Éditorial Trimestriel Directeur de la publication : Dr Christian Bagate, Président du comité médical fédéral. Directeur adjoint de la publication : Dr Jean-Claude Peyrin, D e la nostalgie à la réforme… président de la commission médicale de la ligue nationale de rugby. Nous aimons le rugby et nous partageons avec lui notre profession Rédacteurs en chef : Dr Denis Gutierrez, Dr Jean-Jacques Randé. et nos loisirs. Nous sommes des médecins passionnés avec de vraies valeurs partagées, à l’image de l’incipit d’Ouvert l’après- Rédacteur en chef adjoint : Dr Bernard Brunet. Président du comité de lecture : Dr Gilles Garet, Dr Marc Geneste. midi d’Andrew Mulligan : « D’abord le rugby n’est pas un jeu. C’est une manière d’être… ceux qui l’ont pratiqué et ceux qui l’ont aimé en ont conservé comme une mystique qui les tient Relation presse & publicité : Laetitia Parienti. Publicité : Grégory Busuttil. fermement jusqu’au dernier jour de leur vie ». Oui ! le rugby prône la solidarité dans les mêlées, le partage dans la passe, la fraternité dans les actes. Maquette : Pascal Lemercier. Pourtant des voix s’élèvent. Marc Augé « modernité fourvoyée, excès d’image, excès d’informations, excès d’individualisation » Régie Publicitaire REGIMEDIA 326 Bureaux de la Colline 92213 SAINT CLOUD CX 01 49 10 09 10 Edité par Il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement les articles contenus dans la présente revue sans l’autorisation de la direction. Les informations publiées ne peuvent faire l’objet d’aucune exploitation commerciale ou publicitaire. Les opinions émises de cette revue n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs. mais aussi, Jacky Adole « ce nouveau rugby désincarné… le fil qui relie les générations semble cassé. » mais encore Xavier Lacarce « …l’hyperrugby devenu unidimensionnel… ce grand Barnum…Robocop au stade de France… le rugby bling-bling… » Et tous de justifier la perte de l’Esprit par les nouvelles règles, par le culte de la performance, et bien sûr par l’argent qui est « sale ». S O M M AIR E Nous ne pourrons dans cette modeste rubrique évoquer les 221 pages de l’ouvrage de réflexion de Xavier Lacarce (éditions Le g SOMMAIRE bord de l’eau) il faut le lire, car s’il nous conforte dans notre pensée : « le rugby doit appartenir à une élite athlétique et IMAGERIE DU RACHIS CERVICAL ADAM PH. , CASTINEL B. , SANS N., BOUSSATON M. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 TESTS NEUROPSYCHIQUES ET COMMOTION CÉRÉBRALE CHERMANN J-F. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 RÉCUPÉRATION ET RUGBY CHARLES-YANNICK GUEZENNEC, JULIEN PISCIONE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 ECHOCARDIOGRAPHIE ET PRÉVENTION DR LAURENT CHEVALIER . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES PR XAVIER BIGARD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 ONDES DE CHOC DR MARC ROZENBLAT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14 morale »… Il feint d’oublier que si les règles ont changées ce n’est pas pour flatter l’impétrant, mais pour qu’il y ait moins de blessés graves. Si le plus haut niveau trahit certaines valeurs ancestrales, 17OO Clubs demeurent fidèles à l’Esprit du jeu. Si des doutes s’insinuent encore, alors qu’ils aillent voir nos écoles de rugby, leurs éducateurs, leurs dirigeants… cette inépuisable source du Bonheur mérite à elle seule notre passion. Alors Messieurs les penseurs, nul besoin de palimpseste, encore moins de relever la mêlée ! Et surtout : il est inutile d’euthanasier le bébé à chaque poussée dentaire… GROS PLAN SUR DOCTEUR SAVIGNY . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 MÉDIOVALIE GÉRARD DINE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 MEDIMENTO DR DENIS GUTIERREZ/ DR JEAN JACQUES RANDÉ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Dr Christian Bagate Chargé de Mission du Président Président du comité médical fédéral Imagerie du Rachis Cervical et Lombaire du Sportif (première partie : Rachis Cervical) PAGE 3 Imagerie du Rachis Cervical et Lombaire du Sportif Suite Adam Ph. *, Castinel B. **, Sans N. ***, Boussaton M. * * Service d’Imagerie et d’Orthopédie-Traumatologie, Médipôle Garonne (Clinique du Sport) 45 chemin de Gironis, 31100 Toulouse, France ; **Service d'Imagerie Diagnostique et Interventionnelle, Centre Hospitalier de Sion 1965 Sion, Suisse ; *** Service Central d'Imagerie Médicale, CHU Toulouse-Purpan, place du Docteur Baylac, 31059 Toulouse cedex, France. Les règles fondamentales de radioprotection doivent être appliquées à l’imagerie du rachis. Elles concernent notamment la thyroïde à l’étage cervical et l’appareil reproducteur à l’étage lombosacré. On insistera sur la justification des actes, l’optimisation des procédures, et l’utilisation préférentielle des techniques les moins irradiantes (RX/EOS, protocoles scanner « basses doses », IRM), surtout en cas d’examens itératifs (bilan d’aptitude, surveillance d’une scoliose ou d’une lésion traumatique). La « fin » (symptomatologie clinique) justifiant les « moyens » (techniques d’imagerie), le procédé EOS (Biospace Med) nous paraît révolutionner la radiologie conventionnelle du rachis par une acquisition en position verticale donc en charge, biplane (face et profil simultanés), d’excellente qualité et très peu irradiante, en représentation 2D et éventuellement en mode surfacique 3D (scolioses). Grâce à l’essor de l’imagerie en coupe, l’exploration «locale » du rachis isolé nous semble avoir laissé la place à une imagerie moderne moins segmentaire et plus « régionale » du contenu rachidien (moelle épinière, racines, ligaments, enveloppes méningées) mais aussi du pourtour viscéral (fosse postérieure, pharyngo-larynx, vaisseaux, contenu thoracique et abdomino-pelvien). Le scanner à RX a depuis longtemps démontré sa sensibilité, sa rapidité et sa supériorité sur l’imagerie conventionnelle grâce à ses possibilités d’étude anatomique multiplanaire, et à sa polyvalence notamment en matière de polytraumatologie : évaluation des structures osseuses, des disques vertébraux, des vaisseaux (troncs supra-aortiques à l’étage cervical, aorte à l’étage lombaire), mais aussi de l’espace viscéral de voisinage. L’imagerie du « contenant » canalaire rachidien nous paraît également indissociable de l’imagerie du « contenu » médullaire et radiculaire. Ainsi intervient l’IRM, méthode confirmée d’imagerie, sensible, polyvalente (os cortical et spongieux, parties molles, racines, moelle épinière) et non irradiante. Elle permet une étude statique, mais également de façon simple et reproductible une étude dynamique du rachis cervical ou lombaire, aussi bien avec des imageurs classiques « fermés » et horizontaux (protocole IRM cervicale , tableau 1) qu’avec des machines ouvertes dont nous avons l’expérience. On évoquera également les IRM ouvertes qui permettent une acquisition verticale (Fonar Upright Multiposition MRI). uniquement à l’IRM. Les Lésions Rachidiennes Traumatiques Aigues. Ce sont les entorses, le « coup du lapin » (whiplash injury), les fractures et luxations, et les hernies discales, avec un risque ligamentaire, radiculaire et médullaire. Il s’agit également des dissections artérielles (traction brutale sur les pédicules vasculaires notamment à la jonction carotide mobile cervicale/carotide fixe intra-pétreuse), qu’il ne faut pas méconnaitre en pathologie sportive (rugby), et des mé- sation, de stabilité et donc de gravité plus précis des fractures vertébrales (extension des traits au canal, aux pédicules et à l’arc postérieur) et des luxations (+/- fractures) des massifs articulaires. Les migrations discales sus ou sous-jacentes aux fractures seront en outre bien démontrées. L’angioscanner enfin appréciera la vitalité des pédicules vasculaires à destinée encéphalique. L’IRM est elle indispensable en cas d’atteinte neurologique grave (para ou quadri- Tableau 1 T2W FSE sagittal Temps d’Echo (ms) Temps de Répétition (ms) Epaisseur de coupe (mm) Echo Train Length Temps d’acquisition(s) 130 4000 3 NA NA Cosmic 3D axial 20 500 2 NA NA Fiesta 2D sagittal 130 2060 7 62,5 0,825 Tableau 1 : Paramètres utilisés pour l’IRM statique (T2W FSE et Cosmic 3D, GE Healthcare) et l’IRM dynamique (Fiesta 2D, GE Healthcare). La tomo-scintigraphie osseuse semble devoir être remplacée par la TEMP-TDM (PET/scan) dans le bilan des isthmolyses vertébrales lombaires. En matière de pathologie sportive traumatique, qui sera la priorité de cet exposé, ces différentes techniques modernes d’imagerie vont permettre en outre d’évaluer la notion de « sur-risque » professionnel lié à des anomalies anatomiques pré-existantes (malformation, moelle fragile, isthmolyse, pédicules vasculaires courts) qu’il convient de dépister. L’imagerie du rachis cervical. Les Malformations. Elles sont rachidiennes (bloc vertébral congénital, défaut de fusion de l’apophyse odontoïde, sténose canalaire développementale) donc du domaine de la radiologie conventionnelle et du scanner mais aussi de l’IRM qui, en plus du canal osseux, évalue les disques sus et sous-jacents et le retentissement médullaire de ces malformations. Elles sont médullaires (malformation de Chiari, syringomyélie) déterminant une composante du concept de «moelle fragile » qui deviendra un facteur de risque neurologique supplémentaire en cas de traumatisme. Ces malformations sont accessibles ningocèles, plus rares (avulsion des gaines radiculaires), avec donc un risque supplémentaire vasculaire et radiculaire. On insistera sur le mécanisme des traumatismes (rotation, compression axiale, hyperflexion, hyperextension). Il va en effet logiquement induire le type anatomique des lésions, donc la symptomatologie clinique, et permettre d’affirmer un peu plus que la compréhension des rapports du rachis et de son contenu passe par une vision dynamique de l’anatomie pathologique. parésie/plégie +/- troubles respiratoires et sphinctériens selon le niveau du traumatisme) afin de diagnostiquer les lésions médullaires intrinsèques (contusion, hématome, section) et les causes de souffrance médullaire d’origine extrinsèque (hématome épidural antérieur ou Les Lésions Rachidiennes Chroniques. Elles sont la conséquence de micro ou de traumatismes répétés, pathologie pour le moins fréquente en pratique sportive. Il s’agit de lésions dégénératives des parois osseuses canalaires et du pourtour disco-ligamentaire du canal rachidien : disque intervertébral, uncus, apophyses articulaires, ligaments vertébraux (ligament longitudinal postérieur, ligaments jaunes, ligament inter-épineux). Elles conduisent à l’instabilité disco-ligamentaire et à la sténose acquise du canal rachidien, pouvant renforcer une sténose développementale, avec également un risque radiculaire et médullaire. La radiographie conventionnelle, voire le scanner, apprécieront les mensurations canalaires par la mesure du diamètre antéro-postérieur du canal rachidien (DAP, sténose franche < 11 mm) et de l’indice de Torg qui est le rapport entre le DAP et le diamètre sagittal de la vertèbre (figure 1). Le Torg est normal autour de 1, la sténose est considérée comme modérée si le Torg est < 0,8, et sévère si le Torg est < 0,6. Figure 3 : Séquence de “scopie” IRM sagittale dynamique (sélection de 3 coupes entre flexion et extension). Contact rétro-médullaire C5-C6 en extension, pas de sténose (IMC normal). Figure 4 : IRM de hernies discales C6C7 et C4-C5 en séquence dynamique (extension, flexion). Le scanner différentie aisément la « hernie discale molle » de la « hernie dure » (hernie calcifiée, « barre » ostéophytique canalaire, processus uncarthrosique fora- minal) qui traduit davantage un processus ancien. L’IRM conventionnelle statique permettra seule la mesure de l’Indice Médullo-Canalaire ou IMC (figure 1) qui apprécie l’espace péri-médullaire de réserve correspondant au LCR amortisseur des chocs. L’IMC se définit comme le rapport du diamètre sagittal cordon médullaire sur le DAP (IMC 0,5 = normal ; 0,6= limite ; ≥0,7= étroit). L’IRM permet, en outre, comme la radiographie conventionnelle et le scanner, mais sans RX, la mesure du DAP et de l’indice de Torg. L’IRM dynamique (figure 2) seule appréciera la variation des conflits selon la position du rachis et donc le retentis- sement de l’instabilité : appui médullaire antérieur, postérieur ou mixte, réduction ou aggravation en flexion et/ou extension d’une compression d’origine osseuse ou discale pré-médullaire, mais aussi osseuse ou ligamentaire rétromédullaire (figure 3). Nous avons pu ainsi observer des hernies discales (figure 4) dont l’effet compressif prédominait nettement en extension rachidienne et dont le retentissement était moindre en flexion. L’IRM, en complément de l’examen clinique, est donc devenue la base officielle en matière d’imagerie de la nouvelle classification des lésions cervicales pour l’aptitude au rugby professionnel. Elle détermine des groupes de sténose modérée, franche ou sévère selon les mensurations et l’absence ou la présence d’une compression médullaire. Elle détermine des groupes de risque cervical croissant de G0 (probabilité de risque médullaire non modifiée) à G3 (contre indication absolue à la pratique du rugby, probabilité de risque médullaire très augmentée jugée inacceptable). Elle identifie la notion de moelle fragile (figure 5), paramètre d’imagerie important de la classification. Les tableaux 2 et 3 montrent les variations de l’IMC en fonction de l’âge des joueurs et de la technique utilisée. “anormal” Normal IMC La radiographie simple avec clichés dynamiques prudents détermine les critères de gravité des entorses (désalignement somatique, bascule apophysaire, écart inter-épineux). En cas de fracture on évitera bien sûr les clichés dynamiques et on essayera de localiser avec précision les lésions fragmentaires (soma, arc moyen, arc postérieur) et de préciser si elles sont stables ou instables, donc potentiellement orthopédiques ou chirurgicales. On rappellera la difficulté d’étude de la charnière cervico-dorsale en radiologie conventionnelle et l’archaïsme des tomographies conventionnelles. Ainsi le scanner avec reconstructions multiplanaires permet un diagnostic de locali- MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY Bien sur les sténoses sont plus fréquentes chez les sujets plus âgés (>21 ans). L’IRM dynamique par ailleurs n’augmente pas nécessairement de façon significative le pourcentage de sténose, mais au contraire peut diminuer l’incidence des compressions selon la position du rachis. Elle permet en outre une expertise plus fine des cas diffi ciles, et notamment elle facilite la classification parfois délicate entre G2 et G3. Une évaluation multidisciplinaire spécialisée (médecin du sport, médecin imageur et chirurgien) nous paraît alors nécessaire en conjuguant la clinique et l’IRM (statique et dynamique). La radiographie standard et le Torg passent alors au rang des archaïsmes. Tableau 2 limite (0.6≤MCR<0.7) étroit (≥0.7) Moins de 21 ans(n=57) 37 (65%) 12 (21%) 8 (14%) 21 ans et plus (n=70) 46 (66%) 10 (14%) 14 (20%) Tableau 2 : Distribution selon l’âge des Indices Médullo-Canalaires (IMC) mesurés chez des joueurs de rugby professionnels asymptomatiques (n=127) en utilisant l’IRM statique lors des saisons 2002-03 et 2003-04. Tableau 3 "anormal" Figure 1 : Indice Médullo-Canalaire (2/1) et Indice de Torg (3/4). 1 et 3 = diamètre antéro-postérieur du canal rachidien (DAP). 2 = diamètre du cordon médullaire. 