LA CONSOMMATION ET LEPARGNE (10)
1
La consommation et lépargne sont les deux opérations économiques consistant à utiliser le revenu disponible.
Les agents économiques affectent leur revenu à la consommation ou à l’épargne en vue de satisfaire leurs besoins
immédiats ou futurs.
La consommation est l’opération économique consistant à acquérir des biens destinés à être truits
immédiatement ou progressivement à travers leur utilisation.
La consommation finale désigne les acquisitions destinées à satisfaire directement les besoins d’un ménage.
Utilisé seul, le terme consommation désigne généralement la consommation finale des ménages.
On parle de consommation intermédiaire lorsque le bien disparaît dans le processus de production d’un autre
La consommation finale correspond donc à un comportement individuel des ménages. Mais au niveau macro-
économique, elle constitue, en tant que composante principale de la demande, une variable macro-économique
prépondérante. La consommation est en effet considérée comme un moteur de la croissance économique. Par
ailleurs, sa structure reflète l’évolution de la société.
Au sens courant, épargner consiste à faire des économies, à mettre de coté une partie de son revenu.
L’épargne désigne la partie du revenu qui n’est pas consommée. L’épargne nationale regroupe l’épargne des
ménages, des entreprises et des administrations.
Épargner consiste à renoncer à une consommation immédiate au profit de satisfactions futures liées à des
investissements ou à des consommations. L’épargne peut être placée et permettre alors de financer les besoins
d’autres agents.
I. Le partage du revenu entre l’épargne et la consommation
A. Les différents choix de consommation et d’épargne
1. Les choix de consommation
La consommation finale inclut :
- la consommation marchande, qui correspond à des achats de biens et de services sur le marc;
- la consommation non marchande, qui regroupe lautoconsommation et la consommation de services
publics.
La consommation marchande concerne les biens, que l’on peut classer en fonction de leur durabilité, mais
également les services. Elle prend en compte les loyers et les dépenses de santé en valeur brute, c’est à dire y
LA CONSOMMATION ET LEPARGNE (10)
2
compris la part qui n’est pas à la charge des ménages en raison de l’allocation logement et des remboursements
de SS.
L’autoconsommation inclut, par convention, la production des jardins familiaux et le service fictif que se rendent
à eux mêmes les ménages propriétaires de leur logement. La participation des ménages aux services fournis par
les administrations publiques ou privées (enseignement, hospitalisation, action sociale) fait également partie de la
consommation non marchande.
Les achats de logements et les grosses réparations immobilières ne font pas partie de la consommation mais sont
comptabilisés en investissements des ménages et relèvent donc de l’épargne.
La consommation peut être collective, si la consommation par un individu n’exclut pas la consommation par les
autres. Les services publics en font généralement partie, mais cela peut être aussi le cas de services marchands
(autoroutes à péage). Elle est individuelle dans le cas contraire.
2. Les choix d’épargne
Épargner consiste à renoncer à une consommation immédiate pour une satisfaction plus grande ultérieurement.
Dans l’épargne des ménages, on peut distinguer :
- l’épargne non financière, qui correspond aux investissements des ménages notamment en logements ;
- l’épargne financière, qui peut être placée ou tsaurisée.
L’épargne des ménages est constituée dans différents buts (précaution, revenus supplémentaires, accroissement
du patrimoine, besoin de liquidités pour des transactions futures…).
L’épargne financière peut être thésaurisée (c’est à dire conservée par l’épargnant sous forme de monnaie
fiduciaire, d’or ou de biens précieux) ou au contraire placée, c’est à dire injectée dans les circuits de financement
de l’économie, soit sous forme monétaire (dépôt à vue et placements à court terme), soit sous forme financière
(actions, obligations…)
L’épargne non financière est constituée des investissements des entreprises individuelles et des investissements
immobiliers. Le remboursement des prêts immobiliers (épargne contractuelle) fait partie de cette catégorie.
On peut distinguer aussi :
- l’épargne volontaire, qui est soumise à une décision autonome de l’agent, déterminée par ses motivations
propres.
l’épargne forcée correspond à des mécanismes économiques qui réduisent le revenu disponible à la
consommation des ménages. Elle se présente sous deux formes : l’épargne forcée fiscale et l’épargne forcée
monétaire (inflation).
