INTRODUCTION La philosophie est une matière singulière. Précisément parce qu’elle est plus qu’une matière. En effet, elle n’est pas seulement une « discipline » scolaire, même si elle est scolairement sanctionnée par l’épreuve écrite du baccalauréat. La philosophie est une manière de poser sa réflexion afin de prendre le contrepied des évidences, des préjugés, du « prêt-à-penser » et de toute idée facile et préconçue. Il s’agira donc, pour l’élève de terminale, d’opérer une véritable « conversion » pour appréhender le réel « à rebrousse-poil », c’est-à-dire contre l’opinion commune -en grec la doxa. La philosophie est littéralement paradoxale, en ce sens qu’elle va toujours contre l’opinion commune, notamment en considérant qu’il est plus important de poser les bonnes questions, ou de bien questionner, que de vouloir trouver des réponses, coûte que coûte. Ce que Heidegger exprime dans ce propos : « Le questionnement est la piété de la pensée ». Comment effectuer cette conversion ? C’est ce à quoi le programme proposé en terminale va servir. Il s’agit en effet, à travers cinq rubriques composées de plusieurs notions, de parvenir à une vision globale et synthétique des grandes questions, des grands enjeux de l’Homme s’interrogeant sur luimême et sur le monde qui l’entoure. La rubrique consacrée au sujet nous invite à voir jusqu’où l’on peut se connaître soi-même. La culture tente de cerner si elle peut être une garantie, un bouclier suffisant contre tout risque de barbarie. Avec la raison et le réel, on verra qui, de l’esprit humain ou de la réalité qu’il interprète, est premier. La rubrique politique s’interrogera sur les conditions d’un gouvernement juste. Enfin, et c’est en un sens le point culminant de l’année, la morale montrera comment concilier les règles de conduite issues du devoir et nécessaires au bon équilibre de la société avec la volonté de bonheur et l’idéal de ce bien sans doute le plus précieux qu’on appelle la liberté. Ce programme est donc un parcours d’analyses, de questions. et de synthèses attestant la tâche spécifiquement humaine consistant à produire du sens. L’Homme a la possibilité de comprendre et, partant, d’expliquer. C’est comme cela qu’il montre qu’il a compris. Cet attelage compréhension/explication nous permet de dire que l’homme est un animal qui interprète. La philosophie est donc un des moyens privilégiés d’accès au sens. « Mettez la compréhension active en lieu et place de l’irritation réactive et vous dominerez les choses » Franz Kafka L’histoire de la philosophie est vaste. Il serait illusoire de vouloir être complet concernant chaque auteur. On peut cependant faire ressortir quelques figures philosophiques décisives. Tout d’abord ceux avec lesquels on peut traiter tous les sujets de dissertation, à condition toutefois de bien les maîtriser. Ces cinq auteurs majeurs sont : Platon, Aristote, Descartes, Kant et Hegel. Pourquoi eux ? Parce qu’après eux, tout un pan de l’histoire de la philosophie a été redéfini. Platon (428 av. J. C.-348 av. J. C.) Platon a été l’élève de Socrate qui, lui, n’a rien écrit. Platon retient de Socrate une façon de questionner considérant que la forme privilégiée de la pensée est le dialogue. Le principe de tous les principes est le Bien, autrement dit ce qui fait être. Platon identifie parfois le Bien au Beau. D’où les implications politiques de la pensée de Platon : c’est celui qui sait qui doit diriger la cité, de même que dans l’individu, c’est la raison qui doit commander le désir. Cette double harmonie, collective et individuelle, est la condition même de la justice. Aristote (384 av. J. C.-322 av. J. C.) Aristote a été membre de l’Académie fondée par Platon pendant environ vingt ans. A la mort de ce dernier, il se rend sur l’île de Lesbos où il effectue de nombreuses observations zoologiques. Il devient ensuite le précepteur du futur Alexandre le Grand. Le fondement de la philosophie politique d’Aristote tient dans le fait que « l’homme est par nature un animal politique ». Autrement dit, l’homme n’est vraiment homme, c’est-à-dire pleinement heureux, que si les institutions politiques sont élaborées et consolidées rationnellement. De retour à Athènes, Aristote fonde le Lycée dont l’objectif principal est de conduire des recherches dans tous les domaines du savoir à partir de la documentation la plus complète possible. Le Lycée propose donc un véritable encyclopédisme. Descartes (1596-1650) Descartes peut être considéré comme le fondateur du rationalisme en philosophie et l’inventeur de la modernité. Il s’engage définitivement dans la philosophie en novembre 1619 en découvrant les fondements de ce qu’il appelle « une science admirable » permettant de donner à l’ensemble des connaissances leur unité et, partant, d’atteindre le vérité. Plus largement, pour Descartes, la vertu des vertus tient dans le fait de toujours bien se servir de son libre arbitre. Nous ne pouvons être estimables en tant qu’êtres humains que dans le cadre de cette générosité. Kant (1724-1804) Après avoir été réveillé de son « sommeil dogmatique » par le philosophe écossais David Hume, Kant met en place une philosophie critique dont le but est d’établir les conditions de possibilité