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Commentaire de texte– Session 2011 5/21
Par ailleurs, il a été reconnu que les aires entièrement protégées ne peuvent jamais être suffisamment vastes pour
assurer la conservation de tous les processus écologiques et de toutes les espèces. Il est cependant nécessaire de
fixer, au niveau national, un objectif minimum acceptable pour les zones de conservation des forêts pour chaque
pays. On pourrait aller plus loin en constituant des zones tampons de forêts naturelles autour de l'aire protégée;
une zone tampon intérieure servirait à la recherche fondamentale et appliquée, à la surveillance
environnementale, à l'utilisation traditionnelle du territoire, aux loisirs et au tourisme ou à l'éducation et à la
formation en matière d'environnement, et une zone tampon extérieure servirait à appliquer les résultats de la
recherche en vue de satisfaire aux besoins des populations locales. Ces pratiques de gestion s'inscrivent dans le
droit fil du point 8e) des Principes sur les forêts.
Mise à part la nécessité de réserver des aires de conservation, on reconnaît maintenant de plus en plus que la
production durable de bois par des méthodes de coupe sélective est l'un des moyens les plus efficaces d'assurer la
conservation in situ de la diversité biologique des écosystèmes forestiers. Ainsi gérées, les forêts conservent la
plus grande partie de la diversité des vieilles forêts et des forêts primaires en ce qui concerne tant le nombre
d'espèces que leur population. La valeur économique du bois et les bienfaits environnementaux qui en résultent
justifient amplement les investissements faits pour conserver le couvert forestier. L'adoption de méthodes de
coupe sélective pour tous les types de forêts favoriserait grandement la conservation in situ de la diversité
biologique et l'utilisation durable des ressources forestières. À cet égard, la plantation d'arbres aurait pour effet
d'atténuer les pressions menant à la surexploitation des forêts naturelles et attribuables à la demande croissante
de bois.
La production durable de biens et de services forestiers et la conservation de la diversité biologique des
écosystèmes forestiers, de même que le partage équitable des avantages de l'utilisation des ressources génétiques,
exigent une action concrète à l'échelle nationale comme internationale. Il est donc indispensable que des
politiques et des stratégies nationales, entre autres, visent à consacrer une superficie forestière optimale à la
conservation ainsi qu'à la production durable de biens et de services et indiquent les mesures propices à la
conservation des forêts ex situ et in situ pendant la coupe. Dans certains cas, les mesures à long terme peuvent
comprendre le rétablissement et la recréation des vieilles forêts et des forêts primaires.
Dans cette optique, il est essentiel, pour la gestion durable, la conservation et l'exploitation de leurs ressources
forestières, que les pays ayant un pourcentage élevé de ces espaces de terres couverts de forêts, surtout les pays
en développement, aient accès à «des ressources financières nouvelles et supplémentaires» et au «transfert [de]
techniques écologiquement rationnelles et [du] savoir-faire correspondant [...] y compris à des conditions
concessionnelles et préférentielles», d'après les points 10 et 11, respectivement, des Principes sur les forêts. En
outre, «le commerce des produits forestiers devrait se fonder sur des règles et procédures non discriminatoires et
multilatéralement acceptées, compatibles avec le droit et les pratiques commerciales internationales» et «il
faudrait éliminer ou éviter les mesures unilatérales, incompatibles avec les obligations internationales ou accords
internationaux, qui visent à restreindre et/ou à bannir le commerce international du bois d'oeuvre et d'autres
produits forestiers», comme le préconisent les points 13a) et 14, respectivement, des Principes sur les forêts. La
communauté internationale doit respecter ces principes pour réaliser la conservation et la gestion durables des
forêts à long terme.
3. ACCROISSEMENT DU COUVERT FORESTIER
L'accroissement du couvert forestier doit être considéré comme une mesure proactive à prendre pour freiner et
renverser la tendance actuelle au recul et à la dégradation des forêts. Les forêts mondiales sont en péril et
connaissent un déclin. On évalue qu'au début du XVIII
e
siècle, les forêts couvraient les quatre cinquièmes du
territoire actuel. Environ la moitié se trouvait dans des régions tropicales et l'autre moitié, dans des régions
boréales et tempérées. Au milieu du XIX
e
siècle, le couvert forestier mondial était passé à 3,9 milliards
d'hectares, soit 30 % de la zone continentale de la planète, à cause du déboisement. D'après les dernières données
fournies par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture dans son évaluation des
ressources forestières de 1990, le couvert forestier mondial était passé à la fin de 1990 à 3,188 milliards
d'hectares, soit environ 24,4 % de la zone continentale. Les processus de réduction et de dégradation des
couvertures forestières ont apporté une perte annuelle d'environ 0.6 pourcent.
Bien que le recul annuel des forêts tempérées et boréales soit considéré comme négligeable à notre époque, il y a
eu déboisement sur une vaste échelle en Europe, au cours de la Révolution industrielle, pour répondre aux
besoins en terres agricoles, en matériaux de construction et en développement industriel (Hinde, 1985). On
estime en fait la superficie des forêts disparues à près de 200 millions d'hectares, ou 50 % de la zone forestière
initiale (ONU, 1991).