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UNIVERSITE HENRI POINCARE - NANCY 1
2008
___________________________________________________________________________
FACULTE DE PHARMACIE
Etude ethnopharmacologique de douze fruits
des petites Antilles
et de Guyane française.
THESE
Présentée et soutenue publiquement
Le
mai 2008
pour obtenir
le Diplôme d'Etat de Docteur en Pharmacie
par
Anne-Sophie Girard
née le 22 avril 1982 à Laxou (54)
Membres du Jury
M. Max HENRY, Professeur, faculté de pharmacie Nancy.
Juges :
M. François MORTIER, professeur honoraire, faculté de pharmacie Nancy.
Mme Constance HOMMELL, pharmacien d’officine.
0
UNIVERSITE Henri Poincaré - Nancy 1
FACULTE DE PHARMACIE
DOYEN
Chantal FINANCE
Vice-Doyen
Francine PAULUS
Président du Conseil de la Pédagogie
Pierre LABRUDE
Responsable de la Commission de la Recherche
Jean-Claude BLOCK
Directeur des Etudes
Gérald CATAU
Responsable de la Commission des Relations Internationales
Janine SCHWARTZBROD
Responsable de la Communication
Francine KEDZIEREWICZ
Responsable de la Commission Hygiène Sécurité
Laurent DIEZ
Responsable de la filière Officine :
Gérald CATAU
Responsables de la filière Industrie :
Isabelle LARTAUD
Jean-Bernard REGNOUF de VAINS
Responsable du CEPH :
Jean-Michel SIMON
(Collège d’Enseignement Pharmaceutique Hospitalier)
Doyen Honoraire : Claude VIGNERON
Professeur Emérite : Gérard SIEST
1
Professeurs Honoraires
Maîtres de Conférences Honoraires
Roger BONALY
Marie-Claude FUZELLIER
Thérèse GIRARD
Marie-Andrée IMBS
Maurice HOFFMAN
Marie-Hélène LIVERTOUX
Michel JACQUE
Jean-Louis MONAL
Lucien LALLOZ
Marie-France POCHON
Pierre LECTARD
Anne ROVEL
Vincent LOPPINET
Maria WELLMAN-ROUSSEAU
Marcel MIRJOLET
François MORTIER
Maurice PIERFITTE
Assistante Honoraire
Louis SCHWARTZBROD
Madame BERTHE
ENSEIGNANTS
PROFESSEURS
Alain ASTIER (en disponibilité) ………………….. Pharmacie clinique
Jeffrey ATKINSON ………………………………. Pharmacologie
Gilles AULAGNER ………………………………. Pharmacie clinique
Alain BAGREL ……………………………………. Biochimie
Jean-Claude BLOCK ……………………………. .. Santé publique
Christine CAPDEVILLE-ATKINSON ……………. Pharmacologie cardiovasculaire
Chantal FINANCE ………………………………… Virologie, Immunologie
Pascale FRIANT-MICHEL ………………………... Mathématiques, Physique, Audioprothèse
Marie-Madeleine GALTEAU……………………… Biochimie clinique
Christophe GANTZER ……………………………. Microbiologie environnementale
Max HENRY ………………………………………. Botanique, Mycologie
Jean-Yves JOUZEAU ……………………………… Bioanalyse du médicament
Pierre LABRUDE ………………………………….. Physiologie, Orthopédie, Maintien à domicile
Dominique LAURAIN-MATTAR…………………. Pharmacognosie
Isabelle LARTAUD………………………………… Pharmacologie
Pierre LEROY………………………………………. Chimie physique générale
Philippe MAINCENT………………………………. Pharmacie galénique
Alain MARSURA…………………………………... Chimie thérapeutique
Jean-Louis MERLIN………………………………... Biologie cellulaire oncologique
2
Alain NICOLAS……………………………………. Chimie analytique
Jean-Bernard REGNOUF de VAINS………………. Chimie thérapeutique
Bertrand RIHN……………………………………… Biochimie, Biologie moléculaire
Janine SCHWARTZBROD ………………………... Bactériologie, Parasitologie
Jean-Michel SIMON………………………………... Economie
de
la
santé,
Législation
pharmaceutique
Claude VIGNERON………………………………... Hématologie, Physiologie
MAITRES DE CONFERENCES
Monique ALBERT…………………………………..Bactériologie, Virologie
Sandrine BANAS…………………………………… Parasitologie
Mariette BEAUD…………………………………… Biologie cellulaire
Emmanuelle BENOIT………………………………. Communication et Santé
Michel BOISBRUN………………………………… Chimie thérapeutique
Catherine BOITEUX………………………………...Biophysique, Audioprothèse
François BONNEAUX……………………………... Chimie thérapeutique
Cédric BOURA……………………………………... Physiologie
Gérald CATAU……………………………………... Pharmacologie
Jean-Claude CHEVIN………………………………. Chimie générale et minérale
Igor CLAROT………………………………………. Chimie analytique
Jocelyne COLLOMB……………………………….. Parasitologie, Organisation animale
Joël COULON……………………………………… Biochimie
Sébastien DADE……………………………………. Bio-informatique
Bernard DANGIEN………………………………… Botanique, Mycologie
Dominique DECOLIN……………………………… Chimie analytique
Béatrice DEMORE…………………………………. Pharmacie clinique
Joël DUCOURNEAU………………………………. Biophysique, Audioprothèse, Acoustique
Florence DUMARCAY…………………………….. Chimie thérapeutique
François DUPUIS…………………………………... Pharmacologie
Raphaël DUVAL…………………………………… Microbiologie clinique
Béatrice FAIVRE…………………………………… Hématologie
Luc FERRARI……………………………………… Toxicologie
Stéphane GIBAUD…………………………………. Pharmacie clinique
Françoise HINZELIN………………………………. Mycologie, Botanique
Thierry HUMBERT………………………………… Chimie organique
Frédéric JORAND………………………………….. Santé et Environnement
Francine KEDZIEREWICZ………………………… Pharmacie galénique
Alexandrine LAMBERT……………………………. Informatique, Biostatistiques
Brigitte LEININGER-MULLER…………………… Biochimie
3
Stéphanie MARCHAND…………………………… Chimie physique
Faten MEHRI-SOUSSI…………………………....... Hématologie biologique
Patrick MENU……………………………………… Physiologie
Christophe MERLIN………………………………... Microbiologie environnementale et moléculaire
Blandine MOREAU………………………………… Pharmacognosie
Dominique NOTTER……………………………….. Biologie cellulaire
Francine PAULUS………………………………….. Informatique
Christine PERDICAKIS……………………………. Chimie organique
Caroline PERRIN-SARRADO……………………... Pharmacologie
Virginie PICHON…………………………………... Biophysique
Anne SAPIN………………………………………... Pharmacie galénique
Marie-Paule SAUDER……………………………… Mycologie, Botanique
Nathalie THILLY……………………………………Santé publique
Gabriel TROCKLE…………………………………. Pharmacologie
Mohamed ZAIOU…………………………………... Biochimie et Biologie moléculaire
Colette ZINUTTI…………………………………… Pharmacie galénique
PROFESSEUR ASSOCIE
Anne MAHEUT-BOSSER…………………………. Sémiologie
PROFESSEUR AGREGE
Christophe COCHAUD…………………………….. Anglais
ASSISTANT
Annie PAVIS……………………………………….. Bactériologie
SERVICE COMMUN DE DOCUMENTATION DE L’UNIVERSITE (SCD)
Anne-Pascale PARRET…………………………….. Directeur
Frédérique FERON…………………………………. Responsable
de
la
section
Pharmacie-
Odontologie
4
S ERMENT DES A POTHICAIRES
Je jure, en présence des maîtres de la Faculté, des conseillers de
l’ordre des pharmaciens et de mes condisciples :
Ð’ honorer ceux qui m’ont instruit dans les préceptes
de mon art et de leur témoigner ma reconnaissance en
restant fidèle à leur enseignement.
Ð’exercer,
dans l’intérêt de la santé publique, ma
profession avec conscience et de respecter non
seulement la législation en vigueur, mais aussi les
règles de l’honneur, de la probité et du
désintéressement.
Ðe ne jamais oublier ma responsabilité et mes devoirs
envers le malade et sa dignité humaine ; en aucun
cas, je ne consentirai à utiliser mes connaissances et
mon état pour corrompre les mœurs et favoriser des
actes criminels.
Que
les hommes m’accordent leur estime si je suis fidèle à mes
promesses.
Que je sois couvert d’opprobre et méprisé de mes confrères si j’y
manque.
5
Remerciements :
A Monsieur le Professeur Max Henri,
Qui me fait l'honneur de présider ce jury.
Qu'il reçoive l'expression de toute ma gratitude.
A Monsieur le Professeur François Mortier, qui m'a encadré durant ce
travail.
Qu'il retrouve ici le témoignage de mon entière reconnaissance, pour son aide
précieuse et sa gentillesse en toutes circonstances.
A Madame Constance Hommell, qui me fait le plaisir de siéger dans ce
jury.
Qu'elle sache l'estime que je lui porte pour sa sympathie.
A mes parents, bien sûr.
Qui m'ont toujours soutenu durant mes études et tout au long de ma vie. A mon
tour de les soutenir dans ces moments difficiles.
A mes frères et à ma sœur.
A mes grands parents
A mes amis.
A mes professeurs.
6
« LA FACULTE N’ENTEND DONNER AUCUNE
APPROBATION,
NI
IMPROBATION
AUX
OPINIONS EMISES DANS LES THESES, CES
OPINIONS DOIVENT ETRE CONSIDEREES
COMME PROPRES A LEUR AUTEUR ».
7
SOMMAIRE :
Introduction : Pourquoi les fruits des petites Antilles ?.................................4
I. Contexte général des petites Antilles……………….…………………...…6
I.1.Contexte géographique………………………………………………......6
I.2.Contexte climatique……………………………..…...............................14
I.3.Végétation…………………………………….….……………………..15
I.4.Historique………………………………………….................................17
I.4.1. Histoire générale des petites Antilles..…………………….……...17
I.4.1.1. La période précolombienne……..…..................................18
I.4.1.2. La découverte de ces îles…………...................................18
I.4.1.3. Le XVIIe siècle.…………………………………….……19
I.4.1.3. Le XVIIIe siècle.………………........................................19
I.4.1.4. Le XIXe siècle…………………........................................19
I.4.2. Evolution de la médecine aux petites Antilles…………………….19
I.4.2.1. Médecine des Amérindiens …….………………………...19
I.4.2.2. Apport de la médecine occidentale……………………….22
I.4.2.3. La médecine des esclaves africains………………….……24
I.4.2.4. Thérapeutique traditionnelle de nos jours….………….….25
I.5.Mode de vie et similitudes entre les îles………………...........................27
I.5.1. Importance des cultures familiales………………………………...27
8
I.5.2. Similitudes entre les différentes îles………………………………28
II.
Etude
ethnopharmacologique
des
douze
fruits
choisis..…………………………………………………………………………29
II.1.Ananas
comosus
L.(Ananas)…...………………………….……………30
II.2. Annona muricata L. (Corossol)…………………………………..……38
II.3. Capsicum frutescensL. (Piment)………………..……………..……….46
II.4. Carica papaya L.(Papaye)……………………..……............................54
II.5. Citrus aurantifolia Swingle(Citron vert)………………..……………..62
II.6. Cocos nucifera L. (Noix de coco)……………………….……………..70
II.7. Mammea americana L. (Abricot pays)...................................................78
II.8. Mangifera indica L. (Mangue)………………………………………...85
II.9. Momordica charantia L. (Paroka)..........................................................92
II.10. Musa paradisiacaL. (Banane plantain)…………………..………...100
II.11.Persea americana Mill. (Avocat)........................................................108
II.12. Psidium guayava L.(Goyave).............................................................116
Conclusion……………………………………………………………………124
9
Introduction :
Pourquoi les fruits des petites Antilles ?
Outre la consommation des fruits dans un but alimentaire, dans toutes les
petites Antilles, les habitants utilisent les fruits et autres parties d’arbres fruitiers
pour soigner des maladies ou les petits maux du quotidien, car il s’agit d’une
matière première très accessible et de « bonne réputation ».
Un choix de douze fruits a été effectué pour leurs utilisations et leur
répartition dans toutes les petites Antilles .On peut donc comparer leurs
utilisations d’une île à une autre. Ce sont des fruits que l’on trouve dans les
jardins privés et sur les étals des marchés, ils sont de consommation courante.
Dans cette étude, nous inclurons la Guyane française, bien que située sur
le continent américain, en raison des grandes similitudes qu’elle présente avec
les petites Antilles, tant par sa végétation que par ses influences ethniques.
En premier lieu, afin de situer cette étude dans son contexte et de mieux
comprendre les divergences et similitudes que l’on rencontrera d’une île à une
autre, nous étudierons les contextes géographiques, ethniques, historiques et
climatiques de ces îles. En effet, les petites Antilles représentent des territoires
ayant subis nombre de brassages de population suite aux colonisations, à la traite
négrière et aux différentes vagues d’immigration qui eurent lieu au cours de
l’histoire. Ainsi, les plantes et leurs connaissances ont été partagées, brassées,
enrichies,… Ensuite, nous nous intéresserons exclusivement à l’étude détaillée
10
des douze fruits choisis.
Carte de l'arc des petites Antilles (a)
11
I. Contexte général des petites Antilles :
I.1. Contexte géographique :
L’arc des petites Antilles s’étend entre le 12ème et le 19ème parallèle et par 59°
à 64° de longitude Ouest. Ces territoires représentent 7000km² de terres
émergées d’origine volcanique (89). Du Nord au sud, on rencontre, pour les
principales îles : Anguilla, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Saba, SaintEustache, Saint-Kitts et Nevis, Antigua et Barbuda, Montserrat, La Guadeloupe,
La Dominique, La Martinique, Sainte-Lucie, Saint-Vincent et les Grenadines,
La Barbade, et enfin La Grenade (41 et 89).
Afin de replacer chaque île dans son contexte, il convient de présenter une
fiche d’identité succincte de chaque île des petites Antilles.
¾
Anguilla :
carte d'Anguilla (b)
Petite île de 155 Km² comptant 8 000 habitants (les Anguillais) d’origine
surtout africaine et pour très peu irlandaise. Il s’agit d’un protectorat britannique
indépendant. La végétation rencontrée y est sèche et aride (21, 41).
¾
Saint-Martin :
carte de Saint-martin (b)
Cette île, bien qu’ayant une superficie de seulement 88 Km², est
constituée de deux parties : l’une française étant rattachées au département de La
Guadeloupe, et l’autre néerlandaise (40). Elle présente une population de 64 000
âmes pour 20% native de l’île ainsi
qu’une importante communauté
hispanophone venant de la République Dominicaine. La végétation présente est
surtout sèche. L’économie de l’île est plutôt tournée vers le tourisme (21, 40).
¾
Saint-Barthélemy :
carte de Saint-Barthélemy (b)
Ile de 21 Km² rattachée à La Guadeloupe. Ses 5 000 habitants (les saintBarth) sont des descendants de colons normands et bretons arrivés au 17ème
siècle, ou de marchands suédois ainsi que des métropolitains attirés par le
potentiel touristique de l’île (21, 41).
La végétation est une végétation de climat aride avec des cactus et des
bougainvillées (89).
¾
Saba :
carte de Saba (c)
Ile appartenant au Royaume des Pays-Bas, couvrant seulement 13 Km² et
comptant 1100 habitants (les Sabans) (41). A l’origine les populations présentes
descendent des esclaves africains ainsi que de colons écossais, irlandais ou
scandinaves (21).
Cette île présente également une grande diversité de végétation.
13
¾
Saint-Eustache :
carte de Saint-Eustache (b)
Ile appartenant également au royaume des Pays-Bas, de 21km² et 1640
habitants (les Statians), d’origine africaine pour la plupart (21, 41).
¾
Saint-Kitts et Nevis :
carte de Saint-Kitts et Nevis (b)
Ile faisant partie du Commonwealth, mais Nevis a une autonomie interne.
Saint-Kitts a une superficie de 168 Km² pour 36 000 habitants (les Kittitians),
tandis que Nevis fait 161 Km² pour 9 500 habitants (les Nevissiens) (41), ceuxci étant surtout d’origine africaine (90%), mais aussi européenne, ou issus de
mariages mixtes (21).
¾
Antigua et Barbuda :
cartes d'Antigua et Barbuda (b)
Territoire faisant partie du Commonwealth, Antigua a une superficie de
280 Km² et compte 65 000 habitants (les Antiguais) et Barbuda mesure 161 Km²
pour 1 100 habitants (41). Les habitants sont, pour 90 %, des descendants
d’esclaves africains, mais on note aussi des petites communautés anglaises,
portugaises et libanaises.
L’économie de l’île est surtout tournée vers le
tourisme. La végétation rencontrée est surtout constituée de broussailles (21).
14
¾
Montserrat :
carte de Montserrat (b)
Il s’agit d’une colonie britannique de 106 Km²
et 1 100 habitants,
d’origine africaine et issus de métissages irlandais (41).
On y rencontre beaucoup de forêt tropicale humide, et les manguiers et autres
fruits à pain poussent en abondance le long des routes (89).
¾
La Guadeloupe :
carte de la Guadeloupe (d)
Département d’outre mer français qui comprend aussi Saint-Martin, SaintBarthélemy, Les Saintes, Marie-Galante et la Désirade. Les différents
superficies et démographie sont : 1 436 Km² et 33 4000 habitants pour la
Guadeloupe, 158 Km² et 13 000 habitants pour Marie-Galante, 18 Km² et 1600
habitants pour La Désirade, et 15 Km² et 3000 habitants pour Les saintes (41).
Les origines sont diverses, on rencontre à la fois des métis d’origine africaine,
européenne et indienne. Aux Saintes, les habitants sont des descendants de
pêcheurs bretons et normands (21).
La végétation y est partagée entre forêts humides d’altitude, forêts sèches
de plaines, mangroves et champs cultivés. En effet l’agriculture y est intensive,
on y cultive encore beaucoup de canne à sucre et de bananes (50).
On dénombre près de 1800 espèces de phanérogames, soit une espèce par Km²et
parmi celles-ci 1000 on été importés. La luxuriance de végétation s’explique par
l’activité volcanique et le climat tropical (50).
15
¾
La Dominique :
carte de la Dominique (b)
République indépendante au sein du Commonwealth de 750 Km² pour
72 000 habitants (les Dominicains) surtout d’origine africaine et 2 000
descendants des indiens Caraïbes, vivant dans une réserve de 1 800 ha (41).
Les langues employées sont l’anglais et un patois d’origine française (21).
La végétation est hétéroclite, on rencontre à la fois des forêts pluviales, des
zones broussailleuses, des végétations de type volcanique, ainsi que des forêts
littorales et de montagne. Chanca, Le médecin compagnon de Colomb disait
d’elle « C’est une île montagneuse, très belle, y compris l’eau, c’était une joie de
la regarder parce qu’en cette saison, il n’y a pas en notre terre de chose aussi
verte. » De même, l’agriculture étant la principale ressource de l’île, on trouvera
de nombreuses cultures, en particuliers de bananes, d’épices, de noix de coco, de
café et d’agrumes (89).
¾
La Martinique :
carte de la Martinique (d)
Département d’outre-mer français, la Martinique mesure 1080 Km² et
compte 379 000 habitants (les Martiniquais) (41). Les origines ethniques sont
variées : la majorité des habitants est issue de métissages (93,7%), une petite
communauté est d’origine européenne (2,6%), et en particulier de France
métropolitaine, une autre est d’origine indienne (1,7%) et enfin on peut aussi y
rencontrer des immigrés syriens, libanais et Sainte-Luciens. Les différents types
de végétations de l’île sont surtout des forêts pluviales, en particulier dans le
Nord, des mangroves, des savanes et beaucoup de terres cultivées (canne à
sucre, banane, ananas, melon,…) (21).
16
¾
Sainte Lucie :
carte de Sainte-Lucie (b)
Territoire faisant partie du Commonwealth, de 616 Km² et 142 000
habitants (les Saint-Luciens) (41) qui sont pour 85% de pure souche africaine et
10% sont issus de métissages entre esclaves africains et colons, ou descendants
de colons anglais, français ou autre… La végétation de l’île est partagée entre
végétation sèche, broussailleuse, des jungles et des forêts tropicales (21).
