« pour mémoire » l n°6 été 2009
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(Collection Christian Queffélec)
Grand magasin Fair Chicago,
construit en 1890-91 par William Le
Baron Jenney.
Jenney construisit, en 1890-91, The
Fair, l’un des plus grands magasins
de Chicago. Avec cet immeuble de
huit étages, donnant sur les rues
Dearborn, Adams et State, il revint
à son principe de faire de l’ossature
le facteur déterminant du projet.
Les deux premiers étages du Fair
consistent presque entièrement en
surfaces vitrées, ensuite, Jenney
a voulu jouer sur des coupures
successives de la façade par des
horizontales et des successions
d’ordres, tout en maintenant un
ordre colossal.
se sont élaborées au cours des dernières
décennies visant à donner une impression de
confort mais aussi de dépaysement. Dans ce
groupe, on trouve notamment des bâtiments
de 90 à 150 mètres de hauteur, s’élevant
un peu partout, mais surtout dans les villes
européennes ou les centres historiques des
villes américaines, notamment à New York,
qui s’inscrivent dans une politique de réha-
bilitation urbaine des quartiers centraux, de
remise en valeur de parcelles datant du XVIIIe
et du XIXe siècles et peu compatibles avec les
besoins actuels et de création de nouveaux
repères urbains servant à restructurer des
extensions autour de la ville ancienne. Les
modalités formelles sont variées. Cependant
les langages ne renoncent pas à un affi chage
immédiatement repérable, caractérisé par
des revêtements visant à créer une icône
ou une forme à forte charge sémantique.
Londres, Vienne, Milan, Barcelone se distin-
guent par le choix de confi guration et par les
emplacements particuliers donnés ces nou-
veaux géants. Il reste ensuite un ensemble de
tours plus conventionnelles, qui se veulent
des réponses fonctionnelles à des besoins en
surfaces de logement ou de bureaux, et qui
ont tous les caractères de la production de
masse. Dans les années 1990, il est devenu
clair que pour préserver la terre arable
nécessaire pour nourrir les populations du
Tiers-monde et d’Extrême-Orient en pleine
croissance, il faudra concentrer celle-ci dans
des villes constituées d’une multiplication
de bâtiments de grande hauteur. La tour est
alors sensée économiser le sol.
Il se construit également des bâtiments
de petites et de très petites dimensions,
qui affi rment une certaine verticalité pour
constituer un événement dans un épan-
nelage urbain assez bas. Il s’agit souvent de
bâtiments innovants et singuliers, objets de
virtuosité créative aux connotations variées :
jeux de spatialité et de texture, jeux métapho-
riques des règnes naturels, surtout minéral
et végétal, jeux de soustraction allant jusqu’à
l’immatérialité, avec quelques retours au
passé. Le complexe Al Faisaliah, construit par
Norman Foster à Riyad en 2000, en est un
exemple. Avec sa forme effi lée originale et
emblématique, il est l’un des premiers d’Ara-
bie Saoudite. Plurifonctionnel, il constitue
une sorte de cité autonome à l’intérieur de
la cité. De plan carré, avec sa forme de pyra-
mide dont les arrêtes sont bombées, avec sa
sphère en partie haute, il est vite devenu un
repère dans la ville.