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N° 525 - Novembre - Décembre 2008
tendances lourdes, identifie les
risques de ruptures et prend en
compte les univers périphériques
susceptibles d’interfacer avec les acti-
vités. Elle inclut bien évidemment la
fonction d’organisation et l’analyse de
son cadre fondamental de référence,
• l’analyse conjoncturelle prend en
compte les éléments externes, expri-
més en termes de menaces et d’op-
portunités et les facteurs internes,
classés en forces et faiblesses.
Le choix du positionnement et des
domaines d’activités stratégiques (DAS)
permet de définir un premier niveau de
sous-ensembles pertinents qui sera à son
tour garant de cohérence et de qualité.
Chaque DAS pourra être analysé en fonc-
tion des différents segments de marché
correspondant à des cibles suffisamment
homogènes pour assurer la construc-
tion d’une offre de service adaptée. Celle-
ci se traduira par un «service mix » (trans-
position des services du marketing-mix),
composé de quatre éléments:
• un ensemble de prestations/et/ou
produits,
• un réseau de distribution,
• une tarification,
• une communication/conseil.
Cette démarche se place de facto à l’op-
posé de la sommation des projets
«collectés» approches que nous quali-
fierons d’«historiques»: la qualité n’est
pas la somme des qualités partielles
(idem pour la stratégie) mais celle du
service rendu au consomm’acteur de
soins. Elle est la qualité du process
client qui conduit à sa satisfaction, avec,
en amont, un prérequis sécurité/préven-
tion/gestion des risques.
Il est donc possible d’affirmer qu’il existe
une chaîne de valeur intégrale: straté-
gie/marketing/sécurité/qualité/satisfac-
tion. Au sein de cette chaîne de valeur,
le personnel joue un rôle déterminant
pour la promotion de la qualité et de la
satisfaction/client. Cela implique de
considérer les personnels comme des
clients internes: plus ils sont satisfaits 1,
plus ils contribuent à la satisfaction
du consomm’acteur de soins et de
prévention. Si cette approche apporte
cohérence, qualité et économies, alors
il est grand temps que les profession-
nels de santé se l’approprient. Encore
faut-il concevoir cet enseignement, ce
qui appelle plusieurs questions: que
faut-il enseigner? selon quelle méthode
pédagogique? qui doit enseigner? quels
sont les professionnels concernés?
>> Quelques outils
Inutile de présenter un catalogue,
mentionnons simplement quelques
outils:
• le métier et le cadre fondamental de
référence (CFR) constituent un point de
référence pour appréhender ultérieure-
ment si une activité, ou projet est en
adéquation avec le CFR. Il constituera
aussi une aide précieuse dans l’analyse
de la sous-traitance. Il convient donc
de le définir préalablement. Les grilles
de construction existent,
• le portefeuille d’activités: le raisonne-
ment doit toujours se situer par rapport
à l’ensemble de l’entreprise hospitalière,
la décision d’affectation de ressources
relevant toujours d’arbitrages à ce
niveau. Ceux-ci sont destinés à servir
la stratégie, dont la première finalité est
d’assurer la survie de la structure, et la
seconde de se développer,
• le positionnement sur le cycle de
vie afin d’appréhender deux séries
d’informations:
- l’identification du positionnement
(lancement, croissance, maturité,
déclin), qui apporte un premier éclai-
rage sur les actions à entreprendre,
- la clarification globale de l’ensemble
des activités sur le cycle de vie, qui
favorise l’identification et l’objecti-
vation des sources potentielles de
désinvestissement. Cette notion
de désinvestissement, identifiée en
amont, permet d’anticiper et de
réorienter précocement les finance-
ments sur des activités en crois-
sance ou en phase de lancement. Il
permet aussi, en phase intermé-
diaire, d’ajuster le service-mix.
Plutôt que de privilégier un outil à un
autre (cités ou non dans cet article), il
s’agit de les choisir en fonction du cas
à traiter et de procéder à la synthèse des
informations.
>> Quelques règles pédagogiques
Elles sont issues d’une expérience de
terrain et combinent l’enseignement des
concepts, et leur illustration, avec l’in-
vitation à réfléchir à la transposabilité
des outils dans les contextes profes-
sionnels hospitaliers.
La méthode pédagogique alternera
notamment:
• exposé théorique des concepts, stra-
tégie et marketing,
• exemples du domaine industriel et
commercial,
• étude de cas pratiques avec travaux
en sous-groupe,
• discernement dans le choix et l’utili-
sation des outils,
• documentation,
• apport du «sachant méthodologique »
(stratégie/marketing).
Ces items sont des pistes qu’il
convient d’approfondir de manière
pluriprofessionnelle de façon à « faire
bien dès la première fois » là aussi.
La formation initiale est à compléter
par un suivi dans un délai à convenir
en fonction des structures et de leurs
problématiques.
Un renouveau du couple straté-
gie/marketing est possible en
santé. Au-delà des seuls hôpitaux, il
concerne aussi les maisons de retraite,
les centres spécialisés, les écoles profes-
sionnelles… Et pas seulement en
France : les acteurs européens partagent
les mêmes analyses 2. Son enseigne-
ment s’adresse à tous les professionnels
de santé. Ils acquerront des connais-
sances utiles dans leurs pratiques,
comme à titre personnel. ■
1. On retrouve ici la notion de
magnet hospital, concept
anglo-saxon qui étalonne la
qualité des soins à la satisfac-
tion des personnels. (NDLR)
2. En témoignent deux
articles récemment publiés
dans la revue Hospital :
Peter Hundt, Kerstin
Tepper, Detlef Steinhausen,
« Marketing hospitalier,
une mission stratégique »,
Hospital 2006/01, p. 16.
Dr Frédéric Bielen, Christophe
Sempels, «Pourquoi le marke-
ting hospitalier a-t-il de l’ave-
nir?», Hospital 2006/01,
p. 19.
Marketing
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