les équipages d’ATL2 des flottilles 21F et 23F ont d'abord réalisé des missions de connaissance et d'anticipation. Le 17 septembre, conjointement avec une patrouille deRafale Air, l'appareil a réalisé une mission décisive d'intelligence, reconnaissance et surveillance (ISR) permettant deux jours plus tard, la première frappe française. Le 22 octobre, la frégate anti-aérienne Jean Bart et la flottille 36F, ayant quitté Toulon le 6 du mois, ont intégré la Task Force 50 (TF50) constituée autour du porte-avions USS Carl Vinson. La mission de la frégate consistait à contrôler une zone de défense aérienne au profit du centre interalliés des opérations aériennes (CAOC) situé au Qatar, à assurer la défense aérienne du porte-avions américain et régulièrement être horizon reference unit (HRU) pour faciliter l'appontage de nuit sur le PA Vinson. Celle de la 36F à participer à la surveillance et la reconnaissance maritime ainsi que le soutien logistique. La mission du Jean Bart s'est poursuivie jusqu'au 27 janvier 2015, démontrant une complète interopérabilité avec la marine américaine. Le 23 février, le groupe aéronaval (GAN) constitué autour du PA Charles de Gaulle rejoignait l'opération Chammal. La très haute compétence des 2600 marins du GAN a permis à celui-ci d'assurer la permanence aéronavale pour le compte de la TF50 pendant plusieurs jours. Jusqu'au 18 avril, terme de son mandat, le GAN a réalisé 800 catapultages et appontages, parcouru 10 000 nautiques et participé à 15 ravitaillements à la mer démontrant comme leJean Bart, des capacités très élevées d'interopérabilité avec les marines américaines et britanniques. En parallèle, l'ATL2 poursuivait ses missions ISR plusieurs fois par semaine. Il a d’ailleurs, pendant les opérations, effectué la 1000ème opération aérienne de Chammal. Avec une participation active depuis le début de l'opération, la patrouille maritime compte ainsi au-dessus du théâtre irakien une centaine de missions pour un peu plus de 1000 heures de vol. Ces vols de plus de 10 heures sont éprouvants mais permettent de recueillir du renseignement sur les zones contrôlées par le groupe terroriste Daech. L’emploi de l’ATL2pour ce type d’opération n’est pas une première. Déjà réputé pour sa polyvalence et sa souplesse d’emploi, cet avion de patrouille maritime a franchi fin 2014 un nouveau cap en améliorant considérablement sa capacité IMINT (le renseignement d'origine image), grâce à l’intégration d’une tourelle électro-optique multi capteurs de dernière génération : la Wescam MX20. Dans son domaine d’utilisation « renseignement », l’ATL2 offre ainsi sur le théâtre irakien des aptitudes en tout point comparables à celles de nos alliés. L’été 2015 marque la volonté d’aller encore plus loin en utilisant la capacité offensive du vecteur, récemment améliorée. En effet, depuis fin juillet, les équipages d’ATL2 sont pour la plupart en mesure de frapper des objectifs avec de l’armement de précision, en totale autonomie grâce à la Wescam MX-20 équipée d’un désignateur laser. Chammal confirme à son tour le bénéfice qu’il est possible de tirer de l’engagement del’ATL2 dans des opérations interalliées. Mais au-delà, c’est toute la patrouille maritime qui par cette participation soutenue fait progresser ses équipages qui opèrent au quotidien entre la terre et la mer. Au cœur de l'action et forte de ses nouvelles capacités, la Marine poursuit son engagement dans Chammal aux côtés des armées de Terre et de l'Air. THEME 4 - 4 : Prise d'armes du général André Lanata, nouveau CEMAA Source, journal ou site Internet : defense.gouv.fr Date : 28 septembre 2015 Auteur : armée de l’air Adressé par André Dulou Lundi 21 septembre 2015, le général André Lanata a pris ses fonctions de chef d'état-major de l'armée de l'air (CEMAA), succédant ainsi au général Denis Mercier. Il a été élevé aux rang et appellation de général d’armée aérienne par la même occasion. La prise d’armes s’est déroulée le matin sur la base aérienne (BA) 107 de Villacoublay. « J’ai souhaité une cérémonie sobre et simple, confie le général Lanata. Une cérémonie sur une de nos bases aériennes [...] car c’est sur nos bases aériennes que bat le cœur de l’armée de l’air. » Dans son allocution, le nouveau CEMAA a exprimé sa fierté d’être à la tête d’une « armée de l’air formidable, constituée d’hommes et de femmes dont (il) salue l’engagement exceptionnel au quotidien. » Et de poursuivre : « L’armée de l’air, je suis né avec. J’ai grandi avec. Je m’y suis engagé et les fonctions que j’occupe à partir d’aujourd’hui trouvent leur source dans ce même engagement. L’armée de l’air m’a construit et fait progresser au fil des inestimables expériences opérationnelles, professionnelles et surtout humaines. [...] J’ai besoin de vous tous pour animer ce mouvement qui transforme notre armée de l’air en un système de combat toujours plus performant au service des Français : vous les aviateurs, vous les commandants de base, vous les commandeurs. Gardez à l’esprit, en ce 21 septembre, que plus que jamais nous restons tous Unis pour “Faire Face”. » Le général Lanata avait précédemment occupé le poste de sous-chef d’état-major « plans » à l’état-major des armées. De son côté, le général Denis Mercier rejoindra l’Otan au poste de Supreme Allied Commander Transformation (SACT) à Norfolk, où il succédera au général Jean-Paul Paloméros à l’un des deux commandements militaires les plus élevés de l’Alliance. 5/ ZONES DE CONFLITS THEME 5 - 1 : Offensive de talibans contre Kunduz, verrou stratégique du nord de L'Afghanistan Source, journal ou site Internet : Le Monde Date : 28 septembre 2015 Auteur : avec AFP, AP et Reuters Adressé par Elie Billaudaz Un membre d'une unité de la police à Kunduz, au mois de mai 2015. SHAH MARAI / AFP Les talibans ont lancé une série d’attaques sur la ville de Kunduz, carrefour commercial sur la route du Tadjikistan et première grande ville afghane qu’ils menacent de reprendre depuis leur chute, en 2001. Ce n’est pas la première fois que la ville est menacée par les talibans. Par deux fois, en avril et en juin, ils avaient progressé jusqu’à quelques kilomètres de Kunduz avant d’être repoussés par l’armée. Dans la banlieue de la grande ville, les combats se poursuivaient dans la matinée de lundi, mais « les forces de sécurité parviennent à repousser » les talibans, a assuré un porte-parole de la police de la province de Kunduz. Zabihullah Mujahid, porte-parole de la milice islamiste, a annoncé sur Twitter la prise d’un hôpital de 200 lits situé dans le sud de la ville. Il a en outre invité les habitants de Kunduz à rester chez eux. « Les moudjahidins s’efforcent d’épargner les civils. Les habitants doivent être sûrs que nous ne leur causerons aucun problème », dit-il. L’armée afghane en première ligne La chute de Kunduz serait un grave revers pour le président Ashraf Ghani qui avait promis, lors de son élection en 2014, de ramener la paix dans son pays, déchiré par plus de trente ans de conflits. Mais la tâche s’avère ardue. Les forces afghanes sont pour la première fois seules en première ligne car leurs alliés de l’OTAN ont mis fin à leur mission de combat dans le pays en décembre dernier. Et malgré un grave conflit interne sur la succession de leur figure tutélaire, le mollah Omar, les talibans continuent de commettre régulièrement des attentats et d’affronter l’armée et la police dans tout le pays. THEME 5 - 2 : Centrafrique : pillages et tirs nocturnes malgré le couvre-feu à Bangui Source, journal ou site Internet : Le Monde Date 28 septembre 2015 Auteur : avec AFP Adressé par Elie Billaudaz et Jean-François Mazaleyrat sur un article de RFI : " RCA: violences et manifestations déchirent Bangui " Dans la journée de samedi, des violences ont fait au moins 20 morts et une centaine de blessés. EDOUARD DROPSY / AFP Des bandes de pillards, passant outre le couvre-feu instauré par le gouvernement centrafricain de dimanche 18 heures à lundi 6 heures après les violences du week-end qui ont fait au moins vingt morts, ont attaqué des maisons et de commerces, selon des habitants qui rapportent que des tirs ont également été entendus pendant la nuit aux abords d’une gendarmerie du centre-ville. Aucun bilan de ces tirs n’était disponible lundi matin à Bangui où des barricades érigées par des groupes de protestataires dimanche étaient toujours visibles dans plusieurs quartiers. La plupart de ces barricades avaient été démantelées par les forces de sécurité centrafricaines qui ont fait usage de gaz lacrymogènes avant d’être réinstallées par ces manifestants. Cette vague de violences a été provoquée par l’assassinat samedi d’un conducteur de moto-taxi dans le quartier du PK-5, dans le centre de la capitale. Selon des habitants, le conducteur de moto-taxi a été égorgé samedi matin, pour une raison encore inconnue, ce qui a déclenché des violences dans ce quartier majoritairement musulman qui fut l’épicentre des massacres inter-communautaires à Bangui de fin 2013 à début 2014. Selon des sources médicales, ces violences ont fait samedi plus de 20 morts et une centaine de blessés. Des groupes armés qui sévissent toujours Dimanche, le premier ministre, Mahamat Kamoun, avait appelé « la jeunesse à lever toutes les barricades afin de permettre à la population de circuler et de vaquer librement à ses occupations. Tout attroupement au niveau des barricades érigées ça et là est interdit », a-t-il souligné. Dans un communiqué, le gouvernement de transition avait déjà fermement condamné ces« violences inutiles qui interviennent à un moment où la Centrafrique en général et la ville de Bangui en particulier aspirent à la paix et à la sécurité ». Le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par la rébellion Séléka a plongé l’ex-colonie française dans sa plus grave crise depuis son indépendance en 1960, déclenchant des tueries de masse entre communautés musulmanes et chrétiennes en 2013 et 2014 dont elle peine toujours à se relever. Le niveau des violences a depuis considérablement baissé. Mais des groupes armés sévissent toujours dans certaines parties du territoire et de très nombreuses armes de guerre circulent dans le pays et sont régulièrement utilisées pour des actes de banditisme. Des élections présidentielles et législatives sont officiellement prévues avant la fin 2015 pour clore le cycle de violences. Mais l’organisation des scrutins a pris beaucoup de retard, rendant plus que vraisemblable un nouveau report des élections, dont l’entre-deux tours devait coïncider avec la visite du pape François à Bangui, prévue les 29 et 30 novembre. THEME 5 - 3 : Syrie : pourquoi les frappes aériennes font le jeu de l'Etat islamique Source, journal ou site Internet : Challenges Date : 28 septembre 2015 Auteur : Antoine Izembard Adressé par Jean-François Mazaleyrat ENTRETIEN Le spécialiste du Moyen-Orient, Jean-Pierre Filiu, juge sévèrement l'action de Barack Obama, alors que la crise syrienne est au coeur de la 70e Assemblée générale de l'ONU qui s'ouvre ce lundi. Un soldat de l'armée syrienne tire des obus d'artillerie en direction des positions de Daech, à Palmyre. (AFP PHOTO/STR) La France a mené ses premières frappes, dimanche 27 septembre, contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie. Celles-ci interviennent alors que débute ce lundi la 70e Assemblée générale de l'ONU à New York, à laquelle participera François Hollande et qui s'annonce comme un grand ballet diplomatique autour de la crise syrienne. Au cours de cette réunion, le président russe Vladimir Poutine, meilleur allié du régime syrien de Bachar al-Assad, devrait proposer une coalition élargie, comprenant l'armée du régime, pour combattre Daech. JeanPierre Filiu, professeur des universités en études moyen-orientales à Sciences-Po (Paris) et qui vient de publier, chez La Découverte, "Les Arabes, leur destin et le nôtre", revient pour Challenges, sur cette guerre contre l'hydre islamique. Entretien. Quelle sont selon vous les racines de ce que nous vivons en Syrie aujourd’hui ? L’invasion américaine de l’Irak en mars 2003 est une catastrophe stratégique dont nous continuons de payer le prix. Elle a durablement fragilisé la sécurité du continent européen en ouvrant les portes du Moyen-Orient à l’implantation djihadiste, hier Al-Qaida, aujourd’hui Daech, le bien mal-nommé "Etat islamique". Le régime de Bachar al-Assad a dès 2003 collaboré avec les djihadistes en Irak, notamment les extrémistes français de la "filière des Buttes-Chaumont", qui transitaient tous par la Syrie pour rejoindre la "terre de djihad" d’Irak. Ce jeu avec le feu terroriste s’est aggravé en Syrie en 2011, quand Bachar al-Assad a préféré libérer des détenus djihadistes, voire favoriser leur développement, afin de contrer les manifestations pacifiques qui demandaient alors de simples réformes. Il ne faut jamais oublier que la Syrie des Assad est le seul exemple de dictature héréditaire dans le monde arabe, en place depuis 45 ans sous Hafez le père, puis Bachar le fils, inspirés tous deux par le modèle nord-coréen. Pensez-vous, comme le préconisent beaucoup d’observateurs que c’est aux pays voisins de la Syrie d’agir et surtout en sont-ils capables à moyen terme? Il est terrible de ne pas prendre en compte la réalité de ce qui se passe sur le terrain syrien, réalité effectivement difficile d’accès du fait des assassinats et des enlèvements de journalistes occidentaux. On en vient à prendre la cause pour l’effet. Il y a en fait deux formes d’intervention étrangère en Syrie: d’une part, les djihadistes de Daech, dont la hiérarchie est irakienne et a des priorités irakiennes, qui recrutent massivement des extrémistes étrangers, notamment européens, pour tenir sous le joug les populations locales ; d’autre part, au profit du régime Assad, l’Iran, soit directement, soit indirectement via le Hezbollah libanais ou des milices irakiennes, et la Russie, de manière de plus en plus marquée. Les forces syriennes qui combattent à la fois Assad et Daech se heurtent à cette intervention étrangère massive. L’alternative est dès lors simple: soit leur fournir les moyens de rétablir par elles-mêmes le rapport de forces fondateur d’une troisième voie, soit permettre à la Turquie au Nord et/ou à la Jordanie au Sud de protéger des zones permettant le retour de réfugiés en territoire syrien. L’intervention de la coalition, il y a un an, a finalement permis à Daech de profiter d’un certain soutien populaire. Que peuvent faire les Occidentaux pour éradiquer Daech? J’ai déclaré d’emblée en août 2014, et je n’ai cessé de le répéter depuis lors, qu’une campagne strictement aérienne contre Daech ferait le jeu de l’organisation terroriste: elle lui permet en effet de compenser très largement les