Mise au point
Mise au point
28
Placebo
800 mg
1 200 mg
1 600 mg
0,8
1,0
Survie sans récidive de FA
0,6
0,4
0,2
0,0
0 30 60 90 120 150 180 Jours
Figure 5. Étude DAFNE : eets-doses sur la prévention de la FA.
D’après (14).
La Lettre du Cardiologue - n° 411 - janvier 2008
Il n’y a pas d’arguments en revanche pour des effets thyroïdiens,
hépatiques ou pulmonaires de la dronédarone.
LES ÉTUDES CLINIQUES AVEC LA DRONÉDARONE
Cinq études cliniques ont été réalisées, comportant un total de
2 000 patients. Quatre ont évalué l’efficacité et la tolérance de la
dronédarone dans la FA (41-45). La cinquième (ANDROMEDA)
a évalué l’efficacité de la dronédarone sur la morbimortalité
dans l’insuffisance cardiaque sévère (46). Une sixième étude
(ATHENA), portant sur plus de 4 500 patients, analyse l’effica-
cité de la dronédarone dans la morbimortalité de la FA à haut
risque ; elle est toujours en cours. En revanche, il n’y a toujours
pas d’études comparant, dans la prévention des récidives de FA,
la dronédarone à l’amiodarone, dont l’efficacité est remarquable
parmi les antiarythmiques (1, 2).
L’étude DAFNE : choix de la dose dans la FA persistante
(14)
Cette étude de phase II a porté sur 270 patients, divisés en quatre
groupes : un groupe témoin et trois groupes recevant la droné-
darone, à la posologie de 400 mg 2 fois par jour, 600 mg 2 fois
par jour et 800 mg 2 fois par jour respectivement. Les patients
étaient en FA persistante et bénéficiaient d’une cardioversion
électrique après 5 à 7 jours si la cardioversion n’était pas obtenue
sous dronédarone. Les patients étaient ensuite suivis pendant
6 mois, et le critère d’évaluation était le temps de survenue de
la première récidive de FA.
Sous dronédarone 800 mg (400 mg x 2/j), le temps de survenue de
la FA augmentait de façon significative, jusqu’à une médiane de
60 jours, versus 5,3 jours dans le groupe placebo (p = 0,001). En
revanche, les posologies supérieures, de 1 200 à 1 600 mg de droné-
darone, ne se sont pas révélées plus efficaces et ne montraient
pas de différences par rapport au groupe témoin (figure 5). Le
taux de cardioversion médicamenteuse était faible et concernait
5,8 % à 14,8 % des patients selon les doses, mais la différence était
significative versus le groupe témoin (p = 0,026).
Il n’y a pas eu d’effet proarythmique et notamment pas de torsades
de pointes. L’augmentation de l’intervalle QT n’a été démontrée
qu’avec la posologie de 1 600 mg/jour. Parmi les effets indési-
rables, les troubles digestifs ont été importants dans le groupe
traité avec la dose forte de dronédarone (1 600 mg) et ont entraîné
son arrêt chez 23 % des patients versus 4 % dans le groupe rece-
vant 400 mg 2 fois par jour. Au décours de cette étude, la dose de
800 mg par jour administrée en deux prises a donc été retenue
pour les études ultérieures avec la dronédarone.
Les études EURIDIS et ADONIS : prévention de la FA,
paroxystique et persistante (41-42)
Les deux études sont identiques, portant chacune sur plus de
600 patients, selon un protocole semblable, EURIDIS étant une
étude européenne (612 patients), et ADONIS une étude améri-
caine (625 patients). En tout, 1 237 patients ont donc été étudiés.
Ils ont reçu la dronédarone (400 mg x 2/j) ou un placebo selon une
randomisation 2 pour 1. Était inclus tout patient ayant présenté au
moins un épisode de FA paroxystique ou persistante documenté
par un ECG dans les 3 mois précédents. Le critère d’efficacité était
le délai de survenue du premier épisode de récidive de FA, sur un
suivi d’un an. Ces épisodes étaient rigoureusement dépistés, grâce
à l’utilisation d’un boîtier de transmission transtéléphonique de
l’ECG, lors de l’apparition de tout symptôme et systématiquement
à intervalles réguliers. Un tracé ECG (12 dérivations ou trans-
téléphonique) était recueilli 15 fois pendant 1 an : 6 fois pendant
le premier mois, puis tous les mois pendant les 6 mois suivants ;
enfin, tous les 2 mois jusqu’à 1 an. La récidive était définie par un
épisode durant plus de 10 mn, grâce à deux tracés consécutifs.
La population étudiée était relativement jeune (âge moyen de
62 ans pour EURIDIS et 64 ans pour ADONIS). Seuls 10 %
(EURIDIS) et 17 % (ADONIS) des patients avaient plus de
75 ans, et 30 % étaient des femmes. La FA était paroxystique
pour la majorité des patients (63 % pour EURIDIS et 78 % pour
ADONIS). Même si la fraction d’éjection ventriculaire gauche
était en moyenne normale (59 %), la majorité des patients étaient
porteurs d’une cardiopathie – cardiopathie hypertensive pour
plus de la moitié d’entre eux (58 à 62 %), mais aussi ischémique,
valvulaire ou idiopathique. Ainsi, la majorité des patients recevait
bêtabloquants, digitaliques ou antagonistes du calcium brady-
cardisants, respectivement chez 60 %, 22 % et 10 % des patients
EURIDIS, et chez 51 %, 39 % et 29 % des patients ADONIS.
La dronédarone a permis une prévention des récidives de la FA
paroxystique ou persistante, avec un délai médian de récurrence
passant de 59 à 158 jours dans ADONIS et de 41 à 96 jours dans
EURIDIS (figure 6). Le bénéfice relatif était donc de 28 % et de
22 % respectivement (0,001 < p < 0,01). Le bénéfice était tout
aussi significatif sur la FA symptomatique (p = 0,02 et 0,005
respectivement). Deux autres critères d’efficacité secondaire
ont été mis en évidence dans ces études :
– une diminution de la fréquence ventriculaire lors des récidives
de FA, la fréquence moyenne passant de 116 à 104 battements/mn
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