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MISE AU POINT
Comment adapter l’utilisation
de l’ASI à mes besoins ?
Deux exemples d’utilisation
Intégré dans le cadre clinique normal
d’un centre de soins
C’est la situation la plus fréquente. L’ASI est
proposé à tous les primo-consultants. La pas-
sation est alors effectuée par les personnes qui
interviennent en première ligne. L’ASI peut
encore n’être proposé qu’aux seules per-
sonnes qui sont orientées vers une prise en
charge. Il peut alors être effectué par les per-
sonnes qui assurent ces prises en charge (édu-
cateurs, assistants sociaux, psychologues,
médecins). Une fois le premier ASI effectué,
l’instrument vaut d’être à nouveau complété
tous les trimestres, semestres ou années, pour
suivre l’évolution du sujet. Utilisé ainsi, l’ASI
s’intègre très bien dans le fonctionnement
normal d’un centre de soins pour toxico-
manes, ou d’un centre de consultation pour
alcooliques. Dans la mesure où il a été effec-
tué par ceux-là mêmes qui en font usage et
s’occupent directement du consultant, il per-
met de collecter d’emblée les informations
indispensables dans une vue globale de la
situation qui est toujours très appréciée des
consultants eux-mêmes.
Utilisé comme instrument principal
dans le cadre de la recherche
Dans le cadre formel d’un protocole de
recherche qui inclut des personnes dépen-
dantes, l’ASI devrait être pratiqué par des
interviewers qui n’interviennent pas auprès
des sujets par ailleurs, notamment dans le
cadre de leur prise en charge ou dans celui du
protocole s’il s’agit d’une étude sur les pro-
cessus de soin ou sur les techniques relation-
nelles de prise en charge. Il s’agit alors d’une
évaluation externe qui répond aux exigences
de la méthodologie de la recherche clinique.
Les critiques et
les limites de l’ASI
Oui, c’est bien, mais on n’a pas le
temps, on n’a pas le personnel
Il s’agit souvent d’un problème dû à un
malentendu ou à une mauvaise informa-
tion. Un premier ASI, complété avec un
sujet inconnu, dure en moyenne de 40 à
60 minutes, et un ASI de suivi rarement
plus de 20 minutes. Lorsque, en tant que
professionnel, on rencontre un patient qui a
un problème d’alcool ou de toxicomanie, il
est difficile de passer moins de temps avec
lui. Dans la pratique clinique, l’ASI repré-
sente un gain de temps pour le clinicien qui
l’utilise car il permet une documentation
exhaustive du dossier. Le temps de passa-
tion de l’ASI s’intègre alors à la prise en
charge normale, il ne vient pas en plus.
Quand l’état du patient ou le contexte de sa
rencontre ne permet pas de compléter l’en-
tretien, il est possible de proposer une
pause ou de le reporter au lendemain.
On ne s’appuie que sur ce que dit le
patient. Cela n’a pas de valeur
En fait, la valeur de ce que rapportent les
personnes dépendantes, autant que les usa-
gers de drogues, est une question de condi-
tions d’entretien. Les études de validité
montrent une excellente corrélation entre
ce qui est collecté au cours de l’interview et
le dosage urinaire. Il est en effet utile de
compléter l’ASI par un dosage urinaire ;
celui-ci, lorsqu’il est clairement expliqué et
que son utilisation est thérapeutique, est
très bien accepté et apprécié des personnes
dépendantes (2).
C’est trop limité. Certains domaines ne
sont pas explorés. Il n’y a rien
concernant la consommation de tabac
Si les questions de l’ASI ne peuvent être
modifiées, il est en revanche tout a fait pos-
sible de compléter l’entretien par des ques-
tions adaptées aux besoins locaux. La
consommation de tabac peut être explorée
par des questions appropriées dans la sec-
tion drogue/alcool. Les utilisateurs de
l’ASI peuvent y associer tous les instru-
ments qui leur sembleront apporter un
complément d’information ou préciser un
domaine d’intérêt particulier.
Conclusion
Depuis sa création en 1979, l’ASI est devenu
l’un des outils les plus utilisés au monde dans
son domaine, répondant aussi bien aux
besoins des équipes cliniques qu’aux exi-
gences de la recherche.
Il s’est efficacement adapté à son objet
d’étude en fournissant une évaluation globale
et synthétique de la toxicomanie et des pro-
blèmes qui y sont associés.
Il recueille des informations qui peuvent être
comparées sur les plans descriptif, clinique, et
culturel. Il est efficace et efficient compte tenu
du rapport temps de passation/quantité et qua-
lité des données recueillies.
Le groupe d’étude des toxicomanies du labo-
ratoire de psychiatrie a été son premier utilisa-
teur français à bénéficier d’interviewers for-
més directement par l’équipe des inventeurs
de l’ASI (A.T. McLellan et coll., Université de
Pennsylvanie à Philadelphie, États-Unis).
Nous en assurons une diffusion la plus large
possible, en proposant aux équipes qui le sou-
haitent l’ensemble des services nécessaires à
son utilisation : l’instrument, les manuels, les
sessions de formation, le contrôle qualité. Le
maintien de la collaboration avec Philadelphie
ainsi qu’avec les premiers utilisateurs franco-
phones québécois (RISQ, Montréal) participe
au maintien de la qualité et à la communica-
tion internationale sur les dépendances.
Le Courrier des addictions (1), n° 5, décembre 1999
Références bibliographiques
1. Bergeron J., Landry M., Ishak I.
Validation d’un instrument d’évaluation
de la gravité des problèmes reliés à la
consommation de drogues et d’alcool,
l’Indice de gravité d’une toxicomanie
(IGT). Québec : ministère de la Santé et
des Services sociaux 1992.
2. Bonnand B., Auriacombe M.,
Franques P., Bertorelle V., Afflelou S.,
Daulouède J.P., Combourieu I., Tignol J.
Évaluation de l’usage des psychotropes à
partir d’échantillons urinaires chez des
sujets s’adressant pour la première fois à
une consultation spécialisée pour toxico-
manie opiacée. La Presse Médicale
1999 ; 28 : 1-4.
3. Grabot D., Brisseau S., Martin C.,
Franques P., Bertorelle V., Auriacombe