Dossier Eichmann

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Journée formation DIP Genève, Service de la Formation continue du PO (PO 11.309-PO11-1
Lieu, date : Genève, société de lecture, 16 janvier 2012
Titre : « Le procès d’Adolf Eichmann », une réflexion historique et philosophique autour du dernier film de
Michaël Prazan.
DOSSIER
Prof. Marie-Claire Caloz-Tschopp, ex-prof. titulaire Université de Lausanne (UNIL), Institut
d’Etudes Politiques Inernationale (IEPI), directrice de Programme du Collège International de
philosophie, Paris-Genève (2010-2016). Site : exil-ciph.com
I. Rappel des objectifs du cours de formation continue 2012
1. Comprendre les enjeux liés au procès Eichmann, notamment en Israël. 2. Appréhender la pensée
d’Hannah Arendt (HA) au sujet d’Eichmann et son concept de la banalité du mal. 3. Réfléchir à la
notion de justice en matière de crimes contre la paix, contre l’humanité, de guerre et de génocide. 4
L’enlèvement d’Eichmann, le 11 mai 1960 à Buenos Aires par des agents du Mossad, pose la question
de la traque des criminels de guerre nazis dans le monde. Est-ce que cette traque est terminée ?
Comment s’organise-t-elle ? Qui la soutient ? 5. Quels enseignements peut-on tirer du procès d’Adolf
Eichmann à Jérusalem ? Notamment pour les transférer dans les cours d’histoire.
II. Rappel du contenu du cours de formation continue 2012
1. Présentation du contexte général lié au procès. 2. Rappel des faits reprochés à Eichmann. 3.
Déroulement du procès. 4. La pensée d’Hannah Arendt au sujet Eichmann. 5. La Shoah au cœur du
procès 6. Visionnement d’extraits commentés du film. 6. Table-ronde avec les intervenant ( e ) s et
échange avec les participant ( e )s. Possibles pistes didactiques.
Durée de la formation continue : 1 jour (8 heures).
Intervenants : Monsieur Michaël Prazan, réalisateur de films documentaires et écrivain, Mesdames
Annette Wieviorka, historienne et directrice de recherches au CNRS, conseillère historique pour le
film de Michaël Prazan Le procès d’Adolf Eichmann et Marie-Claire Caloz Tschopp, Directrice de
Programme au Collège International de Philosophie, Paris.
Animateur : M. Damien Pattaroni, enseignant d’histoire, Genève.
III. Questions de départs posées et discutées par M.C. Caloz-Tschopp
Questions de base des remarques épistémologiques et méthodologiques
1. Question de départ. Pourquoi aujourd’hui en 2012 à Genève, en Suisse, en Europe, abordons-nous
ce fait historique dans une Formation continue d’historiens et d’enseignants d’autres domaines de
Genève ? Pourquoi ce nouveau film sur l’Affaire Eichmann a-t-il été créé ? Quel est le contexte à la
fois historique et actuel ? Quels sont nos motivations, nos intérêts, nos besoins ? Quels faits en Suisse
et en Europe (ex. camps aux frontières de l’Europe, renvois forcés et morts ; traders, délits d’initiés,
outils bancaires, etc.) évoquent le débat autour de l’Affaire Eichmann ?
2. Les élites seraient-elles « ontologiquement vertueuses » (citation d’un article de journal à propos de
faits sur le secteur bancaire) ? Adolf Eichmann faisait partie de l’élite nazie (SS, a signé le pact de
fidélité à H. Hitler, signification philosophique d’un tel fait ?).
3. Le bien est le mal ont été les références catégorielles du débat philosophique, religieux, politique.
Quelle(s) autre(s) catégorie(s) pourrai(en)t être évoquée(s) pour réfléchir à un criminel condamné pour
« crime contre l’humanité » ? Ex. justice, pouvoir, liberté, pluralité, etc. Enjeu : établir des critères
pour le processus de « jugement » (évaluer à plusieurs).
4. Epistémologiquement et méthodologiquement, quel intérêt présente une démarche de connaissance
et pédagogique basée sur un cas extrême pour analyser des faits quotidiens ? Pourquoi ? Quel est son
intérêt, ses possibilités et ses limites de prudence (ex. fascination, esthétisation de l’horreur) ?
5. Quel est « l’objet » philosophique et politique du procès A. Eichmann. Quelles difficultés pose-t-il
tant à la philosophie, qu’à la philosophie de l’histoire, qu’au droit, qu’au langage, qu’à toute démarche
de connaissance ?
6. En quoi la philosophie, l’histoire, la théologie, la politique, etc. ont-ils été ébranlées et pourquoi par
« l’objet » de l’affaire Eichmann ? Dans quel sens doit-on chercher une refondation des démarches de
connaissance et des positions dans le travail de recherche et d’enseignement ?
