10 mémoire abattus, avec au moins 70 morts. Pour la Hongrie actuelle, les chiffres sont de 83 cas sur 281 avions détruits, avec 40 morts, et l’ensemble de la région fait encore apparaître dans les statistiques un total de 169 aviateurs dont les corps n’ont pas été retrouvés, et dont un certain nombre ont certainement été victimes de lynchages. Personne n’est en mesure de fournir des chiffres précis d’ensemble sur les cas de lynchage commis dans les régions occupées par l’Allemagne nazie, comme sur le nombre d’aviateurs ainsi assas­sinés. Ces actions, non seulement tolé­rées, mais encouragées par les autorités nazies, n’étaient pas forcément mentionnées dans la presse locale, et tous les témoins n’étaient pas des participants aux exactions. Plus de 200 cas ont été recensés avec certitude, mais on estime parfois le total effectif des morts dans ces conditions entre 300 et 350. L’Institut d’histoire contemporaine allemand parle, lui, ­d ’environ 1 000 ­aviateurs lynchés. Dans les années d’immédiat après-guerre, on tenta de juger des coupables. Un tribunal militaire américain jugea à Dachau dans une relative improvisation quelque 600 accusés dans 200 procès (les accusés de la région « Alpes-Danube » furent jugés à Salzbourg). On a retenu cinq exécutions, 34 peines d’emprisonnement (entre quelques mois et la perpétuité) et 24 acquittements. Ici comme ailleurs, les effets de la guerre froide se firent sentir et un relatif oubli intervint par la suite. On compte en Allemagne un certain nombre de plaques ou de rappels sous une forme ou une autre des morts violentes d’aviateurs alliés (« qui ont ­perdu la vie de ­façon tragique », par exemple à Borkum). En Autriche, on signale un unique rappel public, en Hongrie par contre, aucun. Les nazis avaient été des précurseurs dans l’utilisation des bombardements aériens contre des populations civiles. L’Allemagne a certainement subi sous les bombes alliées un sort tragique, et cela d’autant plus que les prémisses de ces attaques étaient erronées : la ­volonté de « tenir » n’a jamais faibli au sein de la population, et cela, jusqu’à la défaite ­terrestre totale. Pourtant la tentative de détourner le ressentiment des foules contre les aviateurs abattus, pour protéger les dirigeants nazis, était particulièrement vicieuse. Un aveuglement meurtrier et une action criminelle supplémentaire à mettre au compte du ­régime hitlérien. Jean-Luc Bellanger LE PATRIOTE RÉSISTANT N° 916 - février 2017 Une journée particulière lll (1) Une étude portant sur la région « AlpesDanube » chiffre la responsabilité de ces catégories à plus de 60 %. Georg HOFFMANN, Fliegerlynchjustiz, Gewalt gegen abgeschossene alliierte Flugzeugbesatzungen 1943-1945, (Le lynchage des aviateurs, La violence contre les équipages d’avions alliés abattus, 1943-1945), Ed. Ferdinand Schoeningh, Paderborn, 2015, (non traduit). n - Rappel - Jörg Friedrich, Der Brand, Ed. Ullstein Heyne List, Munich, 2002 (L'incendie : l’Allemagne sous les bombes 1940-1945, Ed. de Fallois, 2004). Châteaubriant le 22 octobre 1941 Le 22 octobre 1941, 27 résistants, internés et otages sont fusillés à la Sablière à Châteaubriant (LoireAtlantique). Depuis, ce site est devenu symbole et lieu de rassemblement. Dans la ferme attenante transformée en Musée, une exposition temporaire consacrée cette année à la négation de l’homme dans l’univers concentrationnaire nazi accueille le public jusqu’au 14 octobre 2017. Présentation. L e 20 octobre 1941 le Feld Kommandant Karl Hotz est exécuté à Nantes par un groupe de trois résistants. Les Allemands décident en