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INTRODUCTION GÉNÉRALE
Les années récentes ont connu une avancée significative dans l’étude de la relation
entre le secteur financier et la sphère réelle grâce à l’émergence des théories de croissance
endogène. Même si la plupart des études théoriques et empiriques concluent à un effet positif
du développement financier 1 sur la croissance, plusieurs arguments et faits stylisés ont
conduit à jeter un certain doute sur la solidité de cette relation. En effet, si le développement
financier stimule la croissance économique, l’instabilité qu’il engendre exerce l’effet
inverse. Ainsi, les crises bancaires et financières qui ont secoué dernièrement les places
financières internationales plongeant l’économie mondiale dans la récession montrent qu’un
développement financier non régulé peut être une source d’instabilité financière et nuire par
conséquent à la croissance lorsque l’économie est démunie de mécanismes prudentiels
puissants et de systèmes de supervision efficaces sans compter les effets de contagion
susceptibles de se mettre en place avec l’ouverture et la mondialisation. Dès lors, outre la
stabilité macro-économique, il apparaît que la mise en place d’un système de supervision
performant est le préalable indispensable à toute politique de libéralisation et de
développement financiers. Celui-ci ne peut qu’aller de paire avec le développement de la
structure institutionnelle, en particulier, le respect des droits et des règles prudentiels. Notre
thème de recherche s’inscrit dans cet ordre d’idée. Il s’agit pour nous de mettre en évidence
les interactions entre le développement du secteur financier, la supervision bancaire et la
croissance économique.
Durant ces dernières décennies, plusieurs pays émergents ont mis en place des
politiques économiques afin de bénéficier pleinement de l’expansion de leurs systèmes
financiers. Même si les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM) sur lesquels nous
concentrons notre attention ont progressivement réformé leurs systèmes financiers, ces efforts
ont été éclipsés par des réformes plus importantes dans d’autres régions du monde, en
particulier dans les pays asiatiques à marché émergent. La question centrale qui se pose à ce
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Nous retenons la définition large de Kangni Kpodar (2006) du développement financier qui considère que :
« un système financier se développe lorsqu’il se produit : (a) une accumulation des actifs financiers, (b) une
augmentation de la gamme des instruments financiers (autrement dit une diversification des actifs financiers) et
un accroissement de la diversité des institutions financiers, (c) une amélioration de l’efficacité et de la
concurrence dans le secteur financier, et (d) un accroissement de l’accès de la population aux services
financiers ».