¾
Saint Vincent et les Grenadines :
carte de Saint-Vincent et des Grenadines (b)
Territoire faisant partie du Commonwealth, de 389 Km² et comptant
112 000 habitants (les Saint-Vincentins) dont les origines sont : africaine pure
souche pour 75%, métisse pour 15%, « caraïbe noire » pour 1000 habitants, ainsi
que des descendants d’anglais, irlandais, français, asiatiques… (41)
Les Grenadines sont éparpillées en 600 îlets.
La végétation est surtout constituée de forêts tropicales humides et une
grande partie du territoire est dédié à l’agriculture (cocotiers, bananiers, cacao,
épices, …) (89)
¾
La Barbade :
carte de la Barbade (b)
Territoire faisant partie du Commonwealth, de 430 Km² et 274 800
habitants (les Barbadiens ou les Bajans), pour 80% d’origine africaine, 16%
métis et 4% européens (anglais, écossais), ainsi qu’une petite communauté
indienne. (41) La Barbade tient son nom des navigateurs portugais qui en 1536,
en route vers le Brésil, découvrirent cette île déserte ; ils la nommèrent selon la
légende, « Os Barbados »du fait des longues racines de ses figuiers ressemblant
à de la barbe. La végétation est constituée de broussailles et de forêts minces. On
y cultive la canne à sucre, l’igname, les patates douces, le maïs et le coton. (21)
17
¾
La Grenade :
carte de la Grenade (b)
Territoire indépendant du Commonwealth, faisant 344 Km² de superficie
et comptant 92 000 habitants (les Grenadiens), d’origine surtout africaine,
métisse et indienne ou européenne (41). La Grenade est un massif volcanique
bordé de falaises abruptes, partagé entre forêts humides des montagnes et forêts
sèches des plaines. Ses trésors sont surtout les épices (noix de muscade, macis,
cannelle, gingembre, laurier…) (89)
¾
Trinidad et Tobago :
carte de Trinidad et Tobago (b)
Ce groupement d’îles n’est pas toujours considéré comme faisant partie
des petites Antilles car, contrairement aux autres îles des petites Antilles, elles
ne sont pas d’origine volcanique mais sont constituée de fragments du continent
Sud-américain qui s’en sont détachés (89). Nous l’inclurons toutefois dans notre
étude en raison du rapport aux plantes fort intéressant de ses habitants et des
similitudes avec les petites Antilles. C’est une république indépendante du
Commonwealth constituée de 23 îles, dont Trinité et Tobago sont les plus
grandes, pour une superficie de 5 128 Km² et comptant au total 1 104 200
habitants. Ceux-ci sont d’origines diverses : africaines, indiennes, chinoises,
portugaises et on dénombre aussi des immigrés barbadiens, des Antilles, de
Syrie et du Liban (21).
18
¾
Guyane française :
carte de Guyane française (e)
Département d’outre-mer français, situé en Amérique du Sud,
représentant un territoire de 91 000 Km² (soit 1/6 de l’hexagone !) et comptant
seulement 152 000 habitants, dont les trois quarts sont concentrés dans l’île de
Cayenne (41).
La population est hétéroclite. En effet, on recense d’une part une
population Noire descendante des « nègres marrons » (esclaves évadés des
plantations), des ethnies sud américaine vivent aussi en territoire guyanais dont
les Bonis (2 000 individus), les Saramacas (300 individus), les Paramacas (50).
(N.B. : seuls les Bonis sont considérés comme citoyens français, les autres
ethnies n’ont pas de nationalité bien définie). Par ailleurs, on rencontre aussi des
populations amérindiennes constituées :
⎯
de descendants d’Arawaks scindés en deux groupes : les Palikours
(470) et les Arawaks (300),
⎯
de descendants des Caraïbes : les Galibis (environ 2 000 individus),
⎯
des Wayãnas ou « Roucouyennes » qui sont environ 460,
⎯
des Emerillons, au nombre de 150 individus,
⎯
des Wayãpis ou Oyampis (200 âmes).
De plus on compte de nombreux immigrés Haïtiens, Brésiliens, Chinois,
Libanais,
Laotiens.En
effet
30
%
de
la
population
est
issue
de
l’immigration.Enfin, quelques métropolitains viennent pour travailler à la base
spatiale de Kourou.
La végétation est partagée entre la forêt dense équatoriale (véritable
Eldorado pour le botaniste car on y recense 4 500 espèces de plantes à fleur et
1 500 espèces d’arbres), la mangrove maritime, les savanes et enfin les terres
cultivées où l’on cultive la canne à sucre, l’ananas, la maïs, les patates douces, le
manioc, les bananes, les ignames, les citrons verts,… (40)
19
I.2. Contexte climatique :
Le climat général de ces îles est de type tropical, c’est-à-dire que les
températures sont quasiment constantes toute l’année, avec de très légères
variations saisonnières, elles sont comprises entre 20 et 30°C, en journée, avec
des nuits plus fraîches et l’air est fortement chargé en humidité (89).
On distingue deux « saisons » différenciées surtout par la pluviométrie :
⎯ La saison des pluies ou « hivernage », de juin à novembre, qui
correspond à la période de plus forte pluviométrie (170 à 250mm/mois), avec
parfois des cyclones.
⎯
La saison sèche ou « carême », de décembre à mai, où la
pluviométrie est la plus faible (45 à 140 mm) car une vaste zone anticyclonique
occupe alors l’atlantique Nord (89).
Ce climat, chaud et humide, est évidemment fort propice au
développement des végétaux. De plus le sol étant volcanique, il apporte
beaucoup de sels minéraux utiles aux plantes. C’est pourquoi, la végétation est
aussi luxuriante dans toutes les îles des petites Antilles (65).
20
I.3. Végétation :
De part le climat et l’activité volcanique qu’il règne dans ces îles, la
végétation rencontrée est variée et luxuriante. Alors qu’en Europe on recense
une espèce pour 200 m², aux petites Antilles on compte une espèce par m² ! (92)
Il faut toutefois noter que l’urbanisation massive, nécessitant parfois le
remblaiement des mangroves, et l’agriculture intensive appauvrissent la flore de
beaucoup de ces îles (65).
En dépit d’une situation insulaire qui peut favoriser l’endémisme, on
trouve très peu d’espèces indigènes. En effet, la plupart des espèces fruitières
considérées dans cette étude ont été introduites au fil des colonisations et des
vagues de migrations successives, que nous allons voir. Il semble de plus que la
flore indigène ait régressé ou même disparu du fait, à la fois, de la mise en
culture des biotopes et de l’introduction de nouvelles espèces ayant déséquilibré
les écosystèmes. De nouvelles espèces ont d’abord été introduites par les
Caraïbes et les Arawaks, peuples qui venait d’Amérique du Sud. C’est le cas par
exemple de l’ananas (Ananas comosus) que nous verrons plus loin. Les colons
européens ont eux aussi apporté de nombreuses espèces exotiques, provenant
d’Europe, d’Asie, d’Afrique, de Polynésie : le bananier, le cocotier, la canne à
sucre, le manguier, l’arbre à pain, le flamboyant, le ricin, l’hibiscus,…Enfin, les
populations immigrées plus récemment ont-elles aussi apporté avec elles
certaines plantes de leur pays (65).
21
Il existe, quoi qu’il en soit, une grande diversité de paysages végétaux au
sein de chacune de ces îles, on distingue :
⎯
La végétation de bord de mer :
Végétation soumise aux embruns et parfois au recouvrement des vagues, elle est
donc constituée de plantes résistantes au sel. On y trouve aussi la mangrove.
⎯
la végétation xérophile :
On y trouve un grand nombre d’arbustes dont surtout des épineux à petites
feuilles. Certains secteurs extrêmement arides sont colonisés par les cactées.
⎯
la végétation mésophile :
Cette végétation occupe une zone de pluviométrie comprise entre 3 000 et 5 000
mm/an, qui correspond aussi à l’aire de mise en culture. Là où elle subsiste, elle
évoque une futaie de grands arbres à feuilles caduques.
⎯
la végétation hygrophile :
Végétation trouvée dans les zones de pluviométrie comprise entre 3 000 et 5 000
mm/an. C’est une formation de forêts pluviales, ou forêts ombrophiles ;
⎯
la végétation des sommets :
Elle est constituée à la fois de forêts rabougries ou « savanes », selon les îles et
de zones marécageuses (89).
22
I.4 Historique :
I.4.1 Histoire générale des petites Antilles :
L’histoire des petites Antilles peut être divisée en trois grandes périodes :
− la période dite « précolombienne », avant la découverte de ces îles
par Christophe Colomb,
− la période de colonisation et de la traite négrière,
− la période depuis l’abolition de l’esclavage jusqu’à aujourd’hui
(65).
I.4.1.1. La période précolombienne :
Les premiers habitants des petites Antilles étaient les Ciboneys, peuple de
chasseurs-cueilleurs vivant 4 000 ans avant Jésus-Christ.
Puis vinrent s’installer les Arawaks, il y a 2 000 ans environs. Il s’agissait
de différents tribus venant d’Amérique du Sud et parlant tous la même langue :
l’Arawak. C’était un peuple pacifique vivant de chasse, de pêche et d’élevage.
Ils cultivaient des plantes qu’ils importèrent d’Amérique du Sud et des Grandes
Antilles : le tabac, le coton, le maïs, la patate douce, l’ananas, le manioc et le
corossol (92). Quelques centaines de descendant des Arawaks vivent encore en
Guyane française (40).
Puis les Caraïbes, peuple belliqueux venu lui aussi du continent, conquit
ces terres vers 800, 1 000 ou1 200 avant J-C selon les sources. Ces tribus avaient
pour réputation d’être anthropophages, ce qui leur permis de cohabiter pendant
un court moment avec les Européens, qui de ce fait les craignaient. Ces
populations vivaient surtout en bordure de mer et ne faisaient que rarement des
incursions en forêt pour y pratiquer une agriculture sur brûlis, n’entamant pas
significativement le couvert végétal de l’intérieur (65).
23
I.4.1.2. La découverte de ces îles :
Les petites Antilles furent découvertes par Christophe Colomb lors de son
second voyage, en 1493. Il mit pied sur les territoires actuels de la Dominique,
tout d’abord, puis de Marie Galante, la Guadeloupe, Montserrat, Antigua,
Redonda, Nevis et Saint-Kitts.Ce n’est qu’en 1498 qu’il débarqua à la Grenade
et en 1502 à la Martinique (89).
I.4.1.3.Le XVIIe siècle :
Il marqua le début de la colonisation par les européens. Tandis que les
Espagnols ne s’intéressaient qu’aux Grandes Antilles, les Britanniques, les
Français et les Néerlandais, quant à eux convoitaient les petites Antilles, ce qui
occasionna de nombreux conflits. Les colons européens, après une courte
période de cohabitation pacifique avec les Caraïbes afin de tirer l’essentiel de
leurs connaissances de ce nouvel environnement, vont procéder à un défrichage
systématique des terres basses et de moyenne altitude pour établir une culture
intensive de la canne à sucre (92). Ils mirent également en place un commerce
triangulaire entre l’Europe, l’Afrique et les Antilles. Les esclaves venus
d’Afrique (et en particulier du Sénégal, de Guinée, du Congo, de l’actuel
Libéria, d’Angola et du Bénin) fournirent une main d’œuvre gratuite et
nombreuse pour cultiver la canne à sucre (25). Les colons importèrent également
de nombreuses espèces de plantes d’Afrique et d’ailleurs pour la culture et pour
nourrir les esclaves à peu de frais. Le fruit à pain, par exemple fut introduit aux
Antilles à cette époque afin de fournir des légumes nourrissants et peu coûteux à
la main d’œuvre (25).
24
I.4.1.3. Le XVIIIe siècle :
Il fut marqué par de nombreux conflits entre européens et les îles
changèrent souvent de propriétaires. De même, on vit poindre des contestations
des colons contre le pouvoir métropolitain. Quelques révoltes d’esclaves
éclatèrent également (25).
I.4.1.4. Le XIXe siècle :
Le fait le plus marquant du XIXe siècle fut évidemment l’abolition de
l’esclavage, qui ne fut établit qu’après de nombreuses années selon les îles. On
déclara l’abolition le 29 août 1833 dans toutes les colonies britanniques, tandis
qu’en France, après avoir décrété l’égalité noirs-blancs le 28 mars 1792,
l’esclavage fut rétabli par Napoléon Ier, le 20 mai 1802, pour enfin déclarer
l’abolition totale et définitive le 27 avril 1848. D' après Victor Schoelcher : « La
possession d’un Homme par un autre est un crime. Toutes les notions de justice
et d’humanité disparaissent dans une société servile. » (25).
I.4.2 Historique de la médecine dans les petites Antilles :
Parallèlement aux divers brassages de populations, la médecine aux
petites Antilles n’a cessé d’évoluer aux cours des siècles. On note
principalement trois influences : amérindienne, africaine et européenne.
I.4.2.1. Médecine des Amérindiens :
On distingue surtout deux influences traditionnelles :
− le chamanisme
− la phytothérapie traditionnelle.
25
a)
Le chamanisme :
Il s’agit d’une pratique exercée par un chaman, individu le plus souvent
masculin, entretenant des relations avec les esprits dans l’intérêt de la
communauté. Il tient son pouvoir d’un autre chaman et a un rôle à la fois de
thérapeute, de prêtre, de sorcier et de devin. Son rôle est de traiter les maladies
provoquées par des maléfices ou dues à un esprit malveillant, mais il pourra
aussi prévenir l’avenir, interpréter les présages et protéger la tribu (65). La
maladie est perçue comme étant la conséquence d’une accumulation d’éléments
pathogènes introduit dans le corps du malade ou d’une déficience d’âmes ayant
quitté son corps (29).
Le chaman utilise des plantes hallucinogènes et du jus de tabac vert afin
d’attirer les esprits mais il a aussi recours à certaines plantes non hallucinogènes
comme antalgiques ou antiparasitaires, par exemple (65).
b)
La phytothérapie :
La phytothérapie est un savoir collectif. Dans les communautés
amérindiennes, se sont plus souvent les femmes qui connaissent les vertus et le
mode de préparation des plantes utiles de la pharmacopée traditionnelle, mais les
hommes savent les reconnaître et les cueillir. Parfois, on fait appel à un
guérisseur, distinct du chaman, qui possède une bonne connaissance des herbes,
des plantes, de leur préparation et de leurs vertus médicinales (65).
Les plantes étaient, le plus souvent,
récoltées dans la nature, dans des
endroits facile d’accès. On utilisaient les plantes à l’état frais, l’utilisation se
faisant dans les 48 heures suivant la récolte (65).
26
Les soignants utilisaient tous les organes des plantes récoltées, mais
surtout les écorces, les tiges et les feuilles, du fait de leur disponibilité. La
majorité des remèdes n’utilisaient qu’une plante.
Les préparations étaient peu complexes et peu nombreuses, on faisaient
surtout des décoctions de plantes fraîches, pendant une quinzaine de minutes,
ainsi que des macérations dans l’eau fraîche durant plusieurs heures de la nuit
(50). Pour palier la faible quantité de principes actifs extraits, les Amérindiens
utilisaient de grandes quantités de plantes fraîches. De manière plus
anecdotique, de combustions de feuilles fraîches réduites en poudre, de
fumigation de plantes odoriférantes, d’exsudations de sucs par passage prolongé
ou rapide au-dessus des flammes, ou bien encore de consommation brute de
fruits, fleurs, écorces grattées, graines écrasées ou de feuilles froissées. D’autre
part, pour l’usage externe, on préparait des bains de bouche, des lavages
externes ou « bains », des onctions, des frictions de feuilles et d’écorces et des
bains de vapeur (50).
Les causes mystiques ou terrestres de la maladie étaient tout autant
importantes que les symptômes. On distingue les symptômes provoqués par la
simple action d’un esprit et ceux résultant de la réponse d’un esprit à une
transgression d’interdit (29, 92).
Les propriétés thérapeutiques des plantes étaient bien connues. On
retrouve des plantes aux vertus purgatives, émétiques, sédatives, cicatrisantes,
diurétiques, fébrifuges, analgésiques, antiparasitaires… (65)
Les pères Labat et Du Tertre ont référencé dans leurs ouvrages de
nombreux remèdes utilisés par les Caraïbes pour traiter la fièvre, les maux de
dents, les inflammations oculaires, entre autres (89).
De même, en 1570, le roi Philippe II d’Espagne envoya au Mexique son
médecin, Francisco Hernandez, afin d’inventorier les remèdes des Amérindiens.
Il put recenser 1 200 plantes médicinales (89).
27
I.4.2.2. Apport de la médecine occidentale :
En Europe, au début de la colonisation, c’est-à-dire au XVIe et XVIIe
siècles, la médecine classique est fortement inspirée de la théorie des humeurs
d’Hippocrate : il existe quatre humeurs circulant dans l’organisme et présentant
chacune des caractères propres. On distingue le sang, chaud et humide, la bile
jaune, chaude et sèche, la bile noire, froide et sèche et le flegme (ou pituite),
froid et humide (65). La maladie serait causée par le déséquilibre de ces fluides.
Les notions de chaud et de froid étaient également très importantes à cette
époque. Pour ne pas être malade, il faut éviter la confrontation de ces contraires,
ou le brusque passage d’un état à un autre. Il est à noter que la médecine
traditionnelle moderne des petites Antilles est, encore de nos jours, influencée
par ce concept de chaud et froid (92). Le chaud est associé à l’énergie, au travail,
à la jeunesse, à la vivacité et le froid, quant à lui, est assimilé à la fatigue, à la
lenteur, à la vieillesse. La notion de chaud et froid est aussi attribuée à des
végétaux, utilisés pour le traitement de diverses maladies en rétablissant
l’équilibre calorique du corps (92).
Au cours du XVIe siècle, la phytothérapie et la botanique vont connaître
un grand essor. De même, la flore locale sera enrichie par les plantes importées
d’autres colonies (dont le tabac, l’ipéca, le cacao ou le piment). La chimie
connaît, elle aussi, un grand développement et va supplanter l’alchimie. Le
développement de l’imprimerie va, elle, permettre la diffusion de ces
connaissances médicales (65).
A leur arrivée aux petites Antilles, les premiers colons se retrouvent
confrontés à un environnement et un mode de vie qui leur est totalement
inconnu. Ils vont alors envoyer certains prêtres, dont les plus connus sont les
pères Breton, Du Tertre et Labat, en mission de reconnaissance de
l’environnement. Ainsi, le père Breton, arrivé en 1653 en même temps que les
premiers français, partit étudier les indiens Caraïbes (65).
28
Le père Du Tertre lui succéda à partir de 1640 et fit de nombreuses
descriptions de la faune, de la flore, des mœurs et coutumes des indigènes dans
son ouvrage « Histoire générale des Antilles habitées par les français » paru en
1671. Enfin, le père Labat, arrivé en 1693, écrira, lui aussi, de nombreux
ouvrages consacrés à la vie aux Antilles dont « Nouveau voyage aux Isles
d’Amérique », dans lequel on retrouve des descriptions et observations de la
flore et de la faune, mais surtout des descriptions de pratiques médicales
populaires (54).
Avec l’essor de la traite négrière et l’agriculture intensive, la population
augmente et les besoins médicaux également. Dans un premier temps, les
médecins des plantations font confiance aux guérisseurs africains pour les aider
dans leurs traitements. En effet, les médecins européens se retrouvent souvent
incompétents faces aux nombreuses pathologies tropicales (fièvre, dysenteries,
vers, etc.…), qu’ils ne connaissent pas, contrairement aux esclaves africains qui
retrouvent, eux, des maladies et des remèdes connus (65).
Cependant, par crainte des empoisonnements, les colons interdisent la
pratique de la médecine populaire par les guérisseurs africains ainsi que
l’utilisation des remèdes amérindiens. Les maîtres font installer des infirmeries
au sein de plantations pour enrayer les épidémies qui nuisent à la productivité.
Puis, on fait construire des « hôpitaux », qui sont en fait de simple cases prévues
pour accueillir les esclaves malades et tenues par un chirurgien assisté par une
matrone (appelée aussi hospitalière). Le premier hôpital d’habitation est
construit en 1714 à Saint Domingue. Un arrêté de 1786 rend obligatoire
l’installation d’un hôpital dans toutes les plantations (65).
Hors des plantations, des médecins et des apothicaires viennent s’installer
en ville et travaillent pour les plus aisés. Des structures hospitalières véritables
se développent également dehors des plantations. Le premier voit le jour à Basse
Terre, en Guadeloupe, en 1666 (65).
