
La Lettre du Gynécologue - n° 326 - novembre 2007
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l’intervention. Une activité sexuelle est rapportée par quatre-
vingt patientes (61 %), avec treize (16 %) présentant une dyspa-
reunie persistante postopératoire.
Des problèmes de cicatrisation vaginale sont retrouvés chez
sept patientes (5 %), représentés par des érosions vaginales sur
prothèse. Une érosion survient chez 3,8 % des patientes en cas
de fixation sur le col et chez 12 % lors des promontofixations
du fond vaginal (trois cas sur sept, dont deux avec plaie de
vagin en peropératoire). Aucun cas d’érosion n’est constaté
avec des prothèses de polypropylène, toutes les érosions cor-
respondent à l’utilisation de polyester multifilament. Le traite-
ment est effectué localement par parage simple avec un délai
de reprise allant de un à vingt-quatre mois. Deux patientes
(2 %) ont eu une ablation de prothèse pour problème infec-
tieux (spondylodiscite et fistule vésicovaginale).
Les patientes sont interrogées sur leur satisfaction globale vis-
à-vis de l’intervention et cent-cinq (80 %) se sont déclarées très
satisfaites, vingt-trois (18 %) moyennement satisfaites et trois
(2 %) non satisfaites.
DISCUSSION
Notre étude réalise l’évaluation d’une technique homogène sur
une série importante de promontofixation cœlioscopique sans
ouverture vaginale en peropératoire. Cette technique apparaît
comme réalisable avec peu de complications lors de l’analyse
objective à moyen terme, réalisée par un observateur différent
de l’opérateur.
Avec un recul moyen de 33,7 mois (11-79), notre série per-
met une évaluation intéressante, aucune ne combinant une
population supérieure à 100 patientes et un recul supérieur
à 15 mois (14, 15). La technique chirurgicale semble applica-
ble à une large population. L’âge moyen est élevé, avec une
proportion non négligeable (22 %) de patientes âgées de 70
ans et plus, et l’indice de masse corporelle moyen élevé avec
une forte proportion de patientes en surpoids ou obèse. Les
contre-indications absolues sont devenues rares grâce à une
meilleure connaissance des répercussions circulatoires et une
adaptation de la prise en charge. Dans notre expérience, nous
avons dû renoncer à la voie d’abord cœlioscopique dans peu de
cas (rein pelvien, antécédents de chirurgie colique complexe).
Le temps opératoire varie en fonction des gestes effectués, varia-
tion qui est retrouvée dans la littérature (97 à 276 mn) avec des
techniques opératoires variables selon les études (14, 16). Cepen-
dant, le temps opératoire est actuellement, dans notre expérience,
acceptable, inférieur à trois heures et peut être réduit par l’utilisa-
tion d’agrafes, la conservation utérine et l’entraînement.
La cœlioscopie présente des avantages en termes de confort
postopératoire et de délai de récupération pour les patien-
tes. La douleur semble faible avec des EVA moyennes dans
notre étude ne dépassant pas “1”. Une reprise du transit rapide,
une durée de sondage de deux jours, un taux de réinterven-
tion immédiate faible de 3 % et une durée d’hospitalisation
moyenne de 4,7 jours sont constatés dans notre série. La
durée d’hospitalisation dépend essentiellement des habitu-
des du service et de la présence d’un suivi approprié après la
sortie d’hospitalisation avec organisation d’un réseau de soins
en ambulatoire. Elle est significativement inférieure pour une
promontofixation par cœlioscopie (1,8 jours) en comparaison
à la laparotomie (quatre jours) (17). Elle pourrait certainement
être réduite, à l’image des études récentes montrant la possi-
bilité de réaliser les hystérectomies par voie cœlioscopique en
ambulatoire (18).
Une amélioration significative de tous les étages du prolapsus
urogénital après la chirurgie est constatée dans notre série.
Aucune patiente ne présente une récidive stade 3 ou 4 après
un mois, et quinze patientes lors de l’évaluation à distance. La
récidive apparaît plus fréquente sur l’étage antérieur. Aucune
récidive de stade 4 n’est constatée au niveau apical ou rectal.
Les résultats anatomiques sont assez variables dans la littéra-
ture allant de 0 à 17 % de récidives selon les études (19, 20). La
cure de prolapsus par cœlioscopie permet d’obtenir de bons
résultats anatomiques qui se maintiennent avec le temps, l’uti-
lisation d’une double prothèse avec fixation sur les muscles
releveurs semble efficace sur la récidive de rectocèle.
Après 40 mois, aucune récidive n’a été constatée et 91 % des
patientes ne décrivent plus de gêne liée au prolapsus à dis-
tance de l’intervention. Ce délai paraît nécessaire pour juger
de l’efficacité d’une cure de prolapsus. Ainsi, 98 % des patientes
se déclarent assez à très satisfaites de leur intervention. Les
résultats fonctionnels ne sont pas strictement superposables
aux résultats anatomiques. Huit patientes présentant un bon
résultat anatomique se déclarent gênées tandis qu’aucune
gêne n’est ressentie par sept patientes présentant une récidive
anatomique. Nous retrouvons dans la littérature de 0 à 38 %
de récidive de la gêne selon les études (15, 16, 21). Higgs et al.
rencontrent le taux le plus fort d’insatisfaction avec 16 %. Mais
le résultat anatomique est satisfaisant dans 94 % des cas. Ainsi,
quatre patientes sur dix ayant un bon résultat anatomique
déclarent ressentir toujours des symptômes de prolapsus (15).
Les complications peropératoires sont assez rares dans notre
étude ainsi que dans la littérature. Le taux de conversion en
laparotomie est très variable, allant de 0 à 11 % selon les étu-
des (20, 21). La lésion des vaisseaux présacrés ou de la veine
iliaque primitive gauche lors de l’abord du promontoire n’est
retrouvée dans aucune série de promontofixation par cœlios-
copie. Une meilleure vision des éléments anatomiques, et en
particulier du promontoire et de ses vaisseaux en cœlioscopie,
permet de limiter le risque de blessure. Une complication spé-
cifique de la cœlioscopie est l’hypercapnie liée à la présence
d’un emphysème sous-cutané. Il est nécessaire d’être prudent
lors de la mise en place et du maintien des trocarts, en particu-
lier lors des gestes longs avec de nombreuses manipulations,
comme la chirurgie du prolapsus.
Le taux de réinterventions en postopératoire immédiat est
faible, sans identification de complications majeures digesti-
ves ou urinaires. Les résultats dans la littérature font état de
peu de complications en postopératoire immédiat également
(16, 19). À distance, les réinterventions sont principalement