7. Pourquoi, est-il important de ne pas se méprendre sur la démarche dérangeante de H. Arendt sur ce
qu’elle a appelé la « banalité du mal » ? En quoi est-il important de distinguer entre une démarche
phénoménologique, d’anthropologie politique, de métaphysique, de théologie ? Ou encore, pourquoi
est-il important de distinguer une démarche de « croyance » (croire, ne pas croire) d’une démarche
philosophique ? (penser, comprendre, éludider, analyser, recherche du sens, etc.).
N.B. Le procès suscite de nombreuses questions, y compris dans le livre de Hannah Arendt que je
n’aborde pas ici (débats avec les théologiens, sur le rôle des Conseils juifs, sur le choix du Tribunal,
etc.)
IV. Documents et matériaux de la conférence philosophique
La réflexion, ses commentaires et l’articulation passé-présent ont été basés à la fois sur une thèse en
philosophie politique (voir bibliographie), sur l’ensemble de l’œuvre de H. Arendt – et non seulement
le seul livre Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal. Par ailleurs, un des défis est
d’articuler le contexte historique et l’actualité.
Remarque de départ pour comprendre la démarche d’Arendt. HA a développé un mode de pensée
du paradoxe. Ce n’est pas une dialecticienne. En bref, le paradoxe est une pensée de « crise », car
deux notions contraires sont en opposition et il n’y a pas possibilité de dialectiser la crise de la pensée
pour en sortir.
Thèse posée : pour comprendre ce que décrit phénoménologiquement Hannah Arendt dans son livre
sur l’affaire Eichmann (EJ), il faut mettre en rapport Les origines du totalitarisme (OT), AJ, Qu’est-ce
que la politique ? (QP), et surtout La vie de l’esprit (VE), avec une attention spéciale à l’introduction
de ce livre sur la pensée (qui reprend et identifie, ce qui pour Arendt, sont des questions
philosophiques de l’affaire Eichmann autour du « manque de pensée »).
Les débats se succèdent dans des temporalités, espaces divers dans le monde autour de l’affaire
Eichmann d’où la nécessité de clarification de la couche de débat dans laquelle s’inscrit cette journée
et l’intervention.
1. Quel crime ? Quel criminel ?
Le type de criminels du monde totalitaire…ni monstres, ni pervers, ni sadiques,
avec une caractérisque notoire : le manque de pensée
« Le monde totalitaire a produit un nouveau type de criminels, sans intention, sans mobiles, «
ni monstres, ni pervers, ni sadiques », mais avec une caractéristique notoire : le manque de pensée», H.
Arendt, EJ, 314.
Problème. L’ampleur, la gravité des crimes pose des problèmes de « maîtrise » (saisir l’objet).
« Il s’avéra que ni les Allemandes, ni les Juifs, ni le monde en général , n’avaient encore « maîtrisé »
le régime hitlérien, ses crimes gigantesques et sans précédent », EJ p. 310
« Nul, dans l’assistance, ne comprit clairement en quoi Auschwitz était horrible, en quoi l’horreur
d’Auschwitz se distinguait de toutes les horreurs passées…. Ces « crimes » étaient différents,
politiquement et juridiquement de tous ceux qui les avaient précédés, non seulement dans leur gravité
mais aussi dans leur nature même » EJ, p. 294
J’ai fait « l’expérience de « l’effrayant, l’indicible, l’impensable banalité du mal », AJ, p. 277.
Comme les magistrats du procès HA s’est trouvée en face d’un homme qui l’a dérangée. Les
magistrats, conscients de la fonction qu’ils exerçaient, n’arrivaient pas à admettre « qu’une personne
moyenne, « normale », ni faible d’esprit, ni endoctrinée, ni cynique, puisse être absolument incapable
de distinguer le bien du mal. AE ayant menti à l’occasion, les jugent préfèrent conclure que c’était un
menteur. Ils passaient ainsi à côté du défi moral et même juridique, le plus important que présentait le
cas AE », p. 37
Problème : un critère de base dans le droit pénal et aussi en philosophie : l’intentionalité à la base de
la conscience des actes.
2. Quelle est la « nature » du crime extrême ?
Ce qui a précédé la superfluité humaine (Human superfluity)
«La fabrication massive et démentielle de cadavres est précédée par la préparation historiquement et
politiquement intelligible de cadavres vivants»
(Arendt, OTIII, Le système totalitaire, 185)
Trois pas avant l'extermination (OTIII, ST, p. 190)
1. Tuer en l’homme la personne juridique ;
° situer le camp de concentration en dehors du système pénal normal en fabriquant une nouvelle
catégorie de criminels et en amalgamant les politiques, les criminels et les innocents
° l’arrestation d’innocents (la majorité de la population des camps) et la sélection arbitraire des
victimes.
2. Tuer en l’homme la personne morale ;
3. tuer toute individualité (suppression d’un acquis très important de civilisation : l’habeas corpus).