B. Les déterminants du partage du revenu entre la consommation et l’épargne
1. Les analyses théoriques
Pour les oclassiques, les ménages arbitrent entre l’épargne et la consommation en fonction du taux d’intérêt
proposé pour rémunérer l’épargne. l’épargne est le résultat de l’ensemble des décisions individuelles prises en
LA CONSOMMATION ET LEPARGNE (10)
3
avenir certain et concernant les choix intertemporels des agents économiques. Le taux d’intérêt est donc le prix
de la renonciation à la consommation.
Dans l’analyse néoclassique, l’épargne dépend du taux d’intérêt. plus il est élevé, moins grande est la
consommation. La consommation est donc considérée comme la partie du revenu non épargnée, c’est un
résidu.
L’analyse keynésienne adopte une position radicalement opposée. Pour Keynes, c’est l’épargne qui est un résidu.
Les ménages effectuent leurs choix de consommation en fonction du revenu disponible et l’épargne est
simplement la partie non consommée du revenu. Le taux d’intérêt termine uniquement la forme motaire ou
non de l’épargne, ilmunère la renonciation à la liquidité.
Keynes explique l’évolution de la consommation globale par les variations du revenu global. Selon lui, la
consommation est avant tout fonction du revenu.
La fraction consommée du revenu, qu’il appelle propension à consommer, diminue avec l’augmentation du
revenu. La part consacrée à la consommation est de moins en moins grande car les besoins sont progressivement
satisfaits et les possibilités d’épargne de plus en plus importantes.
Pour Keynes, la consommation (C) est une fonction du revenu courant (R) des ménages ? l’épargne est un
résidu.
Il distingue :
- la propension moyenne à consommer (C/R), qui diminue quand le revenu augmente ;
- la propension marginale à consommer (
C/
R), qui est toujours inférieure à la propension moyenne.
La fonction de consommation keynésienne a donc une seule variable, le revenu. Elle peut s’écrire sous la forme
C = C * R + b, avec c<1, et se représente par une droite :
Dans cette formulation, c est la propension marginale à consommer (fraction consommée de l’augmentation du
revenu). La propension moyenne est bien une fonction décroissante du revenu puisqu’elle s’écrit : C/R = c + b/R.
La fonction keynésienne de consommation peut s’interpréter de deux façons :
- Soit on considère les variations du revenu et de la consommation d’une population à un moment donné,
- Soit on considère l’évolution du revenu et de la consommation dans le temps.
Les paramètres de la fonction ne sont alors pas les mêmes. Mais il faut surtout retenir limportance fondamentale
donnée par Keynes au revenu global comme déterminant de la consommation.
Des politiques économiques s’inspireront de cette analyse pour relancer la consommation en agissant sur le
revenu, particulièrement sur les revenus des ménages les plus modestes, dont la propension à consommer est plus
élevée.
À la suite de Keynes, des toriciens tenteront d’améliorer le modèle explicatif du partage entre la consommation
et l’épargne.
2. Approfondissement de cette théorie
a) L’effet de démonstration
J.S. Duesenberry introduit un élément supplémentaire dans la démarche keynésienne : l’interdépendance de la
consommation des agents économiques. Un bien est acquis non seulement pour ses caractéristiques, mais aussi
pour ce qu’il symbolise.
LA CONSOMMATION ET LEPARGNE (10)
4
Ce phénomène, qualifié « d’effet de démonstration ou d’imitation », explique pourquoi, sur une longue période,
la croissance du revenu n’entraîne pas une réduction de la propension à consommer, des agents souhaitant imiter
et rattraper la consommation d’autres agents.
b) L’effet de cliquet
T.M. Brown a privilégié « l’effet de cliquet » (ou effet de mémoire). La consommation dépend du revenu actuel
mais également des habitudes de consommation (la consommation passée).
Brown souligne l’inertie à la baisse de la consommation. Elle ne sera réduite que si la chute du revenu se
prolonge et se révèle importante. Jusqu’au début des années quatre vingt dix, les ménages fraais ont maintenu
leur consommation, mais devant la montée des risques (avenir des retraites, du système de protection sociale), la
persistance du chômage, ils ont réduit leur consommation et privilégient lépargne.
Les ménages répugnent à réduire leur niveau de consommation passé. En cas de baisse de leur revenu, ils puisent
d’abord dans leur épargne.
c) La prise en compte de l’âge
La théorie du cycle de vie développée par F. Modigliani relie les variations du taux d’épargne à l’âge de l’agent.
