Le Diabète Dr FAGOUR Cédric Praticien Hospitalier Endocrinologie-Diabétologie [email protected] Anatomie et Physiologie Le Pancréas n Une des plus importantes glandes de l’organisme: ¨ Produit le suc pancréatique qui sera déversé dans l’intestin grêle: fonction exocrine ¨ Fabrique des hormones, dont l’insuline impliquée dans le métabolisme des glucides: fonction endocrine Le Pancréas n Double fonction: 1. Endocrine: n n n îlots de Langerhans Disséminés dans l’ensemble de la glande Quatre types de cellules: ¨ ¨ ¨ ¨ 2. Cellules β: (70-80% des îlots) § Production d’insuline Cellules α: (15-20%) § Production de glucagon Cellules δ: (5-10%) § Production de somatostatine (Inhibe de nombreuses fonctions de la digestion). Cellules PP: (1-2%) § Production de polypeptide pancréatique qui inhibe la sécrétion du pancréas exocrine. Exocrine: n n n Composé de petits lobules glandulaires séreux dont les canaux excréteurs s’abouchent tous dans le canal pancréatique (canal de Wirsung) Ce canal débouche dans le cholédoque (papille de Water) Possibilité d’un canal pancréatique accessoire (canal de Santorini) qui s’abouche directement dans le duodénum. Anatomie n n n Le pancréas comporte trois partie: la tête, le corps et la queue. La tête, la partie la plus large, est encastrée dans le segment du duodénum en forme de C. Le corps est en continuité avec la tête et se poursuit par la queue du pancréas qui se termine au niveau du hile splénique. Physiologie Régulation de la glycémie (1) n n - - Le Glucose est la molécule centrale du métabolisme des hydrates de carbone et la principale molécule énergétique. La glycémie est stable dans le sang entre 0,6 à 1,10 g/l grâce: Au glucose apporté par l’alimentation en phase de digestion Au glucose produit par le foie en phase de jeûne Physiologie Régulation de la glycémie (2) n - - Elle est maintenue par un système hormonal qui assure une régulation fine: L’insuline: hormone hypoglycémiante Un système de contre-régulation, hyperglycémiant, comprenant essentiellement le glucagon et d’autres hormones de contre-régulation: cortisol, catécholamines, hormone de croissance. INSULINE n Hormone protéique composée de 2 chaînes d’acides aminés reliées entre elles par 2 liaisons covalentes. n Nombreuses propriétés biologiques: ¨ ¨ ¨ Rôle important dans la régulation de la glycémie ↑ perméabilité des membranes cellulaires au glucose (surtout cellules musculaires) ↑ de l’utilisation du glucose dans la cellule n n ¨ ¨ n Soit destruction Soit stockage sous forme de glycogène (foie et muscles) ↑ de la perméabilité de la membrane cellulaires aux AG è transformés en triglycérides et stockés (foie et tissu adipeux) ↑ de la synthèse et ↓ de la dégradation protéique (muscle squelettique) Hormone anabolisante GLUCAGON n hormone hyperglycémiante - stimule la glycogénolyse - stimule la néoglucogénèse dans le foie - augmente la production endogène de glucose - inhibe la glycolyse Néoglucogénèse Glycogénèse/Glycogénolyse Glycolyse Glycogénèse/Glycogénolyse Glycolyse Alimentation Foie GLUT Muscle Glycémie Pancréas : • Insuline • Glucagon Récepteur à l’insuline Tissu adipeux Synthèse des triglycérides Schéma de la régulation de la glycémie Le Diabète Sucré Définition n n Elévation chronique de la glycémie Diagnostic: Mesure de la glycémie à jeun ≥ 1.26 g/l (7 mmol/l) (à 2 reprises) ¨ Glycémie ≥ 2 g/l (11,1 mmol/l) à n’importe quel moment de la journée ¨ Glycémie ≥ 2 g/l (11,1 mmol/l) 2 heures après un test d’hyperglycémie provoquée par voie orale (ingestion de 75 g de glucose dilué dans de l’eau) ¨ HbA1c ou Hémoglobine Glyquée ou Glycosylée ≥ 6,5% ¨ n Le seuil diagnostic du Diabète ó Seuil de risque de la microangiopathie diabétique (rétinopathie) Glycémie À jeun 4.0 5.7 Normale 7.0 mmol/L IFG Diabète IFG: Impaired Fasting Glycemia ó Hyperglycémié à jeun non diabétique è « prédiabète » Le Diabète Sucré Différents types n Il existe deux principaux types de diabètes sucrés: ¨ Diabète de type 1 ¨ Diabète de type 2 Le Diabète en quelques chiffres Prévalence du diabète en France (métropole + Dom): 3,95 % en 2007. ó 2,5 millions de personnes diabétiques traitées. + 5,6% d’augmentation / an. Particularité des DOM: - Prévalence plus élevée que la métropole - Martinique : 7,4% - facteurs génétiques - Conditions socio-économiques - Modifications du mode de vie - risque de diabète ♀ > ♂ - Martinique : 64% de ♀ - ó surpoids et obésité Odile Kusnik-Joinville et col Bull Epidémiol Hebd 2008 ; 43: 409-413. Diabète : une pandémie mondiale Pourquoi ? Surpoids et Obésité ♂ ♀ Vieillissement ↑ de la population âgée de ≥ 60 ans: 8 % en 1950 10 % en 2000 ~ 21 % en 2050 > population jeune (< 15 ans). Sédentarité Alimentation Mariel M Finucane et col, Lancet 2011 February 12 BHE Mars 2006 Autres types de Diabète sucré: n Défauts génétiques de fonctionnement de la cellule β: Maturity Onset Diabetes of the Young (MODY) et diabètes mitochondriaux n Défauts génétiques de l’action de l’insuline: syndromes d’insulinorésistance extrême n Diabètes pancréatiques: pancréatites, pancréatectomie, cancer du pancréas, mucoviscidose, hémochromatose n Endocrinopathies: acromégalie, cushing, glucagonome, phéochromocytome, hyperthyroidie, somatostatinome, hyperaldostéronisme primaire n Diabètes induits par les médicaments et les toxiques n Syndromes génétiques: trisomie 21, Klinefelter, Turner……. n Diabète gestationnel DIABETE DE TYPE 1 DIABETE DE TYPE 1 EPIDEMIOLOGIE ; ENQUETE DE LA CNAMTS, 1999 n n n n n n Prévalence en France : 200 000 (15 % des diabétiques) Incidence 7,8 pour 100 000 et par an Survient habituellement avant 35 ans (pic à l’adolescence) mais peut survenir à tous âges Age moyen de la population suivie = 