représailles de fusiller 50 otages deux jours plus tard et le même jour, le 22 octobre 1941, 16 otages sont fusillés à Nantes (44), 5 otages au Mont-Valérien à Suresnes (92), près de Paris, et 27 autres hommes à Châteaubriant (44). L'exécution des 50 otages – en fait 48 – provoque une immense émotion dans le pays et dans le monde. La tragédie est très vite connue par le r­ écit Le témoin des martyrs rédigé par Louis Aragon, écrit, imprimé, distribué clandestinement et diffusé par les radios de Londres et de Moscou. Le Général de Gaulle au micro de la BBC depuis Londres propose un garde-à-vous ­national le 31 octobre. L'exécution, une des premières fusillades collectives en France, a une résonnance extraordinaire à laquelle les Allemands ne s'attendaient pas. Le camp de Choisel à Châteaubriant Avant la Seconde Guerre mondiale, Châteaubriant est une petite ville bretonne, sous-préfecture de LoireInférieure, dominée par son château, importante par ses usines de matériel agricole et sa gare. Au printemps 1940, la cité vit l'exode de milliers de migrants avec ses militaires et civils. Avec l'arrivée des troupes allemandes nazies, 45 000 militaires français sont prisonniers, entassés dans quatre camps, puis transférés en Allemagne. Un seul camp y est conservé, le camp de Choisel, quartier situé à deux kilomètres du centre-ville de Châteaubriant. Fin avril 1941, y sont internés les premiers résistants : ouvriers des arsenaux, marins bretons arrêtés comme communistes ou militants de la CGT. En mai, arrivent les « Parisiens », 54 puis 100 hommes, tous communistes, puis 14 gaullistes de la région. En septembre, viennent s'ajouter, venus des prisons parisiennes, 87 hommes et 46 femmes. En octobre 1941, ils et elles sont 600 interné(e) s dans les baraques du camp de Choisel. C'est en début d'après-midi, le mercredi 22 octobre 1941, que les Allemands réunissent les 27 résistants-otages dans la baraque 6, pour leur remettre une feuille de papier et une enveloppe. Leurs ­dernières lettres bouleversantes et d'une grande humanité seront bientôt connues de tous, notamment celle écrite pour sa famille par Guy Môquet, 17 ans. Aujourd'hui disparu, le camp a fait l'objet d'une nouvelle sculpture en pierre inaugurée le 22 octobre 2016 pour se souvenir de ce lieu d'enfermement organisé et géré par Vichy, pour y interner les « indésirables et terroristes » pendant l'Occupation. La sablière-carrière des fusillés à Châteaubriant Ce mercredi 22 octobre 1941, le temps est superbe et c'est jour de marché à Châteaubriant. Les 27 internés et otages sont conduits à la Sablière, située à la sortie de la ville, à deux kilomètres du centre, pour y être fusillés. Le sinistre convoi traverse la ville et les otages, répartis par groupe de neuf, menottes aux mains, en trois camions, chantent l'Internationale et la Marseillaise. A la carrière les Allemands ont ­planté neuf poteaux et 90 soldats allemands ­forment le peloton d'exécution, qui se déroule en trois salves à 15 h 50, 16 h et à 16 h 10. Les otages ont tous refusé d'avoir les yeux bandés et les mains liées. Ils meurent en chantant. Les habitants de Châteaubriant, le lendemain, malgré les risques de répression, viennent fleurir les lieux d'exécution à la Sablière. Depuis, chaque année en ­octobre, une foule considérable vient perpétuer le souvenir. Ainsi le 23 ­octobre 2016, p­ lusieurs milliers de jeunes et d'anciens, venant de partout, sont présents pour commémorer le 75e anniversaire des 27 fusillés de Châteaubriant et ­affirmer par leur présence leur fidélité à la mémoire de la Résistance. La