29
I.4.2.3. La médecine des esclaves africains :
On retrouve beaucoup de similitudes entre la médecine populaire des
Amérindiens et celle des Africains, venus aux Antilles en tant qu’esclaves. En
effet, la tradition africaine veut que l’on attribue aux maladies une cause
mystique : elles sont attribuées à des esprits, des dieux ou des démons. Les
Africains distinguent deux types de remèdes : ceux d’origine divine et ceux
d’origine humaine (65). Les remèdes d’origine divine nécessitent l’intervention
d’un sorcier ou d’un guérisseur (on retrouve le chamanisme), tandis que les
remèdes humains sont transmis de générations en générations. Les plantes sont
alors utilisées pour repousser les mauvais éléments affectant les humains (92).
Elles sont préparées le plus souvent en décoctions, infusions ou ingérées
directement sans transformations (74). On utilise la théorie des signatures pour
connaître leurs indications. Les guérisseurs africains ont également une très
bonne connaissance de l’anatomie humaine grâce à la pratique coutumière
d’autopsies rituelles (65).
Arrivés aux Antilles ils vont retrouver, dans la végétation des Antilles,
certaines plantes médicinales qu’ils connaissent et d’autres qui auront été
introduites en même temps qu’eux. Ils vont alors pratiquer la médecine avec
succès, soignant même les colons.
Mais les guérisseurs ne souhaitent pas
dévoiler leurs secrets et dissimulent les plantes et les techniques utilisées. Les
colons commencent alors à craindre les pouvoirs mystérieux de ces guérisseurs
et par crainte d’être empoisonnés, vont leur interdire cette pratique, à l’exception
du traitement des morsures de serpents. On interdit même d’initier les esclaves à
la chirurgie et à la pharmacie, par souci de supériorité de la part des colons (65).
30
I.4.2.4. Thérapeutique traditionnelle de nos jours :
A l’exception des Antilles françaises, les services de santé aux petites
Antilles demeurent très insuffisants et la pauvreté des habitants permet un accès
très limité aux médicaments, surtout en zones rurales et dans les îles où il
n’existe aucune protection sociale (85).
On trouve alors une automédication familiale assez développée basée sur
les trois grands courants culturels cités ci-dessus et utilisant essentiellement des
plantes médicinales (92). On considère que la maladie a toujours des causes
extérieures à l’individu, il suffit donc simplement d’adopter de nombreuses
précautions afin de ne pas tomber malade. Ainsi, selon la théorie d’Hippocrate
du chaud et du froid, il faut éviter de passer trop vite du chaud au froid et
réciproquement. De même on utilisera des remèdes « froids » (suc d’ananas,
pulpe de calebasse …) en cas de maladie « chaude » et des remèdes « chauds »
(gingembre, pomme cannelle…) en cas de maladie « froide ». Les maladies qui
ne s’expliquent pas sont considérées comme ayant une origine surnaturelle. On a
alors recours à un sorcier guérisseur (appelé quimboiseur) ou à la religion (92).
En ce qui concerne les préparations requises, on distingue surtout les
« tisanes », qui « rafraîchissent », les « thés », qui « réchauffent », les
« macérations » et les « bains » :
− Les « tisanes » sont des infusions ou décoctions légères préparées
en arrosant les feuilles, fleurs ou écorces des plantes choisies avec de l’eau
bouillante. On couvre et on laisse infuser 15 à 30 minutes, puis on filtre la
solution obtenue. Si les substances utilisées sont dures, il faut alors les écraser et
prolonger l’infusion pendant une heure au moins. Ces « tisanes » sont le
traitement spécifique de l’inflammation, mais sont aussi réputées pour leurs
effets bénéfiques sur l’équilibre thermique du corps. On les utilise également
pour préparer l’organisme à l’action d’une purge.
31
− Les « thés » sont des décoctions préparées à partir de feuilles, tiges,
fleurs ou écorces, coupées en petits morceaux et mis à bouillir 5 minutes pour
les parties tendres et au moins 30 minutes pour les écorces dures, dans un
récipient rempli d’eau. S’il s’agit d’écorces ou de racines amères, il faudra
laisser tremper les morceaux 30 minutes dans l’eau froide avant de les mettre à
bouillir pendant 10 minutes (50). Ces « thés » ont pour vocation de
« réchauffer » le corps et de soigner les « pleurésies » (terme créole désignant
une affection respiratoire avec fièvre, mais sans sudation, conséquence d’une
imprudence). (61) Ils sont consommés en petites quantités.
− Les « macérations » sont préparées en laissant macérer les tiges,
fleurs, feuilles ou racines pendant 5 à 12 heures dans de l’eau froide (50).
− Les « bains » sont des préparations destinées à l’usage externe. Ce
sont des bains tièdes purificateurs ou des bains de vapeurs, qui provoque une
sudation permettant d’éliminer « l’eau en excès ». On asperge ou on tamponne
la partie malade du corps avec la solution préparée (50).
− On utilise aussi beaucoup, dans les Caraïbes, les « loochs » ou
« locks ». Ce sont des extraits, décoctions ou sucs concentrés, à base d’une ou
plusieurs plantes, qui sont employés dans le traitement de la « blesse » (terme
créole désignant un traumatisme à la cage thoracique, dû à une chute ou à un
coup violent). D’autre part, les onguents, cataplasmes, émollients, cérats,
lavements, sirops et jus ont également leur place dans la médecine traditionnelle
créole (50).
Toutefois, ce savoir traditionnel, accumulé de génération en génération, se
trouve mis en danger par la pénétration de cultures exogènes et la perte actuelle
des transmissions orales. De plus, l’urbanisation massive et la déforestation
menacent la diversité de la flore dans ces îles (92). C’est d’ailleurs dans ce
contexte qu’a été initié, en 1982, un programme de recherche appliqué à la
pharmacopée traditionnelle et aux pratiques de santé populaire des Caraïbes
nommé TRAMIL. Ce programme a pour intention d’étudier scientifiquement,
de valider et de diffuser les connaissances concernant l’utilisation dans la
32
pratique populaire de plantes médicinales que l’on peut se procurer facilement
afin d’envisager une alternative à l’inaccessibilité croissante des médicaments
(85).
I.5.Mode de vie et similitudes entre les îles :
I.5.1. Importance des cultures familiales :
Bien que, dans toutes les petites Antilles, les zones urbaines occupent de
plus en plus de place, la plupart des maisons ont leur jardin. Un métropolitain
dirait que c’est la campagne à la ville ! Beaucoup, surtout dans les Antilles
françaises cultivent leurs fruits et légumes, leurs propres herbes pour
confectionner des tisanes (de citronnelle, de thym pays …) et ont du bétail ou
des petits animaux dans leurs jardins (41, 50, 92).
Le jardin a toujours revêtu une grande importance pour les populations.
On parle à l’origine de « boucan » hérité des Caraïbes (20). Il s’agit alors d’une
petite parcelle de terrains dégagée de la forêt par brûlis et abandonnée après
avoir récolté ses fruits (92).
Puis, à l’époque de l’esclavagisme, on distingue trois types de jardins :
− le « jardin-nègre », lopin de terre laissé à l’esclave pour
subvenir à ses besoins ;
− le « de gras », jardin en forêt non clôturé et cultivé par
intermittence mais stable ;
− le « bituè », jardin organisé dans la durée, parfois clôturé et
proche de l’habitation.
− Enfin, le « jaden bo kay » actuel est un jardin avec des arbres,
surtout fruitiers, autour de la maison, des plante médicinales,
ornementales et de protection. Il renferme en majorité de plantes
à usage alimentaire (92).
33
Mais on utilise aussi les herbes des chemins, appelés « raziés » pour
préparer les tisanes habituelles. Ce terme de « razié » dérive du vieux français
« hallier » désignant les lieux anciennement défrichés recouverts de broussailles
(20).
I.5.2. Similitudes entre les différentes îles :
Même si il est vrai que les noms de plantes varient sensiblement d’un
créole à un autre, nous le verrons, on retrouve néanmoins des modes de
classification et des structures identiques d’une aire créolophone à une autre, car
l’environnement végétal est très semblable. Les savoirs faire sont, nous le
constaterons lors de cette étude, en effet très proches, visant le même univers.
On verra que les mêmes principes guident les schémas mentaux à l’œuvre aussi
bien dans la médecine que dans la magie (92).
Ainsi, on peut prendre l’exemple de la Guyane, où les guérisseurs
Haïtiens ont une facilité remarquable d’adaptation, car ils retrouvent un univers
et des techniques médicinales familières. De même, les immigrants Martiniquais
ou Sainte-luciens retrouvent, eux aussi en Guyane, les équivalences locales des
plantes utilisées chez eux. En effet, sur 163 plantes relevées par Bougerole pour
la Guadeloupe, 143 sont aussi utilisées comme remède en Guyane. De même,
102 plantes de Trinidad ont le même nom créole et le même usage que celles
que nous pouvons relever en Guyane (92).
34
II. Etude ethnopharmacologique des douze fruits
choisis :
Pour chacun des fruits choisis pour cette étude, nous suivrons toujours le
même plan. En exposant tout d’abord un bref descriptif botanique, puis les
origines de la plante, sa localisation au sein des petites Antilles, ses intérêts
nutritifs, ses utilisations vernaculaires diverses dans les territoires où l’on
l’utilise, les travaux scientifiques qui justifient ces emplois, et enfin, les
éventuelles toxicités et mises en garde à souligner.
Il est à noter que nous ne possédons pas toujours de données concernant
chacune de ces îles, c’est pourquoi nous ne donnerons que les usages
significatifs et qui ont été décrits avec précision.
Corbeille de fruits des petites Antilles (k)
35
Ananas comosus L. (f)
36
II.1.Ananas comosus L. (Ananas) :
II.1.1. Description botanique :
L’ananas est une plante herbacée de la famille des Bromeliaceae (71).
Il s’agit d’une des rares représentantes de cette famille botanique à être terrestre,
les autres espèces étant généralement épiphytes. C’est une plante pluriannuelle
disposée en rosette, qui mesure de 50 à 150 centimètres de haut et dont la tige
est souterraine. Le fruit est syncarpique, c’est-à-dire qu’il résulte de la soudure
entre l’axe charnu de l’inflorescence, des bractées et des fruits élémentaires
(appelées baies) (89). Les variétés sauvages contiennent encore des graines,
tandis que les formes cultivées sont parthénocarpiques (7). Le fruit peut mesurer
15 à 40 cm de hauteur, selon la variété, et 10 cm à l’état sauvage. Il peut peser
jusqu’à 4 kilogrammes pour les variétés les plus imposantes (83).
Il
existe
de
nombreuses
variétés d’ananas qui se distinguent
essentiellement par la taille du fruit et sa saveur.
En Martinique, la variété « Hawaï » est la plus cultivée. Elle possède une
chair jaune dorée très sucrée et juteuse. La « Fils de Calvet », qui est un hybride
des « Hawaï », est cultivée elle aussi en Martinique, plus particulièrement dans
la région d’Ajoupa-Bouillon (au Nord de l’île) (83).
L’ « ananas bouteille », cultivar local guadeloupéen, a une forme allongée
et conique. A maturité, la couleur de sa peau n’est pas uniforme : jaune en bas et
verte en haut. Sa chair est ferme, très parfumée et sucrée (83).
37
On distingue aussi la variété « Cayenne lisse », destinée à la mise en
conserve. Cette variété est native du Venezuela. Introduite et multipliée à
Cayenne en 1820, elle en portera le nom (5). La plante, sans épine, porte un fruit
cylindrique de 2 kg à 4 kg à la peau orange à maturité. Sa chair jaune pâle à or
est juteuse, à la fois sucrée et acide (83).
On trouve également aux Antilles les célèbres ananas « Queen Victoria »
d’origine réunionnaise et qui sont des fruits épineux d’environ 1 kg, possédant
une chair jaune or fondante, juteuse et très sucrée (83).
Plus rare et rustique, le « Red Spanish », a la forme d’une grosse pomme
de 1.5 kg. Sa pulpe jaune pâle possède une saveur poivrée (83).
De même, l’ananas noir d’Antigua est une curiosité. Il s’agit d’une espèce
sucrée et aromatique, ayant l’avantage d’être moins acide que les autres (83).
Enfin, un nouvel hybride appelé Flhoran 41 et créé par le CIRAD (Centre
de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement)
donne un fruit rouge, cylindrique, sans épine et à la chair jaune sucrée. Il résulte
du croisement entre le « Cayenne lisse » et le « Perolera » (cultivar colombien)
(hh).
II.1.2.Dénomination diverses :
Les premiers Amérindiens qui consommèrent et cultivèrent l’ananas lui
donnèrent ce nom de « anana » qui signifie : « a » : fruit et « nana » : savoureux,
dans la langue tupi-guarani (46).
Les Européens le désignèrent d’abord par « pain de sucre » ou « pomme
de pin », traduisant la dureté de son écorce (46).
38
On le nomme « ananas », dans les Antilles françaises, « pinapple », dans
les Antilles anglophones, « pine », dans les Antilles hispanophones ou
« zannana » en créole (89).
II .1.2. Origine géographique et historique.
L’ananas proviendrait d’Amérique du Sud, et en particulier probablement
des hauts plateaux du Mato-Grosso, qui s’étendent entre le sud du Brésil, le
Paraguay et le Nord de l’Argentine (83).
Il fut introduit aux Antilles par les amérindiens qui vinrent coloniser ces
terres. C’est Christophe Colomb qui le fit connaître aux Européens en en
ramenant de son expédition en Guadeloupe en 1493 (46). Sa propagation dans
toutes les régions tropicales se fit dès le XVIème siècle. Les portugais
l’introduirent en Inde, tout d’abord (89). Il arriva en Martinique en 1548 et ne
parvint en Europe qu’au XVIIIe siècle (A), où il fut considéré comme un objet
de grand luxe tant son importation demandait de moyens. Les maîtresses de
maisons les plus distinguées louaient ces fruits pour en faire des chemins de
table (46).
II.1.3. Répartition dans les petites Antilles :
On retrouve l’ananas sous forme cultivée essentiellement, dans les
potagers privés ou dans des cultures intensives dans de nombreuses îles des
petites Antilles et en particulier, en Guadeloupe, en Martinique, à Saint-Martin,
à La Dominique, à Saba, Barbuda et Saint Eustache (89), ainsi qu’en Guyane où
son fruit est également très apprécié (40).
39
II.1.4. Intérêts nutritifs et gastronomie locale :
L’ananas peut être considéré comme un véritable fruit de santé. En effet il
est à la fois riche en vitamines en 16 minéraux, mais aussi en enzymes qui aident
à la digestion (83, A).
Teneur du fruit, pour environ 150 grammes (soit une tranche d’ananas sans
écorce) (51, A) :
Nutriments et composants
Calories
77 kcals
Eau
135 g
Protides
0.6 g
Lipides
0.66 g
Glucides
19.21 g
Vitamines
Provitamine A
4 RE (équivalent rétinol)
Vitamine C
23.9 mg
Vitamine B1
0.143 mg
Vitamine B2
0.056 mg
Vitamine B3
0.651 mg
Minéraux
Potassium
175 mg
Calcium
11 mg
Fer
0.57 mg
Magnésium
21 mg
Sodium
1 mg
40
De même, l’ananas contient des enzymes protéolytiques appelées
bromélines ou bromélaïnes et qui sont contenues dans la tige mais absentes
dans la pulpe (51). De plus, la broméline est inhibée par la chaleur, l’ananas en
conserve ou en jus pasteurisé n’en contient donc plus (71).
On retrouve par ailleurs des arômes fugaces tels que la vanilline, le
méthanol, l’éthanol ou l’éthylacétate en fonction du degré de maturité du fruit
(83).
L’ananas frais, du fait de sa teneur élevée en potassium (51), comme c’est
le cas pour beaucoup d’autres fruits, est indiqué chez les personnes soufrant
d’hypokaliémie.
Concernant la gastronomie locale, on apprécie l’ananas frais, en jus, en
cocktail de fruits, en gâteux, en confitures, ainsi qu’en sorbets, très
rafraîchissants. Les antillais connaissent depuis longtemps les vertus digestives
de ce fruit et s’en servent après les repas trop riches. De même, les boissons
alcoolisées ne manquent pas : punch de macération, Piña Colada (jus d’ananas,
rhum et lait de coco), ou autre (89).
II.1.5. Utilisations vernaculaires dans les différentes îles.
L’ananas est utilisé en médecine traditionnelle quasiment partout dans les
petites Antilles et en Guyane. Ce sont les propriétés de ses enzymes qui sont les
plus recherchées.
o
En Guyane, les Palikurs utilisent comme abortif le jus des fruits
bouillis auquel on ajoute des morceaux crus à absorber à jeun pendant
8 jours (40).
o
On note la même utilisation du fruit immature ainsi que du jus par les
indiens Caraïbes de la Dominique (89).
41
o
Les autres usages courants aux petites Antilles sont :
−
les enzymes de la plante servant en cas d’inflammation (cf. la
spécialité Extranase®), augmentent l’action de certains antibiotiques
(9) et permettent de lutter contre les angines, par leur action détersive
(89). On peut traiter aussi les bronchites chroniques (71).
−
le fruit utilisé dans les troubles menstruels, le béribéri (pour sa teneur
en vitamines B1), les « attaques de vers » et l’ « épuisement nerveux »
(9).
−
le jus de fruits frais serait le contrepoison des intoxications provoquées
par les viandes, poissons, ou fruits de mer (71).
−
on utilise aussi les propriétés diurétiques et détoxifiante de cette plante
pour traiter les colites néphrétiques et hépatiques (89).
−
A noter également, l’utilisation de la chair écrasée comme masque
facial (90).
II.1.6. Pharmacognosie et justification scientifique des usages traditionnels
et autres propriétés.
Ses principales utilisations sont essentiellement dues aux actions des plus
intéressantes de ses enzymes : les bromélaïnes. Elles sont absorbées à 40% par
l’intestin si ingérée per os (51). De par leurs effets protéolytiques, ces enzymes
ont montré des propriétés digestives, anti-inflammatoires, anti-œdémateuses,
antiseptiques (7, 23), détersives fibrinolytiques, mucolytiques, cicatrisantes ou
bien encore anti-cellulite (39). Elles ont aussi une action « purificatrice » et
« clarifiante » sur la circulation sanguine (74). En effet, les temps de Quick et
temps de saignement sont prolongés. Il y a aussi inhibition de l’agrégation des
thrombocytes (28).
Le fruit contient aussi beaucoup de fibres, utiles en cas de constipation
(89).
42
II.1.7. Mise en garde et toxicité.
L'ananas peut entraîner quelques effets secondaires indésirables telles des
gastralgies, des diarrhées ou des réactions allergiques (83).
Plus banalement, la consommation du fruit frais peut provoquer des
aphtes, si l’on ne prend pas garde à retirer les « yeux » (83).
A cause de sa richesse en sucre, l’ananas doit être consommé modérément
dans les régimes hypoglycémiques. Le jus d’ananas est, après le jus de raisin, le
plus sucré de tous les jus de fruits (89).
L’utilisation du jeune fruit en fleur pouvant, à fortes doses, avoir des
propriétés abortives, il est à déconseiller aux femmes enceintes.
43
Annona muricata L. (g)
44
II.2. Anona muricata L. (Corossol)
II.1.1. Description botanique.
Le corossolier est un arbuste ou petit arbre de 4 à 8 mètres de haut, touffu,
aux branches glabres, gracieusement recourbées, de la famille des Annonaceae
(89).
Son fruit est syncarpique, très gros, ovoïde ou irrégulièrement cordiforme,
de couleur vert jaunâtre, à surface aréolée et couverte de petites épines souples.
Il peut mesurer entre 15 et 20 cm de diamètre et peser jusqu’à 3 kg (91). Sa
pulpe est blanche, acidulée, pâteuse et sirupeuse. On trouve de nombreuses
graines noires ou brun foncé, ovoïdes, aplaties, brillantes, de 1.5 sur 1 cm (89).
II.1.2. Dénominations diverses.
Selon les îles et les langues, on le nomme « corossolier », ou « corossol
épineux », « sapoti », « cachiman épineux » (89), « Sour sop », dans les îles
anglophones (91), « kowossol » en créole (89), ou encore « Zuurzak », en
néerlandais, dans la partie hollandaise de Saint-Martin (i).
II .1.3. Origine géographique.
Cet arbre est originaire d’Amérique tropicale (91). Selon les auteurs, il
proviendrait du Venezuela, de Colombie, du Brésil ou des Antilles (89).
Il aurait été introduit aux Antilles au XVIIème siècle (65).
45
II.1.4. Répartition dans les petites Antilles.