37 ans Sex ratio = 1 Risque de DT1: ¨ ¨ ¨ ¨ dans la population générale è 0.4 % Apparenté de 1er degré DT1 è 5% Deux parents DT1 è 30 % 1 des Jumeaux DT1 è 50 à 70% DT1 Ø Physiopathologie: • Possible prédisposition génétique (ó gène du groupe HLA de type II à risque: DR3 DR4) qui sous l’effet d’une « agression » déclencherait une réaction d’auto-immunité de destruction des cellules β de langerhans. • Destruction des cellules β par une infiltration des îlots par des lymphocytes T aboutissant à une carence absolue en insuline • Origine auto-immune: détection dans le sang d’anticorps antiglutamate décarboxylase (anti-GAD), anti-IA2, anti-cellules d’ilôts, anti-insuline • La destruction peut être rapide (enfants, adolescents) ou lente (adultes). Peut survenir à tout age. • Peut être associé à d’autres maladies auto-immunes (hypo ou hyperthyroïdie, insuffisance surrénalienne, vitiligo) DT1 ü Signes cliniques La révélation peut se faire par des signes cliniques entraînés - d’une part par l’hyperglycémie - d’autre part par la carence insulinique DT1 Signes cliniques liés à l’hyperglycémie - syndrome hyperglycémique - « Seuil rénal du glucose » = 1,8 g/l - D’où hyperglycémie > 1,8 g/l è polyurie è soif è polydypsie (> 2l/j, jour et nuit, eau, boissons sucrées aggravant l’hyperglycémie) ===> Syndrome polyuro-polydypsique DT1 Signes cliniques liés à la carence en insuline Syndrome de carence insulinique : - Asthénie - Amaigrissement aux dépends des masses musculaires - Polyphagie A l’extrême la carence totale en insuline est fatale: acido-cétose diabétique = Urgence thérapeutique DIABETE DE TYPE 2 Physiopathologie du diabète de type 2: Physiopathologie Deux mécanismes en cause Le diabète de type 2 est une maladie caractérisée par deux types d’anomalies Des altérations de l’insulinosecrétion Réduction progressive de la secrétion d’insuline liée à La Glucotoxicité l’ancienneté de la maladie Des anomalies des effets de l’insuline (Insulinorésistance) Diminution de l’action de l’insuline sur ses tissus cibles Le foie le muscle squelettique • Les complications microangiopathiques sont liées en majeure partie à l’hyperglycémie. L’HTA joue un rôle important dans l’aggravation de la microangiopathie diabétique. • La macroangiopathie diabétique fait intervenir, en plus de la toxicité vasculaire du glucose, DT2 Physiopathologie • Insulino-résistance périphérique au niveau des cellules hépatiques, musculaires et adipeuses, initialement compensée par un hyperinsulinisme, puis installation d’un défaut de sécrétion d’insuline conduisant à l’apparition d’une hyperglycémie chronique. • Rôle majeur de l’obésité et de la graisse abdominale (85% des DT2 sont obèses) Identifier un patient insulinorésistant Eléments cliniques pouvant être associés chez un patient diabétique de type 2 insulinorésistant § Obésité abdominale : > 102 cm chez les hommes, > 88 cm chez les femmes § Pression artérielle ≥ 130/85 mmHg § HDL-cholestérol : < 0,4 g/l chez les hommes, < 0,5 g/l chez les femmes § Triglycérides ≥ 1,50 g/l National Institutes of Health. Third Report of the National Cholesterol Education Program (NCEP) Expert Panel on Detection, Evaluation and Treatment of High Blood Cholesterol in Adults (Adult Treatment Panel III). National Institutes for Health, 2001. Diabète de type 2 : Insulinorésistance associée à une dégradation de la l‘association d‘une insulinorésistance et d‘une dégradation fonction des cellules β pancréatiques (1,2,3) de la fonction ß-cellulaire pancréatique Schéma d‘après (1,2) 1) Turner NC, Clapham JC. Insulin resistance, impaired glucose tolerance and non-insulin-dependant diabetes, pathologic mechanisms and treatment : Current status and therapeutic possibilities. Prog Drug Res 1998;51:33-94. 2) Beck-Nielsen H, Groop LC. Metabolic and genetic characterization of prediabetic states. J Clin Invest Insulinorésistance Diabète de type 2 : associée à une dégradation de la fonction cellules β pancréatiques l‘association d‘une des insulinorésistance et d‘une dégradation de la fonction ß-cellulaire pancréatique(1) Schéma d‘après (1) Modélisation de l‘évolution de la fonction β-cellulaire en fonction du temps chez un patient atteint de diabète de type 2, non traité. Les valeurs entre le moment du diagnostic et la 6e année (apparaissant sous forme de points sur le schéma) sont issues de l‘étude UKPDS (étude multicentrique randomisée contrôlée pendant 6 ans chez 4 209 patients diabétiques de type 2 - Fonction β-cellulaire évaluée selon le modèle HOMAΔ). La droite de régression, extrapolée dans le temps à partir de ces données, est figurée en pointillés. Définitions OMS, Américaine et Européenne DT2 3 anomalies parmi les suivantes: - Obésité abdominale - Anomalies lipidiques - Trouble de la glycorégulation - n HTAContexte Définition IDF 2005 -Obésité centrale -Tour de taille>94 cm chez l’homme -Tour de taille >80 cm chez la femme -Et 2 des facteurs suivants: - Triglycérides >1,5g /l - HDL cholestérol <0,4 g/l chez l’homme - ou < 0,5 g/l chez la femme - HTA ≥ 130/85 surpoids - Hyperglycémie à jeun (>1g/l ) ou DT2 Signes cliniques Sujet obèse ou en - age > 40 ans, sédentaire - Antécédents familiaux de DT2 - Antécédents de macrosome ou de diabète gestationnel chez les femmes Si l’intérêt du concept de syndrome métabolique en recherche clinique ou épidémiologique - est avéré, son apport pour la décision en pratique clinique de routine reste incertain. § Révélation: - - - - - Le plus souvent par un bilan systématique Décompensation lors d’une infection, d’une chirurgie Révélé par une complication dégénérative après plusieurs années d’évolution Parfois syndrome hyperglycémique (cf DT1) Parfois complication