Pourquoi ARABEN ?
Claude Lévi-Strauss nous le rapporte (La potière jalouse, 1985) : Araben est le
nom donné dans un mythe munducuru (peuple indien d’Amazonie) à une demoiselle
Paresseux (Bradypus tridactylus, mammifère d’Amérique du sud) qui résistait aux avances
d’un indien en médisant sur la première femme de son soupirant.
Pour les Indiens les paresseux sont dotés de qualités sociales et culturelles : ils
sont menteurs et jaloux mais également ingénieux et habiles. Ils savent tant triompher des
pièges que leurs tendent leurs rivaux que tirer parti de l’environnement. A tel point que « du
temps que les paresseux étaient pareils aux humains » les femmes-paresseux étaient très
recherchées par les hommes : elles faisaient « les meilleures tisserandes et les meilleurs
épouses », sachant parfaitement administrer une économie domestique.
Le mythe développe certains traits de comportement du Paresseux : économe
de sa nourriture comme de ses mouvements, propre et ordonné, « il apparaît, nous dit
l’anthropologue, comme un animal naturellement bien élevé qui peut servir de modèle
culturel », et « il n’est pas surprenant que les Indiens lui attribuent une compétence
particulière en matière de tissage, le plus complexe et le plus raffiné des grands arts de la
civilisation, et celui que des sociétés d’un niveau technique rudimentaire ont su porter à un
haut degré de perfection ».
Pourquoi ARABEN ? – Parce qu’il nous a plu de retrouver ailleurs que dans
des sources plus « académiques » cette image du tisserand, symbole technique de l’art de bâtir
une société.
J.M.
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