4 = diamètre antéro-postérieur de la vertèbre. postérieur, hernie discale, lésions ligamentaires). L’IRM encéphalique et l’angio-IRM des vaisseaux du cou seront performantes (séquences angiographiques, flair et diffusion) pour étudier les dissections et leur retentissement cérébral. IRM Statique Introduction Figure 2 : Schéma des positions du rachis cervical lors de l’IRM statique et dynamique (position neutre, hyperextension et hyperflexion). L’antenne rachis antérieure est enlevée lors de l’étude dynamique réalisée entre la flexion maximum et l’extension maximum en “scopie IRM” sans déviation latérale, sans pause, ni cale sous le rachis. Figure 5 : IRM rachidienne cervicale et médullaire. Bloc vertébral congénital C4-C5 (IMC limite en C3-C4 au bord supérieur du bloc). Moelles “fragiles” : canal étroit avec oedème médullaire (IMC à 1 en C5-C6 et C6-C7, myélopathie cervicarthrosique), et fente syringomyélique. IRM Dynamique PAGE 2 IMC normal (<0.6) <21 ans (n=25) limite (0.6≤MCR<0.7) étroit (≥0.7) 19 (76%) 6 (24%) 0 ≥21 ans(n=54) 33 (61%) 18 (33%) 3 (6%) tous les joueurs (n=79) 52 (66%) 24 (30%) 3 (4%) tous les joueurs (n=79) 48 (61%) 26 (33%) 5 (6%) Tableau 3 : Distribution des IMC mesurés chez des joueurs de rugby professionnels (n=79) en utilisant l’IRM statique et dynamique lors des saisons 2004-05 et 2005-06. MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY Intérêt des tests neuropsychologiques au cours des commotions cérébrales dans le sport PAGE 4 Chermann J-F. Service de neurologie, Hôpital Léopold Bellan,19-21, rue Vercingétorix, 75674 PARIS CEDEX 14 La commotion cérébrale (CC) est définie par une altération immédiate et transitoire des fonctions supérieures consécutive à un traumatisme crânien. Le syndrome post-commotionnel demeure la principale complication à court terme. Si la commotion cérébrale qui appartient aux traumatismes crâniens dits légers, semble initialement de pronostic rassurant, des complications à court et à long terme sont à craindre, surtout si la prise en charge initiale a été négligée. L’éventualité d’un risque cumulé à partir de la troisième commotion semble consensuelle. A long terme du fait d'une pratique sportive traumatisante, les commotions répétées sont responsables de troubles cognitifs chroniques post-traumatiques. Le but de cet article est de proposer une attitude pragmatique au corps médical qui s’occupe des sportifs commotionnés. Seule, ici, ne sera abordée que la partie neuropsychologique. La CC est définie comme un processus physiopathologique complexe touchant le cerveau victime d’un traumatisme. Des signes classiques initiaux transitoires sont répertoriés (yeux hagards, ralentissement de la réponse verbale, confusion ,propos incohérents, troubles de l’équilibre, labilité émotionnelle, troubles mnésiques, perte de connaissance) tout comme des symptômes précoces (céphalées, vertige, nausées) et retardés (céphalées persistantes, troubles attentionnels et mnésiques, fatigabilité, irritabilité, intolérance au bruit, troubles du sommeil, troubles de l’humeur). La perte de connaissance est loin d’être omniprésente (10%) et n’est donc pas indispensable au diagnostic (Cantu, 2007). La disparition des signes est progressive. La CC dans son tableau typique n’est associée à aucune anomalie à l’IRM cérébrale (Aubry et al., 2002). La CC réalise une atteinte diffuse du système nerveux central cortical, sous- cortical et du tronc cérébral à la suite de mécanismes d’accélérationdécélération induits par le choc sur la boîte crânienne. Le cerveau mobile est alors projeté d’avant en arrière ou inversement contre les parties osseuses (Hinton-Bayre et al., 2004). Les tests neuropsychologiques occupent une place très importante dans la prise en charge initiale des commotions. Dans un premier temps, ils confirment le diagnostic (toute commotion comportant une amnésie dite posttraumatique) alors que dans un second temps il vont guider le « return to play » ou le retour sur l’aire de jeu. Les tests réalisés à ces différentes étapes sont bien distincts. L’amnésie initiale dite posttraumatique est constituée de l’amnésie antérograde (oubli à mesure car impossibilité de retenir les informations nouvelles) et de l’amnésie rétrograde (qui porte sur les évènements autobiographiques et sémantiques qui ont précédé l’accident). Si l’amnésie antérograde persiste après 24 heures, il est impératif de faire une IRM cérébrale en urgence et de consulter au plus vite en milieu hospitalier. En effet un traumatisme crânien léger ne doit pas s’accompagner d’une amnésie antérograde qui dure plus de 24 heures. Pour évaluer l’amnésie antérograde, l’idéal est de réaliser un » mini mental test « (temps de passation de 5 minutes). Celui-ci comporte le test des trois mots (fauteuil tulipe canard) suivi d’une épreuve de calcul (soustraction de cinq en cinq à partir de 100 jusqu’à 65) et le déficit de restitution d’un des mots signe l’amnésie de fixation. Si le MMS n’est pas disponible, l’épreuve des trois mots suivie du calcul mental et de quelques questions anodines avant la restitution des mots permet de poser le diagnostic. Ce test peut être réalisé à nouveau une à deux heures plus tard afin de constater ou non la disparition de l’amnésie antérograde. L’amnésie rétrograde est évaluable en demandant au joueur traumatisé de citer les dernières actualités dont il a entendu parlées. S’il n’y arrive pas, il faut lui donner des indices. On peut aussi lui demander le nom du président de la république, l’endroit où il a passé ses dernières vacances et surtout son dernier souvenir avant le traumatisme. Ce dernier permet de mesurer l’étendue de l’amnésie rétrograde. Il est impératif que le joueur soit mis au repos jusqu’à régression totale des signes post-commotionnels avant une reprise par paliers sous la stricte autorité du médecin du club. Le règlement de l’IRB stipule un arrêt de trois semaines de l’activité traumatisante après toute commotion. La reprise, avant ce délai, doit être autorisée par un neurologue ou un neurochirurgien spécialiste afin de déterminer premièrement : la disparition de tout signe post-commotionnel lors de l’effort et deuxièmement : vérifier la normalisation des tests neuropsychologiques. Il existe en effet une véritable concordance entre l’amélioration des symptômes et des tests. Avant d’évoquer les tests qui vont jouer un rôle fondamental dans le « return to play », il est aussi impératif de réaliser le score de la commotion. Selon les différentes publications, la plus appropriée semble être celle de Cantu(2001). La gravité est fonction de la durée de la perte de connaissance mais aussi de la persistance de l’amnésie post-traumatique et de l’étendu du syndrome post-commotionnel. C’est pourquoi sa cotation n’est réalisée qu’une semaine plus tard (McCrea et al., 2002). La gravité de la commotion sera prise en compte pour la reprise du contact ainsi que les antécédents de commotion. Quels sont les tests neuropsychologiques que l’on utilisera pour autoriser la reprise ? Ils visent à mesurer le temps de latence des réponses et évaluent le ralentissement idéo-moteur consécutif à la commotion. Ils permettent un suivi évolutif. Ils constituent l’un des éléments principaux qui vont guider la reprise du jeu. Tout joueur de MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY rugby devrait idéalement dans l’avenir pouvoir bénéficier d’une batterie de tests en début de saison, tests à refaire en cas de commotion. Seule la normalisation des tests en adéquation avec la disparition de tout symptôme autorisera la reprise des contacts. Les tests sur papier conseillés sont : le trail making test B, le Digit symbol substitution test dérivé de la WAIS (Wechsler adult intelligence scale revised) . Ils permettent de mesurer un ralentissement de la vitesse d’exécution en cas de CC (Makdissi et al., 2001). Le trail making test A et B sont faciles et rapides à utiliser et ont notre préférence. Mais les tests sur ordinateurs qui mesurent le temps de réponse à la milliseconde près et qui possèdent des milliers de combinaisons aléatoires sont très efficaces et moins sensibles à l’effet test que ceux réalisés avec un papier et un crayon. Ces derniers peuvent même être normaux comparés à ceux sur ordinateur chez des sujets victimes de TCL comme l’ont montré Bleiberg et al ,( 1997, ou encore, en 2001), une équipe Australienne qui a évalué chez 6 joueurs de football australien commotionnés l’intérêt des tests sur ordinateurs (Cogstate) par rapport aux tests sur papier (Trail making test B ou DSST) (Makdissi et al., 2001). Les auteurs de la conférence de Vienne, citent plusieurs exemples de batterie sur ordinateur comme l’IMPACT, la CogSport, la CogState sans en conseiller aucune en particulier (Aubry et al., 2002). Les joueurs peuvent les passer sans l’aide d’un neuropsychologue et dans le cas de la CogState son temps de passage est de 15 à 20 minutes (Collie et al., 2003a ; Collie et al., 2003b ; Makdissi et al., 2001). Néanmoins le fait que les athlètes puissent passer les tests sur ordinateurs seuls n’est pas non plus un gage de bonne passation. Un international de rugby français évoluant dans un club anglais me signala ne pas avoir luimême passé les tests en début de saison, prétextant un manque de temps et s’être fait remplacé par le kinésithérapeute du club. Les tests PAGE 5 Intérêt des tests neuropsychologiques au cours des commotions cérébrales Suite papier crayon, en revanche, nécessitent la présence obligatoire d’un examinateur. Le trail making test A doit être réalisé sans erreur dans un laps de temps inférieur à 30 secondes. Le trail making test B doit être réalisé sans erreur dans un laps de temps inférieur à 60 secondes.Encore une fois l’idéal étant de comparer les résultats, qui varient d’un sujet à l’autre avant et après la commotion. Au total les tests neuropsychologiques occupent une place déterminante dans la prise en charge des commotions. Ils confirment le diagnostic et demeurent l’élément d’objectivité le plus facile à obtenir dans le but de guider le retour sur l’aire de jeu. L’auteur tient à remercier Hubert Vidalin avec qui il a rédigé une conduite de prise en charge du sportif commotionné applicable à tous les sports. Annexe 1 1- Echelle de CANTU [6], référence du football américain : Grade 1 : pas de perte de connaissance (PC) et amnésie post traumatique de moins de 1 heure. Grade 2 : PC de moins de 5 minutes et/ou amnésie de moins de 24 heures. Grade 3 : PC de plus de 5 minutes et/ou amnésie de plus de 24 heures. Avec la réserve d’un examen de suivi. Références bibliographiques AUBRY M, CANTU R, DVORAK J, et al. (2002). Summary and agreement statement of the first international conference on concussion in sport, Vienna 2001. Br J Sports Med, 36: 6-10. BEST JP, Mc INTOSH AS, SAVAGE TN. (2005). Rugby world cup 2003 injury surveillance project. Br J Sports Med, 39 (11): 812-817. BLEIBERG J, GARMOE WS, HALPERN EL, REEVES DL, NADLER JD. (1997). Consistency of within-day and cross-day performance after mild brain injury. Neuropsychiatry Neuropsychol Behav Neurol, 10(4): 247-253. CANTU RC. (2001). Posttraumatic retrograde and anterograde amnesia : pathophysiology and implications in grading and safe return to play. J Athl Trai, 36(3): 244-248. COLLIE A, MAKDISSI M, MARUFF P, BENNELL K, McCRORY P. (2006). Cognition in the days following concussion: comparison of symptomatic versus asymptomatic athletes. J Neurol Neurosurg Psychiatry, 77: 241-245. COLLIE A, MARUFF P, MAKDISSI M, McCRORY P, McSTEPHEN M, DARBY DG. (2003a). CogSport: reliability and correlation with conventional cognitive tests used in postconcussion medical evaluations. Clin J Sport Med, 13: 28-32. SAC FICHE COMMOTION (standardized assessment of concussion) 1) Orientation Nom : ............................................................ Prénom : ......................................................... Date de naissance : ...................................... âge :................................................................ Club : ...................................................................................................................................... Mois : 0–1 Date : 0–1 Jour de la semaine : 0–1 0–1 Année : Heure (dans l’heure) : 0 – 1 Score total d’orientation : ………sur 5 ATCD : ....................................... commotion(s) :................................... nombre : ............... Classification de la commotion : stade Amnésie rétrograde : oui non Si oui l’évaluer en heures, jours, semaines : ......................................................................... Amnésie post-critique : durée 2) mémoire immédiate Score total mémoire imméliste Essai 1 Essai 2 Essai 3 limonade 0-1 0-1 0-1 camion 0-1 0-1 0-1 musée 0-1 0-1 0-1 passoire 0-1 0-1 0-1 sauterelle 0-1 0-1 0-1 COLLIE A, MARUFF P, McSTEPHEN M, DARBY DG. (2003b). Psychometric issues associated with computerised neuropsychological assessment of concussed athletes. Br J Sports Med, 37: 556-559. diate :………sur 15 HINTON-BAYRE AD, GEFFEN G, FRIIS P. (2004). Presentation and mechanisms of concussion in professional rugby league football. J Sci Med Sport, 7(3): 400-404. chiffres en arrière 6-1-2 3-4-8 4-9-2-5 3-8-5-9-8 mois en sens inverse : séquence entière réussie vaut 1 point score total de concentration : ………sur 5 In search of a united definition Ronald Ruff Brain injury 1999, vol 13, n°12, 943-952 MAKDISSI M, COLLIE A, MARUFF P, DARBY DG, BUSH A, McCRORY P, BENNELL K. (2001). Computerized cognitive assessment of concussed Australian Rules footballers. Br J Sports Med, 35: 354-360. MARSHALL SW, SPENCER RJ. (2001). Concussion in rugby: the hidden epidemic. J Athl Train, 36 (3): 334-338. McCREA M, KELLY JP, KLUGE J, ACKLEY B, RANDOLPH C. (1997). Standardized assessment of concussion in football players. Neurology, 48(3): 586-588. McCREA M, KELLY JP, RANDOLPH C, CISLER R, BERGER L. (2002). Immediate neurocognitive effects of concussion. Neurosurgery, 50 (5): 1032-1040 total Syndrome post-commotionnel : oui non Si oui Durée : .................................................................................................................................... Symptômes : ........................................................................................................................... Au repos : ............................................................................................................................... A l’effort : .............................................................................................................................. Examens complémentaires : scanner - IRM Tests neuropsychologiques : oui non Si oui : .................................................................................................................................... Scores de SAC sur 30 : ............................................................................................................ <12h : ............................................................ < 1sem : ......................................................... si à 1sem<28 à 3sem : ............................................................................................................ 3) concentration Date reprise compétition : ................................................................................. semaine (s) FICHE DE SURVEILLANCE PATIENT VICTIME D’UNE COMMOTION CEREBRALE CLASSIFICATION DE LA COMMOTION 4) rappel retardé des mots mot 1 : mot 2 : mot 3 : mot 4 : mot 5 : 0–1 0–1 0–1 0–1 0–1 score total des mots retardés : ………sur 5 Résumé des scores totaux : orientation : 5 mémoire immédiate : 15 concentration : 5 rappel retardé : 5 total complet des scores : 30 Tableau Grades de gravité Commotion cérébrale Grade 1 Grade 2 Grade 3 Confusion transitoire Perte de connaissance Confusion transitoire Pas de perte de connaissance Durée symptômes<15 min Pas de perte de connaissance Durée symptômes>15 min 1) EXAMEN DU MALADE A L’ARRIVEE - conscience : somnolence ? ..................................................................................................... - score à la SAC le plus tôt après le trauma :..............à une heure : .............à 24h :.............. - recherche signes de localisation : déficit moteur, sensitif, signe de Babinski… 2) ANALYSE DES SIGNES SUBJECTIFS - Céphalées :..................................................Acouphènes : ..................................................... - Vertiges : .....................................................Vomissements : .................................................. - Nausée :................................................................................................................................... - Vision double :............................................ troubles mnésiques : ........................................ Aperçu neurologique : perte de connaissance (si oui, durée) : ................................. amnésie rétrograde (dernier souvenir avant le choc) : ............................................... amnésie post-traumatique (rappel d’événements après le choc) :................................. force :..................................... sensation :.............................. coordination : ........................ Manœuvres à effectuer non initialement (après une semaine) 5 petits sauts 5 poussées 5 accroupissements 5 fléchissements des genoux 3) EXAMENS COMPLEMENTAIRES (non obligatoires) - NFS iono sang CPK, noter anomalies :................................................................................... - Scanner cérébral pour éliminer hématome sous dural en cas de grade 3 4) SURVEILLANCE REGULIERE - toutes les 4 heures si examen initial rassurant les 12 premières heures - pouls :tension artérielle : ...........................conscience : ........................................................ - si hémorragie cérébrale à l’imagerie, si apparition de vomissements, d’un hoquet ou de troubles de la conscience avec somnolence transfert en urgence neurochirurgicale en grande garde. 5) TRAITEMENT - Repos - Pas d’antalgiques usuels type paracetamol si céphalées car risque d’instaurer des céphalées chroniques par abus d’antalgiques - abstention thérapeutique souhaitée - Perfusion non indiquée sauf si iono pathologique, vomissements mais pas de loperamide 6) Si après 12 heures pas d’évolution des signes : autorisation de sortie après avoir fait le SAC. (d’après McCrea et al., 2002) MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY La récupération en Rugby PAGE 7 La récupération en Rugby Suite Charles-Yannick Guezennec, Julien Piscione Pôle de Médecine du sport de l’Essonne/Centre National du Rugby PAGE 6 Résumé La récupération d’un match de rugby impose une double récupération. Une récupération des réserves métaboliques utilisées pour les déplacements et le travail musculaire isométrique ainsi qu’ une récupération des lésions musculaires et des processus résultants inflammatoires des contacts. Pour évaluer les temps de récupération il faut connaître avec exactitude le niveau de ces contraintes. Il faut évaluer la diminution de performance qui en résulte. Il faut dégager des index fiables de la récupération. La maîtrise de ces paramètres doit permettre de déterminer l’efficacité des différentes méthodes de récupération. Les méthodes utilisées reposent toutes sur un même principe qui consiste à analyser les déplacements en termes de distance et d’intensité. On peut estimer que la durée moyenne de resynthèse des réserves glycogéniques s’inscrit dans cet intervalle de temps entre 24 et 48 heures après un match de rugby. Plusieurs travaux montrent l’intérêt d’utiliser l’augmentation des Creatine Phospho Kinases sanguines (CPK) à l’issue d’un match de rugby pour évaluer le niveau de contrainte musculaire et la cinétique de récupération. L’augmentation des CPK circulantes est bien corrélée avec le temps de jeu de chaque joueur et le nombre d’impacts. Les résultats les plus récents sur la comparaison des différentes méthodes de récupération soulignent l’intérêt de la récupération active combinée aux différentes techniques de cryothérapie. Introduction La récupération en rugby pose le problème général de la récupération en sport collectif. Cet aspect a été largement étudié, il repose sur les bases physiologiques de ce type d’activités qui sont constituées d’efforts intermittents d’intensité variable. En plus de ce type de contraintes, le rugby présente des particularités qui sont : le volume total du travail isométrique de poussée et le nombre d’impacts et de contacts. , la répétition de chocs, de percussions et d’exercices courts et très intenses qui sollicitent des contractions musculaires de type excentrique produits au cours d’un match de rugby, peut-être délétère pour les structures membranaires des cellules musculaires et donc à terme, pour la fonction musculaire elle-même lorsque la récupération devient insuffi sante. On peut donc, énoncer comme principe de base, que la récupération d’un match de rugby imposera une double récupération. Une récupération des réserves métaboliques utilisées pour les déplacements et le travail musculaire isométrique et une récupération des lésions musculaires et des processus inflammatoires résultants des contacts. Pour évaluer les temps de récupération il faut connaître avec exactitude le niveau des contraintes que nous venons d’énumérer. Il est nécessaire d’évaluer la diminution de performance qui en résulte. Godemet 2004). Notons que ces chiffres moyens ont significativement augmenté au cours de ces vingt dernières années (FFR, 1981; Baqué, 1982; Godemet 1986 et 1994). Récemment deux méthodes concurrentes beaucoup plus précises se sont développées, l’analyse par de multiples caméras des déplacements des joueurs et l’analyse par le port de GPS individuels. Malgré ces progrès dans l’analyse des déplacements il reste une composante majeure de la dépense énergétique, très difficile à évaluer, qui est celui de la dépense liée au travail isométrique sans déplacement externe mesurable. Une revue de la question, publiée en 2003 par Duthie et al., a permis de résumer les données obtenues par enregistrement vidéo ; cette méthode consiste à répertorier l’ensemble des actions réalisées par les différents joueurs et à leurs attribuer une valeur d’intensité à partir d’une classification préalablement établie. Les méthodes utilisées ont évoluées avec le temps, mais elles reposent toutes sur un même principe qui consiste à analyser les déplacements en termes de distance et d’intensité. L’avantage de cette méthode tient au fait, que toutes les actions dynamiques et statiques sont prises en compte ; l’inconvénient résulte de l’absence de quantification directe de la dépense énergétique. L’ensemble des données obtenues confirme le fait que les activités de faibles et moyennes intensité représentent 85% du temps d’un match de rugby, et que 15% du temps comporte des activités de fortes intensités qui diffèrent selon les postes. Les activités statiques sont nettement plus longues chez les avants, dues aux mêlées et aux mauls ; selon Roberts et al. (2008) le temps total de travail statique par match est autour de 7 min pour les avants alors que leur temps de course rapide est de 2 min. Au début, cette analyse reposait sur un descriptif visuel réalisé par un observateur. En moyenne, un joueur qui reste en match 80 minutes, réalise un effort d’une intensité le plus souvent supra maximale de 2 à 4 secondes (démarrage-sprint, sauts, blocagechangement de direction, duels, percussions, placages, poussées…) toutes les 30 à 40 s, soit environ 110 à 115 actions intenses par joueur et par match (Cazorla, Boussaidi, Par contre, le temps de course rapide est plus élevé chez les arrières. Les tackles sont plus fréquents chez les arrières. Les limites pour la mesure exacte des distances par enregistrement vidéo, a soutenu l’intérêt d’utiliser la méthode GPS afin de mesurer précisément la distance totale parcourue en match (Cunliffe 2009). Les résultats obtenus montrent que cette distance est entre 7 et 8 Kms pour un match de niveau in- Il convient de dégager des index fiables de la récupération. La maîtrise de ces paramètres doit permettre d’évaluer l’efficacité des différentes méthodes de récupération. Evaluation de la dépense énergétique en match Plusieurs études se sont attachées à évaluer le niveau de dépense énergétique en match. MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY ternational, autour de 11% sont courus en sprint ou sur un rythme rapide. Cette méthode confirme les différences précédemment observées entre arrières et avants, ces derniers ayant une distance totale plus élevée et les arrières des distances de sprint plus longues. L’estimation de la dépense énergétique liée aux déplacements serait, selon ces auteurs, autour de 1400 Kcal pour les arrières et de 1600 Kcal pour les avants. La réalité de la dépense totale est certainement plus élevée car il est actuellement très difficile d’évaluer la dépense des efforts statiques et celle due aux chocs, impacts, changements de direction et détente verticale. Il est fort probable que la dépense moyenne dépasse les 2000 Kcal pour un match de haut niveau, ce qui correspond à la dépense énergétique des activités conduisant à l’épuisement des réserves glycogéniques. Ces analyses successives ont mis en évidence une évolution des contraintes physiologiques du rugby haut niveau. En vingt ans le rugby s’est complètement transformé : moins de phases statiques, diminution par deux du nombre de mêlées et de touches, augmentation considérable des phases dynamiques et de défense, percussions, placages, regroupements actifs, temps de jeu collectifs et individuels plus longs. A ceci, il convient d’ajouter l’évolution des règles du jeu autorisant les remplacements et donc le « coaching », qui permettent de conserver sur le terrain les joueurs les plus performants. Les sollicitations physiques, physiologiques, biologiques et en conséquence les qualités requises du joueur s’inscrivent dans le même sens : joueurs plus athlétiques, possédant plus d’«explosivité » et de vitesse sur des distances très courtes, beaucoup plus de puissance tant au niveau des membres inférieurs mais aussi, comme l’évolution récente du jeu le démontre, de la partie haute du corps, capables de maintenir un rythme très élevé le plus longtemps possible dans un match, résistants aux percussions répétées et donc présentant une récupération ra- pide entre deux ou plusieurs actions intenses. Autant de qualités qui, bien sûr, prennent toute leur acuité en fonction du poste occupé sur le terrain. De cette analyse succincte, au plan physique et physiologique, quatre groupes de qualités se dégagent : 1) morphologiques ; 2) explosivité-vitesse-puissance ; 3) endurance spécifique ou capacité de reproduire des actions techniques intenses aléatoirement réparties dans des espaces et des durées de plus en plus réduits et ; 4) physiologiques, sollicitant surtout le métabolisme glycolytique pour répéter des actions intenses de très courtes et courtes durées, ainsi que le métabolisme aérobie. Estimation de la récupération métabolique Elle se fait en tenant compte des estimations de la cinétique d’utilisation des réserves glycogéniques bien établie en fonction de la dépense énergétique. Les travaux expérimentaux d'Hermanssen (11) montrent qu'après un effort induisant une dépense de 1200 à 15OO Kcal on observe une réduction de 70 à 80 % du glycogène musculaire et que la récupération des valeurs de repos nécessite un délai de plusieurs dizaines d'heures. La resynthèse du glycogène hépatique est sensiblement plus rapide. Ces différents éléments indiquent que la vitesse de resynthèse du glycogène peut varier en fonction de chaque sujet, les résultats expérimentaux s'accordent pour une valeur moyenne de resynthèse autour de 5 à 6 mmol de glycogène par Kg de muscle et par heure, ce qui représente après épuisement de réserves une resynthèse de 4% des stocks initiaux par heure de récupération. Après un effort de longue durée il faut donc un minimum de 24 heures pour récupérer les stocks de glycogène de départ, cette durée peut aller jusqu'à 48 heures. Il est tout à fait probable que la durée moyenne de resynthèse des réserves glycogéniques s’inscrit dans cet intervalle de temps entre 24 et 48 heures après un match de rugby. Il est important sur un plan pratique que cette durée puisse être réduite par des apports nutritionnels riche en hydrates de carbone dès la fin du match et qu’elle puisse être augmentée par une reprise trop précoce des entraînements intenses. Evaluation des effets des chocs et des impacts et du travail musculaire excentrique Il a largement été démontré que les contraintes mécaniques diverses s’exerçant sur le muscle aboutissent à une forte réponse inflammatoire. Le point de départ est tissulaire il prend son origine au niveau des structures membranaires du tissu musculaire qui possède des systèmes de liaisons intercellulaires qui sont sensibles aux contraintes mécaniques. Ces contraintes sont prises en compte au niveau de la membrane par un système de molécule d’adhésion : les intégrines, mais aussi à partir des phénomènes métaboliques intra-musculaires. Cette réponse intègre donc, dans un même ensemble la totalité des contraintes locales du muscle. Elle déclenche une réponse systémique qui met en jeu les mécanismes généraux de réponse à l’inflammation qui dans ce cas spécifique passe par un recrutement de cellules sanguines telles que les neutrophiles et les macrophages. La régulation entre la réponse locale et générale semble en grande partie assurée par la réponse des cytokines avec une balance entre cytokines pro-inflammatoires et anti-inflammatoires. Les cytokines sont des glycoprotéines solubles qui modulent les relations entre les cellules immunitaires et non-immunitaires de l’organisme. Les cytokines facilitent l'afflux de lymphocytes, monocytes et autres cellules impliquées dans la réponse inflammatoire. Une grande variété de cellules et d’organes, tels le foie et le cerveau, sont capables de répondre à différentes cytokines. Les cytokines peuvent être groupées selon leur structure ou leur fonction en interleukines (IL), en interférons (INF), en facteur de nécrose tumorale (TNF), en facteurs de croissance et en chemokines. Ces cytokines sont appelées "inflammatoires" ou "pro-inflammatoires" ou « anti-inflammatoires »… Les réponses cytokiniques à un exercice musculaire sont constituées par une réponse précoce et intense des cytokines pro-inflammatoires suivie par une réponse coordonnée de cytokines anti-inflammatoires (Pedersen). Les concentrations salivaires et urinaires d’interleukine 6 (IL6, protéine pro-inflammatoire) sont augmentées après un exercice physique excentrique et/ou intense. Cette réaction des cytokines possède aussi une bipolarité d’intégration des contraintes inflammatoires et métaboliques, ce qui est parfaitement illustré par l’évolution des connaissances sur le rôle de l’IL6, à la fois médiateur de l’inflammation et jauge du niveau de glycogène musculaire. Les taux d’IL6 sont positivement corrélés aux concentrations sériques en myoglobine et en créatine kinase spécifique du muscle squelettique (MM3 créatine kinase), deux marqueurs de la souffrance musculaire. La réponse circulante des enzymes intramusculaires est utilisée depuis longtemps pour évaluer la souffrance musculaire à une contrainte. Le mécanisme de cette réponse suit l’évolution de la gravité des lésions musculaires. Dans un premier temps l’élévation sanguine des taux de Créatine Phospho Kinase (CPK) résulte d’une simple augmentation de la perméabilité musculaire. L’apparition de dommages plus importants des structures du muscle et plus particulièrement les ruptures de membranes renforce ce phénomène. Ce type de réponse permet d’utiliser l’évolution des taux de CPK et de marqueurs immunitaires et des cytokines comme des indicateurs du niveau de contraintes subies par le muscle pendant le match et surtout d’évaluer la cinétique de récupération. Il faut aussi rappeler que la réaction inflammatoire des exercices physiques très contraignants est associée avec une modulation des fonctions immunitaires. Ce fait souligne l’intérêt de suivre simultanément l’évolution de certains paramètres de l’immunité pour suivre la récupération. De façon générale, il a été proposé un modèle de réponse des muscles aux dommages causés par les sports de contacts (Smith et al 2008). Selon ces auteurs on distingue trois phases : une première phase de destruction musculaire, dont le pic se si- tue immédiatement après le match mais qui peut s’étaler sur plusieurs jours ; une 2ème phase de réparation dont le pic se situe entre 5 et 7 jours et ; une 3ème phase de remodelage musculaire qui permet de retrouver un muscle totalement fonctionnel et qui peut s’étendre jusqu'à plusieurs semaines. Ces éléments soulignent l’intérêt pratique et fondamental d’un travail qui a utilisé le delta d’augmentation des CPK a l’issue d’un match de rugby pour évaluer le niveau de contrainte musculaire et la cinétique de récupération (Smart et al 2008). Les résultats montrent que l’augmentation des CPK circulantes est bien corrélée avec le temps de jeu de chaque joueur et le nombre d’impacts. Ces auteurs proposent d’utiliser le delta CPK pour suivre la récupération individuelle de chaque joueur. Un travail réalisé par une équipe japonaise a permis de mesurer la réponse immunitaire lors de deux matchs consécutifs en rugby à 7, séparés par un intervalle de 4h (Takahashi et al 2008). Les paramètres étudiés étaient la numération leucocytaire, le dosage des immunoglobulines, l’évolution des compléments, le typage CD11 et CD16, la réponse dynamique de l’activité phagocytaire et les taux de radicaux libres. L’ensemble de ces données montre de faibles changements après le premier match et un effet net après le deuxième match. Ceci permet de conclure qu’il existe dans cette situation particulière un effet cumulatif sur les paramètres immunitaires de plusieurs matchs de rugby séparés par une récupération incomplète. L’ensemble de ces données souligne de façon évidente l’intérêt majeur d’évaluer les effets des