aigue: coma hyperosmolaire Traitement du DT1 PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE n Principes généraux: ¨ importance de l’éducation thérapeutique : transfert des connaissances par enseignement collectif ou individualisé. ¨ Education nutritionnelle. ¨ Définir des objectifs thérapeutiques personnalisés et acceptés ¨ Equilibre glycémique précoce et prolongé pour limiter les complications micro et macroangiopathiques du Diabète. Insulinothérapie Découverte en 1921 par Banting et Best Structure primaire déterminée en 1957 par Sanger Synthèse chimique en 1963 mais jusqu’en 1980 commercialisation uniquement d’insulines animales puis biosynthèse in vitro par génie génétique Insulinothérapie Les insulines actuellement commercialisées sont des insulines humaines et des « analogues » de l’insuline dont la rapidité et la durée d’action ont été modifiées. La durée d’action d’une insuline peut être toutefois variable d’un patient à l’autre. On distingue les Insulines: - Rapides: 3 à 6 heures - Intermédiaires: 12 heures - Lentes: 24 heures Insulines humaines Rapides ou ordinaires: Actrapid®, Umuline Rapide ® Début d’action: 20 à 30 mn Durée d’action: 4 à 6 heures Intermédiaires ou NPH (insuline rapide à laquelle on a rajouté de la protamine pour en prolonger l’effet): Insulatard ®, Umuline NPH ® Début d’action: 45 mn Durée d’action: 12 h Analogues de l’insuline Rapides: Novorapid ®, Humalog ®, Apidra ® Début d’action: 5 mn Durée d’action: 2 à 3 heures Lentes: Lantus ®, Levemir ® Durée d’action: 12 à 24 h Schémas d’insulinothérapie (1) Des mélanges d’insuline rapide et intermédiaire sont commercialisés ó « Insuline Pré-mélangées ou PréMix ». Exemples: - Mélanges avec Insulines humaines: Umuline Profil 30 ® : 30% d’ Umuline Rapide + 70% de NPH - Mélanges avec Analogues: NovoMix 30 ® : 30% de Novorapid + 70% de NPH HumalogMix 50 ® : 50% d’Humalog + 50% de NPH schéma d’insulinothérapie (2) n n Chez le Diabétique de type 1 deux types de schémas les plus utilisés: Multi-injections sous-cutanées: 3 injections: rapides matin, midi et prémix le soir. ¨ 4 injections: Lantus® ou Lévémir® le soir et rapides à chaque repas. ¨ 5 injections: Lévémir® matin et soir et rapides à chaque repas. ¨ n Administration continue d’insuline: - Pompes externe à insuline sous-cutanée Différentes Pompes externes à insuline Inserteur Lipodystrophie (lipohypertrophie) è Importance d’alterner les sites d’injection d’insuline La surveillance L’insulinothérapie est associée systématiquement à une autosurveillance glycémique pour adapter les doses - au minimum 1 glycémie digitale en pré-prandiale, et en cas de multi injections 4 à 6/jour. Auto-surveillance et doses d’insuline injectées doivent être consignées dans un “carnet d’auto-surveillance” Le contrôle de la bandelette urinaire doit être fait chez le diabétique de type I si la glycémie est supérieure à 3 g/L pour détecter une cétonurie qui traduit la carence en insuline. - Attention il peut exister une cétonurie sans glycosurie en cas de jeune glucidique. - Le Lecteur Optium Xceed permet de doser la Cétonémie è plus précis et plus simple que la bandelette urinaire. Nombreux lecteurs de glycémie capillaire disponibles… Adaptation des doses La dose d’insuline doit s’adapter au résultat de la glycémie capillaire qui suit l’injection et en fonction de sa durée d’action. On doit donc connaître les résultats de la veille pour décider de la dose à injecter. En général les objectifs glycémiques: - 0,7 et 1,3 g/l avant les repas - entre 1,2 et 1,8 g/l 2 heures après le repas. Il peuvent être plus élevés dans certaines conditions (sujet âgé, à l’espérance de vie réduite, hypoglycémies répétées et non ressenties, rétinopathie proliférante) ou au contraire plus bas au cours de la grossesse (≤ 0,95 g/l avant les repas, ≤ 1,2 g/l 2 heures après les repas) Éducation du patient diabétique DT1 Le but de l’éducation du diabétique traité par insuline est de le rendre autonome vis-à-vis n Du choix de son alimentation et notamment de la nécessité d’assurer des apports glucidiques réguliers à chaque repas. Notion d’« équivalences glucidiques » n De l’auto surveillance glycémique n De la réalisation des injections n De l’adaptation des doses en fonction de ses résultats et de son activité physique n Le patient doit savoir réagir de manière adaptée en cas d’hyperglycémie avec cétonurie (ou cétonémie) et en cas d’hypoglycémie Nécessité d’une équipe pluridisciplinaire: médecins, IDE, diététiciennes… Surveillance (suite) n Hémoglobine glyquée HbA1c : ¨ correspond aux molécules d'hémoglobine modifiées par fixation non enzymatique principalement de glucose sur les fonctions aminées de la globine. ¨ Cette glycation non enzymatique est un processus physiologique lent dont l'intensité augmente avec la glycémie. ¨ la concentration d'hémoglobine glyquée renseigne sur la qualité de l'équilibre glycémique des 8 à 12 semaines qui précèdent le dosage. ¨ Objectif < 7% pour un bon équilibre. Relation entre HbA1c et Moyenne des glycémies Glycémies moyennes Traitement du DT2 Prise en charge non médicamenteuse Ø Diététique et hygiène de vie La lutte active contre la sédentarité ainsi que la planification alimentaire représentent des interventions irremplaçables à toutes les étapes de la prise en charge du diabète de type 2 o Objectif de prise en charge diététique = correction des principales erreurs alimentaires qualitatives : • Réduction des lipides surtout saturésè les effets bénéfiques sur les glycémies peuvent être jugés en quelques jours. • Réduction des sucres simples et de la consommation d’alcool. o Mise en place d’un régime modérément hypocalorique nécessaire. Un amaigrissement même