Évaluation des produits et services écologiques dans les secteurs

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Évaluation des produits et services écologiques dans
les secteurs des ressources naturelles du Canada
Sommaire à la direction1
Le présent rapport décrit une nouvelle méthode pour évaluer la « subvention naturelle »
des produits et services écologiques (P. et S. E.) dans la production de divers produits
économiques liés à la nature. Il s’agit d’une recherche préliminaire visant à appuyer
l’évolution des connaissances sur la meilleure façon de reconnaître la signification
économique, écologique et sociale des services biodiversitaires et écosystémiques. Le
document a soulevé plusieurs questions en vue d’un examen plus poussé par les experts.
Les termes « produits et services écologiques » ou « services écosystémiques » tels qu’ils
sont définis dans l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire préparé par les
Nations Unies (EEM 2005) s’entendent des avantages que retirent les êtres humains des
processus naturels et des fonctions d’écosystèmes sains. L’EEM catégorise ces avantages
en quatre types de service : les services d’approvisionnement, de régulation, de soutien et
culturels. Les services d’approvisionnement ou les « produits » comprennent l’eau, la
nourriture, les combustibles, les fibres, les produits médicinaux et les ressources
génétiques que « fournit » la nature. Les sociétés humaines ont attribué une « valeur
marchande » à la plupart de ces produits puisqu’ils sont échangés contre de l’argent ou un
substitut.
Toutefois, les trois autres types de services écosystémiques ne sont pas considérés
comme ayant une valeur marchande et leurs avantages sont souvent tenus pour acquis.
Les services de régulation comprennent la pollinisation, la purification de l’air et de l’eau
et la régulation naturelle du climat, des maladies, de l’eau, des insectes ravageurs et de
l’érosion des sols. Les services de soutien comprennent la formation du sol, le cycle des
substances nutritives et la production primaire (la base de la chaîne alimentaire). Enfin,
les services culturels couvrent les avantages non matériels c’est-à-dire le volet spirituel et
religieux, récréatif et écotouristique, esthétique, inspirationnel, éducatif, le sentiment
d’appartenance et le patrimoine culturel. Certains de ces services fournissent des
fonctions fondamentales alors que d’autres sont essentiels au bien-être et à la qualité de la
vie humaine.
Statistique Canada collecte régulièrement des statistiques économiques sur les produits
naturels (les récoltes, le bétail, le bois d’œuvre, le poisson, etc.) des secteurs de
l’agriculture, de la foresterie et des pêches afin de les intégrer dans le système de
comptabilité nationale du Canada. L’évaluation des produits fait partie de la
méthodologie statistique de routine utilisée par Statistique Canada et est fondée sur les
prix du marché.
Lorsque les P. et S. E. fournissent des intrants (eau, sol, pollinisation, etc.) qui influent
sur le rendement des produits commercialisés, ces intrants ne sont habituellement pas
1 Le présent sommaire à la direction est tiré du rapport technique préparé par DSS Management
Consultants Inc. (Edward Hanna, Peter Victor, Ph. D. et Tia Hanna). Le rapport reflète
uniquement les opinions de DSS Management et non les vues ou les positions d’Environnement
Canada ou du gouvernement du Canada. Novembre 2010.
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inclus dans le calcul de l’activité économique des secteurs dérivés des ressources ni pris
en compte dans le système de comptabilité nationale du Canada.
Cette analyse vise à établir la valeur économique des « subventions naturelles » que sont
les P. et S. E. pour les secteurs des ressources naturelles du Canada afin d’en préciser la
signification et établir la valeur des services écosystémiques. L’analyse visait les objectifs
suivants :
1. démontrer comment on peut évaluer de façon rigoureuse les subventions naturelles en
combinant des statistiques économiques conventionnelles avec des données écologiques
appropriées;
2. produire des estimations de la valeur économique de ces subventions naturelles;
3. discuter de la signification économique des produits liés à la nature dans l’économie
canadienne et de l’apport de ces subventions naturelles dans la production économique;
4. montrer comment ces résultats servent à analyser des politiques;
5. communiquer aux décideurs et au public l’importance de prendre en compte ces
subventions naturelles dans les décisions stratégiques en matière d’économie et
d’environnement.
Établir des données quantitatives fiables de ces contributions présente un énorme défi.
