Au vu de ces considérations, le schéma corporel n'apparaît pas comme un « apprentissage classique », une
compétence ordinaire, elle est liée au développement affectif, relationnel et cognitif de l'enfant. Il est, de ce
fait, nécessaire d'accueillir avec la plus grande prudence les dessins de bonshommes lorsqu 'ils apparaissent.
L'enfant se dessine comme il se représente d'une part, et d'autre part, avec les moyens de figuration et de
représentation dont il dispose à ce moment-là.
Toute comparaison négative, ou retour négatif ( ne serait-ce qu'un petit bonhomme qui grimace) affecte en
premier lieu, son image de lui-même, alors qu'il s'agit là d'un apprentissage très lié à la maturation
physiologique, psychologique et cognitive.
En revanche, le dessin du bonhomme peut révéler des signes pathologiques de difficulté à s'individuer ou à
se représenter comme une entité : c'est le cas des psychoses où l'enfant se perçoit morcelé, le bonhomme
reste morcelé, ou certaines dysharmonies où l'enfant se représente systématiquement dans une bulle, dans le
ventre de sa mère fantasmatiquement lorsqu'il n'est pas parvenu au stade de différenciation.
L'IMAGE DE SOI
A partir de 2 ans, l'enfant a besoin de revenir à ce « je » spéculaire du stade du miroir, l'image fonctionne
comme identification, elle permet à l'enfant d'assumer sa propre image.
L'image que chacun se forge de lui-même se trouve affectée d'images multiples : facteurs familiaux, socio-
économiques et culturels.
L'image qui va de soi à autrui est un processus psychologique essentiel qui s'accompagne de valorisations
positives et négatives.
La représentation de soi évolue et se remanie tout au long de la scolarité. Les enfants qui ont une bonne
image d'eux-mêmes sont souvent ceux qui aiment l'école et vont s'intéresser aux apprentissages.
LA REPRESENTATION
Dans ce continuum qui part de la possibilité pour l'enfant à s'abstraire d'une fusion initiale à l'enfant qui
parvient à une autonomie affective et intellectuelle, se situe l'apparition de la Représentation mentale.
La représentation est une opération mentale qui permet de se représenter des objets absents.
L'enfant peut se détacher de la perception immédiate et différer l'action pour « penser ».
Il peut garder en tête une image mentale de l'objet et une image mentale de son corps.
Il est capable d'imiter de façon différée, en l'absence du modèle.
Il sait que ses parents momentanément absents existent toujours et vont revenir, c'est d'ailleurs ce qui
rend la scolarité acceptable.
Pour accepter cette séparation que constitue l'entrée en maternelle, l'enfant doit avoir intériorisé l'image
d'une mère suffisamment constante, permanente. La fiabilité de l'image maternante est déterminante, s'il n'en
a pas une représentation interne suffisamment élaborée, l'enfant est inquiet et il recherche l'objet libidinal, la
mère.