solidarité et les droits de l'homme et que le bien être de tous dépend de l'expansion du commerce
mondial.
Comme dans le rapport RIO, on suppose quelques taxes internationales sur le commerce et les
armements et on affirme l'importance de l'identité culturelle. Le rapport admoneste les pays du nord
pour qu'ils accroissent leurs contributions au développement mais on n'interpelle pas les
gouvernements des pays du sud alors que la misère de beaucoup de leurs populations a des causes
internes. De plus il ignore les pistes du développement autocentré.
La fin des illusions et les impasses
Ce rapport ne fait que révéler l'esprit du temps et les désillusions du tiers-mondisme.
A la fin des années 70, une partie importante des populations du sud glissait vers la pauvreté
absolue et le nord se refusait à changer quoi que ce soit des structures internationales. Il marque la
fin d'une époque où on espérait agir sur les causes du sous-développement. Face à cette impasse, on
a eu recours à l'appel à la morale, aux droits de l'homme, à la solidarité, la générosité, c'est à dire
aux valeurs dont se prévalent les pays industrialisés ; on multipliera alors les aides palliatives qu'on
qualifiera plus tard d'humanitaires.
La politique des droits de l'homme
L'approche des « besoins fondamentaux ».
En 1972, robert Mc Namara brossa à la Banque mondiale un tableau dramatique de la condition des
pays du sud, incapables de prendre leur destin en main, faute de pouvoir satisfaire leurs besoins les
plus essentiels. Pour y faire face, il faut donc accroître l'aide publique au développement et veiller à
ce qu'elle atteigne véritablement les plus pauvres.
Chacun doit pouvoir manger, se loger, se vêtir, disposer d'un environnement sain pour trouver un
emploi, gagner sa vie et recevoir une certaine formation. Ces besoins fondamentaux, « invariants »
de la nature humaine ne doivent – ils pas constituer les priorités du développement ?
Cette approche des « besoins fondamentaux » repose sur des bases théoriques plus que fragiles ; elle
est un cas d'école pour comprendre comment se structure le champ idéologique du
« développement », en dehors de toute incidence sur les conditions de vie des populations les plus
exploitées. Elle connut une vogue certaine, partagée par les institutions internationales et les ONG.
A la conférence mondiale de l'emploi, l'OIT proclama que les besoins fondamentaux, … se
composent de deux éléments : le minimum d'une consommation individuelle d'une famille :
alimentation, logement, habillement et les services de base servis par la collectivité, eau potable,
sanitaire, transports publics, santé, instruction et activité culturelle.
Une évidence trompeuse
L'approche des besoins fondamentaux s'appuie sur une évidence : il faut manger pour vivre, une
certitude difficile à mettre en question dont la définition aboutissait parfois à un portrait robot de
l'homme occidental plus qu'à celui d'un paysan du tiers monde. Ces naïvetés bureaucratiques sont
significatives des impasses quand des « évidences » constituent le point de départ du raisonnement.
L'anthropologie montre pourtant que le minimum vital humain n’existe pas dans toutes les sociétés ;
c'est le prélèvement du « luxe » qui détermine négativement le niveau de vie et non l'inverse. Le
seuil de survie n'est jamais défini par le bas mais par le haut : « Avant de se loger, il faut construire
le temple. »
Cette approche repose sur une perspective naturalisante du social alors que la référence à une
hypothétique nature humaine est d'un faible secours pour comprendre la manière dont vivent les