limité (-5% du poids corporel) apporte un bénéfice glycémique très significatif. o Activité physique è 3 h par semaine d’activité plus intensive adaptée au profil du patient. o Arrêt du tabac. Ø Éducation thérapeutique o o Volet fondamental de la prise en charge. Doit être mise en œuvre dès la découverte du diabète par des professionnels médecins ou paramédicaux formés à cette activité. Mécanisme d’action des principaux anti-diabétiques oraux Hydrates de carbone Inhibiteurs de l ’alpha glucosidase - Retardent l ’absorption des sucres au niveau intestinal Enzymes digestives Glucose Insuline (I) Pancréas - Stimulent la sécrétion d ’insuline au niveau du pancréas Adipocytes G G G I G I G Biguanides - Réduisent la production hépatique de glucose I Foie G G Sulfamides hypoglycémiants / glinides G I e (G) I s o c Glu Les différentes classes thérapeutiques Classe de médicament Metformine Sulfamides hypoglycémiants Bénéfices Réduction de l’HbA1c de l’ordre de 1 %à 1.5% Tolérance digestive (effets secondaires ØDiminution de la survenue des complications micro et macroangiopathiques (UKPDS) ØRéduction de la mortalité cardio-vasculaire. ØPas de prise de poids. ØPas d’hypoglycémie. moins fréquents si pris en cours de repas et si posologies majorées lentement). Réduction de l’HbA1c de l’ordre de 1 %à 1.5% Hypoglycémie : 20% des patients traités avec SU (UKPDS) Souvent + graves et + prolongées que celles observées sous insuline Diminution de la survenue des complications microangiopathiques oculaires et rénales (UKPDS) ØInsulinosécréteur d’action + rapide et de + courte durée. ØAucun bénéfice obtenu en associant un sulfamide et un glinide Réduction de l’HbA1c de l’ordre de1 % Glitazones Risque acidose lactique très rare si CI et mises en garde respectées. Sujets âgés et patients avec insuffisance rénale sont les + exposés aux accidents hypoglycémiques Réduction de l’HbA1c de l’ordre de 1 % Glinides A prendre en compte (monothérapie) ØPas d’hypoglycémie Hypoglycémies : fréquence + faible vs glibenclamide Prudence chez les sujets âgés ou insuffisants rénaux ØPrise de poids ( proche de celle observée avec les sulfamides et insuline) ØOedèmes par rétention hydrosodée ØOedèmes maculaires Les différentes classes thérapeutiques Classe de médicament Inhibiteur des αglucosidases α Insulinothérapie Bénéfices Réduction de l’HbA1c de l’ordre de 0.5% à 1 % ØPrincipalement actif sur glycémie postprandiale ØPas d’hypoglycémie A prendre en compte Tolérance digestive (effets secondaires observés chez 30% des patients) Réduction de l’HbA1c Hypoglycémie Diminution au long cours de la survenue des complications microangiopathiques oculaires et rénales (UKPDS) Prise de poids ( proche de celle observée avec les sulfamides et glitazones) Nouvelles classes thérapeutiques LES INCRETINES « Effet Incrétine » n Décrit dans les années 60: ¨ n Lié à la sécrétion de ¨ ¨ n Insulinosécrétion induite par le glucose voie orale > parentérale GLP-1 (glucagon like peptide-1) ó cellules L entéro-endocrines (iléon, colon) GIP (Glucosedépendant insulinotropic polypeptide) ó cellules K entéroendocrines (jéjunum) Chez le DT2 ¨ ¨ ¨ Effet incrétine est réduit Propriétés d’insulinosécrétion du GLP-1 sont conservées GIP inactif Action Physiologique du GLP-1 D’après Drucker DJ et Nauk NA, Lancet 2006 Nov 11;368(9548):1696-705. Après sa synthèse le GLP-1 a une demi-vie courte: - 80 % est dégradé en 2 minutes : enzyme, la Dipeptidyl Peptidase 4 (DPP-4) - Enzyme (aminopeptidase) localisée dans de nombreux tissus: - Foie - Poumons - Reins - Endothélium - Lymphocytes (CD-26) - Enzyme à d’autres substrats : hormones Gastro-Intestinales, Neuropeptides, Cytokines, Chemokines.. Développement thérapeutique n Objectif : ¨ « Rétablir » l’action physiologique du GLP-1 ¨ Soit: n Inhibiteurs de la DPP-4 ¨ Augmentent la durée de vie du GLP-1 endogène en inhibant sa dégradation. n Agonistes du récepteur du GLP-1 ¨ Produisent effets similaires à ceux du GLP-1 endogène ¨ Résistant à la dégradation par la DPP-4 Inhibiteurs DPP-4: ó « Gliptines » Sitagliptine (JANUVIA®) Vidagliptine (GALVUS®) Saxagliptine (ONGLYZA®) Mécanisme d’action I- Inhibiteur DPP IV Effets secondaires n Données des essais cliniques: ¨ ¨ ¨ Très bonne tolérance Comparable au placebo Effets secondaires rapportés: n n n n Infections des voies respiratoires supérieures Infections urinaires Céphalées Depuis la commercialisation: ¨ ¨ ¨ Réactions allergiques sévères avec la Sitagliptine 88 cas de pancréatites aiguës rapportées entre Octobre 2006 et Février 2009 aux États-Unis par la FDA Très rares cas de dysfonctionnement hépatique avec la Vildaplitine Inhibiteurs DPP-IV : classe thérapeutique considérée comme relativement sûre Bo Ahrén, Best Pract Res Clin Endoc Metab 23 (2009) 487–498 James R. LaSalle Postgraduate Medicine 2010 Jan;122(1):144-52 www.fda.gov/Safety/MedWatch/SafetyInformation/SafetyAlertsforHumanMedicalProducts/ucm183800.htm Analogues du GLP-1 Liraglutide (VICTOZA®) 1 x /j en S/ C Exenatide (BYETTA®) 2 x /j en S/ C Mode d’action Analogues du GLP-1 Effets indésirables n Données des essais cliniques: ¨ ¨ ¨ Rares hypoglycémies, surtout lors de l’association avec SU Développements d’Ac anti-Exenatide > Anti-Liraglutide Effets secondaires mineurs voire modérés : n n n n n Courte durée (< 3-4 semaines) Gastro-intestinaux: nausées ++, vomissements Contrôlés par ttt symptomatique et injection juste avant le repas pour l’Exenatide. Rares pancréatites aigues: Exenatide > liraglutide Données après commercialisation: ¨ Plusieurs cas de pancréatites aigues rapportés aux USA n n n ¨ Responsabilité des analogues ? Mécanisme non élucidé Éviter d’utiliser chez les patients avec antécédent