On le retrouve dans quasiment tout le bassin Caraïbe et en particulier en
Guadeloupe et dans ses dépendances, en Martinique, à Saba, à Antigua, à
Montserrat, à La Dominique, à Saint Vincent et les Grenadines, à La Grenade et
à La Barbade, à Saint Barth et Saint Martin (89). De même, nous le retrouvons
en Guyane française.
« Il n’est pas question qu’une case à la campagne, et souvent la maison de
ville, n’ait dans sa cour le pied de corossol obligatoire. » (Rose-Rosette, 1994)
(89).
II.1.5. Intérêts nutritifs et gastronomie locale.
Ce fruit est apprécié par presque toutes les populations du bassin Caraïbe
(91). Il a une saveur douceâtre et mucilagineuse. Son goût rappelle la saveur de
la fraise, de l’ananas, avec une pointe de cannelle (89).
On le consomme tel quel, quand le fruit est bien mûr, en retirant
l’épicarpe qui a un goût prononcé de térébenthine, ou on en fait des jus
rafraîchissants (7), sorbets ou confitures (89).
D’un point de vue nutritif, le corossol apporte de nombreux minéraux et
vitamines (Cf. valeur nutritive ci-après).
46
Valeur nutritive pour 100 g de fruit (51) :
Nutriments et composants
Calories
66 Kcal
Eau
81.16 g
protéines
1g
Lipides
0.3 g
Glucides
16.84 g (dont 15 à 20% de sucres)
Vitamines
Provitamine A
2 UI
Vitamine C
20.6 mg
Vitamine B1
0.07 mg
Vitamine B2
0.05 mg
Vitamine B3
0.9 mg
Vitamine B5
0.253 mg
Vitamine B6
0.059 mg
Minéraux
Potassium
278 mg
Phosphore
27 mg
Magnésium
21 mg
Calcium
14 mg
Sodium
14 mg
Cuivre
0.6 mg
47
II.1.6. Utilisations vernaculaires dans les différentes îles.
Cet arbre est réputé dans toute la Caraïbe pour ses vertus calmantes (61),
adoucissantes, digestives et anti-infectieuses (71).
Ainsi, en Guadeloupe, on utilise des feuilles fraîches en bain
o
tiède pour calmer les enfants nerveux (48).
On l’utilise également à Barbade comme sédatif et anxiolytique
o
(37).
o
En Martinique, on recommande de boire le soir, au coucher, une
tasse de l’infusion préparée avec une poignée de feuilles pour 1/2
litre d’eau bouillante, afin de soulager nervosité et insomnie (61).
Mais on baigne également trois fois par jour les bébés agités dans un
bain préparé avec une poignée de feuilles fraîches froissées (61). De
même, on conseille, contre la lymphangite, l’application, sur la partie
malade, d’un fruit bien mûr, écrasé et arrosé d’alcool camphré (71).
La macération du fruit vert dans de l’eau de mer est à appliquer en
cas de rhumatisme (71).
o
A Trinidad, le fruit est utilisé en cataplasme contre la teigne
(39). Les feuilles sont infusées et permettent de lutter contre
l’hypertension artérielle, les palpitations, les rougeurs de la peau, la
grippe et les insomnies (40). On fait aussi des inhalations de feuilles
écrasées contre les évanouissements. Les feuilles, tiges, racines et
écorce du corossolier sont réputés pour avoir des vertus
hypoglycémiantes (91).
48
A La Dominique, on utilise les différentes
o
parties de cette
plante en usage externe ou interne.
En usage externe, les feuilles froissées dans un bain tiède
servent à traiter les dermatoses sèches prurigineuses des enfants et
des sudamina, ou boutons de chaleurs (3). De même, l’axe du fruit
est appliqué sur les fontanelles des nourrissons pour en accélérer la
fermeture en cas de retard. Pour traiter les abcès, on utilise les
feuilles chauffées avec de la cire de bougie (3). D’autre part, selon
les indiens Caraïbes de La Dominique, le fruit est réputé induire la
lactation chez la femme, en application locale ou consommé seul
(89).
Pour ce qui est de l’usage interne, on retrouve l’utilisation en
tant qu’hypnotique et neuro-sédatif. On utilise alors des infusions ou
décoctions de feuilles, à la dose de trois feuilles dans un verre d’eau
pour un adulte et d’un tiers de feuille pour un enfant (3).
Ces
infusions de feuille servent aussi de remèdes anti-diarrhéiques. En
effet, ces tisanes sont astringentes (91).
o
En Guyane française, les Créoles utilisent, eux aussi, les vertus
sédatives et tonicardiaque du corossol. Ils utilisent pour cela les
feuilles et les écorces de tronc en tisane (40).
Les Palikur, quant à eux, préparent des bains avec un nombre
égal de feuilles fraîches et de feuilles tombées au sol, afin de calmer
les enfants trop agités (40).
o
On peut noter également qu’au Brésil, l’huile, obtenue en
pressant les fruits verts et les feuilles, est utilisée en frictions contre
les névralgies et les rhumatismes, ainsi que pour combattre les
parasites (40).
49
o
D’autre part, on relève d’autres utilisations, répandues dans
toutes les petites Antilles. L’infusion des feuilles a des vertus
calmantes et favorise la digestion. (71) La macération des feuilles
dans l’eau tiède est utilisée en cataplasme pour soulager les brûlures,
à type d’érythème solaire. (71) Contre les émotions fortes, on utilise
l’infusion de 7 feuilles et d’un doigt d’écorce. (71) Contre les
insomnies, les Antillais utilisent une infusion sucrée de 3 à 6 feuilles
de corossolier pour une tasse d’eau. Contre l’irritation des intestins,
un petit corossol vert coupé en deux est mis à macérer pendant une
heure dans 1 ou 2 litres d’eau. (71)
II.1.7. Pharmacognosie et justification scientifique des usages traditionnels
et autres propriétés.
Selon l’étude concernant le corossolier réalisée par Weniger et son équipe,
en 1984 dans le cadre du projet Tramil, les feuilles contiennent des alcaloïdes,
des composés phénoliques, des stéroïdes, des terpénoïdes, des flavonoïdes, des
tanins et, en quantités bien moindres, des saponosides. Le fruit, lui, contient de
l’acide malique, des vitamines (riboflavine, niacine, vitamine c), des acides
aminés, et des oligoéléments. (47, 51)
Plusieurs alcaloïdes ont été isolés dans les autres parties de la plante :
− de la coreximine, un dérivé de la berbérine, qui est un
stimulant respiratoire et un anti-hypertenseur ;
− de la stépharine, dérivée de la pro-aporphine, à activité
sédative reconnue ; (80)
− de l’athérospermine, à noyau phénanthrène. (51)
50
− de la réticuline, qui stimule le système nerveux central et
possède des propriétés analgésiques, spasmolytiques et
antibactériennes (71);
− d’autres alcaloïdes à noyau benzyltétrahydroisoquinoléique
(anomurine, anomuricine, coclaurine) (90).
Les études, effectuées chez les souris, montrent qu’à faibles doses les
extraits du mélange feuilles-tiges présentent des activités spasmogèniques et
vasodilatatrices, ainsi qu’un effet stimulant utérin (80). A doses plus fortes, on
trouve une activité hypertensive et un effet relaxant sur le muscle lisse (90). De
même, l’extrait aqueux d’Annona muricata L., administré par voie orale, à des
doses de 50, 100 et 200 mg/kg à des rats Winstar ayant subi une ligature du
pylore, a permis de réduire la genèse d’ulcères gastriques. Mais l’extrait n’a pas
produit de modification du volume de liquide gastrique ni de quantité d’acide
libre (13).
Les extraits d’écorces, quant à eux ont une action dépressive sur le cœur
(80).
En revanche, les extraits d’Annona muricata, administré par voie intrapéritonéale à des souris, ne semblent pas montrer d’effet sédatif, anxiolytique,
potentialisateur du sommeil, ou analgésique (81).
II.1.8. Mise en garde et toxicité.
La présence d’acétogénines et de certains alcaloïdes, suspectés de
neurotoxicité, invite à la prudence quant à un usage régulier et répété par voie
interne. Ce remède est, d’ailleurs, contre-indiqué chez les parkinsoniens. Il est
aussi recommandé de l’éviter chez la femme enceinte ou allaitante, par principe
de précaution (61).
51
Capsicum frutescens L. (h)
52
II.3. Capsicum frutescens L. (Piment)
II.1.1. Description botanique.
Il existe deux grands types de piments :
− les piments annuels, nommés Capsicum annuum L.,
− les piments vivaces ou arbustifs, qui peuvent durer 2 ou 3 ans,
nommés Capsicum frutescens L., c’est ceux-ci que nous
étudierons ici (5).
Il s’agit d’un arbuste glabre, pouvant mesurer 1 à 3 mètres de haut, à
feuilles ovées, obtus-acuminées, glabres, pouvant atteindre 9 cm. Les fleurs sont
solitaires, ou se présentent par paires, ont des pédicelles dressés, une corolle de
1 cm de diamètre, un calice sans dent, une corolle blanc-verdâtre sans marque
(80). Les fruits sont des baies allongées coniques, de petite taille, jaune orangé
devenant rouge à maturité (3). Elles mesurent une dizaine de centimètres de long
(90).
II.1.2. Dénominations diverses.
On le nomme « piment de Cayenne », « petit piment » ou « piment des
oiseaux », en français, « ti-piment » ou « piment caraïbe », « piment zoizeau »,
« piment zozio » (3), « piment grive », « piment enragé » ou « piment plomb »,
en créole, dans les îles francophones (89).
Dans les îles anglophones, il prend le nom de « green pepper », « bird
pepper », « chili pepper » (89), ou « red pepper ». Enfin, on l’appelle « aji »,
dans les îles hispanophones (90).
53
II .1.3. Origine géographique.
Capsicum frutescens L. est originaire d’Amérique tropicale (3, 89, 90).
Il a été importé dans les petites Antilles par les Caraïbes (65).
II.1.4. Répartition dans les petites Antilles.
On le trouve généralement cultivé autour des habitations et subspontané
(3). Il est très répandu dans toutes les petites Antilles, car utilisé largement en
cuisine, nous le verrons ci-après.
Il est présent à Saint-Martin, Saint-Barthélemy, à Saba, à Saint-Eustache,
en Guadeloupe, à La Dominique, en Martinique, à Sainte-Lucie, à SaintVincent, à La Barbade, et enfin à La Grenade (89). Il est également très présent
en Guyane française (40).
II.1.5. Intérêts nutritifs et gastronomie locale.
Il est utilisé à la fois comme épice, comme condiment et comme légume
(71).
Valeur nutritive pour 100 g de fruit (22) :
Calories
318 Cals
Eau
8g
Protéines
12 g
Glucides
55.6 g
Lipides
17.3 g
Fibres
24.9 mg
Cendres
6g
54
Calcium
148 mg
Phosphore
293 mg
Fer
7.8 mg
Sodium
30 mg
Potassium
293 mg
Carotène
24966 μg
Vitamine B1
0.33 mg
Vitamine B2
0.92 mg
Vitamine B3
8.7 mg
Vitamine C
76 mg
Stimulant la digestion en brûlant la langue, il fait saliver abondamment ce
qui excite l’appétit tout en relevant l’insipidité de certains mets (89).
Il est très utilisé dans la gastronomie caribéenne. C’est l’épice la plus
répandue dans la cuisine traditionnelle des petites Antilles et de Guyane.
II.1.6. Utilisations vernaculaires dans les différentes îles.
Dans toutes les îles où poussent des piments des oiseaux, on les utilise
dans la médecine traditionnelle, pour ses propriétés rubéfiantes et pour bien
d’autres actions.
o
Ainsi, à Trinidad, on l’utilise comme antiasthmatique et antigrippal
(95). Les feuilles sont appliquées en cataplasme pour traiter les
furoncles (95).
o
En Guadeloupe, le fruit est employé en tant que diurétique (86).
o
En Martinique, on l’utilise pour ses propriétés antibactériennes et
décongestionnantes. On fait infuser 3 piments rouges dans un demilitre d’eau bouillante. On retire les piments et on utilise la préparation
55
en gargarismes 3 ou 4 fois par jour lors de laryngite ou de maux de gorge
(61). De même le piment est usité dans les douleurs articulaires sous forme
de liniment ou d’alcoolature. Pour préparer le liniment, on laisse tremper
une demi tasse de poudre de piment dans une tasse d’huile de tournesol ou
de pépin de raisin pendant 10 jours. Après filtration, on ajoute une cuillère à
soupe d’huile d’olive et on frictionne le corps avec ce liniment (61). On
prendra garde de cesser l’application dès les premières rougeurs. Pour
l’alcoolature, on laissera macérer 10 grammes de piment dans 60 grammes
d’alcool à 30° pendant 48 heures. On peut frictionner les zones
douloureuses avec cette lotion jusqu'à 4 fois par jour (61).
A la Dominique, le décocté ou l’infusé des feuilles est utilisé en
o
association avec des feuilles de « poirier blanc » (Tabebuia pallida
Lindl.), arbuste de la famille des Bignoniaceae et les tiges feuillées de
« basilic » (Ocimum basilicum L.) (30), plante herbacée de la famille
des Lamiaceae, per os pour traiter l’anxiété des enfants (3).
Le décocté des feuilles a la réputation d’avoir des propriétés
ocytociques. On prépare un décocté avec 25 feuilles dans 100 mL
d’eau salée et on fait boire la moitié de ce décocté à la parturiente (3,
24, 86).
D’autre part, on réalise des cataplasmes de feuilles en décoctions
salées afin d’augmenter la vitesse de cicatrisation (40).
Ses utilisations en Guyane française sont plus axées sur les
o
propriétés antiseptiques du piment.
−
Les Créoles badigeonnent le fond de la gorge du malade atteint
par la maladie du porc domestique avec une tige de maïs sur
laquelle on a frotté des piments (40).
56
−
Chez les Wayàpis, il vient en association dans la préparation du
curare. De même, ils traitent les larva migrans ou les micro filaires,
ainsi que les furoncles grâce au piment (40).
−
Chez les Palikur, les piments sont réputés soigner les
conjonctivites, les plaies et l’herpès. Ils utilisent pour ce dernier des
décoctions salées. Des cataplasmes de feuilles en décoctions salées
servent également à accélérer la vitesse de cicatrisation (40).
−
Enfin, chez les Kalinas, des amérindiens de Guyane, les feuilles
en décoctions servent d’antinaupathiques (40).
II.1.7. Pharmacognosie et justification scientifique des usages traditionnels
et autres propriétés.
Les piments renferment des principes rubéfiants qui sont des amides. Ce
sont la capsicine à action rubéfiante et la capsaïcine (8-méthyle N-vanillyle 6nonénamide) qui provoque la saveur brûlante (71).
Capsaïcine (kk)
Ces principes actifs sont surtout abondants dans les petits piments et les
fruits sont plus riches en capsaïcine que les feuilles (87). De plus, ces molécules
sont surtout logées dans le placenta auquel s’attachent les graines (5). La
capsaïcine agit sur les récepteurs vanilloïdes, désignés par VR (vanilloid
receptors), ou par TRPV (transient receptor potential vanilloid). Ce sont des
récepteurs-canaux cationiques qui, à l'état ouvert, laissent entrer dans la cellule
le calcium et le sodium, ce qui crée une dépolarisation des neurones et une
sensation de brûlure. Les récepteurs les plus connus sont les VR1 ou TRPV1. Ils
sont présents à la surface des nerfs sensitifs périphériques (i).
57
La capsaïcine, a une action biphasique, elle stimule au premier contact les
récepteurs VR1 provoquant une douleur, ensuite par contact prolongé inhibe et
désensibilise les récepteurs entraînant un effet analgésique. Une déplétion ainsi
qu’une
inhibition de la réacumulation en « substance P » (neuropeptide
endogène qui transmet la douleur cutanée et d’autres sensations d’inflammation
chronique) participerait également à cet effet analgésique (80).
Le piment possède également une activité vasculotrope, de type vitaminique
P, et vasoconstrictrice. La capsaïcine est responsable des propriétés rubéfiantes
et décongestionnantes (90).
Les extraits aqueux du fruit inhibent la peroxydation des membranes
cellulaires due aux radicaux libres, et retarde ainsi la mort cellulaire. En
traitement de longue durée, il désensibilise les cellules hépatiques et celles de la
muqueuse du tractus respiratoire contre les effets dérivés de l’action irritante
d’agents chimiques et mécaniques, par stabilisation de la phase lipidique de la
membrane (1,80).
Par ailleurs, des études in vitro on montrée que le jus de fruit frais possède
des propriétés antibactériennes contre Bacillus subtilis, Escherischia coli et
Pseudomonas aeruginosa, toutefois, aucune activité contre Bacillus subtilis n’a
été prouvée (1).
Enfin, l’extrait aqueux des parties aériennes montre une légère activité de
stimulation utérine chez le rat (80).
N.B. : De nombreuses pommades dites « chauffantes » contiennent des
extraits de Capsicum frutescens L., c’est le cas par exemple de Kamol
chauffant®, du baume Saint Bernard®, du baume Aroma®. De même certains
cataplasmes en contiennent aussi.
58
II.1.8. Mise en garde et toxicité.
La consommation des fruits peut provoquer une irritation gastrique légère
voire un ulcère à fortes doses (82). On la déconseillera bien sûr aux patients
ulcéreux.
On peut aussi observer une action émétique et purgative en cas
d’ingestion massive (89).
D’autre part, l’application en externe peut provoquer une sensation de
brûlure locale (38), c’est pourquoi on recommande de limiter l’application de
feuilles ou de fruits à 3 minutes maximum (80).
L'effet aigu de la stimulation des voies aériennes par la capsaïcine est la
toux réflexe. Des manifestations asthmatiformes sont possibles à la suite
d'inhalations répétées de capsaïcine (j).
L’espèce Capsicum inhibe le système des enzymes microsomales au
niveau hépatique. Il faut donc être vigilant en cas de prise de médicaments du
groupe de barbituriques particulièrement, car il y a un risque d’intoxication par
surdosage (90).
59
Carica papaya L.(f)
60
II.4. Carica papaya L. (Papaye)
II.4.1. Description botanique.
Le papayer est un petit arbre de la famille des Caricaceae mesurant entre
3 et 7 mètres de hauteur. Son tronc peut mesurer jusqu’à 20 cm de diamètre (89)
et ressemble à celui d’un palmier (34). Il présente des cicatrices des feuilles des
années précédentes (34).
Le papayer est une plante dioïque : les fleurs mâles sont groupées à
l’aisselle des feuilles tandis que les fleurs femelles sont sur le tronc(34).Les
fruits sont de grosses baies arrondies orangées, mesurant entre 20 et 30 cm de
diamètre (34) et pesant entre un et sept kilogrammes (28). L’intérieur des fruits
comporte une cavité centrale remplie de petites graines noires entourée d’un
arille mucilagineux (5).
Les feuilles et le péricarpe du fruits contiennent de nombreux lactifères.
(34, 80). On récolte le latex par scarification du péricarpe du fruit bien
développé mais encore vert et laissé sur l’arbre (34).
II.4.2. Dénominations diverses.
Le papayer est appelé aussi « arbre à melon » (89), en français, car la
fraîcheur de la papaye rappela aux colons la saveur du melon (5). En créole
martiniquais, on le nomme « pié papaye ». (89) A la Dominique, on l’appelle
« paw paw » (90). Dans les îles anglophones, on le désigne sous le nom de
« papaya » (90).
61
II .4.3. Origine géographique.
On pense que le papayer proviendrait d’Amérique centrale (90),
probablement du Mexique (5, 65). Il aurait été introduit aux Antilles en 1657
(89).
II.4.4. Répartition dans les petites Antilles.
On trouve des papayers à Saint Martin, à Saint Barth, à la Barbade, à
Antigua, à Saint Eustache, à Saba, en Guadeloupe, à la Dominique, en
Martinique, à Saint Vincent et à Sainte Lucie (89). De même, on retrouve ce
petit arbre en Guyane française (40).
II.4.5. Intérêts nutritifs et gastronomie locale.
En fonction du degré de maturité du fruit, on le consomme de différentes
manières. Lorsque il est encore vert, on l’utilise comme un légume et on le
déguste cru ou en hors d’œuvre, bouilli, frit ou farci (89).
Le fruit mûr, quant à lui, est consommé sous forme de compote ou de
confiture (89).
