sur les vins de la France. Dans la lutte contre l’oïdium, les pharmaciens ont
proposé d’utiliser des poudres composées à base de soufre. C’est ainsi que
Pierre Fonta, un pharmacien de l’Ariège, fit breveter une poudre
magnésienne sulfurée, et qu’Alexandre Édouard Baudrimont, Professeur à
la Faculté des Sciences de Bordeaux, mit au point une poudre anti‐oïdique
qui fut très employée dans la région bordelaise. À partir de 1863, plusieurs
pharmaciens participèrent à la lutte contre le phylloxéra. Parmi ceux‐ci,
Jules‐Emile Planchon, Professeur à l’École supérieure de Pharmacie de
Montpellier, jouera un rôle déterminant, d’une part en découvrant l’insecte
responsable, d’autre part en proposant d’utiliser des vignes américaines
résistantes comme porte‐greffes pour reconstituer le vignoble français.
Avant cette étape décisive, d’autres pharmaciens proposeront de renforcer la
résistance de la vigne au parasite par l’utilisation d’engrais (Gaston Guy, de
Bergerac, et son « Compost‐Guy »), ou préconiseront l’emploi
d’insecticides (Benjamin Cauvy, de Montpellier, et son « Insecticide Cauvy
» à base de sulfocarbonate de calcium). Par la suite, la survenue de deux
autres affections cryptogamiques, le Mildiou et le Black‐rot, fut à l’origine
de nombreux travaux de la part de deux pharmaciens lot‐et‐garonnais, Émile
Fréchou et Gaston Lavergne. Émile Fréchou étudia plus particulièrement le
Mildiou et mit au point la « Bouillie Fréchou » pour le combattre, tandis que
Gaston Lavergne proposa une composition nommée « Sporivore » pour
augmenter l’activité de la bouillie bordelaise. Il publiera également un
ouvrage apprécié sur le black‐rot, et sa notoriété le mènera jusqu’en
Amérique latine où il fondera le Laboratoire de Pathologie végétale de
Santiago‐du‐Chili.
Parallèlement à la santé de la vigne, les pharmaciens se sont occupés
de la santé du vin afin d’en préserver la salubrité. Leur intervention a été
présente à tous les stades : élaboration, conservation, et analyse du vin.
Ainsi, en ce qui concerne l’élaboration du vin, Jean‐Baptiste François,
pharmacien à Châlons‐sur‐Marne, trouva le moyen d’obtenir une pression
convenable à l’intérieur des bouteilles de vins mousseux, résolvant pour la
Champagne l’important problème de la casse des bouteilles. De son côté, le
célèbre pharmacien militaire Antoine‐Augustin Parmentier étudia la
pratique du sucrage ou chaptalisation, préconisant l’emploi du sucre de
raisin plutôt que celui du sucre de canne. La pratique ancienne du plâtrage
fît l’objet de nombreux travaux de la part des pharmaciens : c’est en
particulier le cas du pharmacien militaire Jean‐Hippolyte Marty, ainsi que
de John Casthélaz à Paris et de Pascal Hugounenq à Lodève, ces derniers
ayant proposé des alternatives au plâtrage. Pour ce qui est de la conservation