Une système industriel de destruction
« Une capsule de Zyklon B avait l'apparence d'une simple boite de conserve, ses potentialités
étaient cachées derrière son aspect banal. On peut reconstituer le système complexe des camps
d'extermination, mais cela ne signifie pas encore que l'on puisse comprendre un processus industrialisé
de destruction de six millions d'être humains. Les scientifiques réunis à Los Alamos parvinrent à créer
une bombe atomique, mais ils ne pouvaient pas imaginer la destruction totale de Hiroshima et
Nagasaki », Traverso Enzo., "Auschwitz et Hiroshima. Notes pour un portrait intellectuel de Günther
Anders", Lignes, no. 26, p.17.
Problème pour HA : déplacement de la question du mal sur le terrain de la transformation politique
d’un régime, système totalitaire « sans précédent ». Voir OT.
Elle répondra à ce problème en élaboration une réflexion sur la « compréhension », la pensée et le
jugement et par une refondation de la philosophie politique et de nouvelles question à la politique.
L’activité de « compréhension » commence à la naissance et se termine à la mort. Elle suppose un
travail sur les résistances à connaître « l’horreur »….La philosophie politique de Kant ne se trouve pas
dans sa 2e Critique, mais dans la 3e Critique (sur le jugement). (Voir thèse M.C. Caloz-Tschopp).
3. Quel mal ?
Distinction entre le « mal radical » et le « mal politique
phénoménologiquement sous la forme de la « banalité du mal ».
extrême »
qui
apparaît
3.1. Le mal radical
« Le mal radical est, peut-on dire, apparu en liaison avec un système où tous les hommes sont, au
même titre, devenus superflus », Hannah Arendt, Les origines du totalitarisme. Le système totalitaire,
vol. III, p. 201 (ST)
« il y aurait donc un mal radical inconnu de nous auparavant », ST, 201 qui, dit, Arendt va au-delà du
pardon et de l’oubli et qui fait qu’aucun tribunal n’est à la mesure du crime.
Kant attribue le mal à l’être humain comme un élément qui se situe à la racine de sa liberté et du
caractère de son espèce. En clair, pour Kant, le mal est lié à la liberté des humains.
Kant soupçonne l’existence d’un mal plus radical mais…
Problème pour HA : comment penser le mal politique extrême, incompréhensible, inexplicable, quand
elle réfléchit au mal totalitaire ?
A partir de Kant, HA commence à travailler sur la pensée, sur la faculté d’imagination, qui pour Kant
est la possibilité de se mettre à la place de l’autre (« mentalité élargie »). Ce sont ses bases pour
élaborer une philosophie de la compréhension (pensée) et du jugement.
HA fait la différence entre « Vorstellungskraf » (faculté de se représenter) et « Einbildungskraft »
(imagination). Dans cette dernière, elle va plus loin que Kant (en intégrant la pluralité). C’est la base
pour elle de la compréhension et du jugement.
3.2. Qu’est-ce que la « banalité du mal » (BM) ?
Thèse d’Arendt : c’est un mal politique nouveau (caractérisée pour HA par AE et qu’elle observe
lors du procès).
En bref, la BM est la description d’un fait, d’un phénomène. Ce n’est pas un concept. Elle est
opératoire sur un certain terrain. Elle décrit ce qu’elle voit, un phénomène apparent et dérangeant
qui renvoie à une question philosophique et anthropologie et politique. Arendt n’a pas dégagé de cette
notion ni une métaphysique (catastrophe, mal métaphysique), ni une théologie (du diable et de Dieu),
mais un problème à approfondir pour la philosophie et la politique.
Problème : Si le mal n’est pas une « essence » qu’il suffirait d’extirper (plus jamais ça !), ou un
dérapage de la raison, mais une relation politique de violence (extrême ici) insérée dans l’histoire et
dans la politique (mot utilisé au sens d’Aristote), tenter de comprendre ce qui a été énoncé par le
philosophe Karl Jaspers et Hannah Arendt sous le terme de « banalité du mal » pour décrire un fait du
XXe siècle implique :
° de pouvoir distinguer ce qui est de l’ordre de la phénoménologie, de ce qui est de l’ordre du
métaphysique et de l’ontologie d’une part et d’autre part d’une philosophie normative et du droit pénal
international et national (crimes de guerre, crime contre l’humanité, la « notion » d’humanité dira HA)
ou alors de la théologie (restriction peut-être pour la théologie négative après Auschwitz). Et se poser
des questions de refondation philosophique et politique pour intégrer la « rupture historique » de
l’invention totalitaire.
« ce livre ne traite pas de l’histoire de ce grand désastre… Ce n’est pas non plus une analyse du
totalitarisme, ni une histoire du peuple allemand sous le Troisième Reich. C’est encore moins un traité
théorique sur la nature du mal », EJ, p. 312
Avertissement. Enjeu de la clarification:
1) AE n’est pas un criminel diabolique qui porte en lui la malfaisance dont nous serions a priori
exemptés.
2) Autre face. Nous ne sommes pas des petits AE, ce qui induit une culpabilité universelle qui dilue
toute responsabilité.