contraintes mécaniques sur le système musculaire et sur les répercussions systémiques lors de la récupération d’un match de rugby. Les altérations métaboliques et structurales du muscle sont responsables d’une diminution de performance à l’issue d’un match. A ce jour, un seul travail non publié (Piscione et al.) a été réalisé immédiatement à l’issue d’un match international de joueurs de moins de 19 ans. Ce travail met en évidence une augmentation entre 4 et 5 % du temps de sprint sur 10 et 20m, une diminution de 6% de la détente verticale ; la force isocinétique du quadriceps a été mesuré à intervalle régulier dans les jours suivants, le pic de diminution de force se situe 12h après le match et s’étale jusqu’à 72h. Méthodes d’optimisation de la récupération Les différentes méthodes de récupération applicables au rugby, ont fait l’objet d’un travail comparatif de Gill et al. (2007) ; des joueurs de haut niveau ont été suivis à l’issue de quatre matchs successifs en respectant différents modes de récupération. La récupération a été évaluée par le dosage des CPK, les prélèvements ont été effectués à l’issue du match, 36 heures et 84 heures après. Les méthodes de récupération administrées ont été : la récupération passive ; la récupération active sous la forme de 7 minutes d’ergocycle à 150w après le match ; l’hydrothérapie de contraste qui consiste à imposer la succession de bain de la partie inférieure du corps de une minute à 8La pratique du Rugby à l’entraînement ou en compétition impose une double contrainte métabolique et inflammatoire. L’évaluation de la récupération métabolique peut se faire sur la base des connaissances solidement admises de son niveau de récupération en fonction de la totalité de la dépense énergétique. Cette mesure est accessible aux méthodes actuelles de mesure des déplacements, mais il reste une difficulté dans l’évaluation de la dépense liée aux efforts statiques. La récupération des contraintes mécaniques dues aux impacts et aux efforts excentriques est encore du domaine de la recherche. L’utilisation simultanée de marqueurs de la souffrance musculaire, de l’immunité et de l’inflammation doit permettre une quantification. Les résultats les plus récents sur la comparaison des différentes méthodes proposables, utilisent cette approche multifactorielle ; ils soulignent l’intérêt de la récupération active combinée aux différentes techniques de cryothérapie. Références Banfi G, Melegati G, Barassi A, Dogliottti G, Melzi d’Eril G, Dugué B, Corsi MM. (2008) Effect of whole-body cryotherapy on serum mediators of inflammation and serum muscle enzymes in athletes. J of Thermal Biology Cunnife B, Proctor W, Baker JS, Davies B. (2009) An evaluation of the physiological demands of elite rugby union using global positioning system tracking software. J Strength Cond Res. (0)1-9 Deutsch MU, Kearney GA, Rehrer NJ. (2007) Time motion analysis of professional rugby union players during match-play. J Sports Sci. 25:461-472 Duthie G, Pyne D, Hooper S. Time motion analysis of 2001 and 2002 super 12 Rugby. (2005) J Sports Sci 23:523-530 Gill ND, Beaven CM, Cook C. (2006) Effectivenes of post match recovery strategies in rugby players. Br J Sports Med. 40:260-263 Godemet M. Etude des exigences physiques et physiologiques du poste de troisième ligne en rugby. Mémoire pour l’obtention de la maîtrise « Ingénierie de l’entraînement sportif. UFR Staps. Université de Bordeaux 2. Nov 1994. Hermanssen L., Vaage O. (1984) Lactate disappearance and glycogen synthesis in human muscle after maximal exercise. Am. J. Physiol. 223: 422-429 Pedersen BK, Ostrowski K., Rodhe T. Brunsgaard H.(1998) The cytokines response to strenuous exercise. Can J. Physiol Pharmacol . 76:503-511 Robert SP, Trewartha G, Higgith RJ, El-Abd J, Stokes KA. (2008) The physical demands of elite English rugby union. J Sports Sci 26:825-833 Smart DJ, Gill ND, Beaven CM, Cook CJ Blazevich AJ. 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Les décès ont heureusement été rares, certains joueurs ayant vu leur carrière stoppée à titre préventif grâce au dépistage systématique comportant entre autres, un examen échocardiographique. Nous disposons désormais d’une série prospective conséquente élaborée au fil des douze dernières années, sur les jeunes joueurs évoluant en centre de formation et sur les plus âgés évoluant respectivement en Fédérale 1, Pro D2 et Top 14. Cette série nous a permis d’établir des abaques de normalité, sur le plan électrocardiographique et échocardiographique, en fonction des tranches d’âge et du poste occupé sur le terrain. Ceci simplifie notre approche car l’échocardiographie, examen très précieux dans le dépistage de nombre d’anomalies à l’origine de complications gravissimes, peut aussi induire en erreur des échocardiographistes non familiarisés à la population rugbystique. Désormais obligatoire en France à l’entrée, en pôles « Péricardite Espoirs » et « France », en centre de formation puis lors de la signature du premier contrat professionnel, puis tous les 4 ans par la suite, cet examen permet en toute innocuité d’apprécier les volumes cavitaires, la contracti- lité et le remplissage ventriculaires gauches, la masse myocardique, les structures et les jeux valvulaires mais aussi le péricarde, l’aorte ascendante et le segment proximal des artères coronaires. Le rugbyman ayant des parois ventriculaires fines, surtout lorsque indexées à la surface corporelle, le constat de parois épaisses ne laisse pas, comme dans d’autres thèse d’hypokinésie. Gardons cependant à l’esprit qu’une hypokinésie de repos « physiologique » n’est pas rare chez des sportifs avec une charge d’entraînement conséquente. Le diagnostic de cardiopathie dilatée doit alors impérativement être confirmé par une échocardiographie d’effort et une analyse des échanges gazeux (VO2 max., détermination des seuils ventilatoires et du pouls d’O2) à l’effort. La présence d’une péricardite liquidienne (cf. photo), parfois associée à une myocardite silencieuse potentiellement létale à l’effort constitue évidemment une contre indication temporaire mais absolue à la pratique de toute activité physique soutenue. Cet épanchement liquidien, lorsqu’il est constitué, sera facilement objectivé lors de l’examen échographique de routine. Dysplasie Arythmogène Ventricule Droit disciplines, la place au doute vis-à-vis d’une hypertrophie physiologique d’adaptation. Des parois significativement épaissies doivent donc faire évoquer sans ambiguïté une Myocardiopathie Hypertrophique ou le recours à des substances dopantes de type anabolisants. Un tel constat constitue clairement une contre indication temporaire à la pratique de toute activité physique (entraînement ou compétition) dans l’attente d’examens complémentaires à visée étiologique. L’utilisation du doppler tissulaire à l’anneau mitral, lorsqu’il objective une valeur anormale reste un élément diagnostique d’appoint. Enfin, les techniques de 2D strain myocardique demandent à être confirmées sur des séries avec effectifs importants de sportifs avant d’être retenues comme critères diagnostiques indubitables. La Cardiopathie dilatée est également facilement dépistée par l’échocardiographie, à la condition toutefois de se fier exclusivement aux diamètres ventriculaires indexés à la surface corporelle. Les différents calculs de la fraction d’éjection ventriculaire gauche doivent être concordants pour conforter l’hypo- L’aptitude à la compétition est alors en grande partie déterminée par l’évolution de ces valvulopathies à l’échocardiographie d’effort, même si, là encore, nous manquons de critères décisionnels précis. Gardons également à l’esprit que la découverte de certaines valvulopathies amènera à la pratique d’une antibioprophylaxie systématique dans certains cas chez des sportifs exposés de façon répétée aux plaies sanglantes, avec pour corollaire une diminution du risque de complications infectieuses de type endocardite. L’échocardiographie est par contre beaucoup moins performante dans le diagnostic de la Dysplasie Arythmogène du Ventricule Droit. En effet, les aspects de dilatation excessive du ventricule droit, d’hypokinésie segmentaire, de trabéculations apicales ou d’anévrisme ventriculaire localisé (cf. photo), évocateurs de cette pathologie, sont rarement retrouvés. L’IRM reste l’examen le plus performant à l’heure actuelle, mais néanmoins grevé d’un taux encore trop important de faux négatifs. Les valvulopathies à type de fuite ou rétrécissement se développant sur d’éventuelles anomalies structurelles de type prolapsus ou bicuspidie sont aisément dépistées par l’échocardiographie. Les rétrécissements et fuites aortiques, la fuite mitrale et le rétrécissement pulmonaire congénital sont les plus souvent en cause. Les formes avancées, et parfois très peu symptomatiques, nécessitent des mesures thérapeutiques parfois lourdes. Dans les cas moins sévères, les valeurs amenant à l’interdiction de toute pratique de la compétition ne sont pas encore toutes validées cependant. MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY De même, une dilatation anormale de l’aorte ascendante (en envisageant toujours une valeur indexée à la surface corporelle) avec risque de fissuration ou de rupture à l’effort sera retrou- Anomalie naissance coronaire tère pulmonaire et aorte, reste une cause majeure de décès chez le jeune athlète. En effet, la coronaire au trajet inhabituel peut ainsi subir une compression extrinsèque à l’effort intense de la part des deux gros vaisseaux sus cités, à l’effort intense ces derniers étant dilatés du fait de l’hyper débit sanguin d’effort. Il peut en résulter un effondrement du débit coronaire, avec ischémie d’aval du territoire myocardique et éventuel trouble du rythme ventriculaire mortel dans les secondes qui suivent. Une telle anomalie peut désormais être assez facilement repérée sur les machines de dernière génération, d’autant que la fenêtre ultra sonore de ces jeunes sportifs est habituellement excellente. En conclusion, couplée à l’ECG de repos, l’échocardiographie permet le dépistage de la plupart des anomalies morphologiques dangereuses pour le rugbyman Dilatation Aorte ascendante vée sans difficultés à l’échocardiographie (cf. photo). Cette anomalie, indétectable à l’examen clinique, sur l’ECG et lors du test d’effort, reste donc l’apanage de l’échocardiographie dans le bilan systématique de dépistage. Enfin, une naissance anormale du Tronc gauche coronaire ou de la coronaire droite (cf. photo), avec trajet coronaire anormal entre ar- dans sa pratique sportive. Bien connaître les spécificités échographiques du sport pratiqué et du poste occupé évitera de nombreux « faux positifs » et leurs lots d’inquiétudes et d’examens complémentaires injustifiés. Enfin, l’échocardiographie d’effort, en pleine évolution dans le cadre de la cardiologie du sport, semble un complément décisionnel très précieux dans certains cas. MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY Indications, intérêts potentiels et dangers des compléments alimentaires Pr Xavier Bigard PAGE 10 Institut de Recherche Biomédicale des Armées - 38700, La Tronche (Grenoble). 1. Définitions. La notion de complément alimentaire nécessite d’être clarifiée. Le terme de complément alimentaire est relativement récent, assez souvent mal utilisé, et désigne des produits qui ne sont pas alimentaires. Ce terme a été défini par une directive du parlement européen au début des années 2000. La définition d’un complément alimentaire est retrouvée dans le décret du 20 mars 2006 qui est une transposition pour la loi française de cette directive européenne. Les compléments alimentaires sont définis comme étant des denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d’autres substances, ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés. Les compléments alimentaires doivent respecter des doses journalières maximales à ne pas dépasser et font l'objet de déclaration auprès de la direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) qui examine leur composition et réalise des contrôles à l'instar des autres catégories de denrées alimentaires. Cependant, contrairement aux médicaments, leur commercialisation ne nécessite pas d’autorisation individuelle de mise sur le marché fondée sur l'évaluation d'un dossier industriel par une instance d'expertise. L’industriel reste le seul responsable de la conformité des mises sur le marché avec les normes en vigueur, de la sécurité et de la non-tromperie du consommateur. Il existe des compléments alimentaires à base de plantes et d’ingrédients naturels, ou sous forme de complexes, de vitamines et minéraux, dans de nombreux secteurs tels que la recherche de la minceur, l’amélioration de la digestion, la cosmétique, la maîtrise du stress, la gestion des effets secondaires de la ménopause, etc. Le domaine du sport représente un créneau commercial de choix, largement exploité par les industriels agroalimentaires. Ce qui est fondamental de rappeler, c’est que la définition du complément alimentaire inclut la notion de déficit nutritionnel et de mau- vaise couverture des besoins par l’apport alimentaire classique. De tels déficits (à couvrir par des compléments), concernent des groupes particuliers ; personnes âgées en institution, populations en situation de grande précarité, mais aussi les sportifs. Pour ces catégories de la population générale, des allégations sont régulièrement portées, plus ou moins fondées. Pour la population générale, les allégations d’effets des compléments alimentaires traitent de bénéfices pour la santé, qui bien sûr dépendent du statut nutritionnel initial de la personne. Par extension, pour les sportifs, les allégations proposées par certains compléments alimentaires portent sur les performances. C’est à l’évidence une dérive dommageable de la justification des compléments alimentaires, puisqu’on ne parle plus de bénéfice santé ou de besoin nutritionnel à couvrir, et de leurs indications. Il existe donc sur le marché de nombreuses spécialités présentées comme étant des compléments alimentaires, mais qui compte tenu du fait qu’elles n’ont pas de justification de couverture d’un besoin nutritionnel, mais d’effets sur les performances (effet ergogène), n’entrent pas strictement dans le cadre de tels produits nutritionnels. 2. Importance du marché actuel A l’évidence, le marché des compléments alimentaires pour sportifs est florissant. Dès le milieu des années 90s, il existait, uniquement aux USA, plus de 600 spécialités différentes, provenant de plus de 30 sociétés. Actuellement, on estime à plus de mille le nombre de spécialités existant sur le marché ce qui draine des sommes très importantes. Un phénomène récent a été identifié, surtout aux USA ; on a en effet constaté que la consommation de compléments alimentaires (ou tout du moins de produits présentés en tant que tels) touche aussi les jeunes non-sportifs, uniquement pour mimer les habitudes d’adultes sportifs qui véhiculent pour eux des images de réussite. On peut estimer que parmi toutes les spécialités présentes sur le marché, ap- proximativement un tiers est représenté par seulement 3 types de compléments ; les protéines totales, les acides aminés et dérivés (dont la créatine) et les micronutriments (vitamines, oligoéléments et minéraux). 