le-journal-de-l-architecte-287

Västerbroplan, Stockholm (SE) - Architecte: Møller Architects (DK)
l l l
Un gratte-ciel en bois
La société suédoise HSB, basée à Stockholm, projette de construire un
gratte-ciel en bois. La validation du projet final doit être connue pour 2015.
Construire à partir d’un matériau écologique et durable tel que le bois a inspiré
les architectes de MØller Architects (Aarhuis, Danemark), l'un des cabinets
d'architectes les plus anciens de Scandinavie, qui ont remporté le premier
prix du concours d’architecture « HSB Stockholm 2023 » lancé par HSB (caisse
d'épargne suédoise) pour la construction de logements sociaux.
balcon vitré et le bâtiment lui-même
sera équipé de panneaux solaires
situés sur le toit. Le projet "HSB 2023
– Västerbroplan" propose un impact
carbone nettement réduit par rap-
port à un building classique. Le pro-
jet pourrait accueillir en outre un café
et une garderie et ouvrir en 2023.
un impact carbone particulièrement
réduit sur l'environnement. D’après
C. F. MØller, le bois présente notam-
ment l’avantage d’être léger, tout
en formant une structure portante
solide et permettant une régulation
de la température intérieure. Chaque
appartement bénéciera d'un
Alors que la limite technique pour
un immeuble en bois est de 15
étages, ce gratte-ciel, baptisé le
Västerbroplan, pourrait atteindre
les 34 étages grâce à un alliage de
béton et d'acier pour maintenir la
structure de grande hauteur. Si cer-
tains équipements tels que la cage
d'ascenseur et certaines poutrelles
seront en béton, les parois de la tour,
les colonnes et les poutres porteuses,
elles, seront en bois et permettront
287/288
mensuel - 20ème année - nov/déc 2014 - P505192 - bureau de dépôt Bruxelles X - ISSN 1374-5360 - ne paraît pas en juillet
Editeur responsable: P.C. Maters, Chaussée d'Alsemberg 842, 1180 Bruxelles - www.lejournaldelarchitecte.be
jda
journal de
l’architecte.be
lPag 04: Localarchitecture
et Danilo Mondada
lPag 08: Marc Newson
lPag 10: OMA

Västerbroplan, Stockholm (SE) - Architecte: Møller Architects (DK)
et s'interroge sur le faible tissu
d'entreprises locales familiarisées
avec la construction bois de grande
hauteur. D'ailleurs, le maître d'ou-
vrage et la ville de Stockholm vont
étudier la faisabilité du projet. Le
projet de concours table sur un ou-
vrage mixte à dominante bois, mais
où le béton et l'acier apportent
leur concours aux endroits les plus
judicieux. Le bois protègera l'acier
et sera nettement visible notam-
ment en façade et dans les appar-
tements.
Le plus haut building en bois du
monde est actuellement le Murray
Grove de Londres avec 39 appar-
tements et modestement, neuf
étages. Il a été construit en pan-
neaux massifs, des plaques de lan-
guettes de bois d'œuvre croisées et
laminées en rangs, par le cabinet
d'architectes Waugh Thistleton. À
La tour résidentielle deviendrait
avec ses 110 m la plus haute tour
résidentielle en bois au monde.
Grâce aux grandes baies vitrées, ce
bois serait également visible à l’ex-
térieur. Chaque appartement aura
une véranda équipée avec du verre
économe en énergie.
Les architectes à la base du projet
expliquent également que le bois
représente une alternative moins
onéreuse et moins polluante que le
béton où l’acier, tout en améliorant
l’acoustique, l’isolation thermique
et l’aspect esthétique. De plus, le
bois –une fois traité- résisterait
mieux aux incendies qu’un alliage
classique, car ce dernier est consti-
tué à 15% d’eau, qui s’évapore avant
combustion.
Les architectes n'ont pas encore
de vues techniques très précises
Bergen (Norvège) un bâtiment de
quatorze étages est en construc-
tion et un autre de huit étages à
Dorbirn en Autriche. Le Canadien
Michael Green a aussi étudié la pos-
sibilité de construire un immeuble
allant jusqu'à 30 étages de haut,
un hybride en bois et en acier. Il a
conclu, au terme de sa recherche
subventionnée par le gouverne-
ment de la Colombie-Britannique
an d'aider à promouvoir le secteur
forestier, que des bâtiments de 20
étages en panneaux massifs pour-
raient être assemblés même dans
la ville de Vancouver, sensible aux
tremblements de terre.