de toute réalité. D’où les fameuses trois questions kantiennes : Que puis-je connaître ? Je ne puis connaître les phénomènes. Que dois-je faire ? Mon devoir par respect pour la loi morale. Que m’est-il permis d’espérer ? Dieu, l’immortalité de l’âme et la liberté. Ces trois questions se ramenant à une seule : qu’est-ce que l’homme ? Hegel (1770-1831) La philosophie de Hegel vise à une réconciliation de tous les aspects de la réalité, notamment l’existence culturelle d’une époque et celle, finie, de l’individu. La philosophie spéculative est l’expression même de cette réconciliation puisque, à l’image de tout être, elle procède de la Raison qui gouverne le monde. Pour Hegel, tout est dialectique. Dès lors, on ne peut le considérer comme le penseur voulant tout enfermer dans un système, mais bien plutôt comme celui dont la philosophie n’a cessé de mettre en évidence l’aspect fondamentalement ouvert de chaque être. Voilà enfin les trois philosophes que Paul Ricoeur a appelé les « penseurs du soupçon » : Marx, Nietzsche et Freud, qui ont soumis la philosophie à une méfiance, à une défiance salvatrice. En effet, ils ont lancé à la philosophie le défi clairement affirmé de ne jamais devenir une institution officielle. Enfin, il convient d’évoquer la figure de Spinoza. Pourquoi ? Parce qu’il est l’un de ceux à incarner ce que l’on pourrait appeler l’idéal du sage. Dans les dernières lignes de l’Ethique, son ouvrage majeur, cet idéal devient réalité. Marx (1818-1883) Fondateur du matérialisme historique, Marx considère que la conscience humaine et ses productions sont dépendantes des conditions socio-économiques présentes. La praxis, activité visant à transformer consciemment la nature, est au centre de sa pensée : « Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de diverses manières ; il s’agit maintenant de le transformer. » Nietzsche (1844-1900) Nietzsche est, à proprement parler, un penseur de la vie. Il s’agit, dans sa pensée, d’un appel à vivre toujours plus pleinement sa vie. Chaque homme doit sans cesse travailler à se dépasser en libérant les forces créatrices qui, jusqu’à ce « oui à la vie », sommeillaient en lui. Ce sommeil étant entretenu par la morale du ressentiment, morale des aigris et des paresseux, morale de ceux qui n’ont pas ou qui n’ont plus l’audace de créer, de faire de leur vie une œuvre d’art : « L’homme est une corde tendue entre la bête et le surhomme. » Freud (1856-1939) Médecin neurologue de formation, Freud est celui qui invente la psychanalyse, c’est-à-dire cette psychologie des profondeurs s’appuyant sur l’existence de l’inconscient psychique. Pour Freud, c’est l’inconscient qui constitue l’essence du psychisme. Ce dernier ne pouvant, par conséquent, s’identifier totalement à la conscience : « Le moi n’est pas maître dans sa propre maison PROBLÉMATISATION : Peut-on vraiment savoir qui l’on est dès lors que l’on se trouve écartelé entre conscience et inconscient, entre son propre désir et celui de l’autre ? DÉFINITION ÉLÉMENTAIRE : Etre pleinement accompli, conscient de lui-même et de ses actes. QUESTIONS -Comment définir le sujet ? Le sujet est à la fois celui qui est conscient de luimême et celui dont les désirs attestent la soumission à son inconscient. -Comment concevoir un sujet à part entière, un sujet pleinement accompli ? Le sujet à part entière n’est pas celui qui sait tout de lui, mais plutôt celui qui sait qu’il ne peut tout savoir de lui et des autres. -Comment se définir par rapport à l’autre ? L’autre est une condition nécessaire mais non suffisante à la connaissance que je puis avoir de moi-même. « Sois le maître et le sculpteur de toi-même » Friedrich Nietzsche - Comment parvenir à la conscience ? On parvient à la conscience en pratiquant le doute, par la théorie en même temps que par la pratique, c’est-à-dire en laissant son empreinte sur la réalité qui nous est extérieure. - Comment circonscrire la conscience ? La conscience n’est vraiment consciente que si elle prend conscience qu’on ne peut être conscient de tout, que si elle admet la présence et la puissance de l’inconscient psychique. « La conscience est la conséquence de la renonciation aux pulsions » Sigmund Freud PROBLÉMATISATION Si l’inconscient semble déterminer, malgré lui l’existence de l’homme, peut-il aussi agir sur sa destinée ? DÉFINITION Partie du psychisme composée des désirs refoulés. QUESTIONS - Qu’implique la notion d’inconscient sur notre liberté d’action? Nous croyons être conscients de nos actes, alors qu’en réalité c’est en fonction de souvenirs enfouis en nous que nous agissons. Notre comportement n’est pas entièrement soumis à notre volonté. La connaissance omnipotente de soi est donc une illusion. « L’interprétation des rêves est la voie royale de la connaissance de l’inconscient» Sigmund Freud Comment fonctionne l’hypothèse freudienne de l’inconscient psychique ? L’inconscient est le « résultat » du refoulement. On constate son action à partir des actes manqués et des rêves. C’est l’interprétation de ces derniers qui constitue la voie royale menant à l’inconscient. Le Moi n’est plus le maître dans cette maison qu’est le psychisme humain. Le Moi conscient est submergé par le ça (les