CABINET Forum Med Suisse No27 3 juillet 2002 657
nients le problème de l’allergie au latex et leur
surface relativement rugueuse associée avec
une tendance plus élevée d’incrustation. Les
cristaux précipitant dans la vessie se déposent
plus facilement sur la surface des cathéters en
latex que sur la surface plus lisse des cathéters
en silicone. C’est pour cette raison qu’il ne faut
pas laisser un cathéter en latex plus de deux
semaines en place. Les cathéters en silicone ont
la plus faible tendance d’incrustation et se prê-
tent donc comme cathéters de longues durées
(durée en place en règle générale de 2 mois). Ils
ont comme inconvénient une certaine rigidité
dont se plaignent certains patients. Les cathé-
ters en latex recouverts sur leur surface externe
et interne sont un compromis utile. Ces cathé-
ters «silico-latex» sont souples comme les
cathéters en latex mais ne sont grevés ni par
l’inconvénient des incrustations précoces ni
par celui des allergies au latex. Les cathéters
souples ont en général une pointe droite (Nela-
ton).
Enfiler la sonde vésicale
La pose du cathéter demande plus d’adresse
chez l’homme en raison de ses particularités
anatomiques. L’urètre masculin, de 20–30 cm
de long, comporte physiologiquement deux
coudes, au passage du pénis à la partie bul-
beuse de l’urètre et au passage de l’urètre bul-
beux à l’urètre membraneux (fig. 2). Le premier
coude peut être levé en soulevant et étirant le
pénis verticalement, le deuxième coude se
laisse habituellement passer sans problème
avec un cathéter souple ou rigide avec une
pointe recourbée de Tiemann. Si l’on rencontre
une résistance au niveau du plancher pelvien,
il vaut la peine d’essayer d’enfiler le cathéter en
ramenant le pénis à l’horizontale tout en conti-
nuant de l’étirer ou de repousser la pointe du
cathéter ventralement avec un touché rectal.
L’emploi d’un cathéter plus épais de calibre
(Charrière 18–20) est souvent utile si le cathé-
ter se bloque dans une partie prostatique. Rap-
pelons encore une fois que l’emploi de la force
est interdit. En l’absence de déformation des
voies urinaires inférieures, la pose d’un cathé-
ter est sans problème chez la femme après
avoir sondé le méat externe de l’urètre.
Pousser encore le cathéter de 3 cm après le
début de l’écoulement de l’urine avant de gon-
fler le ballonnet avec 10 mL. Puis appliquer une
traction douce sur le cathéter jusqu’à rencon-
trer la résistance élastique du col vésical. Une
fixation supplémentaire avec un fil suturé ou
un pansement fixateur n’est pas nécessaire
avec les cathéters avec ballonnet. Il ne faut pas
oublier de replacer la peau retroussée sur le
prépuce en raison du risque de paraphimosis.
Remplissage du ballon de la sonde
vésicale
Le choix du liquide de remplissage du ballon du
cathéter fait toujours l’objet de discussions [5].
Ceci est dû aux problèmes possibles comme le
dégonflement spontané du ballonnet par diffu-
sion ou l’obstruction du canal du ballonnet. La
paroi du ballon se comporte comme une mem-
brane semi-perméable a travers laquelle l’eau
diffuse en fonction du gradient osmotique. C’est
pourquoi les ballons se dégonflent en quelques
semaines s’ils sont remplis avec de l’eau distil-
lée. Le canal des ballons ne s’obstrue en géné-
ral pas en raison de la cristallisation de la so-
lution salée. Cette complication est rare si l’on
emploie une solution de NaCl physiologique.
Cette solution est donc habituellement préférée
en raison du dégonflement du ballon plus lent.
Il convient donc de vérifier le volume de NaCl
physiologique contenu dans les ballons toutes
les 4 semaines chez les porteurs de sondes à
demeure. Une solution de 10% de glycérine
peut être également utilisée pour maintenir le
ballonnet gonflé chez les porteurs de sondes
à demeure.
Les soins de cathéter
Les sondes à demeures entraînent l’apparition
d’une bactériurie dans les 15 à 30 jours malgré
toutes les mesures préventives, mais qui n’en-
traîne pas d’infection cliniquement significative
tant que l’urine et les sécrétions peuvent s’écou-
ler librement [1–3]. Une diurèse d’au moins
1,5 litre par jour est nécessaire pour un rinçage
suffisant du cathéter et pour empêcher autant
que possible les dépôts de cristaux ou de
mucus. Les rinçages du cathéter ne sont pas
nécessaires lors de diurèse suffisante. Le net-
toyage du méat externe de l’urètre deux fois par
jour permet l’écoulement libre des sécrétions
autour du cathéter et diminue le risque d’in-
fections ascendantes le long de la membrane
muco-purulente. Il n’est pas nécessaire d’em-
Figure 2.
Cathétérisme trans-urétral.
1. Partie pendulans de l’urètre
2. Partie bulbeuse de l’urètre
3. Partie membraneux de l’urètre
[De: Rutishauser G. Basiswissen
Urologie. Berlin, Heidelberg:
Springer; 1998.
Reproduction avec l’aimable
autorisation des Editions.]
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