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Du vendredi 4 mars 2016 - de la part de Stéphane Le Foll
UKRAINE – REUNION FORMAT NORMANDIE
« Nous nous sommes réunis ce soir dans le format dit «de Normandie» afin d’examiner les propositions qui nous ont
été soumises par l’OSCE. Ces propositions avaient été évoquées lors de la dernière réunion ministérielle qui s’était tenue
à Munich au début du mois de février. Ces discussions avaient porté sur trois points spécifiques qui ont fait l’ordre du jour
ce soir : la consolidation d’un cessez-le-feu effectif, les modalités des élections locales dans le Donbass et la sécurisation
de ces élections. Les discussions se sont déroulées dans un climat direct, franc où les mots de chacun ont été prononcés
sans langue de bois, mais ont permis d’avancer sur un certain nombre de questions essentielles. D’abord, sur la
consolidation du cessez-le-feu : il y a plusieurs aspects à considérer. D’abord, le cessez-le-feu proprement dit passe aussi
par le retrait des armes. Nous avons appelé les parties à réaffirmer publiquement leur engagement à s'abstenir de toute
utilisation d'armes dans la zone de sécurité, y compris à des fins d'entraînement. A cet égard, nous avons salué l’accord
trouvé à Minsk hier dans le cadre du groupe trilatéral de contact et nous avons appelé à sa mise en œuvre rapide. Nous
avons appelé les parties à fournir toutes les informations nécessaires au suivi et à la vérification effective par l'OSCE du
retrait de toutes les armes lourdes, et cela sans délai. Nous avons aussi appelé les parties à achever le retrait des armes
lourdes. Je l’ai évoqué à plusieurs reprises dans cette intervention ; cela a été un des sujets de cette discussion qui,
finalement, s’est bien passée. En ce qui concerne, maintenant, le suivi effectif, le contrôle et la coordination de ce cessez-
le-feu, des engagements ont également été pris. Nous avons appelé les parties à assurer à la MSOU, la Mission spéciale
d’observation de l’OSCE en Ukraine, un accès intégral et sans restriction. Nous avons appelé à ce que le JCCC, centre
conjoint de contrôle et de coordination, puisse identifier les responsables des violations et veiller à ce que soient prises les
mesures nécessaires pour les empêcher d'agir de nouveau. Nous avons appelé à l’établissement, d’ici le 30 avril 2016, en
lien avec la MSOU de l’OSCE, d’un mécanisme de prévention et de règlement des incidents. En ce qui concerne, enfin, les
aspects humanitaires et socio-économiques, nous nous sommes réjouis de l’accord trouvé, hier, également à Minsk sur le
déminage, et nous avons appelé à sa mise en œuvre rapide et complète. Nous avons appelé à un accès sans restriction,
sans encombre de l'aide humanitaire internationale à la population civile qui en a besoin dans les zones affectées par le
conflit. Jusqu’à présent, une grande partie des ONG n’a plus aucun accès : il était important qu’un engagement soit pris
sur ce point ce soir. Nous avons, en outre, appelé à la libération et à l'échange de tous les prisonniers et de toutes les
personnes détenues illégalement d'ici le 30 avril 2016. L’accès de la Croix Rouge internationale à l’ensemble des détenus
liés au conflit doit également être garanti. J’aborde le deuxième grand thème : les modalités de la tenue des élections
locales dans le Donbass. Nous avons examiné les propositions préparées par l’OSCE portant en particulier sur le système
électoral, l’administration des élections et le rôle et la participation des partis politiques. Nous avons souligné
l’importance de l’élaboration et de l’adoption d’une loi électorale par le parlement et le gouvernement ukrainiens, afin de
permettre la tenue des élections locales et nous avons souhaité que ces élections locales aient lieu avant la fin du
premier semestre 2016, conformément à la séquence adoptée par les chefs d’Etat et de gouvernement à Paris le 2
octobre dernier. Les ministres ont discuté de solutions de compromis sur les modalités d’organisation de ces élections.
D’ailleurs, des propositions ont été faites par le groupe de travail politique de l’OSCE et nous avons réaffirmé l’importance
du respect de la loi ukrainienne électorale et des standards internationaux pour l’organisation de ces élections. Enfin,
troisième sujet à l’ordre du jour de nos discussions ce soir : la sécurisation des élections. Sur ce point, nous avons appelé
l’OSCE à nous fournir, d’ici le 31 mars, des options concrètes, pratiques, pour une sécurisation adéquate des élections ;
sécurisation qui relève avant tout, il est vrai, de la responsabilité des parties mais, en même temps, nous avons considéré
qu’il ne pouvait pas y avoir d’élections si la sécurité n’était pas assurée. Comme vous l’observez, ces discussions ont été
relativement longues mais les discussions approfondies qui ont eu lieu ce soir l’ont été, encore une fois, dans un climat
franc et direct et avec une volonté d’avancer, même si nous avançons pas à pas. Nous avons avancé sur des points
concrets et c’était mon objectif. Nous avons évité, comme je l’ai dit, de refaire l’histoire. Nous sommes partis des accords
de Minsk, c’est en quelque sorte notre feuille de route, et nous devons, pour parvenir à un résultat effectif, rester
fortement mobilisés. En tout cas, c’est ma conviction ce soir. Nous avons fixé un certain nombre d’objectifs et un
calendrier de travail pour les semaines qui viennent afin de continuer d’œuvrer dans le cadre du format «Normandie»
parce que c’est la bonne méthode. En même temps, à chaque fois, il faut franchir une nouvelle étape. Rien ne serait pire
que de se réunir pour rien, ce qui n’est pas le cas ce soir. Notre objectif – en tout cas, c’était celui de Frank-Walter
Steinmeier et de moi-même en nous rendant à Kiev il y a quelques jours –, c’est de trouver des solutions à ce conflit