Expérience de l’hypnose dans la gestion de la douleur liée aux escarres Article extrait de la Revue "ESCARRE N° 68" - Décembre 2015 Expérience de l'hypnose dans la gestion de la douleur liée aux escarres M. TIMSIT BONNET Clinique de Bourbonne - Provence 13400 Aubagne INTRODUCTION La lutte contre la douleur est la principale indication de l'hypnose en gérontologie, avec cette technique le soignant diminue voir supprime tout ou partie du message douloureux qui remplit le champ de la conscience du patient. L'orientation de la clinique de Provence Bourbonne vers cette thérapeutique s'est faite à partir d'un cas clinique. Il s'agissait dune patient de 80 ans hospitalisée au centre dans les suites d'une ischémie aigue du membre inférieur gauche aboutissant à une prise en charge chirurgicale par pontage fémoro poplité bas du membre inférieur gauche. Cette patiente était diabétique, hypertendue, insuffisance cardiaque mais aussi porteuse la maladie de Parkinson. A l'entrée dans le service on notait : poids de 75kg pour 1,55m. tension artérielle à 14/8 sous traitement, pouls 80 par mn, l'examen neurologique était en faveur d'une maladie de Parkinson stable de forme akinéto hypertonique sous traitement, les amplitudes articulaires des membres inférieurs étaient fonctionnelles, les pouls périphériques étaient absents en pédieux et en tibial postérieur droit, du fait du diabète il existait des douleurs neuropathiques des 2 membres inférieurs quasi permanentes limitant le sommeil. On notait enfin, un ulcère de pression stade 3 au niveau du talon gauche avec des douleurs lors des pansements. Le reste de l'examen mettait en évidence le port d'une couche, un examen digestif sans particularité. Elle n'avait pas été verticalisée dans les suites opératoires. Le protocole de prise en charge 1/2 Expérience de l’hypnose dans la gestion de la douleur liée aux escarres immédiate a consisté en la mise sous matelas à air, l'évaluation du bilan nutritionnel, un bilan sanguin standard, une prise en charge rapide en kinésithérapie et ergothérapie afin de favoriser sa reprise d'autonomie, une chaussure de décharge postérieure de type Barouk* inversée. Malheureusement du fait des douleurs mixtes neuropathiques et liées au soin, la reprise de la marche, l'adhésion au programme thérapeutique a été limitée, l'asthénie a aussi favorisée cela. Nous nous sommes orientées vers une prise en charge classique de la douleur liée aux soins avec des paliers 1, puis 2 puis 3, et l'adjonction de gabapentine pour les douleurs neuropathiques. L' insuf f isance cardiaque et l 'état neurologique n'ont pas permis d'augmenter les doses de façon correcte, nous nous sommes donc tournés vers une autre thérapeutique. L'hypnose par son aspect relationnel, mais aussi sans effet secondaire majeur, permet aux soignants d'aborder la prise en charge douloureuse d'une autre façon. Cette technique est peu contraignante, elle nécessite juste la mise en place d'un lieu agréable pour le patient. Elle a ses limites qui sont représentées par les troubles cognitifs du patient, mais qu'il faut tempérer car même chez un sujet dément l'on peut obtenir des résultats probants. Au bout de 3 séances la patiente a pu rapporter une amélioration des douleurs, en particulier ceux liés aux soins ils n'avaient plus aucune appréhension. Elle n'a pas pu par contre s'autonomiser en pratiquant l'autohypnose. Du fait de ce premier résultat, nous avons instauré au centre une consultation hypnose. Les patients qui en bénéficient sont essentiellement les sujets amputés avec présence de membre fantôme, les sujets avec réfection de pansement douloureux, les syndromes post traumatiques. 1. L'HYPNOSE DÉFINITION, TYPE, MODE DE FONCTIONNEMENT Mot d'origine grecque (hypnoun) voulant dire s'endormir. Il correspond à un état particulier de la conscience avec hyper vigilance et attention focalisée, qui est différent du sommei l comme le conf i rme les enregistrements électro encéphalographiques. On distingue l'hypnose spontanée qui est quotidienne, physiologique, innée, inconsciente de l'hypnose induite. ... / ... 2/2