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d’opérateurs, de la confidentialité de certaines données, de la complexité technique des évaluations et
de l’imprécision des définitions internationales. Avec de telles variables, il devient aisé, pour les pays
producteurs comme pour les compagnies privées, de manipuler les chiffres en fonction de leurs objectifs
afin d’entretenir un flou permanent et trompeur. Il est également possible de donner l’impression que les
découvertes ne cessent d’augmenter, alors qu’elles diminuent depuis plus de quarante ans. Depuis les
années 1980, le monde consomme chaque année plus de pétrole qu’il n’en découvre, ce qui signifie que
depuis cette période l’industrie pétrolière puise dans ses stocks. L’augmentation récente des réserves
mondiales est due à l’intégration, dans les estimations, des pétroles extra-lourds du Canada (sables
bitumineux) et du Venezuela connus de longue date. Plus de 330 Milliards de barils ont ainsi été ajoutés
aux réserves prouvées depuis 1999, sans qu’il s’agisse de nouvelles découvertes et malgré le fait que
ces hydrocarbures ne puissent être considérés techniquement comme du pétrole brut conventionnel. Par
ailleurs, la quasi-totalité des nouvelles découvertes a lieu dans des zones maritimes profondes, impli-
quant des coûts de production et d’investissement très élevés ainsi que des risques environnementaux
largement accrus.
Partout, les meilleurs gisements sont déjà exploités, à l’exception de l’Irak où c’est l’instabilité poli-
tique qui freine leur développement. Avec une précision de l’ordre de ±20 %, nous pouvons dire que les
réserves pétrolières restantes (2P) peuvent être évaluées à 1000 Gb, auxquelles s’ajoutent 500 Gb de
pétroles extra-lourds.
Les sociétés industrielles sont aujourd’hui confrontées à la question des capacités de production, qui
a jadis permis de réguler le prix du pétrole. Historiquement, la capacité de production mondiale est
d’abord maitrisée par les Etats-Unis jusqu’en 1971, période durant laquelle ils doivent se rendre à l’évi-
dence : ils ne sont plus en mesure d’augmenter la production nationale, leur pic pétrolier est dépassé.
Les pays de l’OPEP prennent le relais, allant jusqu’à décider du prix de vente au cours de réunions. La
véritable prise de conscience internationale de la vulnérabilité des pays importateurs remonte aux deux
premiers chocs pétroliers de 1973 et 1979, que l’on peut qualifier de «chocs de l’offre». C’est à cette
période que l’Agence Internationale de l’Energie est créée et des stocks stratégiques sont mis en place
dans les pays de l’OCDE. Entre 2004 et le choc pétrolier de 2008, la production mondiale reste étonnam-
ment stable malgré un prix du baril qui sera multiplié par trois.
Cela montre deux choses : d’une part, le choc pétrolier n’est pas lié à une baisse de la production,
contrairement aux deux chocs précédents et d’autre part, les producteurs n’ont pas été capables d’aug-
menter la production pour stopper l’escalade des prix. Ce choc sera qualifié de «choc de la demande».
Note : Ce rapport ainsi que les rapports annexes sont disponibles en téléchargement à l’adresse
http://www.peakoil-europaction.eu/