III. Questions de départs posées et discutées par M.C. Caloz-Tschopp
Questions de base des remarques épistémologiques et méthodologiques
1. Question de départ. Pourquoi aujourd’hui en 2012 à Genève, en Suisse, en Europe, abordons-nous
ce fait historique dans une Formation continue d’historiens et d’enseignants d’autres domaines de
Genève ? Pourquoi ce nouveau film sur l’Affaire Eichmann a-t-il été créé ? Quel est le contexte à la
fois historique et actuel ? Quels sont nos motivations, nos intérêts, nos besoins ? Quels faits en Suisse
et en Europe (ex. camps aux frontières de l’Europe, renvois forcés et morts ; traders, délits d’initiés,
outils bancaires, etc.) évoquent le débat autour de l’Affaire Eichmann ?
2. Les élites seraient-elles « ontologiquement vertueuses » (citation d’un article de journal à propos de
faits sur le secteur bancaire) ? Adolf Eichmann faisait partie de l’élite nazie (SS, a signé le pact de
fidélité à H. Hitler, signification philosophique d’un tel fait ?).
3. Le bien est le mal ont été les références catégorielles du débat philosophique, religieux, politique.
Quelle(s) autre(s) catégorie(s) pourrai(en)t être évoquée(s) pour réfléchir à un criminel condamné pour
« crime contre l’humanité » ? Ex. justice, pouvoir, liberté, pluralité, etc. Enjeu : établir des critères
pour le processus de « jugement » (évaluer à plusieurs).
4. Epistémologiquement et méthodologiquement, quel intérêt présente une démarche de connaissance
et pédagogique basée sur un cas extrême pour analyser des faits quotidiens ? Pourquoi ? Quel est son
intérêt, ses possibilités et ses limites de prudence (ex. fascination, esthétisation de l’horreur) ?
5. Quel est « l’objet » philosophique et politique du procès A. Eichmann. Quelles difficultés pose-t-il
tant à la philosophie, qu’à la philosophie de l’histoire, qu’au droit, qu’au langage, qu’à toute démarche
de connaissance ?
6. En quoi la philosophie, l’histoire, la théologie, la politique, etc. ont-ils été ébranlées et pourquoi par
« l’objet » de l’affaire Eichmann ? Dans quel sens doit-on chercher une refondation des démarches de
connaissance et des positions dans le travail de recherche et d’enseignement ?
7. Pourquoi, est-il important de ne pas se méprendre sur la démarche dérangeante de H. Arendt sur ce
qu’elle a appelé la « banalité du mal » ? En quoi est-il important de distinguer entre une démarche
phénoménologique, d’anthropologie politique, de métaphysique, de théologie ? Ou encore, pourquoi
est-il important de distinguer une démarche de « croyance » (croire, ne pas croire) d’une démarche
philosophique ? (penser, comprendre, éludider, analyser, recherche du sens, etc.).
N.B. Le procès suscite de nombreuses questions, y compris dans le livre de Hannah Arendt que je
n’aborde pas ici (débats avec les théologiens, sur le rôle des Conseils juifs, sur le choix du Tribunal,
etc.)
IV. Documents et matériaux de la conférence philosophique
La réflexion, ses commentaires et l’articulation passé-présent ont été basés à la fois sur une thèse en
philosophie politique (voir bibliographie), sur l’ensemble de l’œuvre de H. Arendt – et non seulement
le seul livre Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal. Par ailleurs, un des défis est
d’articuler le contexte historique et l’actualité.
Remarque de départ pour comprendre la démarche d’Arendt. HA a développé un mode de pensée
du paradoxe. Ce n’est pas une dialecticienne. En bref, le paradoxe est une pensée de « crise », car