pertes infligées par les bombardements via un recrutement intensifié, notamment en Europe. Telle est la situation calamiteuse où nous nous trouvons aujourd’hui, aggravée par les mensonges systématiques de l’administration Obama sur la réalité des bilans militaires. La France a essayé en vain de convaincre une Amérique intraitable d’élaborer enfin une stratégie alliant la lutte contre Daech à la transition politique en Syrie, ce qui passe inévitablement par le départ d’Assad. Seuls les révolutionnaires syriens, arabes et sunnites, peuvent infliger des pertes au sol à Daech et contraindre le monstre djihadiste à reculer, alors que le régime Assad lui a encore ouvert récemment les portes de Palmyre, voire les banlieues de Damas. Certains comme Manuel Valls ont parlé de "conflit de civilisation". Comment analysezvous ce terme? Manuel Valls a même parlé de "guerre de civilisation" au singulier, en juin dernier, voulant par là sans doute signifier que le conflit avec Daech engage les fondements mêmes de notre civilisation. Cela est cependant distinct de la "guerre des civilisations", ou "culture clash" en anglais, qui était l’antienne des néo-conservateurs américains et a justement conduit au désastre de l’invasion de l’Irak. J’ai, je crois, démontré avec de nombreux arguments historiques, dans mon dernier essai, que le monde arabe a connu ses propres Lumières dès le XIXème siècle. C’est la dépossession coloniale, puis les ravages des dictatures qui ont systématiquement brisé ces aspirations à la liberté des Arabes. Daech n’est que le monstrueux avatar actuel de ce combat qui nous concerne au premier chef, car les assassins de la liberté sont les mêmes à Paris et à Tunis, en Europe et dans le monde arabe. La Russie a récemment renforcé sa présence en Syrie, Vladimir Poutine est-il incontournable pour trouver une solution à ce conflit ? Vladimir Poutine partage de nombreux traits avec Bachar al-Assad. Il est comme lui un héritier, forgé par les services de renseignement, à la tête d’un système mafieux d’appropriation et de redistribution, pour qui le peuple n’est qu’une entité négligeable. Poutine mène en Syrie, comme d’ailleurs en Ukraine, une "guerre froide" à sens unique, puisqu’Obama est déterminé à ne pas intervenir de manière substantielle. Mais aujourd’hui, Poutine risque par son engagement militaire sans précédent un embourbement périlleux en Syrie. Il sait mieux que personne combien l’armée d’Assad est affaiblie et il sera peut-être contraint de suppléer sa défaillance par une participation directe au conflit, participation qui aurait des retombées incalculables. Il n’est, espérons le, pas trop tard pour que la Russie évite de se piéger elle-même dans une telle escalade et qu’elle collabore enfin à une transition politique effective, ce qui passe par le départ d’un despote responsable de l’exode de la moitié de ses compatriotes. THEME 5 - 4 : En Libye, la guerre oubliée des Touaregs et des Toubous Source, journal ou site Internet : Orient XXI Date : 28 septembre 2015 Auteur : Valérie Stocker Adressé par Jean-François Mazaleyrat Depuis l’été 2014, une guerre civile déchire le Fezzan, la troisième province libyenne avec la Cyrénaïque et la Tripolitaine du temps de la colonisation. Elle oppose deux populations qui vivaient jusque-là en bonne entente. L’effondrement de l’État et l’affrontement entre le gouvernement de Tripoli et celui de Tobrouk ont ravivé les ambitions et les craintes des uns et des autres, sur fond de trafics en tous genres et d’ingérences des puissances extérieures. Enfants touaregs dans les décombres de maisons détruites pendant les affrontements de juillet 2015 dans le bidonville de Tayouri (Sebha).© Valérie Stocker. Au milieu du désert, à 1 000 kilomètres au sud de Tripoli, une étrange guerre oppose deux peuples qui se considéraient comme frères avant que le tourbillon post-révolutionnaire n’emporte leur amitié. Les Toubous, minorité noire originaire du massif du Tibesti au Tchad et les Touaregs, « Berbères du désert » répartis sur toute la zone sahélo-saharienne, cohabitaient depuis un traité de paix signé à la fin du XIXe siècle. Mais, en août 2014, des violences éclatent dans l’oasis d’Oubari où l’influence accrue des Toubous crée des tensions avec la majorité touareg. Un an plus tard, en juillet 2015, les affrontements gagnent la capitale du Fezzan, Sebha. Plus le conflit s’installe, plus il est difficile de comprendre pourquoi il dure. Les parties impliquées, convaincues de la présence d’une « cinquième colonne », disent ne plus avoir leur destin en main. Le Fezzan, frontalier avec l’Algérie et le Niger Jadis située sur la route des caravanes, Oubari était connue comme le point de départ des visites touristiques du Sahara libyen. Aujourd’hui, la ville est déserte, divisée en zones hostiles, contrôlées par des groupes armés. Les bombardements à l’arme lourde et les tirs de snipers ont fait fuir le quart de ses 30 000 habitants. Les autres résistent, terrés dans leurs quartiers. Les combats ont fait des centaines de morts et l’hôpital, privé de son personnel asiatique qui a fui la ville, ne peut plus soigner les blessés. Les plus gravement atteints meurent souvent pendant leur transfert vers Tripoli. L’aide peine à arriver, la seule route qui relie les oasis vers Sebha d’un côté et la frontière algérienne de l’autre est périodiquement coupée par des milices ou des bandits. Isolée du monde, Oubari sombre dans l’oubli général. Le Fezzan reste cependant d’une importance géopolitique majeure. C’est dans cette région hostile, frontalière avec l’Algérie et le Niger, que passent la plupart des migrants d‘Afrique subsaharienne qui tentent la traversée de la Méditerranée, ainsi que les narcotrafiquants qui acheminent héroïne et cocaïne jusqu’en Europe. C’est aussi ici que Mokhtar Belmokhtar, l’auteur de l’attaque du site gazier algérien In Amenas, et d’autres dirigeants de la nébuleuse d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) auraient des bases arrières, et que l’Organisation de l’État islamique (OEI) prétend avoir une filiale. Zone dangereuse, le Fezzan préoccupe l’Union européenne qui a mis en place, le 22 mai 2013, une mission de l’Union européenne d’assistance aux frontières (EU Border Assistance Mission ou Eubam), chargée d’aider les autorités libyennes à améliorer et à renforcer la sécurité des frontières du pays, suite à une invitation lancée par la Libye1 pour aider la Libye à renforcer les contrôles le long des frontières. Depuis, la détérioration des conditions de sécurité a rendu son travail impossible. Les trois régions administratives libyennes ©Philippe Rekacewicz Les Libyens du nord, qui voient le Fezzan comme un foyer de troubles, s’angoissent notamment à l’idée d’un « soulèvement kadhafiste » et redoutent l’invasion de leur pays par des « étrangers ». Pour nombre d’entre eux cela comprend les Touaregs et les Toubous, deux ethnies à l’origine nomades qui entretiennent des liens de parenté hors de Libye. De temps à autre, la presse libyenne s’enflamme sur ces sujets, mais de manière générale, le Fezzan intéresse peu la Libye du littoral. Cette marginalisation a profondément marqué la manière dont les Fezzanais conçoivent leurs rapports avec le nord. « Depuis toujours ils exploitent nos gisements pétroliers et aquifères sans rien nous donner en échange », se plaint-on souvent. Misrata contre Zintan En l’absence d‘un État fort et depuis la chute du régime Kadhafi, la région est l’objet d’une politique de clientélisation par certaines villes du nord qui y voient leur arrière-cour. Zintan, bourgade du djebel Nafoussa dans le nord-ouest, saisit en 2011 et 2012 les postes-frontières avec la Tunisie et l’Algérie et les sites pétroliers des bassins de Mourzouk et Ghadamès, recrutant des combattants toubous pour garder les prises de guerre. Cette alliance et la force militaire accrue des Toubous déplaisent aux Touaregs, traditionnellement dominants entre Oubari, Ghat et Ghadamès. Les Touaregs d’Oubari se plaignent de ce que les Zintanis accordent des privilèges aux Toubous, comme l’accès à l’aéroport pétrolier de Sharara à 50 kilomètres d’Oubari, et demandent à leur tour des emplois. En parallèle, la ville de Misrata qui, depuis 2011, fournit la plus grande force militaire au nord-ouest et est en rivalité avec Zintan, s’investit de plus en plus au Fezzan. En janvier 2014, Misrata déploie une alliance de brigades dénommée la « Troisième force » à Sebha avec mandat du Congrès général national de Tripoli d’arrêter les affrontements entre tribus. Les chefs misrati s’allient à des milices locales recrutées parmi les Ouled Slimane et les Hassaouna partisans de la révolution qui s’opposent aux Kadhadfa et aux Magarha. Ces deux tribus privilégiées sous Kadhafi et marginalisées depuis sa chute sont soupçonnées de fomenter une rébellion financée par des dignitaires de l’ancien régime basés au Niger et en Égypte. Lorsque la guerre civile démarre à l’été 2014 entre Fajr Libya (l’Aube de Libye) — une coalition dominée par Misrata et soutenue par les islamistes du Congrès — et la coalition Karama (Dignité) dirigée militairement par Khalifa Haftar et politiquement par le nouveau Parlement installé dans l’est et dont le principal allié à l’ouest est Zintan, le Fezzan se fracture. Des leaders militaires toubous déclarent leur soutien à Karama et menacent d’envoyer des troupes contre Tripoli. Mais Zintan, forcée de défendre ses positions dans le nord-ouest, abandonne le terrain à la Troisième force misrati qui en profite pour se déployer près d’Oubari. C’est dans ce contexte qu’éclate le conflit d’Oubari. Accusant les Toubous de trafic d’essence et de monopoliser le réseau de distribution, une milice touareg saisit les stations-services et le poste de police. Les Toubous répliquent par une attaque grâce à des renforts arrivés de leur fief Mourzouk. Très vite, le discours se radicalise. Les Touaregs demandent le départ des « mercenaires tchadiens », reprenant un cliché souvent utilisé contre des Toubous qui, de leur côté, refusent de céder face aux « terroristes du Mali », suggérant que leurs adversaires sont tous des rebelles revenus du Nord-Mali suite à l’intervention française. Les Toubous se proclament la dernière ligne de défense contre une prise de pouvoir par « les islamistes » sous le leadership de Misrata. Début novembre 2014, un groupe touareg éjecte les Toubous de Sharara avec le soutien de la Troisième force, qui reste cependant aux portes d’Oubari sans intervenir ouvertement. Depuis, le rapport de force sur le terrain a peu changé. Les quartiers est d’Oubari sont sous contrôle toubou tandis que les Touaregs bloquent leur avancée depuis le haut du djebel Tende, une montagne qui domine la ville. L’ombre des mercenaires Le 10 juillet 2015, Sebha s’enflamme lorsqu’un meurtre déclenche des affrontements entre Toubous et Touaregs dans le bidonville de Tayouri. En quelques jours, des centaines de familles le fuient pour se réfugier dans des écoles de Sebha et des dizaines de civils meurent, dont au moins cinq enfants. Pour la première fois, le conflit semble intéresser les communautés voisines, et en quelques jours le conseil tribal de Sebha forme un conseil de quartier qui déclare un cessez-le-feu. Entre temps, une grande délégation de cheikhs de différents coins du pays, y compris de Misrata et du djebel Nafoussa, sont arrivés à Sebha en tant que médiateurs. Le 25 juillet, le comité de Tayouri négocie un premier accord de paix qui ouvre la voie au retour des habitants, à l’échange de prisonniers et à la réouverture des routes. Marchant sur les décombres des maisons en tôle rasées de Tayouri, Mohamed Moussa Touji se dit optimiste quant à l’issue des pourparlers. Vice-président du Conseil social touareg2, il explique que les aînés du quartier se sont engagés à livrer à l’autre camp ceux qui ne respecteraient pas le cessez-le-feu. Mais reconnaît que le problème de fond persiste : « Les troubles à Tayouri sont nourris par le conflit d’Oubari et tant que celui-ci n’est pas résolu on ne vivra pas en paix. » Ni les Toubous ni les Touaregs n’ont intérêt à ce que ce conflit se perpétue, ne cesse-t-on de répéter des deux côtés. Pourtant, aucun des multiples cessez-le-feu négociés par des cheikhs d’Oubari n’a duré ni permis le démarrage d’un vrai processus de paix. L’une des principales raisons est sans doute l’absence d’armée et de police ou de n’importe quelle force d’intermédiation acceptée par les deux parties. La Troisième force, censée jouer ce rôle, s’est jusqu’ici abstenue par peur d’être « entraînée dans les luttes intertribales » selon son chef Jamal Treiki. Même à Sebha, où elle garde encore sa stature de sauveur, les responsables locaux ne sont pas dupes. « Nous n’avons aujourd’hui aucune force capable de s’interposer entre deux groupes en guerre, qu’elle s’appelle cinquième, quatrième ou troisième », ironise Hassan Ragig, du Conseil des tribus de Sebha. Au-delà des aspects techniques, la résolution du conflit paraît difficile au vu de ses ramifications politiques et géographiques. Les deux camps s’accusent mutuellement de recourir à des mercenaires, et après chaque bataille il resterait des corps qui ne seraient réclamés par personne. Ahmed Matko, le chef du Conseil tribal d’Oubari dit qu’en tant que policier à la retraite il a pu reconnaître certains des prisonniers des forces touboues : « ce sont des criminels nigériens, ougandais ou soudanais que j’ai vus en prison il y a trois ans et qui réapparaissent maintenant sur le front ». Sur les réseaux sociaux circulent des photos de prisonniers de guerre non Libyens, des cartes d’identité, des puces mobiles et des devises étrangères. La France suspectée À cela s’ajoute la manipulation du conflit par l’extérieur. Sans aucun doute la guerre civile et les discours belliqueux alimentent l’antagonisme toubou-touareg. Concrètement, le général Haftar est accusé de fournir du matériel de guerre aux Toubous via les bases aériennes de Wigh et Waw al-Kabir, tandis que les autorités à Tripoli sont accusées d’armer les Touaregs depuis Sharara. Mais la conviction générale est que des tiers alimentent le conflit. À en croire un jeune activiste touareg d’Oubari, « l’enjeu au départ était tribal mais il s’est politisé. Ce ne sont plus des Toubous et des Touaregs qui le dirigent mais des combattants étrangers, notamment du APLS et du MJE soudanais ».3 Les discussions tournent autour d’un supposé agenda politique que d’occultes puissances tenteraient de réaliser au Fezzan. Le premier suspect est la France, dont l’opération Barkhane, lancée en août 2014 pour stabiliser le Sahel et endiguer la menace djihadiste, est perçue comme une preuve de ses ambitions hégémoniques. Aux yeux de nombreux Touaregs, la lutte antiterroriste n’est qu’un prétexte pour bâtir un empire néocolonial, à l’image du rôle que jouait la France entre 1943 et 1951 4 en tant que gestionnaire du Fezzan après la défaite de l’Italie fasciste. Selon Mohamed Moussa Touji, la France chercherait en réalité à tirer profit du chaos en Libye pour y établir une présence durable en alliance avec les Toubous. Il raconte une conférence de paix pour Oubari organisée par le président tchadien Idriss Deby à N’Djamena, qui lui aurait ouvert les yeux. « Lorsqu’il s’est avéré que la France et ses pions nigériens et tchadiens jouaient un double jeu, nous nous sommes retirés des pourparlers. » Treiki, le chef de la Troisième force, croit lui aussi à un complot qui comprendrait services secrets français et émiratis, kadhafistes en exil et Haftar, tous réunis pour semer plus de désordre et justifier une intervention militaire occidentale. Treiki dit avoir des preuves que l’armée française s’infiltre régulièrement sur le territoire libyen depuis sa nouvelle base de Madama au Nord-Niger. En Libye les théories du complot ne sont jamais loin, mais l’ingérence étrangère n’est pour autant pas à exclure. L’armée française a déjà intercepté des trafiquants de drogue et d’armes à la passe de Salvador, au carrefour entre Algérie, Libye et Niger, et le ministre français de la défense JeanYves Le Drian a évoqué a plusieurs reprises la possibilité d’une intervention internationale au Fezzan. La Libye vit déjà une régionalisation de son conflit car les deux camps de la guerre civile s’approvisionnent en armes de l’étranger, en violation flagrante d’un embargo onusien. Parmi leurs fournisseurs se trouveraient l’Égypte et les Émirats dans le cas de Karama ; et la Turquie et le Qatar dans le cas de la coalition Fajr. Le rôle exact joué par l’extérieur dans le conflit entre Toubous et Touaregs reste à déterminer, mais pour les acteurs locaux il est plus facile d’accuser une cinquième colonne que d’assumer la responsabilité de leurs actes. 