62
ƒ Valeur nutritive pour 100 g de papaye crue (51, y) :
Calories
40 Kcal
Protéines
0.6 g
Glucides
10 g
Lipides
0.1 g
Fibres
1.7 g
Calcium
24 mg
Fer
0.1 mg
Sodium
30 mg
Potassium
257 mg
Vitamine A
2015 UI
Vitamine B1
0.03 mg
Vitamine B2
0.03 mg
Vitamine B3
0.5 EN
Vitamine C
62 mg
On utilise les feuilles broyées pour attendrir la viande ou le lambi (gros
coquillage très apprécié dans les petites Antilles) (71).
La teneur en vitamine C augmente avec la maturation du fruit. En effet,
une papaye encore verte contient de la vitamine C dans une proportion de 30 à
40 % inférieure à la papaye mûre (z).
On peut par ailleurs noter qu’une tranche de papaye mûre, de 25 à 30
grammes, apporte 21% des apports journaliers recommandés (AJR) en vitamine
A, pour un enfant âgé entre 1 et 10 ans, et 178 % des AJR en vitamine C (z).
63
II.4.6. Utilisations vernaculaires dans les différentes îles.
o
A la Dominique, on utilise les fruits écrasés en application contre les
furoncles. De même on utilise la papaye encore verte contre l’hypertension
artérielle (35, 90).
o
A Trinidad, les racines sont employées comme purgatif, vermifuge et
diurétique (95). On les utilise aussi en médecine vétérinaire, comme
antihelminthique chez le chien (56).
o
En Martinique, on réalise des décoctions à base de racines ou de
feuilles, à 30 g/l, utilisée pour faciliter la digestion. Pour la même
indication, on consomme le fruit vert cru (61). D’autre part, pour traiter les
affections respiratoires, on laisse infuser 10 minutes une poignée de fleurs
fraîches de papayer mâle dans un demi litre d’eau. Il est recommandé de
consommer 3 tasses de cette infusion par jour (61).
La papaye verte est aussi, en Martinique, et dans d’autres îles des
petites Antilles, un remède populaire de la crise de drépanocytose. On fait
macérer une papaye verte dans de l’eau. On fait boire l’eau de cette
macération au malade en crise 3 fois par jour (61). La drépanocytose est en
effet une maladie génétique caractérisée par une anomalie de l’hémoglobine
et qui est propre aux populations d’origine africaine largement représentées
aux petites Antilles.
o
En Guyane française, les différentes ethnies utilisent aussi le papayer
pour diverses indications. On retrouve surtout deux grands domaines
d’utilisation : les troubles liés à l’appareil digestif et ceux liés à la
reproduction. Le fruit ressemblant à un sein plein de lait, il est symbole de
fertilité en Amérique tropicale et ses utilisations suivent alors la théorie des
signatures (40).
64
− Les Créoles utilisent les écorces des racines en tisanes aphrodisiaques,
par contre, le cœur des racines a une réputation d’anti-aphrodisiaque.
La macération de ces racines sert en usage externe contre la
blennorragie. Le fruit macéré dans du saindoux permet de guérir les
abcès. Les graines, quant à elles, ont une action vermifuge et
permettent d’augmenter l’acuité visuelle. Le latex, en application
locale soigne les maux de dents. Enfin, les Créoles utilisent des
infusions de fleurs fraîches contre les bronchites et l’aphonie (40).
− Dans la région de Belém, on prépare des infusions contenant des fleurs
de papayer mâle en association avec Artemisia absinthum L.,
l’absinthe
(plante
herbacée
de
la
famille
des
Astéraceae),
Alternanthera tenella L. (plante herbacée de la famille des
Amarantaceae) et Sambucus nigra L., ou sureau noir (arbuste de la
famille des Caprifoliaceae). Ces infusions traitent les maladies de foie
et la mauvaise digestion. De même, on peut les utiliser aussi en
lavements intestinaux. Des infusions avec également des fleurs de
papayer mâle en association avec Portulaca pilosa L. (arbuste de la
famille des Portulaceae) sont utilisées comme abortifs (3, 40).
− Chez les Palikurs, on utilise une décoction de feuilles vertes, pour
moitié et de feuilles fanées pour l’autre moitié, lors des
accouchements. On fait boire à la parturiente 2 à 3 cuillérées de cette
décoction puis on lave le ventre avec le reste avant la survenue des
contractions. Le but étant de faciliter l’accouchement et de diminuer
les douleurs de la femme (40).
− Les caboclos utilisent également les fleurs mâles comme abortif (40).
− Les Wayàpi utilisent, eux aussi, les graines en tant que vermifuges
(40).
65
II.4.7.
Pharmacognosie
et
justification
scientifique
des
usages
traditionnels et autres propriétés.
Le latex, particulièrement celui du fruit vert, contient des enzymes
protéolytiques : la papaïne et la chymopapaïne (89, 90).
La papaïne provoque la protéolyse des trichocéphales et des oxyures, d’où
les utilisations de la papaye en tant que vermifuge (74). Elle favorise la digestion
des protéines et a des propriétés anti-inflammatoires et cicatrisantes prouvées
(35). C’est un agent antitoxique vis-à-vis des toxines diphtériques et tétaniques
(39). La papaïne possède également des propriétés relaxante et vasodilatatrice
(7).
La chymopapaïne, quant à elle, permet le traitement des hernies discales par
chimionucléolyse (66, 80). Cette enzyme permet, en effet, l’hydrolyse des
protéoglycans du noyau sans léser le collagène de l’anneau fibreux (80).
Les feuilles, les fruits et les graines contiennent un alcaloïde nommé
carpaïne (52). Cet alcaloïde possède une activité anti-hypertensive à la dose de
0.01 mg (69). Il inhibe aussi in vitro des souches de Mycobacterium
tuberculosum, possède une activité antitumorale, relaxante du muscle utérin et
bronchodilatatrice chez le cobaye (39) et amoebicide (80). La carpaïne agit au
niveau du cœur comme un digitalique et ralentie le rythme cardiaque (15).
Les graines contiennent de la tropaoline, de la caricine, de la myrocine, et de
la carpasémine (22). La tropaoline peut être employée comme agent bactéricide
dans les infections intestinales et urinaires grâce à son activité antibiotique à
large spectre, à la dose de 6μg/g de graine triturée.
66
En Allemagne, des spécialités pharmaceutiques, contenant ce principe actif,
sont prescrites pour le traitement d’infections urinaires résistantes aux autres
traitements (80).
La papaye contient aussi du xylitol, qui est un sucre ayant la particularité
d’avoir des propriétés antihémolytiques (74).
La papaye verte contient de l’acide benzoïque, ce qui explique son efficacité
sur les crises de drépanocytoses (61).
II.4.8. Mise en garde et toxicité.
Du fait de la présence de papaïne, enzyme protéolytique, l’utilisation du
papayer est contre indiqué si il existe des troubles de la coagulation, car il y a
augmentation du risque hémorragique (80).
D’autre part, il est aussi contre indiqué pendant la grossesse du fait des effets
embryotoxiques et tératogènes (61).
Il faut être vigilant concernant le risque d’allergie à la chymopapaïne, si l’on
veut l’utiliser en chimionucléolyse (66). En effet, on a constaté l’apparition de
choc anaphylactique chez 1 % des patients traités, surtout chez ceux ayant des
antécédents d’atopie ou d’urticaire (80).
La carpaïne, elle, est susceptible de provoquer, à fortes doses paralysies et
dépression cardiaque (12).
67
Citrus aurantifolia Swingle (f)
68
II.5. Citrus aurantifolia Swingle (citron vert)
II.1.1. Description botanique.
Le citronnier est un petit arbre de 5 à 10 mètres de haut, à tronc très
ramifié en branches épineuses. Il appartient à la famille botanique des Rutaceae
(89). Les fruits sont ovales ou subglobuleux, mesurant 4 à 6 cm de diamètre,
avec une écorce mince, adhérente, verdâtre. Ils renferment 9 à 12 locules, la
pulpe est plutôt verdâtre (3).
II.1.2. Dénominations diverses.
On le nomme citron vert, « citron-pays », ou « sitron vè », en créole,
dans les îles francophones (89, 90). Il est appelé « lime », dans les îles
anglophones (90). Dans les îles hispanophones, on lui donne le nom de
« limòn » ou « lima » (90). En Guyane française, les Wayàpis l’appellent
« sitolò », les Palikùrs « situru » (40).
II .1.3. Origine géographique.
Citrus aurantifolia Swingle. est une plante originaire d’Asie (65). En
particulier d’Asie du Sud-est, d’Asie méridionale ou d’Inde, selon les auteurs. Il
aurait été introduit aux Antilles par les Espagnols au XVIe siècle, lorsqu’ils le
transportèrent et le cultivèrent dans leurs colonies du Mexique, de Cuba et de
Puerto Rico (89).
69
II.1.4. Répartition dans les petites Antilles.
On trouve Citrus aurantifolia Swingle. à Saba, à Saint-Eustache, en
Guadeloupe, à Saint-Martin, en Martinique, à la Barbade ainsi qu’à la Grenade
(89).
On le rencontre surtout dans les jardins cultivés (89). En effet, ont utilise
beaucoup les citrons verts dans la cuisine traditionnelle et il est toujours très
pratique d’en avoir à disposition, il n’y a qu’à tendre le bras…
II.1.5. Intérêts nutritifs et gastronomie locale.
Le citron vert est beaucoup utilisé en cuisine dans toutes les petites
Antilles. Il permet d’acidifier de nombreux plats, à base de poisson, volailles,
etc.… On l’utilise également pour la préparation de boissons, dont le fameux Tipunch (89).
Comme tous les fruits de la famille des Rutaceae, le citron vert est riche
en vitamine C (51, 61).
Valeur nutritive pour 100 g de fruit de Citrus aurantilfolia Swingle: (22)
Calories
44 Kcal
Eau
87.5 g
Protéines
0.7 g
Glucides
11.2 g
Lipides
0.1 g
Fibres
2g
Cendres
0.5 g
70
Calcium
42 mg
Phosphore
20 mg
Fer
0.4 mg
Sodium
2 mg
Potassium
82 mg
Carotène
70 mg
Vitamine B1
0.07 mg
Vitamine B2
0.03 mg
Vitamine B3
0.3 mg
Vitamine A
43 mg
Par ailleurs, le citron vert est riche en vitamine P, présente surtout au
niveau de l’écorce du fruit (51).
II.1.6. Utilisations vernaculaires dans les différentes îles.
Le citron vert et les différentes parties de l’arbre sont utilisés dans de
nombreuses affections cutanées, ORL, parasitaires, traumatiques, comme nous
allons le voir ci-après. Il a des usages locaux et généraux.
o
A la Dominique, il a des usages externes : le traitement des
dermatoses sèches et prurigineuses, ainsi que le nettoyage du muguet.
On utilise, pour ces deux indications, un coton imprégné du jus du fruit
et de miel et on tamponne les lésions (3).
−
Pour ce qui est des usages internes, les Dominicains préparent des
infusions de 4 à 5 feuilles de citronnier afin de traiter les rhumes,
grippes (90) ou autres coryza, ou de faciliter la poussée dentaire des
petits (3).
71
D’autre part, les feuilles sont aussi utilisées comme vermifuge, en
infusion ou en décoction. On peut y ajouter des feuilles de « sime
contwa » (Chenopodium ambrosioïdes L.) (2, 24, 31), herbe vivace de
la famille des Chenopodiaceae, et de « coupié » (Portulaca oleracea
L.), herbe annuelle succulente de la famille des Portulaceae (3, 31), et
diluer le tout dans l’eau chaude, en ajoutant un peu d’huile de
térébenthine. Ce mélange serait hautement vermifuge (3). D’après
Ouensanga, on peut vérifier l’action vermifuge du citron ainsi : on
administre à un enfant de 5, 7 ans le mélange d’une cuiller à café de
jus de citron et d’une cuiller à café d’huile de ricin. Si le patient est un
adulte, on lui ferra boire le matin, à jeun, le mélange d’un verre à
liqueur de jus de citron vert et d’un verre à liqueur d’eau tiède, ainsi
qu’une cuiller à café de cendre fine de bois. Après 2 heures, le patient
prend un purgatif à base d’huile de ricin. L’effet vermifuge est alors
obtenu peu après (71).
On note aussi l’utilisation des feuilles per os dans le traitement de
l’hypertension artérielle (3).
o
En Guadeloupe et en Martinique, on retrouve des usages
quasiment similaires.
−
Par voie externe, le jus de citron vert est très souvent utilisé pour
soulager les piqûres de moustiques, de guêpes ou d’abeilles.
De même, les aphtes et le muguet peuvent être soulagés en
appliquant un mélange de jus de citron vert et de miel. Le jus du fruit
est, en effet antiseptique. On peut l’utiliser pour désinfecter toutes
sortes de plaies et en bains oculaires antiseptiques. Par exemple, une
goutte de jus de citron dans chaque œil des nouveaux nés préviendrait
72
les ophtalmies infectieuses.
La macération de la pelure du fruit dans du vinaigre serait
active, en application locale, contre certains types de verrues (89).
Le saignement des gencives, quant à lui est arrêté en frottant
la partie atteinte d’un citron coupé en deux.
Contre les laryngites et autres maux de gorge, on réalise des
gargarismes plusieurs fois par jour avec le jus d’un citron dilué dans
une cuiller à soupe d’eau tiède et une cuiller à café de miel (61).
Les pieds sensibles sont vite soulagés si on les frotte, matin et
soir, avec du jus de citron frais.
Le citron vert est également très utilisé en cosmétologie. Pour
traiter les boutons, rougeurs d’une peau grasse et les rides, on peut
appliquer le jus de quelques fruits en compresses sur la peau et laisser
sécher à l’air libre (89). L’application en friction du jus d’un demi
citron vert dilué dans de l’eau permet de conserver une belle chevelure
(3, 71, 91).
−
Par voie générale, on emploie une infusion d’écorce de citron vert
contre les vomissements spasmodiques. En cas de vomissements chez
la femme enceinte, on utilisera plutôt le jus du fruit frais (89).
Ce même jus de citron frais est un antidote en cas
d’indigestion provoqué par les fruits de mer ou les crustacés. De
manière anecdotique, on peut rappeler que Théophraste, au IVe siècle
avant Jésus-Christ, affirmait déjà que le citron constituait un contre
poison puissant (46).
Le jus de citron en début de repas peut aider le traitement
de l’anorexie. Il peut aussi soulager efficacement les crises de foie
(89).
73
Les emplois du citron vert en Guyane française sont également
o
variés :
−
Les Créoles utilisent le jus du fruit macéré avec du sel et de la
« chandelle molle » pour soulager les coups, par voie externe. Ils
emploient aussi le jus de citron vert pour soulager les piqûres de
moustiques, de guêpes ou d’abeilles (40).
−
Les Wayàpis, quant à eux, réalisent des macérations de feuilles
écrasées afin de réduire les douleurs frontales (40).
−
Les Palikurs utilisent per os le jus du fruit contre les maux de gorge.
Le jus additionné de rhum contre les dartres et l’érysipèle, les ulcères
de leishmaniose. Pour soulager les crevasses mammaires, ils emploient
une tranche du fruit chauffée au feu (40).
II.1.7.
Pharmacognosie
et
justification
scientifique
des
usages
traditionnels et autres propriétés.
La pulpe du fruit contient de fortes quantités de vitamine C,
antiscorbutique et stimulante des défenses immunitaires (90), et d’acides
organiques (citrique et malique principalement) (73, 91). L’acide citrique
possède des vertus antiseptiques.
La feuille, la fleur et l’écorce du fruit sont riches en huiles essentielles,
composée de dérivés terpéniques, où prédomine, selon la partie concernée, le
limonène, le linalol ou le nérol (90). Elles sont susceptibles de contenir aussi
deux autres monoterpènes : le géranial et le β-pinène. Ces huiles essentielles
ont des activités antibactériennes et antifongiques à large spectre.
74
En effet la décoction aqueuse des parties aériennes montre une activité
antimycosique contre Epidermophyton flocosum, Tricophyton et Candida
albicans (10). On note également une activité in vitro sur Escherichia coli,
Klebsiella
pneumoniae,
Proteus
mirabilis,
Staphylococcus
aureus
et
Streptococcus β hémolytique (10). Par ailleurs ces mêmes huiles essentielles
présentent de légères propriétés sédatives, antispasmodiques et hypnotiques.
(90) Ainsi qu’une action insectifuge et larvicide sur l’Anophele albicans (90).
Le limonène est aussi un expectorant (90).
Le péricarpe du fruit contient de la pectine, qui est un hémostatique. Dans
les feuilles et les fruits, on trouve de nombreux flavonoïdes, en particuliers des
hétérosides flavoniques tels que l’hespéridoside, ainsi que des flavones, tels que
le diosmoside (73). Ces flavonoïdes présentent une activité vitaminique P, et
augmentent donc la résistance des capillaires sanguins. Ces effets sont
potentialisés par la présence de vitamine C (i).
Les parties aériennes de Citrus aurantifolia S. sont diurétiques, d’où
leur utilisation chez les personnes hypertendues (19).
Le jus frais du fruit provoque une stimulation gastrique, par voie orale
chez l’homme, du fait de la présence d’acides organiques (19).
II.1.8. Mise en garde et toxicité.
La manipulation du fruit peut entraîner une dermatite prurigineuse
parfois vésiculeuse (89). L’exposition solaire aggrave les symptômes. En effet la
présence de bergaptènes provoque une réaction de photosensibilisation (90).
Chez les personnes particulièrement sensibles, l’ingestion du jus de fruit peut
provoquer des brûlures gastriques (89).
75
Cocos nucifera L. (g)
76
II.6. Cocos nucifera L. (Noix de coco)
II.1.1. Description botanique.
Le cocotier est un arbre monoïque de 5 à 30 mètres de haut, appartenant à
la famille botanique des Arecaceae (62).
Son tronc est régulier et droit, généralement épaissi à la base (62).
Ses feuilles sont groupées au sommet du stipe et forment des palmes (62)
atteignant 4 à 5 mètres (5).
Les inflorescences jaunes naissent parmi les feuilles, portent à la fois des
fleurs mâles et femelles (5) et donnent naissance à de grosses drupes ovoïdes,
obtuses au sommet, appelées cocos ou noix de coco (62).
Ces fruits peuvent mesurer entre 18 et 30 centimètres de long et 12 à 25
centimètres de diamètre (89). Ils pèsent entre 0.5 et 2.5 kilogrammes et sont
réunis en grappes de 10 à 15 (89). L’épiderme est lisse, cireux, vert puis jaune
orangé, le mésocarpe est fibreux, l’endocarpe « (appelé coque) est ligneux très
dur et brun foncé. Enfin, la graine présente un albumen blanchâtre, brillant, de 1
à 2 centimètres d’épaisseur, qui fournit l’huile de coprah et l’eau de coco (34,
89). Avant maturité, les noix sont presque totalement remplies d’un liquide
aqueux, appelé eau de coco, dont le volume et la composition changent en
fonction de la maturation. Quand la noix est tout à fait mûre, l’eau a presque
entièrement disparu et s’est transformée en albumen blanc (89).
77
II.1.2. Dénominations diverses.
Dans les îles francophones, on nomme le cocotier « coco », ou « koko »,
« kokotyé », ou bien encore « pyé coco », en langue créole (62).
Dans les îles anglophones, on lui donne le nom de « coconut », « coconut
palm », « coconut tree » ou « koko » (62, 89).
Le nom de cocotier dérive de « cocoyer » et « coquier », du portugais
« coquoeiro » désignant ce palmier (62).
II .1.3. Origine géographique.
Le cocotier provient du Pacifique et probablement du Sud de l’Asie (62,
89)? Ses graines, qui peuvent germer après un séjour de plusieurs mois en mer,
lui ont permis de coloniser toute la zone pantropicale (62). Introduit par les
Espagnols aux Antilles au XVIe siècle, il est connu dans les Antilles
francophones depuis la seconde moitié du XVIIe siècle (62).
II.1.4. Répartition dans les petites Antilles.
On trouve des cocotiers sur les côtes, à l’état sauvage mais également
cultivé dans certains jardins particuliers. On le rencontre sans exception dans
toutes les îles des petites Antilles ainsi qu’en Guyane française (89).
78
II.1.5. Intérêts nutritifs et gastronomie locale.
Comme nous venons de le voir précédemment dans la rubrique botanique,
la composition de la noix de coco varie au cours de sa maturation et l’on
distingue l’eau de coco de la chair.
L’eau de coco est claire, odorante et acide. Elle sert de boisson
rafraîchissante et entre dans la composition de certaines sauces.
Le lait de coco, obtenu en pressant la chair de noix de coco, est utilisé
dans la confection de certains mets ou sauces (89).
