Lutte contre les insectes et les maladies cryptomgamiques des cultures légumières par Michel Leclaire Lors de mon article sur le dernier bulletin, j’ai essayé de lister les principales causes de l’apparition des insectes et des champignons cryptogames en insistant que l’utilisation de mauvaises fumures ou bien leurs excès me paraisse favoriser leurs développements. La tendance actuelle de la fumure biologique est d’utiliser des engrais organiques du commerce plutôt que l’apport de compost. Les pratiques de l’agriculture bio-dynamique appréhendent la fumure d’une manière différente avec le compostage des matières organiques avant leur enfouissement avec l’apport des préparations biodynamiques qui vont diriger et orienter la fermentation. Pour résumer j’aimerais dire utiliser du compost bien décomposé, sans traces de cellulose, est intéressant pour les cultures maraîchères, la vigne, l’arboriculture, les céréales. Il faut raisonner la fumure autrement (ceci est un autre sujet) : cette pratique de la fumure avec du fumier composté ou du compost donnera de meilleurs résultats tant sur la diminution du parasitisme que sur la qualité gustative des produits cultivés, avec une meilleure conservation. Abordons à présent la préparation du sol avant le semis ou les repiquages, le lit de semence. Pour faire simple, je dirais : le bon outil, au bon moment. Un bon agriculteur connaît sa terre, il saura choisir la préparation du sol la plus adaptée en fonction de la culture envisagée. Quelques erreurs à éviter : éviter un travail du sol qui souffle la terre, cela accélère le dessèchement ; éviter de façonner une terre trop humide ; utiliser un roto-vator pour la préparation du lit de semence est à proscrire, la herse alternative me paraît un meilleur outil, elle limite la semelle dans le fond de la terre travaillée. En règle générale, travailler en profondeur avec un outil à dents et seulement en surface avec un outil rotatif en prenant soin que le dessus de la terre ne soit pas trop fin, quelques petites mottes ne sont pas un problème, au contraire, les orages de plus en plus fréquents bétonnent la terre trop fine. Les jeunes plantules qui lèvent difficilement dans une terre croûtée vont déjà souffrir et être fragilisées et de ce fait sujettes aux insectes dès leur levée. Ne pas oublier de rouler avant le semis pour tasser la terre. Essayer de maintenir le sol des cultures aéré par des binages et griffages fréquents qui vont maintenir la capillarité, réguler l’herbe, chaque passage ramène quelques unités d’azote gratuites, ce qui n’est pas négligeable. Pour ce faire il est important de s’équiper de matériel adéquat (la barre porte outil est très utile et polyvalente pour ce genre de travail). Pour les cultures repiquées, il faut porter beaucoup d’attention à la qualité des plants utilisés, proscrire les plants filiformes, planter des plants jeunes qui n’ont pas vieillis en pépinière, attention aux plants forcés en serre, les laisser endurcir avant repiquage. Utiliser des variétés correspondantes à la saison, j’ai remarqué que les variétés de choux hybrides sont plus sensibles aux insectes que certaines variétés fixées issues de sélection bio-dynamique, ce qui ne veut pas forcément dire utiliser des variétés anciennes. Malgré toutes ces bonnes pratiques agronomiques diverses, l’apparition d’insectes et de maladies cryptogamiques peut arriver. En agriculture bio-dynamique, nous possédons des pratiques qui permettent à la terre et aux plantes de se renforcer et d’éviter ces attaques diverses. En premier, il sera donc nécessaire d’utiliser les préparations bio-dynamiques du compost, L’utilisation de la bouse de corne (500 ou 500 p) avant travail du sol et semis est nécessaire, elle favorise la vie microbienne du sol ainsi qu’un bon enracinement des plantes. Les pulvérisations de silice de corne (501) en cours de végétation sont indispensables (mon expérience m’a montré que la silice structure la plante, la renforce, les champignons cryptogames ont des difficultés à s’implanter sur les feuilles, la qualité gustative des productions est améliorée avec une teneur en sucre plus élevée, en particulier sur les légumes racines. J’ai constaté une pression moindre de maladies sur les plantes qui ont reçues la silice. Dans les mesures importantes contre le parasitisme, il nous faut parler des assolements convenables. En maraîchage il est primordial de préparer les assolements de ces parcelles en début d’année avec le plus grand soin et sérieux. Il est utile d’avoir des plans de chaque parcelle pour noter les diverses cultures (pour aider à la compréhension de ces notes, prendre des couleurs différentes en fonction des quatre sortes de légumes racines, feuilles, fruits et fleurs), personnellement je séparais les cultures qui permettent des assolements rapides (radis, salades diverses, épinards), des autres cultures avec un cycle de végétation long (toutes les racines, poireaux, choux, etc.). Pour préparer les assolements futurs, je listais les différentes cultures par catégories (racines, feuilles etc.). Dans un dernier temps, je plaçais les futures cultures sur mes plans en tenant compte des quatre années antérieures. Ceci peut paraître long et fastidieux (ce travail est à préparer en hiver, sans précipitation), par contre il permet d’une seule lecture, de savoir ou seront implantées les cultures, de prévoir les fumures appropriées en fonction de la culture, de ne pas faire les semis à la mauvaise place. En maraîchage l’équilibre entre les diverses sortes de légumes est difficile, voire impossible. Les cultures racines et feuilles dominent. Pour remédier à cette situation, des semis d’engrais verts sont souhaitables pour remplacer et équilibrer le manque de fleurs et de fruits. Les céréales sont excellentes comme précèdent de culture pour le maraîchage. Un exemple : un mélange d’engrais verts semé tôt au printemps, broyé et restitué à la terre vers la fin juin permettra un semis ou repiquage de légumes d’automne et d’hiver. Il est nécessaire de disposer d’environ quatre semaines pour détruire la masse végétale et que la terre assimile la matière organique. A SUIVRE. Extrait du Bulletin des professionnels de la biodynamie Numéro 07 – octobre 2009