de pancréatite aigue 76 cas d’aggravation d’une insuffisance rénale entre Avril 2005 et Septembre 2008 (6.6 millions de prescriptions de Byetta) FDA n C-I en cas d’insuffisance rénale avec DFG < 30 ml/min Amori et al. JAMA. 2007;298(2):194-206 Eduard Montanya et al. Clinical Therapeutics (31), 11, 2009 Rebecca A. Noel et al. Diabetes Care 32:834–838, 2009 ww.fda.gov/Safety/MedWatch/SafetyInformation/SafetyAlertsforHumanMedicalProducts Gliptines et Analogues du GLP-1 n Gliptines: traitement oral 1 à 2x/j inhibition de la DPP IV Association possible avec les autres anti-diabétiques oraux, si insuffisant ¨ effet modeste sur HbA1c -0.6% ¨ neutre sur le poids ¨ ¨ ¨ n analogue du GLP1: Injections sous-cutanées 1 à 2 x/j. restaure un taux normal de GLP1 abaisse HBA1c de 0.9% Association possible avec les autres anti-diabétiques oraux, si insuffisant ¨ perte du poids ¨ ¨ ¨ ¨ INSULINOSECRETEURS Hypoglycémiants n n Sulfamides: Daonil®, Diamicron ®, Amarel ® Glinides: Novonorm ® Doivent être pris avant le repas n Ne doivent pas être pris si le patient ne mange pas de glucides n Si ils sont prescrits il vaut mieux que les patients soient éduqués à l’auto-surveillance glycémique du fait du risque d’hypoglycémie n TRAITEMENT DE L’INSULINORESISTANCE n Biguanides: la Metformine (Glucophage ®, Stagid ®) n Effets secondaires: ¨ ¨ n Digestifs fréquents (ballonnements, diarrhée, gaz) mais bénins Acidose lactique: rare mais gravissime (50% de mortalité). Doivent être stoppés en cas d’accident vasculaire, d’infarctus, d’anesthésie générale, d’examen d’imagerie avec injection de produit de contraste iodé. Insulinothérapie dans le DT2 - - Peut être transitoire dans un contexte de pathologie aiguë (chirurgie..…) Peut être définitive après échec des antidiabétiques oraux et/ou des analogues du GLP1: - - Débuter par une insuline basale (NPH, Lantus ® ou Lévémir ®) le soir en poursuivant les ADO. En cas d’échec, passage à 2 puis 3 voire 4 injections/J en arrêtant les sulfamides et en poursuivant la METFORMINE. Patients sous insuline Traitements du DT2: comparaison avec les autres pays européens*. 100% 80% 60% 40% 20% 0% BEL FRA GER Régime seul * Jonsson B. CODE-2 Diabetologia 2002, 45, S5-S12 ITA ADO NED SPA SWE Insuline +/- ADO UK Prise en charge des Facteurs de risque cardio-vasculaire associés n HTA n Hypercholestérolémie n Sevrage tabagique COMPLICATIONS AIGUES Acido-cétose diabétique Complication chez les DT1 ++, plus rare chez le DT2. Carence absolue ou relative en insuline: è è è - - Diminution ou absence de pénétration intracellulaire de glucose Stimule la production de glucose (Effet des hormones Hyperglycémiantes) è Hyperglycémie Les cellules utilisent un autre carburant ó acides gras libérés par le tissu adipeux (lipolyse). Leur dégradation conduit à la formation de déchets toxiques acides: les corps cétoniques (β hydroxy butyrate, acéto-acétate) qui vont Être éliminés dans l’urine (cétonurie) et par voie respiratoire (haleine cétosique) et détectables dans le sang (cétonémie) Puis finir par s’accumuler et entraîner une acidose = acido-cétose Acido-cétose diabétique (2) q Le - - - - - tableau clinique de l’acido-cétose: Patient amaigri et asthénique, avec syndrome polyuro-polydipsique Déshydratation (pli cutané, langue sèche, tachycardie, hypotension) Polypnée odorante (pomme reinette) Douleurs abdominales, nausées, vomissements Possibilité d’évolution vers le coma Acido-cétose diabétique (3) q Diagnostic n Hyperglycémie Cétose: acétonurie associée à la glycosurie sur la bandelette (cétonémie possible avec lecteur OPTIUM XCEED) Acidose: réserve alcaline (bicarbonates) abaissée, pH < 7,38 sur les gaz du sang artériel D’une hyperkaliémie: l’acidose entraîne une sortie de potassium des cellules. ¨ En fait la kaliémie va rapidement chuter avec l’instauration du traitement entraînant un risque de troubles du rythme cardiaque et nécessitant une surveillance du ionogramme n n n Résultats des analyses des corps cétoniques dans le sang : cétonémie n < 0,6 mmol/l è normal n > 1,5 mmol/l è risque important d’acidocétose n 0,6 à 1,5 è faible probabilité d’acidocétose Acido-cétose diabétique (4) q - Traitement de l’acidocétose diabétique Mise à jeun - Perfusion: sérum physiologique 1 litre en 2 heures (réhydratation) puis relai à adapter aux prescriptions médicales en fonction du ionogramme qui doit être refait au bout de 4 heures (le plus souvent G5% avec NaCl et KCl) - Insulinothérapie continue à la seringue électrique (insuline rapide ordinaire ou analogue rapide) avec débit adapté à la surveillance des glycémies capillaires réalisées toutes les heures - Ce traitement doit être poursuivi jusqu’à disparition de l’acidose et de la cétonurie (en général 24 à 48 h). - Ensuite un relais par insulinothérapie sous cutanée avec reprise de l’alimentation orale est effectué. Acido-cétose diabétique (5) Ø Surveillance IDE: Ø • • Ø • Clinique: État de conscience Tension artérielle, fréquence cardiaque, température Paraclinique: Dès l’arrivée: Glycémie digitale et Bandelette urinaire glycémie, ionogramme, créatinine réserve alcaline ± gaz du sang artériel NFS plaquettes, CRP ECBU ± hémocultures si fièvre ECG • Ensuite: glycémie digitale toutes les heures bandelette urinaire toutes les 2 heures jusqu’à disparition de l’acétonurie (ou cétonémie) Ionogramme régulier (/4 heures) pour kaliémie ++ Hypoglycémies (1) Définition glycémie digitale < 0,7 g/l avec signes cliniques Peut survenir sous anti-diabétiques oraux stimulant l’insulino-sécrétion ou sous insuline § Causes principales - alimentation inadaptée: pas de glucides au repas précédent - effort physique non prévu - dose d’antidiabétique oral ou d’insuline