Philosophie & Management asbl Compte-rendu du séminaire « REPRESENTATIONS DE LA NATURE ET LES VALEURS FACE AU DEFI DE L’ENVIRONNEMENT : VERS DE NOUVEAUX HOZIRONS » Gérald Hess – 13 Mars 2012 Compte-rendu de Boseret Michaël 13/03/2012 « Représentations de la nature et les valeurs face au défi de l’environnement : vers de nouveaux horizons » Gérald Hess 1 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] 1. Gérald Hess 1.1 Introduction L’objectif de ce séminaire est, d’une part, de questionner le positionnement de l’Homme dans son écosystème et, d’autre part, d’étudier la manière dont il faut aborder l’éthique environnementale aujourd’hui et à l’avenir. Gérald Hess de la Faculté des Géosciences et de l’environnement de l’Université de Lausanne en est l’orateur. Il est philosophe et spécialiste de l’éthique environnementale. Selon lui, ce sujet est encore trop peu connu dans les pays de langue française. Néanmoins, l’intérêt pour l’écologie et l’environnement ne cesse de croître de jour en jour même s’il reste malheureusement à l’heure actuelle encore trop marginal. 1.2 Qu’appelons-nous la « nature » ? Tout d’abord, la nature peut être représentée de différentes manières : par des paysages, des lieux, notre rapport à la Terre ou aux animaux, l’élevage industriel, … L’aspect essentiel dont il faut tenir compte est le rapport entre l’Homme et la nature. De manière générale, la nature est une représentation ou une idée que l’on se fait avant d’être une réalité singulière. Elle ne renvoie donc pas directement à une réalité bien concrète, mais à un ensemble de représentations. Il s’agit d’un méta-concept. 2 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] Pierre Hadot, philosophe, historien, philologue français et spécialiste de l’Antiquité, dans son histoire de l’idée de nature, part d’une sentence d’Héraclite selon laquelle la nature aime à se cacher. La Déesse Iris-Artémis d’Ephèse représente symboliquement cette conception. Selon Hadot, cette représentation de la nature fait référence au fait que le « secret de la nature » se dévoile devant la Science. Il existe deux visions/moyens de dévoiler ce secret de la nature: - La première met en avant le fait que la Science et l’Homme essayent d’arracher le secret de la nature - La deuxième fait référence à une initiation aux secrets de la nature, tel un diapason, pour essayer de déceler et de comprendre cette dernière En se basant sur Hadot, Gérald Hess affirme qu’il existe plusieurs perspectives pour envisager et concevoir la nature : Perspective techno-scientifique : cette perspective allie la Science et la Technique. Sa première apparition date de l’Antiquité, lorsqu’il fallait faire appel à des architectes, ingénieurs et autres techniciens grecs pour divers travaux. L’idée de cette perspective techno-scientifique est d’exploiter et de dominer la nature par la technique. La nature doit se laisser maîtriser. L’accent est donc mis sur l’exploitation de la nature pour en satisfaire les besoins humains. Exemples : a) la mécanique grecque : les temples ont été créés par des ingénieurs et techniciens b) la magie : on essaye d’agir sur la nature et de la maîtriser par l’appel et l’invocation de différents dieux/démons c) la méthode expérimentale : on établit des hypothèses pour soigner des maladies. En cas d’échec, on réessaye, on re-teste avec une nouvelle hypothèse sur la cause jusqu’à la réussite Perspective phénoménologique : cette perspective fait davantage référence à un rapport moins « agressif » à la nature. En effet, on s’initie aux secrets de 3 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] la nature plus qu’en les arrachant. Le rapport est immédiatement vécu avec les éléments de la nature. L’objectif est de s’initier aux mystères et aux secrets de la nature notamment par différentes expériences exprimées à travers l’art et le langage philosophique. Ce n’est donc pas lié à un aspect technique. Exemple : a) Le « Timée » de PLATON : Le dieu (démiurge) façonne le cosmos à partir d’une Idée préexistante, recopiée du cosmos. L’Idée préexiste donc avant la réalité. C’est le langage philosophique qui va essayer de reproduire le processus d’élaboration de l’Univers. Perspective génétique : cette perspective représente la nature comme un processus qui se développe par lui-même. Il faut donc reconnaître un principe immanent à la nature. Il y a une certaine autonomie de la nature. Exemple : a) La « Physique » d’ARISTOTE : La nature contient en ellemême le principe de son développement et de sa croissance. Les choses se passent sans intervention humaine. Les êtres-vivants possèdent une âme mais les non-vivants possèdent également un principe immanent. Il est nécessaire de préciser que les perspectives techno-scientifique et phénoménologique sont souvent opposées l’une à l’autre alors que la perspective génétique est souvent oubliée. Ces trois perspectives sont bien distinctes mais coexister le plus souvent chez un même individu. De quelle nature parle-t-on ? a) Perspective techno-scientifique : fait référence à une nature transformée ou fabriquée qui est totalement maîtrisée par l’Homme. Dans cette nature, le résultat du processus de développement importe plus que le processus en lui-même. Le destin de la nature transformée : - La révolution mécaniste au XVIIe siècle : on fait l’expérience de la nature. Elle parle avec un langage mathématique. Il y a mathématisation de l’expérience. 