Au Japon, on teste présentement
en laboratoire la résistance de ce
type de construction sur une des
plaques sismiques les plus actives
de la planète. On constate jusqu'ici
que les structures de bois résistent
Le bois présente
l’avantage d’être léger,
tout en formant une
structure portante
solide
“
“
aussi bien aux tremblements de
terre, sinon mieux, que celles faites
de béton et d'acier.
«Il faut revoir nos réexes, dit Mi-
chael Green. Ces hauteurs ont l'air
humble, mais les premiers gratte-
ciels en acier n'avaient que 10
étages. Et à l'époque, tout le monde
avait peur de passer sous la façade,
de peur que tout s'eondre!», dit
Green. ✖

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Big Wood, Chicago (USA) - Architecte: Michael Charters
L’avenir urbain du bois
Comment les architectes d'aujourd'hui continuent-ils à relever
le défi du bois ? A le ré-interpréter ? La tonalité des couleurs, la
texture, la durabilité, la flexibilité et même les qualités sonores des
différentes espèces d'arbres continuent d'intriguer les concepteurs.
Owings & Merrill a récemment
publié une étude de faisabilité
pour une tour de 42 étages à pré-
dominance de bois lamellé-croisé.
C’est presque devenu un chal-
lenge auprès des architectes pour
déterminer celui qui construira
la plus haute tour en bois, confie
Frank Lam, professeur de concep-
tion et de construction de bâti-
ments en bois à l'Université de
Colombie-Britannique au Canada.
Pourquoi cet intérêt soudain pour
les structures en bois? Par rapport
à l'acier ou le béton, le CLT, égale-
ment connu sous le nom de bois
lamellé-croisé, est moins cher, plus
facile à assembler, et plus résistant
au feu, grâce aux caractéristiques
inhérentes au bois. Il est aussi plus
durable et renouvelable, mais c’est
surtout un puits de carbone par le
dioxyde de carbone qu'il a absorbé
durant sa croissance, même après
qu'il ait été transformé en bois
d'œuvre. Selon Wood for Good,
une organisation qui milite pour la
construction en bois durable, une
tonne de briques exige quatre fois
la quantité d'énergie de production
d’une tonne de sciages résineux; le
béton cinq fois, l’acier 24 fois et l’alu-
minium 126 fois. Le bois est cinq
fois plus isolant que le béton et 350
fois plus que l'acier.
Au cours des deux dernières décen-
nies, les architectes ont commencé
à repenser les possibilités du bois
comme matériau de construction
structurelle. En repensant d'abord
la technologie elle-même. Au milieu
des années 1990, le gouvernement
autrichien a nancé un programme
de recherche industriel et universi-
C’est essentiellement l'influence
des traditions scandinaves et ja-
ponaises qui se détecte dans l'ar-
chitecture et la création actuelle
en bois. Alvar Aalto a stupéfié le
monde avec sa conception du
pavillon finlandais de l'Exposi-
tion universelle de Paris en 1937.
Les explorations de Aalto sur les
limites de la conception en bois
plié ont abouti à la chaise Paimio
(1931) et ont eu un impact perma-
nent sur la façon dont le mobilier
est encore conçu aujourd'hui.
L'utilisation du bois dans l'architec-
ture japonaise se caractérise par
des méthodes de construction plus
austère, une légèreté des matériaux,
une communicabilité entre intérieur
et extérieur, et la façon dont les
bâtiments se confondent avec leur
environnement. Les maîtres artisans
japonais ont pu concentrer leurs
compétences sur les bâtiments eux-
mêmes, sur d’habiles assemblages
de sections sans clous, et sur la révé-
lation des textures originales et les
diérents tons du bois.
Dans des projets résidentiels le plus
souvent, grands et petits, les archi-
tectes trouvent de nouvelles façons
créatives pour révéler et mettre en
valeur la polyvalence du bois. Des
projets qui prennent de plus en plus
de hauteur.
Les autorités suédoises ont ainsi
approuvé une tour de bois de 34
étages à Stockholm, tandis que
Michael Green, un architecte de
Vancouver, a demandé une autori-
sation pour une tour de 30 étages
dans sa ville. Et le bureau d’archi-
tecture de Chicago Skidmore,
taire pour développer de nouvelles
formes de composants en bois, plus
solides, pour absorber le surplus
de production de bois du pays. Le
résultat fut le CLT-un matériau léger,
extrêmement robuste qui peut être
préfabriqué et coupé sur mesure. En
Belgique, à À Neder-over-Hembeek,
la Ville de Bruxelles a coné au bu-
reau d'architecture V+ et à une en-
treprise spécialisée la construction
d’une école dans cette technique
innovante.
Les démographes prédisent que la
population urbaine va doubler en
36 ans, en même temps que l'aug-
mentation de la demande pour des
structures de grande échelle dans
les villes de plus en plus denses.