trop forte Hypoglycémies (2) Signes cliniques non spécifiques……… Sueurs, bouffées de chaleur Flou visuel Tremblements Sensation de fringale Pâleur Tachycardie Difficulté de concentration Propos incohérents, agressivité, agitation, confusion Coma, convulsions Si un patient sous insuline fait fréquemment des hypoglycémies sans réadapter à la baisse les doses une adaptation de l’organisme se fait et les hypoglycémies ne seront alors plus ressenties: elles peuvent alors devenir dangereuses. Conduite à tenir Toujours confirmer la réalité de l’hypoglycémie par réalisation d’une glycémie capillaire. Le « resucrage » s’impose si la glycémie est inférieure à 0,7 g/l sans symptômes ou si le patient ressent des signes d’hypoglycémie avec une glycémie < 0,8 g/l . Les symptômes d’hypoglycémie doivent régresser en quelques minutes après resucrage. Un diabétique traité par insuline doit toujours avoir sur lui une carte mentionnant qu’il est traité par insuline ainsi que des morceaux de sucre. Conduite à tenir (2) Si patient sous insulinothérapie sous cutanée Patient conscient: apporter 15g de sucre rapide per os (3 morceaux de sucre n°4, un verre d’eau avec 3 cuillères à soupe de sirop, un verre de 150 cc de jus de fruit) n Patient incapable d’avaler: 2 ampoules de G30% en IVD ou 1 ampoule de Glucagon IM Si le prochain repas est loin, apport de glucides lents. n - Baisser la dose d’insuline responsable de l’hypoglycémie dès le lendemain Conduite à tenir (3) Si patient sous antidiabétiques oraux insulinosecréteurs Arrêt du traitement Resucrage per os ou par voie veineuse comme sous insuline Nécessité parfois d’hospitalisation avec mise en place d’une perfusion: le risque d’hypoglycémie perdure tant que la totalité du médicament n’est pas éliminée de l’organisme (durée augmentée en cas d’insuffisance rénale pour les sulfamides). Coma hyperosmolaire (1) Complications chez le DT2 ++ Hyperglycémie majeure (souvent > 10g/l) avec déshydratation Le plus souvent chez des sujets DT2 âgés, débilités: pas de compensation adaptée de la polyurie par un apport de boissons (altération de la sensation de soif, dépendance). Souvent déclenché par une affection aigue intercurrente (infection, prescription de corticoïdes, de diurétiques, accident neurologique….) Clinique Installation insidieuse progressive d’une déshydratation (langue sèche, pli cutané, hypotension, marbrures) Puis troubles de conscience (obnubilation voire coma) Nausées, vomissements, douleurs abdominales q Coma hyperosmolaire (2) q - - - q - - Biologie Glycémie très élevée avec glycosurie massive sur la bandelette Ionogramme: hypernatrémie, élévation de l’urée et de la créatinine par insuffisance rénale fonctionnelle Hyperosmolarité osmolarité= (Na+K)*2 + glycémie en mmol/l Norme < 310 mOsm/l Souvent > 350 mOsm/l Pronostic sévère: mise en jeu du pronostic vital Risque élevé de thromboses artérielles ou veineuses par hyperviscosité sanguine Coma hyperosmolaire (3) q Traitement: n Réhydratation massive mais prudente car risque d’œdème cérébral Insulinothérapie continue à la seringue électrique (insuline rapide humaire ou analogue rapide) avec débit adapté à la surveillance des glycémies capillaires réalisées toutes les heures Héparinothérapie préventive Prévention d’escarres n n n Sous surveillance +++:conscience, pouls, tension artérielle, diurèse, glycémie capillaire toutes les heures; ionogramme toutes les 4 heures, ECG. q Prévention: Surveiller la glycémie capillaire chez un diabétique âgé en cas d’affection intercurrente et hydrater en faisant boire de l’eau régulièrement COMPLICATIONS CHRONIQUES L’ incidence des complications est liée à l’équilibre du diabète Dans l’étude UKPDS, l’incidence des complications du diabète du DT2, quelles qu’elles soient, est corrélée à l’HbA1c moyenne, sans effet seuil 120 100 80 E/1000PA 60 40 20 0 5 6 7 8 9 10 11 HbA1c Augmentation de l’incidence des complications liées au diabète, quelles qu’elles soient, exprimée en événements par 1000 patients-années (E/1000 PA), en fonction de l’HbA1c 90 Chanson Ph. et coll. Mt endocrinologie 2000;2;3:207-16. Complications dégénératives L’hyperglycémie chronique altère • Les gros vaisseaux artériels: atteinte macroangiopathique (en conjonction avec les autres facteurs de risque) • • Non spécifique du diabète La microcirculation capillaire: atteinte microangiopathique • Atteinte spécifique du diabète des capillaires du rein, de la rétine et du système nerveux. Mécanismes contribuant aux complications microvasculaires du diabète n Voie de l’aldose-réductase (polyol): ¨ ¨ Dans les tissus où la pénétration du glucose est indépendante de l'insuline, le glucose s'accumule en excès dans la cellule et va être réduit en sorbitol sous l'influence d'une enzyme l'aldose-reductase. Le sorbitol va ainsi s'accumuler dans la cellule au prorata du niveau d'hyperglycémie et subséquemment en fructose par la sorbitoldéshydrogénase è dégâts osmotiques, majoration du stress oxydatif, augmentation des produits avancés de glycation Produits de glycation avancée n Réaction non enzymatique entre le glucose et les groupements protéineNH2: ¨ ¨ n n Cette réaction est responsable de la formation après des mois, voire des années de produits de glycation avancées (AGE) Autres sources d’AGE: ¨ ¨ n dépendante du temps, de la température et de la concentration de glucose utilisée pour surveiller le contrôle glycémique par des dosages de l’HbA1c (hémoglobine glyquée) Alimentation: surtout influencé par la cuisson intensité (tous les aliments qui brunissent) et durée. Une partie des AGE ingérés se dépose dans les tissus Tabac : formée pendant la préparation des feuilles de tabac, volatilisés pendant