1 Le mandat initial de l’Eubam Libye avait une durée de deux ans ; la mission a son quartier général à Tripoli, même si son travail concerne l’ensemble des frontières du pays. 2 Fondé le 9 février 2015 et basé à Oubari, le Conseil social est actuellement l’organe politique le plus respecté au sein de la communauté touareg libyenne. Il a été précédé par deux autres associations, le Conseil consultatif touareg et le Conseil suprême touareg, qui continuent à exister en parallèle mais ont moins d’influence. 3 Il s’agit de deux groupes rebelles soudanais. L’Armée populaire de libération du Soudan –ancien mouvement de guérilla — constitue l’armée officielle du Sud-Soudan depuis son indépendance en 2011. Le Mouvement pour la justice et l’égalité MJE –- plus connu en arabe comme Harakat al-adal wal musawa — est une milice islamiste du Darfour dont le fondateur défunt, Khalil Ibrahim, s’était refugié en Libye de 2010 à 2011. Les Touaregs ne sont pas les seuls à évoquer la Sudanese connection. En août 2015, la presse à Khartoum a parlé des révélations d’un leader rebelle repenti selon qui le MJE est à la solde de Haftar à Benghazi et à Oubari. Jibril Ibrahim, chef actuel du MJE et frère de son fondateur, nie ces accusations. Récemment sur France 24, il a insisté : le conflit libyen est « interne ». 4 L’armée française ne se retire définitivement qu’en 1956. 6/ RENSEIGNEMENTS ET MENACES : THEME 6 - 1 : l'armée japonaise d'autodéfense peut intervenir en dehors du Japon Source, journal ou site Internet : la Tribune Date : 28 septembre 2015 Auteur : Adressé par Jean-Claude Tourneur Pékin et Tokyo se disputent notamment la souveraineté de territoires inhabités en mer de Chine orientale, les îles Senkaku, contrôlées par le Japon mais revendiquées par la Chine sous l'appellation Diaoyu. Le Sénat a approuvé samedi matin la réforme permettant aux forces armées autodéfense d'intervenir en dehors du Japon. C'est une véritable révolution au Japon et surtout un changement fondamentale de doctrine militaire. La réforme, qui permet à l'armée nipponne de combattre en dehors de l'archipel pour la première fois depuis 1945, a été définitivement adoptée samedi. Le Premier ministre Shinzo Abe estime que ce changement, le plus important pour le Japon depuis la création de son armée en 1954, est vital pour répondre aux enjeux du XXIe siècle tels que la montée en puissance de la Chine. Le texte, qui avait déjà été approuvé par la Chambre des représentants, la chambre basse du Parlement, a été approuvé par le Sénat samedi matin malgré les efforts de l'opposition qui a cherché à bloquer le vote, notamment en déposant, sans succès, une motion de censure. Une partie des Japonais sont opposés à cette réforme. Toute la semaine, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés aux abords du Parlement pour réclamer l'abandon du texte. Les manifestations se sont poursuivies aux premières heures de samedi. "Même si la constitution est révisée, personne ne pense au Japon pour intervenir à l'étranger dans le but de faire usage de la force", a déclaré cette semaine à Reuters l'ancien ministre de la Défense, Itsunori Onodera. Tensions en Mer de Chine Les États-Unis approuvent ce changement de doctrine mais la Chine a appelé Tokyo à agir prudemment dans les domaines militaire et de la sécurité. Dans un contexte de tensions croissantes en Mer de Chine, le ministère de la Défense japonais a déposé début septembre pour la quatrième année de suite une demande de budget record pour l'exercice d'avril 2016 à mars 2017, dans le but d'élargir encore ses moyens dans une région où la Chine est considérée comme une menace. Pékin et Tokyo se disputent notamment la souveraineté de territoires inhabités en mer de Chine orientale, les îles Senkaku, contrôlées par le Japon mais revendiquées par la Chine sous l'appellation Diaoyu. Le ministère japonais souhaite une enveloppe initiale de 5.090 milliards de yens (près de 38 milliards d'euros), soit une hausse de 2,2% sur un an justifiée par la nécessité de davantage protéger les îles nippones éloignées du territoire principal de l'archipel, notamment celles du sud-ouest, à proximité de Taïwan. THEME 6 - 2 : Syrie : "Hollande essaie d'éviter à la France d'être exclue de la table des négociations" Source, journal ou site Internet : Figarovox Date : 28 septembre 2015 Auteur : interview du général Jean-Bernard Pinatel Adressé par Jean-Claude Tourneur En prenant la décision de frapper l'Etat islamique en Syrie, François Hollande reconnaît sans le dire que la stratégie du «ni Assad, ni Daech», dont il était le promoteur, constituait une erreur, estime le général Jean-Bernard Pinatel. LE FIGARO. - François Hollande a confirmé dimanche qu'un camp de l'Etat islamique a été détruit lors d'un raid aérien impliquant six avions français. Les avions américains évoluant déjà dans la zone syrienne, quelle efficacité peut-on attendre de frappes aériennes françaises? Général Jean-Bernard PINATEL. - L'efficacité des frappes françaises est un élément tout à fait secondaire de la décision prise par François Hollande. Déjà en Irak, les sorties effectuées par l'aviation française représentent moins de 10% du total des missions. La décision de François Hollande est l'aveu que la stratégie du «ni Assad, ni Daech», dont il était le promoteur, était une erreur de plus dans son évaluation de la situation syrienne. En effet, dès le début de l'affaire syrienne, François Hollande s'est trompé sur plusieurs points. Premièrement, par idéologie, il a cru à un printemps arabe en Syrie, alors qu'on assistait aux prémices d'une guerre civile confessionnelle financée par l'Arabie Saoudite, le Qatar et aidée par la Turquie. Il s'est trompé aussi sur la capacité de résistance interne du régime d'Assad aidé par l'Iran, le Hezbollah libanais et la Russie. Il s'est trompé encore, comme d'ailleurs Barack Obama, sur la capacité de résistance de Daech aux frappes aériennes américaines. Malgré plus de 3000 sorties, Daech, vaincu par les Kurdes à Kobané et par les milices chiites irakiennes et iraniennes à Tikrit a poursuivi son offensive vers le Sud: prise de Ramadi, cheflieu du gouvernorat d'al-Anbar en mai 2015, prise de Palmyre en juin 2015. Les États-Unis, pragmatiques comme toujours, ont compris début 2015 que sans l'aide de troupes étrangères au sol, Bagdad risquait de tomber et comme Obama se refusait à renvoyer des troupes américaines en première ligne, la seule option était d'accepter, après la chute de Ramadi, de se coordonner avec les forces iraniennes commandées par général Qassem Soleimani. Le préaccord sur le nucléaire iranien est en partie une conséquence de cette réévaluation. De même aujourd'hui où les forces d'Assad plient sous la pression de Daech, les Américains, du moins à un niveau opérationnel, vont coordonner leur action avec les forces armées russes, ne serait-ce que pour éviter des méprises qui seraient lourdes de conséquences. Les aviateurs français vont aussi devoir procéder de la sorte. L'Assemblé générale des Nations Unies se tient en ce moment à New York. Dans ce contexte, quelles visées diplomatiques la décision de frapper maintenant Daech en Syrie sert-elle? Malgré ses erreurs et à juste titre, François Hollande essaie d'éviter à la France d'être exclue de la table des négociations qui va rassembler toutes les parties prenantes engagées dans le combat contre Daech. La France l'avait été, de facto, lors de l'accord Irano-américain sur le nucléaire à cause des positions de Laurent Fabius, alignées sur celles, extrémistes, des israéliens. «L'Iran et la Russie possèdent les cartes décisives dans cette affaire car ils sont les seuls intervenants extérieurs à ce théâtre d'opération à avoir des troupes au sol.» Mais ce sont l'Iran et la Russie qui possèdent les cartes décisives dans cette affaire car ils sont les seuls intervenants extérieurs à ce théâtre d'opération à avoir des troupes au sol. Et on ne pèse réellement dans l'issue d'un conflit que de cette façon. Poutine va certainement essayer d'obtenir une résolution de l'ONU qui légitime son intervention terrestre en Syrie et tout le jeu diplomatique des Occidentaux sera d'essayer d'obtenir que cette intervention, comme la leur, soit coiffée par un commandement onusien afin d'éviter que la Russie et l'Iran ne tirent diplomatiquement et vis à vis de l'opinion mondiale tout le bénéfice d'un succès éventuel contre l'État islamique. D'après un sondage Odoxa pour «Le Parisien», 61% des Français sont favorables à ce que les troupes françaises participent à une intervention militaire au sol en Syrie contre Daech. Quel est le poids des considérations électoralistes dans ce type de décision? Oui, les Français ont raison, et Vladimir Poutine pense la même chose. Il vaut mieux fixer et écraser Daech en Syrie et en Irak que d'avoir à lutter contre les djihadistes sur notre sol. Mais il faut le souligner haut et fort, compte tenu des réductions d'effectifs et de budget que les Armées françaises ont subies depuis le début des années 2000, nous n'avons pas les moyens humains et matériels de faire face à un engagement au sol en Syrie même si nous le décidions, excepté de façon limitée avec nos forces spéciales. En effet l'Armée française, outre les engagements en France (opération Sentinelle: 7000h), dans le Sahel (opération Barkhane > 3000 h) et en Centrafrique (Sangaris), assure le déploiement de 12.000 autres soldats répartis dans le monde: forces de souveraineté dans les DOM-TOM (8000 hommes) ; forces de présence et sous mandat en Afrique et Moyen-Orient (5000 hommes). Et il importe de se souvenir de cette règle: lorsqu'un homme est engagé en opération, cela signifie qu'un autre se remet en condition en fin de mission et qu'un autre s'entraîne pour effectuer la prochaine relève THEME 6 - 3 : La torpille allemande SeaHake en mode défense côtière Source, journal ou site Internet : communication intraentreprise Date : 28 septembre 2015 Auteur : Mer et marine Atlas Elektronik propose une version de défense côtière de sa nouvelle torpille lourde SeaHake Mod4 Extended Range. A cet effet, le groupe allemand a développé un lanceur mobile pouvant être déployé rapidement dans des secteurs stratégiques et déplacé en fonction de la menace. S’appuyant sur différents moyens de détection, ce système permet ainsi une défense littorale contre des bâtiments de surface et des sous-marins, notamment dans des eaux resserrées, les détroits ou voies maritimes stratégiques. En outre, grâce à sa batterie et sa propulsion innovantes, la SeaHake Mod4 ER offre une endurance exceptionnelle, avec une portée pouvant atteindre 80 milles. Un nouveau système de communication et de navigation à haute précision a été développé pour permettre à la torpille de communiquer avec son lanceur. Intégré dans un mât très fin escamotable, il offre une liaison satellite et une capacité de navigation permettant à la torpille de se diriger et de recevoir des informations après son lancement, pendant toute la durée de son cycle opérationnel. Dernière évolution de la DM 2 A4 qui équipe les sous-marins allemands, la SeaHake Mod4 ER est optimisée pour l’action littorale. Elle est aussi proposée pour les bâtiments de surface, capables ainsi d’utiliser des torpilles pour des actions à longue portée et non, simplement, comme moyen d’autodéfense contre des sous-marins. Le système de navigation et de communication permet également à un moyen tiers d’assurer le ciblage final en prenant le relais de la plateforme de lancement. THEME 6 - 4 : Après le drame du pèlerinage à La Mecque : Tension entre Riyad et Téhéran Source, journal ou site Internet : El Watan Date : 28 septembre 2015 Auteur : Amnay Idir Adressé par Jean-François Mazaleyrat Manifestation à Téhéran liée au drame survenu... Le royaume wahhabite a rejeté la demande de Téhéran de participer à l’enquête sur la bousculade qui a eu lieu à Mina, où 144 Iraniens ont perdu la vie. La bousculade meurtrière survenue jeudi à La Mecque continue à alimenter la tension entre l’Arabie Saoudite et l’Iran. Un pic d’acuité qui s’ajoute aux divergences entre les deux pays sur les conflits régionaux, à savoir la Syrie, l’Irak, le Yémen et le programme nucléaire iranien. L’Iran a exigé hier «des excuses» du royaume wahhabite, qui a rejeté la demande de Téhéran de participer à l’enquête sur la bousculade qui a causé la mort de 769 pèlerins, dont au moins 144 Iraniens. «Les dirigeants saoudiens, au lieu de renvoyer la balle, devraient présenter des excuses à la communauté islamique et aux familles endeuillées, accepter leur responsabilité dans ce terrible accident et remplir leurs obligations», a déclaré le guide iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, rapporte