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GRAMMAIRE CATALANE-FRANÇAISE.
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Imprimerie de J.-B. ALZINE
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GRAMMAIRE CATALANE-FRANÇAISE.
A L'USAGE DES FRANÇAIS.
OBLIGÉS OU CURIEUX DE CONNAÎTRE LE CATALAN, DES LINGUISTES ET
DES AMATEURS DE LA LANGUE ROMANE,
PAR M. P. PUIGGARI.
HOMME DE LETTRES, EX-FONCTIONNAIRE DE L'UNIVERSITÉ, MEMBRE DE
PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES, AUTEUR DE DEUX OUVRAGES SUR LA LANGUE
CASTILLANE, A L'USAGE, L'UN DES FRANÇAIS ET L'AUTRE DES ESPAGNOLS,
ETC., ETC.
PERPIGNAN,
J. B. ALZINE, libraire-éditeur,
Rue des Trois-Journées, 1.
1852
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GUILLAUME DE CABESTANH
Parmi les troubadours, au nombre de cinq, qui ont brillé dans notre pays,
dès le XIIe siècle, et parmi bien d'autres de diverses contrées, Guillaume de
Cabestanh (ou 'Cabestany') s'est acquis une grande renommée. Il la doit à la
beauté de ses vers, et de plus, à ce qu'on a raconté de son amour pour
Saurimonde, femme de son châtelain, Raimond de Castel-Roussillon, et des
terribles catastrophes qui s'ensuivirent. Mais il est clair que ces catastrophes ont
été appliquées aux prétendus amants par quelque jongleur qui les a empruntées
à la fameuse histoire du sire de Coucy. Mais, encore, cette histoire, tout comme
celles de Peau-d'âne, de la Belle au bois dormant, de Dolopathos, de la plupart
des contes de Perrault et des fables de Lafontaine, se retrouve dans les
traditions de la Grèce, de la Haute-Asie, de la Chine même. (AMPÈRE, 'Cours de
littérature française au moyen-âge.)
On dira, sans doute, que la chanson de Guillaume adressée à Saurimonde,
respire un amour si ardent et si coupable, qu'elle pût porter le mari à une
cruelle vengeance. Il n'en fut pas ainsi, néanmoins, malgré les apparences; car,
d'abord, selon des actes authentiques de nos archives, Saurimonde était 'vivante
et veuve' en 1210; et, deux ans après, on voit Guillaume figurer, dans l'histoire,
parmi les chevaliers du Roussillon qui combattirent à la célèbre bataille de 'las
Navas'. [i]
Et, lors-même que Raimond ne fût pas mort avant sa femme, il n'aurait pu
songer à aucune espèce de vengeance. En voici la raison.
Au temps de la chevalerie, les femmes se chargeaient du soin d'apprendre,
tout à la fois, aux jeunes pages leur catéchisme et l'art 'difficile' d'aimer.
L'amour 'de Dieu et des dames' était la devise de toute leur vie. C'est ce qu'on lit
dans plusieurs auteurs de marque.
A cette notion, M. FRANCISQUE MANDET en a ajouté une autre plus
instructive, dans son Histoire de la langue romane (1850): «Le page, dit-il, quand
il passe au service de la châtelaine, pour peu qu'il soit aimable, ne tarde pas à
devenir le jouvenceau favori, et cet amour, 'toujours approuvé pas le seigneur et
maître, n'excite point de jalousie, il est presque un devoir'.»
Or, Guillaume de Cabestanh avait été page de Saurimonde; c'est lui-même
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qui le dit en ces mots:
Qu'ieu foi noiritz enfans
Per far vostres comans.
Ainsi donc. Notre troubadour n'a aspiré qu'à montrer à sa châtelaine
comment il avait profité de ses leçons; et il redoute si peu le sire de Castel-
Roussillon, qu'il suit l'usage étaient plusieurs poètes d'adresser aux maris
leurs vers en l'honneur des dames (MILLOT). C'est le meilleur commentaire
que l'on puisse appliquer à l'ENVOI de la chanson dont il s'agit.
Imprim. De J.-B. ALZINE, rue des Trois-Journées, 4, à Perpignan.
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