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Suite à l’affaiblissement des deux partis qui dominaient la scène politique, de
nouvelles coalitions se sont formées. Hugo Chávez a pris les rênes du pouvoir en
1999, après avoir participé à une tentative de coup d’État pour renverser le régime
de Carlos Andrés Pérez en 1992. On assiste alors à une transformation
institutionnelle avec l’adoption par référendum d’une nouvelle constitution
bolivarienne, somme toute assez progressiste en matière de reconnaissance des
droits de l’homme. Cette transformation institutionnelle n’est pas née d’un discours
révolutionnaire. Si Chávez est aujourd’hui reconnu pour son discours agitateur, il
n’en a pas toujours été ainsi. Sa prise de position anti-impérialiste et la promotion
qu’il fait de la révolution socialiste sont relativement récentes. Avant 2004, il appelait
surtout à une transformation générale des structures sociales et politiques. Son appel
à la libération du peuple pauvre doit être entendu non seulement comme un appel à
la libération des travailleurs syndiqués, mais également à la libération des 5.6
millions de personnes qui travaillent dans le secteur informel et dont la situation est
particulièrement précaire.
Bien qu’elle soit progressiste à plusieurs égards, certaines dispositions de la nouvelle
constitution ont été vertement critiquées. C’est le cas des articles 95 à 97 qui
concernent la liberté syndicale et qui imposent l’alternance des membres, des
représentants et des directions syndicales par le biais d’un suffrage universel. L’OIT
n’a pas manqué de dénoncer cette ingérence de l’État dans l’action syndicale. Le
gouvernement de Chávez a introduit cette disposition afin de tenter d’éradiquer la
corruption au sein de la CTV, car depuis 1958, la seule grande centrale syndicale
existante, la Confédération des travailleurs vénézuéliens (CTV), entretenait des liens
très étroits avec les principaux partis politiques, notamment avec le parti de l’Action
Démocratique (AD), responsable des émeutes sanglantes de 1989. Selon Chávez,
cette proximité entre l’AD et la CTV témoignait de l’implication de certains dirigeants
syndicaux dans le pillage du peuple.
Le gouvernement de Chávez n’est pas le seul à avoir tenté de mettre un terme à la
corruption au sein du mouvement syndical. Depuis le milieu des années 80 déjà, des
groupes comme la Causa R tentaient de regagner une certaine autonomie syndicale
à la base.
Grâce à ces nouvelles dispositions, Chávez a pu changer la direction de l’entreprise
pétrolière nationale. Les négociations entre les dirigeants de l’entreprise et le
syndicat (dirigé par Carlos Ortega) ont été très laborieuses puisque la CTV, proche
des anciens partis, rejetait le nouveau pouvoir établi. Les négociations se sont
soldées par une grève qui a donné gain de cause aux travailleurs.
En 2000, pour mettre un terme à la corruption des syndicats, Chávez lance un
référendum visant à suspendre les pouvoirs de la direction syndicale et ainsi
permettre au pouvoir électoral fédéral (indépendant) d’organiser une nouvelle
élection. Ce référendum a permis d’instaurer un débat au sein de la société
vénézuélienne, car de nombreux travailleurs au sein des organisations syndicales
soutenaient l’effort visant à remplacer les chefs syndicaux corrompus proches des
anciens partis politiques (AD). Le référendum a été victorieux, et de nouvelles
élections syndicales ont été organisées. Ces élections ont été favorables aux
dirigeants anti-chavistes de Carlos Ortega, proches des anciens partis politiques. 4
grèves générales ont alors été déclenchées afin de tenter de renverser le