l’AFP. Et d’ajouter : «Le monde islamique a de nombreuses questions, la mort de plus de mille personnes dans cet accident n’est pas une petite affaire.» De son côté, le président iranien Hassan Rohani a déclaré, lors d’une rencontre avec le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, que «malheureusement, Riyad ne fournit pas la coopération nécessaire pour enquêter sur la situation des disparus, transférer les corps des victimes et aider les blessés». Il a demandé aux Nations unies de «rappeler au gouvernement saoudien ses devoirs». Téhéran déjà a mis en cause les Saoudiens pour leur organisation jugée défaillante du pèlerinage et dénoncé leur manque de coopération. Selon un bilan officiel fourni par l’Arabie Saoudite, 769 pèlerins ont été tués et 934 blessés. Mais les responsables iraniens ont affirmé, ces derniers jours, que le bilan est bien plus lourd et approcherait les 2000 victimes. Un nouveau bilan provisoire des victimes iraniennes fait état de 155 morts, 48 blessés hospitalisés et 316 disparus, selon le président iranien de l’organisation du pèlerinage, Saïd Ohadi. Le précédent bilan était de 144 morts et 323 disparus. Répliquant aux critiques de Téhéran, le ministre des Affaires étrangères saoudien, Adel Al Jubeir, a indiqué, samedi à New York, que «les Iraniens auraient mieux à faire que d’exploiter politiquement une tragédie qui a touché des gens qui observaient leurs rites religieux les plus sacrés». Il a affirmé que Riyad «rendra compte des faits à mesure qu’ils seront connus». Et de poursuivre : «Nous ne dissimulerons rien. Si des fautes ont été commises, ceux qui les ont commises seront tenus pour responsables.» Les responsables saoudiens ont attribué la tragédie à un manque de discipline des pèlerins. Pour le grand mufti du royaume, cheikh Abdelaziz Al Cheikh, «le sort et le destin sont inévitables». A son tour, le président du Conseil consultatif, Abdallah Al Cheikh, a indiqué que les pèlerins devraient respecter «les règles et les dispositions mises en place par les forces de sécurité» pour «préserver leur vie». Rappelons que le 11 septembre, la chute d’une grue sur la Grande Mosquée de La Mecque a fait au moins 107 morts. Antécédents Les relations entre Riyad et Téhéran sont tendues depuis l’avènement de la République islamique en 1979. Dans ce contexte, plusieurs tragédies se sont produites aux Lieux Saints, provoquant la mort de nombreux pèlerins. Pour n’en citer que quelques-uns, en novembre 1979, plus de 500 extrémistes armés se sont barricadé dans la Grande Mosquée, après avoir pris des pèlerins en otage. L’assaut, avec le concours du GIGN français, est donné le 4 décembre et fera plus de 300 morts dont 63 décapités. En octobre 1982, du chef des pèlerins iraniens à La Mecque a été expulsé avec plus de 140 Iraniens, après des manifestations antiisraéliennes. Après le déclenchement de la guerre irano-irakienne, les pays du Golfe et l’Occident soutiennent le régime de Saddam Hussein pour affaiblir Khomeiny et l’empêcher ainsi d’exporter sa révolution islamique. En août 1985, quelque 150 000 pèlerins iraniens manifestent à La Mecque et lisent un message aux musulmans de l’ayatollah Khomeiny. Plusieurs d’entre eux sont interpellés. En août de l’année suivante, les autorités saoudiennes interpellent 103 pèlerins iraniens à leur arrivée à l’aéroport de Djeddah pour «raisons de sécurité». Accusés aussi de transporter des photos de Khomeiny et des tracts, ils seront libérés le 28 août. Le 31 juillet 1987, des affrontements à La Mecque, entre les forces de police saoudienne et des pèlerins, font 402 morts. Le 2 juillet 1990, 1426 pèlerins meurent asphyxiés ou piétinés dans un tunnel reliant La Mecque à Mina. Le 15 avril 1997, un incendie dans un camp de pèlerins à Mina fait 343 morts. Passons les bousculades d’avril 1998, mars 2001 et février 2003 qui se sont toutes produites durant la cérémonie de la lapidation de Satan à Mina, près de La Mecque, avec leurs lots de morts. Alors, à quoi servent les milliards de dollars que Riyad consacre aux travaux de réaménagement des Lieux Saints ? 7/ SECURITE INTERIEURE THEME 7 - 1 : Maeva, ex-marieuse de l'Etat islamique, face à la justice française Source, journal ou site Internet : Le Figaro Date : 28 septembre 2015 Auteur : Adressé par Elie Billaudaz - Pendant plusieurs mois, cette jeune femme de 21 ans aurait conseillé des Françaises tentées par le djihad. Elle leur aurait même proposé de leur trouver un mari sur place. Elle a été arrêtée cet été à son retour en France, selon RTL. Une jeune française de 21 ans, partie l'année dernière en Syrie, aurait joué le rôle de tour opérateur et d'agence matrimoniale pour le compte de l'Etat islamique. C'est en tout cas ce que raconte RTL ce lundi matin. Maeva, aussi appelée Oum Zahra (Oum signifiant «mère de» en arabe), est soupçonnée d'avoir recruté de jeunes françaises et de leur avoir proposé des maris djihadistes. Elle est aujourd'hui entre les mains de la justice. Tout commence au printemps 2014. La jeune femme arrive en Syrie pour faire de l'humanitaire et vivre sous la charia, rapporte RTL. Elle épouse un djihadiste et commence à recruter de jeunes françaises grâce à une connexion Internet et un téléphone portable. Derrière l'écran de son smartphone, elle leur raconte la vie sur place, les oriente vers des passeurs en Turquie et se propose de leur trouver un mari dans l'entourage de son époux. Et si ses jeunes recrues ne parviennent pas à venir, elle leur conseille de mener des opérations martyrs en France. Maéva est finalement rentrée en France cet été et s'est faite cueillir à la descente de l'avion. Face aux policiers et aux magistrats, elle s'affiche aujourd'hui comme une repentie. D'ailleurs, elle ne veut plus qu'on l'appelle Oum Zahra. 213 djihadistes de retour en France Avant elle, d'autres Français se sont présentés comme des djihadistes repentis. Parti entre septembre 2014 et mars 2015, Ali s'était confié au Parisien à son retour et avait raconté la barbarie de l'organisation terroriste. Aux policiers, il avait assuré n'avoir tué personne et ne pas avoir combattu pour Daech, même si les enquêteurs en doutaient. Un Roubaisien de 20 ans avait également témoigné dans les colonnes de La Voix du Nord en juillet dernier. Lui, déclare avoir participé au combat, avoir assisté à des massacres de femmes et enfants, avant de s'enfuir et de rentrer en France via la Turquie, l'Egypte et l'Algérie. Combien ont aujourd'hui quitté les rangs de Daech?Selon le dernier décompte du ministère de l'Intérieur, 278 Français se seraient enfuis, parfois épouvantés par la rudesse des combats et les décapitations auxquelles ils assistent. Une soixantaine de déserteurs ont récemment raconté leur désillusiondans un rapport publié par L'International Centre for the Study of Radicalization and Political Violence. Les conditions de vie sur place, brutalité à l'égard des civils, corruption... Ils avançaient plusieurs raisons à leur départ précipité de l'EI. En tout, ils seraient 213 Français à être revenus dans l'Hexagone. Une centaine d'entre eux seraient aujourd'hui en prison. 8/ ENERGIE - ENVIRONNEMENT – CLIMAT THEME 8 - 1 : COP 21 : le Brésil promet d'éradiquer la déforestation illégale en Amazonie Source, journal ou site Internet : Le Monde Date : 28 septembre 2015 Auteur : Claire Gatinois (Sao Paulo, correspondante) Adressé par Elie Billaudaz Une zone de déforestation illégale dans l'Etat de Para au Brésil en 2012. Nacho Doce / REUTERS Les médias brésiliens ont qualifié les objectifs d’« audacieux », le porte-parole de Greenpeace, d’« irréalistes ». Dimanche 27 septembre, à la tribune de l’Organisation des Nations unies (ONU), à New York, la présidente brésilienne, Dilma Rousseff, a annoncé la contribution de son pays pour contenir le réchauffement de la planète. Le pays entend réduire de 37 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2025 et de 43 % d’ici à 2030, prenant comme base l’année 2005. « Le Brésil est l’un des rares pays en développement à fixer un objectif de réduction des émissions en valeur absolue », a souligné la présidente, ajoutant que « ces objectifs sont tout aussi voire plus ambitieux que ceux des développés ». En juin, aux côtés du président américain Barack Obama à Washington, Mme Rousseff avait annoncé un objectif de réduction des émissions de 20 %, jugé alors bien timide. « Groupe des pays qui cherchent une solution » A quelques semaines de la conférence de Paris sur le climat (COP21), qui doit se tenir en décembre, la contribution du Brésil pour limiter le réchauffement planétaire à moins de 2 degrés était très attendue. La septième économie mondiale, géant de l’Amérique latine, pourrait donner le « la » à ses voisins. « La cible du Brésil est l’une des plus ambitieuses présentée jusqu’ici. La présidente Dilma démontre avec cette annonce que le Brésil veut quitter le groupe des pays qui font partie du problème pour intégrer celui des pays qui cherchent une solution », s’est réjoui Carlos Rittl, directeur de l’observatoire du climat. Sur le bouquet énergétique, « l’un des plus propres au monde », selon Mme Rousseff, le Brésil compte s’approvisionner à 45 % d’énergies renouvelables. La déforestation, principal fléau climatique du Brésil Mais c’est le sujet de la déforestation, principal fléau climatique du Brésil (les arbres étant un puits de carbone), que scrutent les experts. Au cours des quarante dernières années, 763 000 km² de forêt amazonienne ont été détruits. « L’équivalent de 184 millions de terrains de football rasés ou deux fois la superficie de l’Allemagne », rappelait en novembre 2014 au MondeAntonio Donato Nobre, 56 ans chercheur à l’Institut national de recherche spatiale du Brésil (INPE) et à l’Institut national de recherche d’Amazonie (INPA). Ambitieuse, Mme Rousseff a promis la fin de la déforestation illégale. L’engagement fait hausser les sourcils de Marcio Astrini, porte-parole de Greenpeace à Sao Paulo. « Ce plan reste fondé sur une loi qui a démontré qu’elle ne fonctionnait pas. Or Mme Rousseff ne propose rien pour changer cette politique. Son plan est irréaliste ! », dit-il. Comme d’autres experts, Marcio Astrini, ne digère pas l’assouplissement du code forestier en 2012 par celle que l’on appelle parfois « la tronçonneuse » ou « Miss Déforestation », la ministre de l’agriculture brésilienne, Katia Abreu. L’amnistie qu’elle a accordée aux coupeurs illégaux a envoyé un signal d’impunité dévastateur. « Le pays vit en ce moment une crise très grave et que nous dit Dilma ? Qu’elle va tenter d’ici les quinze prochaines années de faire appliquer la loi ! C’est moralement inacceptable », s’étrangle M. Astrini. THEME 8 - 2 : Pétrole. Shell ne forera plus au large de l'Alaska Source, journal ou site Internet : Ouest France Date : 28 septembre 2015 Auteur : Adressé par André Dulou et Jean-François Mazaleyrat sur un article de RFI " Etats-Unis: Shell interrompt ses forages en Alaska" Le groupe Shell plie bagages et se retire d Alaska | AFP Faute de perspectives, la compagnie pétrolière cesse ses forages en Arctique. Les écologistes se réjouissent. Les explorations auront duré moins de deux mois. Shell a annoncé lundi son retrait d’Alaska et l’arrêt des forages.Le géant pétrolier misait pourtant beaucoup sur cette zone, jugée très stratégique pour l’avenir du groupe. Pour preuve, un investissement de 7 milliards de dollars en Arctique. « Le résultat de l’exploration est clairement décevant pour cette partie du bassin, » a déclaré Shell dans un communiqué. Le puits Burger J abandonné « Burger J » se trouve au large de la ville de Barow en Alaska, dans la mer des Tchouktches. Les opérations de forage dans la zone ont commencé cet été, après l’accord de Barack Obama.La compagnie a foré « Burger J » jusqu’à une profondeur de 6 800 pieds (2 070 mètres). Les traces insuffisantes de pétrole et de gaz trouvées au fond sont une des explications au retrait de Shell. Burger J va être rebouché et abandonné. La baisse du prix du baril Un autre motif économique pèse dans la balance : la chute des cours du pétrole. Pour que le pétrole de la mer des Tchouktches soit concurrentiel, il faudrait qu’il coûte au moins 70 € le baril. Or, il est aujourd’hui situé sous la barre des 50 € le baril. Victoire des écologistes Les écologistes dénoncent le projet depuis le début. Au moment du feu vert donné par le président américain au groupe pour lancer ses explorations, Greenpeace dénonçait les « immenses risques pour les populations de l’Arctique, la faune et notre climat. » Lundi, Greenpeace et d’autres ONG environnementales saluaient une grande « victoire » THEME 8 - 3 : EDF veut doubler sa production d'énergies renouvelables en Europe d'ici à 2030 Source, journal ou site Internet : communication intraentreprise Date : 28 septembre 2015 Auteur : AFP Adressé par François Jouannet Le PDG d'EDF a annoncé que le Groupe souhaitait doubler son parc de centrales électriques basées sur les énergies renouvelables et se développer à l'international dans le cadre de son plan stratégique pour 2030. L'objectif d'EDF est de doubler son parc européen et français en 2030, et passer ainsi de 28 gigawatts (GW) à plus de 50 GW. Le Groupe veut en effet consacrer aux énergies renouvelables le maximum d'investissements sans remettre en cause les ressources nécessaires pour moderniser ou renouveler le parc nucléaire français et britannique. En matière d'énergies renouvelables, EDF ambitionne aussi de se développer hors d'Europe d'ici à 2030, en se fixant comme objectif d'être présents de façon significative dans trois à cinq pays en dehors de l'Europe, notamment dans le solaire et l'éolien. Pour cela, Jean-Bernard Lévy, PDG d'EDF a expliqué que des arbitrages serait à faire. Le Groupe a déjà placé sous revue stratégique l'ensemble de ses actifs dans les énergies fossiles, hors de France. Le PDG évoque également des cessions pour financer le projet de construction de deux réacteurs EPR en Grande-Bretagne à Hinkley Point, pour lequel EDF devra mobiliser des moyens supplémentaires par rapport à ce qui était prévu. Les projets nucléaires du groupe outre-Manche comprennent, outre les deux EPR d'Hinkley Point et deux autres envisagés à Sizewell, la construction d'un réacteur à base technologique chinoise, le Hualong, sur le site de Bradwell. EDF a enregistré des bénéfices quasi stables au premier semestre, tandis que son chiffre d'affaires progressait à 38,4 milliards d'euros grâce à un bon niveau de production du parc nucléaire en France. 