Sablière-Carrière des Fusillés, propriété de l'Amicale de ChâteaubriantVoves-Rouillé-Aincourt (autant de noms de camps), est aujourd'hui un site historique classé. L’Amicale en est propriétaire depuis 1945. Progressivement, elle a acquis le terrain et les parcelles avoisinantes, lançant une souscription en 1950, pour ériger une sculpture monumentale en pierre, disposer 27 stèles en pourtour du site afin d'informer les ­v isiteurs – 12 000 par an en moyenne – et aménager la ferme en Musée de la Résistance en 2001. Jean-Paul Le Maguet Administrateur au Musée de la Résistance de Châteaubriant • Membre du Conseil scientifique du Musée de la Résistance nationale (MRN) • Conservateur honoraire du Patrimoine. Exposition temporaire au musée de la Résistance de Chateaubriant La ferme est transformée en Musée dont la gestion et la programmation est confiée aux Amis du Musée de la Résistance de Châteaubriant. Ouvert en octobre 2001, il a été conçu et réalisé par le Musée de la Résistance nationale (MRN) de Champigny-sur-Marne (94), appuyé par le Collectif Histoire de Châteaubriant mêlant résistants, ayantsdroit, enseignants, passionnés d'histoire de la Résistance et d'histoire de la région. Musée de site, il présente la vie et les résistances dans le camp de Choisel, évoque les nombreux camps d'internement, les otages à travers des collections présentant les objets des internés, comme la pipe de Jean-Pierre Timbaud ou la valise de Guy Môquet, alternant avec des photos, des articles de presse, des lettres et des affiches. Une salle est consacrée à la Résistance en Pays de Châteaubriant. Présentée actuellement, La négation de l'homme dans les camps nazis 19331945 est la dixième exposition temporaire créée par les Amis du Musée de la Résistance de Châteaubriant, travail réalisé en commun avec le réseau des Musées de la Résistance. 12 panneaux (cf. page ci-contre) accompagnés d'une cinquantaine d'objets présente les idées du nazisme – racisme, exclusion – les premiers camps créés par Hitler dès 1933 pour y enfermer les opposants politiques, les dénonciations des camps en France et en Allemagne alternent, mettant en valeur images et textes connus ou inédits. Le transport des déportés en Allemagne, l'arrivée au camp dans un système concentrationnaire pensé pour désorienter, déshumaniser, le génocide juif sont aussi évoqués, comme la déportation des enfants. La vie quotidienne et le travail dans les camps font l'objet de deux panneaux, de même que la dénonciation faite par Marie-Claude Vaillant-Couturier dans ses ­articles de presse et ses p ­ hotos p ­ ubliées avant-guerre. Les sanctions et les jugements contre les responsables nazis sont au centre des actes d'accusation lors du procès de Nuremberg en 1945-1946 qui contribuent à une notion nouvelle : le crime contre l'humanité. Après l'ouverture des camps en 1945, la réflexion sur la nature des crimes nazis, la ­capacité à écouter les témoins apportent des éléments sur la violence politique et les notions de reconstruction et de résilience. lll mémoire LE PATRIOTE RÉSISTANT N° 916 - février 2017 Au programme • samedi 20 mai - 19h-23h - nuit européenne des musées. Projections du docu­ mentaire Un automne 1941 réalisé par Marc Grangiens en 2006, au Musée de la Résistance de Châteaubriant. • Mardi 23 mai - 14h-17h - journée natio­ nale de la résistance dans la cour du Musée de la Résistance de Châteaubriant, poèmes et chansons de la Résistance et de la Déportation par le Théâtre Messidor de Châteaubriant et les élèves du Collège Robert Schuman et du Lycée Guy Môquet à Châteaubriant. • samedi 