Que les architectes construisent ces
tours à partir de matériaux non du-
rables comme l'acier et le béton ou
emploient de nouveaux matériaux
comme le CLT pourrait faire une
énorme diérence. Autrement dit,
l'avenir urbain du monde pourrait
trouver son salut dans le plus ancien
matériau de construction.
Il est peu probable que des tours de
bois puissent s’élever aussi haut que
les gratte-ciel d'aujourd'hui. Mais le
champ des possibilités est énorme.
Même dans les plus grandes villes
du monde, seule une poignée de bâ-
timents ont plus de 40 étages. "Une
large part du marché est viable. New
York est une ville de grande hauteur,
mais pas tant que ça ", dit William F.
Baker, qui a supervisé l'étude Skid-
more avec l'ingénieur de projet Ben-
ton Johnson. "Nous pourrions traiter
plus de bâtiments à Manhattan."
Nicolas Houyoux ✖

St-Loup (CH) - Architecte: Danilo Mondada
Chapelle de St-Loup
En été 2007, le groupement d’architectes constitué de Localarchitecture
et du bureau d’architecture Danilo Mondada remporte le concours
pour la rénovation de la Maison-Mère de la communauté des
Diaconesses de St-Loup. Il s’agit d’une rénovation profonde du
bâtiment, dont le redimensionnement de la chapelle existante.
de construire une chapelle pro-
visoire pour que la communauté
puisse utiliser un lieu de culte appro-
prié pendant la durée des travaux a
donc été prise. Il est clair que cette
option entraîne une réexion plus
large, encourage les collaborations
avec d’autres domaines que celui
du marché de la construction et de-
mande un investissement supplé-
mentaire de la part des concepteurs
ainsi que des Maîtres d’ouvrage.
Interprétant l’espace traditionnel
des églises protestantes et les varia-
tions des largeurs et hauteurs de de
la nef, du transept jusqu’au coeur, le
projet propose un espace qui varie
d’une échelle horizontale à une
échelle verticale ( l’abside) en pas-
La durée des travaux est prévue
de l’été 08 jusqu’en décembre 09.
Pendant cette période la commu-
nauté doit impérativement trouver
solution transitoire pour ses cultes
journaliers.
Dotés d’un budget limité, des ores
pour des structures provisoires
ont été demandées par les Maîtres
d’ouvrage. Le choix entre les tentes
octogonales ou les cabines de chan-
tier transformées ont été jugées peu
appropriées par le Maître d’ouvrage
et les architectes.
La spécicité du programme de
la chapelle provisoire ainsi que la
situation du lieu demandait une
réponse exceptionnelle. La décision
sant par une succession de plis qui
rythment le volume intérieur. Les
façades pignon sont faites de textile
aux reets cuivrés qui laisse passer
la lumière. Une ossature constituée
de montants et de diagonales des-
sinent les deux façades est et ouest
et rappellent la structure d’un vitrail.
Des panneaux de polycarbonate
transparents protègent l’espace
intérieur en ltrant le paysage envi-
ronnant.
Lieu de recueillement et de culte,
l’espace de la chapelle est conçu
pour procurer calme et concen-
tration dans un univers lumineux.
Implantée dans l’axe de la vallée,
la structure, ouverte de chaque
côté, laisse pleinement entrer la
lumière naturelle. Le volume plissé
génère un espace large et horizon-
tal à son entrée, puis se resserre et
s’élève pour devenir vertical vers le
coeur de la chapelle. Constitué de
panneaux de bois clair, la structure
rythme ainsi l’espace intérieur tout
en créant une atmosphère propice
au recueillement. Posée à même le
sol, la nouvelle chapelle s’immisce
dans le paysage de manière légère
et délicate. Chaque pli de la façade
rééchit la lumière diéremment et
souligne ainsi la progression et la
déformation du volume.
Les façades pignon sont revêtues
d’un textile aux reets cuivrés qui
laisse entrer la lumière. Une ossature
constituée de montants et de diago-
nales dessinent les deux façades est
et ouest et rappellent la structure
d’un vitrail. Exprimant clairement
la constitution de sa structure, les
panneaux sont recouverts d’une
étanchéité puis d’une seconde peau
de bois, carapace “protective” pour
l’espace de recueillement.
Conçus en bois contrecollé d’épais-
seurs variable, 60 mm pour la toi-
ture, 40 mm pour les façades et
les sols, les panneaux structurels
sont découpés par une scie à com-
mande numérique. Chaque pan-
neau est de taille diérente. Les
assemblages sont assurés par des
tôles métalliques pliées de 3 mm et
clouées.
Une étanchéité bitumineuse re-
couvre l’ensemble de la structure.
