Chapitre
10
1
L es années 1880 sont un moment fondateur pour la nation républicaine :
les républicains entreprennent d’unifi er le pays autour des principes de 1789. Une
volonté de grandeur nationale s’affi rme, qui se traduit par la constitution d’un vaste
empire colonial. Le dénouement de l’affaire Dreyfus marque la victoire de la concep-
tion républicaine de la nation fondée sur les droits de l’homme.
La construction de la
nation républicaine
(1880-1914)
Thème : La construction de la République
Comment la conscience nationale française s’enracine-t-elle ?
Cours 1 Une nation de citoyens
Dossier Les grands symboles républicains
Dossier L’école et la nation
Nation État-nation
Notions du programme
Cours 2 L’affi rmation du patriotisme républicain
Dossier Le colonialisme français
Quels débats autour de l’idée de nation ?
Nationalisme
Colonisation Colonialisme
Notions du programme
Sujet d’étude La défense nationale
Sujet d’étude L’affaire Dreyfus
1870 19141900
1870
Défaite de la France
face à la Prusse
1871 Traité de Francfort :
Alsace-Lorraine allemande
1877 Le Tour
de la France
par deux enfants
1880
Le 14 juillet
fête nationale
1881-1882
Lois scolaires
1879
Les républicains seuls au pouvoir 1904
Création de l’AOF
1905 Service
militaire
universel
1910
Création
de l'AEF
1881 Protectorat
en Tunisie 1887-1889
Boulangisme
1885
Victor Hugo
au Panthéon
1898
J'accuse d'Emile Zola
1894 -1906
Affaire Dreyfus
11
2 La mission civilisatrice de la France
Couverture d’un manuel scolaire, 1900.
1 Le 14 juillet,
fête nationale
Albert BLIGNY (1849-1908),
Le 14 juillet 1881,
Paris, musée Carnavalet.
1 Que commémore
le 14 juillet ?
2 Quelles catégories
de la population sont
représentées sur le tableau ?
3 Quel message le peintre
a-t-il voulu faire passer ?
1 Comment la colonisation
est-elle présentée (doc. 2) ?
Comment l’étendue de l’empi-
re français est-elle évoquée ?
2 Comment la domination
française sur Madagascar est-
elle suggérée (doc. 3) ?
3 L’impérialisme français
Affi che, musée de la publicité, 1896.
Cours
12
Sur quoi repose le projet républicain d’unifi cation nationale ?
A. La France, un État-nation
La France est, avec l’Angleterre, le plus vieil État-nation d’Europe.
Ce sont d’abord les rois de France qui ont commencé d’unifi er le
pays. Puis la Révolution de 1789 a donné une nouvelle base à l’unité
nationale : l’adhésion volontaire des citoyens à la nation (doc. 2).
Napoléon Bonaparte a organisé une administration centralisée qui a
renforcé le rôle de l’État et donné à Paris, la capitale, une importance
considérable.
Durant les années 1870, la majorité de l’opinion se rallie à l’idée
républicaine. Cette évolution permet aux républicains de s’installer
au pouvoir grâce à leurs succès électoraux. L’État républicain vise à
renforcer le sentiment d’appartenance à la nation, en particulier au
moyen de l’école publique, gratuite et obligatoire (1881-1882).
B. L’affi rmation des valeurs de la Révolution française
Les républicains veulent unir le pays autour des valeurs de 1789
résumées dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
(doc. 3). L’ordre républicain repose sur la loi, qui est la même pour
tous et qui doit être respectée. Les citoyens doivent contribuer à la
défense de la patrie. Le service militaire, qui touche toute une classe
d’âge à partir de 1905, prolonge la formation civique reçue à l’école.
Les symboles révolutionnaires deviennent ceux de la nation : le
drapeau tricolore est le drapeau français depuis 1830, mais c’est
seulement en 1879 que la Marseillaise redevient l’hymne national.
Marianne trône dans les mairies et la devise « Liberté, Égalité, Frater-
nité » orne les bâtiments offi ciels et les pièces de monnaie (doc. 1).
Le 14 juillet est fête nationale depuis 1880.
C. Une défi nition juridique de la citoyenneté
La France est devenue un pays d’immigration car sa natalité est
faible. Il faut intégrer ces populations immigrées, alors surtout belges
et italiennes : les ouvriers étrangers sont mal acceptés et les étrangers
nés en France échappent au service militaire.
En 1851, le « double droit du sol » est mis en place : l’enfant né en
France d’un parent étranger lui-même né en France est français.
La loi de 1889 (doc. 4) approfondit le droit du sol : tout enfant de
parents étrangers né sur le sol français obtient la nationalité fran-
çaise à sa majorité, sauf refus de sa part. La naturalisation, fortement
encouragée, est possible après dix ans de présence dans le pays.
État-nation : nation dotée d’un gouvernement souve-
rain, par opposition à un empire ou à une nation qui n’a
pas son indépendance politique.
Nation : groupe humain possédant des traits com-
muns, du fait soit de ses origines, soit de sa langue, soit
de sa culture, et qui a conscience de son unité et de sa
volonté de vivre ensemble.