pulsions) et le surmoi (identification à l’autorité extérieure et retournement de l’agressivité contre soi-même), mécanismes relevant tous deux de l’inconscient. - Comment la psychanalyse s’applique-t-elle ? C’est la cure analytique qui révèle notre désir profond. Plus largement, elle permet de retrouver les effets produits par les pulsions et le refoulement dans des domaines tels que le pouvoir politique, l’histoire, etc. En reconnaissant la réalité de l’inconscient, on retrouve l’exigence du « Connais-toi toi-même ». En effet, on se connaît d’autant plus lucidement que l’on admet une certaine impuissance de notre conscience. PROBLÉMATISATION Le désir est-il manque et souffrance ou mouvement permettant au sujet de se construire ? DÉFINITION Mouvement nous entraînant, consciemment ou inconsciemment, vers une source espérée de satisfaction et de plaisir. QUESTIONS Comment concevoir le désir ? Positivement ou négativement ? Le désir consiste en la simultanéité d’une souffrance résultant du manque de l’objet convoité et de l’effort consenti pour obtenir cet objet. - Peut-on supprimer le désir ? Le désir est le propre de l’homme. Vouloir supprimer le désir, c’est refuser l’humanité même de l’homme, c’est-à-dire ce qui fait qu’un être humain est un être humain. - Que faire de son désir ? Tout désir ne doit pas forcément être assouvi, mais assumé. Le bonheur est plus dans le fait même de désirer que dans la satisfaction du désir. « Dieu collabore avec tout homme animé d’un désir ardent » Eschile PROBLÉMATISATION Peut-on être sujet à part entière sans autrui ? Définition : Celui qui est à la fois mon différent et mon semblable. DEFINITION Autrui est à la fois mon égal, un autre moi-même et celui qui me révèle à moi-même. QUESTIONS -Comment se décline le rapport à l’autre ? Le conflit semble rythmer tout rapport humain. Qu’il s’agisse de l’état de guerre de tous contre tous, de la lutte pour la reconnaissance, dans la mesure ou je désire le désir de l’autre. Mais comme nous désirons tous les mêmes choses, autrui peut donc signifier le conflit des désirs… - Le rapport à l’autre se réduit-il dès lors au conflit ? Le conflit n’est pas la seule modalité du rapport à l’autre: l’amour, la compassion, la sympathie par exemple, sont aussi susceptibles de nous reliés. Lorsque je rencontre un nouveau visage , je vis l’expérience fondamentale révélatrice de toute humanité. PROBLÉMATISATION La perception relève-t-elle de l’entendement ou de l’expérience vécue ? DÉFINITION La perception est une saisie de l’aspect multiple du réel sous la forme de l’unité QUESTIONS La perception renvoie-t-elle au sensible ou à l’intelligible ? Bien que visant le sensible la perception est œuvre de l’esprit, de l’âme, de l’entendement. -Quel rapport la perception entretient-elle avec la vérité ? Comme elle vise le sensible, la perception peut être considérée comme source d’illusions. Elle ne s’abreuve pas à l’intelligible. -En quel sens la perception est-elle une interprétation ? La vérité de la perception n’est pas ce qu’elle perçoit, mais bien plutôt le fait qu’elle soit interprétation, c’est-à-dire reconstruction du réel. "Je ne puis jamais arriver à me saisir moi-même sans une perception, et jamais je ne puis observer autre chose que la perception. » David Hume PROBLÉMATISATION Le temps n’est-il que la marque de notre finitude ou bien une motivation à vivre, à élaborer un projet existentiel. DÉFINITION Le temps est la manifestation irréversible du changement , il est donc générateur d’angoisse... QUESTIONS - Peut-on définir le temps ? Le temps est aussi insaisissable « physiquement » que conceptuellement. On sait ce qu’il est tant qu’on ne nous demande pas de le définir, mais dès que nous sommes questionnés sur sa signification, nos réponses sont floues…. L’opposé du temps est l’éternité aussi incarne-t’il la dimension constitutive de l’homme qui vit dans un ordre temporel. C’est précisément le fait que nous n’ayons pas de prise sur le temps qui atteste nos fragilités. « Carpe diem » Horace - Comment se lit le temps humain ? L’aspect insaisissable du temps est comme un appel à vivre le présent. Le temps nous invite à nous hâter de vivre. Il faut distinguer le temps objectif (sa traduction spatiale sur des objets tels que la montre ou l’horloge) du temps subjectif (le temps vécu dépendant de nos affects : deux heures peuvent paraître deux minutes et inversement). - Peut-on échapper au temps ? Même lorsque je me projette dans l’avenir (cf. le projet existentiel), c’est toujours dans le temps que je me pense et me constitue. Cette capacité à se projeter vers l’avenir peut être assimilée à notre part divine, dans la mesure où nous faisons du sceau de notre faiblesse une force créatrice. On échappe au temps qu’en assumant sa toutepuissance. « La vie donc oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l’ennui. » Arthur Schopenhauer PROBLÉMATISATION L’existence est-elle le primat de la condition humaine ? DÉFINITION : Percée de l’homme dans le monde à travers une conscience qui le vise. QUESTIONS - Comment définir l’existence ? L’existence est l’engagement, l’embarquement de l’homme jeté dans le monde de façon absurde : sait-on vraiment pourquoi nous