HA n’a pas produit un syllogisme boiteux, très à la mode : TOUS LES BOURREAUX SONT DES
HOMMES ORDINAIRES, NOUS SOMMES TOUS DES HOMMES ORDINAIRES ET DONT NOUS
SOMMES TOUTS DES BOUREAUX.
Conséquence : nous sommes tous responsables, donc personne n’est responsable
La banalité du mal est un mal politique extrême sans profondeur (ni essentielle, ni diabolique, ni
démoniaque) qui prend le visage d’un haut fonctionnaire SS nazi.
« Les actes étaient monstrueux, mais le responsable (…) était tout à fait ordinaire, comme tout le
monde, ni démoniaque, ni monstrueux (…). La seule caractéristique notoire et qu’on décelait dans sa
conduite (…) ce n’était pas la stupidité, mais un manque de pensée », HA, La vie de l’esprit, (VE), p.
18-19
HA écrit :
« Je n’ai parlé de la BM qu’au niveau des faits, de ce qui crève les yeux. AE n’était ni un lago, ni un
Macbeth ; et il ne lui serait jamais venu à l’esprit, comme à Richard III, de faire le mal comme
principe. Mis à part l’extraordinaire intérêt qu’il manifestait pour son avancement, AE n’avait aucun
mobile ; et le seul carriérisme n’est pas un crime. Il n’aurait certainement pas assassiné son supérieur
pour prendre son poste. Simplement, il ne s’est jamais rendu compte de ce qu’il faisait. C’est
précisément ce manque d’imagination qui lui a permis de rester assis pendant des mois en face d’un
Juif allemand qui l’interrogeait au nom de la police israélienne, de s’épancher devant cet homme, et de
lui expliquer mille et une fois pourquoi il n’avait jamais dépassé le rang de lieutenant-colonel des SS
et que ce n’était pas de sa faute s’il n’avait bénéficié d’aucune promotion.
Mais théoriquement au moins il savait très bien quels étaient les problèmes soulevés par son procès.
Dans sa dernière déclaration au tribunal, il parla de « réévaluation des valeurs prescrites par le
gouvernement » nazi.
Eichmann n’était pas stupide, il était inconscient – ce qui n’est pas du tout la même chose – et seule
son inconscience lui a permis de devenir un des principaux criminels de son époque. Cela est banal et
même comique : avec la meilleure volonté du monde on ne parvient pas à découvrir en Eichmann la
moindre intention profondément diabolique ou démoniaque.
Mais le personnage n’est tout de même pas n’importe qui. Il n’est pas donné à tout le monde de ne
pouvoir évoquer, en montant sur l’échafaud, que les phrases toutes faites que l’on prononce à tous les
enterrements ; il n’est pas donné à tout le monde d’oublier sa propre mort au son de ces « paroles
élevées ». Que l’on puisse être à ce point éloigné de la réalité, à ce point inconscient ; que
l’inconscience puisse faire plus de mal que tous les instincts destructeurs réunis ; que cela puisse être
le cas de tous les hommes – voilà une des leçons que l’on pouvait tirer du procès de Jérusalem. Mais
ce n’était qu’une leçon : ce n’était pas une explication du phénomène ni une théorie à ce sujet. »,
Arendt Hannah, Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal, Postscriptum, Paris,
Gallimard, p. 315.
3. Le mal politique extrême : la superfluité humaine
« Voici des semaines que votre Yavé n’aurait-il pas trop disparu ? me poursuit sans que me vienne une
réponse. Pas plus sans doute qu’à ma propre exigence dans le chapitre de la fin 1 . Personnellement, je
me défends tant bien que mal (et en réalité plutôt bien que mal) avec une sorte de confiance
(enfantine ? parce que jamais mise en doute) en Dieu (à la différence de la foi qui croit toujours savoir
1
On peut penser qu’il s’agit de la fin des Origines du totalitarisme.
et tombe de ce fait dans le doute et les paradoxes). On ne peut naturellement rien en faire sauf être
content. Toute religion traditionnelle, juive ou chrétienne, ne me dit plus rien du tout en tant que telle.
Je ne crois d’ailleurs plus qu’elle puisse encore fournir quelque fondement pour quelque chose d’aussi
directement politique des lois. Le mal s’est avéré plus radical que prévu. Exprimé
superficiellement : le Décalogue n’a pas prévu les crimes modernes. Ou : la tradition occidentale
souffre du préjugé selon lequel le pire mal que puisse commettre l’homme naît des vices de
l’égoïsme ; alors que nous savons que le pire mal ou le mal absolu n’a plus rien à voir avec ces thèmes
du péché que peuvent comprendre les hommes. Je ne sais pas ce qu’est le mal absolu, mais il me
semble qu’il a en quelque sorte à faire avec les phénomènes suivants : déclarer les êtres humains
superflus en tant qu’êtres humains – non pas les utiliser comme des moyens, ce qui n’entame pas
leur humanité et ne blesse que leur dignité d’hommes, mais les rendre superflus bien qu’ils
soient des êtres humains. Cela arrive dès qu’on élimine toute unpredictability, qui, du côté des
hommes, correspond à la spontanéité. Tout cela est lié à l’illusion d’une toute-puissance (pas
simplement goût du pouvoir), de l’homme lui-même. Si l’homme bien qu’homme était tout-puissant,
on ne verrait pas en effet pourquoi il devrait y avoir des hommes au pluriel – tout comme dans le
monothéisme seule la toute-puissance de Dieu lui confère son unicité. Je veux dire : la toutepuissance de l’homme individuel rend superflus les hommes au pluriel. (Nietzsche, me semble-til, n’a rien à voir avec cela et Hobbes non plus. La volonté de puissance tend constamment à devenir
plus puissante encore, elle s’en tient par principe à ce comparatif qui respect encore les limites de la
condition humaine, et n’avance jusqu’à la folie du superlatif).
