Pour une éducation à la culture scientifique et technologique
opinions des élèves sur les questions vives d’actualité. Ces opinions préexistent et sont difficilement
ébranlables : elles ne se fondent pas sur les connaissances, mais plus souvent sur les conceptions de
la nature et les valeurs individuelles.
Les enjeux du débat
Selon L. et J. Simonneaux, le débat, dans le cadre de l’enseignement des sciences, permet
d’améliorer la compréhension conceptuelle, de favoriser la compréhension de l’épistémologie des
sciences, de développer les compétences d’investigation, d’améliorer les prises de décision sur des
questions socio-scientifiques. L’enjeu éducatif est de développer les compétences argumentatives des
élèves pour qu’ils puissent participer aux débats ; les finalités poursuivies dans un débat concernent
rarement la simple acquisition de connaissances, il n’y a pas une réponse attendue, Il s’agit entre
autres de permettre aux élèves d’identifier leur propre posture affective, les arguments utilisés par les
scientifiques, les vulgarisateurs, les enseignants, les autres élèves et eux-mêmes, leur validité, les
étapes d’une prise de décision... L’objectif est de favoriser l’identification des critères et des
informations qui étayent une prise de position (la sienne et celle de l’autre).
Les formes du débat
Le débat peut revêtir plusieurs formes qui ont été étudiées comme scénarios didactiques : discussion
en sous-groupes ou plénière, jeu de rôle, débats ouverts... Laurence Simonneaux (2001) a montré
que les jeux de rôles favorisent les jeux rhétoriques au détriment de la qualité des raisonnements ou
des argumentations. Les derniers travaux (Simonneaux L. & Simonneaux J, 2009b) ont montré
l’intérêt de scénarios « hybrides » comportant une succession de temps d’apport d’informations, de
travaux personnels et de débats. Le conflit cognitif n’est plus généré par des pairs mais par une série
d’apports qui viennent remettre en cause les conclusions précédentes auxquelles les apprenants ont
adhéré. Une succession de dérangements épistémologiques introduit une attitude de doute
épistémologique. Le travail sur les controverses avec une mise en perspective des différences, des
oppositions, des limites est une « manière » efficace d’apprendre tout en forgeant une opinion
informée (Cf. lien ci-dessous sur la relation alimentation / environnement).
La contextualisation du débat
Placer les élèves dans des contextes précis pour étudier des questions socio-scientifiques a le mérite
de favoriser la clarification et l’expression des prises de position.
Le contexte peut être plus ou moins détaillé, par exemple : un village dans lequel se font des essais
de cultures transgéniques en plein champ, une conférence de citoyens sur le clonage thérapeutique,
un procès intenté contre une entreprise de fabrication de téléphone cellulaire par une personne
atteinte d’un cancer du cerveau... La personnalisation des situations peut être plus ou moins grande :
on peut considérer des groupes sociaux (agriculteurs, consommateurs, chercheurs...), des personnes
précises décrites sur le plan socioprofessionnel, des intérêts, des motivations, voire des valeurs (ce
sera notamment le cas dans les jeux de rôle).
Le déroulement du débat
Un débat sur une question scientifique d’actualité n’est pas un moment d’échanges dans la classe
plus ou moins improvisé en réponse aux questions des élèves.
Selon les situations, les élèves sont encouragés ou pas à identifier les principes (les valeurs) qui
guident leur argumentation ; ils sont engagés ou pas à identifier les limites de leur raisonnement (par
exemple par la question : à quelle(s) condition(s) pourriez-vous changer d’avis ?), la validité de leurs
arguments.
Il est pertinent de prévoir une alternance de phases individuelles (réflexion) et collectives (interaction).
Demander aux élèves de formaliser leur pensée par écrit à différents moments permet de prendre en
compte le point de vue de ceux qui ont du mal à s’exprimer, d’identifier l’évolution des raisonnements,
la prise en compte de nouvelles données, la force des convictions... Les scénarios hybrides évoqués
plus haut comportant une succession de temps d’apport d’informations, de travaux personnels et de
débats semblent plus porteurs.
La version longue de l’article « Vivre des controverses scientifiques en classe » de L. Simmonneaux
apporte quelques compléments sur le rôle de l’enseignant dans ces débats et sur la participation orale
des élèves (Cf. lien ci-dessous des Cahiers pédagogiques).