La peau extérieure est constituée
de panneaux bois 3 plis 19 mm lazu-
rés, montés sur un lambourdage et
assemblés à joints ouverts an de
garantir l’écoulement des eaux de
pluie.
Les façades pignon sont stabilisées
par une ossature de montants et de
poutres diagonales de sapin. Des
cadres de textiles cuivre habillent
la face extérieure, tandis que des
panneaux de polycarbonate alvéolé
10 mm transparents assurent l’étan-
chéité sur la face intérieure. ✖

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Construire sans eau
La construction sèche désigne l’ensemble des techniques du
bâtiment ne nécessitant pas d’eau. Pièces en bois ou acier,
panneaux sandwichs, pré-murs… en béton ou autres, sont ajustés
et pré-assemblés en usine. Ce qui économise sur les matériaux, le
transport, l’outillage et la main-d’œuvre. Avec des revêtements de sols
sans chape, des murs superisolants d’épaisseur réduite, la construction
plus légère, qui est aussi à haute performance énergétique, offre
davantage de surfaces utiles aux occupants.
sur le chantier, qui ainsi dépend
moins des intempéries.
La préfabrication des pièces et la
réduction du temps de construction
permettent de réaliser une écono-
mie importante sur les matériaux, le
transport et l’outillage, mais égale-
ment la main-d’œuvre. De plus, la -
lière sèche ne nécessite pas d’engin
encombrant. Elle représente donc la
solution pour construire ou suréle-
ver un bâtiment dicilement acces-
sible, en pleine ville par exemple.
Les matériaux secs orent une
grande variété d’agencement, de
teintes et d’association avec d’autres
matériaux. Le bois, matière noble par
excellence, est renouvelable. Il per-
met de concevoir des espaces modu-
De tous les procédés disponibles
dans la lière sèche, la construc-
tion en bois est la plus courante. On
retrouve ce matériau dans l’ossature
du bâtiment ou sous forme de pan-
neaux . Douze fois plus isolant que
le béton, il permet de réduire l’épais-
seur des murs et donc d’augmenter
l’épaisseur de l’isolation sans perdre
de surface habitable. Cette matière
première renouvelable donne un
habitat écologique, sain et durable.
L’absence d’un temps de séchage
des matériaux évite les risques de
malfaçon rencontrés lors d’une
mauvaise gestion de cette étape de
la lière humide. De plus, les pièces
en bois ou en acier peuvent être
ajustées et pré assemblées en usine.
Cela diminue le temps de montage
lables et facilement adaptables, tout
en conservant une isolation acous-
tique et thermique performante.
Le pré assemblage en atelier réduit
le bruit, la poussière et la pollution
sur le chantier de construction. Cette
réduction des nuisances occasion-
nées par les travaux est très appré-
ciée du voisinage. De plus, la faible
quantité de déchets, la consom-
mation réduite en eau en font un
chantier peu polluant, vite nettoyé.
Un chantier en lière sèche ache
donc un « bilan carbone » moins im-
portant qu’en lière humide, surtout
avec l’emploi du bois, seul matériau
de construction doté d’un bilan CO2
positif. Cette démarche est tout à
fait adaptée aux réglementations
BBC et RT 2012. ✖
Habitation écologique à Lummen
L’architecte Davy Stroobants a
conçu cette maison basse énergie
en 2006. Il a été récompensé par
la Province du Limbourg avec l’
« Award Duurzame Woning » en
2010.
Véritable vitrine de verre, de brique,
d’acier et de béton, la maison ore
de très bonnes performances énergé-
tiques et ne comporte aucun escalier,
seules les rampes mènent aux dié-
rents niveaux. Conçue pour une fa-
mille avec deux enfants, son architec-
ture s’inspire des années 50. Le salon,
la cuisine et la salle à manger s’intègre
dans un seul espace. D’immenses
fenêtres de part et d’autre de la pièce
illuminent le séjour du matin au soir.
L’utilisation de pompes à chaleur, la
toiture verte et l’inertie thermique du
béton réduisent fortement la consom-
mation énergétique. Les trois maté-
riaux utilisés sont le béton, l’acier et
la brique. Le gris domine et l’ajout de
couleurs chaudes confère une touche
de convivialité.
L’intérieur ne présente aucun élément
de décoration. L’architecture se sut à
elle-même. Seules les peintures abs-
traites de l’architecte sont accrochées
aux murs, qui ont été peintes pendant
la construction. Elles représentent la
maison, avec ses lignes diagonales,
ses angles, ses fenêtres rondes que
l’on peut distinguer sur la façade. En
somme, la construction matérialise les
œuvres abstraites du concepteur.
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