Officiel Santé •
juin
/juillet 2010 • 5
based, sont dans ce domaine très fré-
quentes. Cela génère une hétérogénéité
importante surtout pour les doses utilisées
en post-partum.
Via des travaux récemment publiés, on
commence cependant à avoir des connais-
sances plus précises sur les modalités opti-
males de déclenchement du travail par ocy-
tocine et celles d’augmentation des doses et
ainsi pouvoir répondre à des interrogations
sur la vitesse à laquelle les doses d’ocyto-
cine doivent être augmentées, le temps
séparant les paliers ou encore le moment
optimal pour introduire l’ocytocine en cours
de travail, ces problématiques ayant été
jusqu’à présent traitées de façon purement
empiriques. Un gros travail d’évaluation
reste cependant à faire dans ce domaine ».
Un questionnement permanent qui touche
l’ensemble des acteurs du monde médical.
Le Pr Vassilis Tsatsaris, dans son service,
explique
« Avant l’accouchement, pour le
déclenchement du travail ou pour diriger le
travail on utilise une ampoule de 5 UI de
syntocinon qui est diluée dans un flacon de
500CC de sérum glucosé que l’on admi-
nistre avec une pompe à un débit de
5ml/heure à 120 ml/heure.
Il existe une grande hétérogénéité dans la
manière de prescrire le syntocinon. Cer-
tains le prescrivent, dans des pompes
mécaniques, d’autres par un système de
Dial-a-flow qui est moins précis et d’autres
l’utilisent en seringue électrique. Il y a donc
d’importantes variations de prescription qui
peuvent malheureusement être source
d’erreurs de posologie. Nous devons tou-
jours être vigilants car une simple erreur
de débit peut avoir d’importantes consé-
quences sur le bien-être fœtal.
Pendant l’accouchement par les voies natu-
relles une injection de 5 à 10 unités de syn-
tocinon est réalisée en IVD lente au moment
du dégagement des épaules, c’est la déli-
vrance dirigée. Par ailleurs, en cas d’hémor-
ragie de la délivrance les premières mesures
thérapeutiques comprennent une injection
de syntocinon IVD avec un relai IVL (10 uni-
tés dans un litre) en perfusion à débit lent
sur quelques heures ».
Officiel Santé: L’efficacité de syntocinon
est reconnue, que pouvez vous en dire?
« En effet l’efficacité du syntocinon est
reconnue. C’est le traitement de première
ligne pour le déclenchement avec col favo-
rable et pour l’hémorragie de la délivrance »
précise
le Pr Tsatsaris
Officiel Santé : De par sa longue expé-
rience, peut-on aujourd’hui parler de
« produit de Référence »?
Pour le Dr Elie Azria le constat est clair:
« Oui, incontestablement. C’est un produit
de référence déjà du simple fait qu’il est
un analogue de l’ocytocine naturelle. De
plus, il n’y a pas d’autres molécules,
si ce n’est dans une seule indication
qui est la prévention de l’hémorragie
après post-partum après césa-
rienne. Il s’agit d’une molécule qui
à une structure légèrement dif-
férente de l’ocytocine qui lui
confère une demi vie plus
longue. Cette molécule est
cependant beaucoup plus chère
et n’a pas pour l’instant démon-
tré une quelconque supériorité
sur le syntocinon ».
Officiel Santé : Qu’en est-il de sa
tolérance?
Dr Elie Azria rappelle ses effets secon-
daires:
« C’est un médicament qui
peut induire un certain nombre
d’effets indésirables, qui sont plus
de l’ordre du désagrément. Il
s’agit notamment des nausées
et des vomissements. Cela est
pour beaucoup lié aux modalités
d’utilisation; quand nous l’admi-
nistrons rapidement, ses effets sont plus
importants qu’en perfusion lente. L’ocyto-
cine peut aussi induire des troubles du
rythme cardiaque maternel, mais ceux ci
restent assez rares.
Il y a un effet secondaire qui mérite d’être
signalé, il est assez rare mais de part la
structure de l’ocytocine, nous avons une
molécule qui est très proche d’une autre
hormone qui s’appelle la vasopressine et
qui a un effet antidiurétique. Lorsque l’ocy-
tocine est utilisée à des doses importantes,
celle ci peut provoquer un effet antidiuré-
tique et provoquer une « intoxication à
l’eau » avec des hyponatrémies voire même
avec des conséquences chez le nouveau né.
C’est un effet secondaire sur lequel il faut
sensibiliser les utilisateurs ».
Le Pr Vassilis Tsatsaris nuance et poursuit:
« La tolérance est habituellement bonne.
Avant la naissance la tolérance maternelle
est bonne. C’est la tolérance fœtale qui peut
être moins bonne. Un débit trop important
peut être responsable d’hypertonie et/ou
d’hypercinésie utérine, ce qui peut com-
promettre les échanges entre la circulation
maternelle et fœtale et être responsable de
troubles d’oxygénation du fœtus et d’ano-
malies du rythme cardiaque fœtal. Cela
implique une surveillance très rigoureuse
et continue du rythme cardiaque fœtal, et
une rigueur très stricte dans la manière de
prescrire le syntocinon.
Apres la naissance, le syntocinon est parfois
administré en IV ce qui peut être respon-
sable de douleurs au niveau de la perfusion
et parfois des hypotensions maternelles ».
Officiel Santé: peut-on parler de perspec-
tive d’avenir?
Le Pr Vassilis Tsatsaris conclut sur une
réflexion:
« Il y a des perspectives d’ave-
nir dont l’objectif est d’essayer de modifier
la conformation de la molécule pour modi-
fier la durée d’action du produit. Ainsi cer-
tains laboratoires ont développé des pro-
duits apparentés au syntocinon qui ont une
durée d’action plus longue ce qui pourrait
simplifier l’utilisation en pratique et avoir
une efficacité accrue. Des études sont en
cours pour déterminer le bénéfice de ces
molécules ».
Dr Elie Azria et Vassilis Tsatsaris s’accor-
dent sur l’avenir
:
« C’est une molécule
pour lequel on a trouvé et on trouve
encore un nombre important de vertus.
Elle a été appelé « l’hormone de l’amour »
ou « l’hormone de la sociabilité » du fait
de son implication présumée dans des
mécanismes neuro-psychologiques et a
voir la place de l’ocytocine dans de nom-
breux travaux de neuro-physiologies ou
dans des essais cliniques, il n’est pas
improbable qu’elle puisse à l’avenir entrer
dans la composition de traitement de
maladies neurologiques ou psychia-
triques. Pour revenir au champ qui nous
occupe, celui de l’obstétrique, les pers-
pectives viennent d’évaluations et d’essais
qui permettront de préciser au mieux les
modalités pratiques d’utilisation du Syn-
tocinon dans ses différentes indications »
précise le Dr Elie Azria.
AS.L.