9/ GEOPOLITIQUE DE LA CULTURE : THEME 9 - 1 : Pactiser avec Assad, la solution la plus efficace Source, journal ou site Internet : l'Echo (Belgique) Date : 28 septembre 2015 Auteur : Adressé par Jean-Claude Tourneur Les présidents de Russie et des Etats-Unis, Vladimir Poutine et Barack Obama, se rencontrent ce lundi pour évoquer l'éventualité d'une alliance avec le président syrien Bachar al-Assad. Pour que l'Occident parvienne un jour à mettre fin aux violences qui embrasent la Syrie et à contenir le groupe terroriste Daech, il doit faire cause commune avec le despote syrien, préconise le journal économique libéral L'Echo : "Des centaines de milliers de personnes fuient la guerre entre le pouvoir en place, les opposants au régime et les lames dudit État islamique, créant une crise humanitaire aux frontières et au sein de l'Europe. La Russie a par ailleurs choisi son camp et alimente militairement Bachar el-Assad. Après quatre ans d'enlisement, s'appuyer, très cyniquement, sur le despote syrien paraît la voie la plus efficace pour sortir de l'impasse." THEME 9 - 2 : Droits de l'homme : la voie Source, journal ou site Internet : l'Orient le Jour Date : 28 septembre 2015 Auteur : Emilie Sueur Adressé par Jean-François Mazaleyrat saoudienne Il y a une semaine, l'on apprenait, grâce à l'ONG UN Watch, la nomination de l'Arabie saoudite à la tête d'un groupe consultatif au sein du Conseil des droits de l'homme de l'Onu. La nomination a eu lieu en juin, mais l'instance onusienne, probablement gênée aux entournures, s'était bien gardée de le crier sur les toits. L'une des missions de ce groupe consultatif, présidé par l'ambassadeur de Riyad auprès des Nations unies, Fayçal Trad, est de sélectionner des candidats du monde entier pour plus de 70 postes de rapporteurs spéciaux, qui travailleront pour le Conseil sur des dossiers allant de la détention arbitraire aux violences faites aux femmes. L'actualité ayant plus d'un tour dans son sac, l'annonce de cette nomination intervient alors qu'un jeune opposant saoudien chiite, Ali Mohammad al-Nimr, pourrait être, dès jeudi, décapité puis crucifié en place publique. Selon certaines informations, il pourrait être ainsi exposé jusqu'au pourrissement de ses chairs. Ali Mohammad al-Nimr est accusé d'avoir participé en 2012, alors qu'il n'avait que 17 ans, à une manifestation contre le régime, d'attaque contre les forces de police et de jets de cocktails Molotov dans la région de Qatif, majoritairement chiite. Selon l'ONG Reprieve, qui assure la défense du jeune homme, c'est sous la torture que ce dernier aurait avoué. Aujourd'hui, seule une grâce royale peut épargner le pire à Ali Mohammad al-Nimr. Quelques pays, dont la France et les États-Unis, ont appelé, en des termes mesurés, l'Arabie saoudite à surseoir à l'exécution d'al-Nimr. Le Canada, lui, a fait preuve d'une honnêteté rare, déclarant que la priorité allait à la garantie d'un contrat d'armement de 13 milliards de dollars sur 14 ans avec l'Arabie saoudite. Paris doit, lui aussi, vendre au Liban pour 3 milliards de dollars d'équipements militaires financés par Riyad, qui est, par ailleurs, le premier client des États-Unis en matière d'armes. Depuis le début de l'année, le royaume wahhabite a exécuté 134 condamnés. Soit une exécution tous les deux jours et 44 de plus que l'an dernier, mineurs ou handicapés mentaux compris. « Trop souvent, les affaires où l'accusé est passible de la peine capitale sont jugées en secret dans le cadre de procédures sommaires et iniques, sans que le prévenu ne puisse bénéficier d'une assistance ni d'une représentation juridique au cours des différentes phases de sa détention et de son procès. Les accusés peuvent être déclarés coupables uniquement sur la base d'"aveux" obtenus sous la torture ou d'autres mauvais traitements, sous la contrainte ou par la ruse », écrivait début septembre Amnesty International. En prison, peut-être al-Nimr a-t-il croisé Raïf Badaoui, blogueur et militant saoudien qui, pour avoir appelé à la fin de l'influence religieuse dans les décisions du gouvernement, a été accusé d'« insulte à l'islam » et condamné à dix ans de prison et 1 000 coups de fouet. De manière générale, au royaume wahhabite, toute critique de la famille royale, des institutions religieuses et de l'islam est passible de poursuites. Le régime sait toutefois se montrer flexible si nécessaire. Quand la stratégie effrénée de développement de La Mecque, où une énième tragédie vient de se produire, implique la destruction de la maison présumée de Khadija, première femme du Prophète, pour en faire des toilettes publiques, ou celle d'Abou Bakr, compagnon du Prophète, pour construire un hôtel au luxe tapageur, ou encore celle de la mosquée Bilal datant de l'époque de Mohammad, personne, dans les cercles du pouvoir, n'y voit là une insulte à quoi que ce soit... 10/ GEOPOLITIQUE DE L’INFORMATION : THEME 10 - 1 : Taxer la bande passante pour imposer les GAFA : impossible, selon l'Arcep Source, journal ou site Internet : ZDnet Date : 28 septembre 2015 Auteur : La rédaction Adressé par Elie Billaudaz La question tourne comme une obsession pour le gouvernement : comment faire en sorte que les GAFA, les géants du Web, n'échappent plus à l'impôt en pratiquant l'optimisation fiscale. En début d'année, Fleur Pellerin, ministre de la Culture, préconise une taxe assise sur la consommation de bande passante de ces acteursafin de rétablir de l'équité fiscale. Son principe, comme l'expliquent nos confrères de NextInpact, consiste à corréler le niveau d'activité en France de ces géants mondiaux en se basant sur leur consommation de données. Et pour limiter les effets de bord pour les entreprises nationales, un seuil à partir duquel la taxe serait exigible serait défini. De plus, cette taxe serait déductible de l'impôt sur les sociétés. Et pour limiter les effets de bord pour les entreprises nationales, un seuil à partir duquel la taxe serait exigible serait défini. De plus, cette taxe serait déductible de l'impôt sur les sociétés, expliquait en février NextInpact. En juin, le ministère des finances missionne le régulateur des télécoms, l'Arcep sur cette question et notamment la faisabilité technique d'un tel dispositif. L'Arcep doit étudier et proposer des moyens de « mesurer le trafic sur la bande passante d’Internet ». Après études et consultations des acteurs concernés, la réponse du régulateur serait sans appel : un tel dispositif serait "techniquement impossible" à mettre en place. Selon les Echos, qui cite un bon connaisseur du dossier, "techniquement, dire que l’on installe un compteur aux frontières et que l’on regarde ce qui arrive sur le réseau français, cela ne fonctionne pas. Il n’existe pas de façon de s’assurer qu’on a un comptage fiable pour savoir qui envoie quoi sur le réseau". Les Etats-Unis au secours de l'Europe ? L'approche avait également été retoquée par Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat au Numérique : "Est-ce que cette solution technique là est la bonne ? Je ne le crois pas, ne serait-ce que parce que techniquement, ce serait simplement infaisable. On sait très bien que les flux passeraient par d’autres pays, d’autres tuyaux, et cela supposerait d’entrer dans des considérations techniques qui sont aujourd’hui infaisables". L'idée n'est pas nouvelle. Taxer la bande passante, défendue notamment par les ayants droit de la SACD, est une piste qui a déjà été examinée. Qu'il s'agisse de la taxe sur la publicité en ligne, au clic, sur l'e-commerce, sur les appareils connectés, sur l'assujettissement du cloud à la copie privée, sur la bande passante et la collecte et l'exploitation des données personnelles, aucune n'a cependant convaincu le CNNum, le Conseil national du numérique. Elles présentent toutes trop de désavantages en cas d'application dans le cadre français, estimait le Conseil. Fin 2013, Le ministre de l’économie, Pierre Moscovici avait donc tranché : il n’y aurait pas de taxation nationale sur le numérique en 2014. L’objectif de la France, via une réforme de la fiscalité internationale, était alors de rétablir de l’équité fiscale entre acteurs européens et extra-européens. L'OCDE a depuis livré lesconclusions de son plan d'actions BEPS. Aux Etats à présent de se concerter et d'agir. Et cela peut prendre du temps. Mais une fois encore, l'initiative en matière de fiscalité pourrait venir des Etats-Unis et non de l'Europe. Pour éviter de payer des impôts aux US, les multinationales conservent leurs fonds à l'étranger et en particulier dans des paradis fiscaux. La Maison Blanche prévoit donc une taxe exceptionnelle de 14% sur les profitsstockés à l'étranger. Les profits futurs seraient eux imposés à 19%. L'administration Obama aura toutefois besoin de l'appui des républicains au Congrès. THEME 10 - 2 : l'administration US cogite pour contourner le chiffrement des smartphones Source, journal ou site Internet : Silicon Date : 25 septembre 2015 Auteur : Jacques Cheminat Adressé par Elie Billaudaz Le gouvernement américain explore différentes pistes pour contourner le chiffrement des smartphones en pesant les avantages et les inconvénients de chaque solution. Après des demandes répétées d’accès aux contenus chiffrés des smartphones, l’administration Obama a demandé à un groupe de travail (composé de responsables du renseignement, des autorités militaires, etc) d’explorer des pistes pour contourner cette contrainte. Selon le Washington Post qui s’est procuré les notes de ce groupe de travail, quatre solutions ont été mises sur la table. Cependant, ce groupe ne veut pas entrer frontalement en conflit avec les fabricants ; les pistes proposées sont considérées comme « techniquement possibles » et ne pourront être mises en œuvre qu’en coopération avec les fabricants. Une rhétorique prudente pour éviter de focaliser l’attention et de générer des attaques. De manière pragmatique, le groupe donne les désavantages de chaque technique. Port dédié, update, fractionnement des clés, sauvegarde forcée La première solution est de demander aux constructeurs d’ajouter un port physique crypté sur leurs appareils. Les sociétés devraient s’engager à séparer un jeu de clé que les autorités judiciaires pourront utiliser sur mandat. La modification matérielle entraîne un coût supplémentaire pour les constructeurs américains, mais le groupe souligne que cette méthode limite les risques de cyberattaque. La seconde solution est d’exploiter les mises à jour automatiques des logiciels. Via un mandat d’un tribunal, le fabricant pourrait insérer un logiciel espion sur les smartphones ou tablettes visées par la décision de justice lors des mises à jour. Le groupe souligne que cette méthode pourrait « remettre en cause la fiabilité des canaux de mises à jour des logiciels et donc pousser les utilisateurs à ne pas actualiser leur terminal ». Troisième orientation évoquée, le fractionnement des clés de chiffrement. Une option imaginée par le directeur de la NSA, Michael S. Rogers au début de l’année. Les entreprises devraient diviser la clé de chiffrement en plusieurs morceaux. Seule une ordonnance d’un tribunal pourrait permettre la reconstitution complète de la clé pour accéder aux données. Le groupe de travail estime que ce système est complexe à mettre en œuvre et à maintenir. Enfin, la dernière idée préconise la création d’une « sauvegarde forcée » où les sociétés devront, sous mandat, télécharger les données chiffrées du terminal dans un espace non chiffré comme le Cloud. Le groupe de travail sait que ce processus ajoute des contraintes aux constructeurs qui devraient créer un canal de sauvegarde supplémentaire. D’autres experts évoquent des limitations techniques, si la sauvegarde doit utiliser le WiFi ou le réseau cellulaire des appareils, ou encore soulignent que le procédé génère des risques de sécurité supplémentaires. Le risque : l’utilisateur chiffre lui-même Pour les spécialistes de la sécurité, l’ensemble de ces méthodes s’apparente à la mise en place de backdoor, même si le groupe de travail préfère le terme de porte d’entrée. L’ajout d’éléments pour contourner le chiffrement risque de l’affaiblir, selon les mêmes spécialistes. Pire, le problème va se déplacer des entreprises vers les utilisateurs eux-mêmes qui prendront la décision de se protéger via des technologies tierces. Il existe pour cela des solutions Open Source disponibles sur le marché. L’exercice s’annonce donc difficile pour l’administration Obama. Des discussions vont avoir lieu avec les différents constructeurs comme Apple ou Google pour trouver un terrain d’entente. Si elles aboutissent… THEME 10 - 3 : Oculus Rift - Attention à l'emballement médiatique autour de la réalité virtuelle Source, journal ou site Internet : ZDnet Date : 28 septembre 2015 Auteur : La rédaction Adressé par Elie Billaudaz Des années déjà que la réalité virtuelle fait parler d'elle, sans jamais cependant que des produits destinés à un marché de masse ne voient réellement le jour. Plusieurs de ces casques de réalité virtuelle débarquent en novembre, dont celui d'Oculus VR, racheté l'année dernière par le géant des réseaux sociaux. Des analystes se montrent déjà très (trop ?) enthousiastes, estimant à 30 millions le nombre de casques qui pourraient se vendre chaque année dans le monde d'ici 2020. Attention néanmoins à l'emballement et à la désillusion qui pourrait en découler. Risque de surchauffe médiatique et de désillusion Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, préfère d'ailleurs pondérer les attentes. "La croissance sera lente" prévient-il. "Souvenez-vous de l'arrivée des ordinateurs ou des smartphones. Les premiers modèles mis en vente ne se sont pas vendus à des dizaines de millions d'unités la première année. Mais ils ont démontré une idée et l'ont rendue réelle." Plusieurs cadres d'Oculus VR ont eux aussi tenu à rappeler que cette technologie n'en était encore qu'à ses débuts. Pour le créateur de jeu et directeur scientifique d'Oculus, Michael Abrash, des décennies d'innovation attendent encore et un travail conséquent en recherche reste à accomplir pour améliorer la technologie. Ces précautions oratoires visent aussi à prévenir les déceptions, notamment des investisseurs qui ont investi ou investiront demain dans les entreprises du secteur. Un départ jugé trop lent pourrait conduire à une certaine défiance des marchés financiers et pénaliser plus encore le développement de cette technologie. "Vous devez aller au-delà du battage médiatique. Concentrez-vous sur la réalité" insiste l'analyste de Gartner, Brian Blau, lui-même un pionnier de la réalité virtuelle, plus de dix ans auparavant. Mais malgré sa mise en garde, Mark Zuckerberg n'en fait pas moins l'apologie de la VR, répétant ainsi que celle-ci pourrait être un bouleversement équivalent à celui du smartphone. "En quelques années, la VR est passée d'un rêve de science-fiction à une réalité incroyable" assure le patron de