4 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] - Il y a séparation entre le sujet et l’objet (avec la possibilité de le connaître objectivement ) - Il faut recourir à l’expérimentation pour interroger la nature. C’est presque un cas judiciaire ; il faut lui poser les bonnes questions et la forcer à répondre. On voit d’ailleurs apparaître les premiers laboratoires expérimentaux car la nature apporte des réponses utiles par l’expérimentation. L’objectif est d’arriver à des lois scientifiques en tenant compte de l’importance du choix des paramètres sur les résultats de l’expérimentation. - L’explication des phénomènes devient « non-finalisée » : il n’y a plus de cause finale ou de finalité dans la nature. La conception y est mécaniste. La nature peut être comparée à une horloge avec plein de rouages et un fonctionnement causal très complexe. La vie comme objet mécanique : elle est analysée comme un objet mécanique, mais le passage de ces principes de la physique à un organisme vivant reste compliqué à analyser et à mettre en place. Cette vision de la nature peut être caractérisée par le terme : NATURE-MACHINE b) Perspective phénoménologique : fait référence à une nature imaginée. L’image de la nature est traduite par une poésie, une expression artistique telle que l’art pictural. Le destin de la nature imaginée : Exemple : Peinture de « La Madone à l’écran d’osier » de Robert Campin (vers 1420, 1425). Dans cette peinture, on voit à l’arrière-plan une perspective du village et de la nature. Ce tableau illustre le destin de la nature imaginée en représentant pour la première fois le paysage. On voit apparaître un lien entre la nature imaginée et l’expression artistique. Selon la pensée occidentale, le paysage se contemple. Cette contemplation procure du plaisir. Il y a donc une dimension affective forte de la nature. On constate également une évolution de la représentation du paysage et de la nature 5 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] entre le XVe et le XIXe siècle. En effet, au XIXe siècle, le paysage sera davantage associé à une nature « sauvage ». 6 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] On s’intéresse de plus en plus à la nature pour autant que l’Homme n’en fasse pas partie ou en est même exclu (l’homme est de plus en plus en retrait). Le terme de « bonne » nature apparaît et fait référence à une nature où l’Homme n’est pas (ou pas du tout) intervenu. Exemple : Apparition des Parcs Naturels aux USA où on y voit la nature s’y développer de manière « sauvage » Cette vision de la nature peut être caractérisée par le terme : NATURE-PAYSAGE c) Perspective génétique : fait référence à une nature animée par une âme. Elle se développe d’elle-même (autopoïèse). Le destin de la nature animée : A la Renaissance, on considère que l’organisme est animé par une âme. La compréhension de la nature provient d’une conception organiciste. L’organicisme met l’accent sur l’organisation des organismes plutôt que sur la composition des organismes. Cette orientation philosophique affirme que la réalité est mieux comprise comme un tout organique. Le cosmos, par exemple, représente l’interaction entre organismes. L’écologie et l’histoire naturelle des espèces : Linné était persuadé de la finalité de la nature : la diversité de la nature avait pour lui un sens, contrairement à ce que Buffon pensait. Il y a l’idée du microcosme qui reflète le macrocosme. Darwin a introduit une explication de la vie et de l’évolution sans référence ni à un aspect mécaniste ni à un aspect finaliste. En effet, pour lui, l’évolution se fait par mutation et adaptation à l’environnement. Cette interprétation évite donc la causalité mécaniste et finaliste. Par ailleurs, Darwin est considéré par beaucoup de personnes 7 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] comme l’un des premiers écologues (≠ écologistes). L’écologie scientifique : elle a connu une première phase d’essor à la fin du XIXe siècle, début du XXe siècle. Cette première phase a mis en avant le fait que les écosystèmes sont des entités/réalités cherchant l’équilibre. Si il y a une situation d’équilibre, cela signifie que l’écosystème est sain. Cette hypothèse tend à exclure l’intervention humaine (« bonne » nature). A la 2ème moitié du XXe siècle, on voit apparaître un autre mouvement (deuxième phase) qui considère l’homme comme étant issu de la nature. L’homme fait donc partie de la nature. L’écosystème subit des perturbations dues à l’homme mais ce dernier peut avoir un impact tant négatif que positif sur l’écosystème en question. Cette vision de la nature peut être caractérisée par le terme : NATURE-NATURALISTE Ces trois représentations de la nature coexistent ou peuvent coexister dans le rapport entre les hommes et la nature. On peut dès lors se poser la question de