Les auteurs de cette analyse adoptent l’approche de l’évaluation économique en
combinant la théorie et les principes économiques avec les connaissances écologiques. Il
y a plusieurs méthodes économiques possibles chacune ayant ses points forts et ses
limites. Bien qu’il existe de nombreux paramètres lorsqu’il est question d’écosystèmes,
les auteurs affirment que les données écologiques disponibles présentent des lacunes
importantes pour ce type d’analyse, en particulier celles se rapportant à la signification
des intrants P. et S. E., aux unités de mesure, aux statistiques de base de chacun de ces
éléments et à leur relation fonctionnelle avec les produits économiques (c.-à-d. les
coefficients d’impact). Selon les auteurs, la grande priorité est de corriger ces lacunes
d’où la pertinence de cette méthode d’évaluation.
On utilise généralement la méthode de la fonction de production dans l’économie de
bien-être conventionnelle; sa logique impose des limites sur le type de données qui
peuvent être intégrées dans la présente analyse. Par conséquent, on a examiné une autre
classification des services écosystémiques, soit celle de Boyd et Banzhaf (2006:8), qui
propose un indice comme mesure uniforme des services écosystémiques au bien-être
humain. Selon eux, les services écosystémiques sont « des éléments de la nature
appréciés, consommés ou utilisés et qui contribuent directement au bien-être humain. »
Fait important à remarquer, cette définition ramène les services écosystémiques à des
« choses » et non à des fonctions ou à des processus.
Vus sous cet angle, les fonctions et les processus sont des produits intermédiaires
importants qui fournissent des produits finis mais dont la valeur est incorporée dans celle
des produits finis pour éviter une double comptabilisation. Par conséquent, les types de
services écosystémiques qui peuvent être évalués selon la méthode modifiée de la
fonction de production sont les suivants : pollinisation, qualité du sol, apport d’éléments
nutritifs, approvisionnement d’eau, production primaire, qualité de l’eau et habitat
essentiel.
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Le présent rapport montre comment les méthodes économiques peuvent produire des
mesures raisonnables de la valeur des produits découlant des services écosystémiques. Il
présente une approche novatrice qui utilise une version modifiée du modèle
Cobb-Douglas de la méthode de la fonction de production et les résultats de cette
approche. Ces résultats sont conformes aux exigences de l’analyse coûts-avantages, une
méthode d’analyse très utilisée. Le rapport indique comment la méthode peut être mise en
application, fournit les premières estimations de l’importance des valeurs pour une
sélection de ces intrants au Canada et explique la pertinence de la méthode dans les
analyses des politiques futures.
Afin d’appliquer cette méthode modifiée de la fonction de production, les estimations de
la valeur économique ont été calculées pour les produits de trois secteurs et de trois
intrants de services écosystémiques :
Une réduction de 50 % des pollinisateurs sauvages entraîne une perte annuelle de
quelque 53 millions de dollars de la valeur de la production de fruits avec une perte
nette de 84 millions de dollars de surplus des consommateurs;
Une réduction de 50 % de l’approvisionnement d’eau se traduit par une perte annuelle
de quelque 375 millions de dollars de la valeur de la récolte de bois et une perte nette
correspondante de 500 millions de dollars de surplus des consommateurs;
Une réduction de 50 % de la production primaire se traduit par une perte annuelle de
5,8 millions de dollars du surplus économique lié à la pêche et une perte nette
correspondante de 7,5 millions de dollars de surplus des consommateurs.
Les auteurs indiquent que les points forts de cette approche méthodologique sont :
Mesures écologiques fondées sur les sciences naturelles;
Facilité de mise à jour indépendante des bases de données économiques et
écologiques;
Facilité de communication;
Rigueur économique et théorique;
Compatibilité avec les mesures économiques conventionnelles;
Approche hors échelle;
Utile dans diverses applications;
Risque réduit d’une « double comptabilisation ».
Les auteurs ont également précisé que cette approche comporte des limites
méthodologiques que voici :
Limites génériques de l’évaluation économique, p. ex. des prix du marché faussés
donnent lieu à des prix faussés des produits et services écologiques;
Connaissance limitée de l’impact des changements des fournitures de produits et
services écologiques sur la production économique des divers produits liés à la
nature;
Équilibre partiel hypothétique – ne tient pas compte du fait qu’un changement
éventuel du prix d’équilibre d’un seul produit se répercutera dans toute l’économie;
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L’absence de comptabilisation des substituts de services écosystémiques, p. ex.
possibilité d’utiliser des abeilles domestiquées pour la pollinisation advenant une
baisse du nombre de pollinisateurs sauvages;
Absence de comptabilisation des impacts économiques au-delà de l’étape de la
production primaire, p. ex. la valeur des produits industrialisés.
Les auteurs de cette analyse recommandent des correctifs aux applications des analyses et
priorités stratégiques afin de les améliorer, par exemple pour qu’elles reflètent les valeurs
de l’ensemble des produits.
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