Facebook. "Tous, vous investissez dans la prochaine plate-forme majeure". A voir si celle-ci séduira effectivement en dehors du cercle des gamers. THEME 10 - 4 : Déréférencement élargi : pas de recours en grâce pour Google Source, journal ou site Internet : ZDnet Date : 21 septembre 2015 Auteur : Christophe Auffray Adressé par Elie Billaudaz En avril, la Cnil déclarait avoir reçu 260 plaintes relatives au droit au déréférencement. Pour 90 d’entre elles, l'autorité française avait demandé au moteur de revoir sa position. Mais elle souhaitait également que Google applique ce déréférencement à toutes les extensions de son service, dont le .com. Faute d'actions en ce sens de la part du géant américain, la Cnil a mis émis en juin une mise en demeure. Google avait en principe 15 jours pour se mettre en conformité. Mais la firme est toujours réticente et a déposé fin juillet un recours gracieux auprès de la Cnil. Une forme de censure d'après Google Dans un communiqué, le gendarme français des données personnelles fait savoir que ce recours a été rejeté par sa présidente Isabelle Falque-Pierrotin. "La société Google faisait valoir notamment que cette injonction entraverait le droit à l’information du public et qu’il s’agirait d’une forme de censure." La Cnil met en avant plusieurs raisons justifiant le rejet de ce recours. Elle estime ainsi, notamment, que les "extensions géographiques ne sont qu’un chemin d’accès au traitement" et que la limitation de l'application du droit au déréférencement à certaines extensions constituerait une solution permettant de le contourner "facilement". A l'argument de la censure, l'autorité répond que le "droit au déréférencement n’entraîne jamais la suppression de l’information d’internet". Seuls "certains résultats" disparaissent, en l'occurrence uniquement les recherches effectuées "sur la seule base du nom de la personne." Pas de droit au déréférencement absolu Le droit à l'information du public n'est pas non plus remis en cause, considère la Cnil. Car, par exemple, il "n’est pas possible de déréférencer un évènement". En outre, "ce droit [au déréférencement] n’est pas absolu". Le déréférencement "doit être concilié avec le droit à l’information du public, notamment lorsque la personne concernée est une personne publique, sous le double contrôle de la CNIL et du juge." Recours rejeté donc et obligation, "dès à présent", pour Google, de "se conformer à la mise en demeure." Google peut-il être sanctionné ? Oui, dans un second temps s'il ne déréférence par les résultats signalés sur l'ensemble de ses extensions. Faute de quoi, la présidente de la Cnil pourra désigner un rapporteur. Charge à ce dernier d'établir un rapport et de suggérer si nécessaire à la formation restreinte de l'autorité de prononcer une sanction à l'égard de Google. Cette sanction pourra atteindre 150.000 euros (300.000 euros en cas de récidive). THEME 10 - 5 : le plan de la Russie pour casser l'anonymat de Tor chavire Source, journal ou site Internet : silicon Date : 24 septembre 2015 Auteur : Ariane Beky Adressé par Elie Billaudaz Le plan du gouvernement russe pour démasquer les utilisateurs du réseau Tor prend l’eau. L’entreprise recrutée pour ce travail chercherait à se désengager du contrat. En juillet 2014, le ministère de l’intérieur russe se déclarait prêt à payer 3,9 millions de roubles (environ 52 380 euros au cours actuel) à toute personne capable d’infiltrer le réseau d’anonymisation de trafic Tor et d’obtenir des informations techniques sur ses utilisateurs. Une somme dérisoire par rapport aux investissements que d’autres gouvernements sont prêts à engager pour craquer Tor… Cependant, l’Institut central de recherche scientifique d’économie, d’informatique et des systèmes de commande rattaché à la holding électronique russe Rostec, a relevé le défi. Mais il semble que l’Institut tente désormais de se désengager du « contrat » établi avec le gouvernement russe pour pirater Tor. Selon l’agence Bloomberg, qui a consulté une base de données sur les achats publics russes, Rostec aurait accepté de verser 10 millions de roubles (plus de 134 000 euros) au cabinet d’avocats Pleshakov, Ushkalov & Partners pour négocier une sortie par le haut de ce dossier sensible. Tor en croissance en Russie Tor, le « routeur onion » est un réseau superposé. Il fonctionne grâce à des routeurs administrés par des individus ou des organisations participant au réseau et transmettant de manière anonyme des flux TCP. Il est difficile d’identifier ses utilisateurs, mais pas impossible. Dans le monde, Tor est adopté par des utilisateurs d’horizons variés : des hackers aux dissidents politiques, en passant par des cybercriminels et des lanceurs d’alertes. Parmi eux, Edward Snowden, l’administrateur système qui a révélé, en juin 2013, la surveillance de masse pratiquée par la NSA américaine. Depuis, il a obtenu l’asile en Russie. Dans le pays, le nombre d’utilisateurs de Tor aurait bondi de 40 % depuis le début de l’année, pour atteindre les 175 000 adeptes, d’après le projet Tor. Un projet « non lucratif » financé en partie… par le gouvernement américain. 11/ JOUR Par JOUR ... le 28 septembre 2015 THEME 11 - 1 : Evénements dont c’est aujourd’hui l’anniversaire Source, journal ou site Internet : l’internaute histoire Date : 28 septembre 2015 Auteur : Adressé par André Dulou 1106 28 septembre La Normandie retrouve l'Angleterre à Tinchebray Après la mort de Guillaume le Conquérant, le royaume anglo-normand fut provisoirement partagé, l’Angleterre revenant à Guillaume le Roux et la Normandie à son frère Robert Courteheuse. Mais après la mort douteuse du souverain anglais, victime d’un accident de chasse, c’est le dernier fils de Guillaume le Conquérant, Henri, qui s’empare de la couronne d’Angleterre, la soufflant à un Robert impopulaire. Cette guerre fratricide se termine lors du combat de Tinchebray, en Normandie. Henri Ier d’Angleterre inflige une sévère défaite à son frère Robert, le fait prisonnier et prend le commandement de la Normandie. Celle-ci est à nouveau rattachée à l’Angleterre. 1362 28 septembre Début du pontificat d'Urbain V L'élection de Guillaume de Grimoard au pontificat sous le nom d'Urbain V a lieu le 28 septembre 1362 à Avignon. Membre de l'ordre de Saint-Benoît, il a en charge les abbayes bénédictines les plus prestigieuses, et ne doit pas sa carrière à l'administration française. Urbain V est l'instigateur de missions dans le monde entier, de l'enrichissement de la bibliothèque pontificale, et il se distingue par son rôle d'arbitre dans la guerre de Cent Ans. Mort en 1870, il est le seul pape avignonnais bienheureux : il est béatifié en 1870, et considéré comme saint malgré l'absence de canonisation formelle. 1388 28 septembre Dédition de Nice à la Savoie Après la mort de Jeanne d'Anjou, assassinée en 1382, ne laissant derrière elle aucun héritier naturel, la Provence orientale se constitue en "nouvelle terre de Provence". Le 28 septembre 1388 est signée une charte qui scelle le rattachement de Nice à la Savoie par dédition. Le texte, composé de 34 articles, visait à protéger les Niçois contre la maison d'Anjou, une protection militaire et juridique, tout en préservant les privilèges de la ville. 1394 28 septembre Début du pontificat de Benoît XIII Le 28 septembre 1394, Pedro de Luna épouse le nom de Benoît XIII et endosse le rôle de pape d'Avignon pour un pontificat qui durera jusqu'à sa mort en 1423. Considéré comme un antipape par l'Église catholique, Benoît XIII succède alors à Clément VII et comptera parmi ses alliés les pays comme la France, la Castille, le Portugal, l'Aragon, l'Écosse ou encore le royaume de Chypre pour mener à bien ses missions. 1448 28 septembre Election du nouveau roi du Danemark, Christian Ier d'Oldenbourg Le 28 septembre 1448, Christian Ier d'Oldenbourg est élu roi de Danemark. Suite à la mort de l'ancien roi du Danemark Christophe de Bavière en 1448, l'union des trois royaumes (Danemark, Norvège et Suède) vola en éclats, et Christophe d'Oldenbourg fut élu roi du Danemark. Il régna également sur la Suède entre 1457 et 1464, et sur la Norvège entre 1450 et 1481, date de sa mort. 1538 28 septembre Victoire Ottomane à la bataille de Prévéza La bataille de Prévéza se déroula le 28 septembre 1538, en Grèce, au cours de la guerre vénéto-ottomane. Elle opposa l'amiral Khair ad-Din, dit Barberousse, à la Sainte Ligue, commandée par l'amiral génois Andréa Doria. Malgré sa supériorité numérique, l'alliance chrétienne s'inclinera. Il s'agit de la plus grande victoire navale de la flotte ottomane. Malgré cela, Venise put conserver la Crète et Chypre. 1567 28 septembre Tentative d’enlèvement de Charles IX Redoutant les conséquences des négociations de Catherine de Médicis avec l’Espagne catholique, le prince de Condé organise l’enlèvement du roi Charles IX. Mais le projet échoue. C’est ainsi que s’ouvre la seconde guerre de Religion. En novembre, les protestants essuieront une défaite cuisante contre le duc de Montmorency à Saint-Denis et se décideront à signer la paix de Longjumeau. 1637 28 septembre Bataille de Leucate et victoire des Français sur les Espagnols Situé au sud de Narbonne, le château de Leucate fut pendant cinq siècles une place forte et un point d'observation privilégié. Il permettait en effet d'observer la frontière entre la France et le royaume d'Aragon. Pendant la Guerre de Trente ans, l'armée française et l'armée impériale espagnole se rencontreront au pied du château. Les Espagnols posent le siège. Le 28 septembre 1637, les Français remportent la victoire sur les Espagnols qui doivent retourner de l'autre côté de la frontière. Le château sera rasé sur ordre de Louis XIV après la signature du Traité des Pyrénées en 1659. 1660 28 septembre Mort de Saint Vincent de Paul Le prêtre charismatique Vincent de Paul meurt à Paris à l'âge de 79 ans après avoir dédié toute sa vie à la religion catholique et aux pauvres. Né à Pouy, ou Paul, dans les Landes en 1581, il est issu d'une famille très pauvre. Ordonné prêtre en 1600, il entre à la cour du Roi en tant que précepteur de la reine Margot et devient le disciple du cardinal Pierre de Bérulle. Il prend conscience que la religion indiffère de plus en plus les Français et décide de la populariser à nouveau en devenant curé de campagne. Il fonde plusieurs confréries charitables, notamment les Filles de la Charité ou Soeurs de Saint Vincent-de-Paul au service des enfants trouvés, des malades et de tous les nécessiteux. Sa dépouille repose dans la chapelle des lazaristes, au cœur de Paris. Il sera canonisé en 1737. Le village qui l'a vu naître porte aujourd'hui son nom : Saint Vincent de Paul. 1698 28 septembre Naissance de Pierre Louis Maupertuis. Pierre Louis Moreau de Maupertuis de son vrai nom est né le 7 juillet 1698. Il est un mathématicien, un philosophe, un naturaliste, un astronome et un physicien français. C'est à lui que l'on doit le principe de moindre action, il est aussi le précurseur de l'idée du transformisme. Il publie de nombreux livres qui illustrent ses idées. Il est influencé par Newton, Leibniz et Descartes notamment. A son tour, il influencera par la suite Euler, Diderot, et Kant. Il trouve la mort le 27 juillet 1759. 1708 28 septembre Bataille de Lesnaya Durant la Grande guerre du Nord, Charles XII de Suède s'apprête à envahir la Russie tandis que Pierre Ier de Russie reconquiert la Livonie. Le roi de Suède demande à Adam Ludwig Lewenhaupt, qui commande une armée à Riga, de venir le rejoindre avec ses 13 000 soldats en Pologne. Avec 5 000 soldats et 8 000 cavaliers, les Russes décident d'attaquer cette armée le 28 septembre 1708, lors de la bataille de Lesnaya. Bien qu'ils soient en infériorité numérique, ils parviennent à vaincre les Suédois, faisant 4 000 victimes et 1 000 prisonniers. Cette victoire redonne confiance à l'armée russe, en pleine voie de modernisation. 1719 28 septembre Début du règne de Muhammad Shah Le 28 septembre 1719, Muhammad Shah monte sur le trône de l'Empire moghol, grâce à l'aide des deux généraux, Abdullah Khan et Syed Hussain Ali Khan. L'empire se morcèle durant son règne, et est envahi sans difficulté par l'empereur perse, Nader Shah. Des révoltes sont réprimées par les Perses, et l'empereur moghol doit offrir le trésor royal en échange de la liberté de son royaume. Il décède en 1748. 1748 28 septembre Suppression des galères Louis XV prend une ordonnance abolissant l'institution des galères. La condamnation aux galères équivalait à une condamnation capitale tant les conditions à bord des bateaux étaient difficiles et les punitions permanentes. Les guerres de Louis XIV terminées, l'entretien de la flotte ne nécessitait plus des équipages si nombreux : les condamnés aux travaux forcés seront désormais en majorité envoyés au bagne et employés à des travaux de construction des ports et des forts. 1791 28 septembre Loi sur l'émancipation des juifs en France La loi attribue aux juifs de France la statut de citoyen au même titre que les autres. Il seront désormais considérés comme français avant tout et pourront librement s'intégrer dans la société. Depuis l'avènement des idées humanistes développées au cours du "siècle des Lumières", la condition des juifs s'était considérablement améliorée. Le port de la rouelle, une pièce de tissu ronde qu'ils devaient porter pour se distinguer, a été aboli à la même époque. 1825 28 septembre Premier transport de passagers en train Le mécanicien anglais Georges Stephenson, véritable inventeur de la locomotive, crée la première ligne ferroviaire ouverte au public. Elle est à usage commercial et relie Stokton à Darlington. L'Angleterre est le premier pays à se doter de lignes de chemin de fer. En 1829, il mettra au point la "Fusée", une locomotive qui bat tous les records de vitesse. 1837 28 septembre Bahadur Shah II monte sur le trône. Muhammad Bahâdur Shâh, plus connu sous le nom de Bahâdur Shâh Zafar ou de Zafar (son nom de poète), naît le 24 octobre 1775. Il est le fils de Muhammad Akbar Shâh. A la mort de ce dernier, il monte sur le trône, alors âgé de 62 ans. Malgré cela, il ne dispose que de peu de pouvoirs étant donné que l'Inde est contrôlée par la Compagnie anglaise des Indes orientales. A ses heures perdues, cet empereur est comme son père et son grand-père, un poète. Ses sujets de prédilections sont l'amour et le mysticisme. Son règne se termine lorsqu'il décède à l'âge de 87 ans en Birmanie. Par ailleurs, il sera le dernier empereur moghol. 