Le rôle particulier du dollar dans le SMI depuis la fin de la Seconde guerre mondiale a-t-il favorisé et favorise-t-il encore la croissance et la domination économique des Etats-Unis ? Introduction A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les Etats-Unis se trouvent en charge d'un camp occidental épuisé par la guerre, ruiné, qu'ils vont contribuer à relever. Jusqu'à la fin des années 60, les Etats-Unis exerceront, à travers le plan Marshall par exemple, une sorte d'"hégémonie heureuse" (Raymond Aron); instrument de cette hégémonie, le dollar, plus puissant que jamais, est désormais la véritable monnaie internationale: le système de Bretton Woods consacre cette domination du billet vert. Les années d'après-guerre sont ainsi marquées par cette prééminence américaine. Mais celle-ci est ambiguë: d'abord, l'implantation des multinationales américaines en Europe, le développement du marché des eurodollars, l'apparition surtout de nouveaux concurrents (l'Europe, le Japon) préfigurent un monde multipolaire, d'autant que les performances de ces nouveaux concurrents sont supérieures à celles des industries américaines. Ensuite, les dysfonctionnements du système de Bretton Woods, que J. Rueff et R. Triffin avaient, en leur temps, dénoncés, deviennent patents dès le début des années 60. Aussi, dès qu'apparaîtra, en 1971, le premier déficit commercial important des E.U. depuis 1945, l'équipe Nixon-Connally va adopter une stratégie agressive de reconquête, dont l'instrument sera le dollar. J. Connally le dira sans ambages au reste du monde: "le dollar, c'est notre monnaie et c'est votre problème". Cette nouvelle stratégie inaugurée en 1971, conduira rapidement à la mise en place des changes flottants, et introduira une ère de fluctuations erratiques du dollar, dans laquelle nous sommes toujours. La crise contemporaine, née aux Etats-Unis, pose la vieille question, qui se posait déjà dès 1944, avec une actualité nouvelle: la place particulière du dollar dans le SMI a favorisé et favorise encore la croissance et la domination économique des Etats-Unis ? Nous tenterons de répondre à travers la problématique suivante: la période qui s'ouvre en 1944 marque la prééminence du dollar au sein d'un S.M.I. entièrement dominé par les Etats-Unis: le dollar est conçu comme l'instrument du leadership américain (1ère partie). Après 1979, mise en place d'une politique de dollar fort, qui illustre la volonté des Etats-Unis de s'affranchir de la contrainte extérieure au détriment de l'économie mondiale (2ème partie). Enfin, depuis 1985, le dollar continue d'exercer une domination contestée face à la mondialisation, au retour de crises financières récurrentes et une multipolarisation croissante de l'économie mondiale (3ème partie). I. De 1944 à 1971, le dollar au cœur du S.M.I. de Bretton Woods favorise dans un premier temps les Etats-Unis mais ne peut empêcher l'apparition des concurrents européens et japonais. A. Les accords de Bretton Woods consacrent le leadership américain: le dollar est l'instrument de la puissance. Points clé à traiter: - traiter rapidement du contexte: volonté des Etat-Unis d'assumer un leadership, volonté de tirer les conséquences de l'entredeux-guerres ... La victoire du plan White illustre la volonté hégémonique des Etats-Unis. - présenter rapidement le fonctionnement du système de Bretton Woods. B. Le fonctionnement du système: du dollar roi à la crise de confiance. Montrer ici les deux étapes de l'évolution du système de B. W.: jusqu'en 1958, dollar roi, et "fringale de dollars", de 1958 à 1971, dégradation du système. Il faut particulièrement insister sur le principe N – 1 et le mécanisme du benign neglect qui permet aux Etats-Unis de financer leur croissance à crédit, notamment le financement des IDE. Mots Clé: dilemme de Triffin - J. Rueff - Guerre du Vietnam - eurodollars Bilan global: le dollar a favorisé certainement les Etats-Unis en termes de domination, c'est moins évident en termes de croissance. En effet, les Etats-Unis ont continûment perdu du terrain face à l'Europe et au Japon: expliquer ce points en comparant taux de croissance, productivité du travail (épuisement du régime d'accumulation intensive fordiste aux EU), place dans le commerce international (montée des FMN japonaises à la fin des années 1960). II. De 1971 à 1985: avec le passage aux changes flottants, le dollar continue de rester au centre de l'économie mondiale. - A. Les faits l'abandon du système de Bretton Woods en 1971 la dérive du système vers les changes flottants, qui fonctionnement de facto dès 1973 (expliquer ici les accords de Washington et leur portée). les changes flottant sont officialisés en 1976 (accords de la