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3. La publicité joue sans cesse sur notre besoin d’intégration. L’homme a besoin de se sentir
semblable, proche de ses pairs. Or, avec la généralisation des médias de masse, cette notion de
pairs ne cesse de s’étendre.
Au delà du produit, la publicité nous vend un mode de vie ‘idéal’. Philippe Defeyt reprenait l’image de
la villa quatre façades, une voiture familiale parquée devant l’entrée. Un couple, deux enfants et un
gros chien entrent dans la voiture pour partir en promenade en laissant traîner négligemment leur
tuyau d’arrosage dans l’allée du jardin ! En décrivant cette scène, nous avons tous des images
précises qui nous viennent en tête. Ce modèle ‘type’, la publicité nous l’a imposé, et quand la vie ne
nous permet pas de nous y approcher, un sentiment d’injustice et d’exclusion surgit en nous.
Nous sommes donc conditionnés à posséder pour nous sentir « membres de la société ».
Seulement, souvenons nous de l’effet d’habitude … dès que nous obtiendrons ce dont nous rêvons
(une belle maison et un gros chien par exemple), nos voisins ou les publicitaires éveilleront en nous
un nouveau rêve : celui de surfer sur le net couché dans notre lit, les doigts de pieds en éventail, …
Rapidement le sentiment que ce que nous possédons déjà ne suffit plus à notre bonheur prendra le
pas sur notre raison, et nous chercherons à obtenir le ‘plus’ dont nous pensons avoir besoin.
Cette course sans fin entraîne la déraison de l’homme qui s’accompagne d’une soif sans fin de
possession. Danny Kahemann (psychologue et économiste qui a reçu le prix Nobel d’économie en
2004) pose la question suivante : « En un an, Madame A a vu son investissement d’un million
progresser pour atteindre 1,1millions. En un an, Madame B a vu son investissement de quatre
millions s’effriter pour atteindre 3 millions. Qui est la plus heureuse ? Pour Kahemann la plus
heureuse, c’est Madame A »6 Le bonheur initialement cherché via l’argent, n’est donc plus fonction
de la quantité d’argent que l’on possède, mais bien du sentiment de posséder davantage.
4. De leur côté, les entreprises n’auront de cesse de nous fournir des biens de plus en plus nombreux
et de plus en plus perfectionnés afin d’éveiller nos sens et nous pousser à l’achat. Or, selon Philippe
Defeyt, le choix et la complexité sont des formes de tyrannies construites par la société de
consommation7.
La tyrannie du choix est née de la concurrence. Les économistes classiques estiment que, face à
une offre de biens semblables, la ménagère fera le bon choix ! La réalité nous montre que face à une
offre de biens semblables, l’ensemble des consommateurs se trouvent désoeuvrés. L’exemple de la
téléphonie ou plus récemment celui de la libéralisation de l’électricité révèle que le choix est en réalité
principalement un vecteur de stress.
La tyrannie de la complexité quant à elle se base sur la création d’une offre de biens de plus en plus
perfectionnés, vis-à-vis desquels nous avons de moins en moins de maîtrise et qui sont donc
également générateur de stress. A ce sujet, l’exemple de l’ordinateur est frappant, un utilisateur
moyen, utilise en général 10% des capacités de son matériel, les 90% restants posent des problèmes
de fonctionnement qui suscitent du stress.
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L’homme a confié la satisfaction de la majeure partie de ses besoins de consommation à l’entreprise de
production et aux publicitaires. Or, nous venons de voir que nous sommes « naturellement » enclins à un
effet d’habitude et un besoin d’intégration sociale. La combinaison de ces deux éléments entraîne ce
qu’Isabelle Cassiers et Catherine Delain appellent « un gonflement de nos aspirations individuelles et une
réduction du bien-être pouvant potentiellement d’écouler d’une richesse accrue »8.
Pour appuyer cette idée, les deux auteurs citent les propos évocateurs tenus au début du 20°siècle par
un grand capitaine de l’industrie (Charles kettering, General Motors) « La clé de la prospérité
économique, c’est la création d’une insatisfaction organisée »9.
Cette insatisfaction est organisée en majeure partie par la publicité. Féline, cette dernière
s'immisce
dans
nos vies. Elle ne se contente pas de nous vendre un produit, elle y adjoint un mode de vie. Face à elle
sommes-nous s’en défense ? Certains acteurs sociaux, conscients de la puissance de cet outil, ont
décidé de s’y attarder. C’est le cas notamment des Equipes Populaires qui développeront une campagne
« pub » en 2006. Son objectif ? Sortir de cette duperie !
6
DE MOL.G, L’argent fait-il vraiment le bonheur ?, dans Explorer, octobre 2006, p63.
7
DEFEYT.P, op.cit.
8
CASSIERS.I et DELAIN.C, op.cit
9
Ibidem.