1854 28 septembre Naufrage de "L'Artic" Le bateau à vapeur sombre dans l'océan Atlantique avec 300 personnes à son bord. Ce naufrage est la première grande catastrophe survenue à un bateau de ce type. 1863 28 septembre Naissance de Charles Ier du Portugal Charles Ier naît à Quintal, de Louis Ier et de Maria Pia de Savoie. Le 10 octobre 1889, il devient roi du Portugal. Son règne est marqué par la faiblesse économique du Portugal, qui sera déclaré deux fois en faillite. Le 1er février 1908, il est victime d'un attentat orchestré par des terroristes de la Carbonaria républicaine portugaise. Son fils aîné, Louis-Philippe, y perd la vie, tandis que son second enfant est simplement blessé. 1892 28 septembre « Le Journal » sort dans les kiosques Fernand Xau fonde le « le Journal » dans une perspective littéraire. Vendu à prix modique, le quotidien se destine au petit peuple parisien et remporte rapidement le succès escompté. Il s’appuiera sur l’édition de feuilletons, dont certains seront rédigés par Barrès, Zola ou encore par Alphonse Allais. Une fois encore dans l’histoire de la presse, les bouleversements politiques et culturels liés à la Seconde guerre mondiale lui seront fatal. 1895 28 septembre Décès de Louis Pasteur Louis Pasteur naît en 1822, et entre à l'Ecole normale pour étudier la chimie et la physique. Ses travaux universitaires s'intéressent à la fermentation. Il est le premier à faire le lien entre la recherche fondamentale et le milieu industriel, en l'occurrence les brasseries de Lille. En 1881, il élabore le vaccin contre le charbon des moutons puis découvre, en 1885, le vaccin antirabique, lui apportant une couverture internationale. Décédé en 1895, il lègue l'institut Pasteur, fondé en 1888. 1915 28 septembre Naissance d'Ethel Rosenberg Née à New York le 28 septembre 1915, Ethel Rosenberg est arrêtée pour espionnage avec son mari Julius pendant la guerre froide. En 1949, alors que l'URSS a récupéré assez d'informations des États-Unis pour se doter à son tour de la bombe atomique, le sénateur Joseph McCarthy lance la « chasse aux sorcières ». Dès l'année suivante, les époux Rosenberg, couple juif et communiste newyorkais, sont arrêtés. Jugés en 1951, ils sont exécutés en 1953 à la prison de Sing Sing alors qu'ils n'ont cessé de clamer leur innocence. 1922 28 septembre Le roi Constantin de Grèce abdique Le roi de Grèce Constantin Ier est contraint d'abdiquer sous la pression de son armée. Le conflit qui opposait le pays à la Turquie est une véritable déroute pour les grecs. La Grèce perd l'Anatolie qu'elle détenait depuis l'antiquité. Les militaires, ne supportant pas d'avoir été vaincus par les Turcs, exigent que les responsables de cette déroute soient punis et se mutinent. Le roi se retire. Il cède la couronne à son fils, Georges II. 1934 28 septembre Naissance de Brigitte Bardot Brigitte Bardot, actrice et chanteuse française, est née le 28 septembre 1934. À l'aube des années cinquante, elle devient une véritable figure féminine internationale. Femme fatale, elle est le symbole de l'émancipation féminine et de la libération sexuelle. « BB » de son surnom, elle a fondé une association de défense des animaux, la fondation Brigitte, en 1973, lorsqu'elle met un terme à sa carrière d'actrice. 1950 28 septembre L’Onu reprend Séoul Après avoir eu de lourdes difficultés autour de Pusan (Busan), la contre-offensive de l’ONU renverse le cours de la guerre de Corée en avançant rapidement pour prendre Séoul. Dès lors, les Nord Coréens ne peuvent que reculer jusqu’à ce que les troupes de l’ONU, sous le commandement de MacArthur, s’emparent de la quasi-totalité du territoire. Mais l’intervention des volontaires chinois renversera à nouveau le cours de la guerre. 1958 28 septembre Naissance de la Cinquième République Les Français approuvent massivement (à 79,25 %) le référendum sur la nouvelle constitution proposé par le général de Gaulle. Le texte instaure un régime semiprésidentiel où les pouvoirs du président sont étendus et ceux du Parlement réduits. Le Président du conseil disparaît pour laisser place au Premier Ministre. 1973 28 septembre Fernand Raynaud se tue dans un accident de voiture Le comique français meurt tragiquement dans un accident de voiture à l'âge de 47 ans. Ce fils d'ouvrier de Clermont-Ferrand avait décidé d'échapper à l'usine Michelin pour devenir comédien. Dans ses sketches, dont l'éternel "22 à Asnières", Raynaud incarne l'image du français moyen avec ses travers et ses manies. Avant son accident, il avait l'intention de se retirer de la scène pour aller s'installer en Nouvelle-Calédonie avec sa famille. 1978 28 septembre Décès du Pape Jean Paul 1er 33 jours seulement après son accès sur le trône pontifical Albino Luciani, Jean Paul 1er, meurt soudainement. La religieuse chargée de le réveiller à cinq heure du matin l'a trouvé mort dans son lit, victime d'un infarctus. Réputé pour sa douceur et sa sensibilité à l'égard de la condition ouvrière, le Pape était le fils d'un maçon socialiste et d'une employée d'hospice. Le 22 octobre, c'est le polonais Karol Jozef Wojtyla qui lui succèdera sous le nom de Jean Paul II. 1983 28 septembre Première diffusion des Cités d'Or ANTENNE 2 diffuse pour la première fois "Les Mystérieuses Cités d’Or", dessin animé issu d’une collaboration entre des entreprises françaises, luxembourgeoises et japonaises. Série constituée de 39 épisodes de 28 minutes, elle retrace le parcours du jeune orphelin Esteban qui part de Barcelone pour découvrir les cités d’Or mais aussi, et surtout, son père. Il rencontre lors de son périple la jeune inca Zia et Tao, descendant du peuple Mu, qui l’accompagnent tout au long de son périple. 1991 28 septembre Le sorcier du jazz ne jouera plus Le trompettiste américain Miles Davis meurt à 65 ans. Pionnier du jazz "moderne", le jazz-rock, Miles est un provocateur et un dandy. Après avoir débuté avec Charlie Parker en 1946, il forme en 1955 un quintet de rêve avec John Coltrane, Red Garland, Paul Chambers et Philly Joe Jones. Il joue, selon son expression, "de la grande musique noire". 1992 28 septembre Naissance d'Arte La chaîne de télévision franco-allemande accède au cinquième réseau hertzien en France. Diffusée uniquement sur le câble et le satellite depuis le mois de mai, la chaîne culturelle européenne peut être désormais regardée dans toute la France sur le canal 5. 12/ REVUE de PRESSE INTERNATIONALE en langue étrangère THEME 12 - 1 : Second-guessing Vladimir Putin's Intentions in Syria Source, journal ou site Internet : The Voice of America Date : 27 septembre 2015 Auteur : Adressé par Jean-Claude Tourneur FILE - Russian President Vladimir Putin, shown in 2014, plans to address the U.N. General Assembly on Sept. 28, 2015. His country has ramped up its military presence in Syria. Each day brings new reports of heightened Russian military activity in Syria. For more than four years, Russia has suggested it was open to a political solution to the crisis in Syria, but by expanding military operations there, it has sent a clear signal to the West that dialogue is no longer an option. Russia’s defense minister reassured the United States its actions are "defensive in nature." For the moment, the U.S. has accepted that explanation. Secretary of State John Kerry told reporters Tuesday that Russia’s military buildup "represents basically force protection." But some analysts aren't buying Russia’s explanation and cite a variety of reasons why they believe Russia is in Syria for the long haul. They’ll be paying close attention to what Russian President Vladimir has to say in a speech to the United Nations Monday. Location is everything. The Syrian government of Bashar Al-Assad controls, at best, 20 percent of the country, according to Christopher Harmer, a senior naval analyst with the Institute for the Study of War’s Middle East Security Project. "Russia really only needs the coastline and the capital, Damascus. Who cares about the desert to the east," Harmer said. The key to nearly everything Putin does, said Harmer, lies in remarks he made a decade ago, when he called the collapse of the Soviet Union "the greatest geopolitical catastrophe of the century." "Putin wants to reestablish Russia as the second superpower in the world behind the United States. But in order to do that, it has to have a worldwide-deployable navy," said Harmer. "And in order to have a worldwide-deployable navy, you’ve got to have foreign bases." The AssadREGIME controls only those areas of Syria marked in red, as of Sept. 14, 2015, in this map from the Institute for the Study of War. After the fall of the Soviet Union, Russia lost all of its former foreign military bases, save for Tartus, a small depot on Syria’s Mediterranean coast. Tartus allows Moscow to maintain a presence in the Mediterranean, giving it access to its sole remaining Middle East ally and allowing it to possibly cultivate new ones. "Russia wants to maintain a role in the IsraeliPalestinian peace process, so having some influence in the region is important for that," said Dmitry Gorenburg, a Harvard University expert on Russian military reform. "In addition, following the return of the military government in Egypt, they've been trying to develop ties there in terms of both arms sales and political influence." The Mediterranean also offers Russia access to the Red Sea through the Suez Canal and the Atlantic, via Gibraltar. And it allows Russia to protect critical shipping lanes from the Black Sea. The Kremlin’s escalation in Syria coincides with the Iran nuclear deal – and normalized relations between Iran and the West. It also follows a visit to Moscow by Iran Quds Force commander Qassem Suleimani. "Given the changing dynamics in the Middle East, Russia may be trying to increase its influence and form a strategic coalition with Iran," said Kilic Bugra Kanat, an assistant professor of political science at Penn State Behrend. "And improving the relationship and coordinating actions with Iran on the ground in Syria may actually increase its influence projection capability across the region." Invested in Syria Moscow and Damascus established economic relations in the 1950s. When the Soviet Union collapsed in 1991, Damascus still owed Moscow about $12 billion in loans it couldn’t afford to pay back. Russia forgave about three-quarters of the debt. In exchange, Syria agreed to pay off the balance in 10 annual cash payments, to purchase Russian weapons and give Russian companies preferential access to its oil. The Moscow Times valued Russian exports to Syria in 2010 at more than $1 billion and private investments in Syria’s infrastructure, energy and other industries at about $20 billion. "So if Assad steps down from power, those contracts would fall through," said Anna Borshchevskaya, a fellow at the Washington Institute who focuses on Russia's policy in the Middle East. While this isn’t enough to trigger an economic collapse, it could dent an economy suffering from low oil Prices and Western sanctions. And that, in turn, could spell trouble for Putin ahead of parliamentary elections in 2016 and a presidential election in 2018. Putin’s popularity in Russia soared after he annexed Crimea in March 2014. Taking a more active role in Syria could distract the population’s attention away from higher prices and lower living standards. The view from Moscow Analysts and policymakers in Moscow are offering the Russian public a different explanation for the uptick in military activity in Syria. It’s actually the West that is looking to take military action in Syria, Yevgeny Satanovsky, president of the Moscow-based Institute of Middle Eastern Studies, recently told the Moscow Times. Russia, he said, is merely looking to prevent a repetition of what happened in Libya. "Then-President Dmitry Medvedev trusted the West to handle it [Libya] and we now see a country in ruins,: Satanovsky said. Putin has long regretted the fact that Russia abstained from the 2011 U.N. Security Council vote enabling a no-fly zone in Libya, which resulted in the ouster of Muammar Gaddafi. In a separate interview with Sobesednik Online last week, Satanovsky offered another excuse for Russian intervention in Syria. "The U.S., Saudi Arabia and Qatar are trying to get rid of [Syrian President Bashar] Al-Assad so that with the support of his opponents they can build a pipeline for Qatari gas to southern Europe," Satanovsky said. FILE - One of the most prominent foreign fighters in Syria is Chechen Muslim Shishani, who leads the Islamist Junud Ash Sham group. He’s shown at Jisr ash-Shugar in a YouTube video screengrab on April 21, 2015. Syria as ‘honeypot’ Putin has billed the buildup in Syria as an effort to combat the Islamic State group – with or without U.S. help. But many scholars are skeptical. If Putin were merely there to fight ISIS, it wouldn't have sent combat planes or surface-to-air missiles, "considering that neither ISIS nor the opposition [has] an air force," said Kanat. ISW’s Chris Harmer suggests that Russia actually benefits from ISIS' presence in Syria and Iraq. "Syria is a ‘honeypot’ for separatists," Harmer said. Among "Chechans, Ingushetians, Dagostanis, even Georgians, there are a lot of ethnic separatists on Russia's southern border who [are] going over to fight with ISIS in Syria, and that makes life much better for Russia." Russia would be happy, he said, if the fight against ISIS were to continue"more or less indefinitely." As for the Washington Institute's Borshchevskaya, she cautioned the U.S. not to take the Russian military buildup in Syria calmly "because Putin perceives weakness, and if he does, he just keeps going. "This is what he’s been doing in the last several years," she said. "He needs to perceive a strong hand and then he’ll stop. THEME 12 - 2 : Europe's MBDA to market U.S.