16 et dimanche 17 septembre – 14h-18h – journées européennes du ­patrimoine. Entrée libre et gratuite Le site internet, mis à jour en permanence, permet une consultation complète sur la Carrière, le Musée et ses contenus, les collections et les événements s'y déroulant, les expositions itinérantes qui peuvent être prêtées aux scolaires, centres culturels, comités d'établissement, municipalités, musées et biblio­thèques. Des documents y sont téléchargeables comme les dossiers pédagogiques : ­primaire, collège et lycée. n Contact : Musée de la Résistance. La Sablière-Carrière des Fusillés 44 110 Châteaubriant. Tél. : 02 40 28 60 36. Courriel : contact.musee.resistance @orange.fr • www.musee-resistancechateaubriant.fr (Office de Tourisme. Tél. : 02 40 28 20 90) Un des 12 panneaux installés pour l'exposition temporaire créée par les Amis du Musée de la Résistance de Châteaubriant. 11 Le procès de la Gestapo de Troyes 2e partie : Metz 1951-1952 Le tribunal de Nuremberg, réuni de novembre 1945 à octobre 1946, jugea et condamna 24 principaux responsables nazis pour « complot, crimes de guerre et crimes contre l’humanité ». Cinq des chefs de la Gestapo de Troyes comparurent à Metz entre le 12 juillet 1951 et le 25 juillet 1952. Récit. C es cinq responsables, Joseph ­p récises c­ oncernant les activités de 27 ­janvier 1944 : vol de la cave au ­g renier Hellenthal né le 1er novembre 1901 chaque ­a ccusé à Troyes et dans l’Aube. dans la maison de M. Herscovici, méà Saint-Ingbert (Sarre), Friedrich decin, à Nogent-sur-Aube. La Gestapo Ochs, né le 25 janvier 1910 à Urloffen Enquêtes préliminaires revint trois fois pour se servir. 12 mai (Bade), Karl Krell, né le 15 ­février 1906 à Dès la Libération, des enquêtes sont 1944, pillage de la maison de M. Doré Wriesen sur Oder (Brandenburg), Hans diligentées. Les gendarmes sillonnent le à Luyères. Il fut déporté à Dachau avec Pfeffer (parfois écrit Pfeiffer), né le 28 août département pour recueillir des témoi- plusieurs personnes. 26 mai 1944 : pillage 1907 à Offenbach, et Rudolf Vetter, né gnages concernant les accusés. C’est le et tortures à Chauffour-lès-Bailly chez le 4 janvier 1898 à Vienne, (Hesse), sont juge de Metz, le Capitaine Bernier qui M. Hurtault qui en mourut. Wiegand est tous membres du Sicherheitsdienst. Ils leur donne mandat par commission présent. 26 juin 1944 : après la mort de seront plus précisément jugés pour « as- roga­toire, d’enquêter dans le cadre de la neuf Allemands, ceux-ci se ­déchaînèrent sociation de malfaiteurs », « violences procédure engagée contre « Hellenthal et au village de la Chaise contre la populavolontaires préméditées », « violences consorts, inculpés d’association de mal- tion, tortures, vols, enfermements. Mêmes volontaires préméditées ayant entraîné faiteurs. » Les « Services de recherches scènes à Lavau, Courteranges, La la mort sans intention de la donChapelle-Saint-Luc, Palis, Marcilly ner », « complicité d’assassinat ». le Hayer, Landreville, Essoyes et L’expression « crimes de guerre » dans les communes traversées sera parfois prononcée au cours par les Allemands dans leur fuite. des ­audiences. Des enquêtes eurent lieu à proLe tribunal militaire de Metz pos de Montgueux et Creney en ­i nsiste pour dire qu’il ne juge pas la tant que lieux de supplices, de police allemande dans son ­ensemble Rigny la Nonneuse, Saint-Mards mais la conduite particulière de en Othe et Mussy sur Seine, en ­chacun des accusés, « qui a de son tant que maquis attaqués en force, plein gré adhéré à une formation de Buchères et ses 67 innocents