Bakir FARHI Les nombres parfaits
D´efinition 3. Un entier strictement positif est dit abondant (Y
K@
P)si la somme de tous ses
diviseurs propres est strictement sup´erieure `a lui mˆeme. Math´ematiquement, on a :
n∈N∗est abondant d´ef
⇐⇒
d/n
d̸=n
d > n.
Par exemple, le nombre 12 est abondant car ses diviseurs propres sont 1, 2, 3, 4 et 6 et
on a bien 1 + 2 + 3 + 4 + 6 = 16 >12.
Faisons remarquer que ces trois d´efinitions se compl`etent, c’est-`a-dire que tout entier
strictement positif est ou bien parfait, ou bien d´eficient, ou bien abondant.
Les propri´et´es suivantes sont imm´ediates :
•Tout diviseur d’un nombre d´eficient est d´eficient.
•Tout multiple d’un nombre abondant est abondant.
•Tout diviseur propre d’un nombre parfait est d´eficient.
•Tout multiple propre d’un nombre parfait est abondant.
La deuxi`eme propri´et´e (et la quatri`eme aussi) montre qu’il existe une infinit´e de nombres
abondants. D’autre part, tout nombre premier (et mˆeme toute puissance d’un nombre premier)
est d´eficient ; d’o`u l’existence d’une infinit´e de nombres d´eficients. En revanche, pour les nombres
parfaits, on ne sait toujours pas s’il y en a une infinit´e ou non (voir plus loin).
Historiquement, les nombres parfaits sont apparus pour la premi`ere fois `a l’´ecole py-
thagoricienne (vers 500 Av J.C) chez laquelle les nombres sont sacr´es (c’est `a Pythagore que
l’on doit la citation “tout est nombre”). C’est cette ´ecole grecque, `a la fois philosophique et
math´ematique, qui a attribu´e `a ces nombres la qualit´e de perfection. L’essentiel de cette phi-
losophie arithm´etique des nombres parfaits est expos´e par le n´eo-pythagoricien Nicomaque
de G´erase (vers l’an 100 ap J.C) dans son ouvrage intitul´e “Introduction Arithm´etique”. Ce-
pendant, les traditions n´eopythagoricienne et euclidienne sont compl`etement diff´erentes, ´etant
donn´ee que l’euclidienne est fond´ee sur des raisonnement rigoureux alors que la n´eopythagori-
cienne est fond´ee sur l’intuition et l’exp´erience. Ainsi, dans l’ouvrage de Nicomaque, rien n’a
´et´e d´emontr´e 1et on en trouve mˆeme des propositions erron´ees ! `
A titre d’exemple, Nicomaque
´enonce qu’il existe un unique nombre parfait dans chaque rang d´ecimal (c’est `a dire dans chaque
intervalle du type [10n,10n+1[). Pour convaincre, Nicomaque fait constater que sa proposition
est, en effet, vraie pour les 4 premiers rangs (il existe un unique nombre parfait compos´e d’un
chiffre, un unique nombre parfait compos´e de deux chiffres, un unique nombre parfait compos´e
de trois chiffres et un unique nombre parfait compos´e de quatre chiffres) et il conclut (par
induction incompl`ete) qu’elle reste vraie pour tous les rangs ! Ce n’est qu’un mill´enaire (envi-
ron) apr`es Nicomaque que certains math´ematiciens arabes (comme al-Baghdadi) ont r´efut´e la
proposition de Nicomaque en signalant qu’elle tombe `a d´efaut pour le cinqui`eme rang.
Influenc´es par l’ouvrage de Nicomaque, certains hommes de religions monoth´eistes ont
r´ecup´er´e et ont d´evelopp´e la philosophie n´eopythagoricienne des nombres parfaits. Selon eux,
1. Sauf quelquefois en utilisant des figures g´eom´etriques.
c
⃝Bakir FARHI 2