
Inter-Atelier du 24/10/03 : Histoire, archives et publicité
Institut national de l’audiovisuel - www.ina.fr
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Aujourd’hui, on publie des livres tel Le livre noir de la publicité de Florence Amalou qui
critique vivement la publicité. Et en même temps, nous assistons à une certaine « publi-
folie », comme Marie Bertherat l’appelle dans son livre 100 ans de pub. Ces tendances se
font remarquer dès 1957, à l’époque du cinéma, avec la création du festival international du
film publicitaire de Cannes par Jean Mineur. Dans les années 70, le fossé entre publiphobes
et publiphiles se creuse. Aujourd’hui, le taux de jeunes gens qui consomment volontiers et
pendant des heures des spots publicitaires augmente. « La nuit des publivores », qui existe
depuis les années 80, fait salle comble, et cette « nuit » dure le temps d’un week-end… De
plus, l’émission « Culture Pub » compte à elle seule 3 millions de téléspectateurs, ce sont les
chiffres de 2002. Depuis les années 80, il y a une ou plusieurs émissions consacrées à la
publicité française. Les animateurs ou les journalistes discutent sur les spots dans
l’émission, ils font aussi intervenir des consommateurs, par exemple comme sur le site
Internet de la chaîne M6.
Ainsi, aujourd’hui, se posent les questions suivantes : la publicité manipule-t-elle depuis ses
débuts jusqu’à ce jour ? Comment communique-t-elle ? Comment réagit-elle aux reproches
de mensonge et de manipulation ?
Si je parle du spot – qui existe à la télévision depuis 1968 – je parlerai aussi du film
publicitaire, c'est-à-dire du cinéma. Le spot et le film réagissent sur cette perception
changeante d’une société de média, ils restent en contact avec les consommateurs, avec sa
propre histoire et avec d’autres genres artistiques.
A partir des années 80, le spot réfléchit sur son propre code et se distancie des reproches de
mensonge en démontrant le système publicitaire. Si on veut résumer mon projet de thèse en
une phrase, je dirais que je cherche à démontrer trois étapes dans l’histoire du spot
publicitaire français, tendant de manière paradigmatique à la dissolution d’une
communication publicitaire classique et susceptible de mentir. Quant à mes réflexions
méthodologiques, je m’appuie d’un côté sur des sémiologues comme Barthes, Eco et Pierce.
Barthes a notamment travaillé sur la publicité dans ses Mythologies et dans La rhétorique de
l’image, mais il a également eu des réflexions sur le récit. Il y aussi Metz, qui évoque dans
son dernier ouvrage le problème d’énonciation. Il y a aussi Jost, dont j’ai adapté le point de
vue auditif et visuel. Quand on parle de Jost, il faut bien sûr penser à la narratologie, et
lorsqu’on veut réfléchir sur ce sujet, on commence par Gérard Genette. La littérature
publicitaire est diversifiée. J’ai aussi travaillé sur des monographies publiées par les créatifs
comme Séguéla ou Nicolas Riou, mais aussi avec des articles et des livres publiés par les
sémiologues comme Chantal Duchet, et les littéraires tel Klumfer.
Un point important dans mon travail était la recherche et le visionnage des films et
des spots ; ceci a été fait à la Maison de la publicité, au Musée de la publicité et à
l’Inathèque de France. Pourquoi dans ces trois maisons ? Les spots publicitaires démarrent