savoir quel est le rapport entre la nature et nos activités ? Ce graphique permet d’illustrer les trois perspectives sur la nature vues précédemment ainsi que leurs différentes caractéristiques en les mettant en lien avec les activités humaines. A titre d’exemple, l’agriculture correspond à une nature transformée, car il y a 8 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] transformation et maîtrise de la nature. Les parcs naturels font, quant à eux, référence à une nature animée. A partir du XVIIe siècle, l’activité agricole devient de plus en plus intensive et mécanique. La nature-machine commence à empiéter sur les autres aires d’activités relevant des autres représentations de la nature. La nature transformée « se répand » de plus en plus. Par le biais de la « biotechnologie », on commence d’ailleurs à maîtriser radicalement la nature. On choisit ce qui sera le produit. 9 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] A partir du XIXe siècle, on voit apparaître un intérêt croissant pour la protection de l’environnement, notamment par le biais de la nature-naturaliste et la nature-paysage. L’objectif est de se défaire de la nature artefact. A titre d’exemple, on voit la création des premiers Parcs Naturels aux USA. L’objectif est de favoriser la nature imaginée par cet aspect « sauvage » où les animaux ont la possibilité de se développer dans leur milieu naturel ou quasi-naturel pour plus tard y ajouter des éléments liés à la nature animée tels que le développement d’une forte biodiversité, … Exemple : cas particulier de Masdar City (Emirats arabes unis) où il y a une approche technologique de la nature. Cette ville a pour objectif d’être totalement autonome. C’est une ville qui « sort » de terre n’a pas de réel paysage, ni d’histoire ou de culture de base. Comme expliqué et discuté lors de ce séminaire, un paysage a nécessairement une vie, une histoire et une culture à la base base auxquelles on peut s’identifier. Il semble donc difficile voire impossible de créer une nature ou un paysage dans une telle ville car elle n’a ni histoire ni culture. Il n’y a clairement pas de nature-paysage dans ce cas-là mais principalement de l’artificiel. Pour beaucoup d’éthiciens de l’environnement, la référence ou la figure paternelle de l’éthique environnementale est Aldo Léopold. Cet écologiste américain, forestier et environnementaliste a fortement influencé le développement de l’éthique environnementale moderne. Aldo Léopold est considéré comme l’un des pères de la gestion de la protection de l’environnement aux USA notamment par l’influence qu’il a eu sur le mouvement en faveur de la protection des espaces naturels. Aldo Léopold insistait sur la perspective génétique et sur une nature animée comme en témoigne l’expression qu’il reprenait souvent « Penser comme une montagne ». Cette référence à la nature-naturaliste indique qu’il faut aborder le rapport à la nature (et aux problèmes de gestion de celle-ci) en adoptant le point de vue adéquat – écologique - pour pouvoir observer et saisir les interactions entre les différents éléments de l’écosystème. On décerne clairement une pensée écologique. 1.3 Quelles sont les valeurs de la nature ? La nature : un paysage hostile, un animal menaçant. Il y a deux éléments de la valeur : 1) La propriété (pas la propriété telle que la couleur, le son, le masse d’un objet, …) mais davantage une propriété 10 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] évaluative évaluation 2) L’évaluation La propriété est le résultat d’une évaluation Il y a deux sortes de valeurs : I) Les valeurs relationnelles II) La valeur intrinsèque / morale I) Parmi les valeurs relationnelles, on retrouve : a) Les valeurs instrumentales/d’usage/d’utilité telles que : i. des valeurs de production (forêt bois meubles …) On utilise la ressource de la nature pour satisfaire des besoins humains ii. des valeurs de consommation (utilité) On profite de la ressource pour faire une activité On se sert de la nature pour satisfaire des besoins humains (profiter de la nature ou d’une forêt pour faire un footing, se promener, contempler un paysage, faire un barbecue, …) Ces valeurs peuvent être facilement monétarisées car elles sont « échangeables ». On peut leur donner un prix (exemple : monétarisation du paysage du Lac Léman par une augmentation des prix des maisons autour de ce lac). b) Les valeurs de non usage ou de legs : ce sont des valeurs auxquelles on renonce pour que d’autres puissent en bénéficier. Exemples : justice intergénérationnelle par la transmission à ses descendants, la transformation d’un terrain vague en un parc d’utilité publique dans une commune, … Ces valeurs sont difficiles à traduire en termes économiques et monétaires malgré les tentatives d’évaluation. Problème/controverse du taux d’actualisation : après 100 ans, le taux d’actualisation tend vers 0. Il est donc difficile de traduire cela en valeur monétaire. c) Les 11 valeurs d’existence : ces valeurs sont davantage Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] affectives, esthétiques et donc non traduisibles en valeur monétaire. Ce sont des