l’augmentation de la pression pastorale sur l’espace pastoral réduit [la surcharge
pastorale a été estimée entre 0,25 et 0,70 U.O./ha
(Genin 2000), alors que la capacité
de charge est estimée entre 0,15 et 0,2 U.O./ha (Chaïeb et al. 1991)] ;
la steppe à Armoise champêtre, Artemisia campestris, (faciès de dégradation de la
séquence à Seriphidium herba-alba), qui s’étend en particulier sur le plateau d’Hamilet
El Babouch, milieu anciennement cultivé, semble être actuellement moins sujette à la
dégradation puisque 10% de des stations étudiées témoignent d’une restauration (liée à
leur mise en défens et qui se manifeste principalement par une augmentation du couvert
végétal pérenne) ;
les zones de glacis à croûte de gypse affleurant, déjà très érodées en 1975, se sont
encore dégradées. Cette dégradation est probablement due à l’effet cumulé des
activités anthropiques (cueillette de ressources ligneuses et pâturage) et de la situation
topographique (pente) favorisant l’érosion hydrique.
En conclusion
La dégradation n’affecte pas de la même manière les différentes séquences de végétation
décrites dès 1975. L’apparition d’espèces dominantes très ubiquistes (Atractylis
serratuloides, Deverra tortuosa et Kickxia aegyptiaca), présentes dans les différentes
séquences de végétation, témoigne de l’homogénéisation et de la banalisation de la flore
pastorale dans la région de Menzel Habib. Le remplacement des bonnes espèces
pastorales par des espèces à acceptabilité faible (Astragalus armatus) témoigne d’une
dégradation avancée des terres à pâturage.
2. Etude de l’évolution des types d’utilisation des sols, du niveau de transformation
anthropique et du régime des perturbations
Entre 1948 et 2000, les proportions de l’espace occupées par les différents types
d’utilisation des sols (leur nature et les proportions) ont été bouleversées et les surfaces
défrichées et mises en culture ont plus que triplées (Figure 2). La pression (et la
dégradation) ne s’est pas manifestée de manière uniforme sur l’ensemble des systèmes
écologiques. Les milieux alluviaux non salés, les mieux alimentés en eau à partir du
ruissellement latéral, et qui présentent les meilleurs sols, étaient déjà cultivés en 1948 (et
même en 1902, comm. orale de E. Le Floc’h). Avec la sédentarisation progressive, la mise
en culture a d’abord gagné les zones où l’approvisionnement en eau était aisé, puis les
plaines sableuses (Floret et al. 1992). Cependant, la pression semble ralentir depuis 1985
puisque la mise en culture n’a augmenté que de 6% en 15 ans (1985-2000). Ceci est sans
doute en relation avec la nécessité de maintenir des zones de parcours pour une partie des
besoins alimentaires des troupeaux qui constituent encore une part importante des revenus
des agropasteurs, ou peut correspondre à une diminution de la pression sociale et foncière
sur les terres disponibles pour une réelle appropriation par certains groupes sociaux.
Figure 2. Evolution des pourcentages d’utilisation des sols (steppes pastorales vs. terres
défrichées et mises en culture
) à Menzel Habib entre 1948 et 2000 (d’aprés Floret et
al. 1992) actualisée par Jauffret (2001)
U.O. (Unité Ovine) : elle comprend une brebis, son produit, 1/25 de bélier, 1/5 d’antenaise et 1/100 d’antenais,
ce qui correspond à des besoins énergétiques annuels de 350 UF en élevage traditionnel du Sud tunisien.