la combustion et absorbés par les poumons. Conséquences: ¨ ¨ Les modifications des protéines altèrent leur fonction, leur reconnaissance, les cascades de signalisation auxquelles elles participent. Altération de la viabilité cellulaire, thrombose, modification de la perméabilité vasculaire, perturbation de la matrice extracellulaire…. Stress oxydatif ou stress oxydant n n n n n n Le stress oxydatif est une agression, une oxydation, des constituants de notre organisme due à un excès de molécules particulièrement nocives que l’on appelle les radicaux libres et qui viennent de l’oxygène que nous respirons pour vivre. Cette oxydation dénature nos protéines, nos lipides, nos sucres et même notre ADN, et par là nos membranes cellulaires et nos cellules (« rouillent »). Cette agression de nos cellules est une des causes essentielles de notre vieillissement. La cellule dispose d'un système complexe de détoxification comprenant des enzymes et des petites molécules (vitamine E, vitamine C…). L’hyperglycémie chronique du diabète sucré favorise le stress oxydant, par plusieurs mécanismes. Le stress oxydatif est impliqué dans la physiopathologie d’autres maladies: cancer, maladies cardio-vasculaires, maladie d’alzheimer…. Mécanismes contribuant aux complications macrovasculaires du diabète n La macroangiopathie n’est pas spécifique du diabète. Favorisée par d’autres facteurs de risque CV: HTA, Hypercholestérolémie, Tabac. n Associe deux types d’atteintes: ¨ L’athérome: accumulation de lipides et d’éléments fibreux dans les artères de gros et de moyen calibre. L’évolution chronique de l’athérome se fait vers l’athérosclérose : conjonction d’athérome et de sclérose. n ¨ Peut se compliquer d’ischémie chronique ou de complication aigue thrombotique L’Artériosclérose: sclérose de l’ensemble de la paroi artérielle, pure, sans athérome, diffuse, pouvant toucher les artères de tout calibre. Athérome et Athérosclérose Complications dégénératives Atteintes macro-angiopathiques: - - - Coronaropathies: angine de poitrine, infarctus du myocarde (parfois indolores !) Accidents vasculaires cérébraux Artériopathies des membres inférieurs Non spécifiques du diabète mais plus fréquentes et plus Précoces. Favorisées par l’association à d’autres facteurs de risques vasculaires: HTA, hypercholestérolémie, tabac, antécédents familiaux cardio-vasculaires. Morbimortalité liée à la maladie : Les complications cardiovasculaires Principale cause de décès des patients diabétiques de type 2 Environ 20% des AVC surviennent chez des diabétiques. La morbidité et la mortalité cardiovasculaire sont multipliées par : • 2 à 3 chez l’homme • 4 à 5 chez la femme Diabète de type 2 : les atteintes cardiovasculaires lors du diagnostic Dès la découverte du diabète : 11 % ont au moins 1 complication ischémique (1) Antécédents d’AVC ou d'AIT (1) 1% ECG anormal (1) 18 % Hypertension (1) 35 % Claudication intermittente (1) 3% Absence de pouls pédieux (1) 13 % Morbimortalité liée à la maladie : Les complications microvasculaires Rétinopathie : touche 35 à 50% des diabétiques de type 2 après 20 ans d’évolution de l’affection. Néphropathie : augmentation régulière des mises en dialyse en France métropolitaine. En 2003, les diabétiques représentaient 23,6% des dialysés ( contre 6,9% En 1989 ). Neuropathie : • La polyneuropathie périphérique affecterait 45% des patients après 25 ans d’évolution. • La neuropathie végétative toucherait 15% des malades après 10 ans d’évolution. Le taux annuel d’amputation du membre inférieur chez les diabétiques ( après ajustement sur l’âge ) est 14 FOIS SUPERIEUR à celui des non diabétiques (données de 2003). Diabète : première cause d’amputation traumatique dans les pays développés NEPHROPATHIE Grave car facteur de mortalité cardio-vasculaire: les diabétiques néphropathes ont un risque cardio-vasculaire augmenté et meurent par infarctus du myocarde (dyslipidémies secondaires, macroangiopathie) Il existe des facteurs environnementaux pouvant faciliter l’apparition d’une néphropathie (HTA surtout, dyslipidémie, tabagisme) mais aussi probablement une susceptibilité génétique. Annoncée et dépistée par l’apparition d’une microalbuminurie. NEPHROPATHIE (2) n Dépistage è Dosage de la microalbuminurie des 24h n Recueil des urines de 24h: norme < 30 mg/24h Variations possibles d’un jour à l’autre: répéter 2 à 3 dosages à la suite ¨ Anomalie non spécifique (retrouvée lors d’une infection urinaire, de lithiases, ou d’une hématurie): donc associer à une bandelette urinaire et ECBU. ¨ n Une microalbuminurie pathologique ne peut être attribuée au diabète que si il existe une rétinopathie à l’examen du fond d’oeil n Peut être élevée si déséquilibre glycémique (hyperfiltration liée à l’hyperglycémie) NEPHROPATHIE (3) Facteurs de progression: - Déséquilibre glycémique - HTA Pour stopper l’évolution: - Optimisation du traitement du diabète - Restriction des apports en protides dans l’alimentation (0,8 g/kg/j) - Anti-hypertenseurs « néphro-protecteurs »: diminuent la pression de filtration intra-glomérulaire - - inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) inhibiteurs des récepteurs de l’angiotensine II (ARA 2) Prescrits même en l’absence d’HTA. NEPHROPATHIE (4) Au stade d’insuffisance rénale: - - - - - - Équilibre glycémique en respectant les contre-indications aux ADO Traitement de la dyslipidémie Traitement des infections urinaires Pas de médicaments néphro-toxiques Préparation et surveillance adaptée en cas d’examen avec injection de produits de contraste iodé Prise en charge en néphrologie pour préparation éventuelle à la dialyse RETINOPATHIE n n Élément prédictif: durée du diabète Chez le DT1 : ¨ 1% à 5 