dont il pouvait se rendre compte que massacrés. Beaucoup d’aboutirent les méthodes étaient contraires aux pas comme Buchères et Creney, lois et usages de la guerre. » La déles criminels n’étant que de passage, le ­nécessaire n’a pas été fait fense demande à ce que le tribunal ait à juger si les faits reprochés sont pour les retrouver, au grand dam couverts ou non par les conventions des familles. internationales, car ces lois « doivent Des interrogatoires prélimiprévaloir sur toutes les lois internes naires de témoins, résistants, même contraires. » Auquel cas les préou personnes ayant fréquenté Titre de Libération-Champagne, le venus sont innocents pour avoir obéi les Allemands, avaient eu lieu 15 décembre 1948, lors de la pré-enquête. à leur hiérarchie. Argument éternel dès 1945. Des ouvriers comme du coupable : j’ai obéi aux ordres ! Mais des criminels de guerre » font égale- messieurs Lehlin, Hennicker et Gaillard, le tribunal réplique qu’il ne juge que la ment des enquêtes (dont l’interrogatoire peintres travaillant pour l’entreprise conduite particulière de l’accusé à son de Maurice Mizelle en mars 1946, qui Weber dans les locaux de la Gestapo semble confondre Hellenthal et d’autres indiquèrent « avoir entendu les coups et niveau de responsabilité. Le 12 juillet 1951, le substitut Maurel « Joseph » connus des prisonniers pour les cris et imaginé des scènes de sauvaleurs bruta­l ités à la prison Hennequin, gerie ». Le chauffeur Eric Unruh, charpeut commencer l’exposé des faits. Le Tribunal de Metz situé rue du Joseph Gutmann et Joseph Wetter. On gé de conduire Vetter et Hellenthal, Cambou est un ancien Militärgericht, parle de « Joseph le tueur » à propos de 2 rue de Preize, pour l’arrestation du un bâtiment construit dans le style l’un d’eux). Concernant Ochs, le tribunal communiste Henri Gillon, abattu par néo-renaissance voulu par Guillaume militaire permanent de Paris demande Ochs alors qu’il tente de ­s’enfuir, est II du temps de l’occupation allemande lui aussi des enquêtes. Les inspecteurs ­é galement entendu. Le 4 mai 1949, le Français Henri Jacquet (Metz ayant été intégré dans le Bezirk Despagne, et Adam, le c­ ommissaire Lothringen en 1870, puis dans le Gau Charbonneau agissent donc dans cette est « extrait » de la prison de Metz où il Westmark du IIIe Reich en 1940). Il a procédure. purge une peine de 20 ans de t­ ravaux servi alors de prison militaire et de On essaie d’abord de cerner les respon- ­forcés. C’est le fameux commissaire spétribunal. Juste retour des choses, on sabilités pour les plus importants abus cial de la police de sûreté de Reims, détal’a utilisé après 1945 pour juger les SS et brigandages attribués à la Gestapo. ché pour la lutte anticommuniste, et dont du camp du Struthof et du camp de 3 octobre 1943 : pillage de la maison nombre de résistants ont eu ­beaucoup à Woippy en Moselle. Cette fois, ce sont Tripogney à Rumilly-lès-Vaudes. Butin souffrir en particulier Madeleine Billat ou les membres de la Gestapo de Troyes, entassé sur trois camions. 14 mars 1944 : Eugène Kilian, tabassés par lui au commisrestés emprisonnés depuis la Libération. incendie de la maison Rato à Auxon après sariat de Troyes et à Hennequin. Jacquet, Après les ­t émoignages et les interro- son arrestation. 18 mars 1944 : incendie de interrogé, répond qu’il ne sait pas grandgatoires des ­a ccusés, le tribunal aura la ferme du Perchois à Saint-Phal, gardien chose et qu’il n’avait pas beaucoup de à répondre à huit-clos à 14 questions assommé, vol de 24 vaches et d’argent. rapports avec la Gestapo. Air connu. lll