Jamaïque). B. De 1979 à 1985: une politique de dollar fort qui illustre la volonté des Etats-Unis de poursuivre dans la voie de l'affranchissement de la contrainte extérieure au détriment de l'économie mondiale. Expliquer ici les points essentiels de la politique reagannienne: l'irrésistible montée du dollar conséquence du monétarisme. Points essentiels: Volcker, inflation mal suprême de l'économie, montée des taux d'intérêt ... Mais montrer aussi les contradictions internes de cette politique entre monétarisme et économie de l'offre, contradictions menant à la véritable explosion du déficit budgétaire. Or, la situation des Etats-Unis est telle qu'ils peuvent se permettre une telle dérive en raison du processus de polarisation des flux financiers internationaux (à expliquer soigneusement). Ainsi, les Etats-Unis sont affranchis de toute contrainte: d'où un endettement considérable, aux bons soins des générations futures, et qui généralise les taux d'intérêt élevés à l'échelle de la planète. Les effets sur l'économie mondiale: 3 points à privilégier: - la crise de la dette des pays du Tiers Monde, à illustrer par le cas mexicain - la croissance mondiale brisée de 1979 à 1982 (le cas français de 1981 montre bien ce qui se passe) - les débuts d'une vaste financiarisation de l'économie mondiale III. Depuis 1985, une tendance à une relative stabilisation monétaire dans le cadre d'une économie mondialisée, mais qui connaît par contre une multiplication de crises financières: le retour à une forme de régulation concertée des changes ne marque-t-elle pas la fin de l'hégémonie monétaire américaine ? A. La situation depuis 1985 - - - - Explication et portée des accords du Plazza et du Louvre : ici, traiter de la théorie des zones-cibles de manière précise et détaillée. Illustrer l'évolution à partir du triangle des incompatibilités de Mundell et Fleming (ne pas se contenter d'une simple citation). La domination du dollar renforcée par la grande phase de croissance 1995 – 2000: place du dollar se maintient dans les échanges, en tant que monnaie de réserve et d'émission de titres malgré la concurrence de l'euro. Mais la période est marquée par un véritable changement de paradigme: les crises semblent s'être déplacées de la sphère monétaire vers la sphère financière: à illustrer rapidement par la crise actuelle en remarquant bien le faible impact de la crise sur les fluctuations des monnaies. B. La domination du dollar est désormais contestée. Malgré les difficultés de l'économie américaine (persistance des déficits jumeaux, concurrence de l'économie chinoise dopée par un yuan faible …), la domination monétaire des Etats-Unis reste considérable: les pays sont contraints de s'aligner sur les taux d'intérêt américains, quelles qu'en soient les conséquences en matière d'emploi...L'économiste Ch. de Boissieu résume bien la situation:"depuis 15 ans le dollar est contesté sans être remplacé ... il restera la monnaie internationale, qui s'appuie sur deux béquilles, le yen et l'euro."1 La montée des risques liés à la financiarisation de l'économie. C'est une des conséquences majeures de l'évolution du dollar pour l'économie mondiale. Les flux de capitaux sont désormais "hors contrôle", puisque les flux spéculatifs dépassent les règlements commerciaux dans un rapport de 1 à 50 ! Les Etats-Unis apparaissent comme "le pivot de l'extraordinaire pyramide des crédits internationaux".2Les risques pour l'économie sont considérables; pour reprendre l'image de la théorie du chaos, un bruissement d'aile de papillon (la crise de l'immobilier américain), déclenche un cyclone (la plus garve crise financière mondiale depuis 1929)! L'euro a du mal à s'imposer en tant que monnaie de réserve (expliquer pourquoi, et notamment les difficultés de la construction européenne, les limites du Pacte de stabilité …), et en tant que monnaie de facturation. C. Cette contestation du dollar est visible à travers les projets de rénovation du SMI Les débats actuels autour de la réforme du SMI montrent bien cette contestation du rôle central du dollar: - Idée du retour à l'étalon-or (mais le remède serait peut-être pire que le mal …). Cette "relique barbare" (Keynes) favoriserait certainement la stabilité monétaire et une meilleure neutralité, mais au prix de tensions déflationnistes. Les leçons de l'histoire sont là pour être apprises. - Faire du DTS le pivot d'un nouveau SMI, ce qui suppose une marginalisation du dollar. - Un renforcement de la coopération internationale, mais qui obligerait les Etats-Unis à faire des concessions. ------------------------------------------------- 1 2 Ch. de Boissieu Monnaie monnaies 1994 H. Bourguinat, L'économie mondiale à découvert 1985