valeurs « sentimentales », rapportées à des choses non substituables entre elles et étroitement liées aux expériences personnelles. Exemple : le tulipier qui a été planté par ma grand-mère a une valeur « sentimentale » énorme pour moi mais peut-être pas pour autrui II) La valeur intrinsèque/morale : Cette valeur est la valeur d’une entité pour elle-même. Elle a une fin en soi (n’est pas utilisée à d’autres effets). Cette valeur a deux caractéristiques : Indépendant des intérêts personnels, des désirs, de l’humeur d’une personne Associée à un certain comportement ou attitude spécifique à adopter tel que l’obligation de respecter, de faire quelque chose, l’interdiction de faire ou de faire souffrir, … 1.4 Au nom de quelle(s) valeur(s) protéger la nature ? Ethique classique : L’homme est au centre de ce modèle d’éthique. Le développement durable est basé sur la justice intergénérationnelle. Cette éthique classique prend en compte la relation des hommes entre eux, la relation entre les hommes et l’Etat, … en y imposant des comportements bien spécifiques à adopter à l’égard d’autrui, des règles à suivre, … Ethique environnementale : Cette éthique intègre l’homme ainsi que, éventuellement, d’autres entités naturelles autres que les êtres humains. 12 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] Le graphique ci-dessous reprend plusieurs sphères et dimensions de modèles d’éthique environnementale qui peuvent être pris en considération selon différents critères (pertinents) de classification. Anthropocentrisme étroit - Homme : l’homme est au centre de l’éthique environnementale. Seules les relations entre les Hommes, les Hommes et l’Etat, … ont de l’importance : ce sont des « êtres supérieurs ». Anthropocentrisme élargi - Grands singes, anthropoïdes : ce groupe d’animaux a été ajouté à celui des hommes car ils sont décrits comme des animaux « supérieurs ». Il faut les respecter car ils sont proches des hommes, ce sont des animaux appartenant à la sphère proche – même « espèce ». Pathocentrisme - Animal – Plante : Reproche du spécisme élargir à tous les animaux (y compris les êtres « inférieurs »). Cette catégorie comprend toute sorte d’animaux, de mollusques, … ainsi que des plantes (pour autant que l’on considère qu’elle sont des êtres sensibles). La sélection de ces animaux et de ces plantes se fait selon un critère (pertinent) lié au fait que ce sont des êtres dotés d’une certaine sensibilité. Biocentrisme - Plantes – Terre-Gaïa : comprend tous les êtres-vivants même des êtres non-sensibles (le vivant, l’animé). Hypothèse de la Terre-Gaïa : la Terre est un organisme vivant avec des propriétés similaires (dimension holistique). Ecocentrisme - Ecosystème – Biosphère : L’écosystème n’est pas assez défini pour pouvoir attribuer une valeur morale. Il y valeur morale si l’on peut faire du bien ou du 13 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] mal. 1.5 Quelle éthique pour le XXe siècle ? Constat : la crise écologique/environnementale comprend des aspects bien spécifiques limites des ressources énergétiques, naturelles, biotiques même si d’autres facteurs entrent également en compte (croissance démographique, croissance des ressources financières, …) La spécificité des problèmes environnementaux contemporains/actuels est liée au fait que ces problèmes sont globaux. Il y a un problème de flux de matières et plus seulement de pollution. Il faut avoir à l’esprit que si le(s) problème(s) n’est pas résolu rapidement, il va y avoir des conséquences irréversibles (cf. par exemple le changement climatique). De plus, nous sommes confrontés à une imprévisibilité des problèmes car nous n’avons pas d’estimation précise sur l’évolution (saison, température, …) des problèmes environnementaux. Limites du modèle économique classique Le problème vient du fait que notre société tente de résoudre les problèmes écologiques et environnementaux avec d’anciennes solutions, voire des moyens devenus peut-être obsolètes, telles que l’Innovation technique et la Recherche & Développement. Notre modèle économique classique n’a cessé d’avoir comme objectif perpétuel l’augmentation de la croissance, notamment par la croissance de la consommation. Ce modèle essaie constamment de découpler les flux de matière de création de valeur. Il semble aujourd’hui révolu mais aucune solution/modèle alternatif n’a pour l’instant été trouvé. Il semble évident qu’à l’avenir il faudra apprendre à consommer moins et mieux. Limites du régime démocratique classique Il semble que notre système démocratique freine également la mise en place d’outils institutionnels forts qui pourraient faire évoluer positivement le rapport humain à l’environnement. En effet, des changements institutionnels impliqueraient la mise en place de nouvelles contraintes financières (ex : taxes payées par la population). Les politiciens ne veulent pas mettre en avant ces arguments-là lors des élections car de tels arguments l’empêcheraient d’être élu. Les votants ont sûrement l’intime volonté d’avoir un impact positif sur l’écologie et l’environnement mais ne sont peut-être pas prêts à y mettre le prix. Il faut donc avant tout essayer de pallier à cette difficulté en conscientisant la 14 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] population sur le fait qu’il faille prendre en compte les aspects environnementaux dans nos sociétés démocratiques. 