Notions du programme
Patrie : littéralement, « terre des pères » ; terre
natale. L’idée de patrie comporte aussi un élément
affectif. L’historien Fustel de Coulanges écrit en 1870 :
« La patrie, c’est ce qu’on aime. »
Droit du sol : la nationalité peut être défi nie à partir
du lieu de naissance de l’individu (droit du sol) ou de la
nationalité de ses parents (droit du sang).
Définitions
La France est un État-nation. Les républicains travaillent à pour-
suivre la construction de l’unité nationale, en diffusant les valeurs
de la Révolution française. Leur vision citoyenne de la nation s’ex-
prime dans la loi de 1889 qui vise à l’intégration des immigrés.
1Une nation de citoyens
1 La monnaie, symbole de l’unité nationale
Pièce de 1 franc, 1898.
A – Moments et actes fondateurs (1880-1946)
Chapitre 1 – La construction de la nation républicaine (1880-1914) 13
4 Devenir français
Sont français :
1°. Tout individu né d’un Français
en France ou à l’étranger. […]
2°. Tout individu né en France de
parents inconnus ou dont la natio-
nalité est inconnue.
3°. Tout individu né en France
d’un étranger qui lui-même y est
né.
4°. Tout individu né en France
d’un étranger et qui, à l’époque de sa
majorité, est domicilié en France, à
moins que l’année qui suit sa majo-
rité […], il n’ait décliné la qualité de
Français et prouvé qu’il a conservé
la nationalité de ses parents […].
Art. 8. de la loi du 26 juin 1889
sur la nationalité.
I. Quel rôle jouent les valeurs de la Révolution française
dans l’unité nationale ?
DOC. 3 a. Quels sont les droits fondamentaux défi nis lors de la Révolution ? b. En
quoi les deux droits « actuels » mentionnés par l’affi che s’inscrivent-ils dans le pro-
longement de 1789 ? c. Comment l’affi che met-elle en valeur cette continuité ?
DOC. 1 a. Quel est le rapport entre la monnaie et l’unité nationale ? b. Ce rapport
existe-t-il encore dans la France d’aujourd’hui ? c. Quels symboles sont présents sur la
pièce de monnaie ? d. Quelles valeurs sont invoquées ?
II. Qu’est-ce qui défi nit la nation républicaine ?
DOC. 2 a. Le sentiment national est-il seulement lié à un passé commun ? Pour-
quoi ? b. Qu’est-ce qui explique selon Ernest Renan l’amour de la patrie ?
DOC. 4 a. Quel(s) cas relève(nt) du droit du sol ? Du droit du sang ? b. Pourquoi la
nation républicaine n’apparaît-elle pas comme un groupe fermé ?
Questions sur les documents
3 La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen,
un texte de référence
Affi che scolaire de FOURNIGAULT, 1905, Paris, BnF.
2 La nation :
un héritage à faire fructifi er
Une nation est une âme, un prin-
cipe spirituel. Deux choses qui, à
vrai dire, n’en font qu’une consti-
tuent cette âme, ce principe spiri-
tuel. L’une est dans le passé, l’autre
dans le présent. L’une est la posses-
sion en commun d’un riche legs
de souvenirs ; l’autre est le consen-
tement actuel, le désir de vivre
ensemble, la volonté de continuer
à faire valoir l’héritage qu’on a reçu
indivis. […]
La nation, comme l’individu, est
l’aboutissement d’un long passé
d’efforts, de sacrifi ces et de dévoue-
ments. Le culte des ancêtres est de
tous le plus légitime ; les ancêtres
nous ont faits ce que nous sommes.
[…] Avoir des gloires communes
dans le passé, une volonté com-
mune dans le présent ; avoir fait de
grandes choses ensemble, vouloir
en faire encore, voilà les conditions
essentielles pour être un peuple.
On aime en proportion des sacri-
ces qu’on a consentis, des maux
qu’on a soufferts. On aime la mai-
son qu’on a bâtie et qu’on trans-
met.
Ernest RENAN,
Qu’est-ce qu’une nation ?, 1882.
14
A – Moments et actes fondateurs (1880-1946)
Les grands symboles républicains
Comment les grands symboles républicains unifi ent-ils la nation ?
à partir de 1879, les républicains au pouvoir font des symboles de la Révolution
française les symboles de la nation. Ceux-ci rendent visible, dans le temps et dans l’espace,
l’appartenance des Français à la nation, au-delà du cadre villageois dans lequel vivent encore la
majorité d’entre eux. Ces symboles ancrent dans les consciences des références communes.
1 L’hymne national et les valeurs de la République
Allons ! Enfants de la Patrie
Le jour de gloire est arrivé !
Contre nous de la tyrannie,
L’étendard sanglant est levé ! […]
Que veut cette horde d’esclaves,
De traîtres, de rois conjurés ? […]
La France que l’Europe admire
A reconquis sa Liberté
Et chaque citoyen respire
Sous les lois de l’Égalité. […]
Foulant aux pieds les droits de l’Homme,
Les soldatesques légions
Des premiers habitants de Rome
Asservirent les nations.
Un projet plus grand et plus sage
Nous engage dans les combats
Et le Français n’arme son bras
Que pour détruire l’esclavage.
La Marseillaise, composée par Rouget de LISLE en 1792,
devenue hymne national le 14 février 1879.
2 Marianne,
un emblème
de la République
3 La mairie, symbole
de la démocratie locale
Mairie de Taverny (Val-d’Oise),
vers 1900.
Dossier
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