3. Indications des compléments alimentaires En toute logique, l’indication d’un compliment nutritionnel repose dans un premier temps sur la définition d’un besoin théorique et dans un second temps sur une enquête permettant de vérifier la couverture de ces besoins nutritionnels par l’alimentation classique. Ce n’est qu’en cas de non-couverture du besoin spécifique que les compléments alimentaires peuvent être indiqués. Cette démarche doit autant que faire se peut être respectée ; elle résulte d’une analyse nutritionnelle qui répond à la définition des compléments alimentaires dans une logique de couverture des besoins nutritionnels. A. indication des compléments à base de protéines. La synthèse des protéines musculaires est essentielle au développement de la masse musculaire. Si les glucides représentent la source essentielle de fourniture d’énergie au cours l’exercice intense, la pratique régulière du sport augmente de manière importante les besoins quotidiens en protéines (Bigard et Guezennec, 2007). Chez le sportif, les besoins en protéines alimentaires sont étroitement liés au type de sport pratiqué. Les exercices prolongés de type endurant induisent, pendant leur réalisation, une réduction importante de l'ensemble des processus de protéosynthèse musculaire. Dans les conditions normales, la période de récupération se caractérise par une augmentation importante des synthèses protéiques qui compense les altérations survenues pendant l’exercice (Lemon, 1997). Il y a un enchaînement des phases d’inhibition de synthèse et de recrudescence de construction protéique pendant la récupération ; une attention toute particulière doit être portée sur la disponibilité en acides aminés pendant cette phase de récupération de l’exercice, phase cruciale pour la recons- MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY truction musculaire, et donc au niveau d’apport en protéines alimentaires. Il est cependant inutile d’enrichir démesurément la ration en protéines car le niveau de reconstruction protéique dépend de signaux biologiques liés à la contraction musculaire et non pas au niveau d’apport en composés azotés. Ce qui est par contre crucial, c’est la disponibilité rapide en acides aminés pendant la récupération, afin d’assurer le flux de synthèse en protéines qui est augmenté. Dans l’immense majorité des cas, les besoins en protéines du sportif d’endurance sont naturellement couverts par une alimentation riche et variée, sans qu’aucun supplément de protéines ou d’acides aminés ne soit nécessaire (Bigard et Guezennec, 2007). Chez le sportif de force, les questions posées par la ration protéique sont différentes ; elles concernent les relations qui peuvent exister entre les niveaux d’apport en protéines et la construction des protéines musculaires (Bigard, 1996). Comme pour les exercices de longue durée, le muscle subit une inhibition des synthèses pendant l’exercice, suivie d’un rebond pendant la phase de récupération (Lemon, 1997). De plus, les séances de musculation induisent un développement de la masse musculaire, principalement lié aux réponses locales du muscle (production de facteurs de croissance locaux et réponses propres de la fibre musculaire), et aux influences anabolisantes de certaines hormones produites pendant ces exercices de force. Le moment crucial est la phase de récupération pendant laquelle il faudra une parfaite disponibilité en acides aminés pour assurer la reconstruction du muscle, qui dans ce cas de figure, se fera de manière à assurer l’hypertrophie lente et régulière du muscle. Les protéines en tant que telles, n’ont pas d’effet anabolisant propre ; mais leur présence en quantité suffisante pour assurer la fourniture en acides aminés est déterminante pour permettre les effets hypertrophiants musculaires de l’exercice de force. Chez les athlètes de force, ou pour toute période d’entraînement orientée sur le développement de force, une analyse de l’équilibre nutritionnel sera conduite avec précision. Dans le cas de difficultés à couvrir les besoins en protéine, des compléments de protéines totales seront conseillés, en quantités limitées, et à consommer dans les suites immédiates des séances de musculation. B. les compléments à base d’acides aminés. Au cours des exercices de longue durée et en situation de faible disponibilité en substrats énergétiques (comme par exemple le glucose pendant l’exercice de type endurant), l’organisme a la possibilité d’utiliser un acide aminé pour fournir de l’énergie, la leucine. La tentation a été grande de proposer d’apporter de la leucine par voie orale, pendant l’exercice, afin de subvenir aux besoins en cet acide aminé indispensable. Or dans ce cas, la logique est plutôt d’apporter du glucose pendant l’exercice (seul ou avec un autre sucre facilement assimilable). Par ailleurs, il a aussi été proposé d’utiliser des suppléments d’acides aminés à chaîne ramifiée pendant l’exercice (leucine, isoleucine, valine) afin de retarder la survenue de la fatigue (Blomstrand et coll., 1991) ; on a maintenant obtenu les preuves expérimentales que cette proposition reste sans aucun effet sur les performances physiques (van Hall et coll., 1995). Comme nous l’avons vu plus haut, ce qui est déterminant chez le sportif de force, c’est la parfaite disponibilité en acides aminés dès la phase précoce de récupération des séances de musculation. Cependant, ce besoin doit être couvert par des protéines totales, et non pas par des acides aminés sélectifs. En somme, dans l’immense majorité des cas, les besoins en protéines du sportif sont naturellement couverts par une alimentation riche et variée, sans qu’aucun complément de protéines ou d’acides aminés ne soit nécessaire (Bigard et Guezennec, 2007). Le cas particulier de la créatine. La créatine est un composé naturel présent majoritairement dans les muscles squelettiques. Elle joue un rôle métabolique important puisque la phosphocréatine constitue la première filière métabolique permettant la resynthèse rapide d’ATP. 204. ! PAGE 12 Indications, intérêts potentiels et dangers des compléments alimentaires Suite Le taux de renouvellement quotidien de la créatine est de 2g/j pour un sujet de 60 kg, et le besoin nutritionnel est de 1 g/j. Ce besoin est très largement couvert par l’alimentation diversifiée comprenant de la viande ou du poisson. La consommation de créatine n’a donc aucune justification nutritionnelle de couverture d’un besoin. On a par contre suggéré que la créatine avait des propriétés ergogéniques (Bigard, 1998). Il existe de nombreuses preuves expérimentales de l’effet ergogénique de la créatine sur certaines performances musculaires ; en effet, administré à raison de 20 à 25 g/j sur de courtes périodes, ce composé permet d’augmenter les réserves du muscle en PCr ; ceci a pour conséquence d’améliorer les capacités du muscle à maintenir un exercice intense, de courte durée et répété. Cependant, et c’est un point fondamental, il ne fait aucun doute que les effets de la créatine seront plus marqués chez les sujets ayant, avant la supplémentation, une faible concentration musculaire de créatine totale (les sujets sédentaires par exemple). Les sujets régulièrement entraînés ont des concentrations musculaires importantes en créatine totale, ce qui fait la prise orale de créatine totalement sans effet. C’est peutêtre en partie ce qui explique que la lecture attentive des résultats obtenus à ce jour démontre que l’administration de créatine n’a pas des conséquences constantes et reproductibles sur les performances physiques. Par ailleurs, certaines études ont particulièrement bien démontré qu’il existe, en réponse à la prise de créatine, des sujets « répondeurs » et des sujets « non-répondeurs », ce qui complexifie encore l’analyse objective des effets ergogéniques de cette substance (Bemben et Lamont, 2005). C. les compléments de micronutriments. Les vitamines, minéraux et oligoéléments qui constituent la catégorie des micronutriments sont des substances présentes en faible quantité dans l’organisme, mais essentielles à de nombreuses fonctions physiologiques comme la contraction musculaire et la réparation des tissus lésés. Un régime équilibré se doit d’apporter ces substances qui sont nécessaires au bon fonctionnement cellulaire. Les minéraux sont classiquement différenciés des oligo-éléments par leur concentration dans l’organisme (les minéraux sont présents dans des quantités qui excèdent 1/10000ème du poids corporel, alors que les oligo-éléments sont en général présents dans des quantités 10 fois moindres). Une part importante du marché des compléments en micronutriments est occupée par les composés qui contribuent à la défense contre les espèces radicalaires de l’oxygène. Les espèces radicalaires de l’oxygène, ou radicaux libres sont des composés à demi-vie courte ; leur production excessive comporte un risque certain d’oxydation des acides gras entrant dans la constitution des phospholipides membranaires (Hininger et Bigard, 2007). Au cours de l’évolution, les organismes biologiques ont développé des systèmes de défense sophistiqués pour neutraliser les effets délétères des espèces réactives dérivées de l’oxygène. Ces systèmes de défense sont principalement des enzymes antioxydantes ; les superoxydes dismutases (SOD) à manganèse (localisées dans les mitochondries) ou à cuivre et zinc (localisées dans le cytosol), et les glutathion-peroxydases à cofacteur sélénium (GPx). Il existe d’autres systèmes de défense reposant sur les effets biologiques de vitamines, dont l’efficacité dépend principalement de l’apport alimentaire ; ces piégeurs de radicaux libres lipophiles incluent la vitamine E, les caroténoïdes, tel le β-carotène, le lycopène, la lutéine, et la vitamine C. La qualité de l’apport alimentaire est susceptible de jouer ici un rôle important par l’apport de ces métaux cofacteurs enzymatiques (Mn, Se, Cu) et des vitamines (vitamines A, C, E). A l’exercice, la production de radicaux libres relève principalement de deux types de mécanismes, l’un dépendant de l’augmentation importante de la consommation d’oxygène, l’autre relevant de processus d’ischémie-reperfusion de certains tissus. Au plan expérimental, l’augmentation de la production de radicaux libres à l’exercice chez l’homme, a été mise en évidence à la fois de manière directe par résonance spectroscopique (Ashton et coll., 1998) et de manière indirecte depuis plus longtemps, grâce au dosage des marqueurs biochimiques du stress oxydatif. Le développement d’un stress oxydatif à l’exercice est d’autant plus évident que l’épreuve est d’intensité élevée et le sujet peu entraîné. L’apport exogène en vitamine E participe à la prévention des effets délétères des radicaux libres produits lors d’un exercice physique, en particulier sur le développement de lésions des membranes cellulaires. L’association de plusieurs anti-oxydants (vitamines E et C) conduirait également à cet effet bénéfique, bien qu’aucune étude n’ait permis d’évaluer la synergie ou potentialisation d’une telle association. En revanche, l’hypothèse d’effets ergogènes des composés antioxydants ne repose sur aucune preuve expérimentale. Il est bien établi qu’un régime équilibré et diversifié comportant suffisamment de fruits et légumes permet de couvrir l’ensemble des besoins en micronutriments, même pour les sportifs. La question d’une éventuelle complémentation ne doit s’envisager qu’en cas de perturbation de l’apport alimentaire qui conduirait à minorer la consommation de produits frais, fruits et légumes. 4. Dangers liés à la consommation de compléments alimentaires. Ces dangers peuvent être envisagés à deux niveaux, celui de la santé de l’individu et de l’éthique sportive. A. risques pour la santé. La consommation de compléments alimentaires mal conduite et/ou sans justification associée à une alimentation comprenant des aliments naturels, riches en vitamines et minéraux peut conduire à un risque de dépassement des limites de sécurité pour le consommateur. Il suffit par exemple, de consommer des aliments riches en zinc complétés par la prise d’un complément alimentaire, pour multiplier par deux les apports nutritionnels conseillés (ANC) et approcher ainsi la limite de sécurité. Il convient donc de rester prudent quant à la consommation des compléments alimentaires et de favoriser des aliments à forte densité nutritionnelle afin de bénéficier d’un apport optimal en vitamines, minéraux et micronutriments. B. risques pour le respect de l’éthique sportive Il existe à cet égard un double risque qui est de nature conceptuelle et réglementaire. Conceptuellement, la demande de consommation de compléments alimentaires ne repose dans la plupart du temps sur aucun argument nutritionnel valide. En dehors de quelques cas très conjoncturels, la complémentation en vitamines-oligoélé- MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY ments n’a aucune justification de couverture de besoins, alors que les compléments en protéines doivent être strictement indiqués et contrôlés. Aucune justification nutritionnelle ne permet non plus, de justifier la consommation d’associations d’acides aminés. La seule justification plus ou moins ouvertement avouée c’est l’amélioration des performances physiques. Cette allégation est elle-même le plus souvent non démontrée, et quoi qu’il en soit, sans justification nutritionnelle, alors que les compléments nutritionnels sont définis comme devant compléter la couverture des besoins en macro- et micronutriments. Réglementairement, la consommation de compléments nutritionnels noncontrôlés fait prendre le risque de « dopage à son insu ». Un travail récent a permis de montrer que sur plus de 600 compléments alimentaires analysés, achetés dans 13 pays différents, 15% d’entre eux étaient « contaminés » par des stéroïdes anabolisants (Geyer et coll., 2008). Ce sont des stéroïdes inscrits sur la liste des produits interdits qui sont retrouvés, comme le stanozolol, l’oxandrolone, etc. Le développement de nouveaux stéroïdes de synthèse ne peut qu’accroître le risque de voir ces produits utilisés dans des compléments alimentaires destinés à améliorer les performances musculaires. Ce danger potentiel est loin d’être négligeable car il engage la probité des sportifs, leur respect de l’éthique sportive, et leur carrière en cas de sanction disciplinaire. C’est pourquoi l’achat de compléments alimentaires ne peut se faire que sur des marchés officiels, assurant la production de produits strictement contrôlés lors de leur fabrication ; dans ce domaine, l’engagement d’industriels sur la qualité des produits mis sur le marché est essentiel (De Hon et Coumans, 2007). En conclusion les compléments alimentaires répondent à une définition précise, celle de couverture d’un besoin qui ne peut l’être par l’alimentation classique. Toute démarche de complémentation doit donc débuter par la définition du besoin et de l’état de sa couverture par l’alimentation. Ce n’est qu’en cas de non-couverture qu’une complémentation pourra être envisagée. Force est de constater qu’actuellement, cette démarche n’est que très rarement adoptée et la consommation de com- pléments ne fait que s’accroître, uniquement sur des allégations « d’amélioration des performances », le plus souvent non-prouvées. Enfin, la diffusion de compléments alimentaires volontairement contaminés par des substances interdites (stéroïdes anabolisants, éphédrine, amphétamines, etc.) fait courir le risque d’un dépistage positif et de lourdes sanctions disciplinaires. Références Ashton T, Rowlands CC, Jones E, Young IS, Jackson SK, Davies B, Peters JR. Electron spin resonance spectroscopic detection of oxygen-centred radicals in human serum following exhaustive exercise. Eur J Appl Physiol 1998 ; 77 : 498502. Bemben M.G., Lamont H.S. Creatine supplementation and exercise performance. Sports Med., 2005, 35, 107125. Bigard AX. Apport en protéines et masse musculaire. Science et Sports, 1996, 11, 195-204. Bigard AX. Effets ergogéniques de la créatine. Science et Sports, 1998, 13, 211-220. Bigard AX, Guezennec CY. Nutrition du sportif. Collection Sport. Masson, 2007 Blomstrand E, Hassmen P, Ekblom B, Newsholme EA. Administration of branchedchain amino acids during sustained exercise - effects on performance and on plasma concentration of some amino acids. Eur. J. Appl. Physiol., 1991, 63, 83-89. De Hon O., Coumans B. The continuing story of nutritional supplements and doping infractions. Br. J. Sports Med. 2007, 41, 800-805. Gueyer H, Parr MC, Koelher K, Mareck U, Schänzer W, Thevis M. Nutritional supplements cross-contamined and faked with doping substances. J. Mass Spectrom. 