sommes nés ? C’est à partir de cette situation privée de sens que l’homme façonnera son projet existentiel en tentant de se réapproprier son destin. Certaines expériences sont privilégiées quant au dévoilement de l’existence. « L’existence est le récif sur lequel la pensée pure fait naufrage. » Søren Kierkegaard - Comment distinguer existence et essence ? La question est de savoir si c’est l’existence qui précède l’essence, ou l’inverse. Soit l’on fait de l’essence la vérité, la vraie réalité d’une chose, soit l’on considère que, de par la liberté humaine, l’existence prime sur l’essence, tant l’humaine condition est du côté de l’instable et du discontinu plutôt que du côté de la stabilité et de la continuité. - L’existence est-elle, à proprement parler, un objet de pensée ? Le propre de l’existence semble échapper à toute théorisation, c’est-à-dire à tout système. C’est notamment pour cela que la liberté humaine est envisageable. L’existence est irréductible à toute pensée et à toute réflexion. « Vivre ou mourir, tout est là » William Shakespeare PROBLÉMATISATION La culture vise-t-elle à humaniser l’homme toujours plus profondément ? Constitue-t-elle une protection suffisante face au risque de barbarie ? DÉFINITION Ensemble des traditions et des comportements transmis dans et par un groupe humain. QUESTIONS - Comment définir la culture ? La culture peut être considérée comme la fin dernière de l’homme et de l’humanité. Cependant, toute culture est-elle humaniste (cf. l’opposition de l’état de nature et de l’état « La culture ne s'hérite social). pas, elle se conquiert » André Malraux - Doit-on être aveuglé par cette positivité apparente de la culture ? C’est parfois au nom de la culture que l’on se livre aux plus barbares exactions (guerres coloniales). On revendique alors la culture, sa culture, pour justifier le pire… - Dès lors, comment faire pour s’assurer, le plus possible, de la positivité de la culture ? En la confrontant sans cesse à l’exigence éthique, c’est-à-dire à l’interrogation morale : la culture culmine dans l’universalité lorsqu’elle différencie sans opposer. "Toute culture qui s'universalise perd sa singularité et se meurt" – Jean Baudrillard PROBLÉMATISATION En quel sens le langage permet-il à l’homme de se constituer comme sujet ? DÉFINITION Capacité à élaborer un système de signes et/ou à utiliser une langue. QUESTIONS - Comment définir le langage ? L’homme est capable d’utiliser le langage de manière subjective et singulière : la parole., le fait de parler participe de l’humanité même de l’homme. "Chaque mot est un préjugé" Friedrich Nietzsche - Qu’est-ce que signifier ? Le sens des mots dépend de la façon dont on les utilise. On peut donc dire que la signification est arbitraire. Il faut à ce titre distinguer le sens utilitaire des mots de leur usage purement subjectif, dans la poésie par exemple. - Quelles sont les limites du langage ? Le langage peut nous éloigner des choses, c’est un outil qui ne saisi qu’une partie de la réalité. En parlant, l’homme réinterprète sa propre expérience d’une manière très subjective. Autrement dit, les insuffisances du langage interdisent de retranscrire avec précision la complexité du réel. "Ce dont on ne peut parler, il faut le taire." Ludwig Wittgenstein PROBLÉMATISATION En quoi l’art est-il une expérience privilégiée du sens ? DÉFINITION Création d’œuvres qui s’adressent au sens à l’intuition comme à l’intellect et qui n’a pas de fonction pratique définie. QUESTIONS - A quoi sert l’art ? Si l’art peut avoir une fonction sociale, il consiste plus fondamentalement en une spiritualisation qui fait de lui une recréation et non une récréation. L’art ne sert pas à divertir, mais bien à élever. « Ce n’est pas l’art qui imite la nature mais la nature qui imite l’art », Oscar Wilde. - Dans quelle mesure peut-on parler de génie ? Le génie est l’aptitude naturelle de l'esprit de quelqu'un qui le rend capable de concevoir, de créer des choses, des concepts d'une qualité exceptionnelle. Son originalité défie l’entendement commun et suscite une émotion universelle. La chambre, Roy Lichtenstein "La nature est belle quand elle a l'aspect de l'art, et l'art ne peut être appelé beau que si nous avons conscience que c'est de l'art et s'il offre cependant l'apparence de la nature". Emmanuel Kant. PROBLÉMATISATION Le travail est-il une aliénation définitivement déshumanisante ou bien un accomplissement de soi ? DÉFINITION Activité visant à produire une réalité utile et/ou exercice professionnel obéissant à des règles sociales précises. QUESTIONS - Comment définir le travail ? Le travail est une traduction de l’activité spirituelle de l’homme qui, ainsi, laisse son empreint sur la réalité extérieure. « Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin » Voltaire Quel rôle le travail joue-t-il dans la culture ? Le travail permet de donner un sens à sa vie. Il est paradoxal, car il est à la fois une malédiction et une gratification l’homme est condamné à travailler mais c’est aussi par le travail qu’il peut conquérir sa liberté. - Quel sens accorder au travail ? Le travail est ambigu : il peut déshumaniser l’homme, en particulier dans le cas du travail à la chaîne. L’ouvrier