1.6 En conclusion, quelle éthique pour le XXIe siècle ? Une éthique : Il est essentiel de reconnaître la légitimité des trois représentations de la nature. Il faut, à l’avenir, essayer d’inventer de nouvelles théories éthiques qui intégreraient ces trois perspectives. Il est essentiel de reconnaître la pluralité des valeurs de la nature : le fait qu’elle soit « monétarisable » ou non, le fait qu’on puisse mettre cela sur le « marché », … La théorie de l’évolution des espèces (Darwin) : elle présente aujourd’hui l’histoire de la vie la plus plausible et réintroduit la parenté entre l’homme et le reste de la nature Interdépendance entre les éléments d’un système écologique Favoriser l’émergence de vertus plutôt que la soumission à des obligations morales : il faut essayer de faire changer les comportements par des choix et non par imposition. Deux vertus importantes pour une éthique du XXIe siècle : 1) La vertu de prudence : le sage qui sait la décision à prendre en vertu d’une sagesse et non d’une connaissance technique (où il s’agit d’appliquer des règles) vertu de l’activité délibératrice Cette vertu ne suffit pas car elle ne prend pas en compte l’environnement. 2) La vertu de vigilance : prend en considération l’être qui est conscient de ses actes vertu de l’activité consciente Cette vertu comprend trois dimensions: Le rapport au temps Le rapport à l’altérité (les autres) 15 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] Le rapport à soi 16 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] 2. Débat 2.1 Quelle est l’importance de l’idée de vigilance ? Besoin de plus d’explications Tout d’abord, la notion d’obligation de respecter ne correspond pas aux institutions de type démocratique. Les normes (environnementales) sont dures à mettre en place dans de tels systèmes. Il semble donc indispensable dans un premier temps de conscientiser individuellement et moralement la population à l’écologie et l’éthique environnementale avant d’y imposer quelque chose. C’est un travail sur soi-même. Cela doit venir de plein gré, d’une volonté individuelle non imposée. La vertu est le fait de développer l’excellence dans certains domaines particuliers et dispositions pratiques. Il est évident que tout le monde n’a pas les mêmes vertus ; ce qui nous pousse à agir de différentes manières. Les vertus se cultivent et dépendent également du caractère personnel. Il est également nécessaire de différencier certains termes qui se ressemblent assez fort : -Précaution : fait référence à notre rapport aux effets éventuelles d’une technologie (forme moderne/contemporaine de la prudence dans certaines écoles de pensée) -Prudence : apprendre et être disposé à agir mais dans un contexte bien particulier La vertu de la prudence semble indispensable dans les sociétés démocratiques de type délibératif mais elle ne prend cependant pas en compte l’aspect environnemental. Il faut en plus essayer de développer une vertu de la vigilance pour incorporer l’éthique environnementale et l’écologie. La vigilance intègre la notion de précaution, de responsabilité, de prévention, … un ensemble de dispositions en lien avec des questions d’ordre environnemental. Concernant l’environnement, il faut avoir à l’esprit que la nature c’est aussi l’autre. Il ne faut pas oublier l’aspect d’altérité : ce qui est moi et pas moi, le « tu » que je rencontre et qui me rencontre. C’est un rapport d’identification à la nature : ce que la nature n’est pas et ce que je suis moi au départ. La notion de vigilance permet précisément d’inscrire la question environnementale dans ses multiples facettes grâce à trois dimensions : 1) L’altérité (l’autre) : l’autre avec lequel je suis en relation, qui se voit et qui se ressent, par exemple à travers des expériences esthétiques de la nature. 17 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] 2) Le temps : prend en compte la prévention et la précaution représentant donc précisément le rapport à l’avenir. La vigilance nous met dans une certaine forme de disposition. 3) Le rapport à soi : il n’y a pas de vigilance sans « se déposséder de soimême ». La reconnaissance de l’altérité n’est possible que si l’on s’est dépossédé de soi-même. 2.2 Pouvez-vous nous donner plus de détail sur l’expression « se déposséder de soi-même » ? Se déposséder de soi-même c’est apprendre des formes de participation, c’est apprendre à participer avec ce qui n’est pas moi. Pour se mettre au niveau de ce qu’est l’autre, il faut pouvoir se déposséder de soi-même, de ce que je suis. Cette notion de vigilance est amenée à évoluer, étant donné que les recherches sur ce sujet sont encore assez récentes. L’objectif est de croiser la notion de vigilance et celle de prudence. De manière schématique, la vertu de prudence peut se représenter sur un axe des relations interpersonnelles – axe horizontal – et à chaque niveau de cet axe horizontal il faudrait faire croiser un axe vertical qui est celui du déploiement de la vigilance. Dans chaque situation singulière de l’ordre de la délibération, on devrait pouvoir y intégrer cette altérité de la nature à laquelle nous ouvre la vigilance. 