2008, 43, 892-902. Hininger I, Bigard X. Exercice, stress oxydatif et apports nutritionnels spécifiques. In Nutrition du sportif, X Bigard et CY Guezennec, Masson Ed, 2003, pp119-48. Lemon PWR. Dietary protein requirements in athletes. Nutritional Biochemistry, 1997, 8, 52-60. Van Hall G, Raaymakers JSH, Saris WHM, Wagenmakers AJM. Ingestion of branchedchain amino acids and tryptophan during sustained exercise in man : failure to affect performance. J. Physiol., 1995, 486, 789-794. Ondes de choc radiales et neurocryostimulaton pour le traitement des tendinopathies. Ondes de choc radiales et neurocryostimulaton pour le traitement des tendinopathies. Suite ment la tendinopathie du supra-épineux et la ténosynovite du long biceps brachial. Dr Marc ROZENBLAT PAGE 14 Centre Coralis - 32ter avenue du général Leclerc - 77330 Ozoir La Ferrière. Réflexions à propos de nos connaissances actuelles sur la physiopathologie de la douleur des tendinopathies et 7000 cas traités en 8 ans par ondes de choc radiales et neurocryostimulation. Nous savons maintenant que la douleur tendineuse n’est pas liée à une inflammation. La « tendinite » doit être oubliée, elle n’existe pas : il faut utiliser le terme de « tendinopathie » pour toutes formes cliniques de lésion tendineuse. De récents travaux ont permis de confirmer que la douleur des tendinopathies est liée à une cascade d’évènements qui va stimuler les nocicepteurs présents dans l’intima des vaisseaux péri-tendineux. En sclérosant ces vaisseaux, la douleur tendineuse disparaît, mais la lésion tendineuse est toujours présente. Il existe bien sûr une hypothèse biochimique pour expliquer l’apparition rapide de la douleur par la production de substances irritatives au niveau de ces nocicepteurs mais c’est l’hypothèse mécanique qui, à notre avis, prédomine. La substance fondamentale, initialement prévue pour faire cicatriser la lésion collagénique tendineuse, se trouve en surplus dans et autour du tendon lésé. La pression locale est modifiée, augmentée. Elle sollicite les récepteurs à pression des parois des vaisseaux péri-tendineux. La néo-vascularisation contemporaine de la rougeur locale, exaspère/ amplifie ce phénomène. Alors que le tendon normal a une orientation collagénique régulière, le tendon pathologique montre en microscopie électronique une désorganisation de ces fibres collagéniques, séparées par un surplus de substance fondamentale. Ces mêmes fibres collagènes sont pour la plupart individuellement détériorées. Les ténocytes vont essayer de réparer ces lésions collagéniques quelques soient leurs origines macrotraumatique ou microtraumatique. Il arrive parfois que cette cicatrisation se fasse de manière inadaptée avec un surplus de substance fondamentale. La tendinopathie peut être comparée à une corde grippée: Un dépôt se fait entre et dans les ficelles (fibres collagènes) de la corde (tendon) qui devient plus rigide, rétractée, moins souple. Les tractions sont plus difficiles. Les contraintes au niveau de l’attache de la corde sont plus (enthésopaimportantes thie). Les ruptures de certaines ficelles grippées entraînent des micro-ruptures, des déchirures partielles ou totales (lésion intra tendineuses : fissuration, kystes, …). Un surplus de « grippe » entraîne une tuméfaction (nodule tendineux). L’induration de ce « grippe » peut exister (calcification à hydoxyapatite intra tendineux). L’objectif du thérapeute est de « dégripper » la corde, de donner une orientation collagénique satisfaisante et de restituer une pression intra tendineuse ne permettant pas la sollicitation des nocicepteurs artério-veineux péri-tendineux. Le traitement physique simultané par ondes de choc radiales et la neurocryostimulation permet de répondre à cette demande. Il n’est pas inutile de rappeler que les ondes de choc radiales percutent directement la zone tendineuse à traiter. L’objectif est de réaliser un effet mécanique de type massage transversal profond afin d’évacuer le surplus de substance fondamentale, de séparer les fibres collagènes de mauvaise qualité et de stimuler une néo-cicatrisation collagénique. L’utilisation dans les suites immédiates de la neurocryostimulation permet par une vasodilatation locale importante notamment du système veineux et lymphatique, de drainer les différents débris réalisés par les ondes de choc radiales. Le « grippe » est évacué. Cela évite des réactions à corps étranger locales (souvent décrit lors de l’utilisation unique des ondes de choc radiales comme effet indésirable post thérapeutique avec une augmentation des processus douloureux locaux). Pour résumer, les buts de l’association simultanée de ces deux thérapeutiques sont de dégripper la corde tendineuse pathologique et de faciliter l’évacuation rapide des débris collagéniques et du surplus de la substance fondamentale. La séance thérapeutique, selon notre protocole se déroule ainsi : Après une évaluation clinique de la tendinopathie, la séance d’ondes de choc est proposée. Les ondes de choc radiales ne doivent pas faire mal. Le thérapeute doit trouver le seuil de tolérance à la douleur qui est affaire de chaque cas et qui varie à chaque séance thérapeutique. Il choisi ses paramètres pour rester dans la non douleur (primum movens non nocere). La douleur ne serait que la traduction de lésions supplémentaires, iatrogènes qui ne feraient qu’augmenter les délais de cicatrisations et l’appréhension des patients pour les séances thérapeutiques suivantes. - Le nombre de percussion par ondes de choc radiales est, de l’avis de tous les thérapeutes, choisi arbitrairement à 2000 coups par séance. - La fréquence des coups est choisie en fonction de la profondeur du tissu à traiter. Si le tissu est superficiel, la fréquence est élevée (proche des 15 Hz). Si le tissu lésé à traiter est profond (3 à 4cm de la superficie cutanée), la fréquence est faible (2 à 4 Hz). Tous les intermédiaires sont possibles. Afin d’obtenir une parfaite traçabilité, la fréquence est toujours identique pour les séances suivantes. - Seule la pression de chaque coup varie au fil des séances de traitements en fonction de la tolérance du patient et de l’évolution de la cicatrisation de la lésion traitée. La première séance est généralement à pression basse dans la non douleur juste en deçà du seuil de tolérance du patient. Généralement, dans les cas très favorables, la pression augmente, toujours dans la non douleur, au fil des séances thérapeutiques pour obtenir des sommets proches des 4 bars souvent synonymes de retour à la une asymptomatologie douloureuse tendi- MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY neuse, non synonyme de cicatrisation définitive. La fréquence des séances est généralement de une à deux par semaine afin de permettre des délais satisfaisants pour drainer les débris occasionnés par les ondes de choc radiales. La séance de neurocryostimulation à -78°C se fait immédiatement après la séance d’onde de choc radiales. Elle ne se fait jamais avant, au risque d’obtenir une anesthésie de la zone à traiter, de perturber les sensations locales, de choisir une mauvaise pression à/des ondes de choc radiales, et d’être délétère. L’utilisation de températures en deçà de -60°C semble être plus efficace que les autres thérapeutiques de cryothérapie même si ces dernières se font dans des températures négatives (<0°C). Le choc thermique obtenu à partir de -60°C permet d’obtenir des vasodilatations supra-physiologiques du système lymphatique et veineux. La neurocryostimulation permet ainsi d’accélérer l’évacuation des débris occasionnés par les ondes de choc radiales. L’association de ces 2 thérapeutiques, l’une (neurocryostimulation) immédiatement après l’autre (onde de choc), nous paraît capital pour obtenir les résultats escomptés. Trois cas d’évolution sont rencontrés pour la satisfaction des patients : - Le cas très favorable où en trois séances la pression maximale de 4 bars est obtenue. L’antalgie est retrouvée en 15 jours. Il sera toujours indiqué aux patients sportifs d’attendre les délais incompressibles de l’horloge biologique de la cicatrisation collagénique d’au moins 6 semaines avant de reprendre des contraintes plus importantes au niveau du tendon initialement lésé. Les activités sportives en deçà de la douleur sont autorisées pendant la période de traitement. Un contrôle et une évaluation clinique sont généralement effectués à six semaines de la première séance pour autoriser la reprise des activités physiques et sportives en intensité. - les cas moins favorables où il faut 4 à 8 séances en augmentant progressivement la pression. Là aussi, la non douleur est retrouvée et les délais incompressibles de la cicatrisation doivent être respectés. - les cas peu favorables, voire décevants où la non douleur n’est jamais retrouvée, même associée à d’autres (antalthérapeutiques giques, AINS, …). Il s’agit probablement de lésions tendineuses sévères de type infarctus ou nécrose tendineuse qui malgré toutes les thérapeutiques proposées, ne donneront jamais des résultats satisfaisants. Un avis chirurgical est dans ces cas exceptionnellement demandé. De nombreuses tendinopathies, pour ne pas dire presque toutes, répondent favorablement à cette association thérapeutique. Au niveau de l’épaule, les tendinopathies calcifiantes ont été parmi les premières indications aux ondes de choc radiales. Les travaux réalisés avec la lithotritie ont été transposés pour proposer cette thérapeutique avec une certaine efficacité. Les différentes densités de calcification à hydroxyapatite donnent des résultats en fonction de l’importance de la densité de la calcification et non en fonction de l’étendue de celle-ci. Le nombre de ces calcifications ne semble pas influencer les résultats. Les calcifications sont essentiellement liées à des troubles métaboliques : déshydratation, mauvaise élimination des déchets métaboliques. D’autres troubles métaboliques sont fréquemment rencontrés, notamment l’hypo-ferritinémie liée à une mauvaise hygiène alimentaire avec insuffisance d’apport en aliments ferreux. Les causes mécaniques par une hyperactivité tendineuse (overuse) produit/produisent plus de déchets métaboliques. S’ils ne sont pas drainés ou éliminés, ils vont s’accumuler et entraîner une tendinopathie calcifiante. Les autres tendinopathies des tendons de la coiffe des rotateurs réagissent également favorablement à cette thérapeutique et notam- Au niveau du coude, toutes les tendinopathies superficielles permettent également une utilisation satisfaisante avec des résultats qui dépendent de l’importance de la dégradation collagénique du tendon. Il s’agit de la fameuse « épicondylite du sportif » ou « Tennis Elbow », actuellement peu rencontrée car techniquement les joueurs de tennis se sont améliorés. Ces tendinopathies latérales du coude sont beaucoup plus fréquentes chez les non sportifs et notamment chez les bricoleurs d’où l’appellation récente de « Castor Elbow » des bricoleurs du dimanche qui, entre autre, ne s’hydratent pas pendant leur bricolage. L’épicondylalgie latérale corporéale donne de meilleurs résultats que l’épicondylalgie latérale d’insertion. Cela s’explique probablement pas l’inefficacité des ondes de choc sur l’enthèse du tendon (l’action sur l’os est quasi nulle). L’épicondylalgie médiale ou épitrochléalgie donne également/répond bien avec des résultats satisfaisants mais il faut être vigilant de ne pas léser le nerf ulnaire à proximité. Au niveau du poignet, les différentes pathologies de type ténosynovite de De Quervain, bursite de l’entrecroisement ou tendinopathie des tendons cubital antérieur et postérieur donnent également des résultats satisfaisants. Au niveau de la main, les pathologies péri tendineuses comme les bursites des poulies digitales et les rétractions de type de Dupuytren donnent également de bons résultats. A notre avis, les indications au niveau du rachis sont inexistantes. Pour les membres inférieurs : Au niveau du bassin, la bursite du moyen fessier et la tendinopathie du moyen fessier avec des calcifications péri-articulaires sont une bonne indication et donnent de bons résultats. Les enthésopathies et les tendinopathies corporéales des muscles adducteurs peuvent être indiquées. Elles donnent des résultats mitigés. Au niveau du genou, toutes les tendinopathies péri-articulaires répondent à ces thé- rapeutiques. La tendinopathie patellaire répond favorablement alors que la bursite du TFL (ou syndrome de l’essuie glace) donne des résultats plus mitigés. Quant à la tendinopathie de la patte d’oie, un traitement de la ou des étiologies est nécessaire avant d’obtenir un résultat satisfaisant. Au niveau de la jambe, les périostites tibiales qui peuvent être assimilées à des enthésopathies du muscle tibial postérieur. Elles répondent également de manière mitigée à ce traitement. Au niveau de la cheville, la tendinopathie calcanéenne, quelque soit sa forme clinique, avec ou sans calcification, donne également de très bons résultats. L’enthésopathie achilléenne donne /obtient des résultats plus mitigés. Au niveau du pied, toutes les tendinopathies peuvent également réagir favorablement : fibulaire, tibial antérieur et postérieur, long fléchisseur propre du GO. La fasciite plantaire n’est pas véritablement une tendinopathie puisqu’il n’y a pas de tendon mais est une lésion d’une structure tissulaire (aponévrose) proche de celle du tendon. Elle donne les meilleurs résultats par cette thérapeutique. L’explication peut être donnée par sa faible épaisseur et la facilité avec laquelle il est possible de détendre cette membrane avec un traitement mécanique adapté. La présence et l’importance d’une épine calcanéenne n’influence en rien le résultat. En conclusion, l’utilisation simultanée des ondes de choc radiales et de la neurocryostimulation a permis au fil des années d’obtenir des résultats très satisfaisants pour les tendinopathies. Globalement, 75% des patients sont soulagés en 3 séances (en 15 jours) et 80% reprennent une activité sportive intense à 6 semaines. Encore faut-il connaître la physiopathologie de ces différentes formes de tendinopathies, de l’adapter au cas par cas, de ne pas faire mal pendant le traitement et surtout de respecter les délais de cicatrisation collagénique avant de reprendre des activités physiques et sportives intensives. Gueyer H, Parr MC, Koelher K, Mareck U, Schänzer W, Thevis M. Nutritional supplements cross-contamined and faked with doping substances. J. Mass Spectrom. 2008, 43, 892-902. Hininger I, Bigard X. Exercice, stress oxydatif et apports nutritionnels spécifiques. In Nutrition du sporX Bigard et CY tif, Guezennec, Masson Ed, 2003, pp119-48. Lemon PWR. Dietary protein requirements in athletes. Nutritional Biochemistry, 1997, 8, 52-60. Van Hall G, Raaymakers JSH, Saris WHM, Wagenmakers AJM. Ingestion of branchedchain amino acids and tryptophan during sustained exercise in man : failure to affect performance. J. Physiol., 1995, 486, 789-794. PAGE 15 Résultats plus mitigés Achille insertion Nb de cas = 54 Nb Séances = 5.3 (1 - 6) Satisfaits = 40 % Déçus = 60 % Recul = 8 mois (3 - 54) Plutôt tendance à ne plus porter l’indication des ENTESOPATHIES (coude, genou,….) Tenosynovite de De Quervain Nb de cas = 90 Nb Séances = 4.3 (3 - 6) Satisfaits = 60 % Déçus = 40 % Recul = 14 mois (1 - 22) Arthropathie Lombaire Ondes de choc radiales + Neurocryostimulation Nb de cas = 12 Nb Séances = 6 (1 - 6) Satisfaits = 33 % Déçus = 66 % Recul = 4 mois (3 - 8) Ondes de choc radiales + Neurocryostimulation Tendinopathie calcifiante de l’épaule Nb de cas = 760 Nb Séances = 3 ( 3 - 6) Satisfaits = 78 % Déçus = 22 % Recul = 43 mois (1 - 60) Conflit sous acromial de l’épaule (PSH) Tendinopathie coporéale d’Achille Nb de cas = 1213 Nb séances = 3,4 (1-6) Satisfait = 82 % Déçus = 18 % Recul = 36 mois (1-60) Nb de cas = 760 Nb Séances = 3 (3 - 6) Satisfaits = 78 % Déçus = 22 % Recul = 43 mois (1 - 60) Nb de cas = 677 Nb Séances = 2.8 (1 - 4) Satisfaits = 86 % Déçus = 14 % Recul = 36 mois (1 - 60 ) Pas d’indication aux capsulites rétractiles et algoneurodystrophie pour OCR mais bonne Indication pour Neurocryostimulation isolée Tendinopathie patellaire Nb de cas = 560 Nb Séances = 4,6 (1 - 6) Satisfaits = 73 % Déçus = 27 % Recul = 32 mois (1 - 60) Fibrose intra musculaire Nb de cas = 362 Nb séances = 5,1 (3-8) Satisfait = 85 % Déçus = 15 % Recul = 36 mois (1-50) Aponévrosite Plantaire (Epine calcanéenne) Nb de cas = 1000 Nb Séances = 2,3 (1 - 4) Satisfaits = 89 % Déçus = 1 % Recul = 36 mois (1 - 60) MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY PAGE 16 Interview du Dr Savigny -Médecin de club Cette entrevue à pour objectif de mieux comprendre le travail d’un médecin de club professionnel. MEDIRUGBY : Je commencerais tout d’abord par vous demander quelles sont pour vous les qualités requises pour un tel poste ? Dr Savigny : Même si cela peu paraître un peu pompeux je pense que la première qualité si l’on souhaite perdurer dans ce métier c’est d’avoir la confiance des joueurs. Ensuite c’est je pense l’excellence et les diplômes requis en médecine du sport et traumatologie du sport qui sont pour moi indispensables et même obligatoires pour suivre une équipe professionnelle. Une autre qualité à avoir, c’est la disponibilité pour répondre systématiquement à la demande de sportifs de haut niveau de jour comme de nuit, semaine et week-end. A titre d’exemple j’en suis personnellement depuis que j’ai pris mes fonctions il y a de cela 10 saisons à 300 week-end (matchs suivis). On ne peut pas oublier non plus l’importance de la relation humaine. Pour finir il est nécessaire d’avoir un grand réseau de spécialistes pour réagir en 48h maximum à la moindre