LA CONSOMMATION ET L’EPARGNE (10)
Ce phénomène, qualifié « d’effet de démonstration ou d’imitation », explique pourquoi, sur une longue période,
la croissance du revenu n’entraîne pas une réduction de la propension à consommer, des agents souhaitant imiter
et rattraper la consommation d’autres agents.
b) L’effet de cliquet
T.M. Brown a privilégié « l’effet de cliquet » (ou effet de mémoire). La consommation dépend du revenu actuel
mais également des habitudes de consommation (la consommation passée).
Brown souligne l’inertie à la baisse de la consommation. Elle ne sera réduite que si la chute du revenu se
prolonge et se révèle importante. Jusqu’au début des années quatre vingt dix, les ménages français ont maintenu
leur consommation, mais devant la montée des risques (avenir des retraites, du système de protection sociale), la
persistance du chômage, ils ont réduit leur consommation et privilégient l’épargne.
Les ménages répugnent à réduire leur niveau de consommation passé. En cas de baisse de leur revenu, ils puisent
d’abord dans leur épargne.
c) La prise en compte de l’âge
La théorie du cycle de vie développée par F. Modigliani relie les variations du taux d’épargne à l’âge de l’agent.
A chaque âge de la vie correspond un niveau de consommation et des besoins spécifiques. Ainsi, les jeunes
ménages épargnant peu, leur revenu est faible, ils empruntent pour se meubler, acquérir leur logement. La retraite
est souvent le temps de désépargne, les ménages devant satisfaire certaines consommations (soins médicaux)
avec des revenus moindres.
3. Critiques
La théorie Keynésienne peut être critiquée. Milton Friedman isole deux types de revenu :
- Le revenu permanent, ou la consommation s’établit non pas en fonction du revenu courant des ménages,
mais en fonction d’un revenu annuel moyen estimé par l’individu en fonction de ses anticipations (études,
revenus futurs…),
- Le revenu transitoire qui représente la partie « exceptionnelle » du revenu ; elle peut varier de manière
positive (gain au loto) ou négative (impôt exceptionnel).
Le comportement du consommateur des ménages est fonction du revenu permanent et non du revenu perçu à un
moment donné (revenu transitoire).
Une variation du revenu affecte la consommation seulement si elle conduit l’agent à réviser son estimation du
revenu permanent (situation de chômage de longue durée). Seule est stable la fonction de consommation à long
terme : celle qui lie revenu permanent et consommation permanente.
D’après Milton Friedman, les mesures économiques ponctuelles prises par les pouvoirs publics (allocation
exceptionnelle de rentrée scolaire) se révèlent inefficace, car elle constituent un revenu transitoire et ne sont pas
intégrées dans leur comportement de consommation par les agents (lesquels raisonnent en revenu permanent).
4. Le partage consommation-épargne dans la réalité
Les ménages affectent l’essentiel de leur revenu disponible à la consommation. Ainsi, le taux d’épargne des
ménages est aujourd’hui inférieur à 15%, niveau sensiblement inférieur à celui des années soixante-dix. Ainsi, le
ralentissement économique semble avoir, comme le prévoit la théorie du revenu permanent, poussé le taux
d’épargne à la baisse.