ans ¨ 25 à 50% entre 5 et 10 ans ¨ 75 à 95% 10 et 15 ans n L’évolution reste longtemps asymptomatique, d’où la necessité d’un dépistage systématique annuel par examen du fond d’oeil: ¨ Après 5 ans d’évolution d’un DT1 ¨ Dès le diagnostic de DT2 RETINOPATHIE (2) q But du dépistage: traiter les zones de rétine ischémiques par photocoagulation au laser pour éviter le développement de néovaisseaux et leurs complications q Le traitement est une « amputation »: la destruction de la rétine Périphérique peut amputer le champ visuel RETINOPATHIE (3) Traitement o ophtalmologique - photocoagulation par laser (rétinopathie ischémique) - chirurgie: vitrectomie (hémorragie du vitré obscursissant la vision et empêchant le traitement de la rétine située en arrière) - Injections intra-vitéennes de corticoides (œdème maculaire) ou d’anticorps anti-VEGF q o - - général Équilibration glycémique stricte, nécessitant souvent une insulinothérapie Contrôle de la tension artérielle RETINOPATHIE (4) n En cas de rétinopathie, il existe des situations à risque pouvant entraîner son aggravation: ¨ La grossesse : un examen du fond d’œil doit être réalisé avant la conception et régulièrement surveillé en cours de grossesse ¨ L’équilibration rapide des glycémies: la pose d’une pompe à insuline externe nécessite un contrôle du fond d’œil et l’accord de l’ophtalmologiste RETINOPATHIE (5) n Une baisse d’acuité visuelle chez un diabétique peut aussi parfois être expliquée par autre chose en particulier: ¨ des troubles de réfraction rendant la vision floue de manière transitoire: en cas de déséquilibre du diabète ou au diagnostic de diabète quand on normalise les glycémies par l’instauration d’un traitement ¨ une cataracte: plus fréquente chez le patient diabétique. Elle entraîne une baisse progressive de la vision lointaine. Peut donner une impression de voile, de brouillard. NEUROPATHIE n Atteinte types: du système nerveux de plusieurs ¨ Polynévrite n n douloureuse voire hyperalgique: atteinte distale, symétrique à évolution ascendante. Douleur de repos, le plus souvent nocturne, insomniante. Améliorée par la prise en charge intensive du diabète nécessitant parfois une insulinothérapie et par certains antalgiques (Neurontin®, Lyrica ®, Cimbalta ®) ¨ Polynévrite avec altération de la sensibilité et de l’architecture du pied n Les différents types peuvent être isolés ou associés Durée et déséquilibre chronique du diabète NEUROPATHIES MOTRICE Amyotrophie Rétractions Déformations PIED DE CHARCOT Pressions anormales SENSITIVE Perte de sensibilité tactile, thermique, algique, profonde Perte de protection contre les microtraumatismes à la marche VEGETATIVE Sécheresse cutanées Troubles vasomoteurs Fragilité cutanée NEUROPATHIE (2) Les déformations du pied entraînent des zones d’hyperpression (têtes métatarsiennes) ou des zones de frottements (pulpes des orteils). Il se forme à ce niveau des zones d’hyperkératose qui vont jouer le rôle de corps étrangers et conduire à la formation d’un ulcère neuropathique, non décelé par le patient du fait de l’absence de perception douloureuse => mal perforant plantaire Survient sur un pied déformé avec altération de la perception douloureuse => pied à risque MAL PERFORANT PLANTAIRE NEUROPATHIE (3) 3 mécanismes peuvent être impliqués dans un “pied diabétique” La neuropathie: rôle central ± Ischémie Infection NEUROPATHIE (4) n La prévention n Il faut dépister le patient « à risque podologique » ¨ Dépistage de la perte de sensibilité ¨ Dépistage des déformations du pied Dépistage de la perte de sensibilité Dépistage de la perte de sensibilité: perception du monofilament Dépistage de la perte de sensibilité: neuro-esthésiométrie NEUROPATHIE (5) Dépistage des déformations du pied Examen annuel obligatoire pour tout diabétique mais réalisé seulement chez 50 % des patients Rechercher des orteils en griffes ou en marteau, une proéminence des têtes métatarsiennes; Entrainent des zones de frottements et d’hyperkératose 1ère étape éducative: débouche sur une indication: consultation de podologie, ateliers éducatifs, inclusion dans un réseau NEUROPATHIE (6) Éduquer le patient Prise de conscience perte de sensibilité ± mauvaise vascularisation risques qui en résultent: pas de douleur, pas de perception de la température q q Hygiène et entretien des pieds Toilette quotidienne Vérifier la température de l’eau Bain < 5 mn sinon macération Nettoyage au savon de Marseille puis rinçage Séchage minutieux, notamment entre les orteils NEUROPATHIE (7) Éduquer le patient q Situations à risque - - Ne pas utiliser d’objets tranchants, de bouillote Ne pas marcher pieds nus (blessure, mycoses) Bien se chausser Vérifier avec les mains l’absence de corps étranger dans la chaussure q Chaussage n Chaussettes en fil, laine ou coton plutôt que matières synthétiques Chaussures achetées en fin de journée Adaptation progressive quand elles sont neuves Les choisir larges, souples dessus avec intérieur sans coutures - - n n n NEUROPATHIE (8) Éduquer le patient q Aptitude à l’auto examen des pieds Quotidien, par le patient (± miroir pour voir la plante ++++) ou quelqu’un de son entourage Rechercher: n Macération = humidité è mycoses n Peau sèche è crevasses, fissures n Corne, kératose = hyperpression, frottement è risque de mal perforant n État des ongles: mycoses n Petite plaie: désinfection avec antiseptique incolore (dakin, hexomédine), compresse stérile sèche et consultation immédiate Synthèse Surveillance Tous les 3 – 4 mois: HbA1c Tous les ans: - Examen clinique, notamment podologique - Fond d’œil - µalbuminurie des 24h avec créatininurie et ECBU - Créatinine plasmatique - Bilan lipidique - Bilan hépatique - ECG