2Imagerie thoracique
Le Quotidien des JFR 2009 • Dimanche 18 octobre 2009
Aujourd'hui
Imagerie
thoracique de
l'amiante
10h00 - Salle 27
Exposition
scientifi que
45 posters
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sur ce thème
séquelles traumatiques ou à des lésions bénignes
pleurales chroniques.
L’asbestose ne désigne que la fibrose pulmonaire
et est aujourd’hui devenue rare. Elle survient
après des expositions importantes et prolongées,
notablement supérieures à celles requises pour
la formation de plaques qui ne sont pas toujours
associées. Elle se manifeste par l’apparition d’une
dyspnée progressive et un syndrome restrictif
mais tardivement et pour des lésions évoluées.
Elle se traduit sur les images tomodensitométri-
ques par une atteinte du tissu interstitiel pulmo-
naire qui est très proche de celle de la fibrose
idiopathique (Fig. 3). L’imagerie et la réalité de
l’exposition suffisent au diagnostic en l’absence
de toute manifestation clinique.
La tomodensitométrie thoracique est sans conteste
l’examen le plus performant pour le dépistage des
pathologies bénignes liées à l’amiante, la radio-
graphie étant source d’un nombre considérable
d’erreurs. En prenant acte, le jury de la confé-
rence de consensus de 1999 qui avait porté sur
la stratégie de surveillance médicale clinique des
personnes exposées à l’amiante a préconisé son
utilisation. La Tomodensitométrie a été propo-
sée à partir de la 10ème année suivant le début
de l’exposition, puis tous les 6 ans, pour les per-
sonnes soumises à des expositions fortes; à partir
de la 30ème année suivant le début de l’exposi-
tion, puis tous les 10 ans, pour les expositions
moyennes, dites intermédiaires, les expositions
passives ne nécessitant aucune exploration.
Cette «mesure» de l’exposition est estimée par
le médecin du travail à partir du parcours profes-
sionnel du sujet. Une grande enquête nationale
ayant pour objectif d’estimer les conséquences
de l’exposition sur la population et de répondre
à des questions essentielles et encore controver-
sées telles que la relation dose-effet a eu lieu dans
4 régions Françaises. Les résultats sont actuelle-
ment en cours d’analyse et seront présentés par-
tiellement dans la séance amiante au cours des
JFR 2009.
Les évolutions réglementaires des dernières années
ont renforcé le rôle de la tomodensitométrie:
- En 2000, le tableau 30 des maladies profession-
nelles (affections professionnelles consécutives à
l’inhalation de poussières d’amiante) a été modi-
fié et la confirmation des lésions pleurales béni-
gnes par tomodensitométrie thoracique est désor-
mais obligatoire.
- Les personnes atteintes de maladies bénignes
ou malignes de l’amiante, qui relèvent du régime
général de la sécurité sociale et ont obtenu la
reconnaissance de l’origine professionnelle de
leur maladie, peuvent depuis quelques années
bénéficier d’une allocation de cessation anticipée
d’activité au titre l’amiante (ACAATA), dès l’âge
de 50 ans.
- La loi du 23 décembre 2000 de financement de
la sécurité sociale pour 2001 a créé un Fonds d’In-
demnisation des Victimes de l’Amiante (FIVA)
« afin que les victimes et leurs familles puis-
sent obtenir une réparation intégrale en évitant
des procédures longues et difficiles ». L’indem-
nisation accordée par le FIVA prend en compte
à la fois les préjudices économiques et les préju-
dices personnels et s’applique à toutes les mala-
dies liées à l’amiante. Le poids économique de
ce processus de réparation est considérable. Les
dépenses annuelles du FIVA croissent de façon
exponentielle et les dépenses cumulées depuis sa
création représentent 1,4 milliards d’euros dont
30% ont été versés pour des maladies bénignes
qui représentent 75% des dossiers de demande
d’indemnisation adressés au FIVA. Les autres
dépenses concernent les indemnisations en rap-
port avec le mésothéliome (27%) et le cancer
bronchique (31%). Une interprétation rigoureuse
et homogène des documents radiologiques qui
ouvrent l’accès à ces différentes prestations socia-
les est donc indispensable.
Les problèmes posés aujourd’hui au radiologue
sont de 2 ordres : trouver un compromis accep-
table entre irradiation et sensibilité dans la réali-
sation d’un examen Tomodensitométrique; iden-
tifier les images typiques et les aspects normaux
afin de mieux circonscrire le champ des images
douteuses requérant une expertise et un consen-
sus dans l’interprétation. Comme toute activité
d’imagerie, l’interprétation d’un scanner thoraci-
que dans le contexte d’une exposition à l’amiante
est une affaire d’expérience et de formation. Les
conséquences souvent purement sociales de cette
interprétation ne doivent pas minorer l’impor-
tance du compte-rendu car il détermine l’imputa-
bilité des images à l’exposition.