La chair, quant à elle, se consomme crue, râpée ou rôtie, transformée en
confitures, confiseries ou gâteaux (89).
Composition de l’eau de coco, pour 100 g (51) :
Calories
80 Kcal
Protéines
0.7 g
Glucides
3.7 g
Lipides
0.2 g
Fibres
0.2 g
Composition du lait de coco, pour 100 g : (51)
Calories
230 Kcal
Protéines
2.3 g
Glucides
5.5 g
Lipides
23.8 g
79
Composition de 100 g de fruit immature (22) :
Calories
77 Kcal
Eau
84 g
Protéines
1.4 g
Glucides
10.3 g
Lipides
3.6 g
Fibres
0.4 g
Cendres
0.7 g
Calcium
42 mg
Phosphore
56 mg
Fer
1 mg
Sodium
51 mg
Potassium
257 mg
Vitamine B1
0.04 mg
Vitamine B2
0.03 mg
Vitamine B3
0.8 mg
Vitamine C
6 mg
Composition de la pulpe de noix sèche, pour 100 g (51) :
Calories
548 Kcal
Protéines
3g
Glucides
53 g
Lipides
38 g
Fibres
2.2 g
80
II.1.6. Utilisations vernaculaires dans les différentes îles :
o
A la Dominique, l’huile obtenue à partir du fruit est utilisée en
friction de la poitrine lors d’épisodes de grippe (90). Il est aussi
recommandé de boire 2 cuillères à soupe d’eau de coco trois fois par
jour pour traiter les affections respiratoires (61).
o
En Guadeloupe et en Martinique on retrouve les mêmes usages.
L’eau de coco (appelé en créole « dlo koko ») et le coco sec rôti sont
employés comme vermifuges (47, 61). L’eau de coco est également
réputée contre les colites néphrétiques et les leucorrhées (appelées
« koulant »). On utilise aussi une décoction de racine à 30g/l. Le fruit
est prescrit dans de nombreuses pathologies : pleurésie, diabète,
rougeole, rhumatismes, inflammation. La fleur est un remède des
grippes avec glaires, de la rougeole, des palpitations. La racine,
rafraîchissante est utilisée comme dépurative et antidysentérique (61).
o
A Trinidad, la racine est employée contre les maux de dents et
réputée antivénérienne (95). En effet, on réalise une décoction de
racines associées à celles du goyavier pour traiter la blennorragie (71).
o
Dans tout le bassin caraïbe, l’huile de coco est utilisée en
cosmétique pour les soins de la peau et des cheveux (61).
o
En Guyane française, les Créoles utilisent l’huile de coco contre
les furoncles et les brûlures. Ils en ont aussi un usage cosmétique, pour
donner de la douceur à la peau des bébés et pour faire pousser les
cheveux (40).
81
II.1.7.
Pharmacognosie
et
justification
scientifique
des
usages
traditionnels et autres propriétés.
L’eau de coco renferme des sucres (oses et sorbitol), de l’acide malique,
de nombreux acides aminés et une aminopurine (90).
L’eau du fruit vert se montre totalement stérile à l’analyse bactériologique
(71). Physiologiquement, l’administration d’eau de coco produit un effet
diurétique direct (52) : le volume d’urine émis par une personne, 30 minutes
après avoir bu un litre d’eau de coco, est multiplié par huit (40).
L’administration intra gastrique d’huile de coco aux doses de 0.5, 1 et 2
ml/kg, a réduit de façon significative le nombre d’ulcères gastriques produits par
ligature du pylore chez les rats Wistar. On a observé une couche d’huile sur la
muqueuse gastrique qui a agit comme une barrière protectrice. Le volume
gastrique a diminué mais l’acide chlorhydrique a légèrement augmenté (13).
De même, l’administration de l’huile de Cocos nucifera par voie intra
gastrique à des lapins anesthésiés a diminué la résistance pulmonaire à tous les
niveaux des doses employées. L’usage de l’huile contre l’asthme est d’ailleurs
recommandé par le projet Tramil (13, 90).
Par voie orale chez le rat, à raison de 10% de la ration alimentaire, l’huile
de coco montre des propriétés oestrogéniques (6).
82
Des Travaux réalisés en Inde ont montré que la dilution de l’huile
solidifiée obtenue à partir du coprah, dans une solution éthanolique à 95%,
montre une activité antifongique sur Microsporum audouini, Microsporum
canis, Microsporum gypseum et Epidermophyton flocosum (80).
Selon le rapport de la commission Tramil de 1991, les usages internes de
l’eau de coco de fruit vert comme diurétique contre l’hypertension et ceux
externes de l’huile contre les brûlures, les furoncles et la grippe peuvent être
recommandés et encouragés (90).
II.1.8. Mise en garde et toxicité.
Le coprah de la plante possède des propriétés hypercholestérolémiantes,
son
usage
est
donc
à
limiter
chez
les
personnes
souffrant
déjà
d’hypercholestérolémie (6).
Si, par voie intraveineuse chez l’animal, l’eau du fruit sec provoque des
tachycardies et montre des propriétés hypotensives, hyperglycémiantes, en
revanche, elle a des actions stimulantes sur la respiration, la diurèse ainsi que sur
l’agrégation plaquettaire (51).
83
Mammea americana L. (g)
84
II.7. Mammea americana L. (Abricot pays)
II.1.1. Description botanique.
L’abricotier pays est un arbre de 10 à 25 m de haut, appartenant à la famille
des Clusiaceae. Son tronc est court et large, son feuillage dense (65). Excepté la
pulpe du fruit, toutes les parties de la plante laissent exsuder à l’incision une
résine jaune amère (90).
Le fruit est une drupe brune jaunâtre tirant sur le rouille et mesurant entre
8 et 15 cm de diamètre (65).
II.1.2. Dénominations diverses.
Selon la langue parlée dans les différentes îles, on nomme l’abricot pays
de diverses manières. Dans les îles francophones, on l’appelle « abricotierpays », « abricot des Antilles », « abricotier d’Amérique », « abricotier de Saint
Domingue » (65), ou en Créole : « zabrico-pays », « piè zabrico » (80). Dans les
îles anglophones, on le nomme « mamey » ou « mammey tree » (65, 80). Dans
les îles hispanophones, on lui donne aussi le nom de « mamet » (54).
II .1.3. Origine géographique.
L’abricotier-pays est originaire d’Amérique du Sud et des Antilles (80).
Certains pensent que les Arawaks seraient responsables de son introduction aux
petites Antilles (65). Cette espèce est devenue pantropicale à la suite
d’exportations lors des périodes de colonisation (90).
85
II.1.4. Répartition dans les petites Antilles.
On trouve l’abricotier-pays à Saint-martin, Saba, Saint-Eustache, SaintKitts, Antigua, Montserrat, en Guadeloupe, à Marie Galante, à la Dominique, en
Martinique, à Saint-Vincent, La Barbade et La Grenade (65).
II.1.5. Intérêts nutritifs et gastronomie locale.
Le père Labat, père dominicain français missionnaire aux Antilles au XVIIe
siècle le décrivait ainsi : « Quand on le mange cru, il laisse dans la bouche une
forte odeur un peu amère et gommeuse. La manière ordinaire de le manger est
de le couper par tranches assez minces que l’on met pendant une heure dans un
plat avec du vin et du sucre. Cela lui ôte son amertume et sa gomme. Il est
excellent pour la poitrine, très sain et fort nourrissant. » (54).
On le consomme encore aujourd’hui parfois de la même manière. Mais le
plus souvent, on réalise des confitures, tartes ou compotes. En effet, on le
consomme plus volontiers cuit que cru (65). La pulpe du fruit est acidulée et
rappelle un peu la saveur de l’abricot, une fois cuite (65).
La fleur de l’abricotier-pays distillée permet d’obtenir une liqueur appelée
« eau des Créoles » (65).
86
Composition de la pulpe d’abricot pays, pour 100 grammes (65) :
Calories
49 Kcal
Eau
86.2 g
Protéines
0.5g
Glucides
11.6 g
Lipides
0.4 g
Fibres
1g
Calcium
12 mg
Phosphore
11 mg
Fer
0.6 mg
Sodium
15 mg
Potassium
47 mg
Carotène
140 μg
Thiamine
0.02 mg
Vitamine B1
0.04 mg
Vitamine B2
0.4 mg
Vitamine C
14 mg
Vitamine B5
0.1 mg
II.1.6. Utilisations vernaculaires dans les différentes îles.
L’abricot pays est reconnu dans de nombreuses îles des petites
Antilles comme ayant des propriétés insecticides et antiparasitaires (80).
o
Dans les Antilles françaises, l’abricot pays est utilisé pour traiter
les pédiculoses du cuir chevelu. On prépare, en effet, une décoction de
graines râpées, portées à ébullition dans un litre d’eau.
87
Puis l’on applique la lotion, obtenue après refroidissement, sur le cuir
chevelu pendant une heure. On renouvelle l’application trois jours
après (61).
De même, la macération d’une dizaine de graines râpées pendant
trois jours dans l’alcool à 60° sert d’insecticide écologique contre les
pucerons dans les jardins et les cultures agricoles (61).
Par voie externe également, la pulpe râpée est appliquée en
compresses sur les blessures afin de les cicatriser rapidement. On
utilise aussi des décoctions de 300 g de pulpe râpée par litre d’eau
bouillante (71).
La tige émet par saignée un latex de couleur brun-rouge qui serait
doué du pouvoir d’attirer vers l’extérieur les corps étrangers
(épines,…) ayant pénétrer dans la peau. Pour ce faire, on étend sur un
morceau de toile une bonne couche de ce latex. On utilise ce morceau
de toile comme un emplâtre sur la région affectée. Le corps étranger
est ainsi attiré et dégagera la plaie (71).
Pour la voie interne, les utilisations sont à visées stomachique et
digestive. En effet, la décoction d’un morceau de pelure sèche pour
une tasse d’eau serait efficace contre les indigestions (71).
o
A Trinidad et Tobago, on utilise l’abricot pays en tant
qu’antiparasitaire externe à usage vétérinaire chez le chien (7).
o
En Guyane française, les Créoles utilisent le fruit et les graines
contre les tiques et les chiques du plancher, ainsi qu’en friction
capillaire contre les poux (40).
Les Akulus, quant à eux, se servent des feuilles pour leurs
propriétés cicatrisante et vulnéraire (40).
88
II.1.7. Pharmacognosie et justification scientifique des usages
traditionnels et autres propriétés.
Toues les parties de cette espèce montrent des propriétés insecticides,
mais surtout les graines, les feuilles et la résine exsudant des fruits immatures.
Formule chimique des coumarines (44)
Toute la plante contient des coumarines de structure similaire et dérivée
du phloroglucinol, des xanthones et des benzophénones dont la mamméine et la
mamméisine (27).
D’autres coumarines sont contenues dans la graine ; la mésuagine, des
dérivés de la séséline, des dérivés de la toddaculine, la 4 hydroxy-xyxanthone,
l’euxanthone, la mamméigine, l’isommaméigine, la néomamméigine, la 1,5 et
2 hydroxy-xanthone (26). On attribue à ces coumarines isolées de la plante les
qualités insecticides des extraits qui les contiennent. En effet, toute la plante
montre une forte activité insecticide contre Aedes aegytii et la graine est
larvicide sur Laphygma et Plutella (80).
De même, la mamméine et les autres coumarines dérivés du
phloroglucinol montrent des qualités anti-tumorales. En effet l’huile fixe de
graine a une activité cytotoxique in vitro (26).
89
D’autre part, la graine contient aussi du mamméol, un diterpène, de
l’acide succinique et du saccharose (26).
L’écorce, elle, contient des tanins mais pas d’alcaloïdes (67).
La masse blanche du fruit est riche en friedéline, en coumarine telles que la
2-hydroxy-xyxanthone et la mamméigine (80).
II.1.8. Mise en garde et toxicité.
Les coumarines contenues dans le fruit ne sont pas considérées comme
étant toxique pour l’Homme. Le fruit est considéré comme comestible (27).
90
Mangifera indica L. (g)
91
II.8. Mangifera indica L. (Mangue)
II.1.1. Description botanique.
Le manguier est un arbre de 10 à 30 mètres de haut, appartenant à la famille
botanique des Anacardiaceae (89), à croissance rapide (9).
Son tronc peut mesurer jusqu’à un mètre de diamètre et possède une écorce
résineuse. Il a des branches étalées, au feuillage luisant. Ses fleurs sont vert
blanchâtre ou jaunâtre, odorantes (90).
Ses fruits sont des drupes, de 6 à 18 cm de long et pesant entre 300g et 2
kg. (89) On peut en faire une à deux récoltes par an, généralement fructueuse,
surtout si le sol a été correctement drainé (9).
Selon les variétés, ces fruits sont de forme, de taille et de couleur très
différentes. Il existe, de par le monde, une centaine de variétés de mangues (5).
On distingue donc les mangots, qui sont des variétés sauvages, de petite
taille, à peau verte, très fibreux et de goût médiocre (89).
On peut également trouver des mangotines, de qualité plus fine que les
mangots (89).
Et enfin les mangues, proprement dites, qui sont des variétés améliorées,
à chair dépourvue de fibres et de grande taille. D’après les autochtones, la
meilleure serait la « mangue-julie », très juteuse et sucrée, à odeur de
térébenthine assez discrète (89).
II.1.2. Dénominations diverses.
Dans les îles francophones, on parle de « manguier » (90), « pié
mango », en créole (89).
Dans les îles anglophones, on le nomme « mango » (90).
92
II .1.3. Origine géographique.
Le manguier serait originaire d’Asie méridionale (5) et plus précisément de
la région indo-malaisienne (65). Il a été introduit en Amérique en 1782 par une
frégate française, qui transportait des pieds de manguiers originaires de l’île de
la Réunion et destinés à être plantés à Saint-Domingue. La frégate fut capturée
par les anglais et les pieds furent débarqués à la Jamaïque, où ils formèrent une
forêt épaisse (5, 65).
De nos jours, le manguier se retrouve dans l’ensemble des pays tropicaux,
sous forme cultivée (65, 90).
II.1.4. Répartition dans les petites Antilles.
Il n’existe pas de véritable plantation de manguiers aux petites Antilles,
on le trouve dans les jardins privés et à l’état sauvage essentiellement, ans les
îles d’Anguilla, Saint-Martin, Saint-Barth, Saba, Saint-Eustache, à Montserrat,
Antigua, à Barbuda, en Guadeloupe, à la Dominique, en Martinique, à Sainte
Lucie, à Saint-Vincent, La Barbade et La Grenade (89).
Il y a aussi des manguiers en Guyane, où les meilleures variétés s’y
trouvaient au début du XXe siècle (5).
Le pourcentage de présence dans les jardins de Grenade, par exemple, est
de 62 % (89).
II.1.5. Intérêts nutritifs et gastronomie locale.
La mangue est un fruit très consommé dans toutes les petites Antilles, car
il est goûteux et facile à se procurer.
93
En Martinique, les mangues sont à la base de l’alimentation des
populations pauvres des campagnes au cours de la saison de forte production
(71, 89), qui se situe entre mars et août (5). On consomme ce fruit soit cru,
quand il est bien mûr, en dessert, salade de fruit, en confiture, sous forme de
jus, de sorbet. Les fruits encore verts sont utilisés dans la cuisine pour
accompagner le colombo ou confit dans du vinaigre (89). Les mangos sauvages
et les mangues cultivées n’ont pas du tout la même chair, ni la même saveur et
ont donc des usages différents. Les premiers sont plus fibreux et ont une chair
acide autour d’un gros noyau. On les utilise plus volontiers sous forme cuite.
Tandis que les mangues cultivées ont une pulpe plus juteuse et savoureuse, à
goût moins prononcé de térébenthine (89).
Composition moyenne pour 100 grammes de pulpe de fruit : (51, 65, bb)
Calories
62.5 kCal
Eau
83.5 g
Protéines
0.5 g
Glucides
17 g
Lipides
0.3 g
Fibres
1g
Calcium
9 mg
Phosphore
11 g
Fer
0.4 mg
Vitamine C
100 mg
Vitamine A (carotene)
1.2 mg
Vitamine B1
0.045 mg
Vitamine B2
0.06 mg
Vitamine B3
0.05 mg
94
De par sa teneur en vitamine C, la mangue est un bon anti-oxydant et antiscorbutique.
II.1.6. Utilisations vernaculaires dans les différentes îles.
o
Dans les Antilles françaises, on utilise beaucoup les propriétés
antidiarrhéiques et antispasmodiques des feuilles de manguiers. Il
s’agit de préparer une décoction de feuilles à 30 gramme par litre
d’eau (61, 74). Une seule tasse suffit à soulager les symptômes (61).
La décoction du noyau est, quant à elle, employée comme
vermifuge et pour traiter les hémorroïdes. L’amande du fruit, après
torréfaction est réputé pour être un très bon antihelminthique et peut
aussi être utilisée comme astringente lors des règles douloureuses et
les gonorrhées (89).
Par ailleurs, les fruits du manguier ont des usages externes, dans
les maladies exanthématiques, cutanées, scorbutiques, syphilitiques
et herpétiques. On prépare une lotion à partir de feuille fraîche
écrasée que l’on applique sur les lésions (89).
Chez les malades atteints de goutte, le fruit soulagerait les
douleurs articulaires. Une coutume locale recommande, d’ailleurs,
aux rhumatisants de porter sur eux de jeunes fruits verts (89).
o
A Trinidad, on utilise les feuilles de manguier pour traiter la
fièvre ou les diarrhées (95).
De même, diabète et hypertension peuvent également être
traités par une décoction de feuilles (67).
o
A La Dominique, on réalise un décocté de feuilles, avec 25
feuilles dans un verre d’eau, utilisé per os contre les ictères.
95
La posologie étant d’une tasse matin et soir, pour un adulte et d’une
demie tasse matin et soir, pour un enfant (3).
En Guyane française, on retrouve les usages antidiarrhéique et
o
antispasmodique chez les Créoles. Cependant, ils se servent plutôt de
l’écorce que des feuilles. De même, des bains d’écorces servent à
réduire les hémorragies des parturientes.
Chez les Palikurs, les jeunes feuilles sont pilées et transformées
en emplâtre pour soulager la bourbouille des nourrissons (ou prurigo
simplex) et autres éruptions cutanées. Ils réalisent aussi des bains
d’écorces afin de se protéger de l’attaque des moustiques (40).
II.1.7. Pharmacognosie et justification scientifique des usages
traditionnels et autres propriétés.
La feuille renferme jusqu’à 10% de tanins galliques et catéchiques, ce
qui explique l’activité antidiarrhéique et antispasmodique, ainsi que des
flavonoïdes (74). Selon les travaux de Pousset, la décoction ou la macération de
30 grammes de feuilles ou d’écorce dans un litre d’eau est antidiarrhéique et
diurétique (74).
On a pu déceler également la présence de salicylate de méthyle, d’où son
action anti-inflammatoire et antalgique sur certaines pathologies cutanées et
articulaires.
De même, une équipe de recherche cubaine a pu démontrer l’action antiinflammatoire de la mangiferine, une C-glucosylxanthone extraite de la
mangue, réduisant le taux de myeloperoxydase et inhibant la production de
prostaglandine PGE2 et de leukotriène LTB4. D’où l’activité anti-inflammatoire
(33) mais aussi l’effet bénéfique sur l’asthme, exploité à Cuba. La mangiferine
agit donc en tant qu’anti-allergique puissant (78).
96
II.1.8. Mise en garde et toxicité.
Le risque principal concernant le manguier est celui de la survenue
d’accidents allergiques. En raison de la présence de substances résineuses dans
le péricarpe et le suc du fruit vert, il peut survenir une réaction allergique allant
de l’éruption cutanée à l’œdème. On recommande donc de bien éplucher la
mangue avec un couteau et d’utiliser un autre couteau pour couper le fruit, afin
d’éviter toute contamination de la chair par la résine (67, 90).
D’autre part, le manguier peut provoquer des troubles allergiques lors de
la floraison, qui a lieu entre janvier et février. L’inflorescence disperse dans
l’atmosphère des pollens qui affectent la respiration, mais qui peuvent aussi
provoquer un œdème des paupières, une brûlure de la face et une éruption
cutanée, chez les personnes sensibles (89).
97
Momordica charantia L. (f)
98
II.9. Momordica charantia L. (Paroka)
II.1.1. Description botanique.