Or je soupçonne la philosophie de n’être pas tout à fait innocente quant à ce qui nous est donné là. Pas
dans le sens naturellement où Hitler pourrait être rapproché de Platon. (La raison, non la moindre,
pour laquelle je me suis donné la peine de déceler les composantes des formes de gouvernement
totalitaire, est de nettoyer de tous soupçons la tradition occidentale de Platon à Nietzsche inclus). Mais
sans doute au sens où cette philosophie occidentale n’a jamais eu une conception politique et ne
pouvait en avoir parce qu’elle parlait forcément de l’homme individuel et traitait
accessoirement la pluralité effecitive. Mais je n’aurais pas dû écrire tout cela, ce n’est pas encore
mûr. Pardonnez-moi », Extrait de la lettre no. 109 d’Hannah Arendt à Karl Jaspers du 4 mars 1951,
In, Correspondance Hannah Arendt, Karl Jaspers, 1926-1969, Paris, Payot, p. 242-244.
4. Le courage de la liberté, de la pluralité et l’obéissance, la servitude
Argument d’AE et des criminels de Nüremberg : « j’obéissais à des ordres » (donc je ne suis pas
responsable).
Remarque concrète. Depuis le procès de Nüremberg, l’obéissance en cas de crime contre l’humanité
est punissable sans prescription. Elle figure dans le code militaire suisse, mais pas dans le code civil
ou pénal.
Voir ce que dit ci-dessous AE durant le procès sur le courage organisé hiérarchiquement :
Extrait de l’interrogatoire d’A. Eichmann à son procès (obéissance)
« J'ai éprouvé de la satisfaction en analysant ma situation au regard des conséquences de la conférence
de Wannsee (où a été décidé le gazage dans les camps d'extermination, Hilberg, 1985, pp. 346-349). A
ce moment-là, j'ai ressenti un peu de la satisfaction de Ponce Pilate, parce que je me suis senti vierge
de toute culpabilité. Les personnalités éminentes du Reich s'étaient exprimées à la conférence de
Wannsee. Les pontes avaient donné des ordres. Il me restait à obéir (…) J'étais un instrument entre les
mains de forces supérieures. Je devais me laver les mains en toute innocence, en ce qui concernait
mon moi intime » enregistrement du procès, film Brauman, Sivan, script, p. 130.
(…)
Procureur: Ces juifs étaient-ils envoyés aux camps d'extermination? Oui ou non?
A.E.: Je ne le nie pas, et je ne l'ai jamais nié. J'avais des ordres et je devais les exécuter
conformément à mon serment d'obéissance. Malheureusement je ne pouvais pas m'y soustraire. Et je
n'ai d'ailleurs jamais essayé. Mais ce n'était pas mon initiative ni ma volonté" (p. 140)
(…)
Procureur: vous étiez passif?
AE: Passif, pas vraiment. Je faisais ce que je viens de décrire, j'ai obéi et j'ai exécuté ce qui
m'avait été ordonne de faire (…)
Procureur: … vous aviez votre part de réflexion sur ces questions?
AE: Non, je ne pense pas
(…)
Juge: "Ne vous est-il jamais arrivé d'avoir un conflit, ce qu'on appelle un conflit de
conscience, entre votre devoir et votre conscience?
AE.: J'appellerais plutôt ça un état dédoublé, une sorte de dédoublement. Un dédoublement
vécu consciemment qui vous fait passer indifféremment d'un côté à l'autre et vice versa.
Juge: Il fallait donc renoncer à sa conscience personnelle?
AE: Oui, en quelque sorte. Parce qu'on ne pouvait pas la réguler, ni l'organiser soi-même.
Juge: A moins d'en assumer les conséquences.
AE: Il était possible de dire simplement: "Je ne joue plus le jeu", mais je ne sais pas ce qui
serait arrivé alors.
Juge: Si on avait plus de courage civil, tout se serait passé différemment. Vous ne croyez pas?
AE: Bien sûr, si le courage avait été structuré hiérarchiquement (…). On vivait dans une
époque où le crime était légalisé par l'Etat. C'était la responsabilité de ceux qui donnaient les ordres
Juge: Selon vous, l'idéaliste que vous prétendez avoir été, ça signifiait exécuter au mieux ce
qui était ordonné d'en haut?