2.3 Il y a une difficulté au niveau de l’emploi des mots – prudence, vigilance, précaution, … – alors qu’il y a peu de différence dans le langage courant En effet, les termes ont évolué au cours du temps. La prudence n’est pas utilisée dans un terme moderne. Cela fait davantage référence à une capacité propre à certaines personnes (leur vertu) d’être en mesure de pouvoir prendre la décision qui s’impose dans une situation singulière c’est-à-dire à laquelle on n’est pas en mesure d’apporter tout le savoir du monde à notre disposition. C’était la vertu du sage politicien. La prudence est une vertu applicable également au domaine collectif. Néanmoins, la prudence ne prend pas en question toutes les dimensions. La notion de vigilance introduit en plus le rapport à soi. Être vigilant c’est aussi 18 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] apprendre à se connaître soi-même. La distinction entre la prudence et la vigilance peut être considérée comme telle : la prudence est une position par rapport à une situation interpersonnelle à laquelle on fait face et qui demande délibération alors que la vigilance fait davantage référence à une prise de responsabilité par rapport à l’environnement dans lequel on est. La vigilance « enrichit » en quelque sorte la prudence. En effet, la vigilance concerne le fait d’être attentif à son environnement humain et non humain et d’en percevoir l’altérité. La prudence, quant à elle, se focalise davantage sur la manière dont il faut délibérer face à une situation. La vigilance est très certainement plus importante que la prudence. 2.4 La notion de se connaître soi-même est bien comprise, mais la « dépossession de soi » par rapport à la vigilance est moins bien perçue Se déposséder de soi-même est un des processus dans l’être vigilant. Plus je suis vigilant, plus je pourrai être disponible pour percevoir l’altérité de la nature. Ce comportement implique précisément que l’on sait avoir de la distance par rapport à soi-même, c’est un exercice parfois difficile à faire, comme toutes les dispositions. C’est le fait de pouvoir se décentrer par rapport à soi. 2.5 Ces démarches sont très individuelles et personnelles, mais qu’en est-il au niveau collectif ? Comment vivre la dépossession de soi dans la globalité ? Il y a le sentiment que le discours politique met souvent en avant qu’il faut l’emporter sur l’autre. Il y a un scepticisme quant à la capacité d’une communauté d’intégrer cela individuellement et de le faire vivre également collectivement. C’est tout d’abord un travail sur soi. La démarche est d’abord une disposition individuelle, comme les vertus de manière générale. C’est une éthique individuelle, une éthique de la bonne vie qui passe d’abord par le comportement des individus. Par rapport à la prudence, il y a quand même un enjeu politique. La prudence est une disposition qu’il est indispensable de développer (référence au texte d’Aristote qui prend comme exemple Périclès comme homme « prudent »). Ceux qui sont amenés à prendre des responsabilités, notamment sur le plan politique, devraient absolument avoir cette vertu. Seuls ceux qui sont des êtres humains prudents devraient pouvoir assumer ce type de responsabilité. La dimension politique n’est donc pas totalement absente. 19 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] La question de prudence renvoie à la notion de dépossession de soi, à une dimension d’abord individuelle. La question liée à la dimension de précaution et de prévention ainsi que le rapport au temps, et en particulier le temps de l’avenir, serait en mesure de permettre l’intégration de la vigilance dans des structures de type institutionnel. Au fond, le principe de prévention et de précaution sont des outils institutionnels qui existent comme principes légaux dans la législation de certains pays. On pourrait imaginer qu’il y ait un lien de la vigilance par rapport à cette dimension-là. Néanmoins, le rapport à soi en termes de dépossession de soi reste purement individuel. Tous les moyens sont bons concernant la question environnementale. On doit pouvoir agir tant sur le plan institutionnel que sur le plan des valeurs que l’on souhaite défendre, de l’engagement individuel, … L’éthique des vertus peut être perçue comme un idéal, comme quelque chose de complémentaire à ce que propose Dominique Bourg en parlant de la « démocratie écologique ». Il a beaucoup travaillé sur la réforme institutionnelle que nécessite la démocratie pour intégrer la question de l’environnement et la dimension du Long Terme. Il faut essayer de comprendre comment intégrer cette dimension dans des régimes démocratiques et trouver les outils institutionnels qui pourraient faire évoluer tout cela. Par contre, le problème d’une démocratie vient du fait qu’elle est faite par ceux qui votent… Si l’on souhaite réformer la démocratie pour introduire la