Le paroka est une petite liane grêle, de la famille des Cucurbitacea, à tiges
côtelées pouvant mesurer entre 3 et 5 mètres. Elle est grimpante grâce à des
vrilles simples et axillaires (65). Les feuilles, d’un vert vif, sont minces et
palmatilobées. Les fleurs, en position axillaire sont unisexuées. Elles sont en
forme de cloche, de couleur jaune. (80) Les fruits sont oblongs, ellipsoïdes et
tuberculés (90), de 4 à 10 cm de long (65). Ils sont d’abord verts puis deviennent
jaunes à orange vif en mûrissant.
Ils sont constitués de trois valves qui
s’ouvrent à maturité, laissant apparaître les graines baignant dans une pulpe
rouge (65).
II.1.2. Dénominations diverses.
Dans les Antilles francophones, Momordica charantia L. est tantôt appelé
« paroka » ou « margose à piquants » (61), « pomme-couli » ou « ponm kouli »,
en Créole, « pomme des Indiens », « pomme mexicaine », « pomme merveille »
ou encore « manjé kouli » (65, 71). En Guyane, on le nomme « sorosi » (90).
Dans les îles anglophones, on le nomme « maiden apple » ou « pomme
coolee », « basalm apple », « bitter gourd », « carilla » (65). A la Dominique, on
l’appelle « kokouli » (90) et, à sainteLucie « konkonm kouli » (80).
Dans les territoires hispanophones, il prend la dénomination de
« cundemor », « archucha », « basalmina », « melon de satan » ou encore
« papayilla » (65).
99
II .1.3. Origine géographique.
Le paroka est originaire d’Asie du Sud-est et a été naturalisé dans
l’ensemble des petites Antilles (65).
II.1.4. Répartition dans les petites Antilles.
On trouve le paroka dans les régions tropicales et sub-tropicales. On la
rencontre surtout dans les zones humides et assez bien ensoleillées, en bordure
de chemins, dans les jardins ou sur les haies (65).
Il est présent en particulier à Saint Martin, Saint Barth, Saba, Saint
Eustache, Saint Kitts et Nevis, à Antigua, à Montserrat, en Martinique, à la
Barbade, Sainte-Lucie, Saint-Vincent et les Grenadines, et enfin à la Grenade
(89).
II.1.5. Intérêts nutritifs et gastronomie locale.
Le fruit est une baie jaune à maturité mais qui est habituellement
consommée lorsqu'elle est encore verte, en salade, confite, sautée ou frite, et ce
malgré une saveur amère assez prononcée (65). Pour le consommer, il faut
d'abord peler le concombre et en extraire les graines non comestibles. Après
l'avoir coupé en deux, on peut le blanchir pendant quelques minutes de façon à
atténuer son amertume. Trop amer pour être consommé cru, il peut être aussi
mariné (p). Les Antillais raffolent peu de ce fruit que les Asiatiques nomment
« concombre amer » à juste titre…
Les feuilles cuites peuvent être mangée comme légumes (65).
100
Cependant, d’un point de vue purement nutritionnel, le paroka contient de
nombreux acides aminés dans tout le fruit et les graines. Le péricarpe du fruit
contient, lui, des caroténoïdes et lycopène, antioxydants (65).
Composition moyenne pour 100 grammes de feuilles (22) :
Calories
44 g
Eau
84.6 g
Protéines
5.6 g
Glucides
7g
Lipides
0.6 g
Fibres
1.6 g
Calcium
288 mg
Phosphore
54 mg
Fer
5 mg
Sodium
19 mg
Potassium
510 mg
Vitamine C
170 mg
Carotène
5085 μg
II.1.6. Utilisations vernaculaires dans les différentes îles.
o
En Martinique et en Guadeloupe, les feuilles et le fruit sont
considérés comme antidiarrhéiques, fébrifuges et antihelminthiques
(7). On les sait aussi émétisants.
101
Le fruit est réputé pour être hypoglycémiant. On recommande
de boire 2 à 4 cuillère à soupe de jus du fruit vert par jour. On
recense aussi la préparation de décoction de fruits verts à raison d’un
fruit pour 200 mL d’eau. Il faut laisser chauffer jusqu’à ce que la
solution réduise de moitié. La posologie admise est d’une tasse trois
fois par jour (61).
De manière toute récente, on s’intéresse au paroka pour ses
propriétés antivirales et en particulier inhibitrices du virus de
l’immunodéficience humaine (7).
o
A la Dominique, la tige feuillée est froissée et mise à infuser
dans l’eau du bain des nourrissons soufrant de dermatose sèche. Pour
cela, on utilise 50 cm de tige dans l’eau du bain et on fait boire à
l’enfant une petite gorgée au début (3).
NB : En Afrique, on utilise les feuilles de paroka pour traiter les
éruptions cutanées provoquées par divers parasites (74).
En effet, les parties aériennes du paroka sont réputées avoir une
action vulnéraire (93).
Contre les inflammations, on fait infuser une tige feuillée et l’on
administre cette infusion à raison d’une cuillère à soupe quatre fois
par jour pour un adulte, pendant neuf jours (3).
Le décocté des feuilles est bu comme antidysenterique. Le jus des
feuilles fraîches, écrasées et additionnées d’huile de ricin, est utilisé
per os contre le mal de ventre (30).
L’infusé de tige est également réputé à la Dominique pour être
dépuratif, hypotenseur et vermifuge (3).
102
A Barbade, les parties aériennes sont utilisées comme fébrifuge
o
et antigrippal (37, 90).
o
En Guyane française, on réalise avec le paroka des bains
antiseptiques pour traiter les enfants. Les feuilles utilisées en tisane
servent de fébrifuge (40) (on note par ailleurs le même usage au
Venezuela (40, 90)).
o
Le suc des feuilles pressées entre dans la composition de loocks
vermifuges (cf. préparations médicinales traditionnelles p.26) (40).
II.1.7. Pharmacognosie et justification scientifique des usages
traditionnels et autres propriétés.
De nombreuses études visant à vérifier l’effet hypoglycémiant du paroka
ont été menées de par le monde. On démontra d’abord l’effet hypoglycémiant
chez le lapin (53). Puis, une équipe indienne découvrit la présence d’un
polypeptide proche de l’insuline dans l’extrait cristallisé
(63). On nomma
charantine ce polypeptide. Il s’agit d’un polypeptide de poids moléculaire de
11000 Da, constitué de 17 acides aminés différents (53) et constitué à parties
égales d’un mélange de deux glycosides : du β-sitostérol et du stigmastène-diol.
La charantine, administrée per os chez un lapin, fait baisser sa glycémie de 42 %
en 4 heures. (Il s’agit donc d’un hypoglycémiant plus puissant que le
tolbutamide) (63). Son action se fait par inhibition de l’α-glucosidase (61).
103
Pour ce qui est des propriétés antibiotiques et antifongique de la plante, on
a prouvé que les extraits méthanoliques, chloroformiques et éthérés de la plante
sont actifs contre Sarcina lutea, Shigella dysenteria, Pseudomonas aeruginosa,
et Salmonella typhosa. L’extrait méthanolique des feuilles sèches à 2mg/mL est
actif in vitro sur Corynebacterium diphteriae, Neisseria sp., Pseudomonas
aeruginosa, salmonella sp., Streptobacillus sp.,
Streptococcus sp. et
Staphylococcus aureus (80). Par contre, on n’a montré aucun effet antifongique
de ces extraits (12, 90).
L’extrait aqueux du fruit, quant à lui, a montré une forte activité contre
Bacillus subtibilis et Candida albicans (80).
Le jus du fruit à 100mg/mL dans l’éthanol ainsi que l’extrait aqueux de
graine sont actifs in vitro sur les helminthes (80).
De même, l’extrait aqueux de feuilles a une puissante action insecticide.
(80) Cependant, il n’a aucune activité sur Plasmodium falciparum (90).
Les extrait aqueux de fruit, feuilles et racines inhibent in vitro
l’augmentation de l’activité de la guanylayte-cyclase, induite par les facteurs
chimiques carcinogénétiques.
In vitro, cet extrait possède une action
cytotoxique dose-dépendante et sélective sur les lymphocytes humains
leucémiques (90).
D’autres travaux, enfin ont montré l’action inhibitrice exercée par les
extraits de paroka sur le VIH-1. Des équipes chinoises et américaines sont
parvenues à extraire un composé nommé momorcharine ou MAP 30, qui a la
propriété d’inhiber de manière dose-dépendante le pouvoir infectieux et la
réplication du virus VIH-1 (59, 60).
104
II.1.8. Mise en garde et toxicité.
Bien que le paroka soit l’une des plantes médicinales les plus utilisées
dans les Antilles, son usage par voie interne nécessite des précautions en raison
de sa toxicité importante. En effet, les fruits et les graines présentent des
propriétés émétisantes et purgatives violentes. Un surdosage provoquerait des
diarrhées, des coliques et des vomissements (65).
De même, en cas de traitement concomitant avec des diurétiques
hypokaliémiants ou des laxatifs anthracéniques, l’administration de paroka
risque de majorer la déplétion potassique (61).
Une équipe indienne a démontré que la décoction aqueuse de la plante
entière, administrée chez une femme enceinte, inhibe le développement fœtal.
C’est pourquoi l’usage du paroka est contre indiqué chez la femme enceinte
(94).
De même, l’utilisation du paroka comme traitement d’appoint dans le
cadre d’un diabète doit être suivi avec la plus grande attention, du fait du risque
de déséquilibre du traitement médicamenteux classique (65).
105
Musa paradisiaca L. (g)
106
II.10. Musa paradisiaca L. (Banane plantain)
II.1.1. Description botanique.
La banane plantain est une grande herbe, de la famille botanique des
Musaceae, du groupe des Monocotylédones (89). Un bananier peut mesurer
entre 6 et 10 mètres à l’âge adulte, il porte des feuilles pétiolées, pouvant aller
jusqu’à 2 mètres de long (90), les feuilles enveloppantes formant le pseudotronc de la plante (89). Les inflorescences sont pendantes, mesurent environ 1.5
mètres, avec des bractées rougeâtres à brunes, les fleurs sont blanc jaunâtre (90).
Les fruits sont des baies charnues, de 12 à 30 cm de long et de 4 à 5 cm de
diamètre, cylindriques, légèrement incurvées, vertes même à maturité (89).
L’ensemble des fruits forme un régime composé de plusieurs « mains »
comptant entre 3 et 6 bananes (3).
La fructification détermine la mort du tronc qui lui a donné naissance,
mais la survivance se fait par des rejets à partir de bourgeons (5).
Cette plante a un cycle annuel et il est recommandé de couper les régimes
durant la récolte. Le climat idéal de culture est un climat tropical humide,
justement celui régnant aux petites Antilles (51).
Il existe trois grands groupes de bananiers :
−
Musa sapientum L. ou « banane figuier »,
−
Musa paradisiaca L. ou « banane plantain », bananier
à tronc vert sans moucheture,
−
Musa sinensis L. ou « bananier de Chine » (5).
107
II.1.2. Dénominations diverses.
Le nom de « banane » proviendrait du mot bantou « banana » ou d’un
nom arabe désignant le doigt (51).
Le nom scientifique de Musa paradisiaca L. fait référence à la légende
Hindou qui dit qu’Eve aurait tendu une banane à Adam, il est donc un fruit du
paradis pour eux (51).
Dans les îles francophones, on le nomme « banane plantain », « banane
poteau » ou « poto », en Créole, ou bien encore « banane-farine », en référence à
son utilisation alimentaire (89).
Dans les îles anglophones, on l’appelle « Plantain », « banana tree », ou
tout simplement « banan » (89).
Dans les îles hispanophones, on lui donne le nom de « banana » (89).
II .1.3. Origine géographique.
La banane plantain est originaire du Sud-est asiatique et particulièrement
du Nord-Est de l’Inde à l’extrême Nord de l’Australie. A l’origine, les bananiers
sauvages présentaient des graines et leurs fruits mesuraient entre 6 et 8 cm. On
a retrouvé des traces fossiles de bananiers datant de l’ère tertiaire, sur le
continent indien (51).
Il aurait été introduit dans les petites Antilles à la fin du XVIe siècle (55,
89).
108
II.1.4. Répartition dans les petites Antilles.
On trouve des bananiers dans les jardins particuliers, mais surtout dans
des champs cultivés, dont la production est quasi exclusivement destinée au
marché local. On peut en rencontrer à Saint Martin, Saint Barth, Saba, en
Guadeloupe, à la Dominique, en Martinique, à Saint-Vincent, La Barbade et à
La Grenade (89).
II.1.5. Intérêts nutritifs et gastronomie locale.
La banane plantain se consomme cuite, bouillie, en compote ou frite. (89)
On l’utilise dans les gastronomies locales, en plats salés ou sucrés, quelle soit
mûre ou immature. Le fruit étant astringent, il n’est pas comestible lorsqu’il est
encore cru (89).
Afin d’éviter toute fermentation intestinale, le fruit doit être mâché
soigneusement. (89)
Assez pauvre en cellulose, la banane plantain n’est pas recommandée aux
personnes constipées (89). Par contre, en raison de sa faible dose en protéines,
elle est indiquée dans le régime des insuffisants rénaux (89).
De même, du fait de son pouvoir nutritif, la banane plantain est
recommandée dans le régime des personnes convalescentes ou anémiques, aux
sportifs avant et après l’effort, ainsi qu’aux enfants, car favorise le
développement osseux (55). La banane contient en effet un fort taux de
potassium (cf. composition moyenne ci-après), ainsi que du calcium et du fer
(51, 55, 80).
109
Composition moyenne pour 100 grammes de fruit (22) :
Calories
72 kcals
Eau
79 g
Protéines
1.8 g
Glucides
18 g
Lipides
0.2 g
Fibres
0.2 g
Calcium
10 mg
Phosphore
24 mg
Fer
1.3 mg
Sodium
18 mg
Potassium
435 mg
Vitamine C
8 mg
Carotène
80 μg
Vitamine B1
0.03 mg
Vitamine B2
0.04 mg
Vitamine B3
0.6 mg
Cendres
0.8 mg
II.1.6. Utilisations vernaculaires dans les différentes îles.
o
Dans tout le bassin Caraïbe, comme dans de nombreux autres
endroits du monde, la banane est utilisée comme anti-dysentérique (7)
et fait partie des aliments recommandés lors d’épisodes de diarrhée, du
fait de sa teneur en potassium et en glucides lents (22). De même, on
réalise une infusion avec l’épicarpe du fruit, qui est efficace contre
l’entérite (71, 90).
110
o
En Guadeloupe, on emploie une poudre de bananes vertes pour
traiter l’ulcère gastro-duodénal. Les laboratoires guadeloupéens
Phytobokaz© commercialisent en Guadeloupe et en Martinique la
spécialité Banuline©, constituée de poudre de Musa paradisiaca L.
verte et utilisée comme protecteur gastrique (89, ff).
On utilise aussi, en Guadeloupe la banane en cosmétologie. On
réalise des masques de beauté nourrissant et régénérant avec des
bananes écrasées. La banane stimulerait la production de collagène.
Les laboratoires Phytobokaz© en ont mis dans leur spécialité TiTrezo©, gel anti-cellulite (ff).
Petit truc pratique : pour retirer les tâches de nicotine ou d’encre
des doigts, il suffit de frotter ceux-ci avec l’intérieur de pelure de
banane (55).
o
En Martinique, pour soulager les contusions, on applique
localement un cataplasme à base de pulpe de fruit, le plus tôt possible
après le traumatisme (71).
De même, on réalise un sirop à base de fruits, qui est employé en
tant qu’anti-dysentérique, détersif, pectoral, adoucissant. Il permet de
combattre les inflammations pulmonaires ou rénales (89).
NB : Ce même sirop avait, au XIXe siècle la réputation d’être un
puissant aphrodisiaque, par analogie de forme (89). En effet, la forme
du fruit évoquant un pénis, la banane est à l’origine de nombreuses
expressions grivoises (51).
On prépare également un reconstituant pour les personnes
déprimées en écrasant une banane bien mûre mélangée à une cuillère à
soupe de miel et une cuillère de crème fraîche. Cette préparation est à
absorber tous les matins pendant huit jours (71).
111
o
A Trinidad, les feuilles et les racines servent de vermifuges (95).
o
A La Dominique, les feuilles sont employées en usage externe
comme sudorifique, dans le traitement de la « blesse »et des céphalées.
Le corps ou la tête est enveloppé par les feuilles enduites de vaseline
ou de chandelle. Il demeure une contre-indication : il ne faut pas
appliquer cette préparation sur la région xiphoïdienne des lombes. Les
Caraïbes soignent plaies en touts genres et furoncles grâce à la sève du
bouton floral (2, 3).
o
En Guyane française, les Créoles utilisent la pulpe du tronc en
tisane contre la dysenterie (40).
Les Palikurs, quant à eux, se servent de décoctions de jeunes feuilles
pour soulager les maux de gorge (40).
Les Wayapis, traitent furoncles et plaies avec le liquide recueilli à la
coupe des tiges (40).
II.1.7. Pharmacognosie et justification scientifique des usages
traditionnels et autres propriétés.
La forte teneur en tanins dans la plante explique son action favorable en cas
de diarrhée (12). Ils possèdent une action astringente et antiseptique, accélèrent
la dépuration des toxines dérivées du métabolisme des microorganismes (14).
De même, la plante présente une activité antimicrobienne. En effet, in vitro, la
pulpe du fruit à la concentration de 0.2 mL/boîte de Pétri, a montré une activité
contre Bacillus cereus, Bacillus coagulans, Bacillus stearothermophilus et
Clostridium sporogenes (77). La racine de la plante présente une forte activité
antifongique contre Candida albicans (90).
112
En ce qui concerne l’action antiulcéreuse, une équipe indienne a mis en
évidence un principe antiulcéreux, agissant à la fois en renforçant la barrière
muqueuse gastrique, en ayant une action antioxydante et en inhibant le
développement d’Helicobacter pylori, dans le fruit encore vert. Ces activités
disparaissent lorsque le fruit mûrit (36).
La feuille est riche en acides organiques : en acide citrique, anticoagulant,
en acide malique, détoxifiant et antioxydant, en acide glutamique, tonique
, en acide succinique (72), diurétique et expectorant (68) et en acides
oxalique et pyruvique (72).
Des triterpénoïdes tétracycliques ont été mis en évidence dans
l’inflorescence. Dans l’enveloppe et la pulpe du fruit se trouvent de la
sérotonine et de la dopamine (95).D’où son utilisation pour les personnes
déprimées.
Des études cliniques réalisées au Guatemala montrent que les feuilles
stérilisées et appliquées sur les brûlures externes facilitent la regranulation et la
re-épithélialisation et diminuent en conséquence le temps de cicatrisation (10).
II.1.8. Mise en garde et toxicité.
Aucun effet toxique n’a été rapporté pour le fruit de cette plante (11).
Le fruit ainsi que la feuille sont utilisés dans la confection d’aliments
consommés par l’homme. Il est toutefois recommandé aux diabétiques et
malades du foie d’en limiter leur consommation (55).
113
Persea americana Mill. (f)
114
II.11. Persea americana Mill. (Avocat)
II.1.1. Description botanique.
L’avocatier est un petit arbre de 2 à 5 mètre de haut, de la famille des
Lauraceae, portant des rameaux courts, pubescents (89).Il s’agit d’un arbre
protogyne, c’est-à-dire que le pistil des fleurs arrive à maturité avant les
étamines, ce qui implique une fécondation croisée obligatoire, le transport du
pollen étant assuré par les abeilles (A).
Le fruit est une drupe piriforme, globuleuse à ovale, verte ou marron
pourpré à maturité, mesurant entre 7 et 22 cm de long et 7 et 12 cm de diamètre.
La pulpe est molle à maturité, de couleur jaune-verdâtre, et huileuse. La graine
que renferme cette drupe est sphérique à ovoïde, de 4 à 7 cm de diamètre, à
cotylédons charnus (3).
La multiplication des espèces se fait par les graines et la reproduction, est
réalisée grâce à des greffes. L’arbre fructifie à partir de 5 ans. La récolte se fait,
aux Antilles, entre août et novembre, tandis qu’en Guyane, la production a lieu
entre octobre et décembre (5).
On distingue essentiellement trois variétés présentes aux petites Antilles :
−
la variété mexicaine appelée var. drymifolia, aux feuilles à
odeur d’anis,
−
la variété antillaise appelée var. americana, dont les fruits sont
pauvres en graisse,
−
la variété guatémaltèque appelée var. guatemalensis, aux fruits
à maturité longue (90).
115
II.1.2. Dénominations diverses.
Dans les îles francophones, on le nomme « avocat », « pié zaboca » (71),
en Créole, « zabelboc » ou tout simplement « zaboca » (89).
