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Compte-rendu du séminaire
« REPRESENTATIONS DE LA NATURE ET LES VALEURS FACE AU DEFI DE L’ENVIRONNEMENT :
VERS DE NOUVEAUX HOZIRONS »
Gérald Hess 13 Mars 2012
Compte-rendu de Boseret Michaël
13/03/2012
« Représentations de la nature et les
valeurs face au défi de l’environnement :
vers de nouveaux horizons »
Gérald Hess
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1. Gérald Hess
1.1 Introduction
L’objectif de ce séminaire est, d’une part, de questionner le positionnement de
l’Homme dans son écosystème et, d’autre part, d’étudier la manière dont il faut
aborder l’éthique environnementale aujourd’hui et à l’avenir.
Gérald Hess de la Faculté des Géosciences et de l’environnement de l’Université de
Lausanne en est l’orateur. Il est philosophe et spécialiste de l’éthique
environnementale.
Selon lui, ce sujet est encore trop peu connu dans les pays de langue française.
Néanmoins, l’intérêt pour l’écologie et l’environnement ne cesse de croître de jour en
jour même s’il reste malheureusement à l’heure actuelle encore trop marginal.
1.2 Qu’appelons-nous la « nature » ?
Tout d’abord, la nature peut être représentée de différentes manières : par des
paysages, des lieux, notre rapport à la Terre ou aux animaux, l’élevage industriel, …
L’aspect essentiel dont il faut tenir compte est le rapport entre l’Homme et la nature.
De manière générale, la nature est une représentation ou une idée que l’on se fait
avant d’être une réalisingulière. Elle ne renvoie donc pas directement à une réalité
bien concrète, mais à un ensemble de représentations. Il s’agit d’un méta-concept.
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Pierre Hadot, philosophe, historien, philologue français et spécialiste
de l’Antiquité, dans son histoire de l’idée de nature, part d’une
sentence d’Héraclite selon laquelle la nature aime à se cacher. La
Déesse Iris-Artémis d’Ephèse représente symboliquement cette
conception. Selon Hadot, cette représentation de la nature fait
référence au fait que le « secret de la nature » se dévoile devant la
Science.
Il existe deux visions/moyens de dévoiler ce secret de la nature:
- La première met en avant le fait que la Science et l’Homme essayent
d’arracher le secret de la nature
- La deuxième fait référence à une initiation aux secrets de la nature,
tel un diapason, pour essayer de déceler et de comprendre cette
dernière
En se basant sur Hadot, Gérald Hess affirme qu’il existe plusieurs
perspectives pour envisager et concevoir la nature :
Perspective techno-scientifique : cette perspective allie la
Science et la Technique. Sa première apparition date de
l’Antiquité, lorsqu’il fallait faire appel à des architectes,
ingénieurs et autres techniciens grecs pour divers travaux.
L’idée de cette perspective techno-scientifique est d’exploiter et de
dominer la nature par la technique. La nature doit se laisser maîtriser.
L’accent est donc mis sur l’exploitation de la nature pour en satisfaire
les besoins humains.
Exemples :
a) la mécanique grecque : les temples ont été créés par des ingénieurs et
techniciens
b) la magie : on essaye d’agir sur la nature et de la maîtriser par l’appel
et l’invocation de différents dieux/démons
c) la méthode expérimentale : on établit des hypothèses pour soigner des
maladies. En cas d’échec, on réessaye, on re-teste avec une nouvelle
hypothèse sur la cause jusqu’à la réussite
Perspective phénoménologique : cette perspective fait davantage référence
à un rapport moins « agressif » à la nature. En effet, on s’initie aux secrets de
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la nature plus qu’en les arrachant.
Le rapport est immédiatement vécu avec les éléments de la nature. L’objectif est de
s’initier aux mystères et aux secrets de la nature notamment par différentes
expériences exprimées à travers l’art et le langage philosophique. Ce n’est donc pas
lié à un aspect technique.
Exemple :
a) Le « Timée » de PLATON : Le dieu (démiurge) façonne le
cosmos à partir d’une Idée préexistante, recopiée du
cosmos. L’Idée préexiste donc avant la réalité. C’est le
langage philosophique qui va essayer de reproduire le
processus d’élaboration de l’Univers.
Perspective génétique : cette perspective représente la nature comme un
processus qui se développe par lui-même. Il faut donc reconnaître un principe
immanent à la nature. Il y a une certaine autonomie de la nature.
Exemple :
a) La « Physique » d’ARISTOTE : La nature contient en elle-
même le principe de son développement et de sa
croissance. Les choses se passent sans intervention
humaine. Les êtres-vivants possèdent une âme mais les
non-vivants possèdent également un principe immanent.
Il est nécessaire de préciser que les perspectives techno-scientifique et
phénoménologique sont souvent opposées l’une à l’autre alors que la perspective
génétique est souvent oubliée.
Ces trois perspectives sont bien distinctes mais coexister le plus souvent chez un
même individu.
De quelle nature parle-t-on ?
a) Perspective techno-scientifique : fait référence à une nature transformée ou
fabriquée qui est totalement maîtrisée par l’Homme. Dans cette nature, le résultat
du processus de développement importe plus que le processus en lui-même.
Le destin de la nature transformée :
- La révolution mécaniste au XVIIe siècle : on fait l’expérience de la nature. Elle parle
avec un langage mathématique. Il y a mathématisation de l’expérience.
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- Il y a séparation entre le sujet et l’objet (avec la possibilité de le connaître
objectivement )
- Il faut recourir à l’expérimentation pour interroger la nature. C’est presque un cas
judiciaire ; il faut lui poser les bonnes questions et la forcer à répondre. On voit
d’ailleurs apparaître les premiers laboratoires expérimentaux car la nature apporte des
réponses utiles par l’expérimentation. L’objectif est d’arriver à des lois scientifiques en
tenant compte de l’importance du choix des paramètres sur les résultats de
l’expérimentation.
- L’explication des phénomènes devient « non-finalisée » : il n’y a plus de cause finale
ou de finalité dans la nature. La conception y est mécaniste. La nature peut être
comparée à une horloge avec plein de rouages et un fonctionnement causal très
complexe.
La vie comme objet mécanique : elle est analysée comme un objet canique, mais
le passage de ces principes de la physique à un organisme vivant reste compliqué à
analyser et à mettre en place.
Cette vision de la nature peut être caractérisée par le terme :
NATURE-MACHINE
b) Perspective phénoménologique : fait référence à une nature imaginée. L’image
de la nature est traduite par une poésie, une expression artistique telle que l’art
pictural.
Le destin de la nature imaginée :
Exemple : Peinture de « La Madone à l’écran d’osier »
de Robert Campin (vers 1420, 1425). Dans cette
peinture, on voit à l’arrière-plan une perspective du
village et de la nature. Ce tableau illustre le destin de la
nature imaginée en représentant pour la première fois
le paysage.
On voit apparaître un lien entre la nature imaginée et
l’expression artistique.
Selon la pensée occidentale, le paysage se contemple. Cette contemplation procure
du plaisir. Il y a donc une dimension affective forte de la nature.
On constate également une évolution de la représentation du paysage et de la nature
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