y perd alors son identité au profit de l’objet qu’il fabrique. Mais le travail permet aussi d’humaniser l’homme, et même de l’exalter, notamment dans le cas de métiers nécessitant la mise en œuvre de l’ensemble des facultés de l’individu. « Le travail est nuisible et funeste lorsqu’il tend à accroître les richesses de la bourgeoisie » Karl Marx PROBLÉMATISATION Que représente la technique pour l’humanité ? DÉFINITION Ensemble de procédés résultant d’une connaissance scientifique et visant des applications pratiques. QUESTIONS Comment définir la technique ? L’usage de l’outil est une traduction de l’activité spirituelle de l’homme. C’est par sa capacité à fabriquer que l’homme exprime son humanité. « La technique rendrait les hommes comme maîtres et possesseurs de la nature » René Descartes -La technique permet-elle de maîtriser la nature ? Le but de la technique est de maîtriser la nature. Elle est donc une activité culturelle. -Quelle signification philosophique accorder aux dangers que représente la technique ? La technique peut être mise au service du meilleur comme du pire.... PROBLÉMATISATION C’est par l’histoire que l’humanité est censée prendre conscience d’elle-même, mais l’histoire a-t-elle un sens ? DÉFINITION Matière, étude, connaissance ou récit renvoyant au passé des sociétés humaines. QUESTIONS - Sur quelle méthode l’histoire s’appuie-telle ? Dans la compréhension de l’histoire, on est passé de l’étude des événements à l’étude de larges périodes. « L’histoire, c’est l’histoire de la lutte des classes. » Karl Marx - Que signifie l’histoire ? L’histoire est le témoignage du travail de l’esprit humain et de la raison, elle incarne la rationalité du réel. Pour Hegel, les idées entrent en dialectique et font avancer le monde. Ainsi, l’idée monarchique et celles des révolutionnaires français auraient-elles accouchées de la synthèse impériale. - L’histoire n’est-elle qu’affaire de passé ? L’histoire ne concerne pas que le passé, mais aussi la façon dont on vit le présent. Le passé est aussi présence du sens à travers la mémoire. Il n’y a pas une mais plusieurs significations de l’histoire (Hegel versus Marx par exemple, ou celle de l’Ecole des Annales). « L'histoire, je le crains, ne nous permet guère de prévoir, mais, associée à l'indépendance d'esprit, elle peut nous aider à mieux voir. » Paul Valéry PROBLÉMATISATION Que représente la religion pour l’homme ? DÉFINITION La religion est à la fois ce qui relie certains hommes entre eux et ce qui propose une relecture, une réinterprétation de leur condition. Elle est un besoin humain en même temps qu’un fait culturel. QUESTIONS - En quoi consiste la croyance religieuse ? La croyance religieuse réunit l’espérance et l’angoisse. « La religion est l’opium du Peuple » Karl Marx - Comment appréhender la religion ? La religion consiste certes en une consolation face à la pensée de la mort, mais elle est également liée à l’amour. - La religion est-elle illusoire ? Certains considèrent Dieu comme une invention humaine et voient dans la religion un produit social ou un instrument d’un pouvoir… A leurs yeux, la religion ne serait qu’un remède illusoire à l’angoisse existentielle de l’homme. PROBLÉMATISATION La raison est-elle en mesure de combattre l’irrationnel ou bien doitelle être considérée comme le fondement même de la condition humaine ? DÉFINITION Faculté humaine de donner sens à la réalité. QUESTIONS - Que peut la raison ? Si les pouvoirs de la raison sont étendus, elle n’en est pas pour autant toute-puissante. - Comment penser le rapport entre le rationnel et l’irrationnel ? La raison ne peut vaincre l’irrationnel mais l’intégrer dans ce que l’on appelle une raison élargie. - Quelles sont les limites de la raison ? La raison humaine ne peut répondre à toutes les questions qu’elle se pose, il serait donc irrationnel de penser qu’elle est toute puissante … Elle ne peut percer toutes les interrogations du réel car certaines réalités lui échappent. « Les sens sans la raison sont vides, mais la raison sans les sens est aveugle » Emmanuel Kant PROBLÉMATISATION Comment penser les rapports entre rationnel et réel ? DÉFINITION Ensemble des choses données dans l’expérience. QUESTIONS - Comment définir le réel ? Le réel peut être considéré comme l’ensemble des choses données, comme ce qui peut faire l’objet d’une expérience. La réalité peut aussi être conçue comme ce qui échappe à l’expérience sensible. Dans ce cas, l’idée abstraite intelligible serait la réalité vraie des choses. "Si toute notre connaissance débute avec l’expérience, cela ne prouve pas qu’elle dérive toute de l’expérience." Emmanuel Kant - Que peut-on connaître du réel ? Il semblerait qu’il y ait disproportion entre la raison humaine et la structure rationnelle du réel. La raison humaine ne peut connaître qu’une partie du réel, même si la totalité du réel est connaissable. - Dès lors que vaut le réel ? Le réel ne vaut que lorsqu’il est connu, interprété par la raison humaine. Le réel est rationnel parce qu’il est connaissable. Le rationnel est réel parce que la raison humaine donne un sens toujours nouveau à la réalité. "Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée" René Descartes PROBLÉMATISATION