Dans les îles anglophones on lui donne le nom de « avocado », « avocado
pear », « pear tree », ou « alligator tree » (89).
Dans les îles hispanophones, on l’appelle « aguacate » (90), terme
provenant du mot aztèque « ahua qualt », signifiant testicule (en référence à la
forme du fruit) (51).
II .1.3. Origine géographique.
L’avocatier proviendrait d’Amérique centrale, probablement du Mexique
(89).
On a retrouvé des traces d’avocatier lors de fouilles datant de 8 000 ans
avant notre ère. Mayas et Aztèques le consommaient déjà (A).
Il a été importé aux petites Antilles par les colons européens, à partir du
XVIIe siècle (65).
II.1.4. Répartition dans les petites Antilles.
On retrouve des avocatiers dans les jardins cultivés ou sur les bords de
routes, à Saint Martin, Saint Barth, Saba, Antigua, Montserrat, en Guadeloupe, à
Marie Galante, à la Dominique, en Martinique, à Saint-Vincent, La Barbade et
La Grenade (89).
De même, on retrouve des avocatiers en Guyane française (40).
116
II.1.5. Intérêts nutritifs et gastronomie locale.
Le père Labat décrivait son mode de consommation ainsi, au XVIIe siècle :
« On peut le manger avec une cuiller, le goût qu’il a dans cet état approche assez
celui d’une tourte de moelle de bœuf. Il y en a qui le mettent sur une assiette
avec un peu d’eau de rose et de fleur d’oranger. Quand on le cueille avant qu’il
soit tout à fait mûr, on le coupe par tranches et on le mange avec le poivre et le
sel, comme des artichauts à la poivrade dont il a pour lors le goût. » (54).
De nos jours, il est encore consommé ainsi, mais il sert aussi souvent
d’accompagnement des plats de riz, de viande en sauce. Il entre également dans
la composition du traditionnel « féros » martiniquais et du « zabokaé farin »
guadeloupéen, plats à base de morue rôtie, de farine de manioc, pimenté et épicé
(89).
Sa valeur alimentaire est comparable à celle de la banane, il est très facile à
digérer. A poids égal, sa valeur énergétique est supérieure à celle de la viande
(71).
L’avocatier est comparé à une « vache végétale » et surnommé « arbre à
beurre » du fait des nombreux lipides qu’il contient (A). Il s’agit surtout d’acides
gras insaturés, bénéfiques au système cardiovasculaire (55).
Son équilibre en nutriments le rend intéressant pour les enfants, les
convalescents et pour les femmes enceintes. Il est également recommandé en cas
de surmenage, de nervosité ou d’hypertension artérielle, en raison de son apport
en potassium (55). (Cf. valeur nutritive ci-après)
117
Valeur nutritive pour 100 grammes de chair (22) :
Calories
167 g
Eau
74 g
Protéines
2.1 g
Glucides
6.3 g
Lipides
16.4 g (dont 80 % d’acides
gras insaturés)
Fibres
1.6 g
Cendres
1.2 g
Calcium
10 mg
Phosphore
42 mg
Fer
0.6 mg
Sodium
4 mg
Potassium
604 mg
Carotène
174 μg
Vitamine B1
0.11 mg
Vitamine B2
0.2 mg
Vitamine B3
1.6 mg
Vitamine C
14 mg
II.1.6. Utilisations vernaculaires dans les différentes îles.
o
A La Dominique, on réalise des cataplasmes de feuilles
d’avocatier additionnées de raclures de « rachette » ou « figuier de
Barbarie » (Opuntia ficus-indica Haw.), cactus succulent de la famille
des Cactaceae, pour traiter la « blesse » (hématome) (3).
118
Contre les intoxications alimentaires, on prépare une infusion
avec trois feuilles par verre d’eau. Il faut consommer deux tasses de
cet infusé par jour, pendant 9 jours, et s’abstenir de boire de l’alcool.
On fait une purge à l’huile de ricin au dixième jour (3).
o
En Guadeloupe et en Martinique, les feuilles et la graine servent
d’antidiarrhéique. On prépare une infusion des feuilles à 30g/L et l’on
fait boire 3 tasses par jour de cet infusé (61).
Comme à la Dominique, on utilise les feuilles d’avocat contre les
« blesses », sous forme d’infusion (61).
La graine est utilisée comme antihypertensive, en Guadeloupe (8).
On prépare aussi une potion afin de prévenir les troubles cardiaques,
en râpant une graine d’avocat sur laquelle on verse un verre d’eau
bouillante. Puis on fait bouillir une seconde fois et l’on fait infuser le
marc restant pendant 5 minutes. Il est recommandé de consommer une
tasse de cette préparation en cas de malaise (89).
Contre les ascaris, on préconise la macération de 8 à 10 grammes
de pelure fraîche du fruit dans un grand verre d’eau sucrée, à prendre
le matin à jeun (89).
On utilise aussi l’extrait fluide de graines d’avocat pour soulager
les rhumatismes articulaires. Une variante consiste à réaliser une
macération pendant huit jours d’une graine râpée dans un litre de
rhum. On emploie alors la solution obtenue en friction sur les parties
douloureuses (71).
Les croyances populaires confèrent à l’avocat des propriétés
aphrodisiaques (89). Il s’agit là d’une réminiscence de la théorie des
signatures, théorie ancienne qui établissait une analogie entre la forme
du végétal et ses activités thérapeutiques. Ici, la forme de l’avocat
évoquant un testicule, on lui a conféré un pouvoir aphrodisiaque.
119
Dans beaucoup d’îles des petites Antilles, ainsi que dans d’autres
o
endroits du monde où poussent des avocatiers (et en particulier en
Afrique), l’huile d’avocat, extraite du fruit bien mûr, est utilisée pour
la préparation de nombreux cosmétiques (55). On soigne ainsi les
cheveux fatigués ou à pellicules, les peaux sèches, et on prévient
l’apparition de vergetures (71, 89). Cet emploi comme produit de
beauté semble assez ancien, aux Antilles et en Amérique du Sud (80).
En Guyane française, la pulpe de l’avocat est employée contre les
o
furoncles et les panaris (40).
N.B. :
On
retrouve,
dans
la
spécialité
Piasclédine®,
100
mg
d’insaponifiable d’avocat. On utilise cette spécialité pour traiter les
parodontopathies chroniques, ainsi que les douleurs articulaires (17).
II.1.7. Pharmacognosie et justification scientifique des usages
traditionnels et autres propriétés.
La feuille contient du quercétol et de la catéchine, de l’épicatéchine, de la
cyanidine et de la procyanidine, des terpénoïdes, des tanins catéchiques,
responsables de l’effet antidiarrhéique, et une huile essentielle (contenant en
quantités variables de l’estragole, du méthylchavicol, de l’α-pinène et d’autres
terpènes) (76).
La pulpe du fruit, quant à elle, contient des sesquiterpènes, de
l’hydroxytryptamine, des vitamines A et E, des caroténoïdes, des glucides
(glucose, fructose, perséitol et mannoheptulose) (80).
120
La présence de vitamine E confère à la pulpe d’avocat des propriétés
protectrices du système cardiovasculaire, en diminuant le risque de survenue
d’athérosclérose. La vitamine E est en effet un très bon antioxydant cellulaire.
De même, les acides gras insaturés que contient la pulpe d’avocat permettent de
réduire le LDL-cholestérol et d’augmenter les HDL-cholestérol. (A) Sa richesse
en potassium le rend également bon pour le système cardiaque et protecteur visà-vis de l’hypertension artérielle (55).
D’autre part, l’huile de la pulpe d’avocat et son extrait aqueux, utilisé à
2mg/ml, sont des stimulants phagocytaires (80). La graine possède, in vitro, une
activité antibactérienne sur Staphylococcus aureus (31).
Des travaux, réalisés dans le cadre du séminaire Tramil, ont mis en
évidence l’activité spasmogène de l’extrait aqueux de feuilles. De même, on a
constaté une activité hypotensive et dépressive sur le système respiratoire (90).
D’autre part, l’extrait aqueux de fruit et de feuille stimule, d’une manière
significative, l’utérus isolé de souris, à la dose de 16.66 mg/mL (53, 90).
II.1.8. Mise en garde et toxicité.
Du fait de l’activité de stimulation utérine, l’usage des extraits de fruit ou
de feuille d’avocat, par voie générale, est contre indiqué chez les femmes
enceintes (44, 61, 90).
On a également constaté sur brebis allaitantes nourries avec de grosses
quantités de feuilles d’avocatier une détérioration des glandes mammaires ainsi
qu’une diminution de leur production de lait (18). L’usage des extraits de
feuilles sera donc déconseillé aux femmes allaitantes, par mesure de précaution.
Cependant, du fait de la faible toxicité de cette plante pour toutes les
autres catégories de patients, son usage est recommandé, en particulier pour
traiter l’aménorrhée, selon le séminaire Tramil (80).
121
Psidium guajava L. (g)
122
II.12. Psidium guajava L. (Goyave)
II.1.1. Description botanique.
Le goyavier est un petit arbre, buissonnant et toujours vert (9), de la famille
botanique des Myrtaceae, mesurant entre 5 et 10 mètres de haut (89), de tronc
pouvant mesurer jusqu’à 20 cm de diamètre. Les feuilles sont petites (entre 4 et
8 cm de long), oblongues, pubescentes, à nervures proéminentes sur la face
inférieure. Les fleurs font moins de 2 cm et sont blanches (90).
Les fruits sont des baies globuleuses, piriformes, ellipsoïdes ou ovoïdes, de
3 à 7 cm de diamètre. L’épicarpe est lisse, vert, jaunâtre à maturité. La pulpe est
juteuse, crémeuse, odorante, blanche ou rose, selon les variétés, et renferme de
nombreuses graines noires, très dures, de 3 à 5 mm de diamètre (3).
Il existe deux grands groupes de goyaves :
− les goyaves pommes (variété pomifera), à chair blanchâtre ou
rouge, les blanches étant les plus sucrées (5, 89),
− les goyaves poires (variété pirifera), à peau jaune clair et à
chair blanche ou jaune clair, sucrée, dont le parfum rappelle
celui de la poire. Elles sont plus estimées comme fruits de
desserts (5, 89).
123
II.1.2. Dénominations diverses.
Dans les îles francophones on nomme cet arbre « goyavier », ou « piedgoyave », « pié griyave », « gouyave », « pied gouyave » ou bien encore
« gwiyav » et « goiyave » (89).
Dans les îles anglophones, on lui donne le nom de « guava » (90).
Dans les îles hispanophones, on l’appelle « quayaba » (90).
II .1.3. Origine géographique.
Le goyavier est originaire d’Amérique tropicale (90), et en particulier des
régions comprises entre le Mexique et le Brésil (89). Il y est cultivé depuis 2000
ans (52).
II.1.4. Répartition dans les petites Antilles.
On trouve des goyaviers dans toutes les îles assez grandes pour abriter un
arbre et une habitation. On peut en voir ainsi à Saint Martin, Saint Barth, Saba,
Antigua, en Guadeloupe, à Marie Galante, à la Dominique, en Martinique, La
Barbade et La Grenade (89).
De même, en Guyane française, on en trouve dans les cultures et chez les
particuliers (40).
124
II.1.5. Intérêts nutritifs et gastronomie locale.
La goyave est un ingrédient indispensable des pâtisseries et sucreries
traditionnelles des petites Antilles. Les fruits ont une pulpe aromatique et une
saveur très agréable, douce et musquée, recherchée. On réalise d’excellentes
compotes, confitures et gelées, de succulents gâteaux, des sorbets et des jus très
apprécié, à base de goyave. Le fruit est également consommé tel que, après
l’avoir pelé (89);
Le fruit contient plus de vitamine C que les agrumes et est riche en
potassium et vitamine A (89);
Valeur nutritive pour 100 grammes de fruit (22) :
Calories
69 kcals
Eau
80.6 g
Protéines
1g
Glucides
17.3 g
Lipides
0.4 g
Fibres
5.6 g
Calcium
15 mg
Phosphore
24 mg
Fer
0.7 mg
Sodium
4 mg
Potassium
291 mg
Vitamine C
132 mg
Carotène
75 μg
Vitamine B1
0.05 mg
Vitamine B2
0.04 mg
Vitamine B3
1.10 mg
Cendres
0.7 g
125
Valeur nutritive pour 100 grammes de feuilles sèches (22) :
Eau
0g
Protéines
11.7 g
Glucides
71.9 g
Lipides
8.7 g
Fibres
16.1 g
Cendres
7.7 g
Calcium
1340 mg
Phosphore
160 mg
II.1.6. Utilisations vernaculaires dans les différentes îles.
o
A La Dominique, l’infusé des jeunes feuilles est employé per os
dans le traitement des diarrhées (90). Il est aussi utilisé contre les
vomissements. L’infusé des feuilles, en association avec les feuilles
de « gwen en bas feuilles » (Phyllanthus tenellus Benth.), herbe
annuelle de la famille des Euphorbiaceae (30), et de « chardon béni »
(Eryngium foetidum L.), herbe bisanuelle de la famille des Apiaceae
(2, 24, 31), est employé per os pour combattre la dyspepsie (3).
Les feuilles sont aussi associées à celles de la « pommecannelle » (Annona squamosa L.), petit arbre de la famille des
Annonaceae (31), et de « feuille pommade » (Hyptis atrorubens
Poit.), herbe rampante de la famille des Lamiaceae, dans le
traitement per os du diabète (3, 31).
126
En Guadeloupe et en Martinique, on utilise aussi la goyave
o
comme antidiarrhéique. Contre la gastro-entérite, on prépare un sirop
avec sept goyaves vertes et le même poids de sucre. Il faut boire ce
sirop par petites cuillérées plusieurs fois par jour (71). De même,
pour calmer les diarrhées, on utilise une infusion de jeunes feuilles à
20g/l d’eau. Si les diarrhées sont fortes, on recourra à une décoction
de l’écorce (15 g par litre d’eau) (61).
Il est à noter que, lorsque les fruits mûrissent, ils deviennent
laxatifs, il faut donc absolument utiliser des goyaves encore vertes
(71).
Contre les coliques, on conseille de mâcher des bourgeons très
tendres et d’en avaler le jus (71).
Les crampes d’estomac sont soulagées grâce à des infusions de
bourgeons de goyavier (71).
La décoction des feuilles est utilisée en gargarisme contre les
maux de gorge et l’enrouement, mais aussi pour laver et désinfecter
les plaies (71).
Par voie externe, on utilise les fruits mûrs en cataplasmes afin de
favoriser la maturation d’un abcès superficiel.
Contre les démangeaisons, on recommande de se baigner dans
une décoction de feuilles (71).
En Guadeloupe, on réalise des crèmes gommantes contenant des
graines et l’huile issue des graines de goyave (89, ff).
o
A Trinidad, les feuilles sont également utilisées lors de
diarrhées, à raison de 20 grammes de jeunes feuilles pour un litre
d’eau (61, 90).
127
o
En Guyane française, on utilise aussi les différentes parties du
goyavier pour traiter les diarrhées.
Ainsi, les Créoles utilisent une décoction d’écorce, de feuilles et
de jeunes pousses (40).
Les Wayapis, quant à eux, ne se servent que de l’écorce et du
fruit vert (40).
Les
Palikurs
utilisent
les
jeunes
pousses
associées
à
l’Eleutherine bulbosa P. Mill. (Iridaceae (ll)), ou au Solanum
leucocarpon Dunal, appelé « bitayouli » (Solanaceae), sous forme de
tisanes. Ils traitent les ulcères dus à la leishmaniose grâce aux jeunes
pousses associées à celle de Philodendron guianense Croat &
Grayum (Arecaceae) (40).
II.1.7. Pharmacognosie et justification scientifique des usages
traditionnels et autres propriétés.
La plante entière est riche en tanins ellagiques : la feuille en contient 9 à 10
%, l’écorce 12 à 30%, la racine 10 à 20 % (80). On retrouve aussi des
flavonoïdes et d’autres substances antiseptiques tel que des phénols et une huile
essentielle antibactérienne, dans les feuilles. L’action conjuguée de ces
différents principes actifs est efficace pour contrer les épisodes diarrhéiques
(74). De même, les différentes utilisations par voie externe sont également
explicitées par la présence de ces principes actifs.
De même, différents types d’extraits de la plante ont été testés contre des
souches de divers micro-organismes. La plante a montré une activité, in vitro,
sur Proteus mirabilis, Shigella dysenteria, Escherichia coli, Salmonella typhi et
Staphylococcus aureus (12). Mais, l’extrait aqueux de feuille, en particulier, est
actif sur Escherichia coli, Peudomonas aeruginosa, Sarcina lutea, Serratia
marcescens, Shigella flexneri, Staphylococcus aureus et albus, ainsi que sur
Epidermophyton floccosum et Candida albicans (80).
128
Ce même extrait a une activité spasmolytique sur l’iléon de cobaye, à la
concentration de 1 mg/ml (80). En effet, les feuilles contiennent du quercétol
(74), composé qui inhiberait la sécrétion d’acétylcholine et diminuerait ainsi les
contractions intestinales (64).
Des études portant sur la médecine traditionnelle chinoise ont permis de
prouver l’action positive du jus de goyave sur le diabète de type I. On a
observé, en effet, un effet hypoglycémiant marqué du jus de fruit, administré à la
dose de 1 g/kg par voie intra péritonéale chez des souris. Effet toutefois moins
puissant et durable que pour la chlorpropamide et la metformine (16).
On a montré une réduction significative de l’activité motrice de souris après
administration per os d’un extrait éthanolique de feuilles de Psidium guajava L.
aux doses de 50, 100 et 300 mg/kg, et ce, pendant 90 minutes (42, 90).
II.1.8. Mise en garde et toxicité.
Pour tous les usages internes de parties autres que les fruits, il est
préférable, par principe de précaution, de ne pas prolonger l’usage au-delà de 30
jours consécutifs et de ne pas l’employer chez les femmes enceintes ou qui
allaitent, ni chez les enfants en bas âge (80).
129
CONCLUSION
Cette étude succincte nous a permis d’avoir un aperçu de la pharmacopée
caribéenne, très riche et pourtant peu connue et peu reconnue. Le programme
Tramil, regroupant 200 chercheurs, se charge de promouvoir à un niveau
international cette pharmacopée. (jj). Par des enquêtes ethnopharmacologiques,
ils ont mis en évidence l’usage courant de 280 espèces médicinales, dont les
douze fruits que nous venons d’évoquer (91). Cependant leur tâche est encore
lourde, en effet, seules 19 plantes caribéennes, s’apparentant davantage à des
épices et à des aromates, sont inscrites dans la Pharmacopée française (ii).
Pourtant, l’efficacité de nombreuses de ces plantes a bien été démontrée.
Quelle est la place du pharmacien face à ces médecines traditionnelles ?
Le pharmacien est un acteur de santé publique et doit sensibiliser les patients au
bien fondé comme aux risques et contre-indications qui peuvent découler de
l’usage de ces plantes. La phytothérapie paraît, il est vrai, toujours plus anodine
et dénuée de risques ou d’effets secondaires, dans l’imaginaire populaire, ce qui
peut être dangereux. C’est pourquoi chaque fiche présentée précédemment
s’achève par des recommandations de prudence.
De même, nous avons également constaté que ces fruits ont aussi un
intérêt important d’un point de vue nutritionnel. Ils contiennent souvent des
vitamines et oligoéléments indispensables à la santé humaine, permettant
d’éviter ou de soulager certaines pathologies.
130
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santé et recettes traditionnelles ».
Oda édition, 1996.
141
142
TITRE
ETUDE ETHNOPHARMACOLOGIQUE DE DOUZE FRUITS DES PETITES ANTILLES ET DE
GUYANE FRANCAISE.
RESUME :
Après avoir situé cette étude dans ses contextes à la fois géographique,
ethnique, historique et climatique, chacun des douze fruits choisis sera
développé.
Les douze fruits des petites Antilles et de Guyane française que nous verrons
ici sont : l’ananas, le corossol, le piment des oiseaux, la papaye, le citron vert, la
noix de coco, l’abricot-pays, la mangue, le paroka, la banane plantain, l’avocat,
et enfin la goyave.
Avec tout d’abord un bref descriptif botanique de l’espèce, puis les origines de
la plante, sa localisation au sein des petites Antilles et de la Guyane, ses intérêts
nutritifs, ses utilisations vernaculaires intéressantes, les travaux scientifiques qui
justifient ces emplois, et enfin, les éventuelles toxicités et mises en garde à
souligner.
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