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RAPPORT DE PRESENTATION ETAT INITIAL DE L’ENVIRONNEMENT
44 RAPPORT DE PRESENTATION Etat initial de l’environnement
3. patrimoine naturel et biodiversite
Le Trégor possède une diversité d’espèces exceptionnelle, qui peuplent des espaces
variés : forêts, landes, zones humides, etc. Le tout forme un patrimoine local précieux.
Cette biodiversité fait l’objet d’une attention récente, et la qualité des habitats devient
un objectif de l‘aménagement. Idéalement, un territoire doit viser :
Sa richesse spécifique : un territoire peut présenter une diversité d’espèces plus ou
moins importante. Mais cette diversité n’est pas l’unique but à viser.
L’augmentation de la richesse spécifique traduit parfois la dégradation d’un
écosystème. Par exemple, un apport de gravats dans une lande va augmenter sa
richesse spécifique mais dégrader les équilibres normaux du milieu. Une richesse
spécifique maximale ne coïncide pas nécessairement avec une biodiversité
maximale.
Sa diversité fonctionnelle : chaque espèce, faunistique et floristique, joue un rôle
dans l’équilibre global du milieu. La disparition de l’une d’elles peut par exemple
déstabiliser toute la chaîne alimentaire.
La viabilité de ses peuplements : pour se maintenir une espèce doit présenter un
nombre d’individus suffisant, qui permette d’éviter la consanguinité et préserve
d’un aléa (climatique, pollution, etc.). Or souvent nos espaces sont réduits,
fragmentés, et donc les peuplements également. La connexion des espaces naturels
riches est donc un but en soi. Elle permet le brassage génétique et le maintien des
populations. On dit alors que l’espèce est viable sur un territoire. Une route
infranchissable constitue une rupture de continuité.
La dynamique de ses milieux : tout milieu évolue dans le temps, cette évolution est
normale et positive. Dans une forêt par exemple, lorsqu’une parcelle vient d’être
taillée, apparait une végétation dense de type fourré, avec des espèces qui se
développent grâce au surplus de lumière. En grandissant, les arbres vont assombrir
le milieu et modifier la faune et la flore qui y vivent. Pour que la biodiversité soit
importante, il convient de faire cohabiter ces différents stades de l’évolution sur un
même espace. Quand les prairies initiales commencent à se fermer il est intéressant
d’en ouvrir d’autres. En procédant ainsi, l’espèce qui a besoin de lumière, quand le
milieu va commencer à se fermer, va pouvoir émigrer dans un milieu ouvert plutôt
que disparaître. Le même phénomène vaut pour les zones humides : elles vont petit
à petit s’enfricher pour devenir un bois marécageux. Il est intéressant là aussi
d’adopter une gestion qui fasse cohabiter les différents stades. On parle de
gestion
différenciée
.
La qualité de ses milieux : la qualité physico-chimique des sols et des masses d’eaux
est importante. Les pollutions doivent donc être prévenues, mais aussi l’excès de
nutriments comme les nitrates, qui vont faire pulluler les espèces capables de les
assimiler et déstabiliser l’écosystème. Celles-ci formeront en outre des déchets en se
dégradant.
La prévention des risques mécaniques : un site naturel trop fréquenté va connaître
une érosion préjudiciable à la biodiversité. D’où l’intérêt des aménagements réalisés
sur le grand site de Ploumanac’h.
L’hétérogénéité des espaces : l’équilibre entre les espèces dépend de la variété des
espaces qui cohabitent. Un territoire au bocage dense va ainsi être beaucoup plus
favorable à la biodiversité que de grandes terres ouvertes (
openfields
). Dans
certaines régions, la déprise agricole aboutit à un boisement qui ferme les espaces
de façon excessive. La Bretagne est peu concernée pour le moment, car ses espaces
boisés ne sont pas très importants.
La maitrise des invasions biologiques : plusieurs espèces exotiques, souvent
importées d’un autre continent, s’installent et se développent dans le milieu de
façon exponentielle et excluent peu à peu les espèces locales. D’autres altèrent la
qualité de l’eau. Ces espèces invasives, répertoriées par le
Conservatoire botanique
national de Brest
, doivent être limitées. Plusieurs Communes interdisent leur
plantation par arrêté municipal, ou inscrivent cette interdiction aux documents
d’urbanisme et aux règlements de lotissement.
La façon dont s’organisent et sont gérés les espaces et les habitats, la qualité des
connexions naturelles entre les milieux et leur préservation de sources de pollutions
néfastes sont donc les enjeux-clefs pour garantir la qualité et l’avenir du patrimoine
naturel du Trégor.