Comment penser les rapports entre théorie et expérience ? DÉFINITIONS Une théorie consiste en une élaboration rationnelle reliant des lois et des faits ; l’expérience peut être considérée comme l’observation précise, rigoureuse et attentive des phénomènes. QUESTIONS - Comment une théorie scientifique se constitue-t-elle ? Une théorie scientifique repose sur la rationalité mathématique et se reconnaît au fait qu’elle peut être réfutée par l’expérience. - Quel type de vérité la science peut-elle extraire du réel ? La science peut permettre de comprendre des phénomènes non perceptibles par l’usage de notre bon sens commun. "Une expérience scientifique est (...) une expérience qui contredit l'expérience commune." Gaston Bachelard - En quoi une théorie scientifique estelle un instrument fondamental à la connaissance ? La théorie dépend de l’expérience en ce sens qu’elle est modifiable en fonction des contradictions que l’expérience lui impose. Mais l’expérience dépend de la théorie dans la mesure où celle-ci permet de mieux la comprendre et de mieux l’expliquer. Interprétative, la théorie est une expérience privilégiée du sens. PROBLÉMATISATION La démonstration suffit-elle à la raison ? DÉFINITION Méthode utilisée par la raison afin d’énoncer une vérité. QUESTIONS : Sur quoi repose la démonstration ? La démonstration repose sur une exigence de vérité. Mais elle peut être considérée comme l’alliance subtile de nécessité et d’intuition. C’est la rigueur du raisonnement qui permet de lier démonstration et certitude. Roger Bacon - En quoi démonstration et certitude sont-elles liées ? C’est la rigueur du raisonnement qui permet de lier démonstration et certitude - Peut-on échapper à la démonstration ? L’homme ne peut se passer de la démonstration comme mode, comme méthode de raisonnement. Mais tout n’est pas démontrable, ce qui est là une invitation à l’humilité. Il serait insensé de vouloir tout démontrer, mais tout aussi insensée serait la volonté de se passer de l’exigence de rigueur imposée par la démonstration. "Il est impossible de démontrer à l’infini…" Sextus Empiricus PROBLÉMATISATION Pourquoi interpréter ? DÉFINITION Donner une signification à une réalité quelle qu’elle soit ; on appelle herméneutique cette partie de la philosophie qui réfléchit sur l’interprétation QUESTIONS - Comment fonctionne l’interprétation ? L’interprétation obéit à des règles mais ces règles varient en fonction de la nature de l’objet à interpréter, du contexte et de la subjectivité de celui qui interprète. "Les sons émis par la voix sont les symboles des états de l’âme ; et les mots écrits, les symboles des mots émis par la voix."Aristote - A quoi sert l’interprétation ? Bien évidemment, l’interprétation vise à approfondir nos connaissances car la réalité ne vaut vraiment que lorsqu’elle est interprétée, c’est-à-dire saisie par la raison. - Que désigne l’interprétation ? L’interprétation désigne le fait que l’homme est un animal herméneutique, le seul être vivant capable de créer du sens. « À partir de Freud, Marx et Nietzsche, il me semble que le signe va devenir malveillant. » Michel Foucault PROBLÉMATISATION Le vivant est-il totalement explicable ? DÉFINITION Tout être se nourrissant, se reproduisant, respirant et se déplaçant le vivant peut se réparer lui-même. QUESTIONS - Comment définir le vivant ? Le vivant peut être assimilé à une expression : « en même temps ». Le vivant est un « en même temps » de contradictions. En un sens, la contradiction pourrait être considérée comme le principe même de la vie. « Dans une montre, un rouage ne peut en produire un autre et encore moins une montre d’autres montres.» Emmanuel Kant - Peut-on réduire le vivant à du mécanique ? Donner du vivant un modèle mécanique permet de mieux le comprendre, mais l’y réduire pourrait s’avérer dangereux sur le plan éthique. En effet, l’homme, parce qu’il est homme, sera toujours supérieur à la machine, fût-elle la plus sophistiquée qui soit. - En quoi le vivant est-il un enjeu éthique ? Le vivant constitue donc un enjeu éthique en ce qu’il est de plus en plus menacé par la mécanisation du monde, c’est-à-dire par la technique. Il faut soumettre toute technologie à l’exigence de l’interrogation morale. Alors, technique sans éthique ne serait-elle que ruine de l’homme? « Jusqu’à aujourd’hui, nous ne rencontrions dans les interactions sociales que des personnes nées naturellement, non des personnes fabriquées. » Jürgen Habermas PROBLÉMATISATION Matière et esprit ne sont-ils qu’opposés ? DÉFINITIONS La matière constitue l’aspect corporel et tangible de la réalité ; l’esprit en constitue l’aspect pensant. QUESTIONS -Que serait la matière sans l’esprit ? Sans l’esprit, la matière est aveugle. -Que serait l’esprit sans la matière ? Sans la matière, l’esprit est vide ; il n’est alors qu’une fiction. -Comment penser le problème de l’âme et du corps ? L’âme, en tant qu’expression de l’esprit, et le corps, en tant qu’expression de la matière, sont certes radicalement différentes, mais peuvent être liées. « Les couleurs, les sons, les saveurs […], n’ont certainement pas d’existence hors de l ’intelligence. » George Berkeley PROBLÉMATISATION La vérité est-elle en soi ou