question environnementale, cela supposera inévitablement des impératifs, des obligations, des restrictions, l’adoption de taxes particulières, … Finalement, un politicien qui, aujourd’hui, souhaiterait introduire de telles contraintes et des taxes particulières aurait peu de chance d’être élu ou réélu en tant qu’autorité exécutive. Il est donc indispensable d’également agir sur ceux qui élisent. Il ne faut pas uniquement se focaliser sur la réforme institutionnelle. Les deux vont de paires et les deux ont besoin l’un de l’autre. L’éthique des vertus a besoin d’une réflexion institutionnelle sur la réforme de la démocratie mais la « démocratie écologique » de Dominique Bourg a besoin d’une éthique des vertus. Il faut essayer de penser à cela de manière complémentaire. C’est là toute la difficulté et la complexité auxquelles nous confronte la crise environnementale. Beaucoup de personnes sont conscientes du problème mais personne n’est prêt à prendre pour lui-même les dispositions qui s’imposeraient. Les gens pensent que si l’autre ne fait pas comme lui, il n’y a aucune raison que lui fasse l’effort. On en revient aux valeurs, la question du rapport à l’autre et à la nature à travers des 20 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] paysages, le rapport à des animaux, au vivant. C’est tout cela qui pourrait nous amener à évoluer et à changer notre rapport à l’environnement et le « non-humain ». L’éthique du XXIème siècle devra être éco-centrée pour être efficace. Il faudra sortir du rapport Homme-nature qui est un rapport d’opposition afin d’être inclus dans cette nature. La nature c’est également nous. Cela suppose un travail philosophique important pour comprendre cette nouvelle vision du monde et pour réussir à la construire et à la mettre en place. Pour l’instant, cela reste encore relativement marginal. 2.6 Pour favoriser l’émergence de cette éthique, est-ce que l’école n’est pas l’endroit le plus approprié pour le faire ? Quelle est l’importance de la formation des enseignements à cette nouvelle éthique ? L’école est certainement l’un des hauts lieux où l’on peut développer le comportement approprié. Néanmoins, comme beaucoup de psychologues de l’environnement l’ont montré, le problème vient du fait que l’on a beau savoir que l’environnement ne va pas bien et que l’on met en péril des générations futures, on ne fait rien pour changer nos comportements et habitudes. On a beau savoir mais le savoir ne mène pas obligatoirement à l’action. L’enseignement est l’endroit logique où il faudrait l’aborder. Néanmoins, l’enseignement qui est donné actuellement est à l’opposé de ce qu’il faut faire. Les étudiants sont enfermés dans des classes pendant des dizaines d’années. Ils n’ont aucun contact avec la nature, ils ont l’accès au savoir mais pas à l’expérience. Ce qui est très important dans l’éducation, ce sont les expériences que l’on fait avec la nature. La vision du monde est indispensable, et cela va de pair avec le développement de notre société. Dans l’éducation, ce sont les expériences vécues des enfants avec la nature qui amèneront le changement. C’est l’ « émotion » qui fait bouger les choses et le monde. Les études de Vincent Joule ont montré qu’au final c’est à travers des petits actes que l’on s’engage dans la question environnementale. C’est, par exemple, par le fait de ne pas prendre sa voiture une fois par semaine pour aller au travail. Ces « éco-gestes » (petits gestes) sont souvent déterminants dans le développement d’une conscience écologique au sein des individus. Ce n’est pas souvent les grandes idées sur le rapport de la relation avec la nature qui font évoluer les choses mais davantage des petits actes au quotidien. En effet, ces belles idées seraient en quelque sorte stériles si elles n’étaient pas vécues par des actes très concrets avec la nature (camp dans la nature) permettant de donner un sens à nos actions. Cela relève plus du vécu et de l’émotion par le biais d’expériences avec la nature. Il faut de toute façon agir au niveau de l’enseignement pour avoir un impact sur les 21 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] plus jeunes afin de les conscientiser sur l’avenir de leur monde. 2.7 Faut-il développer des techniques (innovation) pour mieux vivre avec la nature et la respecter davantage ? L’innovation technologique peut en effet être utilisée pour améliorer notre rapport à la nature. On peut parfaitement imaginer des techniques qui soient respectueuses de l’environnement telles que le bio-mimétisme, l’éco-technologie, … où l’on essaye de voir comment fonctionne la nature pour s’en inspirer et développer des moyens plus efficaces pour produire des choses. Ces moyens sont tout à fait légitimes et ils prouvent que toute innovation technique ne se fait pas forcément au détriment d’un rapport respectueux à l’environnement même si, malheureusement, c’est souvent le cas. C’est essentiellement dû au fait qu’au fond la technologie est au service d’un modèle économique qu’est celui de la croissance. Le grand problème est que notre modèle économique classique dépend essentiellement de la consommation comme moyen de favoriser la croissance. Une économie qui n’arrive plus à vendre des produits, c’est une économie qui ne fonctionne plus. Ce modèle rencontre de nombreuses limites mais nous n’avons, pour l’instant, pas trouvé de modèle alternatif. De plus, personne ne le remet en question et tout le langage politique aujourd’hui ne vise à sortir de la crise qu’en restaurant la croissance. Tout le monde affirme qu’il faut relancer le pouvoir d’achat pour continuer à consommer et au final relancer la croissance. 