-made rocket conversion system Source, journal ou site Internet : UPI Date : 28 septembre 2015 Auteur : Adressé par Jean-Claude Tourneur MBDA is to market the Advanced Precision Kill Weapon System laser-guided rocket in Europe for BAE Systems of the United States. The marketing agreement was signed this week. "MBDA's position as a prime weapon systems integrator in Europe, and the existing relationship between BAE Systems and MBDA, made this agreement a natural fit," said David Harrold, director of precision guidance solutions at BAE Systems, Inc. "As part of a global campaign, we anticipate this joint marketing effort will create a channel to meet the increasing demand from the European market for the APKWS rocket." The Advanced Precision Kill Weapon System, or APKWS, is a mid-body guidance section fitted between the motor and the warhead of standard unguided 70 mm rocket, which turns it into a precision laser-guided weapon. The transformation process requires no modifications to the rocket, launch platform, or fire control/launcher system. "The APKWS rocket offers our customers high precision at a low cost," said Paul Mead, group business development director at MBDA. "The system is suitable for a wide range of rotary and fixed wing platforms and complements our existing portfolio." Specific details of the marketing agreement were not disclosed. THEME 12 - 3 : Putin's power plays Source, journal ou site Internet : The Washington Post Date : 28 septembre 2015 Auteur : Anne Applebaum Adressé par Jean-Claude Tourneur It is always tempting, when writing about the Russian president, to lapse into geopolitical waffle. Though the Cold War ended a quarter century ago, we are still accustomed to thinking of Vladimir Putin as a global actor, a representative of eternal Russian interests, the inheritor of czarism/Lenin/Stalin, a man who inhabits a Kissingerian world of state actors who compete against other state actors for control over territory, all of them playing a gigantic game of Risk. To those wearing this particular set of rose-colored glasses, Putin’s recent foray into Syria makes a certain kind of sense. His amazingly well-timed decision — just before the U.N. General Assembly session! — to send hundreds of Russian soldiers, 28 fighter jets, helicopters, tanks and artillery has been variously described as a bid to re-enter the modern Great Game of the Middle East; to extend Russian influence to the Mediterranean; to shore up the Iranian government; and to displace the United States as a regional leader. All of which misses the main point. For Putin’s entry into Syria, like almost everything else that he does, is part of his own bid to stay in power. During the first 10 years he was president, Putin’s claim to legitimacy went, in effect, like this: I may not be a democrat, but I give you stability, a rise in economic growth and pensions paid on time. In an era of falling oil prices and economic sanctions, not to mention vast public-sector corruption, that argument no longer works. Russians are demonstrably poorer this year than they were last year, and things look set to get worse. And so his new argument goes, in effect, like this: “I may not be a democrat and the economy may be sinking, but Russia is regaining its place in the world — and besides, the alternative to authoritarianism is not democracy but chaos.” In fact, Putin does not have the military muscle to project genuine influence into the Middle East. He won’t be able to build up his forces stealthily, as he did in Ukraine. Nor does he get anything of material or strategic importance out of his alliance with the embattled Syrian dictator, Bashar al-Assad. But he will attain the appearance of influence, and that’s all that matters. It could certainly be useful abroad: Together with his appearance at the U.N. for the first time in a decade and his long interview with Charlie Rose, it might — indeed, almost certainly will — help draw U.S. and European attention away from the humanitarian disaster he has created in eastern Ukraine, and help lift the sanctions that are dragging down the Russian economy and hitting the wallets of some of his closest friends. But the appearance of influence is even more useful at home. You and I might assume that the prospect of a Russian street revolution is far-fetched, but Putin, having watched what happened in East Germany in 1989 from his KGB office in Dresden, and having then watched what happened to Moammar Gadaffi in 2011, clearly worries about it quite often. To stave off this fate, his state-controlled television rumbles on constantly about the fecklessness of Europe and the corruption of America — just in case any Russians are tempted by the lure of democracy — as well as the total chaos that his policies have helped foment in Syria. The arrival of Russian troops, some in transit directly from the Ukrainian border, is designed to reinforce this message: Putin is ready to help another dictator reestablish dictatorship, reassert control and imprison all of his enemies, in Syria and, if needed, in Russia too. This is not what he’s going to say. Putin has just told Charlie Rose that Assad should negotiate with the “rational opposition,” that “only the Syrian people are entitled to decide” who should rule them. But Assad has already murdered quite a lot of what used to be the rational opposition, often using Russian weapons. And the “Syrian people” haven’t had much say in who sells weapons to Assad, who arms the Islamic State and who fuels the conflict in their country. Of course, the Syrian people aren’t really the point here — and the Russian people aren’t either. Putin’s invasion of Ukraine has been bad for his countrymen and bad for his country — for its economy, its image, its influence — and a tragedy for Ukraine. Expect the same kind of outcome from his incursion into Syria too THEME 12 - 4 : Poland, Norway Could Team on Sub Program Source, journal ou site Internet : defense news Date : 27 septembre 2015 Auteur : Jaroslaw Adamowsku and Gerard O'Dwyer Adressé par François Jouannet WARSAW and HELSINKI — Poland is planning to purchase three submarines armed with cruise missiles by 2023 and the Defense Ministry is considering a joint procurement with other NATO member states, with Norway as a potential partner. "Poland and Norway share a joint interest, which is ensuring security and stability in the Baltic Sea," said professor Marek Jablonowski, a political scientist from the University of Warsaw. "Poland has intensified efforts … to develop joint projects in the field of defense, mostly with its neighbors. This could be another dimension [of such cooperation]." Poland’s Deputy Prime Minister and Defense Minister Tomasz Siemoniak, during his Sept. 14 meeting with his Swedish counterpart, Peter Hultqvist, said, "the Baltic Sea has become a dangerous zone, which is why it is necessary and justified to tighten the military cooperation between Poland and Sweden." Norway’s decision to examine the potential for industrial cooperation with Poland in submarine design and construction stems directly from the similarities between the future sub requirements of both countries, according to Norway’s Ministry of Defense. A statement from the MoD noted that the commonalities in future needs makes it worthwhile to "investigate cooperation with Poland with regards to procurement, maintenance, sustainment and operations of new submarines. Norway will continue discussions with Poland to investigate the potential for cooperation," the statement said. Initial discussions over possible industrial cooperation were opened by Polish and Norwegian MoD officials in Kielce, Poland, during the International Defense Industry Exhibition MSPO 2015 event, which was held in the first week of September. Norway’s six Ula-class submarines were built and delivered to the Norwegian Navy in 1987-1992. Acquisition of spare parts is now becoming a greater challenge for the Navy. The MoD started a planning process in 2007 to evaluate options pertaining to the future of the Ula-fleet. In 2014, the Norwegian government decided to focus on a new submarine class rather than conducting a life-extension program on the existing Ula vessels. "A project for new submarines is currently in the definition phase, and a recommendation will be presented to the government in 2016," the MoD said. Norway plans to adopt an evolutionary approach to the submarine project, framing its procurement on an existing design from an experienced shipyard. The MoD believes this will reduce the need for extensive development, which could potentially add risk and cost. The Norwegian government is also keen to leverage its advanced submarine technologies and capabilities, including Kongsberg’s combat systems, which are currently in use in the Ula as well as German and Italian U212A-class submarines. Norway, the MoD said, will use the procurement of new submarines as an opportunity for the country’s defense industry to participate and secure key contracts. The Ula-class subs are due to reach the end of their operational life in the mid-2020s, so the MoD aims to have all construction contracts signed before 2020. Norway expects that delivery of the first submarine in the new class will take place around six to seven years after a contract is signed, potentially within the time frame of 2023-2024. "The procurement cost of new submarines will be substantial. Cooperation in the area of future submarines could be very beneficial in order to achieve economies of scale, cost savings and synergies. Norway is interested in finding long-term partners for an extensive cooperation," the MoD says. Last September, Poland’s Deputy Defense Minister Czeslaw Mroczek unveiled plans to buy new submarines under a joint procurement with other NATO member states. Mroczek said the Polish ministry is "considering to jointly acquire the submarines, for instance with Norway and the Netherlands." Currently, Warsaw and Oslo are exchanging information on their plans related to acquisitions of new submarines for their respective navies. A joint procurement with Norway would allow the Polish government to significantly reduce thePROGRAM ’s cost, according to Mroczek. "We are completing works on the initial tactical-technical terms, a description of what type of submarines we want to acquire, and with what weapons. It has already been confirmed, and there is no doubt here, that we will acquire cruise missiles for these three vessels," Mroczek told local news agency PAP Sept. 6. The ministry plans to withdraw its existing submarines from service once new units are delivered to the Navy, he said. Currently, the Polish armed forces own four Kobbenclass subs, and one Kilo-class submarine. This follows an announcement made in May by Siemoniak that the Polish government plans to purchase cruise missiles for the new submarines. Under the plan, Poland is to acquire 24 missiles for the three submarines, of which two are to be delivered to Poland by 2022, and a third by 2023, the Defense Ministry said in its Military Modernization Plan for the years 2013-2022. In March, Siemoniak announced that Warsaw was in talks with Washington and Paris over the potential cruise missile deal that would be implemented under the ministry's Polish Claws program, which aims to significantly boost Poland’s deterrence capacity. France, US Could Supply Cruise Missiles One option is to acquire Tomahawk cruise missiles from the US. The second option regards acquiring naval cruise missiles from France if Poland decides to purchase French-designed Scorpene submarines. Paris has reportedly agreed to procure submarines and long-range missiles for Warsaw, according to information obtained by local daily Gazeta Wyborcza. Should the deal go through, Poland would become the third country to operate such longrange missiles, along with the US and UK. The Tomahawk is produced by Raytheon. As earlier reported, Poland aims to launch its submarine tender in the fourth quarter of 2015, according to the Deputy Defense Minister Maciej Jankowski. Norway is also investigating the potential for cooperation with other nations. Sweden, Poland and the Netherlands are the most obvious industrial partner nations for Norway, said Henk Rutten, an industry analyst based in The Hague. "It is possible that a future collaboration could include more than two nations. Sweden is certainly an interested party. Although Sweden has not made a formal approach to Norway as yet, there is dialogue at an unofficial level," said Rutten. Last spring, Lena Erixon, the then-director general of Sweden’s military procurement agency, FMV, identified Norway and the Netherlands as potential partner nations. Sweden and Saab are hoping that Norway will select the new A26 sub, or a variant, as its future submarine type. The Netherlands is primed to replace its 2,756-ton, life-extended Walrus subs after 2025. The submarines entered service in the 1990s. Saab is contracted to deliver two A26-class submarines, at an estimated cost of US $1.4 billion, to the Swedish Navy by 2022. However, the budget is fully funded and the program is not dependent on Saab finding an industrial-cooperation partner. "While the A26 program is fully budgeted, our interest in finding a partner is not so much about reducing the final bill as a desire to reduce future costs. By partnering with other countries we will be able to share both future development and maintenance costs and achieve a more even production volume," said Erixon. Saab has an industrial teaming agreement with the Dutch Damen Shipyard. The deal reflects the extent of Swedish state backing for Saab in its longterm goal to build a robust and competitive underwater naval capacity centered around Saab Kockum’s underwater division. THEME 12 - 5 : Russia, Brazil Sign Contract for Glonass Ground Measuring Station Source, journal ou site Internet : Sputnik Date : 28 septembre 2015 Auteur : Adressé par Jean-Claude Tourneur Moscow and Brasilia have signed a contract on the placement and operation of a measuring ground station for the Russian Glonass satellite navigation network in Brazil's southernmost state of Rio Grande do Sul. The document was signed by General Director of Russia's Scientific and Production Corporation Precision Instrument Systems Yuri Roy and rector of the Federal University of Santa Maria Paulo Burmann. Russia currently operates two ground stations in Brazil and a third facility is planned for the fourth quarter of 2015. Glonass, a global navigation system operated by the Russian Aerospace Defense Forces, currently consists of 28 satellites, allowing real-time positioning and speed data for surface, sea and airborne objects around the world. Last month, the Nicaraguan Institute for Telecommunications (Telcor) signed an agreement with Russia on the construction of Glonass ground stations in Nicaragua 13/ Titres des articles pouvant être demandés à l’adresse [email protected], qui vous les adressera dans la journée de la demande. Ces articles n’ont pu être insérés dans la revue de presse. Pour recevoir un ou plusieurs articles, il suffit d’adresser un message électronique à l’adresse : [email protected]; 1) Articles en langue française : Loi pour une République Numérique : une démarche de co-création innovante pour un texte de qualité Sécurité : pour contrer les cyber-attaques,après la détection, la riposte LibreOffice entre au ministère de la Défense, mais en Italie Nouveau coup de pression de la Chine sur les entreprises tech américaines Le renseignement anglais s’inquiète lui aussi de l’essor du chiffrement Très Haut Débit : pourquoi 13 départements sont encore au bord du chemin Données personnelles - Facebook et la NSA, même combat ? 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