AE: J'entendais par là l'adhésion au nationalisme qui était prêché, et en tant que nationaliste, faire
mon devoir en accord avec mon serment (p.151-152)
Tiré de Brauman R., Sivan E.,
Eloge de la désobéissance. A propos d'"un spécialiste" Adolf
Eichmann, Paris, éd. Le Pommier (contient le script du film, "le spécialiste" (8 épisodes du procès d'A.
Eichmann), 1999.
Question de recherche 1 : Face à l’auto-tromperie, à l’immunisation, à l’indifférence, existe la
capacité d’être affecté ou non par le réel. Cela n’est pas une maladie psy. Le sens commun n’est pas
neutre, bon en soi. Il contient aussi la capacité, et l’incapacité à recevoir des informations, à être
sensiblement affecté, à éprouver le réel… (Amiel, 233, UOG). C’est là que niche le courage de la
liberté contraire à l’obéissance aveuglée et soumise.
Question de recherche 2. En quel sens et à quelles conditions matérielles concrètes la « banalité du
mal » peut-elle être la source d’un MAL POLITIQUE EXTREME
En deux sens :
1) Au sens où la pensée, le travail de compréhension, le jugement apparaissent pour HA comme
l’instrument-clé de la résistance au mal politique.
2) au sens où l’appartenance politique de chaque être humain (le « droit d’avoir des droits ») est la
condition politique qui permet de résister et de lutter concrètement contre le Mal politique extrême,
qui peut « apparaître » sous une forme « banale ».
5. Résistance et refondation de la philosophie
The trouble…
« Le drame (trouble), c’est que cette catastrophe n’est pas née d’un manque de civilisation, d’un état
arriéré, ou tout simplement d’une tyrannie, mais qu’elle était au contraire inéluctable, parce qu’il n’y
avait plus un seul endroit
« non civilisé » sur la terre, parce que bon gré mal gré nous avons vraiment commencé à vivre dans un
Monde (One World). Seule une humanité complètement organisée pouvait faire que la perte de
résidence (loss of home) et de statut politique (political status) revienne à être expulsé de l’humanité
entière ». Arendt H., OTII (L’impérialisme), Point-essais, p. 282
Le « droit d’avoir des droits »
«Nous n’avons pris conscience de l’existence du droit d’avoir des droits (ce qui signifie: vivre dans
une structure où l’on est jugé en fonction de ses actes et de ses opinions) et du droit d’appartenir à une
certaine catégorie de communauté organisée que lorsque des millions de gens ont subitement perdu
ces droits sans espoir de retour par suite de la nouvelle situation politique globale», Arendt, OTII
(L’impérialisme) 281-282.
Une nouvelle philosophie politique
« La tâche cruciale d’une nouvelle philosophie politique sera d’entreprendre une enquête sur la
signification de la pensée, ce que veut dire sur la signification et les conditions de l’activité de penser
pour un être qui n’existe jamais au singulier, mais dont la pluralité est loin d’avoir été explorée
lorsqu’on a simplement ajouté la relation Je-Tu à la compréhension traditionnelle de l’homme et de la
nature humaine (…). En fin de compte, une authentique philosophie politique ne peut pas surgir d’une
analyse des tendances, des compromis partiaux, de réinterprétations ou, au contraire d’une révolte
contre la philosophie elle-même. Comme les autres branches de la philosophie, elle ne peut jaillir que
d’un acte original du thaumazein (étonnement socratique), dont la puissance d’émerveillement et donc
de questionnement doit cette fois-ci (c’est-à-dire contrairement aux enseignements des anciens) saisir
directement le domaine des affaires et des actions humaines », Arendt H. (1987) : « L’intérêt pour la
politique dans la pensée philosophique européenne récente », Cahiers de philosophie, no. 4,
Confrontations, automne, p. 25-26.
Elaboration par HA d’une philosophie de la compréhension (pensée), de l’action et du jugement.
Suite de ces voies ouvertes nombreuses dans la recherche de théorie politique et de philosophie
politique.
Eléments bibliographiques cités
1. Quelques références sur l’histoire du XXe siècle et sur la « solution finale ».
Friedländer Saul, L’Allemagne nazie et les juifs. Les années de persécution 1933-1939, livre I Paris,
Seuil, 1997.
Friedländer Saul, Les années d’extermination. L’Allemagne nazie et les juifs 1939-1945. Voir tous ses
livres.
Hilberg Raul, La destruction des juifs d’Europe, Paris, Fayard, 1985 (Conférence de Wannsee, 346349 ; Déclaration d’Hitler, 348), etc.).
Ehrenbourg Ilya, Grossman Vassili, Le livre noir. Textes et témoignages, Paris, Solin, 1995
(témoignages des Russes sur Auschiwtz).
Grossman Vassili, La dernière lettre, Paris, L’Age d’homme, 2000.