traumatologie d’un joueur blessé. MEDIRUGBY : La notion de confiance entre médecin et joueurs est primordiale, mais est elle facile à gagner ? Dr Savigny : Ce qui va être important ce sont les premiers actes, sa qualité de diagnostic et la réputation que l’on a pu acquérir au fil des années. En suite le fait d’être dans une grande ville comme Paris nous aide par la rapidité d’accession aux examens complémentaires et grands spécialistes. MEDIRUGBY : Concernant le stade français, pouvez nous dire combien de personnes composent le staff médical et les spécialités représentées ? Dr Savigny : Nous sommes 3 médecins, moi-même un des rares médecins salariés du top 14, un médecin suppléant qui me remplace sur 4/5 matchs par an et un troisième qui lui me remplace pour les consultations durant mes congés. Ensuite j’ai un kiné à plein temps et deux kinés mi-temps dont un qui est ostéopathe, un podologue une matinée par semaine, des psychologues qui viennent régulièrement et une nutritionniste qui voit les joueurs tous les deux mois. MEDIRUGBY : Parmi l’ensemble des intervenants du stade français, comment définiriez vous la relation médecin / préparateur physique ? Dr Savigny : C’est une relation très importante qui demande une très bonne entente pour un bon fonctionnement. Il y a un processus simple qui est « médecin, diagnostic, traitement, soins, indisponibilité globale ». Ensuite, après toutes ces étapes, ou en même temps, selon la blessure, le joueur est remis entre les mains du préparateur physique qui, grâce à des fiches très précises hebdomadaires réalisées par moi et d’autres par les kinés, va commencer son travail avec ce dernier. Les fiches lui permettront de travailler des points précis en fonction de l’évolution de la blessure d’origine. MEDIRUGBY : Ces derniers temps, a été évoqué le fait du trop grand nombre de Km. effectués par les joueurs à l’entrainement. Qu’en pensez-vous et avezvous au sein du Stade Français réfléchi avec entraineur et préparateur à une solution ou une alternative ? Dr Savigny : Avant toute chose j’aimerais savoir qui et quel club mesurent les kilomètres parcourus car c’est aujourd’hui très difficile à réaliser mis à part sur une période très courte mais cela n’a rien de scientifique. Par contre il est important de mesurer les efforts globaux des joueurs sur une saison mais aussi de prendre en compte sur certaine pathologie la dose cumulée de traumatismes. Malheureusement une telle étude n’a pas encore été menée. comme je disais au début si on a l’excellence, les diplômes et les formations comme celles que je peux avoir en nutrition on est à même de répondre aux questions. Ce qu’il ne faut surtout pas c’est que les kinés ou préparateurs physiques puissent prescrire quoi que ce soit : c’est interdit par la loi ! Nous, au Stade Français, nous sommes sous contrat avec une entreprise de produits de l’effort où tout est contrôlé et sécurisé, nous garantissant une sécurité sur l’ensemble des produits prescrits aux joueurs qui n’ont de ce fait pas besoin de prendre autre chose ailleurs. Ensuite il y a les produits à usage thérapeutique (A.U.T) indispensables dans le traitement d’un joueur malade, qui nous oblige à remplir des papiers que l’on adresse à l’ AFLD et le joueur est protégé. Le dopage c’est utiliser un produit ou un procédé interdit référencé sur une énorme liste bien précise . Cette liste, les joueurs la connaissent puisqu'ils ont au moins une fois par an une grande réunion d’information sur le sujet avec l’agence française de lutte anti dopage parfois et moi toujours. Donc pour moi le dopage c’est un problème de tricherie ou de bêtise. Mais en 2008 sur les 278 tests 8 ce sont révélés positifs et 1 seul sur ces 8 cas était du dopage franc aux anabolisants et pour les autres c’était du cannabis et donc de la crétinerie totale. Je pense que les joueurs ne sont pas dans cet état d’esprit de dopage. Ils sont conscients qu’une carrière de sportif de haut niveau est très courte pour risquer d’endommager cette carrière par un geste stupide. MEDIRUGBY : Il existe aujourd’hui un label indépendant « wall protect » garantissant anti dopant certains produits pour la préparation, la performance et la récupération, que pensez-vous d’un tel label et de ce type de produit ? professionnel quelles sont les blessures les plus fréquentes ? Dr Savigny : Les blessures sont : les épaules les luxations, le rachis cervical et les lombaires leurs vieillissements prématurés, les doigts, les genoux avec entorses du plan interne et les croisés et les blessures musculaires de différents grades. MEDIRUGBY : Toujours concernant les blessures, quelle est la plus redoutée des joueurs et des médecins et pourquoi ? Dr Savigny : Les blessures redoutées ne sont pas les mêmes pour les médecins et les joueurs. Pour les médecins ce sont les blessures avec une dangerosité immédiate liées aux cervicales, les enfoncements au niveau du larynx ou les contusions costales pouvant embrocher rate ou rein. On redoute toutes les blessures qui ont un impact sur la viabilité ou la motricité. Pour les joueurs ce sont plus les croisés antérieurs qui les rendent indisponible 6 à 7 mois et le rachis cervical. MEDIRUGBY : Lors d’un match officiel comment sont anticipées les blessures et interventions liées ? Dr Savigny : Tout cela est légiféré et dépend notamment du stade, de son infrastructure et sa capacité en spectateurs. Nous à Jean Bouin, c’est un petit stade, on a 2 ambulances dont une est l’équivalent d’un SAMU avec un médecin urgentiste a son bord. MEDIRUGBY : Les calendriers et le rythme soutenu des rencontres ne posent ils pas des problèmes quand à la récupération complète des joueurs blessés avant leur retour sur les terrains ? Dr Savigny : MEDIRUGBY : Concernant les problèmes de dopage comment est abordé le sujet avec les joueurs et viennent ils vous demander des conseils sur certains produits ? Dr Savigny : Encore une fois cela dépend des clubs, mais dans les contrats : le responsable médical c’est le médecin et Dr Savigny : En effet c’est très important qu’un label garantisse une fabrication, un cahier des charges à respecter pour éviter d’être pris à « l’insu de son plein gré ». Un joueur au stade Français ne peut pas prendre quoique ce soit , normalement, sans m’en parler avant. MEDIRUGBY : Dans le monde du rugby MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY Ce problème de récupération est propre à tous les sports. Le sport professionnel vit ou survit grâce aux recettes, donc on a pour les grands clubs 34 à 40 matchs par an et il faut quoi qu’il en soit aligner 22 joueurs à chaque match. Maintenant ce qui me gène énormément et cette saison n’est vraiment pas pertinente en ce sens, c’est qu’il a fallu libérer des plages pour les équipes nationales et ce au détriment du sportif des clubs pro, qui sur 4 matchs rendent indisponibles les joueurs internationaux qui doivent jouer pour leur pays nous obligeant à aligner des jeunes joueurs pas forcément aptes : et c’est dangereux . Mis à part cela un joueur professionnel fait 20 matchs par an en moyenne, ce qui me semble tout à fait raisonnable. MEDIRUGBY : Dans votre carrière vous est il déjà arrivé de subir des pressions de la part d’un entraineur pour réintégrer un joueur pas complètement remis ? Dr Savigny : Non, au Stade Français on a jamais fait reprendre un mec qui ne pouvait pas reprendre et d’ailleurs je n’ai que rarement de reblessure. Sur 10 saisons avec une moyenne de 300 pètes par an cela m’est arrivé une fois sur un problème musculaire et c’est insupportable. Ce qui nous ramène au début de notre entretien et l’importance du médecin du club, ses compétences et de sa place dans le club. Il me semble impératif qu’un médecin traumatologue et du sport soit présent au moins à mitemps dans chaque club professionnel, ce qui hélas n’est pas le cas aujourd’hui. MEDIRUGBY : Pour finir pouvez-vous dire dans quelle mesure la professionnalisation de ce sport à modifier votre rôle et votre travail ? Dr Savigny : Ce qui a beaucoup évolué c’est la morphologie des joueurs qui sont plus grands, plus lourds, plus rapides et moins gros. Ce sont devenus des athlètes de haut niveau avec de nombreuses exigences à qui on demande beaucoup. Plus on se professionnalise plus les petits détails sont importants et plus il leur faut y consacrer du temps, d’où l’importance du médecin de club pro permanent ou à mi-temps qui est un métier spécial qui demande beaucoup de temps. Dr Savigny encore merci de nous avoir accordé de votre temps et je vous donne donc rendez sur medisports.fr. Propos recueillis par Grégory Busuttil au stade Jean Bouin le 28 janvier 2010. MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY PAGE 18 MEDI OVALIE Cette rubrique reflète l’activité médicale autour du rugby, dans le monde de l’Ovalie et attends donc vos envois MEDIRUGBY a participé : La conférence « Pour des Performances Propres « a été mise en place par la cellule recherche du comité médical sous l’égide du Dr Jean-Philippe HAGER. En préambule de la conférence Mr Pierre CAMOU ,président de la FFR a dans son introduction insisté sur le terme de l’intitulé de ce colloque, en mettant en avant l’importance de la protection de la santé du joueur pour la Fédération Française de Rugby. Colloque scientifique AMGEN au CNR de Marcoussis - Vendredi 11 décembre 2009 - Gérard DINE – Ecole Centrale de Paris et Institut Biotechnologique de Troyes Amgen, société de biotechnologie nord américaine qui distribue mondialement des médicaments obtenus par recombinaison génétique sur l’ensemble de la planète, a souhaité s’associer à la Fédération Française de Rugby pour l’organisation d’un colloque scientifique dont le thème était à l’interface entre applications médicales et compréhensions physiologiques utilisables notamment en pratique sportive. Amgen ne fabrique que des médicaments recombinants ou des médicaments biotechnologiques obtenus donc sans synthèse chimique. Les produits phares de cette société sont les facteurs de croissance des différentes cellules produites au niveau de la moelle osseuse, c’est-àdire globules rouges, polynucléaires neutrophiles et pla- La 1ère partie du colloque portait sur les interactions existant entre production des globules rouges ou érythropoïèse et métabolisme du fer. Ces sujets ont été abordés par les orateurs suivants : Olivier HERMINE, hématologue de l’Hôpital Cochin à Paris ; Paul ROBACH, physiologiste de l’ENSA à Chamonix ; Gérard DINE, biologiste de l’Ecole Centrale à Paris. L’érythropoïèse est une fantastique machinerie qui permet la production de 300 milliards de globules rouges par jour. La régulation de l’érythropoïèse est assurée très finement par l’adaptation à la pression partielle d’oxygène grâce à l’érythropoïétine qui est produite par certaines cellules rénales. L’érythropoïétine n’a pas qu’une action propre à la production des globules rouges mais se quettes. Amgen met à disposition également depuis peu de temps des molécules dites de thérapies ciblées utilisées dans le cancer du colon par exemple. L’approche biotechnologique sous-entend la compréhension de plus en plus élaborée des mécanismes physiologiques et biologiques du bon fonctionnement cellulaire et organique pour identifier les éventuels dysfonctionnements à l’échelle moléculaire des maladies humaines. Pour ces raisons des outils tels que la génomique et la protéomique ont permis en 15 ans des introspections spectaculaires au niveau de l’organisme humain autorisant l’innovation thérapeutique mais permettant également des progrès conséquents dans le domaine de la physiologie humaine générale. On peut donc concevoir que l’amélioration de ces connaissances peut jouer un rôle très positif en physiologie de l’exercice appliquée au sport de haut niveau. révèle être en fait une cytokine multi-usage jouant un rôle très important au niveau de la préservation de la vie cellulaire dans la moelle osseuse. Ce mécanisme est connu sous le terme d’apoptose. L’érythropoïétine est un facteur anti-apoptotique qui agit à travers un récepteur spécifique présent à la surface des progéniteurs érythroïdes de la moelle osseuse. Il existe au niveau du récepteur de l’érythropoïétine des voies d’activation différentes. Certaines de ces voies peuvent être anormales et provoquer des maladies hématologiques comme la polyglobulie primitive ou maladie de Vaquez. Il existe en parallèle des anomalies d’ordre génétique sur ce récepteur de l’érythropoïétine qui entraînent non pas des maladies hématologiques mais des situations d’érythrocytose c’est-à-dire une augmentation de la production des globules rouges non pathologique. Certains états érythrocytosiques aujourd’hui identifiés peuvent être favorables du point de vue de la santé et apporter un Erythropoïèse et métabolisme du fer avantage sélectif par exemple pour les sportifs aérobies. C’est le cas de plusieurs skieurs de ski de fond. Ces sujets sportifs ont permis historiquement et médicalement l’identification de ces anomalies par les médecins spécialistes en hématologie. La relation avec l’altitude est bien entendu importante. L’entraînement en altitude est largement utilisé mais tous les individus ne répondent pas de la même manière. La variabilité de la réponse était difficilement compréhensible à partir des initialement mécanismes connus liés à la pression partielle d’oxygène et à la production d’érythropoïétine. En fait, il existe des systèmes très complexes d’interactions entre l’érythropoïèse et le métabolisme du fer qui interfèrent à ce niveau. Il n’y a pas d’égalité de réponse à l’entraînement en altitude. Certains individus en raison de ces mécanismes précis vont avoir un comportement positif et d’autres ne profiteront absolument pas de ces stages en altitude. La production d’érythropoïétine est médiée par la réaction au niveau rénal d’un complexe appelé HIF. Ce complexe va agir positivement sur la production d’érythropoïétine mais également va impacter le métabolisme du fer. Sous érythropoïétine, la moelle osseuse va accélérer la production de globules rouges mais cette augmentation de la production est fer dépendante. Cela revient à dire qu’en fonction des caractéristiques de son métabolisme du fer, un individu va réagir plus ou moins rapidement à l’érythropoïétine. Il y a moins de 5 ans a été identifiée une molécule dénommée Hepcidine qui se comporte vis-à-vis du fer circulant comme l’insuline se comporte vis-à-vis du glucose circulant. L’Hepcidine est fabriquée par le foie. Elle est directement influencée par l’existence d’un état inflammatoire, l’hypoxie, la production de globules rouges donc l’érythropoïétine et le stock en fer. Les connaissances acquises à ce niveau permettent aujourd’hui d’éclairer de manière nouvelle et assez différente les nombreuses situations curieuses dans lesquelles peuvent se retrouver les sportifs de haut niveau MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY par rapport à leur production énergétique, à leur niveau de globules rouges mais également vis-à-vis de leur besoin en nutriments dont le fer. Sans compliquer la situation il faut savoir que le fer joue un rôle de plus en plus connu et important du point de vue énergétique au niveau du muscle. En effet le fer est une composante de la myoglobine comme il l’est pour l’hémoglobine au sein du globule rouge. La myoglobine est une molécule acceptrice d’oxygène vis-à-vis de la chaine énergétique située au niveau musculaire en vue de la production et de l’utilisation de l’ATP pour la contraction actine-myosine. Selon que l’entraînement soit réalisé en altitude ou au niveau de la mer en fonction du statut en fer et selon la stimulation par érythropoïétine, les comportements sont en fait très différents. Par conséquent les résultats sur les sportifs eux-mêmes peuvent être négatifs où véritablement positifs du point de vue de la performance musculaire. On peut concevoir qu’à la lueur de ces éclairages scientifiques nouveaux, la mise à disposition de molécules biotechnologiques permettant de modifier le fonctionnement énergétique soit un danger véritable du point de vue du dopage. C’est en fait toute la problématique de l’érythropoïétine depuis 20 ans qui s’avère un médicament extraordinaire mais qui dévié en utilisation sportive constitue un élément de modification de la performance très significatif. Les outils mis en place pour lutter contre le jours chez des skieurs de fond la prévalence de mutations portant sur le gène HFE impliqué en particulier dans la maladie génétique de surcharge en fer l’hémochromatose. En raison de l’intrication