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actuelle, il y a un délicat équilibre à trouver pour que la durée de vie soit compétitive sur
le marché, mais surtout pas trop longue pour ne pas se priver du marché de
remplacement. Quand on fonctionne sur la modalité du service centré sur l’usage, on a
un rationnel économique à faire durer le produit le plus longtemps possible. L’intérêt est
de construire le produit sur le principe de durabilité en terme de vie, de facilité de
démontage et de réparation.
Ensuite, je souhaite mettre en exergue la capacité à satisfaire des besoins sociaux
nouveaux. Par exemple, Electrolux a tenté pendant un temps de développer sur une île
en Suède, un projet de mise à disposition de lave-linge moyennant un service de
facturation à l’usage. Cette initiative se révélait extrêmement concluante à la fois en
terme de rentabilité et d’acceptabilité sociale. Pourtant ils n’ont pas poursuivi cette
initiative car les technologies de l’objet communicant n’existaient pas encore et ils
dépendaient d’un tiers pour mesurer l’utilisation.
Aujourd’hui grâce aux nouvelles technologies, on pourrait très facilement réintroduire
cette donne. Et cela permettrait de résoudre des problèmes sociaux car aujourd’hui la
pauvreté coûte très cher. En effet laver son linge au lavoir automatique revient
beaucoup plus cher que de laver son linge chez soi. On peut mutualiser l’utilisation de
machines sur des immeubles et atteindre des objectifs sociaux.
Dans cette perspective, le business model se renverse de manière assez considérable.
Selon les tests pilotes, cette modalité permet d’atteindre du facteur 2, c’est à dire de
diviser par 2 la quantité d’énergie et ressource nécessaire à a satisfaction de nos
besoins. Ce n’est malheureusement pas suffisant.
A présent, attardons nous sur la deuxième modalité, soit le service centré sur le résultat.
Soit par exemple Monsanto vendant du pesticide. Cette entreprise n’a aucun incitant
économique réel à ce que les agriculteurs utilisent moins de pesticide. L’idée est de se
demander ce que l’on peut vendre aux agriculteurs tout en produisant de la richesse et
en vendant résolument moins de pesticides. Cela nous amène à nous interroger sur le
résultat du pesticide. En toute logique l’agriculteur achète un pesticide pour protéger sa
culture. Au lieu de lui vendre du pesticide, on pourrait ainsi lui vendre le résultat rendu
par le pesticide, soit un taux de perte admissible moyen. Si le taux de perte est inférieur,
la rémunération augmentera ; s’il est supérieur, l’entreprise rétrocèdera une partie du
contrat. Dans cette logique, le pesticide deviendra un moteur de coût que l’entreprise
aura économiquement intérêt à minimiser.
Dans le cas de Michelin, l’idée est de développer pour les transporteurs routiers des
contrats au kilomètre. Ils vont vendre un service de gestion externalisée du poste
pneumatique. Ils mettent du pneumatique à la disposition du transporteur, en gardant la
propriété et en étant facturé au km. Ainsi l’entreprise a un réel intérêt économique à ce
que les pneus durent le plus longtemps possibles. Ce service a été déployé récemment et
ils ont déjà capté 300 000 clients en un temps relativement record. On se trouve ici sur
un modèle fonctionnel, et par conséquent il y a un intérêt économique à éco-concevoir.
La lyonnaise des eaux est entrain de travailler avec les services publics pour ne plus
vendre du mètre cube mais du taux de service environnemental.
Toutefois la transition sera extraordinairement compliquée. Il s’agit réellement de
virement de business model et d’un redéploiement des activités, des ressources
stratégique clé. On ne sera plus sur un modèle produit mais sur un modèle service. Les