© Yves BEAUPERIN – Cours de l’Institut –
Prologue de Jean
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COMMENTAIRE
« En commencement était… »
En reprenant les premiers mots du livre de la Genèse, l’évangéliste Jean veut certainement
nous replacer à ces origines du monde et faire de son Prologue un « midrâsh », c’est-à-dire un
commentaire-interprétation de cette première récitation de la Genèse. D’ailleurs, le verbe être utilisé
ici à l’imparfait de l’indicatif « ήν » semble bien nous replacer à ces origines. De là à penser que le
mot, traduit habituellement par « commencement », nous renvoie au début temporel du monde, il
n’y a qu’un pas, que renforce la traduction courante « au commencement ».
Réduire ce « commencement » à une simple connotation temporelle n’est pas inexact mais
constitue un appauvrissement du terme. La traduction latine de la Vulgate : « In principio », la
traduction française de André Chouraqui : « En-tête » et la traduction utilisée dans la récitation
mimopédagogique du Prologue : « En commencement », suggèrent bien plus qu’une simple
connotation temporelle.
Le mot grec du Prologue est άρχή qui signifie « ce qui est en avant », d’où le sens de
« commencement », « principe », « origine », mais plus dans le sens causal que dans le sens
temporel. Par ailleurs, la préposition έν, qui précède le mot άρχή signifie : « dans, à l’intérieur de ».
La première phrase du Prologue signifierait donc littéralement : « A l’intérieur du Principe était le
Verbe ». En conséquence, le Prologue semble vouloir davantage « localiser » le Verbe que le situer
« historiquement ». Quel est donc cet άρχή, ce Principe, ce Commencement où semble se situer le
Verbe ? Pour répondre à cette question, laissons jouer entre eux la symphonie des textes bibliques :
ils parlent du Christ, cet Humain qui s’est manifesté aux apôtres et qu’ils ont pu voir, entendre et
toucher :
« Lui qui est commencement (άρχή). »
(Col 1, 18)
« Ce qui était à partir du commencement (άπ’ άρχής),
ce que nous avons entendu,
ce que nous avons vu de nos yeux,
ce que nous avons contemplé,
ce que nos mains ont touché du Verbe de vie,
et la vie fut manifestée,
et nous avons vu
et nous témoignons
et nous vous annonçons la vie,
l’éternelle qui était tournée vers le Père
et qui s’est manifestée à nous,
ce que nous avons vu et entendu
nous vous l’annonçons à vous aussi,
afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. »
(1 Jn 1, 1-3)
« Et à l’ange de l’église qui est à Laodicée écris :
‘Il dit ceci l’Amen,
le témoin, le fidèle et véritable,
le commencement (ή άρχή) de la création de Dieu. »
(Ap 3, 14)
« Moi, je suis l’alpha et l’omega,