Levi-Strauss
« Au lieu de notions empruntées à des livres et immédiatement métamorphosées en concepts philosophiques,
j'étais confronté à une expérience vécue des sociétés indigènes. »
« Ma carrière s'est jouée un dimanche de l'automne 1934, à 9 heures du matin, sur un coup de téléphone. C'était
Célestin Bouglé, alors directeur de l'Ecole Normale Supérieure. » Celui-ci lui propose de devenir membre de la
mission universitaire au Brésil en tant que professeur de sociologie à Sao Paulo. Aussi, il va partir avec sa femme
pour enseigner jusqu'en 1939 tout en menant des missions ethnographiques en Amazonie, auprès de populations
indiennes, ce qui lui permet de réunir les premiers matériaux qui seront à la base de sa thèse sur Les Structures
élémentaires de la parenté (soutenue en 1949).
En 1939, il rentre à Paris et se sépare de sa femme. Sous la menace des lois raciales, il doit quitter la France et se
réfugie à New York.
Dans ce haut lieu de bouillonnement culturel, il va rencontrer Roman Jakobson dont l'influence sera déterminante.
En effet, la linguistique structurale lui faisait défaut jusque-là dans son travail sur les systèmes de parenté.
Ces années, comprises entre 1941 et 1949, Claude Levi-Strauss les passe entre Paris et New York, des années de
rencontres décisives et d'ébullition intellectuelle. Il a été fortement influencé par l'anthropologie culturelle avec Boas
qui avait déjà préconisé la recherche des « structures inconscientes des sociétés » ainsi que par Sapir, linguiste et
anthropologue, intéressé par les rapports entre les phénomènes culturels et linguistiques. Avec Kroeber, il a partagé
la même vision de l'anthropologie.
Il a été aussi marqué par Mauss, ses théories de l'échange et sa conception des rapports symboliques.
Plus tard, en 1949, il devient sous-directeur du Musée de l'homme.
C'est en 1955 qu'il publie son livre le plus célèbre Tristes tropiques, oeuvre à mi-chemin entre l'autobiographie, la
méditation philosophique et le témoignage ethnologique. Ce livre connaît un énorme succès à sa sortie et de
nombreux intellectuels apprécient cet ouvrage qui sort des sentiers battus.
En 1959, il est élu professeur au Collège de France où il occupe la chaire d'anthropologie sociale de 1959 à 1982.
A partir des années 1960, et ce pendant quarante ans, Claude Levi-Strauss se consacre à l'étude des mythes, en
particulier de la mythologie améridienne, ce qui va donner lieu à la publication d'une tétralogie Mythologies : Le Cru
et le cuit, Du miel aux cendres et L'Origine des manières de table. En 1961, il crée la revue L'Homme qui s'ouvre aux
multiples courants de l'ethnologie et de l'anthropologie en favorisant une approche interdisciplinaire.
En 1973, il est élu à l'Académie française et deviendra le premier centenaire de cette institution.
Au début de l'année 2005, lors d'une de ses dernières apparitions à la télévision française, il déclare :
« Ce que je constate : ce sont les ravages actuels ; c'est la disparition effrayante des espèces vivantes, qu'elles
soient végétales ou animales ; le fait que du fait même de sa densité actuelle, l'espèce humaine vit sous une
sorte de régime d'empoisonnement interne et je pense au présent et au monde dans lequel je suis en train de finir
mon existence. Ce n'est pas un monde que j'aime ».
En novembre 2008, à l'occasion de son centenaire, le musée du Quai Branly lui rend hommage en invitant des
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