L’amiante est aussi responsable de cancers. Le
plus connu est le mésothéliome pleural dont
l’amiante est le principal agent causal et dont
le pic d’incidence est estimé autour des années
2020. L’interdiction définitive de l’utilisation
industrielle de l’amiante depuis 1996 devrait
alors logiquement entraîner ensuite une diminu-
tion de ce cancer très grave dont le seul espoir
de guérison est une intervention chirurgicale qui
ne s’adresse qu’à une petite minorité de patients.
L’imagerie et principalement le scanner joue un
rôle déterminant dans l’évaluation de l’extension
(Fig. 4) et la planification du traitement mais ne
présente pas d’intérêt démontré dans le dépistage
du mésothéliome. Le suivi post-professionnel
proposé aux personnes antérieurement exposées à
l’amiante va cependant comporter de plus en plus
fréquemment un examen tomodensitométrique
thoracique initial à partir de l’âge de 50 ans. Si
la découverte fortuite d’un épanchement pleural
conduit à une procédure diagnostique aujourd’hui
codifiée (comportant notamment une thoracos-
copie avec biopsies), la stratégie d’exploration
complémentaire des épaississements pleuraux ne
fait pas l’objet d’un consensus validé. Il est donc
indispensable qu’une stratégie d’exploration
complémentaire soit proposée et évaluée dans ce
cadre, afin de préciser l’intérêt ou non des mar-
queurs biologiques, l’intérêt ou non de la TEP,
voire de l’IRM, et la périodicité de ces examens.
Le risque accru de cancer bronchique chez le sujet
exposé à l'amiante est clairement démontré et
reconnu, le tabac étant un très important cofacteur.
Il est donc logique de penser que l'intervention d'un
programme de dépistage précoce effectué chez
les sujets à risque pendant la longue phase asymp-
tomatique qui précède l'éclosion des symptômes
soit susceptible d'entraîner une augmentation de
la survie des patients chez lesquels un cancer a
été dépisté. Mais il est aussi possible qu'un certain
nombre de désavantages d'un tel programme
soient observés tels que l’allongement artificiel
de la durée d'une maladie souvent incurable, la
découverte éventuelle de «faux positifs» indui-
sant des examens invasifs, inutiles, et coûteux, la
«fausse assurance» d'un test négatif conduisant
ensuite à négliger les symptômes. Le dépistage
du cancer bronchique par scanner thoracique a été
évalué dans des populations de fumeurs de plus de
50 ans et ces études ont montré la faisabilité d'un
tel programme et la sensibilité du scanner dans
la détection des petits cancers à extension loco-
régionale réduite (T1N0M0). S’agissant d'études
non randomisées, elles ne peuvent cependant pas
montrer de bénéfice en terme de diminution de
mortalité spécifique. Le scanner n’a donc pas à
être pratiqué dans ce but tant que les résultats des
études randomisées actuellement en cours dans
le cadre de l’exposition au tabac ne seront pas
connus. En revanche, comme dans la population
générale, la découverte de nodules pulmonaires
par le scanner est extrêmement fréquente chez
les personnes exposées à l’amiante. Les carac-
tères morphologiques ne permettent pas le plus
souvent d'exclure une origine néoplasique à ces
nodules. Lorsqu’ils mesurent moins d’un centi-
mètre de grand axe, le seul argument qui atteste
de leur bénignité est leur absence d’évolutivité
sur 2 ans. Ils font donc le plus souvent l’objet
d’une surveillance avec des scanners répétés
coûteux, irradiants et générateurs d’angoisse pour
les patients.
La Société Française de Radiologie et les autres
sociétés savantes concernés que sont la Société de
Pneumologie de Langue Française et la Société
Française de Médecine du Travail se sont enga-
gées dans une réflexion commune menée par
un comité d’interface pour répondre aux enjeux
posés par l’amiante que sont l’établissement de
guides de bonne pratique, la préparation de dos-
siers d’interface avec la Haute Autorité de Santé
et des actions de formation continue. Harmoni-
sation et optimisation des pratiques, fiabilité et
qualité des interprétations sont les mots-clés qui
doivent être appliqués à cette problématique dans
laquelle le rôle de l’imagerie est central. ■
Fig. 3 : Asbestose débutante asymptomatique. Micronodu-
les, réticulations intralobulaires et ligne courbe sous-pleurale
dans la périphérie des bases pulmonaires.
Fig. 4 : Mésothéliome pleural. L’épaississement pleural
nodulaire, circonférentiel de la plèvre médiastinale droite
signe la malignité.
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Symposiums
Imagerie thoracique de l’exposition
à l’amiante P. 1
Une singularité française P. 3
Se former en imagerie cardiaque
pourquoi ? comment ? P. 4
Cas du jour P. 4-5
Sommaire
IRM corps entier en pédiatrie : quelles
techniques et quelles indications ? P. 6
Manipulateurs P. 7
Echographie diagnostique des
ganglions cervicaux de l'adulte P. 8-9
Reportages P. 10-12