bien dépend-elle de celui qui l’énonce ? DÉFINITION Correspondance entre ce qu’est une réalité et la description que l’intelligence humaine en fait. QUESTIONS - Où situer la vérité ? On peut considérer que la vérité se trouve dans la réalité tangible ou bien dans l’essence invisible des choses. « Aussi longtemps que nous aurons notre corps et que notre âme sera pétrie avec cette chose mauvaise, jamais nous ne posséderons en suffisance l’objet de notre désir ! Or cet objet, c’est, disons-nous, la vérité. » Platon - Comment parvenir à la vérité ? L’accès à la vérité est un long processus qui débute par la volonté de douter de tout ce que, auparavant, on admettait comme allant de soi ; il s’agit alors de se libérer de ses préjugés et des évidences premières. - Comment, dès lors, définir la vérité ? « La vérité, c’est celui qui la cherche. », V. Jankélévitch PROBLÉMATISATION Pour la politique, qu’implique le devoir d’assurer et de maintenir le fondement de la communauté ? DÉFINITION Qui concerne la cité, c’est-à-dire l’ensemble des citoyens ainsi que le fait et la façon de les gouverner. QUESTIONS -Quelle relation établir entre l’individu et la cité ? « L’homme est, par nature, un animal politique. » Aristote. -Y a-t-il un savoir politique ? La politique revêt un aspect scientifique (cf. une certaine forme de savoir) dans la mesure où elle exige une stratégie fondée sur l’équilibre subtil de la loi et de la ruse, et dans la mesure où elle vise la réalisation du bonheur pour le plus grand nombre. -A quoi tient le pouvoir politique ? Certes, la politique ne peut se passer d’un certain usage de la violence, justement pour éviter que la violence ne se généralise à toute la société. Mais cet usage de la violence se doit d’être raisonné, c’est-à-dire confronté aux exigences morales. « Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. » Michel de Montaigne PROBLÉMATISATION Les échanges se réduisent-ils à leur aspect matériel ? DÉFINITION Fait de gagner ce que l’autre perd et réciproquement. QUESTIONS -En quoi consiste l’échange économique ? L’échange économique semble être le modèle de tout échange (cf. distinction entre valeur d’usage et valeur d’échange). -Qu’implique l’échange agonistique ? On peut également échanger des biens immatériels, dans le cadre d’un combat (en grec agon) pour les honneurs ou le prestige, par exemple. -Quel prix accorder à l’échange d’idées ? L’échange d’idées, notamment dans le dialogue philosophique, n’a pas de prix. PROBLÉMATISATION A quoi doit-on renoncer pour vivre en société ? DÉFINITION Ensemble structuré d’individus unis entre eux de façon organisée et conscients d’en être membres. QUESTIONS - Comment définir la société ? La question est ici de savoir si la société est naturelle à l’homme ou si elle est artificielle. - Quel est le but de la société ? La société vise à assurer et consolider une vie libre et raisonnée. - Quel rapport établir entre la société et la violence ? La violence est bien l’ennemie de toute société. Une société violente n’est plus une société à part entière. Pour autant, la société ne peut se passer d’un usage raisonné et modéré de la violence pour maintenir son existence. « À l’homme rien de plus utile que l’homme. » Spinoza PROBLÉMATISATION Comment harmoniser le double but du droit : assurer l’ordre et maintenir la justice ? DÉFINITION Idéal de légitimité et de justice fondé sur un arbitrage entre les hommes. QUESTIONS - Comment définir le droit ? Le droit a pour but d’établir la paix en se posant comme arbitre des membres de la société. « Il est plus déshonorant de commettre une injustice que d’en être la victime. » Platon - La force peut-elle être un droit ? En aucun cas la force ne peut être un droit. C’est le droit qui est irréductible à la force. En effet, même celui qui instaure sa domination par la force est contraint de faire passer sa force pour le droit. Même pour la force, le droit est inévitable. - Quel effort le droit exige-t-il des individus ? Pour que le droit puisse s’exercer et s’approcher toujours plus de son idéal, chaque membre de la société doit abandonner les droits dont, à l’état de nature, il disposait sur chaque chose. PROBLÉMATISATION En quel sens la justice est-elle une condition nécessaire de toute vie en société ? DÉFINITION La justice est une vertu en même temps qu’une institution et s’exprime à travers le respect de l’égalité entre les citoyens. QUESTIONS - Comment définir la justice ? La justice est à la fois égalitaire et proportionnelle ; elle ne peut se faire que dans des conditions d’indépendance et doit être le fruit d’un libre débat. « La justice sans la force est impuissante, la force sans la justice est tyrannique. » Blaise Pascal - Quel est le principe de la justice ? En tant que vertu, la justice consiste en un équilibre, en une harmonie ordonnée tant sur le plan individuel que collectif. - A quoi oblige l’idéal de justice ? La justice ne peut être effective que si elle ne perd jamais de vue sa portée morale. PROBLÉMATISATION Quelles sont les conditions de la rationalité de l’Etat ? DÉFINITION Ensemble structuré des institutions politiques, juridiques et administratives régissant la vie en société d’une nation correspondant