Gènéthique – n°63 - mars 2005
Le premier programme à bénéficier de
cette autorisation est le projet I-Stem,
dirigé par le Pr Marc Peschanski, né d'un
partenariat entre l'Inserm et l'université
d'Evry, financé majoritairement par l'AFM.
L’action gouvernementale s’inscrit-elle
dans la mouvance européenne, du moins
telle qu’elle semble s’exprimer aujourd’hui
au Parlement européen ? Celui-ci vient
d’adopter, le 10 mars 2005, une
Résolution destinée, à titre principal, à
condamner les trafics d’ovules humains et,
au delà, à mettre en garde contre les
risques de dérive de la recherche sur
l’embryon et le clonage pour se concentrer
sur l’utilisation des cellules souches
adultes (cf. article ci-dessous).
Résolution du Parlement européen contre le commerce d’ovules et le clonage
Le Parlement européen a adopté le 10
mars 2005, par 307 voix pour, 199 voix
contre et 25 abstentions, une résolution
sur le commerce d’ovules humains dans
laquelle il s’oppose à la commercialisation
des ovules et demande l’encadrement des
dons.
Les parlementaires ont suivi le député vert
allemand Hiltrud Breyer, en réaction à la
diffusion de reportages qui ont dévoilé
l’existence en Roumanie d’une clinique
spécialisée dans le don d’ovules à des
ressortissantes de l’Union européenne,
contre compensation financière (cf.
Gènéthique n° 62).
Risque médical
Les parlementaires soulignent le risque
médical que comporte le prélèvement
d’ovules pour la vie et la santé des
femmes suite à une hyperstimulation
ovarienne.
Eviter l’exploitation des femmes
Le Parlement insiste aussi sur la
« protection des personnes vulnérables
susceptibles d’être des victimes de trafic,
en particulier les femmes » et rappelle
qu’une femme contrainte de vendre tout
ou partie de son corps, y compris des
cellules reproductives, devient la proie des
réseaux criminels organisés qui se livrent
au trafic des personnes et des organes ».
Il invite les Etats membres à prendre des
mesures pour éviter l’exploitation des
femmes et demande à la Commission
européenne de faire « le plus vite possible
un bilan des législations nationales sur le
don d’ovules et du système
d’indemnisation pour le don d’organe et de
cellules reproductives ».
Refus de tout clonage
Dans le cadre de cette résolution, les
députés européens se félicitent de la
déclaration de l’Assemblée générale des
Nations Unies du 8 mars 2005 qui
mentionne explicitement la nécessité
d’écarter le risque de l’exploitation des
femmes ; ils invitent la Commission à
retirer tout financement au clonage des
êtres humains dans le cadre de tout
programme de l’Union européenne et en
particulier du 7e programme-cadre de
recherche.
Ne pas financer la recherche sur
l’embryon
En ce qui concerne la recherche sur les
embryons et les cellules souches
embryonnaires, le Parlement demande à
la Commission d’appliquer le principe de
subsidiarité afin que les Etats-membres
dans lesquels ce type de recherche est
autorisé financent celle-ci au moyen de
leurs budgets nationaux, l’Union devant se
concentrer sur les recherches sur les
cellules souches adultes et ombilicales qui
sont autorisées dans tous les pays et ont
déjà permis le traitement de patients avec
succès. Rappelons qu’en novembre 2003,
après des débats houleux, la majorité des
députés européens s’était déclarée
favorable au financement de la recherche
impliquant la destruction d’embryons mais
les ministres européens de la Recherche
n’avaient pas réussi à se mettre d’accord ;
il semble que, depuis lors, aucune
décision n’ait été prise au niveau
européen (cf. Gènéthique n° 40, 45 et 48).
C’est, semble-t-il, le commissaire
européen chargé de la Recherche qui
autorise, au cas par cas, de financer la
recherche sur les embryons.
Pékin + 10 : débat sur la santé de la reproduction
Du 28 février au 11 mars 2005, s’est tenue
au siège de l’ONU, à New York, une réunion
d’examen et de suivi des engagements pris
dans le « Programme d’action de Pékin »
adopté en 1995 par la quatrième
Conférence mondiale sur les femmes.
Santé en matière de reproduction
Dans son article 94, le programme de
Pékin propose : « la santé en matière de
reproduction est un état de bien-être
total… Elle suppose le droit de mener une
vie sexuelle satisfaisante en toute
sécurité, et la liberté et la possibilité de
décider si et quand on veut avoir des
enfants. Cela implique qu’hommes et
femmes ont le droit d’être informés sur les
méthodes sûres, efficaces, abordables et
acceptables de planification familiale et
d’utiliser celle qui leur convient ou toute
autre méthode de régulation des
naissances qui ne soit pas illégale, ainsi
que le droit à des services de santé… ».
L’article est suffisamment vague pour
inclure l’avortement parmi les méthodes
de régulation des naissances. De là à en
faire un droit…
Droit à l’avortement ?
Des associations féministes ont voulu
profiter des discussions en cours pour
faire reconnaître l’avortement comme un
droit et ainsi l’imposer aux pays qui ne
l’ont pas légalisé. Les Etats-Unis ont
rapidement réagi en proposant par
amendement que soit mentionné
explicitement que le document de Pékin
n’a pas créé un droit à l’avortement. En
quelques jours, cet amendement a reçu
un si grand nombre de signatures de
soutien d’associations du monde entier
(678, 000 ) que le lobby féministe a
préféré éviter le débat.
L’amendement ayant perdu sa raison
d’être, les Etats-Unis l’ont retiré et se
félicitent de cette victoire.
Lettre mensuelle gratuite, publiée par la Fondation Jérôme Lejeune - 31 rue Galande 75005 Paris
Directeur de la publication : Jean-Marie Le Méné, Rédacteur en chef : Aude Dugast
Contact : Aude Dugast – adugast@genethique.org Tel : 01.55.42.55.14 - Imprimerie PRD S.A. – N° ISSN 1627 - 498