entre érythropoïèse et métabolisme du fer, ces individus sans présenter de situation pathologique vont avoir une meilleure réactivité aux besoins induits par l’entraînement intense et la mise en situation d’hypoxie notamment lors de séjours en altitude. En contrepartie certains de leurs paramètres biologiques peuvent laisser penser qu’ils sont l’objet de manipulations dopantes par transfusion ou par utilisation d’érythropoïétine. Dans ces conditions, l’identification, entre états prédisposants et dopages véritables, nécessite des outils sophistiqués qui ne sont pas forcément utilisés par les laboratoires de contrôle antidopage actuellement. Certaines fédérations comme la fédération internationale de ski ont donc développé des suivis longitudinaux très précis afin de s’assurer de la traçabilité biologique des athlètes à coté des contrôles antidopages. Ces particularités génétiques ne s’appliquent pas en première intention à la nécessité énergétique des joueurs de rugby mais la philosophie similaire de la traçabilité biologique a été reprise dans le passeport biologique de la LNR en particulier vis-à-vis de la production hormonale et de ses désordres. dopage à l’EPO par contrôle moléculaire dans les urines où à travers le passeport biologique ont permis d’identifier des individus manifestement non dopés dont les particularités biologiques leurs donnent des avantages en terme de performances musculaires. Ces dernières années il a été identifié tou- rassemblé Dominique DEBIAIS, pharmacienne chargée des affaires réglementaires de la compagnie Amgen et Christian LANTA, entraîneur de l’équipe d’Agen pour animer une table ronde où étaient présents également les autres intervenants. Le souhait était de traiter de manière transparente la réa- Erythropoïèse et métabolisme du fer La 2ème partie du colloque a lité de la performance que ce soit au niveau industriel ou au niveau sportif vis-à-vis des organisations nécessaires à mettre en place, des réglementations à respecter et pour le sport la transparence quant à l’absence d’utilisation de produits dopants. Le parallèle a été mené entre les approches industrielles et sportives avec les risques encourus et les échecs. Les échecs sont en effet beaucoup plus fréquents qu’on ne le pense dans le domaine industriel surtout en biotechnologies où la complexité des mécanismes est telle qu’un axe apparemment valide de développement pour un produit peut se révéler en fait une impasse. C’est donc l’adaptation rapide et la capacité à réagir face à une fausse direction qui peut permettre la sauvegarde et la préservation de la performance en l’occurrence au sein d’une société la capacité à maintenir les productions à destination du marché. Christian LANTA a exposé la complexité que représente la gestion d’une équipe de rugby professionnelle avec les différents aspects et les interactions négatives ou positives qui peuvent se présenter. L’augmentation des charges d’entraînement et l’impact des matchs sur l’organisme constituent des points d’interrogation de plus en plus évidents que doivent prendre en compte les entraîneurs des clubs professionnels. Aujourd’hui ces entraîneurs ne sont plus seuls et sont entourés de véritables staffs pluridisciplinaires aux compétences variées et élargies. La progression du rugby moderne qui est passé de l’amateurisme au professionnalisme en 20 ans confrontée à une exigence médiatique importante n’est pas différente de l’émergence des sociétés biotechnologiques à coté des géants pharmaceutiques classiques. Les processus d’innovation et de maitrise de la nouveauté par rapport à l’existant apparaissent comme des éléments clés à la fois pour la performance sportive mais également pour les entreprises biotechnologiques. La relation à l’argent qui en économie de marché est synonyme de survie et de succès ne peut pas être ignorée. Toutefois le rappel aux valeurs initiales et aux nécessaires réglementations doit être constant au risque en cas de difficultés de ne pas être capable de faire face aux situations de crise et de croissance. cale. Les sujets en étaient la contention et l’urgence cardio respiratoire. 1°) Le strapping: indications, contre-indications. Quatre kinésithérapeutes en charge des sélections, ont animé les ateliers Le premier atelier était une démonstration sur les différents strapping du genou ( LLI, LLE,LCA,LCP, Tendon rotulien ),avec ensuite des travaux pratiques effectués par les participants les autres ateliers ont traité le strapping de l'épaule, de la cheville, du poignet et du pouce. 2°) le major RUBEYGUE responsable de la sécurité et conseiller technique à la direction départementale des sapeurs pompiers à Perpignan.est intervenu sur : la manière de se servir d'un défibrillateur avec un mannequin. La respiration artificielle avec l'aide du mannequin et du défibrillateur. le massage cardiaque en 60\2 Cette action a eu un énorme succès puisque grâce à cette réunion de nombreux présents se sont inscrits à l'examen de 1er secours. FLASH SUR LES DONNÉES MÉDICALES LIÉES À LA PRATIQUE DU RUGBY À 7 (Dr. Bernard Zabotto – Médecin de l’équipe de France à 7) Très peu d’études scientifiques épidémiologiques ont été réalisées sur le rugby à 7. Cependant l’expérience accumulée depuis 2002, amène à dresser un constat sur certaines différences dans la fréquence de certaines pathologies. Dans la pratique du rugby à 7, il y a plus de problèmes articulaires aux épaules (répétition des longues passes), plus d’entorses des chevilles (changements d’appuis très fréquents et à haute vitesse) et plus de contractures des mollets et ischio-jambiers. Par contre il y a moins de plaies et de sutures ainsi que moins de pathologies rachidiennes. Enfin, le réveil de blessures anciennes est une constante et plus particulièrement sur les instabilités des chevilles et les tendinopathies des membres inférieurs. ERRATUM « Dans le dernier numéro, au sujet de l‘article paru dans la rubrique MEDIOVALIE concernant la pathologie cervicale d’un jeune rugbyman, il convient de savoir que le suivi médical de joueur a été initié et managé par le Dr Jacques SARDA , Président de la commission médicale territoriale POITOU CHARENTES , qui d’ailleurs avait évoqué ce cas en premier auprès de MEDIRUGBY ». Réunion Lieu : Perpignan Le Dr Charly HAIECH du comité du Roussillon a organisé le 16 janvier 2010 à la maison des sports à Perpignan, une réunion de formation médiMEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY Le Médimemento PAGE 20 Dr Denis Gutierrez/ Dr Jean Jacques Randé Merci à tous ceux et celles qui nous ont adressé de nouvelles adresses de sites internet ainsi que les livres, les sorties ciné, les musiques à conseiller. N’hésitez pas à réagir aux articles ou à demander des précisions si besoin nous les transmettrons aux auteurs// contact : [email protected] LUTTE CONTRE LE DOPAGE FORMATION AUX PREMIERS SECOURS La liste des produits interdits www.santesport.gouv.fr Association Nationale des Premiers Secours : www.anps.fr Le site de l’agence mondiale antidopage (AMA) www.wada-ama.org Croix Rouge Française : www.croix-rouge.fr Agence française de lutte contre le dopage (AFLD) 229, bd Saint-Germain 75007 Paris Tél. : 01 40 62 76 76 Fax : 01 40 62 77 39 Ecoute Dopage : 0 800 15 2000 ww.afld.fr Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) 1, av Pierre de Coubertin 75640 Paris Cedex 13 http://franceolympique.com Le site de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie www.drogues.gouv.fr Le site de l’Institut National de Veille Sanitaire (INVS) http://www.invs.sante.fr Le site de l’Agence française de sécurité des aliments http://www.afssa.fr Le site de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé http://www.afssaps.fr SOCIÉTÉS SAVANTES Fédération Française de Cardiologie : www.fedecardio.com Société Française d’Anesthésie et de Réanimation : www.sfar.org SÉCURITÉ ROUTIÈRE www.premierdecordee.org Tél. 01 40 34 96 91 Fédération des Secouristes Français : www.croixblanche.org Protection Civile : http://protection-civile.org Fédération Française de Sauvetage et de Secourisme : www.ffss.fr ACHATS Rugby Espace XV de France 14 rue de Clichy 75009 Paris (ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h) [email protected] VOYAGE : LE « 112 » Le 112 est le numéro unique d’appel d’urgence, non seulement dans les 25 Etats membres de l’Union Européenne, mais également dans certains pays européens hors UE, comme la Suisse. Ce numéro 112 est gratuit et ce quelle que soit l’origine de l’appel : fixe, mobile, téléphone public. • Pour tous les voyageurs, le site de l’Institut Pasteur est : http://www.pasteur.fr • Enfin pour les questions d’épidémiologie médicale, le site GROG est à consulter : http://www.grog.org AIDE POUR PERSONNES ÂGÉES www.handicapzero.org Tél.: 0 800 393 951 MÉDIRUGBY A LU : • Tournoi « légendes d’un centenaire » J.R.Delsaud, J.Souquet, N.Zanardi – Editions Midi Olympique • Le rugby à l’essai X.Lacarce – BDL Editions • La passion et l’histoire Allègre, J.P. Gonguet, O.Villepreux • Croquis Parisiens L.Koechlin – Alain Beaulet Editions • L’Histoire insolite A. Castelot – Librairie Académique Perrin CALENDRIER • 29 mai-5 juin 2010 – 29e séminaire de l’AMDTS – Traumatologie et Cardiologie du sport Organisation AMDTS : http://amdts.free.fr/ • 30 septembre – 2 octobre 2010 – 3e congrès commun SFMS & SFTS – Cité Internationale Universitaire, Paris • 6 novembre 2010 – 28e journée de traumatologie du sport de la PitiéSalpêtrière : conflits du membre supérieur chez les sportifs. Une physiopathologie à discuter – Maison de la chimie – 28, rue Saint-Dominique75007 Paris. • Samedi 27/03/2010 Vingt troisième Journée de Bichat Sport et appareil locomoteur TOUT SUR LA HANCHE Service de Rhumatologie Hôpital de Bichat 01 40 25 74 01 MÉDIRUGBY A ÉCOUTÉ • « Quatuors à cordes op.54, 55 et 56 » de George Onslow – Quatuor Diotima • “ Contra” – Vampire Weekend MÉDIRUGBY VA AU CINÉMA • Gainsbourg Film de Joann Sfar • City Island Film de R. de Felitta • Complices Film de Frédéric Mermoud • Avatar Film de James Cameron • Invictus de C. Eestwood • Nelson Mandela et la coupe du monde de rugby 1995, le sport au service d’une cause LUTTE CONTRE LA MALADIE D’ALZHEIMER France Alzheimer : 0 811 112 112 www.francealzheimer.org PHOTO DU STAFF DU XVF FÉMININ – NATIONS’CUP AOÛT 2009 – TORONTO (CANADA) CONTACTS MÉDIRUGBY [email protected] (STAFF MÉDICAL RECONNAISSABLE AUX BÉRETS) MEDIRUGBY n°10 - LE JOURNAL MÉDICAL DE LA FÉDÉRATION FRANCAISE DE RUGBY SECTEUR MÉDICAL FÉDÉRAL : RÉUNIONS AVEC LES COMMISSIONS MÉDICALES TERRITORIALES Dr Denis Gutierrez Le comité médical fédéral est composé de cinq membres : - Le Dr Bagate, président du comité médical fédéral, élu au comité directeur de la FFR et chargé de mission auprès du président de la FFR. Il a en charge plus particulièrement les dossiers « dopage » et les dossiers « IRB ». - Le Dr Barizien, médecin fédéral et médecin résident du CNR Marcoussis. - Le Dr Peyrin, président de la commission médicale de la LNR, en charge du secteur médical du haut niveau. - Le Dr Gutierrez, médecin du XVFF et en charge du secteur médical fédéral. - Le Dr Hager, médecin du XVF et en charge du pôle recherche de la FFR. Le secteur médical fédéral est composé d’une commission de vingt membres (président de commissions médicales territoriales, président de commission médicale départementale, experts juridiques, pharmaciens…) qui se réunit au moins deux fois par an. Une réunion plénière avec tous les présidents des commissions médicales territoriales se réunit une fois par an, à l’occasion d’un évènement rugbystique significatif (la dernière s’est déroulée le 20 novembre 2009 et le lendemain l’ensemble des participants a pu bénéficier d’invitations pour les matches France vs Canada (féminin) et France vs Samoa (masculin)). Parmi les axes d’actions de ce secteur médical fédéral, il a été décidé que le Dr Gutierrez irait voir toutes les commissions médicales territoriales, afin de présenter la nouvelle organisation, de poser les axes principaux de travail de la commission mais aussi, et surtout, de faire remonter au niveau central les principales doléances des comités médicaux territoriaux dans le domaine médical (au sens large médical, para-médical et pharmacologique). Les commissions médicales territoriales Midi-Pyrénées (16 septembre 2009), Lyonnais (25 septembre 2009), Roussillon (24 octobre 2009) et Côte d’Azur (25 novembre 2009) ont organisé des réunions de travail qui ont permis de mettre en évidence les points positifs suivants : - 70% des médecins et 70% des kinésithérapeutes, reçoivent des ordres de convocation pour les soutiens médicaux des sélections territoriales. - Le modèle de convocation établi par le comité du Lyonnais servira de modèle à un modèle type pouvant être proposé au comité médical fédéral puis valider par le comité directeur FFR. - La quasi-totalité des membres des staffs médicaux possèdent une assurance de responsabilité civile pour l’exercice particulier en milieu rugby. - 75% des pharmacies sont prises en charge financièrement par les comités territoriaux. - 75% des commissions médicales territoriales organisent des réunions de formation continue qui sont « défrayées » pour partie par les comités territoriaux. Il y a néanmoins certains points très perfectibles (expression politiquement correcte) : - Une commission médicale territoriale ne bénéficie pas ni de pharmacies pour ses sélections territoriales ni d’ordre de convocation ; - Les relations dirigeants territoriaux/ staff médicaux sont basées parfois beaucoup plus sur l’affect que sur la prise en compte des grandes responsabilités prises par les staffs médicaux. - Les staffs médicaux ne sont pas là seulement pour « cocher une case », mais pour mener des actions de soins de qualité et des actions de prévention chez les populations des jeunes licenciés mais aussi des moins jeunes. - Utilisation de soigneurs sans aucune qualification – il est rappelé que les secouristes ne sont habilités qu’à faire des actes de premiers secours (et pas de traiter une entorse du genou par exemple….). - Fidélisation des médecins, des kinés. Le 2e congrès médical de la FFR&LNR de Toulouse (septembre 2009) a permis la prise de conscience collective de l’obligation des médecins et des kinés de pouvoir bénéficier de contrats pour exercer leur métier et de la prise en charge des assurances civiles professionnelles. L’article exhaustif de maitre M.Contis, dans le n°9 de Médirugby donne un éclairage complet sur les droits et les devoirs de chacun dans le périmètre des actions médicales du monde de l’Ovalie. En pratique les convocations « modèle Lyonnais » pourront servir de contrat aux membres des staffs médicaux des sélections territoriales. En pratique des assurances civiles professionnelles pour tous les staffs médicaux territoriaux devraient voir le jour pour la saison 2010-2011 (mais patience). En attendant tous les médecins, infirmiers et kinés doivent être assurés pour leur exercice de soins sur le terrain. Le secteur médical fédéral rappelle que l’organisation de secours sur un évènement est de la responsabilité de l’organisateur de la manifestation. Si d’aventure un médecin souhaite prendre la responsabilité d’un tel soutien, seul un contrat en bonne et due forme, définissant clairement, une fois de plus, les droits et les devoirs de chaque Partie (organisateur et médecin responsable), permettra une définition claire des périmètres de chacun. Il faut signaler enfin la chaleur et la grande convivialité des accueils et je tiens à remercier les Dr. Galouye, Dr.Turblin, Dr.Hager et Mr Ebeyer (vice président Comité du Lyonnais), Dr. Haiech, Mr Xamma (vice président Comité du Roussillon) et Mr. Grau (secrétaire général du comité du Roussillon), Dr. Farrugia et Mr.Henri Mondino (président du comité Côte d’Azur) pour leur dynamisme et la présentation objective de leur problématique médicale territoriale. Conclusion Le secteur médical fédéral a mis en place des structures qui vont permettre à tous les acteurs territoriaux dans un premier temps, puis départementaux, de travailler ensemble sur des thématiques partagées. Il serait naïf de penser que l’ensemble des contraintes seront levées en moins d’une mandature, mais les plus grosses difficultés (contrats, assurance) le seront. Le défi pour le monde médical (toujours au sens large) est de recruter et de fidéliser un nombre suffisant de professionnels de la santé qui permettront aux joueurs et joueuses de l’Ovalie de bénéficier des meilleurs soins et de conseils préventifs de qualité.