Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Jonathan Benchimol
économistes appellent un effet d'éviction : plus de demande publique conduit à moins de
demande extérieure et, en fin de compte, à une stagnation de la demande globale.
Mundell complète ce modèle par l'analyse de la politique monétaire dans un cadre de libre
circulation des capitaux : si la banque centrale souhaite que sa devise garde une parité fixe par
rapport au dollar, par exemple, elle doit avoir les mêmes taux d'intérêt que ceux de la banque
centrale américaine. Elle perd sa capacité de fixer ses taux d'intérêt, donc l'autonomie de sa
politique monétaire interne. Si elle veut la conserver, elle doit renoncer au change fixe et laisser
flotter sa devise pour s'isoler des autres banques centrales grâce à l'écran du marché des changes.
En économie ouverte, il y a incompatibilité entre libre gestion de la politique monétaire et
maintien d'un système de changes fixes. C'est le théorème des incompatibilités de Mundell. M.
Mundell agrège les deux résultats précédents en expliquant qu'en cas de changes fixes, l'acteur
économique important est l'Etat au travers de sa politique budgétaire, tandis qu'en cas de changes
flottants, c'est à la banque centrale d'assurer la régulation conjoncturelle.
En 1961, Robert Mundell formule une troisième théorie, celle de la zone monétaire optimale.
Puisque des pays en changes fixes ont nécessairement la même politique monétaire, pourquoi
n'auraient-ils pas une seule et même banque centrale ? Favorable aux changes fixes comme
élément de stabilité, M. Mundell défend le principe d'une monnaie mondiale unique, rappelant à
ceux qui doutent de sa faisabilité que cette situation a déjà existé, entre 1871 et 1914, quand l'or
était la monnaie de tous. Si l'or n'a pas survécu, c'est en raison de sa rareté relative, mais aussi
parce qu'une zone monétaire n'est optimale, c'est-à-dire durable, qu'à trois conditions : d'abord
que les économies de la zone ne connaissent pas de chocs asymétriques, c'est-à-dire une rupture
de leurs conditions de production, comme en cas de guerre ; que les facteurs de production (le
capital et le travail) circulent sans entrave dans la zone ; que la zone ignore l'inflation.
Le dernier apport de Mundell concerne l'inflation. Bien que sensible aux thèses des monétaristes,
il a une approche de l'inflation moins négative qu'eux. Néfaste à long terme, l'inflation peut avoir
un effet de court terme positif. En effet, en cas d'inflation, les firmes accumulent les stocks, et
donc produisent, car elles savent que le prix de ces stocks va monter. Cette influence de l'inflation
sur les gestions de trésorerie s'appelle l'effet Mundell-Tobin.
Plutôt en retrait depuis le milieu des années 1970, Robert Mundell a obtenu le prix Nobel
d'économie en 1999.
Par Jean-Marc Daniel
Questions
1. L’efficacité de la politique budgétaire : en utilisant le modèle de Mundell-Fleming dont
vous donnerez une représentation graphique, montrez que la politique budgétaire est :
a) efficace dans un régime de changes fixes ; b) inefficace dans un régime de changes
flexibles.
2. L’analyse de la politique monétaire dans un cadre de libre circulation des capitaux : en
utilisant le modèle de Mundell-Fleming, démontrez le théorème des incompatibilités.
3. Quelles sont les conditions d’optimalité d’une zone monétaire ?