A chaque âge de la vie correspond un niveau de consommation et des besoins spécifiques. Ainsi, les jeunes
ménages épargnant peu, leur revenu est faible, ils empruntent pour se meubler, acquérir leur logement. La retraite
est souvent le temps de désépargne, les ménages devant satisfaire certaines consommations (soins médicaux)
avec des revenus moindres.
3. Critiques
La théorie Keynésienne peut être critiquée. Milton Friedman isole deux types de revenu :
- Le revenu permanent, ou la consommation s’établit non pas en fonction du revenu courant des ménages,
mais en fonction d’un revenu annuel moyen estimé par l’individu en fonction de ses anticipations (études,
revenus futurs…),
- Le revenu transitoire qui représente la partie « exceptionnelle » du revenu ; elle peut varier de manière
positive (gain au loto) ou négative (imt exceptionnel).
Le comportement du consommateur des ménages est fonction du revenu permanent et non du revenu perçu à un
moment donné (revenu transitoire).
Une variation du revenu affecte la consommation seulement si elle conduit l’agent à réviser son estimation du
revenu permanent (situation de chômage de longue durée). Seule est stable la fonction de consommation à long
terme : celle qui lie revenu permanent et consommation permanente.
D’après Milton Friedman, les mesures économiques ponctuelles prises par les pouvoirs publics (allocation
exceptionnelle de rentrée scolaire) se révèlent inefficace, car elle constituent un revenu transitoire et ne sont pas
intégrées dans leur comportement de consommation par les agents (lesquels raisonnent en revenu permanent).
4. Le partage consommation-épargne dans la réalité
Les ménages affectent l’essentiel de leur revenu disponible à la consommation. Ainsi, le taux d’épargne des
ménages est aujourd’hui inférieur à 15%, niveau sensiblement inférieur à celui des années soixante-dix. Ainsi, le
ralentissement économique semble avoir, comme le prévoit la théorie du revenu permanent, poussé le taux
d’épargne à la baisse.
LA CONSOMMATION ET LEPARGNE (10)
5
LE PARTAGE CONSOMMATION-EPARGNE (en % du revenu disponible)
Cependant, pendant la première moitié des années quatre vingt dix, on assiste à un ralentissement de la
progression du revenu disponible qui se traduira par un ralentissement de la consommation et une nette remontée
du taux d’épargne, notamment de l’épargne financière. Pour certains, il s’agit d’un phénomène
psychosociologique de saturation, de rejet de la sur consommation. D’autres avancent une explication
économique lié au niveau global du revenu, jugé insuffisant pour assurer un niveau de demande satisfaisant. La
fin des années quatre vingt dix semble marquée par une reprise de la consommation, liée à une accélération des
revenus.
Il apparaît que l’évolution récente du partage consommation-épargne obéit donc, plutôt à une fonction
keynésienne. La consommation semble, plus que par le passé, varier en fonction du revenu disponible des
ménages.
II. La consommation des ménages et sa structure
A. Les comportement des ménages et sa structure
1. Le calcul micro-économique du consommateur
Pour les oclassiques, chacun effectue ses choix, sous la contrainte de son budget, en vue de maximiser sa
satisfaction globale. Cela suppose que l’individu est rationnel, qu’il peut établir a priori l’ordre de ses
préférences entre les différents types de biens proposés à la consommation.
L’homo oeconomicus qui sert de référence est un être totalement rationnel qui n’agit que sous forme de
maximisation. Ce calcul pose le prix comme un déterminant essentiel des comportements de consommation.
Chaque individu compare l’utilité des biens et la désutilité d’avoir à payer le prix. Le calcul marginaliste le
conduit à consommer tant que l’utiliest supérieure au prix.
La loi de la demande décroissante, selon laquelle la consommation est une fonction décroissante du prix, découle
de l’agrégation des préférences individuelles en une courbe collective de demande : plus le prix est élevé, plus le
nombre de personnes pour lesquelles l’utilité est supérieure au prix est faible.
2. Le dépassement du calcul rationnel
Les choix d’épargne et de consommation ne sont pas toujours libres et rationnels. L’individu tel que le décrivent
les néoclassiques n’existe pas. Chacun obéit aussi à des pulsions qui peuvent déclencher des achats irréfléchis. Le
comportement économique ne peut être entièrement dicté par des calculs.
La théorie de la filière inversée de Galbraith pose les producteurs, grâce à la mercatique et à la publicité, comme
les principaux responsables de l’évolution des préférences des consommateurs.
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !