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LES POINTS FORTS DE L‘EXPOSITION
• Première rétrospective de l‘ensemble de l‘œuvre de
François Kollar en France, l‘exposition « Un ouvrier
du regard » présente un panorama de ses travaux
photographiques à travers plus de 130 tirages des années
1930 à 1960 en Europe. D‘origine hongroise, Kollar est l‘un
des plus grands maîtres du reportage industriel en France
au XXe siècle.
• L‘œuvre de François Kollar se situe sur deux périodes
majeures de l‘histoire de la photographie et de l‘histoire
du XXe siècle : les années 1930 et 1950-1960. La
rétrospective du Jeu de Paume s‘inscrit dans le cycle des
expositions dédiées aux photographes emblématiques de
cette époque, tels que Laure Albin Guillot, André Kertész,
Claude Cahun ou Germaine Krull. Cette exposition met
à l‘honneur la donation des négatifs, tirages, magazines,
coupures de presse, et dépliants publicitaires, proposée par
la famille du photographe et acceptée par l‘Etat français en
1987.
• L‘exposition s‘organise chronologiquement autour
du parcours du photographe, en partant de ses
expérimentations (autoportraits et photomontages) avec
sa femme et complice, Fernande, dans les années 1930.
Avec ses premiers travaux pour la publicité et la mode,
François Kollar s‘affirme dans la prise de vue publicitaire
pour Oméga, Christofle, Hermès, les parfums Worth et
Coty. Il collabore pendant de nombreuses années avec des
magazines tels que Harper‘s Bazaar, L‘Illustration, VU, Voilà,
Le Figaro Illustré ou Plaisir de France. Après son travail
documentaire sur les mutations du monde du travail dans
les années 1930, la fin de sa carrière est rythmée par ses
reportages industriels des années 1950-1960 en
Afrique-Occidentale Française et en France.
• Grâce à son expérience d‘ouvrier chez Renault, François
Kollar montre dans son oeuvre une grande sensibilité vis-
à-vis des formes et des espaces industriels. L‘exposition «
Un ouvrier du regard » témoigne de sa grande expertise
technique, en studio comme en extérieur, et de son
intérêt profond pour les métiers de l‘industrie. Elle met en
lumière une grande diversité de sujets photographiés et
les techniques utilisées par François Kollar tout au long de
sa carrière, ainsi que l‘évolution du monde du travail, de
l‘artisanat à l‘industrie.
• Le cœur de l‘exposition est consacré au point culminant
de la carrière de François Kollar, La France Travaille.
Cette commande de l'éditeur des Horizons de France se
compose d‘une quinzaine de fascicules réalisés entre 1931
et 1934. Ces reportages répertoriés par secteur — de
l‘agriculture à la sidérurgie, en passant par les métiers de
la mer et à l‘exploitation de l‘électricité — ont été réalisés
pour mettre en valeur les fleurons de l‘industrie française et
la figure du travailleur, participant à idéaliser l‘image des
hommes et femmes au travail. L‘ensemble de ces reportages
constitue un témoignage unique sur le monde du travail
et sur la société française du début des années 1930 au
début des années 1960. Tout au long de cette période de
mutation, François Kollar s‘attache à photographier l‘univers
mécanique de la production en série, la rationalisation de la
production, la standardisation ...
• Par des jeux de lumière, de transparence et de
clair-obscur ainsi que ses compositions mettant en valeur
différentes textures, François Kollar parvient à faire se
dégager une sensibilité dans les paysages industriels.
Il s‘y révèle un photographe tempéré, à mi-chemin entre le
modernisme épuré du Bauhaus et l‘humanisme. Au début
de sa carrière, François Kollar immortalise pour Harper‘s
Bazaar robes, bijoux et objets d‘arts, qui montrent son
souci constant du geste et de l‘intelligence de la main. Le
travail de Kollar se caractérise par une approche sensible
et distante à la fois : sensible à la forme et à la lumière
des situations auxquelles participent les objets et les corps
humains ; distante par l‘objectif qui se tient loin du peuple et
de ses revendications, puisqu‘aucune trace des mouvements
sociaux pourtant nombreux à cette période (1929 et 1931-
1936) n‘est présente dans ses travaux.
• La rétrospective permet d‘appréhender la diversité du
travail d‘un photographe lui-même « ouvrier » au service
de ses commanditaires - qu‘ils soient publicitaires, du
monde de la mode et de la presse, ou industriels - tout en
préservant une identité photographique forte et un regard
singulier sur son époque. Dans l‘ensemble de son œuvre,
François Kollar témoigne de l‘idéologie du progrès, moteur
de l‘économie capitaliste, avec la distance qui le caractérise.