2.8 La prise de conscience environnementale n’est pas suffisante à nous faire agir, mais peut être que la détérioration du tissu social va peut-être nous induire à changer plus facilement nos comportements que la problématique environnementale qui elle est liée au même problème de la volonté de croissance économique un peu « absurde » La détérioration du tissu social est clairement visible aujourd’hui. On prône la croissance comme solution à tous nos problèmes. La consommation devient presque un devoir civique (baromètre du moral des ménages). C’est devant la contrainte insupportable que le changement risque de voir le jour… mais avant d’arriver à ce jour vers quoi allons-nous passer ? Le modèle économique actuel s’impose comme le modèle mondial unique et universel. A titre d’exemple, les pays émergents ou « en voie de développement » ont aujourd’hui comme unique finalité/objectif de garantir à leurs citoyens le même mode de consommation que celui des « sociétés développées ». Ce comportement est catastrophique, car notre Terre a également ses limites et nous sommes actuellement 22 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] en train de la pousser à bout. 23 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] 2.9 Faudrait-il travailler davantage sur les peurs et dépendances que l’on a par rapport à la croissance perpétuelle et la consommation ? On montre d’ailleurs à nos enfants que pour survivre il faut consommer… comment retrouver ce lien émotionnel de survie lié davantage à la nature qu’à la consommation ? Il est essentiel de se mettre à la disposition de la nature. Il faut la comprendre pour apprendre à vivre avec dans une sorte d’unité, que l’homme et la nature soient dans un environnement commun, qu’ils ne forment plus qu’un. Néanmoins, il n’est pas facile pour les politiciens de trouver des alternatives au modèle économique classique qui domine le monde actuellement. Soit il faut opter pour des politiciens du centre qui sont prudents et vigilants soit il faut choisir quelqu’un qui agit et qui prend des décisions radicales par des réformes institutionnelles fortes. On en revient au problème de l’électorat qui ne voudra pas élire un représentant qui lui imposera de nouvelles taxes ou d’autres obligations particulières. Il est essentiel de valoriser la prudence et la vigilance auprès de nos représentants ou toute autre personne de pouvoir mais il faut impérativement conscientiser également les électeurs pour qu’ils deviennent prudents et vigilants. Sans agir simultanément au niveau de ces deux axes, il ne sera pas possible de faire évoluer radicalement les choses. Exemple : L’Allemagne a petit à petit commencé à diminuer et exclure l’utilisation du nucléaire pour promouvoir le côté « Green », l’écologie et l’éthique environnementale. Il faut peut-être un élément déclencheur pour lancer un début de changement. Pour réussir à faire changer nos comportements et nos actions par rapport à l’environnement, il faut apprendre à se déposséder de soi. Il faut apprendre à changer le rapport que l’on a par rapport aux choses. L’homme doit apprendre à respecter l’environnement qui l’entoure en changeant sa vision du monde et en prenant conscience de l’impact qu’il a sur celui-ci. Il faut prendre conscience que l’homme ne sera jamais dans la nature mais il faut que la nature et l’homme ne soient pas séparés, qu’ils forment un ensemble commun et non l’un dans l’autre. Il ne faut absolument pas forcer les choses, tout cela doit devenir quelque chose de naturel. Il est également utile de préciser que de nombreuses différences existent aussi entre les villes et les campagnes. Les mentalités et comportements peuvent varier très fortement d’un environnement à l’autre. Exemple : On voit que de plus en plus de gens commencent à faire pousser un potager dans leur jardin privatif, que ce soit en ville ou en 24 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected] campagne. Ce « comportement » va quelque peu à l’encontre de la recherche perpétuelle de la croissance grâce à la consommation. Beaucoup de personnes préfèrent à l’heure actuelle être plus autonomes et savoir de A à Z ce qu’ils consomment. C’est un retour aux sources. Il pourrait également être intéressant à l’avenir d’analyser si d’autres cultures, légèrement ou fortement différentes de la nôtre, présentent ce type de présentation de la nature. Il y a peut-être certaines réponses qui peuvent être trouvées en nous basant sur d’autres cultures qui considèrent le rapport homme-nature différemment. 25 Philosophie & Management – www.philoma.org [email protected] [email protected]