à un territoire. QUESTIONS -Comment définir les fonctions de l’Etat ? Le but de l’Etat est d’assurer et de consolider la sécurité et la liberté des citoyens. « Il faut concevoir l’État contemporain comme une communauté humaine qui, dans les limites d’un territoire déterminé, […] revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime. » Max Weber -Quelles sont les limites de l’Etat ? Mais l’Etat peut sombrer dans l’illégitimité notamment dans le cadre des régimes totalitaires et despotiques. -L’Etat a-t-il des devoirs ? L’Etat est obligé d’user parfois de la violence, précisément pour maintenir la liberté des citoyens., mais cet usage doit rester raisonné et mesuré. C’est le souci éthique qui rappelle à l’Etat son devoir de raison. C’est là une des "En vérité le but de l’État, c’est la liberté" caractéristiques de la démocratie. Baruch Spinoza PROBLÉMATISATION A quoi bon la morale ? DÉFINITION Théorie et pratique consistant à élaborer et à respecter des règles de conduite visant à être universelles et inconditionnelles. QUESTIONS - Peut-on échapper à la morale ? On n’échappe pas à la morale, car sans des règles partageables et partagées par tous, on en resterait à l’état de guerre de tous contre tous. - Y a-t-il plusieurs morales ? Il faut distinguer la morale qui élève l’homme de celle qui ne consiste qu’en son étouffement, qu’en des interdits. La morale n’est pas que contrainte, mais libération par fixation d’interdits. “Ce tribunal que l’homme sent en lui est la conscience” Emmanuel Kant - En quel sens morale et politique sont-elles liées ? Il convient donc de soumettre l’action politique à l’exigence morale, notamment à travers le respect inconditionnel de la personne humaine, et non à l’ « ordre moral » dont il faut par-dessus tout se méfier, justement au nom de la morale. PROBLÉMATISATION Peut-on vraiment être libre ? DÉFINITION La liberté est à la fois philosophique (être à soimême sa propre cause), morale (échapper à l’empire des passions) et politique (jouissance de droits accordés par la Loi). QUESTIONS -En quoi liberté et raison sont-elles liées ? La liberté ne se limite pas à faire ce que l’on veut, où l’on veut, quand on veut . La liberté ne peut se réduire à une telle spontanéité « épidermique », mais bien plutôt relève d’une conquête rationnelle. La liberté authentique consiste à vivre suivant la raison. « Être libre, ce n’est pas pouvoir faire ce que l’on veut, mais c’est vouloir ce que l’on peut. » Jean-Paul Sartre -Que révèle l’aspect moral de la liberté ? Une liberté fondée sur l’oubli des autres ne serait plus vraiment la liberté. Les conditions de ma liberté dépendent de la possibilité, pour mon semblable, d’être libre. -Qu’exige l’aspect politique de la liberté ? L’expression politique de la liberté que droits et devoirs sont concomitants. On a coutume de dire que si l’on a des droits, on a aussi des devoirs. Il faut être plus précis : les droits dont, grâce à la loi, nous disposons, nous imposent en même temps le devoir de les respecter, en les maintenant et en les défendant le cas échéant, chez nous comme chez les autres. La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent. Montesquieu PROBLÉMATISATION Comment s’assurer de la moralité de nos actions ? DÉFINITION Le devoir est le résultat d’une libre acceptation de la conscience humaine, il n’est pas une contrainte extérieure mais une obligation intérieure. QUESTIONS Que dois-je faire ? « Mon devoir, par respect pour la loi morale. », Kant. « Le devoir est la nécessité d’accomplir une action par respect pour la loi. »Emmanuel Kant - Y a-t-il un devoir de désobéissance ? Des actes apparemment contraires à la morale peuvent s’avérer plus moraux que la morale ellemême. Par exemple, il est de notre devoir de résister à l’oppression(cf de Gaulle en juin 40). - Y a-t-il un mauvais usage du devoir ? Justifier un crime par le respect du devoir est une imposture intellectuelle. C’est réduire le devoir à du formel, alors que le vrai devoir est incarnation de l’impératif moral kantien. Faire son devoir, soit, mais en ayant le sentiment de ne pouvoir transiger avec soi-même et d’accomplir une chose parfaitement légitime quelles qu’en soient les conséquences. « Fais ce que dois, advienne que pourra » Emmanuel Kant PROBLÉMATISATION Comment concilier bonheur et réalité ? DÉFINITION Activité spirituelle par laquelle l’homme atteint la plénitude, c’est-à-dire la coïncidence avec soi-même ; en ce sens, le bonheur n’est pas une simple satisfaction statique. QUESTIONS - Que désigne le bonheur ? Chaque homme veut être heureux, mais le bonheur de l’un n’est pas forcément celui de l’autre. « N’est-il vrai que, nous autres hommes, désirons tous être heureux » Platon Peut-on atteindre le bonheur ? Oui, à condition de viser un bonheur à dimension humaine. Placer le bonheur dans le fait d’obtenir tout ce que l’on désire conduira fatalement à la frustration. - Le bonheur n’est-il qu’un idéal ? Le bonheur est certes un idéal visé par l’homme, mais il ne doit pas se limiter à cela. L’amour de la vie peut constituer une forme très haute de félicité même au milieu des tourments. « Que votre amour de la vie soit votre espoir le plus haut. » Friedrich Nietzsche