Audoin-Rouzeau, Bekcer Annette, 14-18, retrouver la guerre, Folio-histoire, 2 vol.
Traverso Enzo, L’histoire comme champ de bataille. Interpréter les violence du XXe siècle, Paris, La
découverte.
° Le totalitarisme, Poche, 2001.
° La violence nazie, Paris, La Fabrique, 2002.
° Pour une critique de la barbarie moderne, Page deux, 1997.
Klemperer Victor, LTI. La langue du IIIe Reich, Paris, Pocket, 1975.
Klemperer Victor, Journal, 2 volumes, Paris, Seuil.
Faye Jean-Pierre, Langages totalitaires, Paris, Hermann, 1972.
Benjamin Walter, Œuvres I, II, III, Paris, Folio-essais, 1974.
Voegelin Eric, Race et Etat, Paris, Vrin, 2007.
Jünger Ernst, Le travailleur, Paris, Christian Bourgois, 1989.
Jaspers Karl, La culpabilité allemande, Paris, poche, 1990.
Kraus, La troisième nuit de Walpurgis, Agone, 2005. Voir aussi la pièce montée à partir du livre du
metteur en scène genevois, Jose Lillo (travaille dans les classes sur demande).
2. Quelques références de l’œuvre de Hannah Arendt
Les origines du totalitarisme, 3 volumes, Paris, Points-essais (poche).
Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal, poche), 1963..
La vie de l’esprit. 1 La pensée, Paris, PUF (VE) Voir surtout l’introduction.
Qu’est-ce que la politique ? Poche.
Considérations morales, Paris, Rivages poche (CM), 1971, trad. française, 1996.
Seule demeure la langue maternelle, La tradition cachée, Paris, Christian Bourgois, 1987 (voir
entretien d’Arendt)
Correspondance Jaspers-Arendt, lettre 109.
3. Sur Hannah Arendt, le mal radical et la banalité du mal, l’obéissance
Caloz-Tschopp M.C. (éd), Hannah Arendt, la « banalité du mal » comme mal politique, Paris,
l’Harmattan, vol. 2 (actes d’un colloque), 1998 (articles de M. Revault d’Allonnes, Maja Wicky,
Hugues Poltier, Brigitte Gothold, Michelle-Irène Brudny-de Launay, Antonia Grunenberg, J.-P.
Hocke, etc.)
Delpha Isabelle, Le mal en procès. Eichmann et les théodicées modernes, Paris, Hermann, 2011.
Chalier Catherine, « Radicalité et banalité du mal », in Politique et pensée, Paris, Payot, 1989, p. 265289.
Gotthold Brigitte, « Les phénomènes du mal et la relationalité », Caloz-Tschopp M.C. (éd.), Hannah
Arendt, la « banalité du mal » comme mal politique, Paris, l’Harmattan, 1998, p. 49-57.
« Bourreau tu ris ? Le Monde des livres, 13.1.2012.
Rithy Pahn, L’élimination, dialogue avec Christophe Bataille, Paris, Grasset 2012-01-15
Lacoste Charlotte, Séductions du bourreau, Paris, PUF.
Film Rony BRAUMAN, et d’Eyal SIVAN, "Le Spécialiste" (Le film basé sur le livre de H. Arendt ; le
film reprend huit épisodes du procès d'A. Eichmann en 1961). Voir, Brauman R. Syvan E. Eloge de la
désobéissance. A propos d'"un spécialiste" Adolf Eichmann, Paris, Le Pommier, 1999, 175 p. (contient
le script du film).
Kristeva Julia, Le génie féminin. Hannah Arendt, Paris, Fayard, 1999.
Kristeva Julia, Au risque de la pensée, Paris, L’aube, 2001.
Coquio Catherine, Parler des camps, penser les génocides, Paris, Albin Micehl, 1999
Gérard Valérie, L’expérience morale hors de soi, Paris, PUF, 2011.
4. Cartes
° 5,1 millions de Juifs exterminés (source : R. Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe). Cette carte
n’inclue pas les chiffres de l’extermination des Tsiganes.
° Auschwitz-Birkenau, un complexe concentrationnaire de près de 40 km2 (Wieviorka, 2005).
° Carte des camps d’exilés aux frontières de l’Europe, Migreurop (site)
5. Autres références sur Arendt et le XXe siècle.
Abensour Miguel et al., Politique et pensée. Colloque Hannah Arendt, Paris, Petite bibliothèque
Payot, 1989.
Amiel Anne, La non philosophie de Hannah Arendt, Paris, PUF, 2001.
Amiel Anne, « Expérience et conceptualisation. Comment se pensent les révolutions ? Comment les
penser ? », Caloz-Tschopp Marie-Claire (dir.), Penser pour résister. Colère, courage et création
politique, Paris, éd. l’Harmattan, 2011, p. 47-63.
Ogilvie Bertrand, mondialisation, démondialisation. Voir texte sur le site du Programme du Collège
International de philosophie : exil-ciph.com
Coignard Sophie, Gubert Romain, L’oligarchie des incapables, Paris, Albin Michel, 2012.
6. Autres sources (fait d’aujourd’hui)
Trader : le métier document internet
Affaire
Goldmann
Sachs,
reportage,
Les
http://www.dailymotion.com/video/xmbcl5 ... mbediframe
nouveaux
maîtres
du
monde :
Film
Trader, 1999, histoire du trader Nick Leeson
Trader, 2011, documentaire français sur les intermédiaires financiers
7. Adresses
Fondation Auschwitz, Bruxelles : [email protected] (newsletter_head)
Programme du Collège International de Philosophie 2010-2016 sur l’exil : site et revue en ligne : exilciph.com
8. Quelques publications, recherches M.C. Caloz-Tschopp
(voir site ciph, plusieurs articles sont accessibles, dont l’article sur l’affaire Bavaud, le jeune
neuchatelois qui a tenté d’assassiner Hitler et a été contamné à mort et guillotiné).
Caloz-Tschopp M.C., Les sans-Etat dans la philosophie d’Hannah Arendt. Les humains superflus, le
droit d’avoir des droits et la citoyenneté, Lausanne, éd. Payot, 2000.
Caloz-Tschopp M.C., « Les sans-Etat, « ni minoritaires, ni prolétaires, en dehors de toutes les lois »
(H. Arendt), Leibovici Martine, Varikas Eleni (dir.), Le paria. Une figure de la modernité, Paris,
Kimé, 2003, p. 215-245.
CALOZ-TSCHOPP, M. C., Ed. (1998). Hannah Arendt, les sans-Etat et le « droit d'avoir des droits »
(vol. I); Hannah Arendt, la « banalité du mal » comme mal politique (vol. II). Paris, L'Harmattan
(livres).
CALOZ-TSCHOPOP Marie-Claire, Exil, colère et révolution, Rendez-vous Philo, Genève, septembre
2011. Texte sur le site du CIPh, exil-ciph.com
CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Hannah Arendt, le fil rompu entre violence et révolution au XXe
siècle, Colloque d’histoire contemporaine, Université de Lausanne, in Stéfanie Prezioso, David
Chevrolet (éds), L'heure des brasiers. Violence et révolution au 20e siècle, Lausanne, Ed. d'En
Bas, 2011, p. 77-99.
CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, « Repenser le travail avec Hannah Arendt. Travail, citoyenneté et
civilité », Colloque, Le travail, une re-vision (mars 2010), Institut universitaire romande de Santé au
travail, Commision des sciences humaines de la Faculté de biologie et de médecine (patronage). Actes
à paraître 2011.
CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, « Colère, Courage, Création politique. Questions pour une
recherche » in, Caloz-Tschopp M.C. (dir.), Colère, Courage et Création politique. La théorie politique
en action, Paris, l’Harmattan, 2011, 7 volumes.
CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, « Globalization, development, resistance of utopian dreams to the
praxis of dystopian utopia », in Bagchi Barnita, The Politics of the Impossible, ed. SAGE (Delhi,
London, Thousand Oaks, chap. XII, 2011.
CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Exil, résistance, création. Maurice Bavaud, héros ordinaire dans
l’histoire du XXe siècle. Une réflexion à partir de Hannah Arendt et Günther Anders, Colloque
Université de Neuchâtel, mai 2011. Site Maurice Bavaud : http://www.maurice-bavaud.ch et sur le site
exil-ciph.com
CALOZ-TSCHOPP Marie-Claire, Pour défendre la Convention internationale sur la protection des
droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille : refonder la politique et les
droits, Conseil mondial des droits de l’homme, ONU/BIT, Site HCDH, ONU Genève (2008).
http://www2.ohchr.org/english/bodies/cmw/roundtable.htm
CALOZ-TSCHOPP M.C., DASEN P. (dir). (2007) : Mondialisation, Migration et Droits de
l’Homme/Un nouveau paradigme pour la recherche et la citoyenneté, Bruxelles, éd. Bruylant, 526
pages (vol. I, livre) dans le cadre d’une recherche du RUIG (voir site).
CALOZ-TSCHOPP, M.C. (2004) : Parole, pensée, violence dans l’Etat, une démarche de recherche
(vol. I, 350 p.) ; Contraintes, dilemmes, positions des travailleurs du service public, entretiens (vol. II,
450 p.) ; Le devoir de fidélité à l’Etat entre servitude, liberté et (in)égalité (vol. III, 350 p.), Paris,
Editions l’Harmattan.
CALOZ-TSCHOPP, M. C. (2005). « Le conflit « tragique » entre liberté, servitude et (in)égalité dans
le devoir de fidélité à l’Etat aujourd’hui », CALOZ-TSCHOPP, M.C., DASEN P., SPESCHA F., Eds.
(2005) : L’action « tragique » du personnel du service public, Paris, l’Harmattan : 309-341.
Prof. Marie-Claire Caloz-Tschopp, Genève, état, janvier 2011
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